Campement dans le pays des grands Namaquois, Voyage de M. Levaillant dans l'intérieur de l'Afrique, par le cap de Bonne-Espérance, XVIIIe siècle Exploration intérieure de l'Afrique

A la fin du XVIIIe siècle, les Européens ne connaissaient de l'intérieur de l'Afrique qu'un découpage arbitraire, en douze grandes régions, proposé par les géographes de cabinet (Sanson), une carte où la toponymie et la richesse de l'iconographie (Allardt) masquaient mal l'absence de connaissances réelles comme en témoignent les vides sur la carte de d'Anville. L'Afrique du Nord, la Vallée du Nil et l'Ethiopie, l'arrière-pays des possessions portugaises, hollandaises au Cap (La Borde) et françaises le long du fleuve Sénégal (Adanson, Delisle, Durand) constituaient les seules régions réellement explorées.

C'est précisément lors d'un premier voyage au Sénégal en 1816 que René Caillé, nourri des récits de Mungo Park, rêve de Tombouctou. S'il n'est pas le premier à atteindre la ville mythique, il est en 1828 le premier à y entrer et à en revenir vivant. A côté des grands explorateurs étrangers que sont Speke et Burton, Clapperton et Denham, Barth et Nachtigal ou Stanley et Livingstone, des centaines de voyageurs français, tout au long du siècle, sillonnent l'immense continent. Suivant le cours des fleuves, ils explorent les bassins du Nil (Abbadie, Trémaux), du Sénégal (Mollien), du Niger (Binger, Galliéni), du Congo (Brazza) du Zambèze (Foa, Giraud) pendant que d'autres parcourent les régions désertiques (Duveyrier, Foucauld, Foureau) etc...
Savants (Jomard, Lefebvre) et missionnaires (Arbousset, Coillard), civils (Blanc, Révoil, Soleillet) ou militaires (Brosselard-Faidherbe, Houdaille, Lenfant), administrateurs coloniaux (Ballot, Bayol, Largeau), diplomates (Tissot, Vossion) ou simples aventuriers (Douville), tous collectent et rapportent des données topographiques, géologiques ou hydrologiques, ethnologiques, botaniques ou zoologiques (Bel, Delegorgue, Vuillot).

Les résultats de ces explorations sont ensuite exploités par les cartographes pour l'établissement de nouvelles cartes, documents de synthèse qui traduisent l'avancée des connaissances : Lapie père et fils au Dépôt de la Guerre, Jules Hansen à la Société de géographie mais aussi Victor Levasseur, Joseph Chavanne et à l'étranger, parmi tant d'autres, Heinrich et Richard Kiepert, Jean du Fief de la Société de géographie belge etc. Carnets de route, croquis et dessins, cartes et plus tard photographies, permettent aux géographes de combler dans les premières années du XXe siècle les "derniers blancs" sur la carte d'Afrique.
Ces travaux sont également exploités pour des diffusions plus larges dans la presse : Léon Hayard ou encore Emile Giffault au journal Le Temps.
A la fin du XIXe siècle les missions d'exploration n'ont plus seulement pour but de découvrir de nouvelles terres ; dans bien des cas, elles sont les prémices de la conquête militaire : la connaissance du terrain sert désormais à la délimitation des territoires que se partagent les puissances coloniales.