il conduirait soudain Anaïs à la gare, ou s'il l'installerait dans un hospice de vieillards, ou si même il irait vivre ailleurs avec sa femme, mais il savait que les temps étaient proches où une chose nouvelle serait. Il était sur ce point du même avis que le Destin, qui, bienveillant, lui épargna de prendre une décision violente les événements étaient si bien prêts, qu'ils accouchèrent sans aide du fait définitif.
Anaïs sonna au milieu de la nuit. Madame Pixu se leva et alla vers elle.
J'étouffe. Ouvre mes volets.
Puis tout à coup
Non, las toi ton mari. Il ne fait jamais rien pour moi, je ne veux pas que tu prennes toute la peine.
Et comme Madame Pixu protestait
J'ai dit ton mari cria la vieille. Réveille-le s'il dort. Il faut que les hommes servent à quelque chose. Vaincue, Madame Pixu alla réveiller son mari. Il se leva en estant, passa une robe de chambre et arriva chez Anaïs avec sa femme, tout dormant.
Va te recoucher, dit la vieille. Ton mari peut ouvrir des volets tout seul, je pense ?
Madame Pixu disparut, se coucha. Un long temps passa. Anaïs donnait des ordres à M. Pixu qui les exécutait comme dans un rêve.
Ouvrez les volets. Tirez le rideau. Pas tant. Plus. Ramassez ce journal. Arrangez mon lit.
Madame Pixu se rendormait quand un coup de sonnette la fit sauter debout. Puis un autre, un autre, dix coups, vingt coups, une sonnerie ininterrompue. Elle accourut. Anaïs à demi sortie du lit appuyait d'une main sur la sonnette, de l'autre tenait M. Pixu aux cheveux et le secouait. Elle était défaite, blême, ses couvertures éparses. Ils composaient un tableau effrayant et grotesque.