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Le Petit Journal : « le mieux informé de tous les journaux » naissait il y a 150 ans !

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24 septembre 2013

En 1863, Moïse Millaud lance Le Petit Journal qui rapidement devient le premier quotidien populaire de masse en France. « Journal à un sou », son coût modique  et son petit format expliquent en partie son succès mais sa capacité à jouer de l’émotion du public et à dramatiser les faits divers participent de cet engouement.

Détail d'une affiche de Jules Chéret, 1890

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9010545w

 

La reprise du journal par Émile de Girardin en 1872 ne remet pas en cause une ligne éditoriale dont le succès va croissant. En 1880, les 580 000 exemplaires du journal représentent plus du quart du tirage de la presse parisienne. Une affiche de Jules Chéret indique qu’en 1890, la diffusion approche le million d’exemplaires. Le développement commercial s’appuie sur les avancées techniques de l’époque : les rotatives Marinoni permettent de tirer 20 000 puis 40 000 exemplaires par heure, le développement du réseau ferré assoit la diffusion en province.

Malgré des prises de position antidreyfusardes, le titre s’en tient à un républicanisme modéré, fédérateur du plus large public. Sous l’influence d’Ernest Judet, il se mue en organe de combat politique marqué par le nationalisme et l’anglophobie pour, après 1904, revenir à plus de modération sous la direction de Charles Prévet notamment.

Le Petit Journal fait partie des « quatre grands » avec Le Matin, Le Journal et Le Petit Parisien. La presse française connaît alors un véritable âge d’or. Kiosques et affiches (ici une auto-promotion) témoignent de la présence familière des journaux dans la ville. Sous l’effet conjugué de la liberté de la presse et de la scolarisation, les journaux entrent dans chaque foyer et façonnent la représentation  populaire de l’Europe, de l’Empire colonial ou plus largement de l’actualité à travers cartes et éphémérides.

Au-delà du seul journalisme, Le Petit Journal organise des événements sportifs (courses cyclistes, automobiles, d’aéroplanes, concours de pêche à la ligne) et de sociabilité (concours de danse). Il développe également sa librairie éditant en volumes feuilletons, livres de vulgarisation sur la santé, biographies d’artistes, témoignages d’anonymes ou de célébrités, … Le journal se mue même en agence de voyages.

Après-guerre,  le titre amorce un déclin relatif sous l’effet d’une concurrence accrue.  Dès 1917, le tirage constaté n’est plus que de 700 000 exemplaires. C’est à cette époque, qu’Albert Londres, l’un des collaborateurs du journal, signe Contre le bourrage de crâne, une série d’articles sur le Front publié en recueil.

En 1919, le tirage chute  à 400 000. En déclin, le journal passe entre les mains de Louis Loucheur puis de Raymond Patenôtre pour être enfin racheté en 1937 par la Société Indépendante de Presse. Il devient l’organe du Parti social français du colonel de La Rocque. Désormais, le tirage dépasse à peine les 150 000 exemplaires.

 

Replié à Clermont-Ferrand en 1940, il soutient la Révolution nationale. Toutefois, le ton de ses colonnes est plus modéré que celui de ses confrères, l’antisémitisme s’y affiche moins ouvertement que dans L’Action française. Le départ de plusieurs de ses membres pour Londres éclate l’équipe de rédaction. L’audience s’étiole encore (60 000 exemplaires en 1944). A la Libération, le titre est suspendu mais le colonel de La Roque acquitté.

Benjamin Prémel - département Droit, économie, politique

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