abandonna en même temps tous ses autres élèves, de peur qu'un refus venant d'un homme qui avait été l'ami des révolutionnaires ne parût peu gracieux. Il avait des visions, mais non comme en ont les spirites et les magiciens. Ces derniers désirent augmenter la vitesse de la vue mortelle jusqu'à ce que l'âme se limite de nouveau, prenne corps et retourne au réel. Mais Blake le mystique intérieur désirait seulement hâter l'allure de cette imagination qu'il savait plus réelle que la réalité naturelle. Pourquoi eût-il évoqué des ombres quand il pouvait converser en esprit avec des réalités spirituelles ? « Alors je demandais », dit-il dans le Mariage du Ciel et de l'Enfer, « la ferme conviction qu'une chose est telle, la rend-elle telle ? Tous les poètes croient qu'il en est ainsi, » répondait-il.
Dans le catalogue descriptif pour son exposition de tableaux en 1809, Blake définit plus précisément que partout ailleurs ce que la vision était pour lui. II parle de ses tableaux, mais ce n'est qu'un prétexte pour élever la peinture à la même sphère, d'invention et de conception visionnaire que celle où habitent la poésie et la musique. « Les prophètes, dit-il, décrivent ce qu'ils ont vu dans leurs visions comme des hommes réellement existants, qu'ils voyaient avec leurs immortels organes imaginatifs les Apôtres de même. L'objet est d'autant plus distinct que l'organe est plus clair. Un esprit et une vision ne sont pas, comme les suppose la philosophie moderne, une vapeur nébuleuse ou un néant. Ils sont organisés et minutieusement articulés au delà de tout ce que la nature mortelle et périssable peut présenter.
Celui qui n'imagine pas des traits plus forts et meilleurs en une lumière plus forte et meilleure que ceux que son œil mortel et périssable ne peut voir, n'imagine rien du tout. Celui qui peut le faire affirme que toutes les formes qu'il imagine lui apparaissent plus parfaites et plus minutieusement organisées que tout ce qu'il voit de son œil mortel. « Inspiration et vision », dit-il dans une des notes marginales aux « Discourses » du peintre Reynold, « étaient alors,.