Titre : La Jeunesse illustrée
Éditeur : A. Fayard (Paris)
Date d'édition : 1922-07-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327962868
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 11188 Nombre total de vues : 11188
Description : 23 juillet 1922 23 juillet 1922
Description : 1922/07/23 (N981). 1922/07/23 (N981).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k962885z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-55902
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 981. «- 20 e Année,
&L3 Centimes
23 Juillet 1922,
La Jeunesse illustrée
LE TRÉSOR DU FLIBUSTIER, par
Jusqu’en 1783, Pierre Jouvin avait été l’un des plus
heureux marins de Dieppe. Il possédait une petite
maison non loin du rivage et une jolie barque, la
Dorade, avec laquelle il n’hésitait pas à affronter les
Plus gros temps et qu’il ramenait toujours chargée
de poisson jusqu’au plat-bord. Marié depuis un an à
peine, il venait do baptiser son promior enfant, une
mignonno petite fille du nom do Thérèse, quand une
brutale catastrophe le frappa. Par une yiolente tem
pête d’équinoxe, la Dorade rompit ses amarros et vint
se fracasser à la côte.
Privé de son gagne-pain, le pécheur ne perdit pour
tant pas courage. Dans l’espoir d’une campagne fruc
tueuse qui lui permît de racheter un autre bateau, il
s’engagea à bord du trois-mAts l'Espérance qui devait
faire le tour du monde. En le voyant partir, sa femme
Jeanne eut lo pressentiment qu’elle ne le reverrait
plus. Elle s’efforça pourtant de dominer ses appréhen
sions et se mit, elle aussi, à l’ouvrage pour assurer sa
subsistance et celle do sa fille... Deux ans plus tard,
presque jour pour jour, l'Espérance revenait à
Dieppe...
•••émut lo comte ot la comtesse do Barvillo dont lo
ohôteau était voisin. Ils recueillirent la fillette et la
firent élever en même temps quo leurs propres
enfants, Edmond et Solange, dont elle partagea les
etud s et les Jeux. M. et Mme do Barvllle n’eurent pas
ê se repentir de leur action généreuse, car Thérèse,
par sa précoce intelligence, sa douceur et sa bonne
volonté, se montra digne de leur affection. Solange
surtout éprouvait pour sa petite compagne une
amitié toute fraternelle...
...et ne pouvait se passer d’elle. Quant A Edmond,
plus Agé de deux ou trois ans, il était très fier d’avoir
deux sœurs au lieu d’une à protéger. Les premiers
temps de la Révolution ne troublèrent pas ce calme
bonheur. Los chAtolains de Barvillo étaient très
aimés dans lo pays A cause de leur charité et surtout
parce qu'on les savait partisans des idées nouvelles.
Cependant, lorsque Louis XVI eut été emprisonné au
Templo, le comte estima que son honneur de gentil
homme...
•••les Barvillo furent dos premiers à profiter do cette
fhesuro do bienveillance. Mais pendant leur absence,
leurs biens avaient été confisqués et, de leur richesse
passée, il ne leur restait plus guèro que leurs parche
mins de famille. Ils se réfugièrent à Paris ou, pour
vivre, le comte et son fils durent accepter un omploi
de commis chez un banquier. Certain jour qu’ils se
fendaient de compagnie A leur bureau, Edmond se
laissa ullcr aux confidences. Les éprouvos subies
ensemble lui avaient fait plus vivement apprécier...
...les rares qualités de Thérèse et son affection pour
elle s’était insensiblement transformée en un senti
ment plus impérieux et plus tendre, et qu’il savait
partagé. Il sollicita de son père l’autorisation d’épou-
sor la compagne de son enfance. « Quoique je fasse
bon marché des anciens préjugés, lui répondit le
vieux gentilhomme, je me vois obligé de to refuser
mon consentement. Quelles que soient ses qualités,
Thérèse n’est q_ue la fille d’un pêcheur et tu pourrais
avoir plus tard A te repentir de cette mésalliance...
du siècle précédent, et duquel il résultait qu’un
en». Gaspard de Barvllle, flibustier renommé, avait
rl a ni le fruit do ses expéditions dans une fie située
énîu 0 voisinage de la Guyane. Un plan assez détaillé
drfn J°i ,l t A ce document. « Si ce trésor n’a pas été
In,- Uv °ft. pensa Edmond, nos droits sur lui sont
ton i ^ fes ta blés. Un socrot pressentiment me pousse A
"juter l’aventure. SI Je réussis, mon père ne pourra
doni ’h’ohjecter notre pauvreté ot Je parviendrai sans
uiii. . A le faire rovonir sur sa décision. » Une semaine
U8 tard, sans faire part aux siens du but réol...
...do son voyage et prétextant simplement son
goût pour les aventures, le jeune homme s’embar
quait en qualité do matelot sur la Normandie, beau
navire de commerce en partance pour l’Amérique
Centrale. Mais A cetto époque, après la courte trêve
do la paix d’Amiens, les hostilités avaient repris
entre la France et l’Angleterre. A doux jours A peine
do navigation des côtes du Nouvoau Monde, la Nor
mandie dut prendre chasse devant YEagle, frégate
britannique ao trente-six canons. M. Dumont, lo capi
taine français...
FALCO
...mais Pierre Jouvin n’était plus A son bord. Avec
tous les ménagements possibles, le capitaine apprit à
Jeanne qu’au cours d’une tempête en plein Océan Atlan
tique, son mari avait été enlevé par une lame et que
toutes les recherches entreprises pour le retrouver
étaient demeurées infructueuses. La pauvre femme ne
put supporter le nouveau malheur qui l’atteignait.
Frappée au cœur, elle dut s’aliter et succomba après
une courte maladie. Le sort de Thérèse, la petite
orpheline...
...lui commandait d’apporter à la royauté moribonde
le concours do son dévouement et il prit le parti
d’émigrer avec toute sa famille. Pendant tout le temps
que dura leur éloignement, Thérèse eut maintes occar
sions de manifester sa gratitude A ses bienfaiteurs.
Elle les Servit avec un dévouement sans bornes et, par
sa bonne humour, les aida A surmonter les épreuves
et les déboires inséparables de l’exil. Quand Bona
parte, devenu premier consul, eut autorisé les émi
grés A rentrer en France...
...De plus, elle est encoro plus pauvre que nous, et
j’ambitionne pour toi un riche mariage qui te per
mette de tenir l’état dû A notre nom et de nous sous
traire A notre gêne présente. » Le jeune homme fut si
mortifié. d’entendre son père lui tenir ce langage,
qu’il songea d’abord A quitter la maison paternelle
pour se faire soldat. Une découverte imprévue vint
modifier sa détermination. Certain jour, en rangeant
les archives de sa famille, il trouva un curieux par
chemin...
...espérait pouvoir se réfugier dans un des ports des
Antilles; mais son ennemi, infiniment plus rapide,
gagnait sur lui A vue d’œil. Parvenu A bonne portée,
YEagle envoya un premier coup de canon de semonce.
Pour toute réponse, M. Dumont hissa toute la voilure.
Los effets do cette bravade ne se firent pas attendre.
Coup sur coup, doux bordées bien dirigées vinrent
hocher la mAture ot trouer la coque de la Normandie.
Celle-ci, qui n’avait que quatre vieilles caronades A
opposer a la formidable artillerie de son adversaire...
(Voir la suite page 2.)
&L3 Centimes
23 Juillet 1922,
La Jeunesse illustrée
LE TRÉSOR DU FLIBUSTIER, par
Jusqu’en 1783, Pierre Jouvin avait été l’un des plus
heureux marins de Dieppe. Il possédait une petite
maison non loin du rivage et une jolie barque, la
Dorade, avec laquelle il n’hésitait pas à affronter les
Plus gros temps et qu’il ramenait toujours chargée
de poisson jusqu’au plat-bord. Marié depuis un an à
peine, il venait do baptiser son promior enfant, une
mignonno petite fille du nom do Thérèse, quand une
brutale catastrophe le frappa. Par une yiolente tem
pête d’équinoxe, la Dorade rompit ses amarros et vint
se fracasser à la côte.
Privé de son gagne-pain, le pécheur ne perdit pour
tant pas courage. Dans l’espoir d’une campagne fruc
tueuse qui lui permît de racheter un autre bateau, il
s’engagea à bord du trois-mAts l'Espérance qui devait
faire le tour du monde. En le voyant partir, sa femme
Jeanne eut lo pressentiment qu’elle ne le reverrait
plus. Elle s’efforça pourtant de dominer ses appréhen
sions et se mit, elle aussi, à l’ouvrage pour assurer sa
subsistance et celle do sa fille... Deux ans plus tard,
presque jour pour jour, l'Espérance revenait à
Dieppe...
•••émut lo comte ot la comtesse do Barvillo dont lo
ohôteau était voisin. Ils recueillirent la fillette et la
firent élever en même temps quo leurs propres
enfants, Edmond et Solange, dont elle partagea les
etud s et les Jeux. M. et Mme do Barvllle n’eurent pas
ê se repentir de leur action généreuse, car Thérèse,
par sa précoce intelligence, sa douceur et sa bonne
volonté, se montra digne de leur affection. Solange
surtout éprouvait pour sa petite compagne une
amitié toute fraternelle...
...et ne pouvait se passer d’elle. Quant A Edmond,
plus Agé de deux ou trois ans, il était très fier d’avoir
deux sœurs au lieu d’une à protéger. Les premiers
temps de la Révolution ne troublèrent pas ce calme
bonheur. Los chAtolains de Barvillo étaient très
aimés dans lo pays A cause de leur charité et surtout
parce qu'on les savait partisans des idées nouvelles.
Cependant, lorsque Louis XVI eut été emprisonné au
Templo, le comte estima que son honneur de gentil
homme...
•••les Barvillo furent dos premiers à profiter do cette
fhesuro do bienveillance. Mais pendant leur absence,
leurs biens avaient été confisqués et, de leur richesse
passée, il ne leur restait plus guèro que leurs parche
mins de famille. Ils se réfugièrent à Paris ou, pour
vivre, le comte et son fils durent accepter un omploi
de commis chez un banquier. Certain jour qu’ils se
fendaient de compagnie A leur bureau, Edmond se
laissa ullcr aux confidences. Les éprouvos subies
ensemble lui avaient fait plus vivement apprécier...
...les rares qualités de Thérèse et son affection pour
elle s’était insensiblement transformée en un senti
ment plus impérieux et plus tendre, et qu’il savait
partagé. Il sollicita de son père l’autorisation d’épou-
sor la compagne de son enfance. « Quoique je fasse
bon marché des anciens préjugés, lui répondit le
vieux gentilhomme, je me vois obligé de to refuser
mon consentement. Quelles que soient ses qualités,
Thérèse n’est q_ue la fille d’un pêcheur et tu pourrais
avoir plus tard A te repentir de cette mésalliance...
du siècle précédent, et duquel il résultait qu’un
en». Gaspard de Barvllle, flibustier renommé, avait
rl a ni le fruit do ses expéditions dans une fie située
énîu 0 voisinage de la Guyane. Un plan assez détaillé
drfn J°i ,l t A ce document. « Si ce trésor n’a pas été
In,- Uv °ft. pensa Edmond, nos droits sur lui sont
ton i ^ fes ta blés. Un socrot pressentiment me pousse A
"juter l’aventure. SI Je réussis, mon père ne pourra
doni ’h’ohjecter notre pauvreté ot Je parviendrai sans
uiii. . A le faire rovonir sur sa décision. » Une semaine
U8 tard, sans faire part aux siens du but réol...
...do son voyage et prétextant simplement son
goût pour les aventures, le jeune homme s’embar
quait en qualité do matelot sur la Normandie, beau
navire de commerce en partance pour l’Amérique
Centrale. Mais A cetto époque, après la courte trêve
do la paix d’Amiens, les hostilités avaient repris
entre la France et l’Angleterre. A doux jours A peine
do navigation des côtes du Nouvoau Monde, la Nor
mandie dut prendre chasse devant YEagle, frégate
britannique ao trente-six canons. M. Dumont, lo capi
taine français...
FALCO
...mais Pierre Jouvin n’était plus A son bord. Avec
tous les ménagements possibles, le capitaine apprit à
Jeanne qu’au cours d’une tempête en plein Océan Atlan
tique, son mari avait été enlevé par une lame et que
toutes les recherches entreprises pour le retrouver
étaient demeurées infructueuses. La pauvre femme ne
put supporter le nouveau malheur qui l’atteignait.
Frappée au cœur, elle dut s’aliter et succomba après
une courte maladie. Le sort de Thérèse, la petite
orpheline...
...lui commandait d’apporter à la royauté moribonde
le concours do son dévouement et il prit le parti
d’émigrer avec toute sa famille. Pendant tout le temps
que dura leur éloignement, Thérèse eut maintes occar
sions de manifester sa gratitude A ses bienfaiteurs.
Elle les Servit avec un dévouement sans bornes et, par
sa bonne humour, les aida A surmonter les épreuves
et les déboires inséparables de l’exil. Quand Bona
parte, devenu premier consul, eut autorisé les émi
grés A rentrer en France...
...De plus, elle est encoro plus pauvre que nous, et
j’ambitionne pour toi un riche mariage qui te per
mette de tenir l’état dû A notre nom et de nous sous
traire A notre gêne présente. » Le jeune homme fut si
mortifié. d’entendre son père lui tenir ce langage,
qu’il songea d’abord A quitter la maison paternelle
pour se faire soldat. Une découverte imprévue vint
modifier sa détermination. Certain jour, en rangeant
les archives de sa famille, il trouva un curieux par
chemin...
...espérait pouvoir se réfugier dans un des ports des
Antilles; mais son ennemi, infiniment plus rapide,
gagnait sur lui A vue d’œil. Parvenu A bonne portée,
YEagle envoya un premier coup de canon de semonce.
Pour toute réponse, M. Dumont hissa toute la voilure.
Los effets do cette bravade ne se firent pas attendre.
Coup sur coup, doux bordées bien dirigées vinrent
hocher la mAture ot trouer la coque de la Normandie.
Celle-ci, qui n’avait que quatre vieilles caronades A
opposer a la formidable artillerie de son adversaire...
(Voir la suite page 2.)
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