À propos de l’auteur

Portrait de Pierre Bayle

Pierre Bayle (1647-1706) est né au Carla, près de Foix, dans les Pyrénées, d’un père pasteur. Il fait de courtes études à Genève. Pour des raisons inconnues, il se convertit au catholicisme à l’âge de 22 ans et revient à la religion de ses pères l'année suivante.
De 1675 à 1681, Bayle enseigne la philosophie à l'académie protestante de Sedan. Appelé en Hollande, il s'installe en 1681 à Rotterdam, où il enseigne la philosophie et l'histoire. Soucieux de ne pas faire de la religion un refuge pour les superstitions ni un ferment du fanatisme, il se rend suspect à tous les partisans. Interdit en France par le parti catholique qui triomphait à la révocation de l'édit de Nantes, il est attaqué par Jurieu, protestant réfugié comme lui, qui taxe sa tolérance de trahison.

Après une polémique éreintante de six années, Bayle ne peut plus enseigner. Il se consacre alors à la grande œuvre de sa vie, le Dictionnaire historique et critique. Les longues remarques personnelles qui ponctuent cet ouvrage révèlent un esprit singulier et libéral. On y trouve un souci constant d'objectivité et de tolérance et un plaidoyer passionné pour « les droits sacrés de la conscience ». De longs articles sont consacrés aux minorités et aux « calomniés de l'Histoire ».
 
Ses dernières années sont encore déchirées par la polémique et ce grand pacifique meurt prématurément, épuisé par ces guerres qu'il n'avait pas allumées et par le surmenage d'une recherche inlassable. Il devait rester tout le siècle la référence majeure de l'idée de tolérance et l'un des grands modèles du « philosophe ».

Dictionnaire historique et critique

Un précurseur des Lumières

Avant tout érudit et critique, Bayle semble plus proche du siècle des philosophes que de celui de Louis XIV. Il n'a qu'un but : la découverte de la vérité. Ce n'est pas tant le fait qui l'intéresse que les déformations qu'il subit, les contradictions des opinions humaines, les interprétations, les « crédulités qui se prennent pour des vérités ». Bayle estime que l'universalité d'une croyance n'est pas forcément un gage de sa vérité. Esprit libre, il s'attaque à tout ce qui est établi. Il écrit en 1686 un essai sur la religion dont le titre est significatif : Commentaire philosophique sur les paroles de Jésus-Christ : Contrains-les d'entrer, où l'on prouve qu'il n'y a rien de plus abominable que de faire des conversions par contrainte. En abordant la question de l'origine du mal, il s'attaque indirectement à Leibniz, qui lui répondra dans Théodicée.

Considéré aujourd'hui comme le précurseur de toute la critique moderne, il soulève en son temps contre lui les jésuites et même des protestants. Nombre de ses livres sont brûlés en place publique sur ordre du roi de France. Sans se décourager devant les obstacles, il achève en 1697 le Dictionnaire qui le rendra célèbre et meurt en 1706, à l'âge de soixante-deux ans. Les encyclopédistes des Lumières salueront en Pierre Bayle un de leurs inspirateurs et lui emprunteront sa thèse de l'incompatibilité entre la foi et la raison.