Poissy, Itinéraire des bateaux à vapeur de Paris à Rouen ... de Edme-Théodore Bourg, 1836
Transports et tourisme au XIXe siècle

Longtemps, l’état des transports rend difficile tout déplacement. Des progrès ont certes été accomplis grâce notamment à Colbert puis Turgot; le réseau routier s'améliore sensiblement depuis 1740. "L’administration des postes procède comme celle des sépultures (bureau des cimetières) : elle concède au voyageur ce qu’il lui faut tout juste d’espace dans son caveau roulant... Le tangage d’un bateau monté pour la pêche du hareng n’est qu’un doux va-et-vient de hamac comparé aux oscillations brutales de la voiture aux lettres" (Maurice Alhoy). La plupart des trajets se font par diligence, malle-poste ou coche d’eau. De nombreux voyageurs, allient d’ailleurs navigation et diligence.

La France est dotée d’un bon réseau de voies fluviales depuis le XVIIe siècle et l’apparition des bateaux à vapeur améliore considérablement les trajets, notamment sur la Seine. Grâce au service journalier entre Paris et Rouen, les voyageurs peuvent ensuite rejoindre Le Havre où ils trouvent des paquebots en partance pour l’étranger (Guide du voyageur sur les bateaux à vapeur). La Compagnie de Navigation du Rhône propose également des itinéraires (Raverat, La Vallée du Rhône de Lyon à la mer en bateaux à vapeur).

Toutefois, c’est l’avènement du chemin de fer qui précipite l’essor du tourisme. "Du temps des diligences et des coches d’eau, le touriste existait à peine, il n’y avait que des voyageurs" (Pierre Larousse). Le mot tourisme apparaît d’ailleurs quatre ans après l’inauguration de la ligne Paris-Saint-Germain-en-Laye, première ligne réellement conçue pour le transport de voyageurs. Par la loi du 11 juin 1842, le gouvernement Guizot tente d’organiser le réseau de chemin de fer. Progressivement, de grandes compagnies se forment, telle que la Compagnie ferroviaire Paris-Orléans, créée en mars 1852 (Album du Chemin de Fer du Nord, de Paris à Boulogne). Les voies ferrées rallient le plus souvent des lieux déjà à la mode et ne modifient donc pas en profondeur la "géographie touristique" (Guide Joanne, Les Bains de mer de l’Etat, 1899). Mais, une politique commerciale active des Compagnies et de l’Etat contribue au succès croissant de lieux jusqu’ici trop éloignés (Fraipont, Chemin de fer de l’Ouest, Excursions sur les Cotes de Normandie et Bretagne).

Associé au développement des structures hôtelières et touristiques, souvent situés à proximité des gares, le train joue ainsi au XIXe siècle le rôle qui sera ensuite dévolu à l’automobile ou "voiture de tourisme".