travaux champêtres, de la vie contemplative. On ne peut pas dire que ce sont les nécessités matérielles qui les y obligent, car la communauté n'avait jamais connu de période plus prospère. Et, du reste, dans les requêtes que les religieux rédigèrent pour obtenir le droit d'abandonner leur église, ils avouent simplement le désir qui les anime. Ils veulent aller vivre dans une petite ville voisine, au pied même de la montagne. Dans cette ville un nouvel évêché, créé pendant tes guerres religieuses, survivait aux troubles et donnait Pilhtsion de la grandeur. Autour d'un évêque grand seigneur une foule de prélats et d'e clercs mélangés à la noblesse locale y composait une cour brillante et passionnée, forte de toutes les épreuves surmontées, de la faveur royale et de l'attention que, pendant les guerres, lui avait prêtée le monde catholique.
C'est à l'attirance de cette petite cour épiscopale, de sa vie facile, de son activité heureuse, que ne put pas résister cette communauté qui, pendant sept siècles, s'était obstinée à demeurer dans sa dangereuse solitude malgré la rigueur des saisons, la cruauté des chefs de bandes et des fanatiques. L'évêque autorisa le départ des religieux. Ils abandonnèrent l'église, le cloître et les grands logis, et la ferme seule resta ouverte, gardée par cette famille qui suffit à ses travaux, de. plus en plus rares et de plus en plus rudes, au milieu d'une nature hostile, qui pousse à nouveau ses herbages et ses broussailles sur les chemins. »
« Ainsi, reprit Etienne, cette tentative de vie solitaire et de consécration spirituelle si longtemps victorieuse des difficultés, échoua complètement à cause cPun sentiment sans violence, d'une tendance persuasive et presque mesquine. La destinée de cette demeure longtemps considérée comme le plus agréable séjour, et désignée par un des vocaMes les plus emphatiques qui puisse témoigner de la reconnaissance des hommes envers les lieux qu'ils habitent, puis brusquement désertée, rendue à la saRtude sans qu'aucun fait