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Notice complète:

Titre : Le Navire d'argent : revue mensuelle de littérature et de culture générale / directrice Adrienne Monnier ; secrétaire de la rédaction Jean Prévost

Éditeur : La Maison des amis des livres (Paris)

Date d'édition : 1925-06-01

Contributeur : Monnier, Adrienne (1892-1955). Directeur de publication

Contributeur : Prévost, Jean (1901-1944). Rédacteur

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34443771m

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34443771m/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 925

Description : 01 juin 1925

Description : 1925/06/01 (A1,N1)-1925/09 (A1,N4).

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k81787p

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, 8-Z-23525

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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Chassez le Naturel.

Le naturel d'Anaïs allait d'un galop rapide et sonore. Les douceurs premières du logis familial avaient pu, un temps, lui tenir la bride, et la douceur de Louisette, et l'étonnement d'une vie nouvelle; mais, soudain déchaîné il brisait d'un effort facile ces barrières et franchissait d'un bond leurs débris. D'un seul élan Anaïs s'était replacée sur ce terrain qu'elle avait voulu quitter, retrouvait, dans un domaine où les mouvements du cœur ne parvenaient pas, cette solitude volontaire et farouche où elle était faite pour vivre et mourir. Ceuxlà même qui avaient tenté de la sauver, accourus à ses appels, elle les repoussait maintenant et les chassait, pleine de fureur et de blasphèmes. Elle redevenait l'esclave de son humeur capricieuse son corps violent et son âme aigrie, depuis trop longtemps n'avaient pas fait souffrir la première vie près d'elle il fallait qu'elle devînt victime.

En même temps, revêtue de cette apparence trompeuse que prennent les souvenirs, sa vie passée lui revenait, ce supplice jadis intolérable, mais qui l'avait tenue si longtemps qu'aujourd'hui elle ne pouvait plus vivre sans lui. Cet homme contre lequel elle avait pris sa forme, qui l'avait fait souffrir, qu'elle avait fait souffrir, il fallait qu'elle le sentît près d'elle, insultant et insulté, comme si le lien d'une complicité muette les eût réunis, dans le crime commun de leur existence misérable. Désormais elle fut dans la maison comme un mal intérieur, un cancer. Elle geignait, blâmait, clamait, injuriait. M. Pixu qui aimait le repos et ne souffrait pas qu'on fît aucun mal à sa femme, voyant que celle-ci était déchirée en son cœur résolut qu'on se débarrasserait d'Anaïs. Ce fut sa femme qui le supplia de n'en rien faire.

Laisse-la, disait-elle. Elle ne sait ce qu'elle dit. Elle a tant souffert qu'elle a un peu perdu la tête. Soixante ans près d'un sauvage, n'est-ce pas pour faire déraisonner la plus sage ? Bientôt elle sera calme, elle comprendra et redeviendra docile. Elle n'est pas méchante, elle est fatiguée. Elle ne sait ce qu'elle fait, il faut lui pardonner.