Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1903-07-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 juillet 1903 14 juillet 1903
Description : 1903/07/14 (N12177). 1903/07/14 (N12177).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIME le Nu.xnéro. PJAS & DÉPARTEMENTS Le Numéro ÛÏNQ CENTIMES -
t r1 viv cifri p
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No 12177. - Mardi 14 Juille 1903
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NOS LEADERS
JULES SIMON
Remarquez que M. Chaumié, mi-
nistre de l'instruction publique d'un
gouvernement qui se flatte d'aller de
l'avant; M. Paul Deschanel, député
et académicien centre-gaucher ; M. De-
ville, conseiller municipal réaction-
naire ; M. Jean Dupuy, ancien mem-
bre d'un cabinet dont le républicanisme
ne fut pas et ne pouvait pas être con-
testé - remarquez, dis-je, que ces
personnalités diverses par les idées,
les. tendances et les aspirations, n'ont
eu que des louanges pour la vie et
l'œuvre de M. Jules Simon.
On inaugurait hier la statue qui —
Lucien Victor-Meunier l'a fait obser-
ver avec raison — débarrassera à l'a-
venir les locataires des maisons de la
place de la Madeleine des moustiques
innombrables nourris par la vasque
d'eau aujourd'hui démolie.
Cette statue aura un autre avantage:
elle affirmera aux générations futures
que Jules Simon fut un grand péda-
gogue, un grand journaliste, un grande
orateur et un grand homme d'Etat.
Grand journaliste et grand orateur,,
je veux bien. Et c'est sur ces deux
points que tout le monde peut êlre
d'accord. Je ne vois pas au nom de
quel principe nous contesterions qu'on
lisait et qu'on écoutait avec plaisir ce;
qu'écrivait et ce que disait Jules Si-'
mon.
De là à le proclamer grand pédago-
gue et grand homme d'Etat, il y a de
la marge. Car il ne restera pas beau-7
coup de choses de ses idées dans
l'école de demain ni dans la société qui
se prépare.
Jules Simon avait voulu l'avène-
ment de la République. Quand la Ré-
publique fut venue, il commença à- la
craindre et à combattre les mesures
par lesquelles elle essayait de se réali-
ser.
***
M. Chaumié,résolu à ne dire que des
choses aimables à la statue qu'on ve-
nait de dévoiler, s'est tiré d'affaire en
parlant seulement du Jules Simon qui
protesta, en chaire, contre le coup;
d'Etat, qui opposa la pensée démocra-
tique à l'empire, et qui, ministre de
l'instruction publique, lors des pre-
mières années du régime actuel, osa
apporter à l'Assemblée nationale, si
réactionnaire, un projet sur l'ensei-
gnement obligatoire. ;
C'est certainement une très belle fi-
gure. L'histoire, il faut l'espérer, n'en
-connaîtra pas d'autre. Et la postérité
ignorera à peu près le Jules Simon qui
voulut, par la suite, une République
déiste, plaçant l'idée de Dieu à la base:
et au sommet de l'Enseignement pu-
blic.
Il était libéral ; par exemple, son U-1
Leralisme était, au fond, du conserva-,
tisme.
En 1881, il combattit, au Sénat, le:
principe de la laïcité de l'enseignement;
il voulut que les programmes officiels.,
comprissent l'examen des « devoirs en-
vers Dieu et envers la Patrie ». Jules
Perry objecta d'un mot qui est resté,
célèbre, que « 1'0,11 ne vote pas Dieu■
dans les assemblées
1 En effet, les libres-penseurs n'ont,
pas l'idée de soumellre Dieu à l'é-
preuve d'un scrutin. Mais la démocra-
tie française a le malheur traditionnel:
île voir de temps en temps s'élever au-
dessus d'elle des philosophes spiritual
listes dont la religion amorphe s'af-
firme par de maniaques et violentes
manifestations.
Je sais que la Révolution française
était déjà un bloc,, et qu'il est interdit
æélrospcÔtivemcnl d'en rien distraire ;:
toutefois il est permis de rappeler que;
Robespierre lit des pieds et des mains
pour faire décréter « que le peuple-i
français croyait à l'Etre suprême et à;
^immortalité de rame ». Comme les,
Dantonistes et les Héberlistes s'obsu.i
'naiént dans une regrettable incrédulité;
»n les envoya cracher à ce « vasistas »/
Sont parlait le Père Duchesné.. "-
, ,.,.**, -
Si Jules Simon avait eu la toute-,
puissance de Robespierre, il y a lieu
ide croire qu'il n'eût pas donné à la
guillotine la mission de trancher son
différend avec Jules Ferry. Il eût pu,
Simplement, faire beaucoup de mal à la
Société laïque. « Pendant la période ac-
live de ma vie, disait-il, nous avions
(ous cette Croyance en Dieu ; nous Te-
ndions comme notre premier devoir
d'enseigner Dieu aux enfants, comme
notre premier devoir de législateur:
d'écrire « Dieu » dans nos lois, comme
notre premier devoir de républicain de;
venger la République de toutes les at-j
taques qu'on lui fait quand on dit:
qu'elle est impie. Nous désirons le';
nom de Dieu dans la loi pour nous ;
nous le désirons aussi pour les simples
et pour les déshérités. Nous croyons
que, si on ne-leur parlait que d'arith-
métique, la société serait bien dure
pour eux, et qu'elle leur doit quelque
consolation et quelque poésie. »
Jules Simon aurait rougi de sa doc-
trine, s'il en avait aperçu la sécheresse
iet l'étroitesse. La société doit mieux
,aux déshérités que la consolation pro-
blématique du Paradis,etla poésie déce-
vante du renoncement. Elle doit aux
pauvres plus de justice dans les rap-
ports économiques, plus d'égalité
dans la répartition des charges. Pour
l'arithmétique, il est exact qu'elle ne
recèle pas le secret du bonheur ; mais
la science, d'une façon générale, l'his-
toire, et les lettres, dans ce qu'elles
ont d'accessible aux « simples », com-
portent des enseignements plus récon-
fortants que ceux du catéchisme.
Les idées de la laïcité de l'Etat et de:
la solidarité sociale sont enfin au des-
sus des contestations d'une médiocre
métaphysique parlementaire. Et' l'on se
souvient de la stupéfaction que causa
àla Chambre, il ya quelques mois, une
tentative de restauration du spiritua-
lisme d'Etat.
De tels débats ne passionneront plus.
Les discussions de 1881 n'attireront plus
que l'attention des historiens de pro-
fession. Aussi le Jules Simon que con-l
naîtront nos fils, sera-ce le Jules Si-
mon de 1852 et de 1870. Celui-là, je
le répète, mérite la reconnaissance
des républicains.
Hugues Destrem.
SUR LA VOIE DE LA RÉSIPISCENCE
Y sommes-nous, « sur la voie
de la résipiscence )) ? le pape
voudrait le croire, le cardinal
Ferrata en est convaincu ; c'est
du moins ce qui ressort du récit
d'une - coiavcreation que cette
éminence vient d avoir avec le Saint-Père.
Quand Sa Sainteté a vu Son Eminence
entrer dans sa chambre, elle a tout de
suite pensé à la France, car, je ne sais pas
personnellement pourquoi, mais c'est un
'fait : pour le pape, Mgr Ferrata représente
la France, et quand il l'aperçoit, il croit,
voir notre pays. Quand donc il a vu entrer
iM. Ferrata, il s'est écrié;
- Ah! cette France, il faut la rendre un
peu meilleure î ,:
M. Ferrata, qui paraît être un homme ;
de tête et de sang-froid, a répondu avec un
a-propos qu'il faut louer :
— Iî faut tenir compte à cette noble nà-i
ition des sentiments de regrets et de si grand
attachement qu'elle montre tous ces jours-
ci. IL semble qu'elle se soit mise sur la voie
de la résipiscence.
Le pape ne fut pas du tout estomaqué j
par cette déclaration hardie que les senti-j
ments de naturelle pitié que l'on éprouve
pour les souffrances d'un vieillard de 94 ans
à son lit de mort devaient être compris en
ce sens que la France voulait se réconci-
lier avec la moinerie et il répondit tranquil-
lement :
.- Fasse le Seigneur !
La question est donc posée : Sommes-
nous, ou ne sommes-nous pas « sur la voie
de la résipiscence ? » Sommes-nous résolus
à donner à celui qui, depuis que le denier
de St-Pierre est tari, tire des couvents la
majeuie partie de ses revenus, sommes-
nous résolus à donner à la papauté des
moines, cette satisfaction de laisser fléchir
la loi de juillet igoi, qui stipule que les
couvents non autorisés seront supprimés ?
A Rome.ils feront tout pour arriver à ce ré-
sultat ; jusqu'à nous menacer d'un con-
clave hostile à la France; M. Joseph Gal-
tier, le correspondant du Temps à Rome, a
de curieux tuyaux sur cet état d'esprit:
« On ne saurait contester, écrit de là-bas,
poire confrère, qu'il existe chez les cardi-
naux qui vont élire le nouveau pape un
sentiment très vif de lassitude et d'impa-
tience contre la politique actuelle de la
France. Les intérêts français risquent donc
de ne pas trouver au conclave la considéra-
tion et le crédit dus à la <( fille aînée de
:« l'Eglise». Telle est la force de ce sentiment
de lassitude que déjà le Vatican l'avait ex-
primé officiellement-. C'est grâce à l'estime
et à la sympathie .qui s'attachent à la per-
sonne de notre ambassadeur qu'on en a si-
'non arrêté, du moins modéré, à plusieurs
reprises, l'expression très nette. »
Si après cela nous n'entrons pas « dans
la voie de la résipiscence » c'est que nous
sommes des chrétiens décidément peu faciles
à mener. De bons esprits parlent ici de la
dénonciation du Concordat ; si Rome pre-
nait les devants, en le dénonçant elle-mê-
me? Dame! ce serait toujours autant de
*
*
Les armements de la Turquie
f De notre correspondant particulier)
Sofia, 12 juillet.
Presque toutes les troupes que le gouverne-
ment ottoman anait envoyées coptre les Alba-
nais viennent d'être dirigées vers la frontière
:bulgare. -' - -
Le général Amar Radji Pacha a reçu,, lui
aussi, l'ordre de marcher sur la frontière afin
dç renforcer les trois corps d'armée qui y sont
concentrés.
En Albanie, on n'a laissé que deux divisions
; d'infanterie sous le commandement do Salrir
Pacha.
Des transports de troupes arrivent sanscesse
de Constantinople dans le vilayot d'Andri-
nople. d'Andri-
Tous les dépôts de guerre sont approvision-
nés pour les besoins.de la gnorre.
l, Ces déplacements de troupes ont lieu pen-
dant la-nui^v • ---- -
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
CLERICALESI
Sur le relèvement projeté des traite-
ments. — Judicieuses réflexions. —
Institutrices laïques. de atm. -
Tontes les institutrices ne sont
pas cléricales. — Vaste péti-
tionnement.
Cléricales! tel est le titre d'un exoellent arti-
cle du dernier Bulletin mensuel de l'Union pé-
dagogique du Rhône. L'auteur, « une semeuse »,.
y relève vivement un propos prêté à l'honora-:
ble M. Bepmale, ancien rapporteur du budget;
de l'instruction publique. Au sujet de l'amé-
lioration projetée des traitements du personnel
enseignant primaire, M. Bepmalo aurait dit :
« Nous n'augmenterons pas les institutrices
parce quelles sont des cléricales. »
Cette déclaration suggère à notre confrère de
fort judicieuses réflexionset une légitime protes-
tation. Nous devons dire toutefois que dès que
nous en avons eu connaissance, nous avons été
pris d'un doute. Cette déclaration est-elle au-
'tbentique? Des personnes dignes do foi nous
ont assuré qu'elle a été faite dans une réunion
d'instituteurs tenue, il y a quelque temps, à
Saint-Etienne.
Mais elle est tellement extravagante que
malgré tout nous ne voulons pas croire qu'elle
: est sortie de la bouche de M. Bepmale. M.
Bepmale ne manquera pas de la renier. Nous
enregistrerons son démenti avec plaisir. Le mot
qui lui est attribué est malheureux. Il ne faut
pas le laisser courir, ne serait-ce que parce
qu'il choque la vérité. Sous sa forme absolue,
en 'effet, il exprime une erreur grossière comme
le fait observer avec beaucoup de raison l'arti-
cle dont nous parlons plus haut.
« Je ne dirai pas, dit l'auteur, que M. Bep-
« male n'a rencontré - même dans sa cir-.
« conscrietion - qu'une seule institutrice clé.
« ricale. Nous savons qu'il y a des institutrices.
« qui ne sont encore laïques que de nom; nous,
« savons qu'il y a des écoles qui au point de;
•« vue religieux peuvent faire concurrencé ài
leurs voisines congréganistes.
r « Mais de là à porter le jugement cité plus
;« haut, il y a plus qu'une généralisation trop
« hâtive ; il y a un parti-pris évident. Toutes
;<( les institutrices ne sont pas cléricales. »
C'est trop clair. M. Bepmale ne saurait le
contester.
; En admettant qu'il soit convaincu du cléri-.
calisme des institutrices — et il ne serait pas
le seul de son opinion— il reconnaîtBa sûre-
ment qu'il y a, à titre d'exception, beaucoup
d'institutrices qui sont de fermes libres-pen-
seuses.
Aussi bien dans le propos qui lui est prêté,
ce qui nous offense n'est pas d'entendre traiter
les institutrices de cléricales, c'est d'entendre
proclamer que parce qu'un grand nombre
d'entre elles le sont, les traitements de toutes
resteront sans augmentation, tandis que ceux
des hommes seront améliorée.
Proposition impossible
Une pareille pensée est odieuse, et nous pou-
vons bien mettre au défi qui que ce soit d'on
faire l'objet d'une proposition au Parlement.
Pour trois motifs qui apparaissent tout de
suite à tous les yeux, elle ne serait pas soute-
nable.
D'abord on posant comme un principe qu'il
n'y a pas lieu de s'occuper des intérêts des
femmes, elle froisserait fort la galanterie fran
çaise qui n'a pas encore complètement dispa-
ru. Il en résulterait un antagonisme, une lutte
déplorable entre les deux sexes.
Elle créerait un état d'esprit des plus fâcheux
dansle personnel enseignant.
Elle y briserait des liens de solidarité pro-
fessionnelle qu'il est désiTable, au contraire, de
rendre plus solides. La République perdrait la
confiance des institutrices qui sont venues à elle
avec tout le dévouement de leurs cœurs de
femmes.
L'émancipation religieuse
L'émancipation religieuse de nos foyers se-
rait retardée de plusieurs générations, car l'ins-
titutrice lésée dans ses droits, oe serait, à cause
de son dépit et do sa sentimentalité, l'institu-
trice retournant au conféssionnal pour retrou-
ver la résignation. Par suite, ce serait l'éduca-
tion des filles inféodée de nouveau à l'Eglise, là
même où l'affranchissement a déjà commencé.
En deuxième liou, la punition de toutes les
institutrices pour les sentiments d'un certain
•nombre d'entre elles serait souverainement in-
juste. Il serait impossible de la justifier. Per-
sonne ne saurait donc la réclamer. Un corps de
fonctionnaires, de même qu'une famille, ne
pout être rendu responsable des fautes de quel-
ques-uns dé ses membres.
Enfin et surtout il serait inique de vouloir
'rétribuer Jes institutrices non plus d'après leurs
services-mais d'après les opinions de la ma-
jorité d'entre elles..
Formule claire
L'année dernière un vaste pétitionnement a
;eu liçu dans lo personnel enseignant primaire
(pour revendiquer en faveur des institutrices
'des traitements égaux à ceux des instituteurs.
'La plupart de ces derniers ont signé avec em-
pressement. On disait alors : à travail égal,
Salaire égah
- La formule était claire,, juste,, belle.. Voilà
qu'on voudrait la remplacer par cette autre; :chacun selon ses opinions ». Cela ne sera pas,
xar non seulement cette seconde formule viole
les notions les plus élémentaires de la justice
asociale, mais encore et heureusement, elle est
ridicule et inapplicable. Le moyen s'il vous
:platt d'établir une échellede traitements répon-
dant nux mille- nuances des idées aussi varia-
ibles d'ailleurs que variées- de ceux pour les-
:quels elle serait faite ? S'il était possible de la
dresser,ce serait sûrement l'échelle la plus mobile
;qu'on ait jamais vue. Je. plaindrais de tout
'mon cœur ceux qui seraient chargés de la
"maintenir au niveau de l'état d'âme -des fonc-
tionnaires ondoyants et divers.
Mais celui qui en proposerait la création ne
':!l'attireratt pas seulement des buées, il provo-
Iquerait un fou rire.
Il n'y a pas à s'alarmer
Les institutrices n'ont donc pas à s'alarmer
;du propos attribué à M. Bepmale. Je répète au
[surplus que jusqu'à plus arnplc informé j'aime
¡ à croire que le propos n'a pas été tenu. 11 est
i invraisemblable daqjs la bouche d'un homme
ide jugement et de valeur. Il ne traduit nulle-
ment en tous.-c-a-, les sentiments de la Chambre.
On pourra s'en rendre compte quand viendra
fia discussion des projets de lois sur le classe-
.ment %t l'avancement des instituteurs et des
institutrices:
Il est vrai que cette discussion toujours an-
noncée, amorcée même & deux ou trois repri-
ses, semble avoir été reculée comme à plaisir
jusqu'à présent. Sur le point d'être inscrite
; plusieurs fois à l'ordre du jour de la Chambre
jolie a été en définitive renvoyée après. les va-
cances.
Certes, la loi qui en sortira ne sera pas im-
.provisée ! Seulement il faut avouer que l'at-
tente des intéressés est prolongée outre megure.
L'impatience des instituteurs est aussi gran-
de et légitime que cello des institutrices. Eux
r non plus n'ont pas été augmentés ; il importe
de le remarquer. Seraieal-ils par hasard de-
venus cléricaux ? ou bien nos députés auraient-
ils cessé d'avoir pour l'école primaire laïque
juae amitié ferme, sincère et agissante ? C'est
une question qu'on commence à se poser.
ARMAND DEPPER.
-————————-————— ■
AU 19e ARRONDISSEMENT
Le comité législatif républicain d'Union so-
cialiste de la 2* circonscription du 19* arron-
dissement a tenu samedi soir, salle Dagorno,
190, rue d'Allemagne, uno importante réunion,
dans laquelle notre rédacteur en chef, M. Char-
les Bos, a développé, aux applaudissements
unanimes de l'assemblée, son rôle dans la lutte;
contre les congrégations et son intervention-
pour faire respecter la liberté individuelle.
Comme suite à son beau discours, l'ordre du
jour suivant a été voté à l'unanimité :
Les membres du comité législatif républi-
cain d'Union socialiste, réunis salle Dagorno,
190, rue d'Allemagne, au nombre d'environ 200,
Après avoir entendu les explications si net-
tement républicaines et si anticléricales du
citoyen Charles Bos,
L'approuvent dans l'action qui a pour but de
faire triompher les principes mêmes de la Ré-
volution, en combaUant les congrégations, non
seulement au sein de la commission, mais en-
core au Parlement,
Ils comptent sur lui pour mener à b14sn cette
œuvre d'épuration cléricale et faire respecter
la liberté individuelle.
Ils lèvent la séance aux cris de : Vive la Ré-
publique 1. vraiment démocratique!
Le Président : Pocquet, 90, rue de
la Villette; le Secrétaire : MERLE,
1, rue de Romainville.
♦
ÉLECTION LÉGISLATIVE
Bordeaux (4t circonscription)
Inscrits : 21.406 — Votants : 13.645
MM. Videau, répub. minist. 7.871 ELU
Johnston, progressiste. 4.658
Chiché, nationaliste. 686
Il s'agissait do remplacer M. Decrais, élu sé-
nateur.
On voit par le triomphe du candidat républi-
cain, et par le peu de succès de la candidature
nationaliste, quel chemin ont parcouru les idées
républicaines dans le pays même où avait
été conclu « le pacte de Bordeaux ».
LA SCIENCE MERCENAIRE
La loi sur les accidents du travail a, nous
l'avons dit maintes fois, fourni aux compagnies
.d'assurance et à leurs agents le moyen de com-
mettre maints abus.
: La Compagnie a un auxiliaire indispensable
ùun." ouu vu oc s rn¿docio;a, en effet,à ses gages un docteur chargé d'exa-
miner les blessés, et de donner avant tout au-
tre examen son avis sur leur état.
Rémunérés par les Compagnis,ecertains doc-
teurs, pas tous, il y a heureusement quelques
exceptions, se laissent trop souvent entrainer
et convaincre par leur intérêt, et donnent des
certificats devant lesquels on demeure rêveur.
Par quelle inconscience, par quelle aberra-
tion en arrivent-ils là? Notez bien que le plus
.souvent la Compagnie impose au blessé son
propre médecin et le fait soigner par lui, en
écartant du chevet de l'ouvrier tous ceux qui
pourraient contrôler les observations faites et
donner des conseils utiles.
Les magistrats sont fort au oourant de ces
manœuvres, aussi, lorsqu'il y a le moindre
doute ils s'empressent de. nommer des experts
à l'avis desquels ils se conforment toujours.
Mais, devant l'expert encore, le blessétrouvo
en face de lui, comme un redoutable adver-
saire qui l'effraie, le dément et le trouble, le
médecin de la Compagnie, qui veut faire
triompher ses théories et expliquer ses certi-
ficats.
Et si par hasard l'ouvrier a pu consulter dès
l'origine un autre homme de l'art, un vérita-
ble duel a lieu entre les deux praticiens.
C'est très bien de tenir les intérêts de ceux
qui vous emploicot, mais il serait souhaitable,
que certains médecins des compagnies gar-
dassent un peu plus d'indépendance,et ne ren-
dissent point la science mercenaire. Tout le,
monde y gagnerait. — Charles Darcy.
L'ÉLECTION DE MONTREUIL-VINCENNES
La. candidature républicaine de M. Charles
iDeloncle fait chaque jour des progrès dans les
cantons de Vincennes et de Montreuil.
Dans toutes les réunions publiques où il s'est
rencontré avec ses concurrents, des ordres du
jour ont été votés acclamant sa candidature.
[Son concurrent nationaliste, M. Hémard, ne
: tient plus que de rares réunions privées dans
lesquelles, malgré les efforts de MM. Ferrette,
,Congy, Poirier de Narçay, Bertrou et Firmin
Faure qu'il appelle à la rescousse, il réunit à
ipeine l'approbation des quelques douzaines de
'cléricaux qui le suivent de commune en com-
mune.
Le triomphe de la République est assuré le
1 juillet.
LE VOYAGE DE M. JONNART
Marseille, 12 juillet..
M. Jonnart, gouverneur général de FAIgo-
irio, e"t arrivé ce soir par l'Eugènc-Pereire, cou-
rier d'Alger, de la Compagnie transatlantique.
M. Jonnart se rend directement à Paris.
— 11^
L'EXPÉDITION ZIÉGLER
IDe notre correspondant particulier)
Stockholm, 12 juillet.
, L'expédition polaire de Ziegler est arrivée à:
Vardoc, venant d'Arkhangel, où elle a pris des
chiens à bord.' ,
Elle a l'intention dans ses excursions on trai-
;neau de remplacer les chiens esquimaux par.,
'des chiens sibériens.
HOMMAGE D'UN CHEF DE BRIGANDS
AU ROI DE SERBIE;
.-.-.'
(De netrl correspondant particulier}
Belgrade, 12-juillet.
Le fameux chef dés brigands Hia qui, depuis
longtemps a choisi la région de Rudnik Mmme'
jebamp de ses exploits, a envoyé au roi Pierre
Mme lettre de félicitations'et d'hommage.
Il y écrit entre autres choses :
Si tu donnes des droits et de la liberté à la Ser-
bie, le peuple bénira ton nom et notre pays sera
île Seul au monde où il n'y aura jamais de crime,
,Voilà. pourquoi moi, le roi des forêts,j'exige ?roi couronné, que tu fasses cesser les persécutions
'dont nous sommes l'objet de la part des gendar-
îmes.
La lettre est signée : Hia, roi dos forêts. En
ibas, se trouve le sceau du chef de brigand
avec un glaive et un crâcus comme insignes.
LA STATUE
DE JULES SiMOn
L'inauguration du monument. — L'œu-
: vre de M. Denys Puech. — Les dis-
cours. - L'oeuvre sociale, politi-
que et littéraire de Jules
simoni - Le philosophe.
- Le journaliste. I
f
Place de la. Madeleine, devant la maison où
'Jules Simon passa 50 ans de sa vie, le monu-
ment dû au ciseau de M. Denys Puech a été.
inaugure hier matin. Sobre dans les détails,
l'œuvre du sculpteur repose sur un socle carré:
Jsans aucun ornement, elle n'en est que plus
,imposante. On lit, sur la face antérieure : « Ju-
!les Simon 1814-1896 ; on fait le tour du socle
.pour lire ces simples mots: « Erigé par sous-
cription publique. »
Deux bas-reliefs de bronze sont encastrés
sur les facos latérales. L'un représente Jules
fSimon protestant contre le coup d'Etat du haut
delà chaire de la Sorbonne, le 9 décembre 1851.
Cotte protestation fit supprimer son cours. Sur
l'autre bas-relief, nous voyons Jules Simon
: assis à sa table de travail ; au milieu de ses
.livres le philosophe paraît rêvor. Devant lui
:se déroule son œuvre sociale personnifiée par
,un ouvrier, une ouvrière, un vieillard et un
enfant.
L'homme d'Etat est en redingote, debout,
croisant les bras, dans une altitude simple et
naturelle. Auprès de lui, à sa gauche, une co-
donne basse, ornée de faisceaux, figure la tri-
.bune parlementaire. A ses piods sont épars des
livres.
Rappelons que ce monument figurait au der-
nier Salon sous le n" 3,120, il fut très remar-
qué.
Le matin, avant l'inauguration. dos mains
amies avaient parsemé de fleurs le drapeau tri-
.colore étendu sur le gazon qui entoure le mo-
nument.
Il est exactement 9 heures quand M. Chaumié
pénètre dans l'enceinte réservée.
Aux côtés du ministre, viennent se placer
;les fils de Jules Simon, M. et Mme Lockroy,
MM. Paul Meurice, Georges Hugo, etc. De
;nombreuses délégations représentent le Sénat,
la Chambre des députés, les Académies, etc. :
Parmi les assistants : MM. Charles Dupuy,
Wallon, Frédéric Passy, Adolphe Carnot, Bé-
renger, Perrot, Chaplain, Frémiet, etc.
L'inauguration
La musique du 76* de ligne prélude par quel-
ques morceaux en attendant que tombe le;
.voile. D'unanimes applaudissements saluent
'l'apparition du beau monument de M. Denys
.Puech. M. Fallières, président du comité, prend
le premier la parole et débute ainsi :
En remettant à la Ville de Paris la statue de,
Jules Simon, dont un des maîtres do la sculpture
a si heureusement fait revivre les traits inoubliés,
au pied de cotte maison qui, pendant plus d'un de-
mi-siècle, abrita son modeste foyer, et où sa noble:
veuve l'a pleuré jusqu'à son dernier soupir, nous
: no pouvons nous défendre de l'úmotion que provo-
que, à la vue de cette saisissante image, le souve-
rnir d'une vie, qui, dans sa touchante simplicité, a
reçu une si grande place dans le monde des let-
tres et dans le champ de la politique contempo-:
raine.
L'Université, avant do l'avoir à sa tête, a compté
Jules Simon au nombre doses plus brillants pro-:
fesseurs. Les Académies lui ont ouvert leurs por-
tes. Les Chambres lui ont donné une tribune. Aux
heures les plus terribles ou les plus indécises do
notre histoire, il a eu sa part dans la direction des
'affa.ires publiques. Oit que l'aient conduits les ha-
'sards de la fortune ou les secrets desseins do sa
dostinôe, partout sa hauto personnalité s'est affir-
mée avec une maîtrise qui l'a fait monter au pre-
mier rang.
Jules Simon et le Coup d'Etat
Rappelant l'état du pays. au lendemain du
Coup d'Etat de 1851. le président du Sénat
iévoque le spectacle pénible dè tout un peuple
;so ruant vers la servitude. Jules Simon, alors.
se dressantde toute la hauteur do sa conscience
meurtrie, prononce, à la Sorbonne, des paro-
'les indignées couvertes par des applaudisse-
ments frénétiques.
« Je prends vos applaudissements pour un
serment, reprit gravement Jules Simon. Si ja-
mais vous pactisez avec le crime pour avoir
'yo Ire part dans les bénéfices, souvenez-vous
que vous serez des parjures ! »
Poursuivant son discours, M. Fallières
ajoute:
N'a-t-il pas été, en eflet, en même temps qu'un
des plus vaillants ouvriers de la troisième Républi-
que, un des plus fervents apôtres de la solidarité
sociale? Que d'appels généraux n'a-t-il pas fait en-
: tendre en faveur des déshérités de la terre; ou-
vriers sans travail, malades, sans secours, vieil-
lards sans ressources, enfants abandonnés, lamen-
table cortège des malheureuses victimes de l'impré-
voyance, du vice ou de l'infortune!
Professeur, écrivain, orateur, Jules?Simon a mar-
iqué au premier rang. De ces qualités maîtresses,
'dont une seule eût suffi à illustrer celui qui en
-était doué à ce degré, on ne sait laquelle l'empor-
tait en lui et mérite le plus d'être louée. Ses pa-
roles, ses articles, ses livres, furent de merveilleux
instruments de propagande, et l'immense. popula-
rité qui s'attachait à son nom, dans los dernières
années de l'Empire, ne faisait qu'exprimer la juste
.reconnaissance de la démocratie et du parti répu-
blicain, pour so serviteur courageux, éloquent et
'dévoué.
Jules Simon s'est donné à sa noble tâche de tou-
tes les forces de son âme, c'est aussi de toutes les
forces de son âme qu'il a aimé et servi son pays
Jet la liberté. Ce fut l'honneur de sa vie ; ce sera sa
f gl,oire pour la Postérité !
M. Deville, président du Conseil municipal,
parle après M. Fallières. Puis c'est M. de Selves
qui prononce une courte allocution. La parole
est à M. Chaumié qui rappelle le rôle do Jules
Simon en 1873.
Au.congrès des Sociétés savantes, le 19 avril
, 1873, il rappela les services rendus par la science,
décrivit les misères de notre enseignement supé-
rieur, proclama hautement la grandeur de son rôle
[dans une démocratie, affirma l'impérieuse nécessité
i(le lui assurer une dotation convenable, entrevit
iles groupements féconds des Universités futures.
Tant que nous n'aurons pas donné à la science,
îs'écria-t-il, à l'esprit de recherche et d'investiga-
tion tout ce qui est nécessaire, nous aurons bien
:payé la dette du pays ; nous aurons fait honneur à
nos engagements, mais nous n'aurons pas en-
semencé l'avenir; nous n'aurons pas préparé la
résurrection. »
La majorité réactionnaire de l'Assemblée natio-
nale ne pouvait tolérer le maintien d'un ministre
de l'instruction publique qui affirmait de telles
idées et annonçait un pareil programme. Sous le
iplus vain des prétextes, Jules Simon fut attaqué.
Le 18 mai 1873, il quittait le pouvoir.
De telles pages illustrent et honorent une vie.
:Elfcs placent Jules Simon dans les premiers parmi
ceux qui, aux temps héroïques, ont servi la démo-
cratie et préparé l'avènement 00.1a République.
Elles assurent à son souvenir notre reconnaissance,
nos respects et nos hommages.
Du long discours que prononce* ensuite M.
Paul Deschanel, au nom de l'Académie fran-
çaise, nous.extrayons ce qui suit :
Vous vous rappelez cette caverne décrite par
Platon, où dans une pâle lueur, des malheureux,
enchaînés depuis l'enfance, prennent pour des réa-
lités les ombres indistinctes qui apparaissent au
fond de leur antre, cependant que l'un d'eux, par
l'effort de l'intelligence, rompt ses chaînes et s'é-
lève à la clarté du jour. à la liberté. Mais, quand
51 a découvert eette région supérieure, Platon lui
demaude de redescendre vers ces malheureux,
pour les éclairer, pour apporte êaws leurs tn.
J'rea un rayon duciei.
Cette noble allégorie fut la destinée do Jules
Simon.
M. Georges Picot, secrétaire perpétuel de
; 1 Acadcruio dos scicnc-os morales et politiques,
parle au nom do cette compagnie. M. Picot dit
notamment ;
Il voulait le peuple plus instruit pour qu'ilifûfc
plus sage et partant plus heureux. Il iÙ,dme\tait.
pas que, dans un pays de suffrago poptHaire, ijîti
rciusat l'instruction universelle. A ceux qui von-i
laient enseigner, il ouvrait toutes les portfe, tCé-r
car tant aucun concours, estimant que polpfr uno;
: telle œuvre il n'y aurait jamais trop d'ouvriers. V
Jules Simon journaliste
M. Jean Dupuy, sénateur, prend la parole au-
: nom du syndicat de la Presse parisienne, dont
il est président.
Aussi loin qu'on remonte dans la carrière de
Jules Simon, dit l'orateur, il nous a appartenu.
'Dès 1833, à l'âge do dix-neuf ans, il collaborait à
'un périodique et, en 1896, à l'âge de quatre-vingts
deux ans, il donnait encore ces courts articles,
d'une forme ailée, qu'on cherchait à leur place ha.
bituelle au journal Le Temps.
Citer les feuilles auxquelles il a collaboré, ce se-
rait presque donner la liste des journaux qui, pen-
dant cinquanto ans, servirent la cause de l'indé-
pendance, de l'esprit humain, de la démocratie, de
la liberté.
S'adressant chaque jour à l'opinion publique,
cotte reine moderno, la presse, justemont jalouse
do son indépendance et do son droit de contrôle,
ne saurait oublier la répercussion possible et le
'trouble d'imputations outrageantes ou inconsidé-
rées. Le journaliste ne saurait oublier, à aucun
instant, quai peut faire des blessures profondes,
mais imméritées, dont la guérison ne dépend pas
de lui. ,
C'est là la conception du journalisme qu'avaif
,Jules. Simon, qui aurait brisé sa plume plutôt que
ide la mettre au service de sentiments de haine ou
:ilc vengeance.
Au nom de la Société des gens de lettres, M.
Marcel Prévost, président, actuellement en.
voyage, a chargé M. Fernand Lafargue, vice-
président, do lire son discours qui se termine
ainsi :
Messieurs, le temps m'est trop étroitement me-
suré pour que je tente aujourd'hui plus qu'un sim-
ple hommage à l'auteur des Mémoires des autres.
Ne disons qu'un mot mais disons-le hardiment :
ces courtes nouvelles auraient suffl à sauver son
'nom de l'oubli. C'est la loi inévitable que I'oetivre
politique des hommes s'abolisse. Les doctrines phi-
losophiques ou sociales sont parfois condamnées à
n'être plus, avec le temps, que dfs objets d'érudi-
tion; il y a des pago3- charmantes, précisément
.dans les Mémoires des autres sur cette caducité da
la philosophie. Mais un conte parfatt est uno.
petite chose immortelle; or il en est plusieurs
;d'cxoollents parmi ceux qu'a signés Jules Si-
:mon.
La cérémonie commencée, à 9 h. 114, s'est
achevée un peu après 11 h.
Le comité pour le monument de Jules SimoK
avait reçu ce matin de Bordeaux, la dépêche
suivante :
La ville de Bordeaux ne peut oublier la gTffOdfl
figure de Jules Simon et les œuvres philanthropie
ques et sociales de notre cité auxquelles il apporta
un concours si puissant tiennent à saluer sa mé-
moire d'un souvenir reconnaissant ot ému.
Ont signé : Docteur Lande, maire de Bor
deaux ; Baysselance, président du comité
Jules Simon ; Cazalet, président de ru.
nion des sociétés de gymnastique da
Franco.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
de la nuit
d la Revue des Journaux,
du matin - --
Guillaums 11 et les socialistes
(De notre correspondant particu",
Munich, 12 juillet.
Un des correspondants delà Mùenchener Post
qui a la spécialité, de renseigner le journal -
cialiste sur les affaires intimes de la cour don ")
la version exacte des paroles que Guillaume '., Li
':l prononcées sur les victoires électorales des
socialistes.
L'empereur déjeunait chez son ministre plé- ;
înipotentiaire à Hambourg, M, von Tchirschki.'
'En prenant le café il disaa à son amphy
trion :
Cette bande socialiste devrait être exterminée par'.
le fer et le feu. Dorénavant on ne tolérera pas cette
:molles.e du gouvernement (Schappheit) qu'il J;
avait aux dernières élections.
Guillaume II a promis à M. von Tchirschki
un poste d'ambassadeur s'il travaille dans ca
sens.
■O» --
AU VATICAN
AMÉLIORATION CONTINUE
Le bulletin quotidien. - Le pape ta
mieux, mais ne quitte pas son lit..
- L'opinion du docteur Maz-
zoni. — Dans la salle du
trône.
fDe notre correspondant particulier}
Rome, 12 juillet. ;
Le pape continue d'étonner son entourage
d'abord, le monde ensuite, par sa résistance
extraordinaire.
Malgré tout, la population de Rome s'attend,
à voit trépasser le pontife d'un moment à l'au-
tre. On s'est habitué, ici, à considérer la firaf
imminente do Làon XIII comme une'Chose ab- :
solument normale.
Voici le bulletin. publié à 9 h. du matin*
La nuit s'est passée tranquillement. Un sommeil:
de quelques heures a amélioré de , façon appré- , ,
ciable l'état général du pape. Le pouls est plusf
perceptible et un peuLplua vigoureux. Partions, SLï
Respiration, 30. Température, 3614. Peu de diu.,
rèse. Signé : Mazzoni, Lapponi.
Le pape n'a pas quitté son lit. Les médecins;
l'ont trouvé assez en forces, et avec une grande,
lucidité d'esprit. M. Mazzoni, sortant du Vati-
can, a déclaré qu'on peut se montrer satisfait
du point où en est la maladie, car le pape &
surmonté la période critique..
Les médecins disent que le danger n'est pas
imminent.
La visite de M. Nisard
M. Nisard, ambassadeur de France, s'est"
rendu oe matin au Vatican, où il eut un long en-
tretien avec le cardinal Rampolla.
M. NiSard avait mission de communiquer of-
ficiellement, au nom du gouvernement fran-
çais, au secrétaire d'Etat, l'ajournement du'
voyage du roi d'Italie, et de présenter le3 vœux
de tout le gouvernement pour le rétablissement.
du souverain pontife. L'entretien entre le car..¡
dinal et l'ambassadeur a été particulièrement
cordial..
Léon Xin et lé docteur Mazaoni
Léon XIII voulait quitter son lit, mais le
docteur Mazzoni lui a conseillé d'attendre quel- r
ques heures. :
A un journaliste qui lui demandait s'il était;
vrai que quelques espérances existent, M. Maz-
zoni a répondu : « Pourquoi non D
Les nièces du pape
Léon XIII a reçu hier ses deux nièces, 'ta;
Comtesse Canali et la comtesse Moroni. Leurs,
frères, les Pecci, les ont aussitôt interrogées sari
leur impression. Elles ont répondu qu'elles non
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REDACTION : 14, rue du Mali, Paris
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du sotr à 1 heure du matin
No 12177. - Mardi 14 Juille 1903
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s'absentent de chez eux pendant l'été
et qui craignent de ne pas trouver le jour-
nal dans les localités où ils vont, nous
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nant 0 fr. Oo centimes par numéro pour la
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- 20 — 1 fr. »»
- 30 - 1 fr. 50
NOS LEADERS
JULES SIMON
Remarquez que M. Chaumié, mi-
nistre de l'instruction publique d'un
gouvernement qui se flatte d'aller de
l'avant; M. Paul Deschanel, député
et académicien centre-gaucher ; M. De-
ville, conseiller municipal réaction-
naire ; M. Jean Dupuy, ancien mem-
bre d'un cabinet dont le républicanisme
ne fut pas et ne pouvait pas être con-
testé - remarquez, dis-je, que ces
personnalités diverses par les idées,
les. tendances et les aspirations, n'ont
eu que des louanges pour la vie et
l'œuvre de M. Jules Simon.
On inaugurait hier la statue qui —
Lucien Victor-Meunier l'a fait obser-
ver avec raison — débarrassera à l'a-
venir les locataires des maisons de la
place de la Madeleine des moustiques
innombrables nourris par la vasque
d'eau aujourd'hui démolie.
Cette statue aura un autre avantage:
elle affirmera aux générations futures
que Jules Simon fut un grand péda-
gogue, un grand journaliste, un grande
orateur et un grand homme d'Etat.
Grand journaliste et grand orateur,,
je veux bien. Et c'est sur ces deux
points que tout le monde peut êlre
d'accord. Je ne vois pas au nom de
quel principe nous contesterions qu'on
lisait et qu'on écoutait avec plaisir ce;
qu'écrivait et ce que disait Jules Si-'
mon.
De là à le proclamer grand pédago-
gue et grand homme d'Etat, il y a de
la marge. Car il ne restera pas beau-7
coup de choses de ses idées dans
l'école de demain ni dans la société qui
se prépare.
Jules Simon avait voulu l'avène-
ment de la République. Quand la Ré-
publique fut venue, il commença à- la
craindre et à combattre les mesures
par lesquelles elle essayait de se réali-
ser.
***
M. Chaumié,résolu à ne dire que des
choses aimables à la statue qu'on ve-
nait de dévoiler, s'est tiré d'affaire en
parlant seulement du Jules Simon qui
protesta, en chaire, contre le coup;
d'Etat, qui opposa la pensée démocra-
tique à l'empire, et qui, ministre de
l'instruction publique, lors des pre-
mières années du régime actuel, osa
apporter à l'Assemblée nationale, si
réactionnaire, un projet sur l'ensei-
gnement obligatoire. ;
C'est certainement une très belle fi-
gure. L'histoire, il faut l'espérer, n'en
-connaîtra pas d'autre. Et la postérité
ignorera à peu près le Jules Simon qui
voulut, par la suite, une République
déiste, plaçant l'idée de Dieu à la base:
et au sommet de l'Enseignement pu-
blic.
Il était libéral ; par exemple, son U-1
Leralisme était, au fond, du conserva-,
tisme.
En 1881, il combattit, au Sénat, le:
principe de la laïcité de l'enseignement;
il voulut que les programmes officiels.,
comprissent l'examen des « devoirs en-
vers Dieu et envers la Patrie ». Jules
Perry objecta d'un mot qui est resté,
célèbre, que « 1'0,11 ne vote pas Dieu■
dans les assemblées
1 En effet, les libres-penseurs n'ont,
pas l'idée de soumellre Dieu à l'é-
preuve d'un scrutin. Mais la démocra-
tie française a le malheur traditionnel:
île voir de temps en temps s'élever au-
dessus d'elle des philosophes spiritual
listes dont la religion amorphe s'af-
firme par de maniaques et violentes
manifestations.
Je sais que la Révolution française
était déjà un bloc,, et qu'il est interdit
æélrospcÔtivemcnl d'en rien distraire ;:
toutefois il est permis de rappeler que;
Robespierre lit des pieds et des mains
pour faire décréter « que le peuple-i
français croyait à l'Etre suprême et à;
^immortalité de rame ». Comme les,
Dantonistes et les Héberlistes s'obsu.i
'naiént dans une regrettable incrédulité;
»n les envoya cracher à ce « vasistas »/
Sont parlait le Père Duchesné.. "-
, ,.,.**, -
Si Jules Simon avait eu la toute-,
puissance de Robespierre, il y a lieu
ide croire qu'il n'eût pas donné à la
guillotine la mission de trancher son
différend avec Jules Ferry. Il eût pu,
Simplement, faire beaucoup de mal à la
Société laïque. « Pendant la période ac-
live de ma vie, disait-il, nous avions
(ous cette Croyance en Dieu ; nous Te-
ndions comme notre premier devoir
d'enseigner Dieu aux enfants, comme
notre premier devoir de législateur:
d'écrire « Dieu » dans nos lois, comme
notre premier devoir de républicain de;
venger la République de toutes les at-j
taques qu'on lui fait quand on dit:
qu'elle est impie. Nous désirons le';
nom de Dieu dans la loi pour nous ;
nous le désirons aussi pour les simples
et pour les déshérités. Nous croyons
que, si on ne-leur parlait que d'arith-
métique, la société serait bien dure
pour eux, et qu'elle leur doit quelque
consolation et quelque poésie. »
Jules Simon aurait rougi de sa doc-
trine, s'il en avait aperçu la sécheresse
iet l'étroitesse. La société doit mieux
,aux déshérités que la consolation pro-
blématique du Paradis,etla poésie déce-
vante du renoncement. Elle doit aux
pauvres plus de justice dans les rap-
ports économiques, plus d'égalité
dans la répartition des charges. Pour
l'arithmétique, il est exact qu'elle ne
recèle pas le secret du bonheur ; mais
la science, d'une façon générale, l'his-
toire, et les lettres, dans ce qu'elles
ont d'accessible aux « simples », com-
portent des enseignements plus récon-
fortants que ceux du catéchisme.
Les idées de la laïcité de l'Etat et de:
la solidarité sociale sont enfin au des-
sus des contestations d'une médiocre
métaphysique parlementaire. Et' l'on se
souvient de la stupéfaction que causa
àla Chambre, il ya quelques mois, une
tentative de restauration du spiritua-
lisme d'Etat.
De tels débats ne passionneront plus.
Les discussions de 1881 n'attireront plus
que l'attention des historiens de pro-
fession. Aussi le Jules Simon que con-l
naîtront nos fils, sera-ce le Jules Si-
mon de 1852 et de 1870. Celui-là, je
le répète, mérite la reconnaissance
des républicains.
Hugues Destrem.
SUR LA VOIE DE LA RÉSIPISCENCE
Y sommes-nous, « sur la voie
de la résipiscence )) ? le pape
voudrait le croire, le cardinal
Ferrata en est convaincu ; c'est
du moins ce qui ressort du récit
d'une - coiavcreation que cette
éminence vient d avoir avec le Saint-Père.
Quand Sa Sainteté a vu Son Eminence
entrer dans sa chambre, elle a tout de
suite pensé à la France, car, je ne sais pas
personnellement pourquoi, mais c'est un
'fait : pour le pape, Mgr Ferrata représente
la France, et quand il l'aperçoit, il croit,
voir notre pays. Quand donc il a vu entrer
iM. Ferrata, il s'est écrié;
- Ah! cette France, il faut la rendre un
peu meilleure î ,:
M. Ferrata, qui paraît être un homme ;
de tête et de sang-froid, a répondu avec un
a-propos qu'il faut louer :
— Iî faut tenir compte à cette noble nà-i
ition des sentiments de regrets et de si grand
attachement qu'elle montre tous ces jours-
ci. IL semble qu'elle se soit mise sur la voie
de la résipiscence.
Le pape ne fut pas du tout estomaqué j
par cette déclaration hardie que les senti-j
ments de naturelle pitié que l'on éprouve
pour les souffrances d'un vieillard de 94 ans
à son lit de mort devaient être compris en
ce sens que la France voulait se réconci-
lier avec la moinerie et il répondit tranquil-
lement :
.- Fasse le Seigneur !
La question est donc posée : Sommes-
nous, ou ne sommes-nous pas « sur la voie
de la résipiscence ? » Sommes-nous résolus
à donner à celui qui, depuis que le denier
de St-Pierre est tari, tire des couvents la
majeuie partie de ses revenus, sommes-
nous résolus à donner à la papauté des
moines, cette satisfaction de laisser fléchir
la loi de juillet igoi, qui stipule que les
couvents non autorisés seront supprimés ?
A Rome.ils feront tout pour arriver à ce ré-
sultat ; jusqu'à nous menacer d'un con-
clave hostile à la France; M. Joseph Gal-
tier, le correspondant du Temps à Rome, a
de curieux tuyaux sur cet état d'esprit:
« On ne saurait contester, écrit de là-bas,
poire confrère, qu'il existe chez les cardi-
naux qui vont élire le nouveau pape un
sentiment très vif de lassitude et d'impa-
tience contre la politique actuelle de la
France. Les intérêts français risquent donc
de ne pas trouver au conclave la considéra-
tion et le crédit dus à la <( fille aînée de
:« l'Eglise». Telle est la force de ce sentiment
de lassitude que déjà le Vatican l'avait ex-
primé officiellement-. C'est grâce à l'estime
et à la sympathie .qui s'attachent à la per-
sonne de notre ambassadeur qu'on en a si-
'non arrêté, du moins modéré, à plusieurs
reprises, l'expression très nette. »
Si après cela nous n'entrons pas « dans
la voie de la résipiscence » c'est que nous
sommes des chrétiens décidément peu faciles
à mener. De bons esprits parlent ici de la
dénonciation du Concordat ; si Rome pre-
nait les devants, en le dénonçant elle-mê-
me? Dame! ce serait toujours autant de
*
*
Les armements de la Turquie
f De notre correspondant particulier)
Sofia, 12 juillet.
Presque toutes les troupes que le gouverne-
ment ottoman anait envoyées coptre les Alba-
nais viennent d'être dirigées vers la frontière
:bulgare. -' - -
Le général Amar Radji Pacha a reçu,, lui
aussi, l'ordre de marcher sur la frontière afin
dç renforcer les trois corps d'armée qui y sont
concentrés.
En Albanie, on n'a laissé que deux divisions
; d'infanterie sous le commandement do Salrir
Pacha.
Des transports de troupes arrivent sanscesse
de Constantinople dans le vilayot d'Andri-
nople. d'Andri-
Tous les dépôts de guerre sont approvision-
nés pour les besoins.de la gnorre.
l, Ces déplacements de troupes ont lieu pen-
dant la-nui^v • ---- -
CAUSERIE PEDAGOGIQUE
CLERICALESI
Sur le relèvement projeté des traite-
ments. — Judicieuses réflexions. —
Institutrices laïques. de atm. -
Tontes les institutrices ne sont
pas cléricales. — Vaste péti-
tionnement.
Cléricales! tel est le titre d'un exoellent arti-
cle du dernier Bulletin mensuel de l'Union pé-
dagogique du Rhône. L'auteur, « une semeuse »,.
y relève vivement un propos prêté à l'honora-:
ble M. Bepmale, ancien rapporteur du budget;
de l'instruction publique. Au sujet de l'amé-
lioration projetée des traitements du personnel
enseignant primaire, M. Bepmalo aurait dit :
« Nous n'augmenterons pas les institutrices
parce quelles sont des cléricales. »
Cette déclaration suggère à notre confrère de
fort judicieuses réflexionset une légitime protes-
tation. Nous devons dire toutefois que dès que
nous en avons eu connaissance, nous avons été
pris d'un doute. Cette déclaration est-elle au-
'tbentique? Des personnes dignes do foi nous
ont assuré qu'elle a été faite dans une réunion
d'instituteurs tenue, il y a quelque temps, à
Saint-Etienne.
Mais elle est tellement extravagante que
malgré tout nous ne voulons pas croire qu'elle
: est sortie de la bouche de M. Bepmale. M.
Bepmale ne manquera pas de la renier. Nous
enregistrerons son démenti avec plaisir. Le mot
qui lui est attribué est malheureux. Il ne faut
pas le laisser courir, ne serait-ce que parce
qu'il choque la vérité. Sous sa forme absolue,
en 'effet, il exprime une erreur grossière comme
le fait observer avec beaucoup de raison l'arti-
cle dont nous parlons plus haut.
« Je ne dirai pas, dit l'auteur, que M. Bep-
« male n'a rencontré - même dans sa cir-.
« conscrietion - qu'une seule institutrice clé.
« ricale. Nous savons qu'il y a des institutrices.
« qui ne sont encore laïques que de nom; nous,
« savons qu'il y a des écoles qui au point de;
•« vue religieux peuvent faire concurrencé ài
leurs voisines congréganistes.
r « Mais de là à porter le jugement cité plus
;« haut, il y a plus qu'une généralisation trop
« hâtive ; il y a un parti-pris évident. Toutes
;<( les institutrices ne sont pas cléricales. »
C'est trop clair. M. Bepmale ne saurait le
contester.
; En admettant qu'il soit convaincu du cléri-.
calisme des institutrices — et il ne serait pas
le seul de son opinion— il reconnaîtBa sûre-
ment qu'il y a, à titre d'exception, beaucoup
d'institutrices qui sont de fermes libres-pen-
seuses.
Aussi bien dans le propos qui lui est prêté,
ce qui nous offense n'est pas d'entendre traiter
les institutrices de cléricales, c'est d'entendre
proclamer que parce qu'un grand nombre
d'entre elles le sont, les traitements de toutes
resteront sans augmentation, tandis que ceux
des hommes seront améliorée.
Proposition impossible
Une pareille pensée est odieuse, et nous pou-
vons bien mettre au défi qui que ce soit d'on
faire l'objet d'une proposition au Parlement.
Pour trois motifs qui apparaissent tout de
suite à tous les yeux, elle ne serait pas soute-
nable.
D'abord on posant comme un principe qu'il
n'y a pas lieu de s'occuper des intérêts des
femmes, elle froisserait fort la galanterie fran
çaise qui n'a pas encore complètement dispa-
ru. Il en résulterait un antagonisme, une lutte
déplorable entre les deux sexes.
Elle créerait un état d'esprit des plus fâcheux
dansle personnel enseignant.
Elle y briserait des liens de solidarité pro-
fessionnelle qu'il est désiTable, au contraire, de
rendre plus solides. La République perdrait la
confiance des institutrices qui sont venues à elle
avec tout le dévouement de leurs cœurs de
femmes.
L'émancipation religieuse
L'émancipation religieuse de nos foyers se-
rait retardée de plusieurs générations, car l'ins-
titutrice lésée dans ses droits, oe serait, à cause
de son dépit et do sa sentimentalité, l'institu-
trice retournant au conféssionnal pour retrou-
ver la résignation. Par suite, ce serait l'éduca-
tion des filles inféodée de nouveau à l'Eglise, là
même où l'affranchissement a déjà commencé.
En deuxième liou, la punition de toutes les
institutrices pour les sentiments d'un certain
•nombre d'entre elles serait souverainement in-
juste. Il serait impossible de la justifier. Per-
sonne ne saurait donc la réclamer. Un corps de
fonctionnaires, de même qu'une famille, ne
pout être rendu responsable des fautes de quel-
ques-uns dé ses membres.
Enfin et surtout il serait inique de vouloir
'rétribuer Jes institutrices non plus d'après leurs
services-mais d'après les opinions de la ma-
jorité d'entre elles..
Formule claire
L'année dernière un vaste pétitionnement a
;eu liçu dans lo personnel enseignant primaire
(pour revendiquer en faveur des institutrices
'des traitements égaux à ceux des instituteurs.
'La plupart de ces derniers ont signé avec em-
pressement. On disait alors : à travail égal,
Salaire égah
- La formule était claire,, juste,, belle.. Voilà
qu'on voudrait la remplacer par cette autre;
xar non seulement cette seconde formule viole
les notions les plus élémentaires de la justice
asociale, mais encore et heureusement, elle est
ridicule et inapplicable. Le moyen s'il vous
:platt d'établir une échellede traitements répon-
dant nux mille- nuances des idées aussi varia-
ibles d'ailleurs que variées- de ceux pour les-
:quels elle serait faite ? S'il était possible de la
dresser,ce serait sûrement l'échelle la plus mobile
;qu'on ait jamais vue. Je. plaindrais de tout
'mon cœur ceux qui seraient chargés de la
"maintenir au niveau de l'état d'âme -des fonc-
tionnaires ondoyants et divers.
Mais celui qui en proposerait la création ne
':!l'attireratt pas seulement des buées, il provo-
Iquerait un fou rire.
Il n'y a pas à s'alarmer
Les institutrices n'ont donc pas à s'alarmer
;du propos attribué à M. Bepmale. Je répète au
[surplus que jusqu'à plus arnplc informé j'aime
¡ à croire que le propos n'a pas été tenu. 11 est
i invraisemblable daqjs la bouche d'un homme
ide jugement et de valeur. Il ne traduit nulle-
ment en tous.-c-a-, les sentiments de la Chambre.
On pourra s'en rendre compte quand viendra
fia discussion des projets de lois sur le classe-
.ment %t l'avancement des instituteurs et des
institutrices:
Il est vrai que cette discussion toujours an-
noncée, amorcée même & deux ou trois repri-
ses, semble avoir été reculée comme à plaisir
jusqu'à présent. Sur le point d'être inscrite
; plusieurs fois à l'ordre du jour de la Chambre
jolie a été en définitive renvoyée après. les va-
cances.
Certes, la loi qui en sortira ne sera pas im-
.provisée ! Seulement il faut avouer que l'at-
tente des intéressés est prolongée outre megure.
L'impatience des instituteurs est aussi gran-
de et légitime que cello des institutrices. Eux
r non plus n'ont pas été augmentés ; il importe
de le remarquer. Seraieal-ils par hasard de-
venus cléricaux ? ou bien nos députés auraient-
ils cessé d'avoir pour l'école primaire laïque
juae amitié ferme, sincère et agissante ? C'est
une question qu'on commence à se poser.
ARMAND DEPPER.
-————————-————— ■
AU 19e ARRONDISSEMENT
Le comité législatif républicain d'Union so-
cialiste de la 2* circonscription du 19* arron-
dissement a tenu samedi soir, salle Dagorno,
190, rue d'Allemagne, uno importante réunion,
dans laquelle notre rédacteur en chef, M. Char-
les Bos, a développé, aux applaudissements
unanimes de l'assemblée, son rôle dans la lutte;
contre les congrégations et son intervention-
pour faire respecter la liberté individuelle.
Comme suite à son beau discours, l'ordre du
jour suivant a été voté à l'unanimité :
Les membres du comité législatif républi-
cain d'Union socialiste, réunis salle Dagorno,
190, rue d'Allemagne, au nombre d'environ 200,
Après avoir entendu les explications si net-
tement républicaines et si anticléricales du
citoyen Charles Bos,
L'approuvent dans l'action qui a pour but de
faire triompher les principes mêmes de la Ré-
volution, en combaUant les congrégations, non
seulement au sein de la commission, mais en-
core au Parlement,
Ils comptent sur lui pour mener à b14sn cette
œuvre d'épuration cléricale et faire respecter
la liberté individuelle.
Ils lèvent la séance aux cris de : Vive la Ré-
publique 1. vraiment démocratique!
Le Président : Pocquet, 90, rue de
la Villette; le Secrétaire : MERLE,
1, rue de Romainville.
♦
ÉLECTION LÉGISLATIVE
Bordeaux (4t circonscription)
Inscrits : 21.406 — Votants : 13.645
MM. Videau, répub. minist. 7.871 ELU
Johnston, progressiste. 4.658
Chiché, nationaliste. 686
Il s'agissait do remplacer M. Decrais, élu sé-
nateur.
On voit par le triomphe du candidat républi-
cain, et par le peu de succès de la candidature
nationaliste, quel chemin ont parcouru les idées
républicaines dans le pays même où avait
été conclu « le pacte de Bordeaux ».
LA SCIENCE MERCENAIRE
La loi sur les accidents du travail a, nous
l'avons dit maintes fois, fourni aux compagnies
.d'assurance et à leurs agents le moyen de com-
mettre maints abus.
: La Compagnie a un auxiliaire indispensable
ùun." ouu vu oc s rn¿docio;
miner les blessés, et de donner avant tout au-
tre examen son avis sur leur état.
Rémunérés par les Compagnis,ecertains doc-
teurs, pas tous, il y a heureusement quelques
exceptions, se laissent trop souvent entrainer
et convaincre par leur intérêt, et donnent des
certificats devant lesquels on demeure rêveur.
Par quelle inconscience, par quelle aberra-
tion en arrivent-ils là? Notez bien que le plus
.souvent la Compagnie impose au blessé son
propre médecin et le fait soigner par lui, en
écartant du chevet de l'ouvrier tous ceux qui
pourraient contrôler les observations faites et
donner des conseils utiles.
Les magistrats sont fort au oourant de ces
manœuvres, aussi, lorsqu'il y a le moindre
doute ils s'empressent de. nommer des experts
à l'avis desquels ils se conforment toujours.
Mais, devant l'expert encore, le blessétrouvo
en face de lui, comme un redoutable adver-
saire qui l'effraie, le dément et le trouble, le
médecin de la Compagnie, qui veut faire
triompher ses théories et expliquer ses certi-
ficats.
Et si par hasard l'ouvrier a pu consulter dès
l'origine un autre homme de l'art, un vérita-
ble duel a lieu entre les deux praticiens.
C'est très bien de tenir les intérêts de ceux
qui vous emploicot, mais il serait souhaitable,
que certains médecins des compagnies gar-
dassent un peu plus d'indépendance,et ne ren-
dissent point la science mercenaire. Tout le,
monde y gagnerait. — Charles Darcy.
L'ÉLECTION DE MONTREUIL-VINCENNES
La. candidature républicaine de M. Charles
iDeloncle fait chaque jour des progrès dans les
cantons de Vincennes et de Montreuil.
Dans toutes les réunions publiques où il s'est
rencontré avec ses concurrents, des ordres du
jour ont été votés acclamant sa candidature.
[Son concurrent nationaliste, M. Hémard, ne
: tient plus que de rares réunions privées dans
lesquelles, malgré les efforts de MM. Ferrette,
,Congy, Poirier de Narçay, Bertrou et Firmin
Faure qu'il appelle à la rescousse, il réunit à
ipeine l'approbation des quelques douzaines de
'cléricaux qui le suivent de commune en com-
mune.
Le triomphe de la République est assuré le
1 juillet.
LE VOYAGE DE M. JONNART
Marseille, 12 juillet..
M. Jonnart, gouverneur général de FAIgo-
irio, e"t arrivé ce soir par l'Eugènc-Pereire, cou-
rier d'Alger, de la Compagnie transatlantique.
M. Jonnart se rend directement à Paris.
— 11^
L'EXPÉDITION ZIÉGLER
IDe notre correspondant particulier)
Stockholm, 12 juillet.
, L'expédition polaire de Ziegler est arrivée à:
Vardoc, venant d'Arkhangel, où elle a pris des
chiens à bord.' ,
Elle a l'intention dans ses excursions on trai-
;neau de remplacer les chiens esquimaux par.,
'des chiens sibériens.
HOMMAGE D'UN CHEF DE BRIGANDS
AU ROI DE SERBIE;
.-.-.'
(De netrl correspondant particulier}
Belgrade, 12-juillet.
Le fameux chef dés brigands Hia qui, depuis
longtemps a choisi la région de Rudnik Mmme'
jebamp de ses exploits, a envoyé au roi Pierre
Mme lettre de félicitations'et d'hommage.
Il y écrit entre autres choses :
Si tu donnes des droits et de la liberté à la Ser-
bie, le peuple bénira ton nom et notre pays sera
île Seul au monde où il n'y aura jamais de crime,
,Voilà. pourquoi moi, le roi des forêts,j'exige
'dont nous sommes l'objet de la part des gendar-
îmes.
La lettre est signée : Hia, roi dos forêts. En
ibas, se trouve le sceau du chef de brigand
avec un glaive et un crâcus comme insignes.
LA STATUE
DE JULES SiMOn
L'inauguration du monument. — L'œu-
: vre de M. Denys Puech. — Les dis-
cours. - L'oeuvre sociale, politi-
que et littéraire de Jules
simoni - Le philosophe.
- Le journaliste. I
f
Place de la. Madeleine, devant la maison où
'Jules Simon passa 50 ans de sa vie, le monu-
ment dû au ciseau de M. Denys Puech a été.
inaugure hier matin. Sobre dans les détails,
l'œuvre du sculpteur repose sur un socle carré:
Jsans aucun ornement, elle n'en est que plus
,imposante. On lit, sur la face antérieure : « Ju-
!les Simon 1814-1896 ; on fait le tour du socle
.pour lire ces simples mots: « Erigé par sous-
cription publique. »
Deux bas-reliefs de bronze sont encastrés
sur les facos latérales. L'un représente Jules
fSimon protestant contre le coup d'Etat du haut
delà chaire de la Sorbonne, le 9 décembre 1851.
Cotte protestation fit supprimer son cours. Sur
l'autre bas-relief, nous voyons Jules Simon
: assis à sa table de travail ; au milieu de ses
.livres le philosophe paraît rêvor. Devant lui
:se déroule son œuvre sociale personnifiée par
,un ouvrier, une ouvrière, un vieillard et un
enfant.
L'homme d'Etat est en redingote, debout,
croisant les bras, dans une altitude simple et
naturelle. Auprès de lui, à sa gauche, une co-
donne basse, ornée de faisceaux, figure la tri-
.bune parlementaire. A ses piods sont épars des
livres.
Rappelons que ce monument figurait au der-
nier Salon sous le n" 3,120, il fut très remar-
qué.
Le matin, avant l'inauguration. dos mains
amies avaient parsemé de fleurs le drapeau tri-
.colore étendu sur le gazon qui entoure le mo-
nument.
Il est exactement 9 heures quand M. Chaumié
pénètre dans l'enceinte réservée.
Aux côtés du ministre, viennent se placer
;les fils de Jules Simon, M. et Mme Lockroy,
MM. Paul Meurice, Georges Hugo, etc. De
;nombreuses délégations représentent le Sénat,
la Chambre des députés, les Académies, etc. :
Parmi les assistants : MM. Charles Dupuy,
Wallon, Frédéric Passy, Adolphe Carnot, Bé-
renger, Perrot, Chaplain, Frémiet, etc.
L'inauguration
La musique du 76* de ligne prélude par quel-
ques morceaux en attendant que tombe le;
.voile. D'unanimes applaudissements saluent
'l'apparition du beau monument de M. Denys
.Puech. M. Fallières, président du comité, prend
le premier la parole et débute ainsi :
En remettant à la Ville de Paris la statue de,
Jules Simon, dont un des maîtres do la sculpture
a si heureusement fait revivre les traits inoubliés,
au pied de cotte maison qui, pendant plus d'un de-
mi-siècle, abrita son modeste foyer, et où sa noble:
veuve l'a pleuré jusqu'à son dernier soupir, nous
: no pouvons nous défendre de l'úmotion que provo-
que, à la vue de cette saisissante image, le souve-
rnir d'une vie, qui, dans sa touchante simplicité, a
reçu une si grande place dans le monde des let-
tres et dans le champ de la politique contempo-:
raine.
L'Université, avant do l'avoir à sa tête, a compté
Jules Simon au nombre doses plus brillants pro-:
fesseurs. Les Académies lui ont ouvert leurs por-
tes. Les Chambres lui ont donné une tribune. Aux
heures les plus terribles ou les plus indécises do
notre histoire, il a eu sa part dans la direction des
'affa.ires publiques. Oit que l'aient conduits les ha-
'sards de la fortune ou les secrets desseins do sa
dostinôe, partout sa hauto personnalité s'est affir-
mée avec une maîtrise qui l'a fait monter au pre-
mier rang.
Jules Simon et le Coup d'Etat
Rappelant l'état du pays. au lendemain du
Coup d'Etat de 1851. le président du Sénat
iévoque le spectacle pénible dè tout un peuple
;so ruant vers la servitude. Jules Simon, alors.
se dressantde toute la hauteur do sa conscience
meurtrie, prononce, à la Sorbonne, des paro-
'les indignées couvertes par des applaudisse-
ments frénétiques.
« Je prends vos applaudissements pour un
serment, reprit gravement Jules Simon. Si ja-
mais vous pactisez avec le crime pour avoir
'yo Ire part dans les bénéfices, souvenez-vous
que vous serez des parjures ! »
Poursuivant son discours, M. Fallières
ajoute:
N'a-t-il pas été, en eflet, en même temps qu'un
des plus vaillants ouvriers de la troisième Républi-
que, un des plus fervents apôtres de la solidarité
sociale? Que d'appels généraux n'a-t-il pas fait en-
: tendre en faveur des déshérités de la terre; ou-
vriers sans travail, malades, sans secours, vieil-
lards sans ressources, enfants abandonnés, lamen-
table cortège des malheureuses victimes de l'impré-
voyance, du vice ou de l'infortune!
Professeur, écrivain, orateur, Jules?Simon a mar-
iqué au premier rang. De ces qualités maîtresses,
'dont une seule eût suffi à illustrer celui qui en
-était doué à ce degré, on ne sait laquelle l'empor-
tait en lui et mérite le plus d'être louée. Ses pa-
roles, ses articles, ses livres, furent de merveilleux
instruments de propagande, et l'immense. popula-
rité qui s'attachait à son nom, dans los dernières
années de l'Empire, ne faisait qu'exprimer la juste
.reconnaissance de la démocratie et du parti répu-
blicain, pour so serviteur courageux, éloquent et
'dévoué.
Jules Simon s'est donné à sa noble tâche de tou-
tes les forces de son âme, c'est aussi de toutes les
forces de son âme qu'il a aimé et servi son pays
Jet la liberté. Ce fut l'honneur de sa vie ; ce sera sa
f gl,oire pour la Postérité !
M. Deville, président du Conseil municipal,
parle après M. Fallières. Puis c'est M. de Selves
qui prononce une courte allocution. La parole
est à M. Chaumié qui rappelle le rôle do Jules
Simon en 1873.
Au.congrès des Sociétés savantes, le 19 avril
, 1873, il rappela les services rendus par la science,
décrivit les misères de notre enseignement supé-
rieur, proclama hautement la grandeur de son rôle
[dans une démocratie, affirma l'impérieuse nécessité
i(le lui assurer une dotation convenable, entrevit
iles groupements féconds des Universités futures.
Tant que nous n'aurons pas donné à la science,
îs'écria-t-il, à l'esprit de recherche et d'investiga-
tion tout ce qui est nécessaire, nous aurons bien
:payé la dette du pays ; nous aurons fait honneur à
nos engagements, mais nous n'aurons pas en-
semencé l'avenir; nous n'aurons pas préparé la
résurrection. »
La majorité réactionnaire de l'Assemblée natio-
nale ne pouvait tolérer le maintien d'un ministre
de l'instruction publique qui affirmait de telles
idées et annonçait un pareil programme. Sous le
iplus vain des prétextes, Jules Simon fut attaqué.
Le 18 mai 1873, il quittait le pouvoir.
De telles pages illustrent et honorent une vie.
:Elfcs placent Jules Simon dans les premiers parmi
ceux qui, aux temps héroïques, ont servi la démo-
cratie et préparé l'avènement 00.1a République.
Elles assurent à son souvenir notre reconnaissance,
nos respects et nos hommages.
Du long discours que prononce* ensuite M.
Paul Deschanel, au nom de l'Académie fran-
çaise, nous.extrayons ce qui suit :
Vous vous rappelez cette caverne décrite par
Platon, où dans une pâle lueur, des malheureux,
enchaînés depuis l'enfance, prennent pour des réa-
lités les ombres indistinctes qui apparaissent au
fond de leur antre, cependant que l'un d'eux, par
l'effort de l'intelligence, rompt ses chaînes et s'é-
lève à la clarté du jour. à la liberté. Mais, quand
51 a découvert eette région supérieure, Platon lui
demaude de redescendre vers ces malheureux,
pour les éclairer, pour apporte êaws leurs tn.
J'rea un rayon duciei.
Cette noble allégorie fut la destinée do Jules
Simon.
M. Georges Picot, secrétaire perpétuel de
; 1 Acadcruio dos scicnc-os morales et politiques,
parle au nom do cette compagnie. M. Picot dit
notamment ;
Il voulait le peuple plus instruit pour qu'ilifûfc
plus sage et partant plus heureux. Il iÙ,dme\tait.
pas que, dans un pays de suffrago poptHaire, ijîti
rciusat l'instruction universelle. A ceux qui von-i
laient enseigner, il ouvrait toutes les portfe, tCé-r
car tant aucun concours, estimant que polpfr uno;
: telle œuvre il n'y aurait jamais trop d'ouvriers. V
Jules Simon journaliste
M. Jean Dupuy, sénateur, prend la parole au-
: nom du syndicat de la Presse parisienne, dont
il est président.
Aussi loin qu'on remonte dans la carrière de
Jules Simon, dit l'orateur, il nous a appartenu.
'Dès 1833, à l'âge do dix-neuf ans, il collaborait à
'un périodique et, en 1896, à l'âge de quatre-vingts
deux ans, il donnait encore ces courts articles,
d'une forme ailée, qu'on cherchait à leur place ha.
bituelle au journal Le Temps.
Citer les feuilles auxquelles il a collaboré, ce se-
rait presque donner la liste des journaux qui, pen-
dant cinquanto ans, servirent la cause de l'indé-
pendance, de l'esprit humain, de la démocratie, de
la liberté.
S'adressant chaque jour à l'opinion publique,
cotte reine moderno, la presse, justemont jalouse
do son indépendance et do son droit de contrôle,
ne saurait oublier la répercussion possible et le
'trouble d'imputations outrageantes ou inconsidé-
rées. Le journaliste ne saurait oublier, à aucun
instant, quai peut faire des blessures profondes,
mais imméritées, dont la guérison ne dépend pas
de lui. ,
C'est là la conception du journalisme qu'avaif
,Jules. Simon, qui aurait brisé sa plume plutôt que
ide la mettre au service de sentiments de haine ou
:ilc vengeance.
Au nom de la Société des gens de lettres, M.
Marcel Prévost, président, actuellement en.
voyage, a chargé M. Fernand Lafargue, vice-
président, do lire son discours qui se termine
ainsi :
Messieurs, le temps m'est trop étroitement me-
suré pour que je tente aujourd'hui plus qu'un sim-
ple hommage à l'auteur des Mémoires des autres.
Ne disons qu'un mot mais disons-le hardiment :
ces courtes nouvelles auraient suffl à sauver son
'nom de l'oubli. C'est la loi inévitable que I'oetivre
politique des hommes s'abolisse. Les doctrines phi-
losophiques ou sociales sont parfois condamnées à
n'être plus, avec le temps, que dfs objets d'érudi-
tion; il y a des pago3- charmantes, précisément
.dans les Mémoires des autres sur cette caducité da
la philosophie. Mais un conte parfatt est uno.
petite chose immortelle; or il en est plusieurs
;d'cxoollents parmi ceux qu'a signés Jules Si-
:mon.
La cérémonie commencée, à 9 h. 114, s'est
achevée un peu après 11 h.
Le comité pour le monument de Jules SimoK
avait reçu ce matin de Bordeaux, la dépêche
suivante :
La ville de Bordeaux ne peut oublier la gTffOdfl
figure de Jules Simon et les œuvres philanthropie
ques et sociales de notre cité auxquelles il apporta
un concours si puissant tiennent à saluer sa mé-
moire d'un souvenir reconnaissant ot ému.
Ont signé : Docteur Lande, maire de Bor
deaux ; Baysselance, président du comité
Jules Simon ; Cazalet, président de ru.
nion des sociétés de gymnastique da
Franco.
Voir à la 3* page
les Dernières Dépêches
de la nuit
d la Revue des Journaux,
du matin - --
Guillaums 11 et les socialistes
(De notre correspondant particu",
Munich, 12 juillet.
Un des correspondants delà Mùenchener Post
qui a la spécialité, de renseigner le journal -
cialiste sur les affaires intimes de la cour don ")
la version exacte des paroles que Guillaume '., Li
':l prononcées sur les victoires électorales des
socialistes.
L'empereur déjeunait chez son ministre plé- ;
înipotentiaire à Hambourg, M, von Tchirschki.'
'En prenant le café il disaa à son amphy
trion :
Cette bande socialiste devrait être exterminée par'.
le fer et le feu. Dorénavant on ne tolérera pas cette
:molles.e du gouvernement (Schappheit) qu'il J;
avait aux dernières élections.
Guillaume II a promis à M. von Tchirschki
un poste d'ambassadeur s'il travaille dans ca
sens.
■O» --
AU VATICAN
AMÉLIORATION CONTINUE
Le bulletin quotidien. - Le pape ta
mieux, mais ne quitte pas son lit..
- L'opinion du docteur Maz-
zoni. — Dans la salle du
trône.
fDe notre correspondant particulier}
Rome, 12 juillet. ;
Le pape continue d'étonner son entourage
d'abord, le monde ensuite, par sa résistance
extraordinaire.
Malgré tout, la population de Rome s'attend,
à voit trépasser le pontife d'un moment à l'au-
tre. On s'est habitué, ici, à considérer la firaf
imminente do Làon XIII comme une'Chose ab- :
solument normale.
Voici le bulletin. publié à 9 h. du matin*
La nuit s'est passée tranquillement. Un sommeil:
de quelques heures a amélioré de , façon appré- , ,
ciable l'état général du pape. Le pouls est plusf
perceptible et un peuLplua vigoureux. Partions, SLï
Respiration, 30. Température, 3614. Peu de diu.,
rèse. Signé : Mazzoni, Lapponi.
Le pape n'a pas quitté son lit. Les médecins;
l'ont trouvé assez en forces, et avec une grande,
lucidité d'esprit. M. Mazzoni, sortant du Vati-
can, a déclaré qu'on peut se montrer satisfait
du point où en est la maladie, car le pape &
surmonté la période critique..
Les médecins disent que le danger n'est pas
imminent.
La visite de M. Nisard
M. Nisard, ambassadeur de France, s'est"
rendu oe matin au Vatican, où il eut un long en-
tretien avec le cardinal Rampolla.
M. NiSard avait mission de communiquer of-
ficiellement, au nom du gouvernement fran-
çais, au secrétaire d'Etat, l'ajournement du'
voyage du roi d'Italie, et de présenter le3 vœux
de tout le gouvernement pour le rétablissement.
du souverain pontife. L'entretien entre le car..¡
dinal et l'ambassadeur a été particulièrement
cordial..
Léon Xin et lé docteur Mazaoni
Léon XIII voulait quitter son lit, mais le
docteur Mazzoni lui a conseillé d'attendre quel- r
ques heures. :
A un journaliste qui lui demandait s'il était;
vrai que quelques espérances existent, M. Maz-
zoni a répondu : « Pourquoi non D
Les nièces du pape
Léon XIII a reçu hier ses deux nièces, 'ta;
Comtesse Canali et la comtesse Moroni. Leurs,
frères, les Pecci, les ont aussitôt interrogées sari
leur impression. Elles ont répondu qu'elles non
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