Malgré l'impatience de M. Honnorat, dont l'appétit n'avait pas attendu, et la sourde révolte de Sahdine, elle voulut encore me montrer, avant le diner, un morceau de bois assez informe que je n'avais pas encore remarqué dans son musée des souvenirs.
– « Tenez! )a voilà, sainte Sare,la protectrice des Gazan Nous l'avons depuis plus de trois cents ans dans la famille. Adn)trez-la, au moins. Elle n'est pas belle, mais je l'aime, e C'était une de ces antiques images dont la dorure, en s'oxydant, prend des tons d'ébéne, et que l'imagination populaire transforme volontiers en vierges noires longtemps enfouies, puis un beau jour miraculeusement découvertes, dans quelque baUier qu'on défriche, par les deux bœufs de labour meuglant et agenouillés.~
Seulement, sainte Sare, avec son profil oriental, très carac- téristique malgré la naïveté du ciseau, avec les légères traces d'or restées aux plis du long manteau et aux torsades de la coiffure, avait un petit, air païen qu'en général les vierges n'ont pas, et ressemblait à une sultane qui aurait ressemblé à Norette.