Expositon coloniale internationale de 1931, affiche de Victor-Jean Desmeures Le Musée de la Parole et du Geste à l'Exposition coloniale de 1931

La France et son Empire : célébration d'un symbole :
Inaugurée le 6 mai 1931 par le chef de l'Etat Gaston Doumergue, l'Exposition coloniale internationale de Paris occupe plus de cent dix hectares autour du lac Daumesnil dans le Bois de Vincennes. Le ministre des Colonies, Paul Reynaud, précise que "le but essentiel de l'Exposition est de donner aux Français conscience de leur Empire" afin que "chacun d'entre nous se sente citoyen de la plus grande France, celle des cinq parties du monde". Il s'agit donc de faire adhérer la population métropolitaine à l'idée coloniale, à ses vertus citoyenne et civilisatrice. Pour cela les concepteurs de l'Exposition procèdent à une véritable mise en spectacle de la France coloniale. Face aux six hectares consacrés à l'Indochine dominés par la reconstitution du temple d'Angkor-Vat, l'Afrique donne lieu à des réinterprétations architecturales spectaculaires ; ainsi le palais de terre rouge couronné d'une tour haute de quarante-cinq mètres représentant l'Afrique occidentale française. Tout autour, le public est invité à entendre des orchestres et des troupes de danses africains, mais il peut aussi acheter des bijoux, de l'artisanat traditionnel auprès des "indigènes" en costume local. Pendant les six mois de son ouverture, l'Exposition offre ainsi une vision des colonies placée sous l'angle d'un exotisme qui affirme en filigrane la supériorité du modèle occidental colonialiste et de sa force civilisatrice.

Des sons et des images : mémoires de l'Exposition :
C'est dans ce contexte que le Musée de la Parole et du Geste de l'Université de Paris propose de "profiter de la réunion d'un grand nombre d'indigènes de nos colonies, pour fixer sur disques la musique et les parlers coloniaux". Ainsi peut-on entendre, par exemple, parmi les 346 enregistrements effectués sur 189 disques 78 tours par le Musée, des chants du pays dogon, ou encore des chants et danses de Guinée. 157 photographies de Paul Pivot accompagnent ces documents sonores, chaque interprète ou troupe enregistré ayant été photographié. Le tout constitue "l'anthologie musicale de l'Exposition coloniale" voulue par le Musée et dont nous présentons ici la partie consacrée à l'Afrique. Elles-mêmes héritières des Archives de la parole fondées en 1911 par Ferdinand Brunot à la Sorbonne, les collections du Musée de la Parole et du Geste intègrent la Phonothèque nationale créée en 1938. Succédant à la Phonothèque, le Département de l'Audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France conserve aujourd'hui ces collections.