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Histoire de mode : Maude Bass-Krueger & Sophie Kurkdjian, arbitres des élégances

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14 avril 2016

Aujourd'hui, Maude Bass-Krueger & Sophie Kurkdjian, chercheuses en histoire de la mode et victimes (consentantes) de la Gallica-mode, arbitrent les élégances et nous font découvrir Gallica sous toutes les coutures.

Les Élégances parisiennes, novembre 1917

Bonjour Sophie, bonjour Maude, pouvez-vous nous parler de votre activité ?

Nous sommes toutes les deux docteurs en Histoire, spécialisées en histoire de la mode. Sophie a réalisé sa thèse sur l’histoire de la presse féminine du début du XXe siècle,  à l’Université Paris I: “Lucien Vogel et Michel de Brunhoff, parcours croisés de deux éditeurs de presse illustrée au XXe siècle”, en étant parallèlement chercheuse associée à la BnF. Maude a soutenu sa thèse au Bard Graduate Center à New York sur “The Culture of Dress History in France: The Past in Fashion, 1814-1900”: une recherche sur la manière dont la discipline de l’histoire de la mode, les expositions sur la mode, et la mode historiciste ont aidé les Français à comprendre et à visualiser leur propre passé.

Aujourd’hui nous poursuivons notre métier de chercheuses avec de nombreux projets liés à la recherche en histoire de la mode: nous co-animons un séminaire de recherche mensuel “Histoire de la mode” à l’IHTP, un laboratoire du CNRS , nous faisons du commissariat d’expositions, nous écrivons des articles pour des revues d’histoire, nous appartenons également aux comités rédactionnels de revues sur d’histoire de la mode (Apparences et Modes Pratiques), et nous siégeons dans des comités qui réfléchissent actuellement à lancer des initiatives européennes pour rassembler les historiens de la mode et à promouvoir la discipline (GIS Acorso; Projets en travaux pour monter un Master Européen en Histoire de la Mode).

L’histoire de la mode est une discipline déjà bien intégrée dans les départements d’histoire et des arts décoratifs à l’étranger, mais ce n’est pas le cas en France qui a beaucoup de retard et commence à se rendre compte seulement aujourd’hui de l’intérêt à développer l’histoire de la mode (voir le rapport de Lyne Cohen-Solal sur les initiatives que doit prendre le gouvernement pour mieux valoriser la mode en France par exemple, ou encore cet article). Nous faisons partie d’une nouvelle génération de chercheurs qui ne sont pas arrivés à la mode “par hasard” mais qui ont travaillé dessus dès leur Master avec la ferme volonté de continuer après dans cette discipline pour s’établir comme historiens de la mode français. Aujourd’hui, les meilleurs spécialistes de la mode publient et enseignent à l’étranger; il est grand temps que les excellents historiens qui travaillent en France se mobilisent pour redéfinir la discipline ici - là où se trouvent d’ailleurs toutes les archives !

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Cléo de Mérode, par Reutlinger

Comment est né le blog Histoire de mode ?

Le blog est une extension de notre Séminaire organisé à l’IHTP/CNRS. Ce séminaire a été fondé il y a 10 ans par Dominique Veillon, historienne de la Seconde Guerre mondiale et auteur du livre La mode sous l’Occupation. En 2012, Dominque Veillon, qui avait pris sa retraite, a confié le séminaire à Sophie qui menait alors sa thèse. En 2014, Maude l’a rejointe après avoir organisé avec elle un colloque international labellisé par la Mission du Centenaire sur la Mode pendant la Première Guerre mondiale qui a réuni soixante intervenants, 200 personnes du public pendant deux jours de discussions et débats inédits.
Depuis, le séminaire (baptisé le #SemMode sur Twitter !) continue d’organiser une séance par mois sur un thème spécifique de l’histoire de la mode, en invitant 3 intervenants (souvent un mélange de chercheurs français et étrangers). Aujourd’hui nous avons entre 40 et 80 participants qui assistent à chaque séance, des étudiants en Master et en Doctorat, ainsi que des chercheurs, conservateurs de musées, et professionnels de la mode. Voici les affiches de nos 3 dernières séances, et de la prochaine, consacrée aux échanges franco-américains, qui aura lieu le 15 avril (pour y participer, voir le contact mail à la fin du billet) !

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Le séminaire organise aussi des conférences avec des partenaires comme Parsons, l’IFM, et l’INHA, ainsi qu’avec des partenaires étrangers tels que l’Université de Brighton avec Lou Taylor, et le Lipperheide Costume Library (Kunsbibliothek) de Berlin avec Adelheide Rasche. Le séminaire met en également en place des visites d’expositions et d’archives... Nous publions toutes ces activité sur le blog, qui est considéré comme un prolongement du séminaire. Vous y trouverez les comptes rendus des séances, les annonces de colloques, les publications, et les liens vers les vidéos des séminaire filmés; il promeut aussi des projets en rapport avec l’histoire et tente d’établir des passerelles entre la recherche et les milieux professionnels, l’université et les musées; les professeurs et les étudiants. Les compte Facebook et Twitter du séminaire complètent les activités du blog.

Comment utilisez-vous Gallica dans le cadre de vos recherches ?

Gallica joue un rôle très important dans nos recherches. D’abord, lorsque nous préparions nos thèses, nous avions régulièrement recours à Gallica pour consulter des périodiques et autres documents. Maude, qui a fait sa thèse aux États-Unis, l’utilise aussi pour vérifier des sources et des références depuis l'étranger - c’est un atout majeure pour les chercheurs internationaux ! Et puis, la recherche cibler par mots clefs est impressionnant. Ça permet de sortir des archives que l’on aurait peut-être jamais pu trouver auparavant.

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La Danseuse aux jets d'eau, robe de danse de Worth
La Gazette du Bon Ton, 1924-1925

Puis, Gallica est progressivement devenu un outil de travail essentiel. Nous l’utilisons aujourd’hui comme une plate-forme de références dans laquelle on puise beaucoup de renseignements et de données brutes utiles à nos travaux, mais aussi comme une immense base d’informations qui nous conduit d’un document à un autre, qui nous permet d’éclairer le présent (une commémoration, un événement particulier) à l’aide d’un document ancien.

Voici un Top 5 des sources que nous utilisons les plus régulièrement pour nos recherches :
  1. Les Elégances Parisiennes, 1916-1917. Difficile d’accès en bibliothèque, la mise en ligne par Gallica est essentielle pour tout chercheur travaillant sur la mode pendant la Premiere Guerre mondiale.
  2. Les Fonds de l’Atelier Nadar
  3. Les Fonds de l’Atelier Reutlinger. Les fonds photographiques de Nadar et Reutliner donnent accès à des centaines de photographies de célébrités et de mondains de la du  fin XIXe siècle au début du  XXe sièce qui sont habillés à la pointe de la mode de leur temps.
  4. Les Bulletins du Société de l’Histoire du Costume. Fondé en 1907, cette Société est la première qui milite pour fonder un musée du costume en France. C’est un source importante pour comprendre l’historiographie des études sur le costume.
  5. La Gazette du Bon Ton, 1912-1925.  Une revue avant-gardiste qui révolutionne la presse de mode alors en perte de vitesse au début du XXe siècle en publiant des pochoirs réalisés par Georges Barbier, George Lepape, et Pierre Brissaud.

Gallica permet aux Gallicanautes de prendre de la hauteur, de comprendre les jalons qui nous ont menés à aujourd’hui. En tout cas, c’est comme cela que nous l’utilisons: pour mieux comprendre le passé, mais aussi le présent!

Enfin, Gallica nous permet de penser la recherche à l’heure du numérique, et de nous interroger sur les potentialités nouvelles offertes par la numérisation...une réflexion qui est essentielle à mener à l’heure actuelle ! Que peut nous apporter la numérisation de documents anciens? Quels sont les avantages mais aussi les inconvénients pour le chercheur? Faut-il repenser la recherche ? Cette réflexion a débuté pour nous suite à la participation de Sophie à la Journée d’information Europeana Newspaper en novembre 2014, et nous la continuons en utilisant régulièrement Gallica, et en expérimentant les nouveaux outils mis à disposition des historiens.

Rencontrez-vous des difficultés propres à vos sujets de recherche ?

Les difficultés que l’on peut rencontrer sont souvent liées à l’ampleur des informations que l’on trouve sur Gallica, et sur la difficulté parfois à savoir dire “stop” aux recherches. La quantité de documents mis à disposition des chercheurs est un atout indéniable, mais pose aussi des questions des limites que le chercheur doit s’imposer pour que son travail soit réalisable.

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Sarah Bernhardt photographiée par l'Atelier Nadar, 1893-1894

Qui est susceptible de vous aider à découvrir de nouvelles sources ?

Les Gallicanautes qui communiquent sur leurs “trouvailles”,  ainsi que l’équipe de Gallica qui fait, nous tenons à le souligner, un magnifique travail de valorisation ludique de l’histoire, des archives...!

Utilisez-vous aussi Gallica dans d'autres activités  ?

Oui bien sûr! Gallica est tellement accessible et simple d’utilisation que c’est un outil pour la recherche mais pas seulement. Nous y avons souvent recours pour “communiquer” sur l’histoire de manière ludique et originale, pour des billets court, des tweets, des posts sur notre page Facebook ! Nous l’utilisons alors dans une optique de divertissement, pour documenter un événement contemporain et pour l’illustrer avec un document d’époque.

Nous l’utilisons aussi actuellement pour l’exposition que nous organisons à la Bibliothèque Forney sur les femmes et la mode durant la Première Guerre mondiale. Cette exposition, labellisée par la Mission du Centenaire, qui dévoilera les collections de la bibliothèque Forney, du Palais Galliera, de la BHVP, de la Bibliothèque Marguerite Durand, du Musée de Meaux, de la BnF mais aussi des archives Diktats,  Lanvin et Chanel, ouvrira en janvier 2017. Gallica nous est d’une grande aide pour préparer cette exposition, et la documenter. Nous twittons d’ailleurs régulièrement des images de Gallica pour faire des petits teasers sur notre exposition.

Vous souhaitez en savoir plus sur les activités de Maude Bass-Krueger & Sophie Kurkdjian, contactez-les par mail (seminairehistoiredemode@gmail.com) et retrouvez-les sur :
- le blog du séminaire Histoire de mode
- la page Facebook du séminaire
- le compte Twitter du séminaire

Vous aussi vous utilisez Gallica pour un projet qui vous tient à cœur et vous souhaiteriez en parler sur le blog Gallica ? N’hésitez pas à nous contacter à gallica@bnf.fr en mentionnant « Billet Gallicanautes » dans l’objet de votre message.

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