DISCOURS
PRONONCE AUX FUNÉRAILLES
DE DARU.
MESStECRS,
Quel moment terrible a été pour nous celui où nous avons appris la perte qui nous réunit auprès de ce cercueil ?
La voix aimée de notre confrère retentissait encore en quelque sorte à nos oreilles; il nous semblait encore entendre ces remarques ingénieuses, ces observations pleines de sens dont il éclairait nos travaux; peu de jours s'étaient écoulés depuis que, dans une fête de famille, le bonheur d'un père tendre, l'amour respectueux de ses enfants avaient excité en nous les émotions les plus douces, et c'est lorsque tout promettait un soir heureux et calme à une vie laborieuse qu'un instant indivisible en tranche subitement le cours! Ces formes athlétiques, ce corps de fer que les climats les plus contraires avaient respecté, cette tête vaste et forte qu'aucun travail ne fatiguait, qui ne s'ébranlait d'aucun événement, cette probabilité de vie que tant d'hommes plus jeunes se seraient crus heureux de pouvoir échanger contre la leur, un souffle, un indicible rien, les fait disparaître pour jamais.