force si puissante qu'elle surmonte sans peine les épreuves et les catastrophes, et je ne parle plus ici des dangers de la montagne, de la tristesse des saisons, des rigueurs de l'isolement, mais de toutes les calamités régionales qui trouvèrent toujours le chemin de, sa solitude.
Venus de Guyenne et d'Auvergne, les routiers anglais la mettent à sac les pestes et les famines ruinent ses tenures quelques bandes des grandes compagnies lui demandent un refuge et la pillent une fois de plus. Les guerres religieuses y trouvent un but pour leurs représailles, l'insurrec*ion camisarde y remporte une facile victoire.
La petite communauté sort de toutes ces épreuves avec le désir de vivre encore. Dès que le pillage et l'incendie s'achèvent, la vie recommence à l'abbaye. Si quelquefois les moines doivent l'abandonner pour plusieurs années, se réfugier dans les vallées voisines pour attendre la fin d'une guerre ou d'une révolte, ils reviennent toujours à leur solitude, ils relèvent une fois de plus leurs ruines, recommencent leurs travaux et leurs exercices spirituels, reprennent leur vie heureuse. Parfois même leur volonté de vivre devient plus virile, plus combative ils obstruent alors les fenêtres extérieures de leur logis et percent les murailles de meurtrières, ils lancent des échauguettes aux angles des bâtiments, des mâchicoulis sur les portes, des courtines derrière les murailles. A la prochaine alerte ils fermeront la grande porte, rouleront derrière elle un char de bois, et ne croiront pas damner leur âme en montant la garde, en faisant même le coup de feu contre les brigands ou les fanatiques.
C'est avec cette force et cette décision joyeuse que, pendant des siècles, la communauté montagnarde surmonta les épreuves et les difficultés. Aussi, lorsqu'au milieu du xvme siècle la paix religieuse fut rétablie, que la province,fut pacifiée, il sembla qu'elle allait enfin connaître la quiétude et le repos véritable.
C'est alors que les moines se détachèrent de l'abbaye En quelques années ils perdent le goût de la solitude, des