Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 206 sur 206

Nombre de pages: 206

Notice complète:

Titre : Histoire veritable de certains voiages perilleux & hazardeux sur la mer , ausquels reluit la justice de Dieu sur les uns, & sa misericorde sur les autres : tres-digne d'estre leu, pour les choses rares & admirables qui y sont contenues.

Auteur : Bruneau de Rivedoux, Jean-Arnaud (1550?-16..). Auteur du texte

Éditeur : A Niort. Par Thomas Portau. 1599.

Date d'édition : 1599

Contributeur : La Blachière, Louis de. Éditeur scientifique

Contributeur : Mizière, François (15..-1620?). Collaborateur

Contributeur : Mornay, Philippe de (1549-1623). Dédicataire

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb301690588

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 212 p. ; in-12

Format : Nombre total de vues : 206

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k8707170g

Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES-G-2889

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 05/10/2015

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 54%.


RVE

ib

:


■ W/ λ/7,·/''/ίο C. 'ux/yy'o

Lakelands, CoRK.

. i|w«w»iiin«ÎÎWipiiiwry- - -Ί



-3

p..

5-"4g


ïm'ss*

ip


fM


H 1 S TO I R E

VERITA-"''''

BLE DE CERTAINS

' V 6 I À b E S P E R I L L E V X & h^iardeux fur tó mér , âufquels tduitla juftke de Dîcu fur lcs uns, & fa raifericorde fur les autres : tres'digne dVftre leujpourlescho^ fes rares & adaiirables qui y font

concenucs.

Picau, ■ χοή, ' ■ · · - '

CeaX dedaHs gaUes dejfus la mtr s'éft voHtt EteK gra»is£aux frie,esp)^»ttfy»fques font:

Ceuxla vojent de Dieu les œuwesmerveiUeufis, i'

Stirkpro/iHiimilieudesvaguesftriiieu/if, ' ';i

5^

A NIORT. ParThomasPortau.

■©

I


n

HEXASTIQJVE SVR cctte HiÎloire.

L£ 5" mryeiîles âe DieHfont toutei ddmirahles, ;/

Sott dans le cteliCÎansVair, fur U terre (y la mer ;

fotfvent ^ ia mer Îes fatts efmtr· -vetUabies \

Sontplui iranâs &· frequents

' fcaurott efltmer.

Dont k divers dtfcours de cette heîle hiiîoire >

dtgne cCeîire efcrit m tempU de memoire, , ^

Par François Miziere,Poitcvin,' P. Mçdccia àNioEC.


C/ MONSElCl^ EVR Me^ire Philippesdg Adornayy feigneur dif PlefiiS-CHarlii j ConfeillerÀft Roy enfon ,Con* feildEfiaii Gapttawe de cin : quahte hommes d'armes de fes ordonnances Gounjerneur de - yk vtUe Φ Chajhatf de iSatt!* i mur^Surintendant de fes maP' ^ fon φ CoHronnede IS^varre^

l OtiSB I G N E V R,

C'eft une maxime |tres veritablc que _ tout homme nai dc fcmme eil fujet à beaucoup dc iQiÌèrir^ caîamiîezjque ia vicj Aij

trnmiam


4

qui eft brieve courte , ne de meure jamais en un raefme e ilac, mais expcrimente tous les jours pluiieurs & contraires vi' ciÎÎitudes ; iôic qull marche fur la cerre , foit qu'il voyage fur la -mer. Gar tout autancde vcnts 'Contraire^ qili -s'oppofènt au cours de fon voyage en la mer: àutantou plus rencontre-il de iraverfes fur la terrejpar la mali ce envieufe des autrcs hçttnmes <qui s'ciï'orcent dc xcnvericr les cours de iès deiièins, tant foicnt ils iâinds. Or s'il y a homme dc noftrc fiecle qui ait expcrimen té & cxpenmêtetous les joUrs lavcrité dcceftcmaxime,!! faut que jc confciïc a vcc vcf ité quc ,c'cft vous, Monfeigneur, côms


il appert par les traverfes & op poiitions que font à vos adions faits louables pour b gîoire de DieUjVos envieux,caIomnia teurs, & enoemis non feulcméc devous , mais auiÎi de l'Eglife de Dieu : laqueJle vous tafchez d'ediffier par vos fainâs efcrits, & eux de la ruiner pour fouile nir leur Confuiion par leurs ei^ o-itsplcins de fauiietez. Mais comme les loups &: chics hur lent & abbaient en vain contre la lune, tels auiTi ieront leurs ef crits contre vous, Car jecroy certainemcnt que vous eftes tres-refolu dela providence de Dieu,qui gouverne touces cho iesjdepuis lesplus grandesjuf. ques aux plus petites,Q^e rien A iij

Λ


w

n'advient ni tieiê ùit qa'ilnc le fache & ne le permette , fai iânt tourner le tout à ia gloire, cômeaiiiHtoutes cboies tour nent en bien à ceux qui le crai gnent. Qii il commande aux vents,tempeftes&orages, & cient en bride Ics raeichâs, pour ne paiTer plus outrc quc ce qu'il leur à eftendu le cordage.Qu'il fait reluire en toutes choiês , & luilice & fa Miiêricorde : fa lu ftice pour faire trébler les meÎ^ chans,qui cheminét contre lui à reiìourdie: fa Mirericorde, pourconviera repentâce ceux qui defirent jouir de ia gra ce &faveurau milicude tâtdc. maux &: miieres quiaccompa gnentla vic dc rhômc ^ jdfqucs


7

au fepulchre. Or je me fuis ad

vifé, Moniei§neur,pourrecreer vosEfprics parmi tant dorages & tormantes que vous experi mentez tous les jours , de vous preiènter a lire un brief diicours tres-veritable & tous plein d o

ragesjtormentes^raiferes, perils

& hazards e^ranges',.dighes de •^raritî'i* sd-Tj.:- j !oo& tiH^nne liiwiii , p'. tji ^ vûii leluûe la ju·· âiee de Dieu fur les uns , (à mifericorde fur les autres. Le tout eilpt advenu de noftre temps Sc memoire , en certains voyages faîts Tur la mer par au cunsdenoftte nation Françoi fe.Comme les refchappez Γοηε recité fîdelementà un per/ôn nage digad de foy Sc aimant la


w

i€i

8

vénté jìequel voiis cbgnoiiTez & aymcz de longue main , cô ine aiant exercé l'efiat cle Ser* gent Major par le commandc ment de noilre Roy en fa viile de Saumur , foubs voftre cora mandement. C'eft le Capitai nc Bruneau , fieur de Rivedoux cn l'iile de Ré , à (qui 'je fuis é troitteme ■ t tt d lutaiK que je m'aiieurc vuab i vez aimé Sc l'aimez comc raiai experimenté tres-fidele au fer-t vice de fa Majeilé5& qù'il vous à efté & vous eil toufiours iìde^ le iêrvifeur;cela me fait aiTeurer que pour l'amour de lui vous li rezd'autant plusvolontiers iòn rccueiI.Car combien qu'il n'aÌE jamais eiludié en la cognoiA

II


Τί

9'

iance desbones lettreSjqui font lês hommcs Hiiloriographes ; mais à paifé fon temps à l'exer Gice des guerres inteftines de ceRoyaume, ii eft-ce toutes fois qu en fairant le Recueiide tels voyages hazardeux on voic reluire en ibn lâgage une gran de candeur & fidelité , deiirant dereciter choies vraies à lapo fteritè , pour admirer les mer-' veilies de Dieu qui reiuifent en ce difcours. Voila qui me l'a fait juger digne d'eftre mis en = lumiere^tant pour la gloire de Dieu, que pour rinilrudion de tous ceux qui deiirent de profi ter es çhaftimens, & jugemens que lè Seigneur exerce en ce ïotir humiiier' lés hom+

M Ψ iiP


ΓΟ

mes iôub s Îbn obeiiiancc . Ec pource que plufieurs langues vcneneuies pourronc Îêlon leur ordinaire detrader, merdire,,& blafmer ce preiènc difcours, j'ai cftimé que pour fervîr de cotre poiion à i'encontre d'un tel vC'· nin je nepouvoi choifir un meî Icur protedeuraimant à ΓοηίΙε nir chofes vraies pour le lui de dier, que vous, Monfeigneur, qui aimez TAuhteur, & qui re cevra un iingulier cótantemem de voir fôn ouvrage mis en lu miere foubs rauthorité que vo· f re Nom s'eft acquife entre les gens de bien. loint auiîi que jc me promets tanc de voftre ami» $ié , laquelle i'ai cogneuë eftre iîiceEeeiî raoîî endioit de long


1 1

tcmps,quevous rccevrez ce pe tit prefent 5 ( petit en foi , mais grandquandaux mcrveilles de Dieu^d'auflTi bon cœurjcomme detout mon cœur ie prie Dieu

Mon SE I G N E VR, pourvo^

ilre profperité & grandeur,^ qu'il vousbenie & conièrve longuement fur la terrCjpour le bien &rediiîcationde fon Eglife. A N iort le premier de lanvier. i^pp.

f ofire tres-humhle dr cheif' Jknt fervifetir , L o i s d.

L. B lAc H I £ R E, M.

Pv s* Br amiif IsQorî,'

P8g<iiag«ni«!»i8



L'AVTHEYR AV ^ ·. ^ Ledeur..

® iV? quen'

ra / dangers qui fe

K^^^remonlrer,tMl>afa.· gg dç c€^e vie hu mAÌneyilnjen a point de teh^de f âYÙU^ni de fifreqnents ç^ ordi nmresyqae ceux quiarrivent S* aviennentaux hommes qmfre qnetentÎafiAvigation de la mer'-, tmt en nombre ^ diverfìté de qu&lites^y qnh violences rigoti Peufes^ cruelks Φ inevitablés^ k fux:iommums> ^ journaUerei^ famaient φ

■ m

r— r-n-rr-f ΠΓ [r— ini.wiiïïii-.T i ''


î-fa

fM

a

'f

_

furer une feule heure du jour de lire au nombre des vivants. Car prer^ieremenP s^ilefì que^ionde confiàerer en quelle habitation ilsfe logent four traverfer une figrards câmf aigne , mefmemet ceax qui vont aax Indes , au Pe rou 5 Φ aux Moluojues j âont la moi^dre efi de douXe a quinze chs lieues de pays,en un vai[fean fi foihle 5 fii fragile c^defi peu de force^ eu efgard aux efforts quil leur convientfupporter de la ra^ ge é' furiede la mer : tout hom me de bon jMgemeni , apres quil aura accomplpfon voiage , reco· gnoiBraque cefl unmirade ma riifefie d^ avoir feu efchapertom Jes' dangers qut fe fOnt prefente\ ■m la feregftîiaîiûHà'icelHiid'AU-^


15

tAnt que outre ce (^ue difoient les anciensde ceuxqui vonî fur la, mer , navoir entre U vie ζ^* U mort que l'efpeffeur dune tahle de fUnche , q^uinefi que de troà ou quAtre travers de doigts : ily atmtdautres accidëts,qui iour neUementy peuvent furvenir : que ce feroit chofe effouvantahle à ceux quiy navigentde lesvoU' loir tom mettre devantlesyeux lors quib veulent entreprendre leursvoiages, ^^ainfi foit pouy faire ajfembler ces tahles ou fla ches les unes aux autres dont efl confiruit cet edifice de navi gation^ il efl impofiihle detelk' ment les unir enfemble far cÌTe villeSjclûux^^ autresinflrumes à çt mc€jjairesp.^u


f}

r£r,

':&' i' ■ ■'

IS

fotn â'avùir^eHoufes^ hréyrefiney, gouilclronjhmUe de foi[jon^ç^tel f| les Autres matieres hruflcihles

combiifiihles^à^d'icelles tellemët cimeter les fêtes^trom^& autres njeues ^ voyes d'eau quâfellent les marimeiSi que s'il eii pofihie ilnenrefle aitcuns^ ou tomces ingrediens ne foient appUquez\ furpeine queflant au voyage^ç^o* en aiant ouhlié quelqu' uns quelle ?ie face perdre tout le navire , ^ ce qui efl dt'dans'-)fl fouddnement il ny efi pourveu ; comme defait îl s e^ veu arriver tant defoisk flufietm navires en leurs voia· ges 5 cu ils font perù par ces faU' tes la'^ ou hien leur a convenu a^ handûrmer homme dtdans la mer Jam Uquilè ou fQm du

^^1^»»^Î!l»Î^aiiÎ8i&?<iai83BËH»g»Bai^8aEa83iiK!aîiS^ II Ibillilli··'


17

ηίίν}Τ€ cdfeutrer ^ι^ΰΐψιε voye iem qui Avoit efie laiffèe a hou· cher lors defa coHruCiton. ΐ>' ùU leurs iiÎAvient que quelquegoH' tiere fe face fur le nlUc dndit mvire^ou fur les chahres d'icelui ilXj, Λ nul moyen de l'e^arjcher (^ttracoiiflrer y quen prenant le hazird de (outes les matieres cy àeffmjiont tlfant faire mixtion^ 0· ·/ %^ccfeu hîe-.'i tjlume au hont d'uft^KûS hafiongarny d'efioupe, hré^ rejif?ey érgouldron , que les marimers nomment guipon^paf fer deffuó lefdites chamhres qui en font desja empoilfees-i désle premier haHiment. T ellement quecefi chofe β dmgereufe que vom verrcT^ en ce àifcours un^


If

5

il.-l ΐ f' ^;jr

ιδ

mvirehrufler allat aterre'netìf·^ ve fourmvoiy haille a recouvrir de cettefiçon U chamhre âu fitaine ύ" hourgeois d'icelui. O'ailleurs^ (jue faut il d'incon 'vexfiêt pour mettre lefeu espoU' dres qui Jont dans le navireiCar il celî veu par tel accidet lamoi' tié d'un navire avotr efléemfor' té eri l'air dr quieUoït

dedins^ puis retomher 'nU wer avec perdition de t' 4te βί chmge, ^u parfus que voidon avenirpar les tempesJes é' ges qui furviennent fouâdnC' ment fur la mer , furprenant le plm fouvent Pilotes ^ T^uton niers en tellefaçon que nayâm kifir d'amejner ou mettre has h


,ίΛΙ*Ββ««

voyent accahle^ ^ τά verfe'^parU violence du vent qui les furcharge"^. ^ant a l'im' fetuofité de la mer lors quelle εβ agitee des tempeBeSyi^ui a iamxis rie veu de β furieux de β horri' hles ne defi efpouvatablei Seroit il fofiihle ds le croire qui ne l'au roit veu 5 Certes il faut con/ejfer avee le Vfalmisîe que thomme n'a point veu les merveilles d(t Dîeu vivant^ qui na veu les furieufes tempefles de la meri quentre totis les ferils que fàffent les humains en ce mife" rahlemonde^aucuns n'approchent de ceux que voient les mariniers m leursvotages, Et pourlafin^ Apres tant de perils efchappez fur


20

h mer γΛτ let foures mârinien pres d'approcher de leur kavre jl fie faut quun efctteilyun barjc de f&ble^ ou de roche^ ou lenavire i ra ahorder jpour perdre ^avire, e(^uipage ^ rtchejfes ^ mArchiiS' dtfesy eftans. Outre que lon î veu des voiages fi longs , que vi &uaîlîjes provifions defaillat., les mariniers onî eftè conifâtnU en manger les uns poHr fuhfîAn te-les auîres, Or ]e ne pajferâj foint avant en matiere fout le couppour faire voir ce que iâl peu recueiÎltr du difcours des n/oiages hazardeux fort veriià^ hles recueiUis des propres perfon· nes qui ont fait les voyAges , h plufpart encore vivas ygenscre·


2 1

dihîes, é*

âenevoudroient avoir rafforté chofes fauffes . le prîe Dieu Ιλ defftis quil me faceU grace de vivre ^erfetuellement en β crainte.

[1

ti

M


a .

*1^>,


MBRyEILLEVX VOI-)

& l^Aufrage adveijufur '; unt roche enU mer à quA" • tre Iteuis àe terre·

N rannee mil cinq cens cinquâcç neuf un marchand mari-» «J* nier du bourg dc Marenpcs en Xaioéionge pres brouage nomraé lean Samion, aianrf^it conftruire une barquc ou navirc audii lieu , du pori dç quarante tonneaux ou cnvirnn^ pour s'exerçer cn (pn art xic marcband marinicr , s'çmbar quâ audit lieu de Marcnnis dâs

i

. ί


*'

I îecîitnavircchargéde vinpoùi

; aller deicharger en Bretagne:

; en quoi faifant Ôc eilant audiâ: ρ

i, Voiage environ la iin du mois

^ de "Novembre , arriva de mal

î heur que pres îe Ras de Brehac

ledit navire alla heurter contrc 1 unerochequieil aflczavant à

^ la mer , nommcepari les ^ari

niers RoquedouCjdifìàt dç qua tre lieues dererre pl us prachai |j ne , qui eft riile de Brehac , fur

laquelle foche ne dëmcùrerenc ! log tcmps qtie le riâvîrc^rre fuil:

I auifìtciftbtiféjrompu&dMpcj

δί la marchadiÎê perdue5& touc ί ce qui eftoic dedans 5 Îors tou

ΐ tefois'les matiriiéVs de Pequipd-i

i bed'iceîuijèriiï^Bredchuiâ

; hommcsj&nscGntcrleâSâmP

(bn,kf;


îet & dc (jueÎque 'chargc dc poudrejque l'un d'euxavok ga rcnty dedans le ions de fon bô net , furent contraints par ne ceiTitédc retoutner audit Ca gcux; & raflTcmblants ce qu'iîs peuréc dc ies picces rcmmcnc rcnt jufqucs a laditc riviere, a finde s'en icrvirpour lapaiïèr. Mais côrae Ic maiheur dc ces povrcs gens n'eftoitdu tout ac coplijSi quc la fuictc de tous Ics autres qui devoient acópagner le premier n'eftoient entierc mentarrivez : quand ils furent prefts d'enibarquer fur lediâ: Cageux ^ iî fç rrouva fi defedu euxyque impoilibic fut d'en rc ccvoic deilus que vingt ièulc ment, &:cinq qii'il îeur faluc C

Jy


%, 5®

ί malgré eux laiiièr de l'autrc co

ilé de la riviere, attendâs le paC fage des vingt, leiquels ne furec I chiches de promette aux autres

i cinqjde les envpyer requerir:&

] ; fur ceilc efperance y dcmeurc

rent , & y Îêroient encore , s'ils I n'euiTent trouvé autrc moiêque :

I celui-lâ,de fairc le voyage.C'e

III ' ftoitpourtant unc grande dcC

loyauté aux vingt d'abâdonner V ainfi ces povres cinq hommes,

f aiansmoyendelesrctireràeux^

comme compagnons de fbrtu-' nc:& ne m'esbahy pas beau ' coupdes maux qu'ils endurc

rent encore puis apres,&: du dâ-? { ger ou il^ ic virent tous d'un;

1 meïme ^convenient ; pourcc

I que Dieu qui cftje jufte luge,:


fie delaiiîè point les iniqujtez impUnies. Voila donc les vingt pàiÎez? & les cinq laiiTez avec un merveilleux regret d'eiîrc ainfi abandonnez de leurs com pagnons j'ierquels tous enfem ble avoient efté iânt à la recer che dè leur Cageux, que refor mation d'icelui bien quatrc jours 3 fans avoir aucune com modité de vituailles ne bruva gcque de la pefche qu'ilsfai foknt de quelque petit coquil lage à ia cofte côme Crigauts, reiTemblams à limats de terre, & déquelque moulue qu'ilsa trapbient pour la grâde quatité ,qu'ily en a autour de ladite if le. Àinfi nos vingt hommes ayat laiiTc là leur Cageuxjprin C ij

1'

! ■ ' r P


- ' ■ -w: ^ ^-.---^

il - 52

f drent leurchemm le long de la

Cûfte pour rencontter le reftc de leurs gens ; à quoi fairc ils ll cmployerent quinze jours cn

; tiers^avectantdepeincjtantdc

; travaii,&: tant d'incommoditez

qu'â peinc peurent-ils parvenic I juiquesa cux. Car premierc

; ment ils trouverent le chemin

I fi aiprc & fi difficile , tant par Ic

moy en des roches q ue de la ) quantité de mouirc(â cauiè que

1! làditeiileeft inhibitec &non

irequente)& tâtpleinedebois, ronces & eipines , qu'il leur fa lut par neceflìté couper leurs chapeaux & en faire des ièmel' Ï lesà mettre ibus leurs pieds ,3^

j cauiè que Icurs iòuliers s'y per

Î ccrent tous. Leur retraitte au


55

fûîr eiìoic iòus les arbrcs,dedans lefquels ils mettoiec le feu pouC fe chauiferjâ la lueur duqucl u ne grande quantité d'oifeaux ie venoit jctter , & tomboient en iceluy gros commc coubcjaux ou courlisjgris de couleur, & lc bec fait côme perroqucts 5 def quels ils mangcoient cuits fujc les charbons; δί pour leurboire iìsleprecojcnt fur desfueiIJes depalmes, quÌTeftoitdcquel quebrouillart qui aYoit fait au paravât n'aiât rccours pour lors itoutc autrc ceivoifc inebria*' quc : dc maniere qu'avcc cefté vic ehampcftrc ils avoient Ics quinzc jours accomplis à ren contrcs les vingt autresde leurs compagnoïjs qui s'eiloient faa C iij

II


54

vez Tur l'autre Cagcux, ou am braiTades ne furent efpargnees pour la bîen venue , fort joyeux; dc fe revoir tous enfemble pouc iè conibler en leurs deiâftres Sc mauvaifes fortunes, contre l'o pinion que les uns avbient de ne rerrouver jamais les autres. Quelques jours apres , &: fort peu de temps arriverét iêmbla· blemet les cinq quiavoientde meuré de là la riviere ; & apres toutes leurs plaintes & queri monies, reconciliation futfaite cntr'eux de toutes ofiFeniês paf fees, avec proreftation à l'adve? nir de fe tenir fideiité fraternel le, & outre de mettre tous d'un mefme accord la main à la be fongne , qui avoit efté ja enc5


tnêccc par les vingt, qui avoiêc avec eux un charpentier &: a voient teîiement employé le temps qu'ils avoyent un beau commencemét de barque qui pouvoit eÎlre elHt parachevee, de neuf à dix tonneaux:Ce quc executant chacun commença à predre chargCjIes uns de cou pcr boisjles auires dc rapportéc les autres de fauver ce qu'ils pouvoient des fragmens du na vire & Cageux^utres aller a la pefche pour nourrir lesouvriers & fînaiement fîrent tel devoir, que deux mois apres du jour de lcur arrivee en îadite iiîejla bar que fut entieremec faite & par faite puis calfeuttee du mieux qw'ils péurét des vieilîes efîou C iiij


'!'8

fm

P

pes qo'ils tmmnt des pieccs dc koî navire^ & de fîîooiÎè'qtiHIs preooieoc en ladiiie iile ; & le premier jour de Careiffîc qui fuc h ûn des dcWÂ iîîoîs forent ptefts d'eììibarqoer ^ ayaaîavi taillé leuf dîde bsf que de chair de tonues, dont ils avoiêi prins quantité & fait iécher : "Car en cefte Ifle-là il s*en trouve de monftrueufes Sc grandes , lef quellcs forrâs del'eau s'endor iiîoientaterre ; & lors fubite ment Γοη court avec leviers & gros bois pour les toumer le vê tre en haut , aiin de les tuer a pres. D'ailleurs ils avoient des oifeaux dont ci defius eft parlé, qu'ilsavoientfait fecher &ro iîirau Solcilj &pourbreuvagc


57

quelque bariquc d'eau qu'ils a voiêcremplis en une marequi cftoit en ladióle ifie. Or eftant ibrtpresde leur embarquemêc il leur arriva un merveilleux ac cident , que peu s'en falut ne fuil executé , plain de trahifoii & de deiloyauté : c'eft que le pilote, le maiftre & le charpen tier avec qxielques autresde l'c quipage , jufqu'au nombre dc dixoudouze doutans ou crai gnansque labarque nouvelle ment conftruitte ne fuft iuffi fante pour les retirer tous,conî fic^cerent par enfemble de la defrober3& un jour qu'ils la ver roient prefte s'embarquer de dansS: remmener^laiifans lô iefts çn Iadi(5tç iile : Aquoy vo C V

irrnr-


M ί 5S

lonticrs iîsfuiTent parvenus cel^ iantque Dieiipermit que leut conjuration fut defcouvertepar un de la troupe , qui peut eftrc pouiiéde quelquc compaiïioa de ceux qui reiieroient jou de crainte de tomberen punition, k chofe revelee par queique autre advertit de laditc confpi ration; laquelîe ne fut rejettee cc mife a mefpris , aîns cn mei^ me inftant eilantrecerchez, fu rent les chefs de la cóipiration faiiìs 5 cn mefme heure enquis, leur proces fait & parfait, iceluy mis fur le bureau & en deliberation.Par la pluralité des voix qui a cefte iîn en furent re cueilliesjarreil en intervi?t(car ainiile doic on appcller,pai:ce


55?

qu'il n'y avoit point d'apel) par lequel le raaiftrejle pilote5& un autre leur compagnon , Nor mans de nation, font condânez a la merme peine qu ils avoient deliberé leur faire fouffrir ; & fansbeaucoup de delaij&retar' dem^nt, l'execution faite d'icc^ lui. Garje premier jour de Ca ïcime ^ dont cy dcifus eil fai6l merttron 5 voila nos aventuriers embaquez dedans leur arche^a vec fi peu de triftes vituailles qu ils peurêt recueillirjfors tou^ têsfois les trois releguez, qui demeurerent. Et au lieu qu'ils devoient prendre le retour de Ffâce,conclur5t de s'en retour au Perou d'autant qu'ils dou îoiçtfort de la fuffifance de leur

m


-^ssBSSiassi.

"> ^i » II 'HTil -"I "i *■ "ÌI -ttmmfris^

4q

naiÎeiîc a tel pa0àge. Hos troîs hommcs dcmcurercnc cepen danîala Vcrmudc punisde Ja meitïïc peincqu'ils avoientde fîré aux autres.Certes je trouve ieloe mon jugcmcnt quc en core en curciu ils bon marché, vcu les crimcs qu'ils avoyenc commiscn cefìe conjuration; iâvoir dc la trahiiôn qu'ils com mettoicnta rencontrcdcleurs compagnons de fortune , de la perfidis qu ils cxcr|:oiet, du vol qu' iis commettoient , & des meurtrcs volontaires qu'ils fâl· {oient, Car tout cela nc fc pou voit punir que dc mortjvcu tel kiaicheté, Eft-il poiïiblcqu'au ci^ur des hommes il y ait une fiiîvik4ireuie& ii damûeeo^


m

6l

pimoîijde trahir de la fafoii fes conipagnons,qui avec peine & fatfsLiecónaiiae seftoient em

O

ployez apres tant de perils à c5· ilruire la barque qui les devoic iâuvertous? L'humanitéeftoic eîle du tout perdue en ces gens lâ?Of nous les laiiTerons iê/our ner à la Vermude, pour revenir aurefte de nos guerriers,>qui cftoient encore au nombre de jquarante deuîf,rans aucunes ar* mesjiî cen'eftoit les outils du charpentier. kfqtjels re^prenans îa rouîcdu Perou,qui cftoit dc irois ceris licues, au lieu de vc nir en Francc , ou il y en avoÎE fcfept cens, qu'il leureftoic împoifible de tpaverfer cn m β miretablfi bateau , lïiâl uîuny


t

61

de vivrcs , peu calfeutré ροίηε armé,& chargé de peuplc.-font trois femaines àla mer prenîier que recognoiilre aucune terre, ni que faire rencontre d'aucun navire ou vaiifeau , maisapres leiiiites trois femaines pailees defcouvrirent une iile appeliee la Monne, avoifinant ladite ter re du Perou, devant laquelle trouverent un.e petite Carvellc toute neufve, du port de douze ou quinze tonneaux.· dedans la quelle y avoit deuxoutrois ho niesyleiquels efpoûvaraiez. de la veuc de tant de gens âbaodon îierent ladite carvelle, fe iâù verentàterrê avec un petitef^ qui£ou.bateau attaché a îcelle> laqwclic futinçQntinenE.'.Êifie


ÎÎ

^3

par nos avanturiers bien joyeos d'avoic trouvé quelquc meilr leurlogis, auquel y avoic quel que peu de vicuailles , bien apa reiilee de voiles , cables & an çre: &: avec elle paife renc oucre U parviadrenc jfuiques a une ii^ le de ladite cerre du Perou j ηδ mee Montechrifte ; en la radc de laquelle crouverent un navi^ re Portugais chargé de iêl , dii porc de ioixante dix conneaujc ouenviron ; requipageduquel voyanc canc de peuple en un iî petic vaiiTeanseurent peur qu'ils ne fuiïent piraces, & iàns Ics at tendre jeccerent çe qu' ils peu rent dans leur petit bacceau , & abandonnansle navirc fc fauvc rent à tcrrcj duquelnos raifera


^·> >. ->-■> ,,Γ,.»^-.· ,

bîes s'emparent incontineqt: & ayans cerché en iceluy trouve rentquelques vituailles, dcux vieilles efpees , Sc queîqu'autre petite cómoditéjqui les réjouit aucuneméCjmefme de ce qu'ils eftoient dés là en un navire ca pable de les rerourner en Fran· ce. Cependant le pilote Portu gais , à qui apartenoit le navire, le voiant faifi de cefte façon euc opinion que c eiloient gensqui tenoient pour ieditieux ceux qui âvoient de l'argent: & qu*a< vec quelque cetaine de ducats il pourroit racheter iòn navire d'entre leurs maiosj & en cefte deliberatio s'embarque de ter re en un petit bateau avecdeux ou crois hommes avecque luy»


Lcdic pibte Portugais, aiieurâ ceprinfcdes preneurs, appro che & vint à bord du navire,les ^

fuppliansdeladelivranced'ice- i P

Iuy,inoycnnât cent ducats qu'il leuroffroit. Lcsuns s'yaccor doient prefquc, d'autres y rciî ftoictfemôftrâs leurs raalheurs paiTez , & leur eftat prefent : & qu'ils ftroient bien mifcrables fe ¥ oy ans aiTcz bien logczjde Îê remettrc encore dans icur na(r felle pour retourncr au peril paf fé. Le tout coniîderé côcluiîon eft prinfc de retcnir le navirc; & non feulement le navire, maislepilote d'icelui, quifut rccogneu par quelqu'und'eftte vn habile pilote &fuffiiant pour lanavigationde ces coftes du Peroii: dequoi le Signor Portu


'J

i'if'

66

gais aiant rcceu radvertiiTèmêt penfa deiéfperer pour avoir efté iivilainemêttrompéde ionin tention; & de rage &: de defpit en print un tel mal au cœur, qu'il en peiâ mourir, demourât quatre jours dans lediàt navirc fans vouloir boirc ny manger, cjuelque priere que luy en iïrset les nouveaux poiTelTeurs ; qui .radmonneftoiem· & faifoient admonnefter par un truchemêt de ne fe contrifter de cefte fa f δ; & qu'en tout cas il ne faloit point qu'il fe mift en la fantafie d echaper de leur mains^ne fon navire, finon qu'il leur donnail qlque invédô d'ê recouvrer un autre meilleur pour recouvrer le iié.A cefte noiivelle lePortu·


:::ίί

^7 ^ gaisié voiant prins Siians moie d'evicer la compagnie de ces gens-là, rcprint courage , &ie refolut de fuivre leur fortune5& leur donner quelque invention aux defpens d'autruy,dc fe redi mer deleurs mainsj d'enef chapper-.faifant & imitant eii celale boncerf, lequeleftant pourfuìvi des chiens, a cefte in duftrie dcfe jetter fur quelquç autrcqui fera relaiiìe,& à coups ds corne le fairc Icver pouriè mettre en ià placc , afin que lcs chiens Ìliivent celui qui fera fur I pieds, Ainiì noftre pilote Por tugais capitula avec nosavantu riers , & tranfigea verbalement avec eux, que partant qu'il leur mettroit entre leurs mains un


6%

meilieur navire quc le fien plus riche,qu*en ce cas delivrâ ce entiere lui eftoit faii^€ de fa pcriònne &: de ibn navire. Def lors en faveur dudit marché voila le Portugais qui conduit tellement fes parties , qu'illes meine devant une iflenommee la Lugane, presde laquelle& jufqu'â tèrre il y avQit tin navire de iept a hui(^vingtstoneaùxj chargé de fucrc , cuirs & caiTc, dans lequel parroiiioit nombre d'hommes qui nefaiiôient plus que minuter le jour de leurre tour 5 qu'il leur montra & leUf dit que c'eftoit à eux de fe mct tre en devoir de iê rendre mai fires dudit navire fuffiiànt pour lesiairerichcs. Ccs defcipercz


69

icy quoy qu'ils n' euiïènt aucu nes armes quc deux vieilles ei^ pees rouillees , &: quelques fer rcmens du charpêtierjs'embar quent neantrnoins tous dans la petitc carvelle qu'ils avoycnt prins auparavant ; & Îàns ne rc tarder nc niarchander > nagent droit a bord dudit grand navirc i'equipage duquel les voyans ainiî venirjfe mettêt fur leurs ar mes , faiiânt mine de iè vouloic defendre, paroiiÎans fur le bord les efpees cn la main pour cf pouvanter , les aifaillans ; mais nonobftant tout cela ne des eoupsdeCanon qu'ils leurd roienr , ils ne laiiioient de con tinuer leurentrepriniè, fans fai EÇ non plus de contc des coups

ê


J

70

'' de Canon quc i^iibit Gargan

tua autremenc & ainfi allans : : droic à bord dudit navire , ils e

i ; ilonnerent tellemeut les gar

; deurs d'icelui,que le plus gentil

' compagnon iè gettoit le pre

mier à terre,Si tous cn faifant Ic ί femblable : en fin le laiOièrcnt

• - vuided'hommes pour un têpsj

tH mais au/ïi toil remuni & acco

^ modé de nosaiÎàiIIâs,qui Îe voi.

àns motez àravatage d'iin bon ; I ^ grâd navire avitaillé iuffiiam

I mecpourleretourdelcurvoia

ge^chargé-de fucres& cuirs, je ^ vous laiiÎè à penierj iîlajoye

I le ur fuc moindre que la trifteiTe

5 Ì deleur presiierc perte leura

voit efté ; & faiiànt la fîgue aux : ] Eipagnols , qui taichoient a re


71

dimerleur navire pur del'ar gcntvCommencerenc à defra dcrdelà&beuvâs lesunsaux autres d'une bote de vin fec qu'ils trouvcrent : prindrent Ic chemin de leur retour en Fran ceidotbien joyeux noftre Por tugais qui efperoit (k liberté & dciôn navire, ayant accoinply* & effedué fa promeiTe , lùi fut ncatmoins impoiTible d'efchap pcr fa pcriônne de la main dc

3ces nouveaux preheurs; Ains a pres avoir laiiÎé le navire dii Portugaisjle prierent àcaufe de ia iuiïiiance , Ics vouloir piloter en Frarice l'aiïèurant qu outrei fes'cent ducats qu'îls luy ren droient , ils le feroient partici pant de la valeur de ladite prin

• -

rr— —


M

72

iê. Se voyant amii eftroitreméc engagé parmy eux luy fui de neceflité d'y cbeir. Et de fàit a pres avoir laiiTé Γοη navireen I3 gardede fes mariniers firentà la voile Ôc s'en vindrent trou trouver le Cap de fain<ft An thoine,ou ils rafraichirent leurs eaux, &:renforcerent leurs vi vres de nôbre de tortues, qu'ils y prindrent; & de la fortent par le canal de bafme, pour la feco de fois afîn de tencontrer les vents d'avaux comme ils fîrent & joyeuÎements'en revindrent en France , arri vâs à la Rochel Ic deux ans apres 'qu'ils en e floient partis, qu'un chacun les avoit effacés du livre des vivas, ou leur prinfe fut vendue àk

Hiil


ι,α

%

73

fflil cfcus, doi'tils donnerenc qaatrc cens à leur pilote & Tcn vóieicm bien comant. le nc iài à quòy âccomparcr la joye dc Ces pdvres gens-Iâ , s'eftâs vcuz arriver â la; RochcIIe à port dc falutjapres avoir tant dc fois cf·· chapp# lat mort qui Ics iuivoit /oûfncllément. le croi quc ccl le des RdmaÎns à la ruiric de rrJCartage nc fut parcillc , s'ils i jilvoloient confidcrer les cfchap Trtîjpatoires qu'ils avoient fait du rant cefte pcregrination fî lon gue & fi hazardeufe. le n'ou blieray auiî^ a mettrc quepeu de temps apres rarrivec de touc cei equipage,les troishommcs qui àvoient efté laiiTcz cn exil à la Vermude,rctounerent à Dic D

^ ■ l!Î,J


ί

i . ,

t 74

! pe, aiant efté prins par quelque

navire qui palfeit devant ladite ifle. Eft à noter aufli qu'en ladi te ifle quoy qu'elle ioit pleîne de boisjde mouflèjde ronces & î eipines, neantmoins jamais nos

voiagéurs n'y recogneurent au i cuns animaux vivans, lerpes ne

I autres befl:es venimeufes , ains

grandcquantitédes oifeauxcy deflùs.


i^VTRE r o r E

fait att Perou^ eu il fe void U violence dufi coup 4e vent λ plle * Houraquan,avec lesfe' rils que pajfent ceu>i ^ui U rencontrent·

* Ce vcntnomme VriiMWÌòufle ordrnairement aux mois d'A ooft, ^eptcmbre Sì Oâobte , és en· virós des illcs de Navace & lamayque,à quelque (ìt vingtslieues del'lfleS. Dominiquc. Cemoc DracMc^m vocable desinrulaires lequel figni iie en leur langue les quacrevents ioincs enfcmblc & fouflans l'un contrc i'autte.

^ii^^ÌVrant quc Ics prc '^^^paratifs d'une ar " > meenavale fe drei^ ^ foient en Brouagc, faiÌànt bfuit d'aller faire uh vòi ageen fiàdrès,<]ui neantmoins Di;

p


i,^i

!: ·' ^

'lra

Ï'C'

m

η6

nc tendoit que fur la vilîc de U Rochellc, ainiî que depuis l'ex petiencc nous lc fit voir : il s'ar ma & accommoda beaucoup dc vaiiTeaux cn intcntion dudic voyagc , incogncu à la pluipart de ccux qui s'y employoient, leiqucls trompez cn leurs det ièins , aprcs plufieurs dcrpeniès excciïivcs tifchercnt dc [cs rc couvrcr fur quelquc voyagc iointain,pcndant quc îcs antrcs nous viedroiét atraquercn cet tc ville. ic di nous , pourcc quc je me jettay ( voyâc les feux al lumez en ce Royaume par plu fieurs meurtres cxccrables qui s'y commettoyent ) dans laditc vHle de la R (KheHe , ou je de meuray tout durant lediç fîegc


77

commandac à unc compagnic de gens dc pied eftrangers , ou jc fu dix mois rcnfermé prc mier qu* en partir : durant lef queÌs il fc % d'auiTi bcaux cx pioits dc-^ue^rc de part & d'au tre, quc pcut cftrc cn villc qui ayc jamais cftè attaquec cn Frâ· ccî Cependant nou» la laiiTc rons-là pour continuer lc dif cours cntrcprins. Advintdonc quc durant lcdit tcmps, qui fut aumois dc Septcmbrc dcTaa mil cinq ccns foixatc:& douzc, M.d'Ouartis Gcntil-hommc dc Picardic, n'ayant qu'unc jambe & rautic dc boisjavoit unc gal liotc du port dc quarantc ton ncaux ou cnviron laquellcil fc; reiolut cnvoier aux Canibaks,

D iij


i ' 7-8

! voyage de quatorze ou quinzc

mois 5 & poor ce faire en ayanc communiqué avecmófieurde ScroiTijlarsCoÌonnelde rinfan terie Françoife, voulut en eftre ravitailleur; & defait apresa voirefté inunie de toures fortes' ! de vivres neceiTaìres audit voia*

ί ge fut armee de quarante hom

ines tant foldats que mariniers, commandez par un Capitaine de Fefcamp n5mé le Capitaine Maillard , ayant pour fon Lieu tenant le fieur de la Fontaine Gentilhommede Picardic:& ayac prins outre leurs vituailles i pout la va leur de quatorze cens

cfcuz de marchandife, comme drapSjtoiIeSìCouteauXjpoignars &:aucres quincaillerie dontils


19

penfoienttrafiqueravcc lesha bitans defdias Canibales, & fournis de toutes chofesjfe trou ve preftc à faire voilc le vnziei^ me jour dudit mois de Septem bre 1572 qu'ayant prins lcur route , & portant le cap de leur navire autremept la prouë d Oueft.eurcntcognoiiTance de

la coftc de Barbarie pour la pre miere terre , au droit le Royau mede Fez:devât laquelle trou vercnt un navire Portugais dii port defoixante à quatre vingts tonneaur; l'equipagc duquel ayant defcouvert ladite galliotc fe met en dcUberation de l'cn lever , U de fait s'en vindrent a pleine voiîeaborder ladite gal liotte où il fut reccu d'unc au D iiij

m

i«nm

J!


?0

irç fafon qu'il n'efperok^& quo trompc au marché qu'il avoiç faic, il s'en falut deicJireparlg pertedu navire, qui*fut prins par le Capitaine Maillart &em mené à bien cçnt cinquantç lie uës de la en une ifle nommeç Lancelorc apartenant au Roy d'Efpaigne, ou il vêdit ledit na

vire, & en receut en payemenc , des cuirs,du vin,delaviande,& des figuesj.avec quelque argêc. Et apres ceIa,cotraints du niau^ vaistemps, fîrent voile tenanc la route du Perou , apres avoir laiiTe un cable Sc une ancre , & continueréctellemét Icur chc min qu'ils fircnc cinq cés licues prcmier quc parvenir a aucunc terrc 5 dontla premiers iut une

tl


1

8i

terrcaii PeroU j dans lâquelle entre lariviere de Lore, laqiiel Jeilscoftoyerentquelque têps, & jufquesâ ce qu'ils arriverenc â une iile nòmee des Laifards, qui contient environ quatrc lieuës de long, doht le Capitai ne & loldats furêt tous refiouis iôus l'efperance qu'iîs avoienc de trouve'r de l'eau douce^donc ils avoient beioin : mais pied à terre qu ilseurent, furent quel que efpace de temps fansrkn trouver, forsune grandequan titéde laifards , gros comme ic* h>it un enfant d'un an , gris de couleur, dcfqueis ilstuerent & mangerent , ÔC les trouverenc: fort bons, Et apres avoir obfer vé lafapn defdics animaux> ra*

.m


m

82

marquerent que lefdits i'Iaiiârds gravoientdans des arbresy mâ ger d'une efpece de iruid rem biable a nos meures, lc bout defqucls arbtes coupé eftoit rouge comme bois de Brefil:&: apres que Ieidi(5fcs animaux a voientmangéjfe retiroient fous nombre de pierres qui eftoient Ja pres : dont ils recueilliret que iî y pourroicavoir de l'eau au ils aloient boire : Sc fur cefteopi nion commencerent a remuer ces pierres iôus lefquelles ils ne faiilirent de trouver une fontai ne , dont ils prindrent quelque bariqued'eaUîfaris trouver quc mangcrenladide iile, fors u ne efpece, d'oifeayx , gros com mz coriBorans ou poules ^ gris


dc coulcur 5 qui fur la nuid vc noyent cn fi grande quancitc fur ceux qui eiloiet a terre , que ils avoient de la peine a s'en de fendre avec efpees & baftons, en en faifant quelquefois tom ber fur la place trois ou quatre censjou plus , dont ils mange rent & emporterent dans leur navire. Et apres laiiTans ladite iile deslaifards, iinglerent envi ron trois cens lieuës de traver fe,jufquesa ce qu'ils rencontre rent une terre apellee la Domi nique, qui eft une terre des In des avau le vêtjC'eft a dire iôus îe vent, de la Gardeloupe , qui cÎloit une rade qu'ilscerchoiêt, où tous lesnaviresqiri viennene da Pcrou^des Indes fe viea

·ί^»Μΐ^Γ"·»^ι"Τίηΐίι>ίΓ^— rir f— ·ιπ- T ΙΙΙΙΙ·Ι·Ι·Ι·ΙΙΙ·Ι II III I


10

84

inet rafraiichir d'eaux poiir pîus aiiement paiïèr le refte d'un it grand voyage : de oianiere que s'ils euiTenc peu gaigner ledic Iku de la GardeÎoupe, ils efpe roient des lâ parachever leur voyage a leur deiirjCn y rencon trant quelque navire venant du^ Perou. Cependant lemalheur Jes aiant niis bors de leur route,, furlaquelieii eiloit impoflibJe de plus Γε remettre, il falut prê. dre aurre reioluîion: qui fut que de l'iiîe de la Dominique , & la coiloyantj ils rrouveret Uuti vaii^ Îeau a bien un quart de lieuë de cerrejdemerveilleufelongueur, çomme illeur fembloir, chargc de nombre d'hommes, habillez ds.diveries touieurs;&r<^uoi.£


■ti

;;

* A'.

- '85 _ . 1, rent jiigemcnt que c'ciîoic une \

gallere garde-cofte ; coutesfois j

['ayant ipprochee en intentioa [

dâ l'attaquer ou de s'en deifen- Ìi

dre recogneurent que ceiioit |

une efpece de fregate/aice def- '

corce d'aibres , dans iaquelie y svoit vingt hommes tous nuds '

& peins neâcmoins de couleur ^

rouge, jaune & autres,leiquels, avecaiÎeurance qu'ils prindréc de la g3Îiocte,s'en approcheret, non toutesfois jufques à bord, mais quelque peu eflongncz: . l'un defquels vingt hommes e Mt fuc laditc fregatc , eftoic fur îedevant du vaiiïeau nud com me les auììes,aiant feulemet fur la teilc un petitchapelet fait de^ dc perroquets ^ feaibk)-

M


ble a ceux que lon baille aux mariecs en ce Royaume, & dâs fonbras une rondelle de cuir: qui faic croire que c 'eiioit Je chefde cecte bande, lequel hô me approché qu'il fur,commê çaàcrierforthaut, CaijAvefA' iadesy qui font deux mots iigni fians qu* ils avoient du pain , & de certaines racineSjgroiTes co Rie raves ou naveaux: le pain a pellé caffâve & les racines pata des. Le pain eftoit de mauvais gouil 5 mais les raves cftoient aucunemêt bonnes cuices fous }a braiiè ou bouillies dans un pot. Ladite fregatc eftant ac tachee d'aiîèz loin à une corde de la galliotte, les hommes d'i cellc jettoieot quantitc de ca


::ιΐ

^7

te ca(five ér paiades aux noflres qui eii recampenic kur don noienc du pain> du vin, & quel que couteauxieiTaiantquelque fois de tirer la corde pour les a procher pîus pres d 'eux : mais s'en appercevans ces tritons quictoiêt la corde,aimâs mieux faire ietter un homme à la mer pour prendre ce que lun leur donnoit,que non pas demeurer attachez. Et enceteftat ayans continué ce trafîq.en fin fe reti ra ladite fregate àterre,promet • tans Îes hommes d'icelle »dc re tourner le lendemain avec de l'or de l'argentjpour changer avec ceux de la galliotte pour autre marchandiiè : mais quel· qnesimsd'entr'cux recognoiÎ

Ir-:^


t. », ,

ίΛ?«*

m ;

II ' 88

fant le pays & le peiiple le plus defloyal quifoit au monde > fuc d'avis que Γοη ne fit q le moins de fcjour que Γοη pourroit, le m'oubliede dire que ces hômes nuds avoientdansleurbatteau grand quatitéde ροίίΤοη , qu'ils avoiét pefché avec la ligne & le hameçû,groscôme carpesjplat, fort rouge,& mol au manger:& eft 3 prefumer que c'eftoient pefcheurs de ladite ifie de la Dominique. Apres celaceux de la galliotte entrerent en une merfortpacifîque, Ôc dansla- " qiielle il n'yavoit aucunesva guesjfur laquelle ils naviguerec bièn quatre vingts lieuës avec bien petit vent d'amont , autre raentNort ou Bize quilesco^


8?

4iîtiît iufques à deux iiles, Tunc tìommee la Monnc l'autrc le Momufcjue ; crquelles ils nc youlurent point mectrc pied à tçrre, d'aucant que par le raporc jdeceux qui les cognoiiToienr, clles ciloient infruitueufcs & dererccs. Partant paiiàns oucrc, s'enallerent reprcndrc lacerrc de iainâ: DominiquCjCnviron à trentc cinq ou quarantc lieuës de l3,qu'ils arrivercnt un matiti à rcmboucheurc de Îa rivierc dtidit lieu, cuidans y fairc quel^ q«c bontie renconcrc rldont Îe voyans privez , s'cn allerent cn une iflc appeilee la Couue fainól lean dc Porterique cnvi ronadix-huiólou vingt licucs deladite iiviere , çn laquelle ili


%

ilW'

liii

îÇ

mirent pîed a tcrre^poiir y pré dre de Teau dans un eftang qui yeft; maisilsfutènt eftonnez que aprochans ledit eftang , il$ vircnt iôrtir d'icelui un Croco dille fort monftrueux , lequel a la defpourveuë faillit d'en atta queraucuo d'eux: qui fîtquc l'ayant recogneu coururent a leurs armes , & fîrent entelle fortequ'ils le tuerêt â coups de piques & d'arquebus, & laiÎTe rent ladite iile,pourcc qu'ils n'y trouvcret aucunes cômoditez: &:iî n'yvirentaucunsanimaux ibrs de gros maftins de chiens qui avoient fait des petits dâs lc creuxd'un arbrCjdot ilsprindrct deux,&puis fe rembarquerent. Dela Couue&: iâind leandc


%

ίΐ

Porterique s'en alicrentaucap de Croix , a bien feze lieuesdc la 3 devant laquelle cuidans ra der trourerent qu'il eftoit im poiÌible, acaufedes roches&: dangers qui eftoient autour d'i celle : de maniere que cela fuc caufe qu'ils y fircnt fort peu dc fejour : & fans y arrefter paiiè^ rent outre, & vipdrcnt à une ii^ le efloignec devingt-huit lieues de la fufdite, appelie la lomari <jue,en laquèlle ils mirent pied aterre, & y demeurercnt dix fept jourSj a caufe qu'ils y trou verent bois a faire cercles pout tcnouveller kur futaillc , dc reau,& pour rafaifchir les leurs des chairs de fanglers & che vaux , dont ily avoit quantite.


m

3

β2

fanstoutesfois y avoir onques recogneu aucune creature hu maine quoiquel'un de requi page de la galliotte, qôi m*a ra^ porté cefte hiftoire , nommé lc CapitaineFaneuil du bourg de Marennes pres Brouage, m'aye aifeuré avoirefté avec quelques uns de fes compagnons plus de deux lieues en.terre,fans jamais avoir veu en leur chemin , quc grand quantité de chevaux 8c fangliers eftans a groflfes trou pes ; qui voyans ces hommes, couroient droit a eux comme s'ils euiTent voulu les devorer; dequoiayant peur leditFaneuil & fa troupcj iê câpoient dedans desarbresou derriere iceux,& les attendoient avec leurs har


■^t·:

93

quete. îls en têvcrfoient toui joursquelqu'un qui faifoit que incontinent le refte s'eniuyoir· πιεΓαιε ledit Fanueil m'a dit a voirtué defdids chevaux en β part jufques a neuf des plus beaux qu'il cuft jamais veu:dóc Vund'iceux, de poil cendréa voiteu autrcsfoislc pied paré,

& le crin coupé ; qui fait croire qu'autresfois ladite iile avoit c fté habitcc d'EfpagnoIs , ou au tres nations. Dans ladite ifle y | ^

avoit aunfi grandc quantité de perroquets , dont ils tuoient or dinairement, & en mangeoient qu'ih trouvoient aiTez bf>ns. II fe trouya auiïï en laditc ifle lors qu'ils curent mis pied a terrc pQury cerchec du bois a faire


É

9^

queîqucs ccrcles a relier leur futaille, une choiè eftrange, af favoir un ferpêt d'une merveil leufe groifeur &: comme Îèroit k cuiiTe d'un homme, longà merveille , lequel eftoit monté dans unarbre aiTez baspour y roanger du fruit qui y cftoit.Le charpentier qui avec fa coignec cftoit a terre pour recognoiftre les bois dont ils avoient befoin aveciàdi<5î:e coigneeen donna' trois coups fur ledit ferpetsqu'il Ic coupa au travcrs &Ie fit tom ber; dont les aiïiftansefpouvan tez de rouverrure de la gueuls d'iceluy qui abayoit pour en manger quelqu'un s'il cuft pcu lc quitterent ,Sc vindrent en un rocher illec pies, ou ils baitiret


::î; :r?

■:d

vJo! ^bii

.-M,"

'ί;ά

^5

ί-ί

^ ' i4

un four 5 dans lequel ayant mis ^

le feu 5 tumba un ferpent gros.

comme le bras & long d'une

braiTc & demyCjquiy bruila.IIs

virêc auiïî en ladite iile des tor

tues & non d'autres oiiêaux. IIs

pefcherent auifi contre le pied

de quelqucs arbres quicftoicc

dans la mer , des huiftres forc

groiTes & bonnes.&pour la iîn,

aprcs avoirjàccomply leurs dix

fept /oursjiè rêbarquerent tous:

& mettans à la voile allercnc

trouver le Gap Ìàinóì Anthoinc

qui eil à cinquantcou '^ibixante

lieues de la lomariquc i à quoy

fairc mircnt quatre jours. Ledic

Cap eft un licu & cndroit ou

tòuts les navircs vcnâs des Ca·

îiibâlcs ou de la cerre ferme du

<9


m

ÌU

l^

y

$6

Perou lê vicnnenî rader pour lê rafraiichird'eaux, 6c de rortues qui y font d'extreme grandeur, éi en grand quantité pourde là aller ccrcher là Avane qui eft u ne iile ou tous navires vôt païer la douane ou tribut duRoi d'Ei· pagne, qui eft a quelque douze lieuesdu cap, pourdudit lieu de la Avane aller forcir par le ca nal debafme cercher les vcnfs d avaI,poi)r les retourner cn Ef pagne. Car en toui voyages al iantjufques là, ilne letrouvc que véts d'amonfi iâvoir Nord, Nordeft & Eft , qui Ibn t vents deBife;& neferreuvêtlcs véts d'aval (qu'en France Γοη apelie Galerne ) que dans ledif carial. Ainii dônc nos nautonniers de la galliote


PT , .

la galliotc garderent que!que ||

temps le cap, courant,tâtoil iur une bande,tantoft fur rautre,ea attendant que quelque navire venant de ladite terre du Perou fe viendrbiét brufler à la chan delie : mais ils y pcrdirent teps, qui fcandaliza grandement Γε quipage murmuras contre leur Gapitaincjlequel ils accuibienc de trabifon pour nc les avoir condmts :comme il eftoit en trepiinsàla Gardeloupe; ains faiiantfauÌÌè routcjles avoit em* menezaucapde fainâ; Antoi ne,d'où ils n'efperoient aucune chofe.Cependant le Capitaine Maillard fceut tellemêt lesmet· nager qu'il les appaifa fur l'af feuranee qu'il leur donnoit quei E

7


pS

ènpeu de jours il iê prcÎêntc roit quelque bonne occafîoni En ces termes il les rçtint donc quelques jours, faiiànt comme le Medecin, qui traittant un fe bricitant quelquefoi^ liiy arre fîe partie de l'exces par ibn me dicament ; mais fa berte pèr due, la fîevre d'ordinare que elle eiloit , quelquesfois ie convertiil: en frenaific ^ fî Γοη nc donneau patient<parrié de ce qu'il demaride quelque dô mageable qu'il iôit : Ainfinos mariniers la remonftrance dc Maillard perdue, recommen cerent Jeurs murmurcs contré luy, jufques â vouloir Ilîj impo ièr les mainss'il ne lesretiroicde cefte merj qu'il nè lesixetour-i


•Ί

99

nafi: en France. La deiÎus toiues les harangues de Maillard nû rervoiet de rien; quoy qu'il leur miii: devant les yeux que s'ils J

hazardoient cn ceile fairon-Ià de fe mettre à la mer, fans dou te ils tfouveroient le coup du ventappellé Houraquan qui les feroit tdus perir. Or cet Houra quan eft un toarbillon de venc quilerencontreés contrees de p ;

delâ , quèlquefois de deux cn i

deux ans , lequel eft fi violent, ^ \

qu'il s'eft veu un navire cftanc ;

preft deterreavoir eilé empor- î '

îé plus dc deux lieuesiur icelle: telÎemec que ceux qui font rels voyagesfaventfort bienobièr ver les temps &. la faiiôn de iâ venue , de pe ur d'en e ilre ren E ij


lOO

contrez. Nonobftant toutefoîs toutes ces renionftrances indi gnez cotre leur Capicaine, for ce luy fut de s'accommoder à leur folie , s'il n'euil voulu fe tiiettre en danger de iâ periôn neîôi à cefte occaiion leur ac· corder de retourner en France. Pource faire aiant tnis à la voi· ie,&: Îlnglé environ trente cinq lieues pour fe parer de toutes Ics terres fermcs du Perou & des iiles , entrerent audit canal de Bafsie : dont iòrtis qu'ils fu i:ent,rencontrerenc a main gau che la terre 4e la Floride , & a vec le vents d'aval qu'ils trou' verent , (è virent incontinant le traversde l'iile de la Vermudc, â bien quatre cens lieues dudit

-rrniiiTmiiin.i-wi-irTr- — -


ΙΟΙ

canal ; ou eftans , & enviroh Ic mois de Mars aaxommence· mentd'icelui, ne failIireDt de rencontter le coup de vent dôt ,

eft parlé cy deiTus, appelé Hou

raquan,tej & fi impetueux,que

Teipace de trente fix heures :

qu'iiaura,iln'yavoitlorspiece ί ;

d'eiix qui euil: ofc fe vanter d'é

chapet le naufrage ; recognoii

iant lors combien leur temerité j

îeiir avoit apporté de peril &dc ;

donîmagé. Ainfi pendant la fii- 1 1

reur dudit tourbillon ou coup " f..

dc vent 5 il leur fut de neceffité î; i

coupper tous les mafts de la

galliotte , jetter à lamértoutc jj

leurartillerie, leurs vituailles;, |j

quequefoit la plus grand part |

d'icelies jtous leurs cofrc s & au

E iij i

II .

J?i ?


: V

'44

h

tM

m

102

tres chofes qui eftoient de faix pour allcgîr leur navire, lequel iut tout brîié devant & derriere descoups de mer, qui atous

coups pailbieni dedans^jufques À iesaccablsr: Ayantremarqué 6<:iDbiervéquen douzeheures qucdurala grande violence de cet orage , iâns que la galliotte cuû aucune voile ne maft j ils illlefent ioixante quinze lieues, Voiladonques nos opiniaftres punis ièlon le demerite de leurs fautes ; le plus vaillant defquels en euft voulu eilrequirte pour unbras , cncoren euft-ilpenfé avoir bon marché 5 n'ayantre cours qu'aux pleurs & lamen .tations , & s'acciiÌMis d'avoii: creu Icurs foles fantaiies, $c for


ii'

lO^ .

ce ceioi qui les conreilloit lement. II en avient volontiers toufiours aiiiii par jufte puniti5 a ceux qui s'efgarans de l'obeii fance deue & promife a leur fu perieur , les forcent à leurs dei raiibnnablesvoloniez.Ainiî nos furieux:devènus(conimeon dic en commun proverbe)pIus fou p!es que gands de chevrotin, ne ie difpofoient qu a la mort, & a faire ordonnancc de der niere yolonté 5 jufqu'a ceque Dieu les aians exerccz trente ilx heures durant , icelles acco plies fît revenir la mer calme&: coye,SiIaiiïa la vîe anos avan turie^rs ; lefquels revénus àeux quoy qu'ils fe viifent denuez de tous moyens préfque -dans leuc E iiij

■ .1 nii im


104

galiîotte poiîT pouvòìr paraclie verleur voyage fi maiheureure menc corómencé.-Neantmoiìì s louans $C admirans la bonté de Dieu 5 commencerent a ramai^ fer tout ce qu'ils peurent des iragmeris delcux bris de naVirc & !es miettes de bifcuit; qui a voit refté das iceliii tout mouil léjtoHt trainéj&Ia plufpart moi Ìì& pourri avec une piecede vin demy d'eau iàlee r pour de cela en fàire tel mefnagement qu'il fuft fufììiànt de ies coduire enFrance, reprindrent un mail qù'ils avoiét attaché le long de leur navire , & en firerìt tin d'a" virons & de quelques bois re ftez, employans leurs chemifes & habillemés à racouftrer leurs


los

voiles touces caiices Sc brifees: Ôcen cecte façoa fe remeccet fur k route de France, ou ils furenc pres de deux moisrpendant lef quelsleur vivre fut fi irugal que chacun honime n'avoit au ηια· tin qu'auiîi gros comme une noixde pain, & deux travcrs doigt dc vin en un verre , & au tatau foir: de maniere que cinq de leurs hommes moururentde iaini premier qu arriver en Fra ce : autres perdirent les dentiî fâute de manger. Et qui fut Ic pis fur la Hn il y eut telle dimi nution de rordinaire accouiiiù nié,qu'iîs peiòient avec des ba lances de bois le pain que cha cun devoit avoiû ; en îelle iorte; ^μς vsinciis de là faim ,I%Iu& E- Ψ


ÏO^

pare de requipage compiotc l enc lamoicd'uQ homme d'i celuy, que j'ay forc bien co 11 gneu, nofnmé Martin PageOj

du bourg de fainâ: îuft pour , le fDanger, à caufequec'eiloic

un grosgarçon , &: le plusfrais encoie de la compagnie.TelIe Oienc que fans que Dieu voulut eooidonner d'autre façon j &: kur faire viiir la terre le jour qu'ils la defcouvrirent l'execu Eion en devoit eitre faire le len^ j demain. Mais fur la fm du mois

^ deMay ils arriverent à FeÎcamp en! Nocmandie , αυίΐί maî me^ ί nez que furent jamais povres

: miierables : la plufpart deiquels

i pcu de- tcmps apres. leiir arri^

mouitiren^ de. îuû


I07

avoyenc enduré , beliftres fans avoir faióì: aucunc choiê. C'eftlè plus fouvcntce qu'en rapportenc tels voyageurs ; & pour un qui y profî ' r. tejcinquante s'y ' ruinent.

^7


roTAGE DEPLORi^'

blc df' U f erîe immvireal· Unî i, ierre'r,enve ^ par le rnoycn dii feu qui sy mït^ ou la fltiffarî du peuple mo uruî^ Φ entrAutrcs k bourgeok

Λ9 fi

J> S j

Î. eftoît demourant aii viîage de Mozac

^ parroiiTe de faind iuilpres Marennes im- fort honneiie homme, mar chand marinier , nommé Picr re Houé,aianc de beaux rnoyêSi, lequeî en faifanî: ίοπ: rrafìc or ilir3sir.e avoit. touiÌoi3r5-c|pelque'


lop^

nàvire en baftiireurejfoitqìj'ii y print ρΙαιΓΐΓ,Γοί: quii en receuft dii proiìt:& iì en avoit touriours quelqu'uii a la mer iceiui donc ayant raid biilir un tre^-beau navire du port de ΓορΕ à liui^i: V in gt s tonneaux pour i'èn^oi et auk Terres-neuvés à laperclie nedelaraoìue, qui eiloit ibii trafiq plus òtdinàire 5· Cc mit eii la fantarie d'y fàire le voyagc dadàns , contre lés rerhonilraìi ces que pluiìeurs de fes amis lui faifoient pour ì'en divettir ^ luy mèttant devant les yeuji les vbyàges qu'il y àvoit iàit aupà ravantv lés mòyeris qué Óieu Ìny àvoit donné , d'ailÌe^urs l'àiìgè· qui^òrefnavant Ì'appel^ Idit à cinquàats ans^a; Ìa pre·?

t>ï''*"i^SîesaBS


I lO

Ϊλ^ΐ

ΐ>ίί

& le prioyent d'en donnçr. la charge à quelque honime en qui il prendroit côfîance.Neâc moins cela ne le peut abbacre de fa premiere rerdution 5 ains s*y;COqfiima de plus en plus;les aiiewiilc toutesfois que ce ieroit pourrle dernier voyage qu'il y entreprendroit jamais (cóme il fut a la verité;n5 toutefois en la iignificatiqn qu'il le prenoit.) Ainiìfbndé furfa premiere opi ni5 iort navire preftS^ acomodé a iòq plaiiìr , tant des utenciles d'ic elui , que dc pïoviiions ne ceiTaires pour led ic voyage,par tit de la riviere dè Seudre pres lediót Marennes j 'au mois de Mars de i'an 1 5 701 a vec un au Kê navire iaiiàni îç mçirne voi^


IIÏ

ge;dedaîîs lequel commandoit un fien neveu îiomaié le pilote Chambereau, qui luypromit ne i'abandooner en touc Ìediót voiagej& fe tenirtouiiours pres de iui. De côpagnie donc uiet tc K 4 la mer iingleot de tel le façon , que quinze jours ou tr )is femaines apres leur parte ruenc,ils fe trouverentavoir fait bien fept cens lieues , aprocliez de la Terre-neuve ou ils vou^ loient aller , de quelque deux cens cinquante Îieues. Arrivez quiis furenc ence temps-la/ai fant ieur route 3 il fît de la puye: & pôurce quele navire- eftoit neufjilfe troiiva-quelque gout tiete iur la ciiambfeduCapitai^ ae Hqus à quoy vûiiîut fairs


fl^

rJ

0>'^

^{•'a

112

remedier par lecharpéîier qu'ii avoit avetques luy: leqLiel a ce fle fin fait bouiliir du gouiJdrô, de ia reiine5& de rhuile de poif iôn , qui font tous ingrediens dont il convient ie fervir a teîle neceiïité. Et apres ravoir bien bouillant &: prefr/print un grâd bafton, au bout duquel il y a de reiloupe , queles marirîiers ap pellent guipon , & y aiant mis le feu δί frotté rendroit de la· dire gouttiere, afin que la com poiition y print mieux ; le mal heur arriva,que a caufe du grâd ventquifaiibitjle feu fe mit, no iièulemenr dans le guipon, mais dâs le navjre, de telle façon que incontinent la fîambe s eileva & donna; tellemoîSi


l'alarnîe au CapitataeHoué Sc a touc fon cquipage, qu'ils cou riirent tous à devoir de reilein dre , n'y efpargnent leurs habil IemenSjpaiIÎ3ires,& autres har des qu'ils pouvoiet atraper pour is jetter deiTus le feu , qui deiia gaignoitbeaucoup dans ledi6i navire a caufe du grand vet qui raîlumoic, & firet tel Π prompt êc diligént devoirjqu'à la fîn ils reftouiferent cóme il leur fem^ bloitjpource qu'il ne parroiiToic plusaucune eftincelle: leur dô ^ ■ nantoccaiion de louer DieUjSc 'i|dçfe retirèr chacun en fon qu:^ tier ou en fa chambre pour fe repofer da grand travail qu'ils avoyent employé a rompre le chemin à la grande violence ds


I I/f

cefl: element terribîe. màis for tune (fî ainft fe doitappeler) ne fe contentant d'avoir donné de la peur & du labeur à ces po vresgens, ains ayant juré leur ruine totale (joint que rien n'a· vient que par la volpnté divine qiii. ordonne dc toutès chofes qui fe paiïènt icy bas ) fe trouva que deflious liné des pailIaÎTes que lon avoit jetté fur le feu ; il s 'eftoit gardé uh feu couvert.Ie quel efmeu du vet' lors que lon vouloitremuer ladite pailIaiTe, fe reprint de telle façon,qu'im poifîble fut à tout l'equipagc d'en venir à bout , d'autant que incontinent ils virêt le feu dans leurs voiles , & dans leurs cor dages j & puis efprins entiere


lii

if

iiS

raentdans lenavire fans eipe rance de ialut aucun , fi Dieu ne leur envoyoit quelque ïè cours extraordinaire. La deiTus Chan:ibereau qui avec Îbnna vire eftoit fort avancé devanc celui de (on onclc appercevant le feu fiallumé âuditnavire , rc vint au iècours , en efpoir â touc P

lemoins, fi autre choiê il ne pouvoit profîter au navire & à facharge , de fauver partie ds l'equipags , & principalement ί

fon oncle: â quoi il travailÎa de t '

fonpouvoir. Çaraprochéqu'il i

fut dudit navire Sc foubs le vent, touîesfois impoiÏÏble lui futde <

rofer joindre,a caufe de la gran- |

deflammequelevent pouiîoic fur lui: 3c par ce moyen laiiTanc

J1


i

. ll^

ce cofté là retourne à hutre, a fin de ne ie meitre au pareil dâr gerdes autres.- Et approchant le plus qù'il peut, jetta une infi té de cordages à la merjau bout deiquels il avoit fait attacher tous les bariIs/eiIlcaux,&bouts de bois qu'il peut trouver: criat aux mariniers que ainil qu'il paiTèroit avec fon navire pres d'eux, qu'ils iè jcttafsêt à la met & Ìe iaifiiÌènt deiHits barrils , 3 £[t puis apres de les tirer au ' f bort du navire deChambereàu.

A cette paÌÌade premiere s'y en jetta quelques uns dont les uns ί furent fauvez & tirez à bord,

! les àutres noyez : le rejje avec

J i Houé demeurant iurun bont

du navire Voiant brufler rautre,


■m

117

attendoient Taucre paiTadera la· quelleChambereau crie àion oncledeie jetterà la mer, ou que autrement il fe perdoit. Houé auquel il iafchoit fort de quitter ion navire > & avec le quelje croy qu'il vouloit mou rir î en iin vaincu des prieres de fon neveu, fe reiolut à texîter lc gué ; Sr de fait le navire paiTant pres de lui fe precipite à la met Si attrape un bout de corde, le quellncontinant eft Îoigneufe lîiet fait tirer par Chambereau pour le mettre dans fon bord; à quoy faos doute il fuft parvenu fansqu'il advint que les autres mariniers le voiât ietrer à l'eau, fe douterêt bien qu'il feroir <^b fervé dudiâ: Chambereau plus

éy


m ' -ιιδ

a

que piece des autres, Ainiì cek fuc caufe que lors qu'il iè lanp à l'eauplufieurs des mariniers fe jetterent apres Iuij&: J'empoi gnerent les uns aux /ambes les autres au cqrps & ou ilspou voient 5 qui empefchoient que bientoft Γοπ ne 'pouvoit met tre à bord : de l'aurre coflé il e Ììoit tellement chargé des au tres qu'il eftoit prefque touf jours fous l'eau iàns pouvoir re fpirer. & en cefte façon ayant demeuré quelquetemps jfìna lemét paruenu & arrivé à bord & prinspar ibn nevéuil luy vid rendre entre fes bras le derniec fouipir,à ii^n grâd regret & def plaifir , & depuis par lui donné en fepukiìre au ventre des poif


'II ^

fons , ainfi (}ue Γοη a accQuilu mé dé la donner à ceux qui ineurec fur laimer.Voila la mau vaife prophetie de Houé aecô pliejqui promettoit à fon partc menc ne iaire jamais de voyagc aTerre-neuver&certes voila ua yoiage bien deplorable , qui ie voyant au danger de deux pe Filleux elemens , l'un efchappé avec tant de peine , l'autre em porte la vie au povre hommé a pres avoir perdu Γαη bien. A h veritéles meraventures n avien lîentjartiais feulesa une peribn jae qu'elles ne ibient accompa gnees dé plufieurs autres plus; pernicieufes.Or nous lairros re-; pofer &dormir le corpsdeHoué [[end itic lê: derniere refurre


-f

1A

'f^

■m

120

cSiion, & noteîons des patticu laritez mcrveilleufes qui iè fònt paiTees en ce naufrage. Premie rement que un homme de l'e quipagc du Capitaine Houé aagé de bicn cinquante ans, nc lâchant que c'eftoir de nager,Si aiant mefme fait peu de longs voyages à la mefjvoyant le dan ger ou ils eftoient, pred la pluf part des accouftremens qu'il a i voit, fe bote come s'il euft vou^

5 lu aller a quelquc voyage , ou il

. f euftbefoin de toutes ces com

moditez, monte iur une vergue dunavirejpendantquetout Ic refte de l'equipage faiÎbit eftat de ie fauver avec les cordes que lon leur geioit ; lui n'eiperât qlie de iÎnir ou par feu ou par

cau,

m


w,

ίΐϊ

cau, cn fin voyant le navire'paf rantpresdeceluy qui brufloir, d5t le bout de lavergue(qui eft'î cequitient la voiIe ) traveribic i ||

jufquesfur lc tillac du navire de Châbereau, inipicé ou poui^ de quelque bon Ange fe laiiïc choir côme une pierre5& tum beainiÎ que Dieu voulut furîc tilIacdunavireduditChambe' 1

reau tout eftendu avec iôn pâ quetjfansqu'il iê fift aucun mah qui eftoit la choie à quoy^à ma^ advisjil avoit le moins perjie, & ' qui eft come miracuIeufejCon '^yideré la condition duperfôn-; nagèjfon àage & le lieùôu il e-" ftoit 5 qui h'eftoit aUcuhémetTtf lechemin pour iè fauVer i de quoi il faut r ecognoift re h mec F


3 '

vcillcuic puiflàncc dc Dicu, qui au milieu d'un cel & ii pi teux naufragc voulut Îâuvcr Ic plusimpuiifant detoutc la trou pes&y laiiïèr un grand nombre dc jeunes gcns marinicrs dif pofts & bos nagcurs; quc qMel quc induftric qu'ils peuiïcnt deiployer , ne Icur fcrvent d'au cun rcmedc contrc les decrets dc iâ Majefté, la vertu defquels cft inviolable. Vn autrc cas mi raculeux arriva , c'cft que Châ bcrcau ic voiant fruftré dc pou voirplusrien fauver ne duna virc nc de rcquipagc,dont il e ftoitmortvingt & deux, com manda a iês gcns dc retirer a bordtous les bouts de cordes iju'auparavant ils aVoient jcttez

. γ·'


à la raer ; cc qu'ils fircnt Sc faî îîfantleur chemin eftans bienà deux licues de la perte du navi rerecogneurcnt quelques uns ds marinicrs qu'il y avoit enco ic unc cordc à la raer, le bouc delaquelleayans prinspourti |rer , aviiêret au bout d'iccllc où ïl y avoit vn barcil , la tcftc d'un |horanie,qui cftoit l'un dcs ma liniers qui s'cftoit jctté à la mcr qui leur donna bcaucoupd'cm pcfchcnîcnt: d'autant qu'ayans Î'ramcné ccft homrac aiîèz pres navircjlcs vaguci cftoicntfî i igrâdes,quc lorsqu'ellcs vcnoiec ils eftoientcontraints dc laiflcc âller la cordcdc pcur qu'cllc nc tompift , & puis la rcprcnans, doucemcnt la tiroyent dc ma F.ij

Βα


1

124

nîere qu*aîant faic pluiieurs & diveriès fois la mefme chofe,fî nalemetamenerêc cepovre mal heureux à bord du navire, aianc perdu la parole & tout fenti menc:& l'ayanc penduparles pieds pour luifaire rendre Teau, luy donnerent des accouftre mens fecs^Sc le getterent fur u ne paillaiTe , fur laquelle quel que temps apres il reprint Îes efprits &: refchappa. yoila de merveilleux hazar^ communs à tous ceux qui font le meftier de la navigation : & croy que Panurge n'avoit pas grand tott de dire, que bie heureux eftoiét ceux qui plantent choux , pour avoir un pied en terre5& l'autrc qui n'en eft pas loin, Au propos


125

ic cefte hiftôire,& c5me le feii efl: dangereux quand il prêd en un navire. îe vous raconteray ceque jeveyenî'an 15 <^5 que ledeiuni^ Roy Charles taifcit fon voyage par ce Royaume, & entfautre eftant à Brouageen ladite annee & au mois de Se ptembre ·, C eux du pay s des if les luy voviloyent laiîe voir de quelle façon un navircmarchâd eftât trouvé à la mer par un na vite de guerre ou pirate , eft at taqué.Pûur cefte cauiè accom moderent un vieil navire dti port de trente cinq ou quarante tonneaux , & i'equiperent de voiîes & autres vtenciles pro pres pour le faire naviguer : & dedans iceluy y mirent un Ca F iij


1

126

picaine 8c huit ou dix mariniers lequel encranc dedans lehavre dudit Brouage qui eft tresbeau fut lediâ: navire fuivy dc deux chalupes equippees en guerre (ou je me trouvai ) & le batans a coupsde canon & d'arquebus remmenercntfî avant danslc dit haure qu'au droit le logis ou ;l| eftoit le Roy à la fen eiire,il s'a

refta, & li y eut un grand com bat foit attaquant , foit deflFen dant, tant de coups d'arquebus, picques 'qu'autres inftrumentj lil ' de guerre : en fin apres avoir eu

ledit navire bien reiîfté , & quc ceux des chalupes virêt ne pou voirmonter dedans , jetterenc certains artifîces de feu furlc tillac avec de la poudre , qui iît

f" ■

■ν·ϊ


que Încontincnt lc voilaprîns dans les voilcs , qui furcnt plu ftoft bruilccs que Γοη cut loiiîr de le regarder : delà fe print aux mafts aux cord3gcs,& tcllcmét au'corps dii navirc qu'cn prc» fencedeiâ Majeftéà detoutc fa court, Icdit navirc brufla juf ques k l'eau en quoy faifant Ici mariniers qui cftoient dedans, tous gens cxpersa nager,atten doient prefquc que le feu les furprint, & puis iè jettoient a la mcr : dc maniere quc l'un d*i ccuxayantattcndu jufqucs au dernicr , faifant mine de nc fa voir nager/e precipita a la mer; & fît tellemêt le plongeon, que la plufpart pefoient qu'il ic fufl: noyé. La deiTus M . le Contc de F iiij

'i Wf


φ

128

Rhingrave Seigneur Alemanj voyanccéthonime s'eftre jetté aiïèz pres du bord , eut opinion que fe jettant avec ibn cheva! dans ledit havre, il fauveroit ce marinier ; & iàns marchander pouiTa fon cheval dans la mer, cuidât quc ce fuft platiere;mais il n y fut fi toiì: lancé que luy & Ìbnchevalfe perdirent de veue iôusreau5 & eutbien beibing queceluyqu'il vouloit fauver, le fauvaft de ce peril eminent, ^ ou iàns doute fans ion aiTiftan

ce il efloit depeiché. mais en fìn eftant iàuvé amenéater re, le Roy en fit bien grande ri fee contre lediâ: iìeur Comte, qui avoit voulu traverfer la mer à gué: & Bc donaer au Capitai

4.


12^

nedu navire nommé Mitrault cCntefcus pourlapcrte qu'ila^ voit fait en icelui.

iJMERrEl LLEVX AC cident arrivé àedans un ' vire de guerre ou efloit le "^Comte de MeneT^ grand Seigneur Portugnà^ ύ* qui /i 'voit fuivi hfortunt dti Roy fonmnîjlre· /

4 (^g âoitappellcr(ccmeremHe) de Vîm6"^jiC'iuel eftoit Cônnçftablè de P oïtugal.

E Sieur de Stroiïï,, Colonnel de Γίη raHteriç Françoiie ,, qpiaciie recogneiii W w


IJO

par Ta vcrtu & pour ibn integri té autant qu autre de û qualité qui ait efté de Îôn temps 5 ayant j par le com fnandeinent du Roy

& deIaRoyne fa merc cntre prin s d'aiTifter le R oi Dom An thoine pour Ic remettrc cn fon Royaume de Portugal , que in /uftemêt lui detiét lc Roy d'Ef pagnei fît telle diligcnGC â dret icr unc ar mcc navalc ^ tant cs ; Goftes de Norm^die,qu'(és co

ftes dc Poidou, Gou vernemêt ^ de la Rochellc & iiîcs.3dj3cen

||| Êcsr que au mois de luîji dc l'an

|l| mil- cinq ccns qtratrc vtsCTtg

dct^ clk fc vint toutc reî3rc devant cettc iiïc dc RcaCnkra· ^equc lion taomme b PàËfe

m


ouayantdemeuré dnq ou iix joursjleverent rarmee/ont a la voile pour accomplir le voiage qu' ils avoient entreprins,Iequel neancmoins leur fucceda aiîèz mal, commeunchacun aveu au grand dommage de la repu tacion Erançoiiê , Si de la perte dece brave Seigneur, qui en mourant perpetua d'une eter neiïe fouvenance la memoire de fon bravc couragc par les ar mesqu'il yfit premier qu'eftrc vaincu^a la grande hote de plu iîeurs quinc s*y engagerent pa» trop avantr Or parti que fut le^ dit Sieur de StroÎïî afàirc fbiî voyagc , refta eocoré apres luy^ ix oufepc navires Anglois pouf

fe

H

*^"··· ^


r

ic Mcnezc quj ciloit dedans il'un d'iceux , (j[ui ne fut fi toft prcft que le rcfte de l'armec. Et apres avoircftéquelque temps avec fefdits navircs cn ladite ra de de la PaLïTc , arriva un jour quc par mcrgarde ou inopiné ment le feu fc print. dedans les poudres qui cftoicnt au navire dudit Sicur Comte dc Menczc jqui fut tcl 5 iî foudain , & fî vio lcnt, que la force d'iceluy cm porta une partie dudid navirc cn l'àif avec la pluipart des ho^ mes qui y eftoient , jdonc ilcn mourutbien quatrc vingts , & ircnte qui efchapcrét, fi bruflez &desfigùre25 qii'cn la prufpart vous ny recogTJoiiîîcz aucune femîc agm


^33 . . ^

quetoutcrartillerie qui eiloit dedâseuttiréjincontinéc eil en

glouty de la mer ; Sc reuîemenc fauvédu naufrage,p3r pefmiiÌió divine , le Comte de Mcoeze, un peu bleifé à la teile , lequel e ;

recognçu dans la mer par un ^

fienrerviteurquifavoittres-biS |

nager , fit avec fon travail qu'il le tint fur l'eauquelque temps, jufques a ce que un batteau les viat recueillir» C'éftoit chofc pitoyable dcvoir le nombrc des ^

corps tîiorts qui nageoient fur î eau âpres qu' ils cn cur ent efté eftouffez ·. qui cil m aximc S^regle generale que tout cofps vivànt, ibir d'hi>mme ou bèftc briite eftant faifoq^ué par cet e kmisiis rcment à^tes deifus?;^


m

notî auparvanc ; fî cc n*cft lors cju'il conibat à la mort quevous lc voiez paroiitre deux ou irois ^ foisiur l'eau, / ufcjues a ce qu'c

ftant expiré, Teau Tapporte dei^ fus»Qii*ainii ne ioit j'ay veu par pluiÎeurs fois apres quelquc naufrage isk a la mer , dc là a ί quelques /ours voir arriver iut

les coftes pbficurs corpsoiorts^ & non rculcraét dcs hommcs, mais mefraes des poiilbns des plusgrands quî s'y nourriiTcnt, ^ comracfàf veu y apportcr la

lîicr une bareinc.Èt à cc propos μ croy qo'il n'y aura point d'Ìn convcnientquc/e voiîsracôn· tcicy h vcnuc d' unc bafçmc i h c®ftc dc riilc dc R4 d'^aiîtans


ront lirc ce difcours n'ont pointi oui parlerauvraide ce snoniirc marin , pour n'eftre avoiiinez descoftes dela mer.&: de ma part q,uoi que j'y aye efté enge dré eftevé & nourry ^ fî eft· ce que je n'en avois pmais veu que cette-cy.Il arriva donc que le dernier de Decembre 15 84 une baleine ayant efté bleiTee à lacofted'Efpaigne Gommceft a prefupoier y avoit ja plus d'un ou deux moi» , comnac h plut part dc ceux q,ui k virent la jii gercnt ; Sc efchappee des chat feurs qui furent contraints^rà badoaiîcr avec lcs barpons que ûs avoientîtité deiîus fut tellc'^ snenî: agitcc des.'^agties dc· îa wm ^ f


r>Çl

, Ψ

1^6

muns, qiie fînalement par un grand vent de Sudoueft elle eft pouiîce à b cofte de l'iile deRé,. au droit une maiiûn qui m*a partient apeliee la maiibn-neu ve, du coité de la mer iauvagcj ainfi appelleeacauiê quepour queique beau temps qu il facc, a raiiôn des bancs de Roches & cfcueils quiyiônt, ilyatouS' jours tres-grande efmotion :Sc le plus fouvent y void on perir & navire & marchandife. Ainiî que cefle baleine arriva à la co fie , i'eftoi à la feneftre de ma Hîaifon regardant direólemerit fijr la mer avec un mie« neveu, doqc il fut aa commencement cftônné cuidant que ce fuft corps de nayire ren


m

τ

157

verfë qui fe fuil pcrdu à la mcr:

& de fait elle en avoit quelque apparence i mais l'ayanc bien confiderce , quoy qu'elie fuft d P

plus de trois grands quarts dc lieues ou de demie pour lc nioins de ladite maifon; je m't maginai que c'eftoit uoe balei nejquoi que ce fuftjCommc j'ai dit 5 la premiere que j'euiTe ja maisveu. Pourm'en efclaircic je fai tant avec mpn bor dier & undeÎès voifins qu'ils trouvet unbareaudedans lequels'eftâs embarqucz avec mon neveUj quelque mauvais temps qu'il fiftjils arri vcrent au bord de la dite baleinejfutlaquellc ils trou verent quatrc ou cinq grands harpons fîchcz deffiisbien avât.


qui eftoit la cauic cTe iâ' mort! Ccs harpons font grands fers faitsà lafaçon d'une partufane non du tout fi longs toutcsfois ammanchcz àdc grandi. baftôs iongs 5 defqucls ceux qui vont â la pefchcric fc fervet pourfai· re mourir cet animal.-chofe fori comune aux Efpagnols & Baf· ques en ceiîe cofte dc Bifcaye, qui en font meftier.Car à la ré contre qu'ils font de la Baîeine deux & trois chalupcs qu'ils ic rpntcnfemblc queiquefoisjtaf· chcnt cn Tapprochant de luy dardcr ces harponsfur clle,iaiin que l'ayât bleiTceJa fuivre quel ||| quesfoi s au iâng, quelquesfois

ayantun harpon attachéaunc cordclle qui ticni à hmc defli


tcs chalupésjla filent tant qu'ils peuvéc pour ne pcrdrc la proyc; mais c'eft le plus dangcrcux moyen. Car la baleine bleiièe fc jetcc ious Teau de tclle furie & d'unc tellc roidcur,quc quel quesfois Γοη à vcu perir dcs chalupes cmmences avecelle, ou ouvcrtes à la mer, qui faiioit perir l'equipage : puis rcvcnuc iur l'eau , jette un tel fumeau, que c'eil choiè incroyable du bruit qu'ellc meine , & de reau , ||

qu'elle jette par la gueulc : de fafon qu'eichappant aux *chat feurs , le plus ibuvcnt elle va mourir à la ^mer , laquelle puis apres la jette auxcoftesou Ic vent bat. Or en cefte façon cc ftebaleinevint dcvant lamai


140

iôn-neuve:& icelle recogneue, voiantque je n'avoy nul moien pour ce jour lâ d'y pourvoir , a cauiè de la nuit qui mefurprinîj jointauiîî quei'eftôy elloigné du plus prochain vilage biê de. mie lieue, pour y recercher les moyens de rarrefter ou elle e ftoit; ie remets la partie au len· demain en efperance d'y don· ner ordre : mais la nuiól y pour veut d'autrc façon , ou à tout le moins le vent qui y foufla aÎÎez grand,qui i'ebranfla de telle fa çon^qu'au lieu que ie peniôis la trouver encore cn ibn mefnîc îieu, elle fur tranfportee par la mer & le vent à bien unbon quart de lieuë de la maifon neuvc, & pres un mouîm à vet


141 îl

qui eft fur Ic bord de la mcr , a parcenanc àu Prieur d'Ars ; & demeura cellemenc a fec que la mer ne viot plus iuiques là où elle eftoic. L,cbruit de ia venue manifefté par Γΐίΐε , efmeuc tei iement le peuple a la venir viiî ters que vous n'avez iamais veu îelie preiïè a la devotio de quel que Saint en Poidou ou a qucl que preveiljCommc vous voiez de peupîe par chemins, les uns ia venans voirjles autres y vena? cercher des pieccs: dc manicre que premier qu' il fut midy c*e ftoit merveilles du peuple qui y eftoit arri vé ; m ais ie croy fer mement qu'il y avoit ciriq Cens perfonnes qui cravailloient à rentour : les uns pour avoir dc


142

la chairjles autres le Iard,Iesau tres les barbillons,travaiHans a vec haches,hachereaux & cou teaux tant qu'ils pouvoient.& diray bien, qu'il y avoit dedans fâ gueulle plus de trente pèr Îbnnes qui coupoyent des bar billons qu'elle y a, dont lon faît lesmoulesde robes aux fem lîiesjoudes vaiquines. Cardc chacun cofté de la gueule, ellc a unetref-grandequantité deC dits barbillons qui iônt longs de plus de cinq ou Πχ pieds, & larges en la racine d'un bon de my pied, qui luy fertde moyen pour battre le petit poiiîbn lors qu'elle le trouve a mouee , & l'attirerdedans fa gueule. Si cft cc pourcant quc c'cfîoit unc


H3

grandc puanteur d'eftre auprcs d'ellc:foit quc ccla fuit caufc du long tcmps qu'il y avoit qu'clle cftoit morte, ou bicn naturcllc ment ellc foit ainiî infede. Car ceux mefme qui travaillcrent à h couper, & qui y avoient tou ché,furcnt contraints dc iettcr Ics habillcments qu'ih avoycnc fureux 5 Sc en prendrc d'autres. Etneantmoins quelquc vieillc morte ou puante qu'ellc fuil:, elle valuc au pcuplc plus dc. deux ccns efcuz, de rhuille de poiiïbn qu'ils en firec de ce que ils en avoient coupc. Ceile ba leine avoic quarance pieds dc long & une braiTe & dcmie dc hauceur.

Ψ

1^1

îf


■f"

.ί#.

km

m

144

P E R Dir I 0 2i^ B'VN vavire de guerre avec îout ce qui eiioit àedans tant hom· mes que richeffes ,far la vio* lence du vent qui le renver fa^avec quelqu auires acadcs pareils advenm à autres.

Vrant les cinquicf mes troubles qui ont efté en ce RGy aume contre ceux qui faiÎôient profefîion de la re ligion reformee en l'an 157^ pluiîeurs navires equipez en guerre dans la ville de la Ro chelle , ibrtirent à la mer pour

counr

m


I.'·,

Μ

145

courîr Îùs à leurs cnncmis & à ceux qui leur aiïîftoient : & ea cefaifantfîrenc pluiîeurs priies grandes & riches qu'ils amenc rec ea ladicc villc pour cn avoic | ;

k judication.&cntrc les autres en fut to une fort richc fur Ics Efpagnols , par Ic Capitaine Varlec neveu du feu Capitainc S^é dc Normandic , laquelle lon çftimoita lavaleur de vingc cinq ÓU trentc mil cîcusî pour Icnombrc & quâtité de lingots d'or qui cftoient dedans.Varlec aiât fait ce;fte prife i la mer>à la veue ou à raydcid'un aufrc na virc de gucrre, & d'uncbarque dc quelque trentc & cinq ton îieaux > incontinanc à la requc ftc des Gapitainçsqui y com G


^._U< iiiiHiiiTW'ingi ι·ι iirnrrnr"--iir ■ f m

14^ .

mandoicnt , Içur faiâ: partage defdits IingotS5& à chacun leur en dône ielon qu'il lui^ çn pou voit apartenir , eu efgard à la grandeurde leur navites. Car c'eft un maxime en matiere de guerre de mer, quc ii un na vire fait prinfe ; & que un autre faifâc le mefme meftier fe trou ve à la veue , quoy qu'il n'y ait nulle aflbciation , foit qu'il n'y côbattcpointjilne laiiièrai pout cela de participer au burin fe lon le port & grandeur de fon navire. Ainfi donc le Capitai nô Vatlet diftribué aiix deux Gapitainesquï eftoient aux aii tres deux hâvires leur part du butin j dont chacun fe- trouva ^ bien cotttan t & Joyeux d'avoit


~ ] :.ι:3

aiii

;;'SÎ

M

147

fait fi bon voyage : refoudant li deiTiis de s'en revenir à la Ro chelle avec ce qu ils avoient de naveaux bechez , ; comme i'on dit: Fàirant cette routte, Ì'equi pagede la barquç de guerrç un peu defmerurez çn leur joye &: ayans volontiers bcu quelque peuplus qu'il ne failoit, nefe fûucierent tant que firent les autres; deux navires , deriairç hoqneurjCominediient les mar rinîersj àun coup de vent qui les trouva à la mer; mais le dçf· Cd daignant ^ i^fiànr portçr vqile par forccj çuidât que i'or qu'ilç avoient,eftoir .iuffi&nt pour ap^ paifer & BoreaS5& tous les y & lcs rigueur^cle Nepfune^ fe yirent^ fîn çplîgnDepije^vçb

G 1;

1

>41


148

pcz de la bourafquc , quc voila en iin motiient la Îâulce renvcr Î| fee 5 & navire & mariniers , &

I lingots engloutis dans la mer,

fans que depuis il en ait efté memoire. T elleraêt que la grâ de folie de ccs miferablcs 5 ou pluiloilleuryvrongncrie, leuc iaporta la ruinc totalc de labon m nc fortunê qu'ils âvoycnt rcn

'contrce. Cc ibnt fautcs mcr vcilleufcmcnt communcs à la ^ plufpart dcs marinicrs qui abu

iênÉ dc leur meilier , par l'opi p|| hiàilrété defquels j'ay veu avc

fîir bcaucoup d'incohvenicns dcpuis quc jc iûis dcmôûrant enCcftc iilc , dont j'cn ay rc ftiarqiié quelqùcs uns cntr'au trcs quc jc mcttray ky. L'un

■L;

.4^


14^

îut que cn rati 1 5 7 5 un batcaù de paiTage allantde la Rochelle enl'iilede Ré, qui font voya ges ordinaires & journâliers , y ayant en iceluy, vingt-cinq per fonnespaiTageres, eftansenvi ron en demy cliemin deleur routejqui eftoit dedefcêdie dâs le port de la Flotte patroiiTe dc ladite ifle , dont eiloit ledit ba teau 5 ils furent furprins d'ua grand coup de vent , lequel ap perceu par i^uelques uns des paiïàgers,priercnt le maiftre du bateau & mariniers de vouloir amefner la voilc , c'eft à dire la mettre bas,pour le danger qu'il yavoitqu'ils n'en fuiiènt ren vcrfez : mais l'opiniaftreté de ces maraux qui ont accouftu Έ iij

Kîi-.

.^1


■ι^ο

mc contre toute remonftrance s oppofer à la raiion , fit que le Coiîp de vent s'eilant mis dans leurs voiies j appotta la ruine & d'eux Sc de tout ce qui eftoit dans le bateau. Car icelui eftât renverréjvoila tout ce peuple à !a mer , Cans qu il fe preientaft aucun recours pour leur aiTifter, combien qu il y en eutqui fu rent une grande heure fur l'eau nageans premier qu'sller au fonds; mais à la fin vaincus du tràvailîleur fut force de cederà la mort rapineufe , fans qu'il fe fauvaft aucun des vingt cinq paifagersjne des mariniers,que un des mariniers, qui ayant de mourc plus d'une heure & de mie fur l'eaujen fîn futprins par


V·. ^-Γ ■^lVV-Îfc

Ρ·4

ììAè

151 ^ li

queìquebatcau qui paiïà par la & amcné à terre s ou il fut lon gue efpace de temps fans rcfpi rer, ά puis remis. II futnoyé entr'autres unefemme dudid bourg de la FlotCjde bone mai fon,laqueIIe avoit quinze ou iè zc ccns livres Ìur elie, qui ne fe trouverent pointiCombien quc fon corps fufi: pcfché par le rets

d'un pcfcheur un jour pu deux aprcs cc naufrage. Savoir iì ce marinier , qui eftoit l'un dcs chcfs du batcau , ne mcritoic pas d'cftre pendu aprcs qu'il fut rcvcnu à ibi. vcu quede fa fQÌie & temerité,tant d'honne ftes genseiloient peris. Quanc à moi je croi que içcuil: cfté ju fticCjveu que de fa mcfchance G iiij


''"■ί

-Κ.',

152

té&des aiîtres ce naufragec iloic arrivé & dc povrcs gcns, quiavoyent commeleurs vies cntre leurs mains. ToutesfoisÎî a-il vefcu depuis long temps, fans qu'il ait eiié rccerché de peribnne.Or en ce mefme têps il arriva un pareil accident , & cncore plus dômageable , pour y avoir plus grand nombre de periônnes qu'au precedent.Au temps & a la faiibn de vandan ges5& quelque pcu auparavant qu'il iaille couper les raiiînsqui iônt par les vignes_, dont il y a a bondance en riile de Ré,6i peu de temps pour la moiiîôn : eii ce peuple^di-je, il paiTe en ladi te iile une fi grande quâtiré de peupletantdû PoiiâoU y Gouf


> S

vernement de la Rochcîîe, que Xainólongejque c'eft choie in· croyablc d'én voir la multitude a qui ne Ta veu ·. tellemenc que c'eO: lors quc les baceiiers & |.Î

fuppoils d' Acheron ont le tep?, pour la preiTe qu'ils ont à paiÎer lescorps & ames d'une terrea l'autre pour le iervice de Bach^.

A cette occailon dooc un ba teau de paflage eftant a laTrâ che 3 terre de Poiótou , embar que ibixante dix perfonnes , $c iept ou huicl: chevaux que va- | , ||

chesou jumenspour paiTer en: l'iiîe de Ré au rpois de Septemi bre 1 57 & avec cette charge^ lès mariniers & conduâeurs du·

Bateau raettent 3 la mer avec' ua ^âîîd^ncdè Nordeft,&]i^

Ψ


m

ΊΜ

154

mer par ce moycn fort efmeue. A ce chemin qu' ils firent , îes bciliaux quieitoient dedâde I dir baceau ie cômencent atour

menter pour la peur qu ils a voierit des vagues qui eiloiet>t graiides;&: en ce tourment i'im d'eux d'un coup de pied pouiTe unedes tables & plancbes du bjîeau dehors,en telle maniere qu'il iut impoiïible a tous ceux t>u{ eitoientau bateau d'y pou \ -voir remedier, quelque labcur

' - * qu'ils y employaiTent : Sc en

peu de temps virent leur bateau fbndre& abyfmeF ioubsleurs piedsjreduitsa la meEcidesoîi des & de b fureur de la merja vec teiie pitié de voir les cris dcs mouraos ^ que ceux (|ui cn

I î:; ■:


I ^.1·

^51

refcbaperent faifoient pîeijrer tout le monde a qui ils le rap portoient. Car encefpedacle y mourut de ioixance dix per fonnesj foixante fix , & lous les chevaux & vaches, en ayant eÎ^ K

chappé quatre hommes feule- 1

ment , avec tant de peril & de g|

hazard, que c'eft un miracle de les avoir veu venir à port de ià lutj confiderant le lieu ou ils e ftoient, & les moyens qu'ils tindrent a s'eichaper. Car pre mierement ils eftoyent parlc milieu d« chemin,ala met loki dç la premiere terre de deux grands lieues parmi les ondes ft furieufes qu'a tous coups elles paiToienî a travers d'eux : y de- - ffieiirerêc refpace dc deux heiî·

4


T$S

res St pliiSjiâns qu'iîs fc pcufsec imaginer dedans refprit quel moyea leurdevoic aiïiiter pour les fauver : & ccrtes fi je n'avoy veu les fauvez, & ceux qui les amenerenr, je mettrois en dou' te rhiiloire ; mais je n'en puis douter pour en avoir ouy la ve rité & des uns & de^ autres. Ic vcuxdoncvous faire voir des particularitez merveilleufcs Sc efpouvantables en ce difcours» îe vous diraiqu''énpremier lieu que un marinicr qui eftoit la tredans nommé le grand Alain demeurant en riilè de Ré aû bourg de faind; Martin encore vivant , fc voiant enceperil ie 2îiît a dtÎpîôyeE; W:- qu'iB âvoiù awinSi dêL'


5,τ

Î-57' , ,11

férvir à telle neceilîcé;& cc faî fatit nugeant fur l'eau j parmi U plus grand parc de ce pauvcc peuple qui s'en alloit eftouiant au fonds de la mer ; ainil· qu il euidoit s'efchap per d'eux, il efl: faifi d'uae infinité , de telle fa çon que à l'accouftumee des noyantsjils ne laiiTerent jamais prife; & emmenerent avec eus ce pouvre Alain iufques au bas k fonds de TeaUi ou il y a pour le moins dix-hui6ì: ou vingc braiïès 5 auquel lieu la plufpart' despovre peuplè achevoic les dècniersfoufpirsqui finiiTentla vie, avec un tel murmure Sd uxi îel bruit, que ce povre homme^ en tterable.encore qiiand^ii \\ψ δηίόιινίεηι:: lu^ aiani oti^

■■

"-·τ-.η-·ιιΐΓ-η--τι·-τ·ηΓ·τΐΓ-τ-· — · "


'î-i

158

que vo® euiTiez dit qu'il y avoit cent chaudieres fur le feu qui bouilloient pour les ondes que faiibit ce povrepeupIe.Lui n ef perant point autre iiîue de ce mal que le moyen qu'en pre noyent les autresj ne iavoit (cô nic Γοη dii)à quel faint fe vouër ii ce n'eftoit le tout puifsât qu'il implora à ce befoin^ : lequel J'ayant ouy j le demefle de telle ùçô de cefte multitude eifroia blcjqu'ii îe rameine fur l'eaujvi vant ou il nes'eipargna de con tinuet ion exercice manuel& corporeljavec îequel il demeu ra iur l'eau deux heures Scplus, premier que d'eflre iauvé. un autre marinicr fon voiiln , qui favoiî auiii quelque peu nager^


159 , '

s'expofant à la mer fe faific du bail d'un des chevayx qui ε iloient audic baceau ^ & le met tant ibus fon bras , k ioulageoic P

ainilenattendantie decretde

ce grand Dieu eternel. Ce voi fin là qui eft encorc vivant,nô mé liaac Îàînet , eil pîaifant eiì ce qu'ii me racontoit d,e fon mal- heurrPource qu'il dicl que lors que le grand Alain revint fur l'eau , contre ce qu'iLen pe foitjil ίε voulut approcher dudit lamet , le priant que tous deux enfemble parachevaiÎent leiîr courfe fi petilleuie. lamet qui craignoit quc ce fuil: la fabîe du corbeau &du Renard qui amu-, foitleCorbeau pour luy iaire tomber kfroiBage du bec 5 &


ìSo

aufil craignanî que Alain nc le vouliift ipoiier du baft qu'il poiièdoit, lui accordoit tout ce I qu'il vouloit 5 moyennant qu'il

ne s'aprochaft poÌDt de luy , & ainiî paiierent le refte de leur peregtination maricime &: na vigable, jufquesà ce qu'ils fu· rent fauvez deux heuresapres & pris par un bateau qui avoit nombre d'hommes auiTi & de . femmes , pour la recolte de la . vendange ;-requ!page duquel H recognoiiïànt léiditshommes:

&:deux autres qui eftoientfur Teau les vindrent prendre,&Ies I cmmenerenren ce lieu de faint

Martin. Ils iàuverent auiïi deuxi autres homnies qui demeure^ ïenîiiu^reau £oat Id: îemps qpr


l6l

firent les autres , mais avcc des moyens incroyables. Car l'un |

d'iceux qui cftoit un povre vê dangcur & laboureur de Poi élouj qui ne favoit aucune cho fe de nager , voyant le naufrage du bateaUjG faifît d'une longuc perche, de laquelle les mari niers fe fervent a pouÎTer le ba teau quand il prcs dc terre:

& Tayant cmbraiîee des bras & desjambes, &5'cilant mis le ventreen hauE , & refchincen bas,denioura ainiî fur la mcr rd ccvadt les coupsdes vagues qui paiToient a tous coups par dcC îus luy : qui cft un miracle ma nifeftsjveu les rigueurs & force de cet elcment courroucé : &. a'y a hommc q«i nc mift cn

m


\6ì

doute le falut de cet hofnmc: neantmoins deux heures apres comme il eft dit & plus , ileii trouvé en ceftc poiline & prins come les autres , fans qu'il euft aucunement abandonné ladite perche, ne mefmes un biiiac qu'il avoit autour du jbras , de dans lequel y avoit un mor ceau de pain. Voila pour le pre lll mier. L'autre s cftant jetté fur

une vache morte,y demeura en iè tenant avecles jambes & les brastoutdurant ladite efpace, tc comme les autres fut fauvé: Tellement que voila les quatre Ìàuvez des foixatedix. Par ainiì ioixante iìx perÌbnnes peries, cnglouties au fonds de la mer, par le moyen dc ce naufrage


f

1 iil

qui apporta par quelque efpa ce de temps une merveilleuic frayeuc aux habitans de riile , â lîiefure quil leur convenoic monter fur mer. Mais comme ils font accomparez aux fem' mes qui en leurs cnfantemens proraettent & jurentne retom ber jamais en pareilsmaux;leur efpouvante ne dura que trois jours, & puis apres paiTerent auiîî librement &avec auiïî peu dc fouci descoups de vêt ne dc mer qu'auparavant. C'eft neac lîioinsune grande incommo diré que la demeure de cette ii^ Icjd'autant 'que pour en fortir &C paOÎer à la grâd terre, dont vou s ne vous fcauriez paifer , pour le peu de bleds, de bois, de be


-m

ts

ί ^

!·ί

Jj

1^4

fiail que vous y avcz & la furîP didion royalc qui vous y obli ge, fans vous mcttre en hazard de voilre vie, principalement rhyver que la mer y eft tous jours fafcheufe , & telle que quelquesfois quand vous au riez tous vos amis en peine à la grand terre ; ou que vou: y euf iiez des aiiaires importantes tout voftre bie> il ne vous fcroit poiïible de pouvoir paiTer la mer fans hazard,m'cftant trou trois fcmaines entiêres fans pouvoir partir de ladide ifle, pour la rigueur des vents & dc la mer 5 qui n'cuft voulu fe pre cipiter àla morr.îe ne m'eftône point fi les Rois & Seigneiirs anciennemcnt ont donnc delî


v^-3

1^5

beaux privilegesaupeuplc pour leur donner occailon de l'habi ter, à raifon de tels perils : Let quels prîvileges nonobftat n'e pefchent que les habitas d'icel le apres avoir fait leurs maifons quittent fort bien laditc iÎlc , & vont s'habiter ou à la Rochelle, ou en Poidou , & ailleurs à la grand tetrejlaiààns leurs moies au gouvernemens dc fermiers oudebordiers,'qu'ils vicnnent voir quelquesfois Tan, ou pour cn recucillirles fruits, ou pouc s'y venir csbatrc lors du bcau temps; laiiTant l'iilc cn la gardc de ccux qui y ont moins dc moyens, qui ncantmoins ibnt obligez dc la gardec à lcurs dcf

Λ 7


i66

pcns contre lesincurfions des cnnemis du Royaume : encore que l'ifle de foy ne foic pas plai fante, pour efte defpourveue de bois de haute fuftaye , que tail lis, de prairies,de fontaines/eû lementcompoieede quelques marais iâlans , & de vignes , la plufpart fable fi maigrc , que iàns le grarid labeur du~ peuple qui eft grand, & la terre petite, fc feroit la plus pauvre terre du nionde.


D E r X M E R V E I L'

leux haT^râs arrivez, ■pref" . ^ue en mefme temps à 4eux . hommes en l^fle deRé,

Vrant Ics troubles ' Pj ^ du mardy gras, quc rpn apelle, & fur li iin d'iceuXi quifui en lan 157^^ lc Seigneur du Landreau : Gentil-homme dc 'Poiiaoujqui aûtrçfois ayQit p^n xi ie^ar'mes pour ceu^ jdç la re? lîgioîî reiormee , s*en eftanttçi· tiré 5 fe rangea , àiervir leparty contraire , avec toute afieâiorî c^y faiïc fe's .befpngnçs , puis

:L5.-*WeG3S8S5Î^


'f I

"ÌA

I5S

qu'il ne les avoit peu rcncon trer de Tautrc coilé : & pour ce faire fit entreprinfe fur l'ifle de Ré,& tellement la conduit quc il s'en rédit raaiftre par furprin fe : mais il n'eut pourtant pas grand loifir d'y fejourner,pour ce que defunâ: Monfeigneur de Rohan , eftant lors à la Ro chelle , adverty qu'il fut dc la defcente de Landereau , en mefme heure fai(5i paiier quel quc quatrc cens harquebuiiers de laditc villc , conduits par le Seigncur de la Froumentihié re Gentil-hommc dc fafuitte, lequelfait telle diligcncc qu'il deicent à unbout dc ladite if Ic fur Ic Îôir : & fans beaucoup fsjourner dcs la nuiâ: vint^tta

quer

I


'■■«"'Λ

î

^iei: îedit Sieur du tandefcâu^ qiu avec tous fes gens eftorc dans Îs bdurg de faindi Martin, Biènbarricadé pour y paiTerla noiâ:, rcfòlxj le lendemaitt dè dontier coM>at aûdit Sîeur dc h Fîomemiiîiére i mais deceù de fon òpibiòd/èil empprté, ie^ barricaâesrenvetiêeSj&tourcc qu'il avoit avec lui taiîlé en pie^ ces, ou retena prifonniers , luy lauvè quatrieÎniu dans lin petic bâceau McMt gràndpb il. A ceftetepririietîitrç cepx de^ là RdchelIe^^î^ÎiAent ble^ y eutànjèime homme de rifle de îlè qui teméuroit àla Ro^ thelle, nômé Eveillatì , ïecjqd rédetic tin^ li^quebuiadè: i^ar ié moyèîÎ 3è Îaquelle il falùt luî H

' rJ^ Î


r

4.^

170

coupcr Ic bras pour luy iauvcc la yie. Ce pauvre garçon , foic de la douleuf qu'il receut en ceile extirpation , ou de regret .d'avoir perdu un de fes mêbres devint aliené de fon fens par quelc][ac efpacc dc remps, con traignant fes parens quelques fois de le refcrrer, d'autant qu'il faiiôit quelques foIics,dont l'u ,ne entr'autres fut fort rcmar quablc quc je veux mettrc icy. t'eft qu'un jour qu'il faiiôit u h ^ie tormcnte mcrvcilleufe ,

^rçlîcqu'il n'y avoit navirequi fut quafi en ièurcté dans jes ports 6>c havres, & parconiê i^ucn^ impoiTible de deniourer ^ la mçr;Iedit EvepÎard qiîi îi'a vpît qu'un bras , fcirietclans un

1

■' .■«-liim . ■■ .11


I7V

bateau dc navire qui eftoit dans kdit porr, fort pçiit, avec icelui l'ayaiit deftaciié laiiîè aller ledit bateau â la force duventjqui incontinent eii pouiTé hors Ic ditportà la mer , & fans <]ue promptement Γοη le peuii iê courir. Αίηβ conduit de ceftc impetuofitéjvous voyiez cc ba teau porté dc reau,tantoft haut comrne une raaiionjtantoft dc valerbas cpmme dans un puys:· &çncet;e(}atvogue le nautô nier fans > maft, eable, an crc,avirons,ne;UtçnciIe du πιρ depropreà çonduire ledit ba teaij-y demouranon feulemenc le jour , rnais la nuid fuivante,. qui fut accpmpagneej de tej Ic; iourmente que c'eil choié ia

m.

:4


m

'%

1*,

1

•fi f

172

croyablc qu'un hommc en cet equipagc p euft traverièr (com me il fîc quatrc lieues de mer, fans pcrir ; arrivant au boiitde fa carriere au Jieu de Marans^ ou y avoit garnifon pour lepar ti contrairc, qui refâiiiretit d'E veillard cuidât qii'il fuft e(piûn, mais l'ayant ouy difcourir fur fcs grandeurs , richeiTes & va leurs » Γοη cogncut àufìì toft quc c'eftoit un fupòiì: dc quin tc eiTencc : qui iîtgû'iîslc rèn voyerènt à la Rochellô , ôu il a vefcu depuis, & cnl'iilédc Ré,' rcvint cn fon bon fens. G'aeilé lc vray proverbc commuii qui dit que Dieu gârdê les fols & les cnfans': Car c'éft unc chôic cftrangc qu'urf tèl vòiage Ê fdit^


âcCQmpiy lans naufrage veu les ' p€riî$ derquels il fut accom pagoé. Or j'en vai raconter un autre non moins hazardeux, & beaucoup plus laborieux qui arriva auiTi en rifle de Ré en meiTne temps ; aÎTavoir , qu'en ladicls ifle iaifoit fa <3emeure lors,& faitencore à prefent 5 un dss Pairs&Efchevins dçJa vil le de la Kochelle ; &.qui a είΐέ Maire, nommé Monfieur des HerSters, lequel uo jourqu'il faifoit aiTez- beau temps partic deiâ maiibn des Hbmmcaux, ainii nomee avec quelques uns de fa famiIIe,pour allervoirlc plaifir de la pefchc quife faifoic ce jour lâ en une pctite iflc cn clavcc dans cellc dc Ré^nomcc H iij

m


leaafijjiaadtsaaeîie^^

•Î'i

ί

U..

f ^

Lois : cn quoy faiiânt & eilant arrivé fur Ìe bord du canal qu'il convient paiTer pour aller en ia I dite iile de Lois^re trouvaqu'ii

n'y avoit point de bateaupour Jevoiage; qui les arreftatout courr, 6c refoius de s'en retour ner au iogis un de fes Îiommcs qui iui fervoit comme d'œco nome ou negociateur en fa mai fon, nommé fnaiilre Ciiarles, natifde Chaileauneuf en An goumois , pria iedit fieur des Heîbiers d'avoir patience, Sc qu'il s'aiTeuroit d'ailer querif un bateau qui eftoit aiTez avan^ xé à h mer & qu'il luy amene ! roif.Pour cet eifet met le pour'

point bas, & tous autres acçou» ilre mens qu'il avoit ; &: la che

'


^75

tTîife mefmc ·Γβ met à la nagc, & parvinc avec ion labeur à bord dudic baieauj qui ciloic attaché fur une ancre: entre de dans 5 & fàit taiU qu'il le deta che^cuidât raaiener puis apres àfon aife à Γόη maiilie , &: à fa compagnie; mais il en arriva bien autremêt, commc il pleuc à Dieu, contre radvis demai· ftrcCharIes,d'autant qu'ayant detaché ledit bateaujdâirequel il n'y avoit aucun aviron,au lieu de,i*àmener à terre voila le vêc qui le prend &c Vóus remmei^ ne avcc fa charge ( qui n'eftolt' autre què m^irtre Gharles ) -iî avant à la merjque-pluitóft quo 11 euft fongé il fe vid horsdtr moyèn de ie rejetter ί la mei?

H iiij ♦


-^gtmmÊrn

17^

pouì^repf€ndre U teire: S.' ainiî poiiifé du venc , qui eiloii fort i^iipeçucuxj il fe void en pen de temps à îa mer,parmi les ondes fuiieuiês d'icelie'jagicé tantofl: d'un coilè, tantoiè de rautrc, n'attendanr autre chofe d'heura a autre, que d'eftre engîouty d'un cqup de mer. Le voiia dôc Îur la route incertaine de fa na vigation 3 qui cn peu de tem^s pourcombîe de fon malheur,, çil fuivy de ia nmii^ qui le fur ptint &ç raccompagnataotquc elle eut de long , fuji faiiânç tra verfer eii cet eftat q^uatrc grâds lieues de mer,tirant vers la Ro chelle, ou le lendemain matia il fe trouva environ a une lieuc ' de la terre, fon bateau demy


ΐηγ

d'éau: qui ηε fut toutefois la fîti de rhiiloire : d'autant que lors, au lieu que leyent le pouiToit à tcrre , le malheur voulutpour ||

liîy qu'i chàngea, & le tirat en cores de terre le pouiTa à la iner ; reprenant le mefme che fîiin qu'ilavoit fait" la nuiâ. Εε aitiftave c le vent ini pe^eux & îa mcrrnancîeuie; cmmena le * j)ovremaiftraCharIës encore à ; ||

quàtre grandklieiics'du lieu ou ||

Ib vettt à^oil xllangé , juiques pres d'ùnc: térre· appellee Lai giîillon: apròéhantlaquelle, & environ d'iin quart dè lieue le batèau qtii èftoit pre^ue pleiti d'eau , fonditfous fes pieds fonds dè la mer: qui lui fut for dè- rccourit a foa^ preinrer^ 4 - U Ψ

Ji


17?

meilier de nagc^ avefG îaquells il faic tant , qiJ'ilg3Ìgii4 ία t^rre · audit: !icu φ l'aiguillq^j qui eii fl I , ierre:de Pii3Ìóìau,,prqs faind:

Mic(iel eii, L'berm , laqueile pour lors n'eiliQÎÊ poÌLt fiabitee comme elle ert ^ujourd'huy:8i n'y trouvant que des paikurs, qui afa premiere vei|e appre^, hendcrèntjle voyant iprtk ; m er/que ce iuiljqiielquq tr;ifon

s'e n ί uy r en t^ J^y] : ^^is ^ ( aiîhr ; ' rtz en ίιπ,ν1ρφ§η| a juy .i^ns a

voir moyea de le couvrir qus de fable , dedans lequel ils i'en ierrççent juÎques au col; & l'un d'euxilit â iairid Michel queriï ;!j queIquesaccouilr€mens5,dont

il1 iisi'acfôniodercnt, &.i'cm{Tie

: seKiit poLîî le reiçbaiii&ï : &

m -


i

I7P

deUiquelque quatrc òucinq jours retoutna a ibn niaiftre, qai nc pènioit plusen lui, pour le cen ir au nombre de s v;ivans.· ||

Vrayement cette hiiloice n eft pôint defpourveue des mervcil les que noiire Dteu a accouilu^ mé de faire paroiftre.parmy fon peùple : qu'un homme nud aic peu yivre l'cipace de vingts&. quâtre hcpres dans un petit ba teatî, les deux parxs pkin d'eau, parmy la furieenragce dcspn des de ja mir, qui n'eipargn e nt le plu^ iauvetitles grands navir res bieni equ ip^z ^ mu nis de boiî? lipnini,es:S^^iÎAîeSipoiîr les coiiduire^ ÌQÌnt la faiion q u t eftQÌt frqiderÔi aipr^y qu^il· ort^rrilf abjsaiH


CGUp d'hommes qui fbÎTenr mortsde la ieule. apprehcnfion; des maux quc pafiû celui-UXa pltis gratrdc commodité qu'ili rrouva pour lûy âyder contre îa violéc e d u froid,c'eftoir qu'it Îe mettoic dans fon ISateau tout couché dedans reauv, ou il nc paroiiïôir quc là tefic, & lors: il'ne fentoit iant la: rigueur di|; froid' qu'àurrement: iuy ciîbit infu pportabîc. Vous nc fcauriez: ctoirc le peuplè qui venoîtvoif ccpovre hommea^ retDurr Î3 plufparr duquel tenoietpour Mnmiracledc lé voir retourne yjvanr 5 veu Ic perirqù'iraiOir f afle . C 'eft ϋ îtc c hofè miirveil lieuie éipô^vantai>îè dèf èf feadcsee eÎémériËcotirroHCCJï

î

%


(1

^ m\

n

Sr me iôuvient avoir veu utî' jour d'iine tres-grande tormen ce qu'il fît le jour, comme Γοιι dky que féuMoniieur mourut cn Cambrciiideux havires GI Ibnnôis eilant eû rade & â Tan cre devant le bourg fainâMar dhj.cnviròn â une lïeue au plus,, ne pouvant plus fupporter les coups^ de vaguès & ondès cd rdgaes; L'èquipage <fTceux rt^ iûlurehr de fe jètrer dcdans lé port^e faihâ Màrtinr& a cëtré fîh rhettent un peir^dc voiîe^ pòiir les^coduiìc avec laquel lè; vous lès vòy ie z venir parmy ^ cés grandes vague^jtltoÛ: còu ver ts dïcellcr,; tantòil: relevcz: iûr eiîcsi.· èn fiâ· pVeiÎV ffèhtref lê gorr , fut reqiiel j'eitoièi


v.'l Ψι

'Γ'

1

iBi

avec bon nobre cl'hommes qul priotenE Dieu pour îa condui tede ces deux navires ; iurenc prins d'une vague fi furieufe ment quoi qinls cuiïent quaiî leur proue. au dedans dudiç port j qu'elle les jette acofté dudit port , à la cofte qui n'eil queroche/ur Iaquel|e en mef me inftant & .en moins de de mie heure , les voila tôus deux renverfez fur le coilé , & briièz ^ & irompuz en· miile pieces , ,Ie vin dôt il eftoit chargé à la mer, & les pqvres mariniers fur le coiié <du navire y qui n'pfoyenci hazarder de fe fauvec en fe let-^ tant â la mer & hors de k puif - ûnce de tous ceux qui eûoient aierretîeiçs pouvoii kcouùip

1


iS^

<quôy quc nous n'en fuiîîons pas à vingt pas^paiir les grandes va .gue s ,q iii venoienc rompre â la- |>J

^dice coiie.Toutesfois quelques mariniçrs defefpere? fe jetreiic dans une ch^lupc, & malgré le yent &: la raer, font tant , qn'ils pacviennent juiques auidits na vires ; avec un merveilleux hazard fauvf rent tous: les iiiari niers fans qEï'iî s'en perdift un feul. l'ay veu aûcresfois la mer grande, mais jejie peîiié poinc avoir veu en jour de ma vie les va^ues ij impetueufes à ladite coÎlej le long de laqucîle il fuc Îâuvé quelque parcie du vin qui ciloic efdits navires,5c quelque piccs d'iceos que la mery jei' îoiî 5 à bpeiae^ si5ti3?âil diî


184

peuplcjqui s'y cmployoitj dont la cofte eftoic toute garnie, afin d'aider aux povres maiftres dcf- ^ dîts nauires , qui voyoient de vant eux les perdre , & leiirs marchandifes 5 fans y pouvoir remedier^ien-heureux neant moins d'avoir iâuvéles per , (bnnesau milieu d'un Ci dangereux nau- v 1/ fragc..

,^r

. ... ^

: -·ίί:

ΛΓ -'i. , 1^:··' ■'

ΐ,: ί ·'·

,-.S " ^

1

·."

ί i !; "F' 'i

\ î, I

1


ΕΒΤΚΛ^ΤΙβΒ lM l&âïe & contagieufe qui fe mt dedAm un ffavire au voi' Ageâ» Perotét ou ia^lufpArt £l'e^uipagemoururefJ(:

N tm 1 5 8p & en^ ^ E ^ virpp: Je mois dc *01^ ^ May, deux navires l'un du port de cin^ quatite çinq[ tonneaux^Scrautrç detreatecinq, avec unepaia che de dix tonneaux furent tr quippez cn guerre dans la villc de la Rochelle , pouc faire le voiagede (àinâe Helene , qui dlune iile entce le Calicut

M

f/


m

iSô

lacoiìe du Breiìl , ou y peut a v,oir de dix-fept à diX'huiâ: ces iieues^tous equippez & d'hom mes & de vituailles neceiTaires pour tenir la mer un an & de my. Sur lefdits navîres & pata che commandoit le Capitaine Trepagnc'de Diepe , qui avoit pour ion pilote & maiftre prin cipal lc Capitaine Richardieré Idemeurantcnriile de Réjhô mc qui avoit autresfois fait tels voyages : & en cet cquipagé partis qu'ils furéht de la Ro· chellc , vont recercher le Càp de Finc terre j qui en èil bien à iept vingtslieuespde là auxCa narics,qui font à trois ceî lieues pardelî, & puis àlacoiledc Barbaric , dedans k riviere cie


187

Lòré j qui en eft bien à cinqtia te lieues : dedans laquelle iis trouverenc un navire PorcugaiS duport de quatre vingcs ton neauXjChargé de truilsou chiés de merparez : & puis levant la voile s'en vontau Cap deBlac à la mefme cofte de Barbaricj efloignce de bicn cent quatre vingt lieuesiOii cftâs,crchouc· rcntleurs navircs a tcrrcpouf les nettoyer & acconîmoder;: cc qu'ils firent cn toutc reurc·» té , par CQ qu'cn cct ehdfoit dé coftc il n'y a nulls habitatiod plusproche qu'unchaflcauap* peJé Gravy,que rEfpagnoI tiéfj ioiog de quatorze bônes lieucç. Leurs navires accommQdez & racouilcez,?'cn vont auCap dc

Pi

M.


i'Jf

in

Vcrt environ centou fix vîhgts lieues par delà:5ç fur le chemia prindrent deux navires qui al loientau Brefiîjdedans leiqueis y avoit beaucoup de Îbrtes de marchandifes prppres-pour fc pays là , comme draps de iôyc, çoilesjmarroquinsj draps3.& aU' tres marchâdifcs ; avec farin.cs, vins & autres vivres, dont ils cbargerêt une partie dàns leurs navires ; & envoyerent un det ditsnavires par le Seigneur de lâ Popeliniere , qui s'ettoit çn barqué audic voyagc pour y voir ce pays: δί ne fe contentâs de ce qu'ils avoientfait, fe mi rentà la mcr pourpaiTeroutre.· mais le vent leur cftant contrai tçy furent contraints tevenir m


'^4

-

Gap de Vert,ou iis fejoiîrnerec trois mois cïi actendant le beail tcmps : pendant lequel mirenc pied a terre , fîrent un four ou ils cuiiîrentdu pain & du bif cuit 5 fans qu'ils euiTent aucuti èmpeichement des habitan^^' qui font tous négres , allâs touS nudsj^ vivàrisdem^il^ deris,^ d'uné raciné qu'iîs 'appelîenc CouÎcou. iiê vent eftant rtvé nù boa, Si éiix preparez, fortS^c du cap de Verr5& fbiit la roùi d du'sBreél iiiefloigrté deqiiâtrc ceiTfic^tré^ingt lieues^'ou rìvèz ìqiÌ'iU^ibnt^ & ^ là COÎîc d'icélui, prindretit un petit car velin chargé de meuillets , δί d'autré poifïbn paré. & apre 'à îayôip défctorgé, lc Gapitaine


I î

ï PQ

Trepaigné fut d'avis dc requîi pei; en guerre » kù-mçfee a-s vec fa patache cou rir le long de îa cofte dudit Brefil j pour voii: s'il pourroit frfire quelque ren çpntre pêdant que ces deuxna yires fe promençroiét a la mer a deux ^ trois lieuçs de la çot ile. ΑίηΓι ^'εηι^αΓ^ρε Jrepai^ gnedans une de çes pataches avec dix-fept hommes 5 & cn met unzededans j'autre, don nant commandement au Capi taine Richardiere qu'il laiiïbic dedans fon grand navire,derat-. tendre quinze jours. Cepen-; danp il demeure avec lerdids deux navires , non feulement quinze jours, mais cinq femai" nes entieres qu'il n'eut aucunc;


ipl

ij nouvclîe du CapÌtaineTfcpa . J gnc,ne de ics barquev & durâc icellesfe niit une telîe maladie .y & ii contagieuie dans Îeidiâs, deux navires , que force luy fut de reprendrc la route de Fran ce ; d'autant que tou s les jours les hômes defdits navires mou roient. Partant laiiiçnt làTre· pagné avec fes deux pataches, & s'en vjnt Richardierc avec lesdcuxnavircs jufques auxif· les des EiTorcs ; devant leiquel les le perit. navire faiibit teile y ment Àe l[Ç3u > qii'il coula bas J au fonddeia mer^encore qu'ils fuiTent a cinq cens lieues de la Rochelle : iâns que Richar diere fut prornpt <Ie prçndr^ ceux de re<|uipage dudit petÎt

Ì


1

ΐρ2

navire^ils fuiient peris.-BiaÌsles ayarit recueillis dans le grand navire , la maladie augmems de telle facon,qu'iIs ne demcu rerent giieres enfemblej quela mort n'eTnportaft tout requi pageidont ne fe trouverent que tìhze; mais pTcmÌerqu'ilsiuf féntarrivez à Belle-ifle , nede moura vivant qué Richardiere tc fon garconjà un malade, & un autre qui mourutaudit Bel le-ifie : dè mamere que plus de dcbx cens liedes 5 ìetìariré fut âniené parledit Kic|ia;dierc & fbn garçon , ou Vingtîiommes ibnt aiTcz empefchei ordinai fcment à la conduite d'un pa rèil port. Mais à la verité luy& fon garçon 'eitoyenc lelleitisnt

tra


^ -T. ^ T> V

m

ipj

cravailîczjqu'û n'yavôif moìcn qu'ils peuiiènt pìus rienfaire, Ï i

pource que jour & nuiói ils a voientefté cpntrainEs cfe veil Icr à leUrs voiles & au gòuver nail', èn telk ^Jrte qu'arrivant â la cofte dé Bretaignc, deux ì

mois & démy aprcs qu'iìs Cf ftoyenrpartis dudit Breiiljiis fe rcfoiurent de fràpper le navire : à la còiìé i Îâns îqu'un nâvire de ' gucrre dc Brouage les aborda, ' '

qui h'aÌans tròu vé que ledit Ri cliardiere & fon garfòn ftir les \

picdsjunmortaupieddumafl·, ;

& deu^ autres maladés , pdn- »

drec ledit nâvire & cè qui eiloit . j

dcdâs:& mirêt lcdit Richàrdié^ l'sclàs^rìcèàf^iie dcNòiwafì-' >^i^(s:iïànbitiÎa Rbchci·^

I

'


r-à

14

IP4

î^ou eftant arrivc, efchappé dc fi grands dangers le voila accu fépar la femme de Trepagné d'avoir tué ibn mary , & a fa re quefte il eft conftitué prifon nier , & tcllement pourfuivy qu'il fut en grand hazard d*e iîre pédu: toutesfois ne fe trou vant preuve fuffifante, fut eflar gy, en attendant que plus gran 2e preu ve s'en pourr pit tirer, Or nous dirons un mot de çc qui advint àTrepagné i lequicl ne pouvant reprendre Îès navi res pour ne les avoir peu ren cotrer, met pied à terre au Bre fil avec Îês gens > ou il çft bien receu des habitans qui ont ac-· cquftumé de trafîqucr a vec les Franjois , Ôc raççqmnîpdcnt fi


m

bieii, qu'll leur accorda de fairé la gûerre avec eux contre les Erpagnòls:& de fait y demeura çres d'uri âri & dehiy avec leur grand corttèntemént : à la fîa s'en retotirna dafis un navire du Havre , & depiîis'fut tué au fie gé de Rotien. Richardiere quî m*a conté ce difcoors, Sd dece dé depuis un an , m'a raconté apres' i'cn àvoir enquis , des riîœurs' & cònditioni dès Bre Îiiieris aV èç leiquels il a freq ue· té plufîeuts foisiPrémierement dit que hommes & femme? vont tOùs nudSjfansavoir aucun poîl/oit à lateile du aùtres pari de letsrs èorpSj^Îô i'àrrachaii tèut âuifî tôâ^U'i Heur'eft viene quçlqu^utij^kefervë coQtefoisleè

I ij


i9^

fcmmcs mariees <]ui fc le laif· fent veaitquelque peu,à late fte)& aux parties honteufes. La courtoifîe qu'its vous: fonç lors que VQU8 eftespie44 terr^c'efl dc vous donner ùnç, fille poui: vour fcrvir pouc vous aller cercher proviiìos pour vivre,Ia quelle vous n'oferiex refufer , fans derogejî à la CQuftumelJo? cale. U dit q^'iJs. adQrlç U àizr, blc5& le craignentrn^veiMeMî femenc 5.ayaôt.voy^gé avec cm ; & que àcoutèjièi^i^ ils luy demandoyent s'il ne Iç voyoit pointjluy irjQÎlrançmcf meavjeck .doigî: ^mais neànt| moins il iiç^vG|.oi| den J1 â f ftl avec^eux lejQrigdêb Cmiàxyç. ouJc5.habitaiis dç ce


^^'7 'B

f m

i^f

ί fo.

qaartier U: commiiniquent a vec le iliablc:mennesque queU quesfois ils porcoient quelques vrvres qu'ils difoient luy porter pourmanger : &nevousper· inettoient pas d'aller avec eux. lls font travaillez d'une mer ,'£illeufe aflidiô &!bié eiliâge: C'eftqu'encoreque vous cuf iiez ies pieds chatîilèz dedans des bas de chauÏÏes , un éfcar pin & de mules deiTus , cela ne ■peut empefcher qu'il ne fe lo §e fousla plante du pjedjiin vcr ^tQscommè un gros grain de froment , lequel amefurequc vous le fcritez,incontinent faut le fairc tirer, autrement cn dan ger de perdrc le pied ; a quoy lcsBrefiiiens font tellement ac

liij

Is


;îiî

1^8

couiìutpez qu'ils n'en font au cun eftat : fans que lès Fraa^ çois fant aiiiftez des fillés que K)0 leurdonnepbur les fervirj pîufieurs y laiiTeroicnt les jam bes. IIs aiment infinimcnt les François ; & lors qu'il en am veraunen un vilage , tous les habitans ièront empefcheli luy faire bonnechere: viendiot quelques vieilles quiprendront ce Ftâçois par les ;ambes pleu rans a chaudes larmes, racon tanscombien les François leur ont monilre d'amidé par ci de^ vapt, eftans venus de fi long |)ays pour leur aydèri cbmba tre les Efpagnoh leurs enne mis: que jamais ils ne iâuroient leur rendre la pareille; lui lave


«t --h -iii' nihiaSiÎâifcaiii ·ι·ΓτΙίι '''«ι''·ίίηί>>Γ'¥''"ί>

ront les picds le traitteront de ce qu ils auront , ou bien iront à la chaiTe pour luy , &: le met tront coucher dans des VitU dc coton , pendusaquelque bois de laCabaneou ils fontîdedans l'une defquelles il y aura biCn deux & trois cens perionnes. Qm leur veut faire plaifir» il fautlesaiTéurer que Γοη à tué beaucoup d'Efpagnols & Por· tugaisjen prenant du rab!e,& le verfant devant cux , pour faire croire que le nombrc eiî" infî ny.Car touteleur arithmètiquc ne paiïe pas les dix doigts de la main , lefquels apres avoir con tez lcs uns aprés îesautfes , s'il y a qusique plus grand nom bresprenentdu fable çn la main î iiij

M


'i 'î! At

200

.&Ic vcrfentiou bicn s'il y a grad norabre en prendront dans les deux mains. Les priÎônniers de ^uerres qn'ils font fur les Efpa gnolsou Portugais , ou auires iauvages leurs enneitiis , font mangcz iâns remiiîion par plu iieurs vilages tous aiTemblez en feiiin folennel, lors quand il plaift a ceux de qui ileftpri fonnier.Et Ci d'aventurec'eft un fauvage^ celui qui l'a prins l'aiât amene, k mariera & le gardera quelquefois lêpt , huiâ: , dix Sc douze ans ians en faire aucunç garde , & qu'ilaura eu des en fans de la femme qu'il luy aura donnee , fans que le prifonnier fe metteen aucun devoir de fe iâuver > quoy qu'il fache bien


2^01

qo'a lafînilXeratué & mangé; reputant 3 trfigrand iacrilege dcreiâuver de la priibn,& dono il ieroit mal venu des iiens , qui le tiendriénr pour un poltrô, & <|ui ne ie rèroit aiTeuréqu'il a voicdes amis pour Ic venger. Finalement lors qii'il plairaau premierde faire teftin a tous fes voifinSsil les fera advertir du jour de laiblennité , ou tous ie tróuveror queîquesfois iufques au nombre dedeux &trois mil le perfonriesv dequoy le pr iforj nier iêra trés' bien adverty , qui; n'en fait que rire fur raiTeuran^ Ge qu'il prend d'aîler en υη aii* trcipays^ fertil cn toutes iortes^ tìfefrui(5fe î-d'alléurs qu-'il a tant 5' que poiic:

II Ψ


2θ2

venger fi îDorcilsi enf ίοχοψ mourir cinquante. Lejourdôr quesvenu de la fefte,Ic patienc iera amené en place , tout cou vert parcic du corps âc certaine gonime qu'iÌsont , & deiTus iê nic de pecices pluroes ; lui don nerontdes pierresen lamain & luy pernicttront dc les jetter contrc qui bon luifemblerajlui difan^iVenge toy. & apres qu'il ;aura fait ce qu'il aura voulu de foiies,iI arriyera un homme, le q ueJ ayah t une efpeade bois de :Btcîî1 , wiendra parderriere luy S^lui en dôncra pluiieurs coups iùr la te ile fur le corps , juÎ^ à; ce qu'il ibit siÌo.mméi Puis incontinentsqu'il.eft p3T serre-j, il ^y.aura . une: vieille.


20j

Ilii boiichera tous îcs conduîts de fop corps juiques au plus des-honneile, &: lui coupera mefme la parcie generative : & puis fur une grande grille Faite de gros boisjle metcront iur uîî grosbraficr boucaner qu'ilsa pelent, &puisbien revenu, lô mettent en pieces & ie met tenc dansdes poiiles avecforce farine d'hiîbe donr iîs ufent &: cela bien cuit & bouilly, le mâ genc tous en communi & apor tcnr tout ce qmiera d'autrcs proviiions dans le viîageySc ie ront deux ou trois jours à ne fai re que mangerjdanfcr, Sc bi)ire d'une efpece de vin qu'ils apeî lént vin de ca jou 5 Sc puis cha eua feïcdre'en fon vilàge, ati©

li


m

2θφ

danc ime autre fricaiÎee.Cc qui cn eft bien eftraage eft que dû ranr la vie &:mariage du prifon nier ii iâfemmea des enfans, ' quandil plairaau preneurilles

niâgera avec ies voiiîns, & fi la inere ne fait difficulté d'en mâ gcr , diiant à ccux des François i^ui l'en blafmoientjque les en ians n'efloient point à el!e,que ils n'ertoient qu' a iôn mari , qui B'eilûit point de Îâ nationj ains ! cnnemy de la iiéne.IIy a beau

Cûup d'autres moeurs de ce peu ple dôt j'ay ouy parler quelques foIdatSsqui depuis 2 ans ont faic i îevoiage au Brefil avec un Ca

.1 ,f ■ C?- ^

, i picaine de la Rochelle nommg

^ ^ h Capitaine R ifauxâMais pout

' i : cacpa'jia-cioiip'il-l


f'-l

205

qu'un 'qui s'y iera trouvé qui I

«'aura eité pareiTeux d'en efcri- :

re,Ie m'en cairai & pourfuyyanc Je difcour» deRicliardierCjnous: dirons donc qòe ce Richardie rea fort voyagé , & a pluileurs fois au Pcrou,& aux îiles d'ice luy : & encre autres cn une iile nommee la Marguerice , ou fe j p.

pefchétlesperles, dontilaveu ^

pefcher pîuiÎeurs par dcs ne gres,qui fe jetansrous nuds de^ dans l'eau, vont au fond, & ap porcenc qiieîqtiesfois cinq ou iîx huiftres, quelquesfois plus, quslqiiesfois moins; lefquelks iis ouvrent tout auiîî toft , fan s fës faif e chauiier , y trou vent é s

unes une perlesauxauares dèus

2c ®iî,<^pelqyci^. t3nss·:


2c6'

ccs negrcs apres s'cilre mîs dâs de petits bateaux faits d'efcor cc d'arbrcFjapeilez Canot,'por ^ tentleiirshuiilrcsoUpeilesvé'·

dre ou changer avec ceux qui trafîquent en ce pays là. Pouc h confirmation du Goup dé vent apcllé Houraquan , lcdîd Richardicrein'a dit s'cilrc trou vé un voyage au Perouqu'un navire de Dicpe nommé la Sa-» lemande, du port detrois ccns : tonneaux, ayant efté rencontré

* ^ parcecoup de vcnti l'ouvert

' j d'unc rivicte qui cil uneiilc a

ί pcllee CourouiTa le jctra dix*

I lieucs en terrc au dedàn s laditc

I I riviere,de laqueileron nepcut le tirer de trois mois qucl^ue dih'gence qi^ pcurcnt y


■Sfci

SpS^Î

::Cî! ■sîl

■"f"Î

..t;\î·

l.?i

:^3l ,i® ,3::[3! ■jïïil

'.aS:

rj:«

m

.;ït!a !^?;:ΐί: ^rSlî

.iilii -n'ÎJ

207

pbyer ceux qui y icomman ■doient.Dit avoir véu des arbres piusgros que dcux pipesjavoir ;eûé arrachez: par le vent Hou raquan5&: emportez plus de iîx lieues en terre, tous bruilez : meime y avoir veu des pieces ■groiÎescômetonneaux empor tez &: bruilcz.:& alfeure que un navire recicontré presdeîter-' re par ce coup.de vent , il peut eftre emporté fûrrterre ferme dix. lieues 'ne s'én fcauroic fauver. S'eïlant trouvé^aux ïiles duiPçteu aii£)ap de: fìiiKÌì Ni cojas,Qu ilaydaa ramener Kie chaî upe à la> mer, qu e ie vchtz* voit jetté tirois lieues? en terre. Voiîa de s choXes monftrueufes ^esv. & fans. que beatî»·

ΐ r€

; ρΐ',ύ


2θδ

-coup degens;qni ©nt frequén té le Perou aiferroant tous la violence & iorcc de ce coup de ventje feroi grand doute de la verité ^ à rimitation de plu £eurs perfonoes , qui ignorans beaucoup de choiesqu'ilsn'onc point veues ou apprinfes , ne peuvent cftre perfuadez à ks croire: Mais la puiiîànce de ce luy qui conduit l'ordre de ce tnonde, nous faiiânc voir fi fou venrdes effeds de fa grandeur, €Îl fuffiiànte à nous faire -crGÌre, non iêulement de tranfpôrter des navires de imeren xerre , îîiais de changer les monta^nes de lieu en aucre; &: d'aifembler 4ans le premier cahos tour cer

0^!


"ΐ Γιΐ-« I ^ή^'^'Τ:ήΓΓΦ.">*ίί*|

ÎOÇ

nous ibic donc favorablc , & nous face ceile faveufj que no ftre courfe accomplie felon fz volontéjil nous rende jouiiïàns de iês biens ccernels,&: celc iles, qu'il a refervez pour fes bien-heureux. A lui ibic gloire à iamais^

?



s*expofi au pu hlic , quil s'arme de fatiencg»

Â. n c. n. 7? n.

II


I

m

w>

mi^:


!*5!55!n58^™

"TB

i

^*1


i



.•■S

:v


^Jtà

>1^ ?


.·; ''ί'

^ f

■qy *. ■^- *^*·· 5'Î^a».g*awÎ


m |l m

mi

Ì 1·^


'''M

t

j ,

î

I ;