Elle était bien enfant, alors surtout.
« Veux-tu voir arriver toutes les chauves-souris autour de nous? dit-elle. Je sais comment on fait pour les appeler. »
Alors elle grimpa sur les branches basses d'un vieux poirier, et se mit à agiter son mouchoir en l'air.
-En effet, elles arrivèrent toutes, effarées, pour voir ce que c'était que cette chose blanche qu'on leur faisait danser dans l'obscurité. Elles venaient même si près, que la peur nous prit de les voir nous tomber dessus, et nous nous sauvâmes en courant dans la maison.
Chauves-souris, pauvres bestioles, objet d'horreur pour tout le monde; pour moi, bêtes des soirs d'été, ne volant que dans l'air chaud des beaux jours. Je leur pardonne leur laideur et je les admets, parce qu'elles ont déployé leur vol fantastique dans l'air pur de mes belles soirées d'autrefois, et que je les retrouve mêlées aux souvenirs des étés de mon enfance.
Plus tard, à Paris, j'habitais, au quartier Latin, une petite chambre d'étudiant, froide et grise, encombrée de livres classiques et de cahiers. Un tableau noir et de la craie, des choses laides et tristes. J'avais dix-sept ans. Après un hiver d'études, longue saison d'ennui, de premières fatigues, de