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Quand Gallica se transforme en terrain de jeu : portrait du plus loufoque des Gallicanautes, Blouzouga Memphis

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28 juin 2017

Pour fêter l'été, le blog vous propose un plongeon rafraichissant dans l'humour de Blouzouga Memphis, qui, à l’instar des super-héros, mène une double vie : chercheur de documents drôles et insolites dans Gallica de jour comme de nuit, il est aussi (mais serait-ce une couverture ?) bibliothécaire...

Blouzouga par lui-même.
Midinette, journal illustré du 8 avril 1938.

Bonjour, pouvez-vous nous parler un peu de vous ? Qui se cache derrière votre pseudonyme ? Et pourquoi ce nom ?

Bonjour, je m'appelle Blouzouga Memphis et je suis chercheur de bêtises sur Gallica, mais je sévis également sous mon pseudonyme Luc Lefebvre et là je deviens bibliothécaire assistant spécialisé responsable d'un service de périodiques d'une grande école de la République.

Alors, c'est le moment redouté de la question du pourquoi Blouzouga Memphis... Argh... Or donc, Memphis, c'était un nom qui ressemblait à Indiana Jones (archéo-chercheur de bêtises, tout ça). Prendre un autre état étasunien, ça aurait été une copie trop évidente (j'avais pensé à Tennessee), je me suis dis "allez zou" une ville et donc Memphis, Tennessee.

Il nous reste donc Blouzouga, je... je ne sais pas, honnêtement, je ne sais plus vraiment, j'imagine que je voulais un nom un peu idiot... C'est réussi !

Blouzouga Memphis durant une pause bien méritée.
Major Blake, explorateur au Sahara, photographie de presse, agence Rol, 1924.

Comment avez-vous découvert Gallica ?

Pour moi, Gallica a longtemps été une question possible aux concours des bibliothèques. Puis, à la suite de l'obtention du concours de magasinier des bibliothèques en 2008, je suis entré à la BnF en tant que contrôleur qualité  des documents numériques sur (je vous le donne en mille) Gallica. J'y suis resté 3 ans. Donc Gallica, je l'ai découvert de l'intérieur, je connais tous ses petits secrets... Tous ! Pensez, j'étais au service de la numérisation... Et si je voulais je pourrais en... Ah excusez moi, mon téléphone...
Oui, ah bonjour, Mme Engel, je... Comment ça un procès ? Non mais je, oui, je... Me casser les rotu... ? J'ai compris Mme Engel, oui, d'accord...
Oui alors où en étais-je, alors oui c'est ça, Gallica, je n'en ai vu qu'une petite partie, vous savez.

Mon travail de contrôleur m'a fait passer énormément de documents devant les yeux, et si j'ai peu gagné en compétences au niveau des images et de la numérisation (on ne fait pas un cheval de course d'un vieux poney catarrheux), ma voie était trouvée : je deviendrais découvreur de bêtises sur Gallica ! TINTINTIIIIIIN ! J'ai d'ailleurs commencé ma collection là-bas.

Comment utilisez-vous Gallica dans le cadre de votre métier ? De vos recherches ? De vos loisirs ?

Eh bien, mon métier de chercheur de bêtises sur Gallica m'amène assez souvent à chercher des bêtises sur Gallica, aussi utilisé-je Gallica fort fréquemment, pour des bêtises. Je ne sais pas trop si je l'ai déjà mentionné, parce que si il y a un truc que j'aime pas, c'est être redondant.

Parlons un peu méthode. Comment trouve-t-on de bonnes bêtises sur Gallica ? Eh bien, c'est souvent une affaire de regard. La bêtise est avant tout dans l’œil du chercheur. Oui bon ça va, arrêtez de rigoler hein, vous m'avez bien compris.

Je ne pars que très rarement d'un sujet vers une recherche, même si ça m'est arrivé pour compléter des notes de blog sur un thème précis (Jeanne d'Arc, ou le Kaiser Guillaume II, par exemple). Non, je pratique ce que j'appelle la recherche systématique-un-peu-concon-certes-mais-je-vois-vraiment-pas-comment-faire-autrement. C'est-à-dire que je repère de nombreuses revues sur Gallica, plutôt illustrées, je tape au début au milieu et à la fin, sur quelques numéros pour voir s'il y a du potentiel de bêtises (illustrations, publicités, rubriques "le saviez-vous ?", etc.). Quand une revue me paraît avoir un taux de probabilité de bêtises raisonnable, disons du 78,842%, je regarde systématiquement tous les numéros. C'est ça le côté "un peu concon" de cette méthode, mais c'est ce côté-là qui me plaît, aussi.

Jeanne D'Arc enfant et la traditionnelle récolte des plantes hallucinogènes en Lorraine
(ndlr : légende fournie par l'interviewé, nous ne prenons pas les plaintes),
Le Nouvelliste des Vosges illustré, numéro du 4 février 1894.

Ce qui me facilite la recherche c'est de montrer mes découvertes directement sur Twitter, ce réseau social qui sait, ô combien, apprécier les bêtises à leur juste valeur.

Il m'arrive de participer aussi aux chasses aux trésors lancées par l'équipe de Gallica sur les réseaux sociaux, c'est-à-dire trouver des pépites sur des documents nouvellement numérisés. Cela m'a permis de découvrir de nombreuses bêtises sur d'autres supports que les périodiques : monographies, images, manuscrits, médailles...

Dans le cadre de mon vrai de vrai travail, au service des périodiques de ma bibliothèque, il m'arrive fréquemment de vérifier si un titre de périodique que nous avons au format papier ne serait pas, par hasard, déjà numérisé sur Gallica, en vue d'une éventuelle possibilité d'idée de peut-être un jour (mais j'ai dit peut-être hein) s'en séparer (je sévis dans une bibliothèque assez conservatrice). Ou bien tout simplement pour signaler cette ressource dans notre catalogue.

T'es le king, Blouzouga, c'est toi le fuckin' king, ici ! (ndlr : idem),
Le Baron de Corbier en Torero, Les Modes, numéro d'avril 1904.

Comment votre blog, Blouzouga Memphis & la patate sacrée du Machu-Pichu, est-il né ? Et bien sûr, pourquoi ce nom ?

Histoire véridique, ce blog est né alors que j'étais chez moi dans l'impossibilité de bouger, cloué par une fièvre carabinée qui a duré au moins trois semaines. Entre deux siestes délirantes, j'ai commencé à écrire mes premières notes.

L'idée de montrer des images glanées sur Gallica avec un commentaire qui se veut rigolo, ça je l'ai eu avant mais c'était seulement pour mes amis. Là, avec la fièvre, vous comprenez, je me suis laissé aller à croire que ça pourrait faire rigoler des gens que je ne connaissais pas.

Blouzouga Memphis & la patate sacrée du Machu-Pichu (je me tape encore la tête contre les murs de cette grossière erreur sur le "Picchu", mais je dois l'assumer, c'est ma grande faute). Bon pourquoi ce nom, j'ai envie de répondre parce que ça claque, ça fait aventure et puis inconsciemment (ahahah) j'ai sans doute piqué l'idée à Lewis Trondheim et sa bande dessinée Lapinot et les carottes de Patagonie.

Mais surtout n'oublions pas que ce blog aurait pu s'appeler Blouzouga Memphis & Le Brocoli de Jade de l'Amazone, on l'a échappé belle.

Je ne tiens plus ce blog très à jour depuis la fin 2016, mais je ne désespère pas de retrouver un souffle nouveau pour réécrire des notes (autre nom du grand coup de pied dans le bas du dos).

Il se trouve que je sévis plus régulièrement sur Twitter quand j'effectue mes recherches et que je soumets à la communauté directement ce que je trouve.

J'ai également un autre blog sur Tumblr : le Carnet de recherche à Blouzouga (#CàB). Le principe est beaucoup plus simple d'accès que la Patate et surtout beaucoup moins bavard : une image, une courte blague et puis c'est tout. Il s'agit ni plus ni moins que de la récupération des meilleurs tweets de recherche. J'essaie de poster 3 notes par jour sauf le week-end et là j'en suis à plus de 860 notes.

Une anecdote au sujet d'un document découvert dans Gallica ?

J'ai une anecdote pas si savoureuse que ça, mais bon. Cela date de l'époque où je travaillais comme contrôleur qualité plus spécifiquement des périodiques (eh oui, encore et toujours). Nous recevions plusieurs grands titres numérisés et notamment L'Aurore... je dois bien avouer avoir cherché plus spécifiquement une certaine une de janvier 1898. J'ai longtemps hésité à faire un selfie devant mon écran... Bon OK, je l'ai fait, mais on ne voit rien. Déception.

L'Aurore, une du 13 janvier 1898 sans selfie de Blouzouga Memphis.

Rencontrez-vous des difficultés propres à vos recherches ?

Mon petit système de recherches étant assez artisanal, ma principale difficulté est le manque de temps. Mais ça ne me désole pas, loin de là. Je ne verrai pas tout, je passerai à côté d'énormément de choses, mais bast, c'est ça qui est magique dans Gallica.

Qui est susceptible de vous aider à découvrir de nouvelles sources ?

Heu, eh bien tout un chacun, même si mon principal bonheur est de trouver une source que personne n'ira voir et qui regorge de bêtises. Mais si vous tombez sur des titres qui vous semblent rigolos, n'hésitez pas à me les signaler.

Un document Gallica fétiche à recommander ?

Un seul wouuh vous êtes durs ! Disons trois ! S'il vous plaîîîîît ?

Pour la qualité de la numérisation : l'Art et ses extrêmement nombreuses et variées gravures exceptionnelles.

Pour des Môssieurs à moustaches et bidouf qui font les muscles (du moins au début) : La Culture physique. Dans les années 30 ils virent complètement idiots avec leur culte du corps parfait qu'ils rapprochent eux-mêmes allégrement des idées fascistes et nazies.

Parce que des histoires macabres c'est pas très rigolo, sauf quand on n'a pas d'images et qu'un illustrateur tente de les redessiner : L’Œil de la Police.

L'Œil de la Police, 1913, n°221, bêtise du 22 juin 2017.

Quels sont vos projets pour votre blog prochainement ? Avez-vous d'autres projets en lien avec Gallica ?

Pour la Patate sacrée du Machu-Pichu, mon objectif est donc essentiellement de trouver un peu de temps et d'énergie pour pondre une note. Je reprendrais bien volontiers le principe des calendriers qui me forçait à trouver quelque chose chaque mois. Mais quelle thématique après le calendrier des Môssieurs qui font les muscles et des Médèmes qui font la pose et puis le calendrier Pompier ?

Pour Les Carnets à Blouzouga (oui le à est fait d'exprès), je pense que je suis sur une bonne moyenne, pour le moment.

J'avais quelques autres projets de blogs : un blog parodique, toujours à partir de documents de Gallica, sur les dangers que fait courir cette damnée vélocipédie à tous nos concitoyens ; un blog recensant les nombreuses découvertes étonnantes sérieuses et moins sérieuses, glanées lors de mes recherches, toutes ces choses qui me font dire "Tiens donc, voyez-vous cela ?".

Le mot de la fin ?

"Digitalisation" ? Nan, je rigole.

"Merci", c'est bien ça, "merci".

 

Pour suivre les péripéties de Blouzouga Memphis ou lui adresser vos récriminations :

- sur Twitter : @Blouzouga
- sur son blog :  Blouzouga Memphis & la patate sacrée du Machu-Pichu
- sur son autre blog : Le Carnet de recherche à Blouzouga
- et même sur Facebook :  Blouzouga Memphis

Vous aussi vous utilisez Gallica pour un projet qui vous tient à cœur et vous souhaiteriez en parler sur le blog Gallica ? N’hésitez pas à nous contacter à gallica@bnf.fr en mentionnant "Billet Gallicanautes" dans l’objet de votre message.

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