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Titre : D'un nouveau complot contre les industriels ([Reprod.]) / par M. de Stendhal
Auteur : Stendhal (1783-1842). Auteur du texte
Éditeur : SauteletSautelet (Paris)
Date d'édition : 1825
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34589156h
Type : monographie imprimée
Langue : français
Format : 1 microfiche acétate de 49 images, diazoïque ; 105 * 148 mm
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Identifiant : ark:/12148/bpt6k85600g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, R-51792
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 15/10/2007
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D'UN
CONTRE
LES IND1JSTRIE"LS.
Se alummto Taai
Otilt brtl.'nnia comlattl
F*ul« ioojjidi»irtù Dimica. Siitjo Pnua.
PARIS,
SADTELET ET C", LIBRAIRES, rLACS DE LA BOOftSC
miunu se 8. ramuun «o» di sim, »• 14.
D'UN
NOUVEAU COMPLOT COXTEE
LES INDUSTRIELS.
PETIT DIALOGUE.
l'industriel.
1\Ion cher ami, j'ai fait un excellent dîner. LE VOISIN.
Tant mieux pour vous, mon cher ami.
l'industriel.
No;i pas sculement tant mieux pour moi. Jc prétends que l'opinion puhlique me décerne une haute récompense pour m'être donné le plaisir de faire un bon dîner.
LE voisin.
Diable, c7est un peu fort!
l'industriel.
Seriez-vous un aristocrate, par hasard?
Tel est l'extrait fort clair des Catéchismes de M. de Saint-Simou, et des six ou selt premiers
ntmiiTos d'un journal écrit cn style obscur, et clui a l'air de se Lattre pour l'industrie.
M. de Saint-Simon a dit « La capacité indus« trielle est celle qui doit se trouver en première « ligne; elle est celle qui doit juger la valeur de « toutes les autres capacités, et les faire travailler u toutes pour son plus grand avantage, »
Si nous n'y prenons garde, l'on va nous donner un ridicule.
Moi aussi je suis un industriel, car la feuille de papier blanc qui m'a coûté deux sous, on la revend cent fois plus après qu'elle a été noircie. Nommer cette pauvre petite industrie, n'est-ce pas dire que je ne suis ni riche ni noble? Je ne m'en trouve que mieux placé pour apercevoir le ridicule des deux camps opposés, l'industrialisme et le privilège.
Je veux croire que mille industriels qui, sans manquer à la probité, gagnent cent mille écus chacun, augmentent la force de la France; mais ces messieurs ont fait le bien public à la suite de leur bien particulier. Ce sont de braves et honnètes gens, que j'honore et verrais avec plaisir nommer maires ou députés; car la crainte des banqueroutes leur a fait acquérir des habitudes de méfiance, et; de plus, ils savent compter.
llais je cherche eu vain l'admirable dans leur conduite. Pourquoi les admirerais-je plus que le médecin, que l'avocat, que l'architecte?
Certes, nous autres, petites gens, nous aimons
mieux l'industrie qui nous propose de faire des échanges et qui veut commercer avec nous, que le privilège qui prétend de haute lutte nous enlever tous nos droits. La profession des industriels est fort estimable; mais nous ne voyons pas en quoi elle mérite d'être plus honorée que toute autre profession utile à la société. L'on aura beau faire, la classe chargée en France de la fabrication de l'opinion, pour parler le langage industriel, sera toujours celle des gens à 6000 liv. de rente. Ces gens-là seuls ont le loisirde se former une opinion qui soit à eux, et non pas celle de leur journal. Penser est le moins cher des plaisirs. L'opulence le trouve insipide et monte en voiture pour courir à l'Opéra; elle ne se donne pas le temps de penser. L'homme pauvre n'a pas ce temps; il faut qu'il travaille huit heures par jour, et que son esprit soit toujours tendu à bien s'acquitter de sa besogne.
La classe pensante accorde sa considération à
tout ce qui est utile au plus grand nombre. Elle récompense par une haute estime, et quelquefois
par de la gloire, les Guillaume- Tell les Porlier, les Riego, les Codrus, les gens, eu un mot, qui risquent beauco_p pour obtenir ce qu'à tort ou à raison ils croient utile au public.
Pendant que Bolivar affranchissait l'Amérique, pendant que le capitaine Parry s'approchait du pôle, mon voisin a gagné dix millions à fabriquer du calicot; tant mieux pour lui et pour ses enfans. Mais depuis peu il fait faire un journal qui me dit tous les samedis qu'il faut que je l'admire comme un bienfaiteur de l'humanité. Je hausse les épaules.
Les industriels prêtent de l'argent aux gouvernants, et les forcent souvent à faire un budget raisonnable et à ne pas gaspiller les impôts. Là, probablement, finit l'utilité dont les industriels sont à la chose publique; car peu leur importe qu'avec l'argent prêté par eux on aille au secours des Turcs ou au secours des Grecs. Je trouve dans le dernier ouvrage de M. Villemain le petit dialogue suivant entre Lascaris, qui fuit Constantinople pris par les Turcs, et un jeune Médicis. a Mais quoi! dit Médicis, les Génois a qui occupaient vos faubourgs étaient vos alliés, a vos marchands!
« Ils nous ont trahis, répondit le malheureux
u Grec. Pourquoi nous auraient-ils été fidèles ? Ils feront le même commerce avec les Turcs. a C'était le courage désintéressé qui seul aurait pu nous sauver. » (Lascaris, pag.
Les banquiers, les marchands d'argent ont
besoin d'un certain degré de liberté. Un baron Rothschild était impossible sous Bonaparte, qui eût peut-être envoyé à Sainte-Pélagie un préteur récalcitrant (i). Les marchands d'argent ont donc besoin d'un certain degré de liberté, sans lequel il n'y aurait pas de crédit public. Mais dès que le huit pour cent se présente, le banquier oublie bien vite la liberté. Quant à nous, notre cœur ne pourra pas oublier de si tôt que vingt maisons prises parmi tout ce qu'il y a de plus industriel et de plus libéral ont prêté l'argent au moyen duquel on a acheté et pendu Ricgo. Que dis-je? le jour où j'écris, l'industrie, trouvant que le pacha d'Égypte est fort solvable, ne lui bâtit-elle pas des vaisseaux à Marseille? Les industriels usent de leur liberté comme citoyens français, ils emploient leurs fonds ainsi qu'ils l'entendent: à la bonne heure; mais pourquoi venir me demander mon admiration et pour comble de
(t) Aflairc de MM. ks fabricants de draps de Lodèvc.
ridicule, me la demander au nom de mon amour pour la liberté?
L'industrialisme, un peu cousin du charlatanisme, paie des journaux et prend en main, sans qu'on l'en prie, la cause de l'industrie; il se permet de plus une petite faute de logique il crie que l'industrie est la cause de tout le bonheur dont jouit la jeune et belle Amérique. Avec sa permission, l'industrie n'a fait que profiter des bonnes lois, et de l'avantage d'être sans frontières attaquables que possède l'Amérique. Les industriels, par l'argent qu'ils prêtent à un gouvernement après avoir pris leurs sûretés, augmentent pour le moment la force de ce gouvernement; mais ils s'inquiètent fort peu du sens dans lequel cette force est dirigée. Supposons qu'un mauvais génie envoie aux États-Unis d'Amérique un président ambitieux comme Napoléon ou Cromwell cet homme profitera du crédit qu'il trouvera établi en arrivant à la présidence pour emprunter 4oo millions, et avec ces millions il corrompra l'opinion et se fera nommer président à vie. Hé bien! si les intérêts de la rente sont bien servis, l'histoire contemporaine est là pour nous apprendre que les industriels continueront à lui prêter des millions, c'est-à-dire à augmenter sa
force, sans s'embarrasser du sens dans lequel il l'exerce. Qui empêche aujourd'hui les industriels de prêter au R.. d'E. ? Est-ce le manque de moralité de ce prince, ou son manque de solvabilité ?
Ces considérations sont bien simples, bien
claires; elles n'en sont que plus accablantes. Aussi, voyez l'obscurité et l'emphase dans lesquelles les journaux de l'industrialisme sont obligés de chercher un refuge (i). N'ont-ils pas appelé Alexandre-le-Grand le premier des industriels (2)? Et remarquez que je suis obligé de passer légèrement sur les faits les plus frappants et les plus voisins qui confirment ma théorie, car je ne veux pas plus aller à Sainte-Pélagie, que créer de la haine impuissante dans rame de mon lecteur. L'industrie, comme tous les grands ressorts de la civilisation, amène à sa suite quelques vertus et plusieurs vices. Le négociant qui prête son vaisseau au Grand-Turc pour effectuer le massacre de Chio est probablement un homme fort économe et très-raisonnable. Il sera bon directeur d'hôpital et ministre fort immoral, et
(t) Voir la note unique, page dernierc.
(2) Le Producteur, paëc 22.
par là forl dangereux donc les industriels ne sont pas propres à toutes les places (i).
Toutes !es professions pratiquées avec probité sont utiles et par conséquent estimables; telle est la vieille vérité que proclame la classe pensante placée entre raristocratie qui veut envahir toutes les places, et l'industrialisme qui veut envahir toute l'estime. L'industrialisme se déclare seul erfïr/ia£&;cependantCatinat,si pauvre, l'emporte encore sur Samuel Bernard. Les grands industriels du siècle de Louis xv sont presque tous ridicules dans l'histoire, et Turgot si pauvre est un grand homme.
Peut-être cherchera-t-on à nous répondre, en nous faisant dire ce que nous n'avons pas dit: voici des explications. La classe pensante, mesurant avec soin son estime sur l'utilité préfère souvent un guerrier, un habile médecin, un savant avocat qui sans espoir de salaire défend l'innocence (2), au plus riche fabricant qui importe des machines et emploie dix mille ouvriers.
Il) Saint-Simon, Catéchisme, pag. 38 et 3g.
(a) Exemples le général Villars à Drn.iin le docteur Jen«er dccouvntut le vaccin, Malesherbes défcndant Louis xvi, Uazet allant mourir il Barcilonnc.
Pourquoi ? c'est que pour arriver à une haut»'estime, il faut en général qu'il y ait sacrifice de l'intérêt à quelque noble but. Quels sacrifices ont jamais fait Zamet, Samuel Bernard, Crozat, Bouret, etc., les plus riches industriels dont l'histoire ait gardé le souvenir? A Dieu ne plaise que de cette remarque historiqueje tire la conséquence que les industriels ne sont pas honorables! Je veux dire seulement qu'ils ne sont pas héroïques. Chaque classe de citoyens a droit à l'estime, et là comme ailleurs le ridicule se charge de faire justice des prétentions exagérées. La classe pensante honore tous les citoyens. Si on la méprise, si on l'injurie (i), elle se contente de rercclre leurs mépris et au noble baron dont le trentième aïeul fut à la croisade de Louis-le-Jeune, et au sabreur impérial, et à l'industriel si fier de ses dix millions dont il va acheter un titre féodal. Cette dernière classe s'attribuant tout le bonheur de l'Amérique, et oubliant Washington, Franklin et La Fayette, nous semble la plus ridicule en ce moment.
L'honorable M. de Saint-Simon a dit, et les
journaux payés par l'industrialisme répètent en
(i) Un industriel richissime disait de d'Alcmbcrt « Cela
veut raisonner, et n'a pas mille écus de renie
style prétentieux a La capacité industrielle est Il celle qui doit se trouver en première ligne; elle est celle qui doit juger la valeur de toutes les «autres capacités, et les faire travailler toutes a pour son plus grand avantage (i). »
Or, un charron, un laboureur, un menuisier, un serrurier, un fabricant de souliers, de chapeaux, de toiles, de draps, de cachemires, un roulier, un marin, un banquier, sont des industriels. Cette énumération est encore de M. de Saint-Simon (2).
Une multitude énorme telle que celle qui se composerait de tous les laboureurs, de tous les menuisiers, de tous les cordonniers, etc., ne peut pas être en première ligne, ou bien tout le monde serait en première ligne; ce qui rappelle un peu ce philosophe de la comédie, qui dans son placet dit au prince
En fameux ports de mer changez toutes vos villes.
La première ligne de la société arrangée à la SaintSimon, se trouvant un peu nombreuse, puisque nous y voyons placés tous les cordonniers, tous les maçons, tous les laboureurs, et bien d'autres,
(t) Catéchisme des Industriels, cahier, |>:ig. i.
(2) Page i du Catéchisme des Industriels.
il faut apparemment ranger suivant leurs succès, c'est-à-dire suivant leurs richesses, les membres de cette classe qui est à la tête de toutes les autres; or, quel est le chef de cette classe à Paris? quel est l'homme qui doit être le juge de toutes les capacités? C'est évidemment le plus fortuné des industriels, M. le baron Rothschild, aidé, si l'on veut, dans ses fonctions de juge par les six industriels les plus riches de Paris, MM que j'honore trop pour placer leurs noms dans ce tribunal burlesque. Ainsi, que nos grands poètes Lamartine et Béranger se hâtent de faire des vers; que nos savants illustres, Laplace et Cuvier, interrogent la nature et proclament des découvertes sublimes, leurs capacités seront jugées ou bien par l'assemblée générale de tous les maçons, les cordonniers, les menuisiers, etc. ou par les premiers hommes de cette classe privilégiée, savoir M. le baron Rothschild, escorté des six banquiers que le public voit avec lui dans tous les emprunts. En apprenant la nouvelle dignité dont M. de SaintSimon et son école les affublent, je vois d'ici les banquiers les plus riches de Paris s'écrier en choeur:
Rien'n'est si dangereux qu'un ignorant moi
Mieux vaudrait un sage ennemi.
Mais laissons ces folies, qu'on dirait inventées par quelque aristocrate pour donner un ridicule au peuple, c'est-à-dire à la source de tous les p. légitimes. Moi aussi j'ai lu Mill Mac Culoch, Maltus et Ricardo, qui viennent de reculer les bornes de l'économie politique. Plus la France sera imbue des grandes vérités qu'ils ont fait remarquer, moins elle laissera passer de bévues dans la fabrication de son budget, plus elle fera de canaux et surtout de chemins de fer.
Si le nouveau journal se fût borné à répandre ces vérités, que probablement il ignore, tout en lui souhaitant moins d'emphase dans le style et même un peu plus d'esprit, nous aurions fait des voeux pour son succès, mais encore une fois, il réclame impérieusement une dose extraordinaire de considération et de respect pour MM. les banquiers, manufacturiers et négocians, les plus riches (1); car, je le répète, tout en désirant sincèrement leur bonheur, on ne peut pas respecter tous les laboureurs, tous les maçons, tous les menuisiers
(1) Je puis affinnrr rpic non ne srmhlenit plus comique en Angleterre que des louantes adressées aux riehes manufacturiers. Il y a loiif-temp» que les Anglais sont rrrenus de rr genre dr charlatanisme.
Sur quelque préférence une e»liiu«- se lundi-;
Et t'est u'cslimrrrieu qu'estimer tout le monde.
Sans doute la classe des industriels millionnaires
est fort estimable. Je l'honore avec tant de sincérité que je voudrais voir tous les ans dans la chambre élective les cent industriels les plus renommés de France. Mais ces véritables et honnétes industriels répudient l'industrialisme. C'est en vain qu'on les flatte lourdement, c'est en vain qu'on leur dit qu'en faisant fortune ils ont été plus utiles qu'un bon ministre, qu'un grand général. Lorsque M. de La Fayette, à peine âgé de vingt ans, méprisant ses millions et les grands établissements que le crédit de sa famille lui promet à la cour de France, vole en Amérique, et, après la défaite de Brandy-Wine, ne désespère pasdu salut de sa nouvelle patrie; où est l'industriel alors trafiquant en cette même Amérique qui pizt lutter de gloire et d'utilité avec le jeune général? Washington ne pouvait-il pas se vendre à Georges III, comme le général Monk à Charles II, et par là se faire duc et millionnaire ? Il méprise cette fortune, et devient le héros de la civilisation.
Mais si l'industriel n'est pas toujours un- héros,
du moins est-il le juge souverain de toutes les capacités. M. de Saint-Simon le déclare, et j'avoue
que je ne trouve pas cette prétention absolument déplacée. Un Samuel Bernard, ou un M. Coutts, a l'esprit tendu toute la journée pour découvrir les places d'Europe et d'Amérique qui manquent d'argent, et où il est avantageux d'en jeter rapidement.
Si je ne pense pas tout-à-fait qu'un banquier, au milieu de ses agens-de-change et de ses registres à dos élastique, soit l'homme du monde le plus sensible aux vues tendres on sublimes que jette sur les profondeurs du cœur humain le génie d'un Byron ou d'un Lamartine, je serai moins sévère pour ce qui a rapport à la muse comique. Je fais grand cas des comédies jouées par les industriels. Ce n'est point la satisfaction d'un amour puéril et un vain contrat de mariage qui en font le dénouement, mais bien le gain rapide de plusieurs millions. Et ne vous y trompez pas, les moyens d'intrigue sont proportionnés à l'importance du but. C'est-là que les Molières futursprendront leurs sujets de comédie. Loin d'inventer des ressorts ,leur génie se fatiguera à rendre supportables à la scène les moyens d'intrigue mis en usage par leurs illustres modèles. Or, comment des gens qui, sur le théâtre du monde; jouent la comédie avec tant de succès,
ne seraient-ils pas de bons juges de la petite comédie permise sur nos théâtres et qui reste copie si imparfaite de leurs actions de tous les jours? Il n'y a pas cent ans que dans l'un des quartiers
les plus populeux de Paris l'on a vu la représentation d'une pièce d'intrigue conduite avec un art infini et il en fallait beaucoup. Les hommes qu'il s'agissait de tromper n'étaient point des Bartholos ils l'avaient bien prouvé en faisant des fortunes colossales ou en s'illustrant dans les places les plus brillantes. Ils n'en ont pas moins été pris pour dupes au vu et an su de toute l'Europe et même de l'Amérique. Rien n'a manqué dans cette admirable comédie, ni le Dave rempli de finesse, ni un ou plusieurs Cassandres surnuméraires. Il y a même en double intrigue, plot and under plot comme dans les vieilles comédies anglaises. Outre leshonorables Bartholos dont le Davc s'est joué avec une adresse qu'on ne saurait trop louer, il parait que, le succès augmentant l'assurance, on a essayé de duper ce personnage qui, suivant M. deTalleyrand, a plus d'esprit que qui que ce soit, M. Public.
D'après cet exemple récent, qui oserait refuser
aux premiers industriels de Paris, victimes ou héros de cette bonne pièce, le talent qu'il faut pour juger la coméd§^T^>.
Je pense <! >nc avec les journaux vendus à l'industri.ilismc,i|iie nou-seulement la capacité industrielle fournit les gens les plus remarquables par la vertu ( il, mais encore que certains industriels des plus riches sont les juges véritables, si ce n'est de toutes les autres capacités, du moins de celle des Figaro, des Scapin, et autres personnages fort connus par leur habileté dans l'intrigue et par la place élevée qu'ils occupent dans l'estime publique.
Qu'est-ce auprès de telles capacités qu'un juge intègre comme 1\1. Dupont ( de l'Eure ), qui habite une chambre de 36 francs, et refuse toutefois d'ajouter un seul mot au discours qu'il doit prononcer le lendemain? Ce seul petit mot, fort honorable en soi et alors fort àla mode, lui eût valu avant la fin de la journée i5,ooo livres de rente et la plus belle place de son état.
Qu'est-ce qu'une dupe comme le général Carnot, qui, après avoir été le ministre de la guerre de i4 armées de cent millehommes, s'en va mourir dans la pauvreté à Magdebourg?
(1) II est évident que, si jamais les industriels arrivent au pouvoir, ils investiront la morale du plus grand empire qu'elle puisse exercer sur les hommes. Calfchi.cme, n' i page 56.
Qu'est-ce dans un ordre moins relevé, si l'on veut, qu'un serviteur héroïque comme le général Bertrand, qui, lorsqueson prince est malheureux, se croit obligé de s'ezilerau bout du monde, dans une île affreuse, et cela peut-être pour vingt années ?
Comme tous ces mérites pâlissent auprès de celui de faire écrire deux cents commis, de revendre à 64 ce qu'on a obtenu pour 55, et de s'exiler dans le plus beau quartier de Paris, au fond d'une maison de deux millions ? Avec quelle pitié de telles capacités ne voiel1t-elles pas un Dupont ( de l'Eure ), ou un Daunou, traverser la crotte du boulevard? S'il s'agit de supériorité intellectuelle, M. Royer-Collard (i) fit-il jamais de discours égal en force de dialectique à un petit traité eu quatre articles, surtout si le troisième contredit le premier, et si l'on obtient de Li probité ou de la bêtise des contractans que ce traité restera secret ?
M. Dupont ( de l'Eure ) fit-il jamais de belles aumônes de 20,000 francs que l'on a soin de faire
(t) Les iudustriels possèdent l.i supériorité sous le rapport
d'intelligence. (Saint-Simon, rallier, p.
enregistrer successivement dans tous les journaux ?
Mais quittons le ton de la plaisanterie, déplacé en un si grave sujet.
Comment l'industrialisme ose-t-il réclamer les premiers honneurs et se préférer aux Dupont ( de l'Eure ), aux Carnot, aux Bertrand, lorsque même en désintéressement, même dans cette plus facile des vertus il vient de donner un si étrange exemple à une nouvelle république?
Je comprends que l'industrialisme, qui peutêtre ressent quelque malaise au sujet de certaines opérations, et ne serait pas fâché d'avoir les honneurs de la vertu et les profits de l'emprutit cherche à se confondre avec la véritable et loyale industrie. Hé bien l'industrie le repousse, lui, ses flatteries perfides, et, plus que tout, l'effrayante solidarité de réputation.
Oui, j'ai connu des centaines d'honnêtes négocians de Lyon, de Bordeaux, de Rouen, qui ne voudraient pas avoir participé à certaines opérations récentes, non plus qu'à leurs bénéfices, si énormes qu'ils soient.
Ils ne font pas prôner leur profession comme la seule utile, comme la seule vertueuse, mais ils
ont de la vertu, mais le renom d'une loyauté parfaite, même envers leurs rivaux, est préférable, à leurs yeux, à la différence qu'il y a entre 76 et 80, dut cette différence se prelever sur une douzaine de millions.
Les industriels vont être fort utiles d'ici à
quelques années; mettant à profit le degré de liberté dont nous jouissons, ils vont changer et améliorer tout le commerce de France. On aimera mieux gagreer 4ooo francs que les recevoir du budjet. Un fabricant millionnaire ne sollicitera plus une place de sous-préfet.
La France, plus heureuse que l'Angleterre, ne
connaît pas les sufistitutions. Les nobles, d'ici à vingt ans, loin d'avoir horreur de l'industrie, apprendront d'elle qu'il est utile et. agréable de profiter du degré de liberté qui nous est accordé, pour augmenter sa fortune. Le plus noble marquis, qui possède en biens-fonds deux millions qui lui rendent à peine vingt mille écus, vendra la moitié de sa terre, et placera dans une manufacture de calicot un million qui à lui seul lui vaudra 60 mille francs de rente. A partir de ce moment, ce privilégié lui-même, deviendra l'ami de cette portion de liberté indispensable pour qu'il y ait un crédit public, et pour que toutes les ma-
nufacturcs prospèrent, surtout celles de calicot; loin de solliciter les coups d'état, il les redoutera. Telle peut être l'une des grandes utilités futures de l'industrie; elle séduira les ennemis naturels de la liberté, et nous fera jouir en paix de ce premier des biens.
Il n'y a que deux manières de le conquérir, la force des armes, comme ont fait Cromwell etBolivar, ou le perfectionnement de la raison. C'est par cette dernière route que l'industrie, amie de la paix, peut un jour conquérir le côté droit et le clergé, et nous conduire à la mise en pratique de la charte (i).
Mais ne nous y trompons pas. La raison est une déité sévère dès qu'on prétend la servir en préchant une erreur, la toute puissante raison cesse ses effets bienfaisans, et la civilisation s'arrête. C'est donc hâter le bonheur de la France que de
(1) Nous ne desirons d'autre liberté que celle donnée par la littérale et consciencieuse exécution de la Charte. Nous n'avons pas assez de vertu pour exercer gratis, on il peu près les fonctions de préfet, de ministre, d'administrateur de tous lcs établissement publics, c'est-à-dire pour être plus libres que la Charte nc Ic permet. On Mit que le président des Etats-Unis d'Amériquc reçoit annuellement i 25,ooo fr. c'est probablement moins que M. le préfet de Pari5.
faire apercevoir nos grands industriels du ridicule qu'ils se donnent en fesant proclamer tous les samedis qu'ils sont supérieurs à toutes les classes de la société. Dans la vie d'une nation, chaque classe est utile à son tour. Si la Grèce réussit à s'affranchir, des milliers de négocians s'y établiront; ils y porteront des glaces, des meubles d'acajou, des estampes, des draps, etc. Mais les bonnes lois qui permettent au commerce de fleurir, sera-ce eux qui auront eu la sagesse de les faire? Mais le courage qu'il aura fallu pour exterminer les Turcs et pouvoir mettre ces bonnes lois en vigueur, l'auront-ils eu?
Il y a six mois que Santa -Rosa s'est fait tuer
dans Navarin, il n'y a pas un an que lord Byron est mort en cherchant à servir la Grèce. Où est l'industriel qui ait fait à cette noble cause le sacrifice de toute sa fortune?
La classe pensante a inscrit cette année Saota-
Rosa et Lono Btboït sur la tablette où elle conserve les noms destinés à devenir immortels. Voilà un soldat, voilà un grand seigneur; pendant ce temps qu'ont fait les industriels?
Un honorable citoyen a fait venir des chèvres
du Thibet.
HOTE RELATIVE A LA PAGE 9.
Peut-être mereprochera-t-on de n'avoir pas cité plus souvent les propres paroles du Producteur; si l'on veut bien lire l'expose* suivant, l'on concevra pourquoi.
LE PRODUCTEUR, ? I.
INTRODUCTION.
pbilottDlii. noinrilr. Celle pliloeopbi. la*e •«• un. conception de U nalurc'hV «a Iru. ordre* de Cmliè,, pb^gim. iM.Umo.a~ ri .min, qui rowi,»™, rbomo»; enfin que MI giMI dans ocllr direction, uitrnl y» loujoor. niiman. pu. «que duque (tarnliau «àol ijanuin riclma maliiicOa i nlln in tii-r.cioo. [i.i'.in. l^tc^u-u», n»»»i«.oc. d. plu. ra plu.ilrod^ ..efUn. el p^ilira du Irà luiu^lk.. lui hiod. •» uwj«m In plus puÛMIM.
C«uiiUt<< d. r. pcinl J. »< ]» ,1, d. <H« imK.nl,, H nnpoK d. dn» Mo av.!»» <bu l« non »•«̃< pour Ul ,«• Cintom d. Tuditidu itaa uodi. ,u, fe, »“ J. plo. pour rrmlui le n n»>n,ilU i tW.apliw.OTa d. u dmidatico dVÙ 11 dUlionioii d. HMirM oomnmn et de l'olMt prit*. Imm de leuir moral..
U proprril. drn naliuu.1 der indi.idaa. La coaUnab» «KÙk du. laq<i.ll< louixln iMUuncn. la «i^ctiu, d. loule. looia. de r.»di%i.idù, anlm ao»i da n~,«. pour ranmpli^. wra L.qtx-11- roo.nrnol Iciour.. m. bnuit l'auriuln iramii lliteriqun prui^n. a,a«l paur bal rtubUavmnl de Ml. harmonie, Eo .ppuiaiM a» ce poi»l de dipan In iratau dr rn pbilattpU* quaol i r. qui Rprd. le paaé cooùrct a mlmrlicri cia,». •>«|iw. daoaln danlappmmil de b ci.illulkw et .ne qui au M pour elle on eblacb; i daKiucurr du* daol le mouraa élèdimlm jodiml..i. prraatrbualurr. bdurreelaa de claraii. Q- k ,t qui rrprd. Tannir et k prfaral. elb a'wetipe de délar- a»Mer *u»e n »reoi«i n> U. <ba tmu çtDénu<du pa-i. le tald-aelitit. aclu.lIe*U ««Ahe.rwdr. da rapporlanorauiM poUt«p«a eompaodam, le» Ira.aoi qui doifeel en préparer l'«aUiaaanie<».
EUe a racoooa que dan la iiwilutiooe. Ua'trantn et In artioo» de fbomm» trai-li m''• qui » rapparlrw au» iàm aminus-uta et a lioduuri.. ont io.ij.ur.. diroetaneot, de plua on plm. eooeoBni au détolappraenl dv as coMraife qui g-appinienneat pu