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Ces œuvres qui entrent dans le domaine public en 2018

13
4 janvier 2018

Quelles œuvres sont entrées dans le domaine public le 1er janvier 2018 ? Pour bien démarrer l’année, le blog Gallica vous fait découvrir celles que vous pouvez désormais consulter dans la bibliothèque numérique de la BnF et de ses partenaires.

Al Capone et Tristan Bernard, dont les œuvres viennent d’entrer dans le domaine public.

Commençons par Tristan Bernard, romancier et dramaturge resté célèbre pour son humour et ses bons mots. Vous trouverez dans Gallica ses pièces de théâtre – dont la première, Les Pieds nickelés, jouée au Théâtre de l'Œuvre en 1895 – mais aussi ses romans, comme Mémoires d’un jeune homme rangé ou Mathilde et ses mitaines, enquête policière ayant pour décor le Belleville d’avant-guerre. A (re)découvrir également, ses sketches pour la scène et la radio, rassemblés en deux volumes, fruits de sa passion pour la radiophonie et son public d’"aveugles invisibles" :

On m'avertit un jour qu'un poste d'Etat avait inscrit dans son programme une de mes pièces. Je me disposai, avec un peu de méfiance, à l'écouter. Or, j'eus beaucoup de peine à la comprendre. Pourtant, j'ai de la mémoire. Mais qu'en ont pensé les autres auditeurs? Ils ont dû tourner le bouton et passer à un autre poste. [...] C'est à la suite de cette expérience que je résolus d'adapter des pièces ou d'en écrire de spéciales à l'usage de la T.S.F. en partant de cette idée très simple : que ce public d'écouteurs ne voit pas les acteurs, ni l’endroit d'où ils parlent et sont censés gesticuler. Il fallait donc écrire du théâtre pour aveugles et faire en sorte que le dialogue même créât le décor dans les imaginations des auditeurs.

Tristan Bernard, Sketches pour la scène et la radio, 1936

 

Tout autre est l’univers littéraire de l’écrivain suisse Charles Ferdinand Ramuz. Huit de ses romans sont numérisés dans Gallica, parmi lesquels La Grande Peur dans la montagne, La Guérison des maladies, Aline, ou encore Paris (notes d’un Vaudois) :

 

C’est peut-être une chose utile, mais une chose assez décourageante, que d’arriver à Paris comme j’ai fait, c’est-à-dire sans beaucoup d’argent, sans aucune expérience, sans aucune protection. L’accueil est dur ; il ne manque même pas de brutalité. Paris n’a pas de ménagements pour vous ; il ne se pare, ni ne se prépare pour vous recevoir ; on ne peut compter que sur soi-même. On y est comme si on se promenait nu dans la campagne ; on sent sur sa peau de partout le contact avec ce qui est : le froid de l’air, les épines, les aspérités du sol. Car d’autres arrivent protégés : ils arrivent tellement protégés qu’ils n’ont même pas conscience d’avoir changé de vie et de milieu, comme tant de voyageurs qui, grâce à leur fortune, à leur situation, aux arrangements de toute sorte qui ont présidé au voyage, se retrouvent où qu’ils soient ce qu’ils sont, en même temps qu’ils retrouvent autour d’eux ce qui existait autour d’eux.

Paris (notes d’un Vaudois), Charles Ferdinand Ramuz, 1939

Vous préférez les essais ? Les écrits de l’anarchiste Victor Serge, proche de la bande à Bonnot puis de Trotsky – avec lequel il prit ensuite ses distances –, sont maintenant disponibles dans votre bibliothèque numérique. Les plus pressés pourront lire le bref texte intitulé Vie des révolutionnaires, dans lequel Victor Serge rend hommage aux acteurs de la révolution d’Octobre. Chaque chapitre sort de l'oubli des noms d'ouvriers, de femmes, d'intellectuels et même de bourgeois, pour témoigner de leur investissement politique.

 

Dans les numérisations basculées dans Gallica en ce début d’année, figurent également quelques autobiographies de personnalités peu recommandables : citons à titre d’exemple Ma vie et mon œuvre de l’industriel Henry Ford, antisémite notoire, ou les mémoires d’Al Capone, dans lesquelles l’un des plus célèbres gangsters américains brosse un portrait fort complaisant de lui-même. L’incipit est, de ce point de vue, aussi savoureux que parlant :

Ma propriété de Palm Island, en Floride, est la perle de toute la côte. J’ai tenu à la faire construire sur une île en face de Miami, parce que les gens me dégoûtent et que je ne tiens pas à être surveillé. Ma maison est d’une beauté incroyable. Elle m’a coûté plus de deux millions de dollars. Et c’est parce que j’ai toujours été un honnête citoyen, malgré les huit années que j’ai tirées à Alcatraz, que je tiens à apporter toute la vérité sur ce qu’on a appelé la vie de Scarface.
Ma vie, Al Capone, 1948 

Du côté des arts, on pourra enfin découvrir cette année les entretiens de Paul Gsell avec Auguste Rodin, les illustrations du peintre français d’origine arménienne Charles Atamian, celles de Louis Maitrejean ou de Pierre Falké.
 

 

Vous souhaitez en découvrir davantage ? Vous trouverez ci-dessous la liste des auteurs qui viennent d’être "libérés" dans Gallica et le lien vers leurs œuvres. N’hésitez pas à partager avec nous vos trouvailles !

Tous les auteurs numérisés dans Gallica et "libérés" en 2018 :

Jean Ajalbert écrivain
Charles Atamian dessinateur
Charles Ballot économiste et historien
Charles Bally linguiste
Albert Baratier écrivain et explorateur
Paul Barbier écrivain
Perry Belmont diplomate
Ernest Nathaniel Bennett écrivain
Adolphe Berlet  juriste
Augustin Bernard écrivain et géographe
Tristan Bernard écrivain
Pierre Besnard militant anarcho-syndicaliste
Réginald Biron écrivain
René Bizet écrivain
Jean Richard Bloch écrivain
Léon Bloch écrivain
Pierre Bonnard peintre et illustrateur
Emile Bridrey juriste
Fernand de Brinon écrivain
Edgard Briout juriste
Alexandre Brou écrivain
Francisco Cambó écrivain
Jean Colin historien
Hippolyte Commissaire mathématicien
Raymond Corraze écrivain
Samuel Crowther écrivain
Antonin Debidour historien et géographe
Francis Delaisi journaliste et militant politique
Maurice De Wulf professeur en droit, philosophie et lettres
Edouard Driault historien
Pierre Falké illustrateur
Henry Ford écrivain et chef d’entreprise
Frantz Funck-Brentano écrivain
François de Gail traducteur de Mark Twain
Auguste Louis Charles Gatelet historien militaire
Georges Gayet chirurgien
Paul Gsell auteur
Henry Guy écrivain
Reynaldo Hahn compositeur et musicien
Selig Hecht biophysicien
Constant Houlbert entomologiste
Michel Huber statisticien
Pierre Janet écrivain, philosophe et psychiatre
Albert Keim auteur
Nikolaj Sergeevič Krylov physicien
Edouard Lambert juriste
Pierre Lecomte Du Noüy biologiste
Robert Lespieau chimiste et physicien
Louis Maitrejean illustrateur
Henri Manuel, photographe
Gregorio Martínez Sierra écrivain
Henri Mazel écrivain et historien
Auguste Monnier traducteur
Anatole de Monzie homme politique, directeur de publication
John Bassett Moore juriste
Nicholas Murray Butler écrivain, professeur de philosophie
Joseph Nouaillac historien
Guztáv Pécsi Philosophe et physicien
André Pératé traducteur et historien de l’art
Charles Petit-Dutaillis historien
Max Planck physicien
Hervé Pommeret écrivain
Charles-Ferdinand Ramuz écrivain
Paul Renaudin théologien
Louis Reynaud Docteur en lettres
Léon Robin philosophe
Pierre Rossillon écrivain
Henri de Rothschild écrivain et médecin
Gaston Roussel traducteur
Domenico Russo écrivain
Émile de Saint-Auban écrivain et juriste
Saint-Georges de Bouhélier écrivain
Victor Serge écrivain anarchiste
Paul Sérieux médecin aliéniste
Albert Tailliandier juriste
Louis Tixier médecin
Sidney Webb écrivain

Commentaires

Soumis par Marc le 09/01/2018

Bonjour,

ces auteurs sont morts en 1947. Je croyais cependant que la durée de droits d'auteur était décalé par la guerre pour cause de non exploitabilité de droits. Du coup, est-ce normal ?

Merci d'avance

Soumis par Nadia Marguerit... le 11/01/2018

Bonjour Monsieur,
La guerre influe effectivement sur les droits d'auteurs, mais seulement en ce qui concerne les morts pour la France. Les délais avant que leurs oeuvres tombent dans le domaine publique passe de 70 ans (conditions classiques) à 100 ans, en application de la convention de Berne.
Vous trouverez donc dans cette liste les auteurs morts d'autres causes en 1947, ainsi que certains auteurs morts pour la France en 1917, comme Albert Baratier.

Bien cordialement,

 

Soumis par Laure le 01/02/2018

Bonjour

Je n’ai pas trouvé une seule femme dans cette liste :-(

Soumis par Nadia Marguerit... le 05/02/2018

Merci de votre commentaire. L’équipe Gallica partage votre préoccupation de mieux mettre en valeur les femmes artistes. Si celles-ci ont parfois été historiquement sous-représentées et peu valorisées, nous avons en revanche aujourd’hui la possibilité de mieux les faire connaître : nous avons initié ce travail avec plusieurs billets en 2017 (série "Femmes puissantes", série "Femmes de Lettres anglaises" notamment) et nous serons heureu.x.ses de le poursuivre et de le renforcer en 2018.

Soumis par Jean Garnier le 21/02/2018

Bonjour, je tombe par hasard sur votre article et ne connais rien au "Domaine Public". J'ai donc fais des recherches sur le net et souhaite une précision: les livres des auteurs écrivant sous pseudonyme tombent dans le domaine public 70 ans après leur première édition, et non 70 ans après la mort de l'auteur. Pourquoi Tristan Bernard (dont le véritable nom était Paul Bernard) est dans le domaine public seulement maintenant (= 70 ans après sa mort) alors qu'il écrivait effectivement sous un pseudonyme? Merci.

Soumis par Nadia Marguerit... le 27/02/2018

Bonjour,

Merci pour votre commentaire.
Si les livres écrits sous pseudonymes tombent effectivement dans le domaine public 70 ans après leur date de parution et non après la mort de l'auteur, cette règle ne concerne que les oeuvres pour lesquelles l'utilisation du pseudonyme sert à l'anonymat de l'auteur. Dans le cas de Tristan Bernard, le pseudonyme n'empêche pas de connaître l'identité réelle de l'écrivain, et donc sa date de mort. L'exception ne s'applique donc pas. Vous trouverez les subtilités du code de la propriété sur le site de légifrance, notamment aux articles L123-1, 2 et 3 du code de la propriété intellectuelle.

Bien cordialement,

Soumis par Nadia Marguerit... le 01/08/2018

Bonjour,

Merci de votre commentaire.
L'Illustration ne fait malheureusement pas partie du domaine public, nous ne pouvons donc pas le numériser.
Bien cordialement,
 

Soumis par diane gingras le 01/08/2018

bonjour, j'aimerais savoir si je peux re-publier un livre du domaine public ou même le modifier ou l'expliquer comme celui de Napoleon Hill : The Law of success ?

Soumis par Nadia Marguerit... le 01/08/2018

Bonjour,

Merci de votre question.
Oui, vous pouvez ré-utiliser les ouvrages tombés dans le domaine public. Pour plus d'information, vous pouvez consulter le Code de la propriété intellectuelle.
Bien cordialement,

Soumis par M le 01/10/2018

Bonjour, Les livres appartenant au domaine public sont libres de droits. Pourquoi donc demandez-vous une déclaration de l'utilisation non-commerciale et à quoi consiste la licence ? Merci par avance pour votre réponse.

Soumis par Nadia Marguerit... le 04/10/2018

Bonjour,

Merci de votre commentaire.
Vous avez tout à fait raison, les livres du domaine public sont libres de droit. Les livres numérisés dans Gallica ne nécessitent pas de déclaration d'utilisation non-commerciale. Les utilisations commerciales sont toutefois soumises à redevance.
Vous pouvez donc réutiliser nos fonds numérisés à votre convenance tant qu'il s'agit d'un usage non-commercial ou personnel.
Bien cordialement,

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