indépendance, de me voir ainsi, en l'honneur de la Chèvre d'Or, obéir au caprice d'une petite paysanne. Mais est-ce que depuis quatre jours, depuis l'aventure des fleurs jetées, j'y song~ seulement a cette Chèvre d'Or?
Norette daigne m'expliquer que le Pas du Sarrazin est un étroit défilé fermant du côté de la mer le plus important des trois vallons qui conduisent au Puget-Maure. H s'y est jadis livré des batailles, et, de chaque côté, s'amorçant à la roche, on voit des restes de barricade.
– « La chose pourra peut-être vous !ntéresser, monsieur le savant [ »
Mais dans la pensée de Norette, notre excursion n'a rien de spécialement archéologique. Le pas du Sarrazin s'ouvre presque en plaine, à un demi-kilomètre de~!a route menant à Fréjus. L'endroit, quoique sauvage et solitaire, est accessible aux charriots, et les Bohémiens, avec leurs caravanes roulantes, se détournent volontiers pour y'faire halte, lorsqu'au changement de saison, i)s rejoignent leurs quartiers d'hiver.
Or les Bohémiens sont arrivés. Ils attendent Norette avertie et qui doit leur confier une mission des plus graves. Comme ils s'en vont à Notre-Dame-de-!a-Mer, c'est eux que Nor~tte chargera de déposer le bouquet noué du ruban et de faire hûter le cierge sur le tombeau de sainte Sare.
– « Sainte-Sare?~ »
– « Vous ne connaissez pas Sainte-Sare, ta fidèle servante des Trois-Maries, qui, venue avec elles en Provence, après la teort du Christ, sur une barque sans voile et sans rames; mourut près de Marie Jacobé et de Marie Salomé, en l'île dt