au vice qui la perfifloit. L'homme avili par la débauche n'ofe plus pré- tendre au rang où fa naiffance lui permettoit d'afpirer, & l'ambition plus forte dans fon cœur que fes autres pallions, le force à reflèrabler à fon maître, pour mériter d'en être apperçu.
AMOUR Du soi-mêmu
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Amour-proprs.
L' Amour-propre confidérè comme une Loi de la Nature.
LORSQU'UN dévot fe met à moralifer, ce qui lui arrive fouvent, s'il %£HHT\ ??• .1An^»r-P,roP«-e, fa harangue n'eft pas prête de finir. Parce que la Religion défend aux hommes ( ce que la raifon leur interdit auffi) d'être vains & préfomptueux, fenfuels & efféminés fi l'on en croit ce ngonfte impitoyable, l'homme fage & réglé doit fe cacher à lui-même qu'il eft homme de bien le Philofophe éclairé doit fe mettre de niveau avec le peuple ignorant & ftupide on fe doit méprifer foj-méme, fehaïr d'une haine irréconciliable; & en conféquence gêner fes inclinations, réprimer fes penchans, contraindre fes goûts, quelque innocens que foient ces goûts, ces penchans & ces inclinations. Il appelle cela mortifier fon Amour-propre.
Depms que ces zélateurs déclament l'Amour-propre eft fi décrié qu'on auroit honte de prendre tout haut fa défenfe. II eft rare qu'on foit affez courageux pour fe ranger du côté de l'opprimé. Faifons cependant un effort de magnanimité pour réparer fon honneur flétri trop légèrement. Mais expliquons-nous d'abord fur la fignification du terme. §i par Amourpropre on entend la préfomption, l'orgueil, la vanité, l'égoïmie, je l'a«Sîïïf'u la rigueur de ceux qui le pourfuivent je fuis fon premier ennemi. Mais fi l'on entend avec moi, par Amour-propre cette forte affection que la pure nature nous infpire pour nous-mêmes, je le foutiens innocent légitime & même indifpenfable.
Je fuis donc bien éloigné de faire l'apologie de cet Amour-propre defordonné, aveugle, exceffif, de cet égoïfte qui s'aime fans bornes & fans mefure, qui n'aime que f0i' qui rapporte tout à foi, <lui fe d^fi« toutes fortes de biens, d'honneurs & de plaifirs, qui ne les défire qu'à foi & par rapport à foi, qui fe fait le centre de tout, qui voudroit dominer fur StJr Vf' toutes lVtéaX??*?e. Meat occupées Su'à le contenter, à le Jouer, Y ladm"er- Cette difpofition tyrannique, lorsqu'elle s'eft une fois emparée du cœur de l'homme le rend violent, injufte, cruel, ambitieux, flatteur, envieux, infolont, impérieux; en un mot elle renferme les fe-