païens sa maison n'était pas gothique, mais palladienne. » Milton se présentait d'ailleurs à lui sous des aspects différents. « Je l'ai vu sous l'aspect d'un jeune homme et d'un vieillard avec une longue barbe flottante. Il vint enfin comme un vieillard. » Ces esprits demandent parfois à Blake des services. Ainsi Milton lui dit « Qu'il avait commis une erreur dans le Paradis perdu et qu'il voulait que je la corrige dans un poème ou une peinture ». Cette erreur était, paraît-il, l'affirmation que les plaisirs charnels venaient du péché originel. Or cette déclaration de Milton étant en contradiction avec les opinions de Blake sur ce sujet, il se refuse absolument à faire la correction demandée, et il allègue pour cela ses propres occupations qui ne lui permettent pas ce travail supplémentaire « Je dis que j'avais ma propre œuvre à accomplir », mais en réalité parce que Blake pensait que « la chute n'avait pu donner naissance à aucun plaisir ». Un des côtés les plus étranges du caractère visionnaire de Blake est cette liberté complète que son esprit conservait de discuter avec le personnages surnaturel dont il se sentait l'égal. Ce n'est pas dans un état d'extase qu'il reçoit leurs communications, mais avec une parfaite lucidité qui lui permet de noter minutieusement les particularités extérieures du messager. Certaines figures toutefois l'impressionnèrent plus vivement, celle, surtout, de l'Ancien des Jours qui lui apparut toujours sous une forme assez confuse et qu'il ne put contrôler aussi facilement que celle de l'auteur du Paradis Perdu.
Il serait trop simple de traiter ces visions comme le simple caprice d'un cerveau malade. Blake n'était pas fou, contrairement à l'affirmation fréquente de ses contemporains. Dans une Angleterre rationaliste et raisonnante qui n'admettait pas le surnaturel, on rc pouvait leur attribuer que le caractère de dérangement mental. Mais ce qui nous permet de contredire cette condamnation par trop superficielle de l'inspiration, d'un poète génial, obscur, certes souvent, comme le sont les Prophètes, c'est sa vie sans extravagance, con18