Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-05-06
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 06 mai 1921 06 mai 1921
Description : 1921/05/06 (N18409). 1921/05/06 (N18409).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
16 FLOREAL, AN 129: — No 1S.^0Î>-
Le numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI G MAI 1921. — N° 18.409.
.!jE XIX SIECLE
, , Fondateur: Edmond ABOUT
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TRIBUNE LIBRE
Lettre d'Allemagne
■ <«—-
L'ALLEMAGNE NE SE SENT PAS VAINCUE. - L'OCCUPATION
DE LA RUHR : SES AVANTAGES. * L'ATTITUDE DE L'OPINION ALLEMANDE
1 -----+ft"----
Au moment où les Alliés,
devant la mauvaise volonté,
de l'Allemagne, vont agir
pour imposer leur volonté,
il était intéressant d'aller
sur place voir pourquoi et
comment le Reich allemand
résistait ; ensuite, quels étaient les
imoyens de contrainte et leurs consé-
quences.
Au cours du voyage qui m'a fait visi-
ter Mayence, Wiesbaden, Francfort,
iNuremberg, Leipzig: Berlin, Hambourg,
Brème. Dusseldorf. Duisbourg, Hurhort,
1-ssen. Cologne, une opinion de plus en
plus nette s'est imposée à mOIl esprit.
.Une grande partie du peuple allemand
ne se sent pas vaincue. Pourquoi donc
payerait-elle ?
Ceci s'explique facilement.
En -effet, au moment de l'armistice,
pour é\iter que' le mouvement révolu-
tionnaire, el s étendant, devienne une
Vraie révolution, les dirigeants, profi-
tant de leur colossal pouvoir sur la
presse, ont caché la vèrité. à la nation
lllcnullule : ils ont maquillé la situation,
tefm d'empêcher l'explosion qu'aurait
ïiniC'ié le mécontentement populaire si le
pays avait su où. après plus do quatre
tlns de souIInuwes, ses chefs l'avaient
conduit
Les, détails sur le retour des troupes
ipn Allemagne, sur }¡:\, retour des .prison-
niers,. les discours prononcés à de muJti-
à d-e lu
preuve indiscutable que la masse alle-
mande ignore quelle était sa situation en
novembre 1918 : les divers dirigeants de
l'empire sont, en quelque sorte, prison-
niers de l'ambiance qu'ils ont créée à
tm moment, où, avant tout, ils voulaient
iempècker l'ultime catastrophe :• la révo-
lution.
Voilà pourquoi l'Allemagne résiste.
Quant à savoir comment elle résiste,
les -procédés sont le corollaire de la si-
tuation même, ce peuple, qui ne se
sent pas vaincu parce qu'il n'a pas vu
1a défaite, ni souffert des conséquences
ide la défaite,, ne veut pus payer une
dette dont il ne sent pas le poids.; il n'a
nul besoin de se libérer, car il n'est
(écrasé par rien. Ne souffrant pas, pour-
quoi la nation allemande ferait-elle un
tIort. pour modifier une situation qui n'a
rien de pénible ? Aussi ne fait-elle rien,
4t aux demandes des Alliés répond-elle
{par des atermoiements, des échappatoi-
res et, peut-être plus tôt qu'on ne 11
pense, re pondra-t-elle par des fin.-; (h
iion-rccovoir.
Pour vaincre cette force d'inertie,
jtjuels sont nos moyens ? Il est évident
mue les procédés employés jasqu'à pié-
sent sont absolument insuffisants.
Depuis plus de deux ans, nous n'a-
fvons pas su ou pas pu leur prouver
(qu'ils étaient vaincus et que nous étions
Ses maîtres. Comment pourrions-nous
lfeu" faire comprendre qu'il faut désor-
mais qu'ils se soumettent à toutes nos
(exigences ?
L'occupation des pays rhénans, l'oc-
Jcupation plus récente de Dusseldorf,
lDuisbourg, Ruhrort ne sont pas bien pé-
pias pour l'Allemagne ; il faut se rap-
peler la situation séparatiste de ce pays,
encore très particulariste, pour se ren-
ijre compte que l'amour-propre national
ne joue qu'un petit rôle. Quant aux in-
térêts matériels de la masse, ils n'en
pont, pas affectés. Aussi, le pays ne s'é-
meut-il guère. Seuls, quelques intérêts
particuliers, quelques sentiments locaux
souffrent de ces occupations, les derniè-
res, si discrètes d'ailleurs !
Quant à la solution actuellement en-
visagée (en cours) : augmenter nos occu-
pations en s'attaquant au centre minier
let industriel le plus important de l'Alle-
magne. le bassin, de la Ruhr, voyons-en
les conséquences.
Tout d'abord les avantages :
Avantage moral. 11 est ; écriai ri" que,
après toutes les hésitations, toutes les
reculades des AJJiés. de fait d'agir éncr-
igiquement deux ans après le traité de
Versailles prouvera aux Allemands que
nous n'avons pas abdiqué et que les Al-
liés sont toujours unis et les plus forts,
Avantage matériel. Maîtres de la ré
gion de la Ruhr, nous tenons une pro-
portion @ telle de charbon et d'usines que
nous réglons a notre gré la production
industrielle de l'empire allemand,
Avantage financier. Nous tenons, par
les richesses naturelles, la bon i Ht- ; par
flês richesses industrielles, la production
des usines, un gage précieux. Le rende-
ment de ce gage peut participer aux
payements des annuités que l'Allemagne
ûaus doit,
Ces avantages ne seront évidemment
pas les seules conséquences de l'occupa-
tion de la Ruhr ; il en est d'autres, des
plus diverses.
La région de la Ruhr compte environ
4 à 5 millions d'habitants, dont 1 million
d'ouvriers : 550,000 mineurs, 450,000
ouvriers d'usines ; parmi ces ouvriers,
900,000 sont socialistes, 100,000 sont
communistes.,
Comment ces masses accueilleront-
elles l'occupation ? Les 100,000 commu-
nistes seront plutôt favorables ; ils ont
souffert de l'état actuel, particulière-
ment l'an dernier au moment de l'émeu-
te, et, parmi eux, bien des rancoeurs
subsistent. Ils comprennent le coup que
cette occupation va porter à leurs ad-
versaires personnels et. irréductibles : les
grands industriels féodaux. Enfin, leur
doctrine d'internationalisme fait que la
venue d'un soldat étranger ne les blesse
pas, et cela d'autant plus que leurs rap-
ports avec la Jieichswehr et la. Sicher-
heilspolizei, troupes essentiellement
réactionnaires, sont nettement mauvais.
En outre, les communistes comptent
beaucoup sur la propagande qu'ils fe-
ront vis-à-vis des troupes d'occupation.
Les communistes, enfin, nous seront
d'autant plus favorables que nous faci-
literons l'arrivée et la répartition de vi-
vres qui amélioreront la vie matérielle.
Les 900,000 socialistes seront vraisem-
blablement neutres : et nous verrons
comment une politique habile pourrait
précisément profiter de cette neutralité
en faveur de nos intérêts.
-.,.., PAUL-ALBERT.
■■ ■ i »
EDITORIAL
Les voix qui s'élèvent
-- ---
Sul n'est 'ln'Ol}hlte en son
pays ; encore moins dans le
pays des aulrjs.
La « youtrecuidance » da
Mandel commencé d'en faire,
r expérience, en Bordelais.
Ce « horsvint » s y ci ail réfugié, pensant
sans doute demander^'au cépage améri-
cahl une reconstitution de son prépuce.
Malgré une de ces éjaculations nasales
- qui lui tiennent lieu d'éloquence
il n'a rallié que quetire voix, dont une
de castrat (la sienne), dans le conseil
général de la Gironde qu'il préside on ne
sait comment ni pourquoi.
L'assemblée fut presque, unanime à
roter un ordre du jour de félicitations et
de confiance aN. président du conseil.
Ce jour-là, le nez du Mmdel poussa
plus avant.
Même aventure en Seine-el-Oise, où sé-
vit M. André Tardieu du traité de paix.
,Le conseil aÓréTal, unanime, a loué
M. Aristide Briand de ïeffort tenace et
heureux qu'il fait pour tirer parti de
l'abominable traité de Versailles.
En attendant la Haute Cour, annoncée
par le maréchal Foch, les complices de
M. Clemenceau voient ,.s'écarter d'eux
tous les esprits sincères qu'ils acaient
dupés dans la nuit de la censure.
Lorsque la lumière, qui filtre, sera
complète, le compte de ces messieurs
sera bon.
La Chambre du « Bloc national », qui
par incurie ou lâcheté civique se rend
complice des crimes qu'elle n'ose pas
châticr, ne tardera ]Jas, elle aussi, à
être mise en accusation devant le peuple.
Déjà) au conseil général de l'Indre,
une voix courageuse s'est élevée qui ré-
clame la dissolution « pour cause d'in-
capacité cl de mal f aisance >5.
L'exemple sera contagieux ; il fusera
dans le pays on le mécontentement
grandit.
t-e qui a manqué en l'érill, à, la Fran-
cc; après la cala strophe inouïe de la
guerre, c'est une assemblée vraiment
nationale une Constituante capable de
la reconstruction par des moyens farou-
ches.
A son défaut, nous n'avons eu que des
marchands de tricolore dont Vétiquette
menteuse couvrait mal un syndicat d'é-
gotsmes et se dilue déjà sous ta première
ondée d'orage.
Vite ! le retour alu bon sens, à la vé-
rité, au S "dut public !
gDMOND DU fôjESNSU.
On dit.
En Passant
Le cochon criminel
Il y a quelque vingt ans, un ambassadeur
d'Allemagne arrivait un matin, tous poils
hérissés et toutes griffes dehors, dans les
salons feutrés, ouatés du quai d'Orsay. Les
huissiers couraient, affolés; le protocole fut
sur les dents. Sans tarder, on passa l'Excel-
lence au ministre des affaires étrangères.
Mais la pompe du cabinet ministériel et
la froide onction de feu Rouvier, qui prési-
dait alors à nos relations extérieures, ne
calmèrent point la colère teutonne. Au mi-
lieu d'un flot de paroles, avec un geste pa-
thétique, l'ambassadeur sortit de sa poche
un pot de moutarde de Dijon dont l'étiquette
leprésentait, rose, l'œil malin, l'oreille dres-
sée, une tète de cochon. Mais, sous un cer-
tain angle, avec la tète de l'animal se con-
fondaient les traits idu Hohenzollern or-
gueilleux qui rêvait alors déjà de dominer
le monde. Et l'ambassadeur parlait de lèse-
majesté, d'incident diplomatique, en 'bran-
dissant comme une épée de Damoclès son
pot de moutarde sur la tête ministérielle.
Rouvier, qui n'aimait pas les histoires,
s'en tira avec quelques-uns de ces mots pro-
tocolaires qui ne veulent rien dire, mais qui
suffisent parfois à satisfaire les vanités hu-
maines.
Quelques jours plus tards l'ambassadeur
allemand était rappelé au quai d'Orsay,
dans le bureau ministériel, un gros homme,'
rougeaud, puissant, le ventre barré d'une
lourde chaîne, d'or : le moutardier incrimi-
,né. Présentation glaciale, jusqu'au moment
où le coupable sortit une belle lettre de
Hambourg, prouvant d'indéniable façon que
si la moutarde était bien dijonnaise, son
contenant venait en droite ligne des mar-
chés poméraniens.. et l'étiquette aussi.
L'Excellence fut admirable de cynisme.
Le commerce allemand était sauf, donc la
dignité nationale n'était plus en jeu ; le pa-
villon couvrait la marchandise : tout était
pour le mieux.
Je laisse à méditer cette simple histoire
a ceux dont l'innocence attend encore des
Allemands l'appel de l,a conscience, le res-
pect de la parole donnée, le sentiment de
l'honneur. Ils ne répareront rien de gaieté
de cœur, car les engagements n'existent pas
pour eux; mais si. un jour, l'on voyait à
Berlin qu'il pût, des devoirs çontractés et
jusqu'alors étouffés, naître quelque solide bé-
néfice, ce jour-là, soyons-en sûrs, nous n'au-
rions même plus à réclamer notre dû.
Bavmond LANGE,
cweiz> -
Aujourd'hui
Chez la crémière
C'est l'heure matinale de fa distribution
du lait et les ménagères font la queue, leur,
pot à la main.
Un mutile de guerre, d'un consentement
unanime, obtient pourtant de passer avant
son numéro. Mais les commères se cabrent
quand un jeune particulier, d'environ huit
ans. porteur d'une vaste casserole, entre,
marche droit au comptoir et commande :
- Un litre, et bien tiré !
- A la queue ! Chacun son tour ici !
Alors le gamin, se retournant, riposte
avec dignité :
- On -
gosses qui pleurent, à la maison !
, Et cela est dit d'un accent si comique
que toute l'assistance éclate de rire.,. et
désarme.
s Le Tapin.
Les plébiscites inutiles
L'inutile plébiscite que provoqua récem-
ment au Tyrol la propagande allemande
n'a pas manqué d'agiter l'es chancelleries.
eulelnellt, comme d'habitude. la diploma-
tie s'émut lorsque tout était terminé.
Si blanche que soit l'opération si incapa-
ble de résultais positifs, elle n'en constitue
pas lhoins la preuve de ce que peut, tria-
fluence allemande lorsqu'on lui lâche les
rênes.
Il est avéré aujourd'hui que Hugo Siinnes
lie ménagea ni l'argent, ni les efforts pour
créer de toutes pièces une majorité favora-
hic à l'Allemagne. -C'est au point que les
journaux suisses, eux-mêmes, s'inquiètent et
la Nouvelle Gazette de Zurich ne cache
pas son lieu d'enthousiasme à voit' se rap-
procher la frontière allemande.
« Co serait, dit le journal helvétique, une
erreur de croire que le Tyro.1 ait une incli-
nation spéciale pour la Bavière. L'Autri-
chien place son existence politique bien au-
dessus de son rattachement à rAllem-ague.
L'impossibilité supposée de ne pouvoir vi-
vre de sa propre vie seule l'a poussé vers
Je rattachement. Qu'on aide l'Autriche, le
ratta.die.ment prend fin automatiquement et
l'Autriche reste l'Autriche. Mais la politique
du rattachement laisse à la propagande
« grande-allemande » et pangermaniste le
plus vaste champ d'activité. Et la pluie de
-
maintenant sur Salzbourg et sur Linz où
sera aussi adapté l'appareil (jlli a si bien
fonctionné au Slcswig, en Carinttue, ou Ty-
rol. »
Il appartient à notre diplomatie d'éviter,
d'empêcher un référendum que nul traité ne
prescrit jamais. L'Italie, déjà, proteste au
lendemain du plébiscite tyrolien.
Espérons nuc, si Berlin manifeste de nou-
velles velléités, nous saurons, cette fois, ne
pas arriver après la bataille.
*
.---
LE CHANGE S'AMELIORE
Depuis quelques jours, un fait notoire est
sérieusement commenté à la Bourse : l'a-
mélioration rapide, de notre franc.
Pour la première fois depuis bien des
mois, la livre fut, avant-hier, au-dessous
de 50 francs.
C'est, en quelques jour*, un progrès sem
sible, dû à l'énergique attitude de la Fran-
ce dans les négociations financières en
cours. L'espoir qu'ont les milieux écono-
miques de voir prochainement réglées les
difficultés dans lesquelles nous nous dé-
battons depuis plus de deux ans est la cau-
se directe de ce progrès.
Lorsqu'on songe qu'au cours (Je 1920, la
livre atteignit 67 fr. 45, on peut se ren-
dre compte du chemin parcouru. A la dato
du 1er avril 1&21, la livre n'était déjà plus
qu'à 56 fr. 05. Avant-hier, il n'y avait plus
h verser que 49 fr. 86, ce qui représente,
depuis 1920, une économie de 1? fr. 59 par
livre sterling. L'écart est énorme.
Le ,dollar américain, qui correspond ha-
bituellement. à 5 fr. 20, est monté à 11 fr. 88
en 1919 et 17 fr. 40 au cours de 1920.
Le 1er avril, il avait baissé à* M-fr. 28 et,
le 28 avril, h 13 fr. 21. Hier, il est tombé à
12 fr. 56. La encore nous économisons
4 fr. Si- sur les plus hauts cours du dollar,
cé qui représente un gain considérable.
Il n'y a P'Us qu'à espérer une suite à
cette pente descendante.
Mais la parole, pour cela, est surtout à
nos représentants.
DERNIER ULTIMATUM
La Déclaration des Alliés
signifiée à l'Allemagne.
1
Voici le texte officie.^ de la- déclaration
commune des Alliés qui a été signÚe hier
matin par les délégués alliés, a la dernière
séance de clôture du conseil suprême ;
Les puissances alliées constatent que,
maltjré les concessions successives fuites
pur les alliés depuis la signature dn traité
de Versailles, et en dépit des avertissements
oL des sanctions décidées à Spa et à Paris,
comme des sanctions notifiées à Londres et
appliquées depuis, le gouvernement alle-
mand manque à remplir les obligations qui
lui incombent, aux termes du trailé de Ver-
sailles, en ce qui concerne :
1° Le désarmement ;
2° Le versement, de 12 milliards de marl,'s
or, échus le lcrlnai 1921, aux termes de l'ar-
ticle 235 dit traité et que la commission des
réparations Va déjà sommé de payer à celle
date ;
3° Le jugement des coupables, dans, les
conditions ou il a été à nouveau stipulé
par les notes alliées du 13 tévner et dIt
17 mai 1920 ;
4° Verlaines autres questions importan-
tes, et notamment, celles que posent les ar-
ticles 2Gi à 267, 2G9, 273, 321, 322 et 327 du
traité ;
Décident :
a) De procéder, dès aujourd'hui, à toutes
mesures préliminaires nécessaires à 1 occu-
pation de la vallée de la Ruhr, dans les con-
ditions prévues au paragraphe D.
b\ D'inviter, conformément à l'article 233
du traité, la commission des réparations a
notifier au gouvernement allemand, sans
délai les époques et les modalités de l'ac-
quittement par l'Allemagne, de l'intégralité
de sa dette et d'annoncer sa décision sur
ce point au gouvernement allemand, le
6 mai, au plus tard ;
c) De sommer le gouvernement allemand
de déclarer catégoriquement, dans un délai
de six jours, à dater de la réception de la
décision ci-dessus, sa résolution :
1° JVr.rcciiler sans réserve, ni condition,
ses obligations telles quelles sont définies
pur la commission des réparations ;
2° D'accepter et de réaliser sans réserve,
ni condition, à l'égard de ses obligations,
les garanties prescrites par la commission
des réparations ;
3° D'exécuter sans réserve, ni relard :
les mesures concernant le désarmement
militaire, naval et aérien, notifiées an gou-
vernement, allemand par les puissances al-
liées, par leur lettre du 29 janvier 1921, les
mesures d'exécution déjà venues à échéan-
ce, étant complétées, sans délai, les autres
devant être réalisées aux dates fixées ;
4° De procéder sans réserve, ni retard,
au, jugement des criminels de guerre, ainsi
qu'à l'exécution des autres parlics dit traite
n'ayant pas encore reçu satisfaction et dont
il est question dans le premier paragraphe
de la. présente note.
di De procéder, le 12 mai, à l'occupation
de la vallée de la Ruhr et de prendre toutes
autres mesures militaires et navales, faute
par le gouvernement allemand d'avoir rem-
pli les conditions ci-dessus.
Cette occupation durera aussi longtemps
que l'Allemagne n'aura pas exécuté les con-
ditions énumérées au paragraphe C.
Londres, le 5 mai 1921.
Signé : Lloyd George, Briand, comte
Sforza, Jaspar, Hayashi.
La déclaration qu'on vient de lire a été
remise, hie-r malin, au docteur Sthauer,
ambassadeur d'Allemagne à Londres, pour
être transmise à Berlin.
■ -.----.-
UN PROTOCOLE ANNEXE
Indépendamment de la déclaration fi-
nale du conseil suprême, les délégués des
gouvernements alliés, qui sont représen-
tés à la commission des réparations, ont
signé un protocole annexe, adopté à
l'unanimité, en vue d'amender l'annexe 2
à la partie VIII du traité de Versailles.
Ce protocole, que nous publions en
deuxième page, prévoit un certain nom-
bre de garanties et fixe les modalités de
paiement de la dette allemande.
L'ACTUALITÉ
LE GENTENÂIRFDE NAPOLÉON
——————————————— ) - +.c.; ——
Une imposante cérémonie à l'Arc de Triomphe
Le Gouvernement associe dans une même gloire
le grand Empereur et le Poilu anonyme
———————- - D"-----
Ce fut une cérémonie simple et très gran-
de que la parade militaire (lui, hier matin,
s'est déroulée place de l'Art.:: de Triomphe,
sous les yeux d'une multitude unanime et
fervente dont l'acclamation continuelle
semblait jaillir d'une seule poitrine.
Une bise coupante passait, en courant
d'air, sous l'arche triomphale. Un cordon
bleu horizon courait autour de l'immense
place circulaire et les masses espacées de la
gar.de républicaine y mettaient à intervalles
réguliers, des nœuds sombres et corrects.
Avant la cérémonie
La tombe du Soi'dut inconnu est cou-
verte de fleurs. Une haie de soldats, l'arme
au pied, l'entoure.
Sept jeunes Alsaciennes en costume na-
tional, amenées par le délégué général du
comité du centenaire pour l'Alsace et pour
la Lorraine, se tiennent derrière la pierre
tombale et tiennent en mains sept écriteaux
où sont inscrits les noms des généraux et
des maréch.aux alsaciens Mouton, Rapp,
Xey, Kellermann, Lasalle, Lefebvre et
Klébcr.
Les troupes qui prendront part au uefi'.é
se massent un peu avant dix heures, dans
l'avenue de la Grande-Armée.
Les ambassadeurs et chargés d'affaires
se tiennent à gauche du Tombeau, avec
les attachés militaires et navals ; à droite,
un groupe nombreux d'ofliciers généraux :
Berdoulat, Maist.ro, Boisrondy, 'Buat, Man-
giin, Dubail, Simon, Pau et les maréchaux
l'och, Fayolle, Pétain ; plus loin, MM
1 lounhc et" Bneux représentent l'Institut de
France ; les deux préfets, des conseillers
généraux et municipaux en grand nombre,
MM. Barthou, Guist'hau et Lefèvre du Prey,
attendent to président de la République.
L'arrivée de M. Millerand
A 10 h. 30 exactement, précédée d'un pe-
loton de la garde à cheval, l'automobile du
chef de l'Etat débouche de l'avenue des
Champs-Elysées. M. Milierund est accom-
pagné de M. Barthou, ministre de la guerre.
Un commandement retentit : les troupes
présentent les armes tandis que les clai-
rons et tambours sonnent et battent Aux
champs et que les musiques jouent la Mar-
seillaise.
Le président de la république passe d,e-
vant le front des troupes et vient ensuite
prendre place devant la tribune sur la-
quelle 1\1. Hnrlhou monte lentement.
Le discours de M. Barthou
Monsieur le l'résident de la. République,
Messieurs, - 'u. - ----
Ouand l'empereur Napoléon, soldat neutcux
parvenu au trône, maître de la France et ,-am-
queur de l'Europe, -se disait « solidaire de tous,
de Clovis au Comité de Salut public iozc
suivait un double dessein. Il rattachait a trcize
siècles d'histoire, pour l'asseoir sur des bases
solides. la dynastie qu'il venait de fonder, et
en même temps, jaloux de ne pas diminuer sa
gloire en l'isolant, il jetait l'ancre sur l'avenir.
Ainsi il proclamait, à travers les orages, les de-
chircmcnts et les révolutions, l'unité inivisible
de l'âme française. Cette âme nous réunit au-
jourd'hui Napoléon n'est pas le monopole d'un
parti : après cent ans écoulès, il peut recevoir
tous les hommages. Aucun despotisme ne sau-
rait mettre la liberté en péril et il ne faut plus
craindre qu'une exception redevienne mi exem-
ple. La démocratie s'appuie sur la souveramete
nationale, dont le plébiscite, qui exploite le sul.
frage universel sous le prétexte de le consulter,
n'est qu'une abdication mal déguisée. Napo-
léon n'est pas une tradition politique. Il appa-
rait désormais comme une yloire aaîionsle, très
grande et très haute, qui appartient a tous.
Parlant de l'œuvre législative et adminis-
trative de iNapoléon, M. Barlhou dit :
Nous vivons encore sous 7on aruvre qui fut
nécessaire et bienfaisante, mais dont nous n'a-
vons pu, après plus d'un siècle, nialgie tant
d'ellor!s et de progrès secouer .t'éIJ'CHlLt: uni-
taire centralisée et rigide, lede q.-lli-, si or-
donnée et si claire, elle atteste une orglnisa-
tion qui eût sulli ^perpétuer un mm-et n faut
dire qu'elle est Itx partie vivante, dUI ahle. fc-
conde, du génie de Napoléon.
M Barthou fait allusion enfin à la Prus-
se que NapolÓOll, 'en leS, avait cru muse-
tcr par une convention militaire qui limi-
tait ses forces ; mais il avait compté sans
l'hypocrisie prussienne, et, il faut le dire,
sans la ténacité d'un peuple qui ne s'avoue
jamais vaincu.
La Prusse a plus de ténacité que d n^agiiia-
lion :, elle ne met aucune, coquetterie à ne pas
te rêpGter, quand la r-épdition d'un r'roc.hdc
sert ses desseins. Ludendorii copij ^fcliarn-
liorst ; il lui emprunte ses moyens de diîxinm-
lation, ses combinaisons' obliques, ses instruc-
tions et jusqu'à ses expressions.. La Prisse
vaincue prépare, sous ses ordres, la revanche
dont i! fixera l'heure et dont elle acclamait a
l'otsdam la menace et l'espoir., Nous ne la
laisserons pas recommencer. L'erreur de Na-
poléon doit nous être une suftisaulo lecon. A
quoi donc aurait-il servi de vaincre si la vic-
toire n'ayuit pas tué dans la g c erre rincustrie
nationale de la Prusse mpénitente ? Nous,
nous ne voulons pas -la guerre ; n.)us avons
l'horreur de la guerre, des conques. des un-
nexions, des visées impérialistes. Mais est-ce
vouloir la guerre que de contraindre l.À'iuy;a-
gme à l'exécution de la paix, pir des mesures
de coercition que sa résistance et sa n-yiivaisu
foi, aggravées par son insolence, ont (renoues
inévitables ?
Et M, Barthou termine :
Pauvre petit soldnt. inconnu, qtu do!",; ici ton
dernier sommeil, Poilu de France obscur et
glorieux cher enfant de la Patrie si chère, tu
ne seras pas tombé en vain. Vaimuenr de la
plus juste cause, nous t'avons cnierrc t-ous le
monument do la plus grande gioire, pour le
vouer au culte où s'unissent tous nos C,). Uf!:',
Ils seront dignes de toi, qui fus d gne de la vie
toire s'ils s'arment de volonté, de constance
e| de foi pour assurer à la France ia séf:ur:tc
de la paix réparatrice que lui ont rapportée, il
va deux ans, en passant sous l'Arc du prand
Kmpcrc-ur, les grands soldats de la liépubli-
que 1
L discours de M. Borlhou a été acclamé,
surlout lorsque, en parlant de l';\I/{\!lIi.igl:',
il s'est écrié d'une voix forte : « ons ne
la laisserons pas recommencer ! » Sa péri-
raison a soulevé un véiitable entiioussas-
me.
Le discours terminé, M Millerand, suivi
des ministres de la guerre et (¿e la marine
des maréchaux et des généraux, est allé
s'incliner devant la tombe du Soldat, m-
ccnnu, puis, avançant de quelques pas et
lace à l'avenue des Champs-Elysées, a as-
sisté au défilé des troupes aux accents du
Chant du départ, de Sambrc-el-Meuse joués
par les musiques de la garde républicaine
et des équipages de la flotte. -.
Le défilé
Le général Trouchaud rassemble ses re-
lies et tire son épée : la parade va commen-
cer, qui soulèvera sur son passage une
ovation magnifique.
C'est le spectacle toujours émouvant fie
l'armée qui défile aux sons du Chant du de-
part, de Sambrç-ei-Meuse, d'un pas bien ca-
dencé. ---
Voici la' garde, voici les saints-cyriens,
dont le casoar blanc et rose frissonne sons
le vent, les polytechniciens, les fusiliers
marins, les sapeurs-pompiers, les mar-
marins, l'infanterie.
souins, l'in.-fant*erie.
Les drapeaux s'inclinent et les sabrec
s'abaissent, rendant hommage tout'à la
fois au chef 'de l'Etat, au Soldat inconnu el
à ni lustre capitaine dont on fête le cen-
tenaire.
Des fanfares se .font. entendre, voici Par-
ti 11 erie, puis la cavalerie.
Une dernière fois, le général Trouchaud
s'avance. Du sabre, il- salue largement !e
président de la République.
La parade militaire est terminée.
Lentement la foule s'écoule, les yeux
fixés sur l'Arc de Gloire sous lequel dort le
Héros inconnu.
----+.
Aux Invalides
,t: ,'
A l'heure même où Napoléon Ier «t mort,
il y a eu un siècle hier, des détachements
tie toutes les troupes qui avadent défilé der
vant le tombeau du Soldat inconnu, se
trouvaient rassemblés aux Invalides, autour
du tombeau de l'illustre Petit Caporal, et les
drapeaux s'inclinaient à la ronde sur le
sarcophage de porphyre que l'univers
entier a contemplé.
Des détachements des Ge, 7° et 10a divi-
sions d'infanterie ; la musique du 104e -et
le drapeau du 56 régiment de ligne étaient
dans la cour Vauban et, sur la place Vau-
ban, la garde républicaine, deux batteries
d'artillerie et deux escadrons de cavalerie.
A cirif heures, 'le maréchal Foch salué par;
le général Malleterre, gouverneur des In-
valides, se rend dans la chapelle du tom-
beau où il va prendre la parole.
A 5 h- 49 exactement, le premier coup de
canon de la salve solennelle retentit : on
l'éoofute, sérieux : il y a juste, tout juste
cent ans.,
NAPOLÉON ET FOCH
Le Times publie, à l'occasion du cente-
naire de Napoléon, un supplément de plu-
sieurs pages, dans lequel on relève un arti-
cle du maréchal Foch :
Aux moments sombres de la guerre, nous,
nous sommes souvent demandé : Si Napoléon
sortait de son tombeau aux Invalides, que di-
rait;!! ? Que ferait-il de nos armées actuelles 7
Il nous aurait dit :
« Vous avez des millions d'hommes ; je no
les ai jamais eus. Vous avez des chririiiis-de.
fer. le télégraphe, la télégraphie sans fil, les
avions, l'artillerie à longue portée, les ç-i-
asphyxiants ; je n'avais rient de tout cela 1
je n'en tirais point parti. Vous allez voir. ».
Et, dans un mois ou deux, il aurait tout ren-
versé, réorganisé:, mis en oeuvre de quelque fa-
fon nouvelle, et culbuté l'ennemi désertent
Ensuite, il serait, rentré à la tète de ses arme- s'
victorieuses et il aurait été fort encombrant.
51PRES TA CONFERENCE
A son arrivée à Paris
M. Briand est l'objet
d'une chaude ovation
M. Briand, président du cônseil, ministre
des affaires étrangères, revenant de Lon-
dres, accompagné de MM. Berthelot et Caf4
tenon, Cliatin, Mossigli et Cameirlynck. est
arrivé à 19 heures par l'express de Calais.
- Dans le même train se trouvaient 4e comte
Sfoczu, ministre des affaires étrangères ,rI.
talie, et la délégation italienne, M. Lopis
Dubois, président de la commission des ré-
parations, et les délégués anglaIs, italiens
et belges, sir John Bradbury, M. Salvago
Haggi, et M. Delacroix, ainsi que les ex-
perts financiers et techniq.ues.
Le président du conseil a été reçu à sa
descente du train par MM. Bonnevay, minis-
tre de la justice ; Marraud, ministre de l'in-
térieur ; Le Trocquer, ministre des travaux
publics ; Lefebvre du Piey, ministre de j'a-
uriculture : Tissier, sous-secrétaire d'Etat ;
Pevcelon. ami personnel : le comte Bomin-
Longare, ambassadeur d'Italie à Paris : M.
Bord, chef adjoint du cabinet du ministre
des régions libérées ; Autrand, préfet de la
Seine ; Baux, préfet de police ; Da gorne.
attaché de cabinet à la présidence du con-
seil ; Moutier. sous-çhef de l'exploitation, et
Labbé, inspecteur principal de l'exploitation
à la compagnie des chemins de fer du
Nord.
- Le président du conseil, après s'êlne en-
tretenu pendant quelques minutes avec les
membres du gouvernement, s'est rendu &
pied dans la cour d'arrivée des 'voyU,g(',UII,
où une foule nombreuse était difficilement
maintenue par le service d'ordre. Aussitôt
ont. retenti les cris de : « Vive Brifind ! Vive
la France ! Merci ! » L'ovation faite au pré-
sident du conseil, pendant qu'il montait eii
voiture, a. été particulièrement, chaude,
Le président du conseil s'est nID.du. djrèc-
Le numéro : QUINZE CENTIMES
VENDREDI G MAI 1921. — N° 18.409.
.!jE XIX SIECLE
, , Fondateur: Edmond ABOUT
ANNONCES
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TRIBUNE LIBRE
Lettre d'Allemagne
■ <«—-
L'ALLEMAGNE NE SE SENT PAS VAINCUE. - L'OCCUPATION
DE LA RUHR : SES AVANTAGES. * L'ATTITUDE DE L'OPINION ALLEMANDE
1 -----+ft"----
Au moment où les Alliés,
devant la mauvaise volonté,
de l'Allemagne, vont agir
pour imposer leur volonté,
il était intéressant d'aller
sur place voir pourquoi et
comment le Reich allemand
résistait ; ensuite, quels étaient les
imoyens de contrainte et leurs consé-
quences.
Au cours du voyage qui m'a fait visi-
ter Mayence, Wiesbaden, Francfort,
iNuremberg, Leipzig: Berlin, Hambourg,
Brème. Dusseldorf. Duisbourg, Hurhort,
1-ssen. Cologne, une opinion de plus en
plus nette s'est imposée à mOIl esprit.
.Une grande partie du peuple allemand
ne se sent pas vaincue. Pourquoi donc
payerait-elle ?
Ceci s'explique facilement.
En -effet, au moment de l'armistice,
pour é\iter que' le mouvement révolu-
tionnaire, el s étendant, devienne une
Vraie révolution, les dirigeants, profi-
tant de leur colossal pouvoir sur la
presse, ont caché la vèrité. à la nation
lllcnullule : ils ont maquillé la situation,
tefm d'empêcher l'explosion qu'aurait
ïiniC'ié le mécontentement populaire si le
pays avait su où. après plus do quatre
tlns de souIInuwes, ses chefs l'avaient
conduit
Les, détails sur le retour des troupes
ipn Allemagne, sur }¡:\, retour des .prison-
niers,. les discours prononcés à de muJti-
à d-e lu
preuve indiscutable que la masse alle-
mande ignore quelle était sa situation en
novembre 1918 : les divers dirigeants de
l'empire sont, en quelque sorte, prison-
niers de l'ambiance qu'ils ont créée à
tm moment, où, avant tout, ils voulaient
iempècker l'ultime catastrophe :• la révo-
lution.
Voilà pourquoi l'Allemagne résiste.
Quant à savoir comment elle résiste,
les -procédés sont le corollaire de la si-
tuation même, ce peuple, qui ne se
sent pas vaincu parce qu'il n'a pas vu
1a défaite, ni souffert des conséquences
ide la défaite,, ne veut pus payer une
dette dont il ne sent pas le poids.; il n'a
nul besoin de se libérer, car il n'est
(écrasé par rien. Ne souffrant pas, pour-
quoi la nation allemande ferait-elle un
tIort. pour modifier une situation qui n'a
rien de pénible ? Aussi ne fait-elle rien,
4t aux demandes des Alliés répond-elle
{par des atermoiements, des échappatoi-
res et, peut-être plus tôt qu'on ne 11
pense, re pondra-t-elle par des fin.-; (h
iion-rccovoir.
Pour vaincre cette force d'inertie,
jtjuels sont nos moyens ? Il est évident
mue les procédés employés jasqu'à pié-
sent sont absolument insuffisants.
Depuis plus de deux ans, nous n'a-
fvons pas su ou pas pu leur prouver
(qu'ils étaient vaincus et que nous étions
Ses maîtres. Comment pourrions-nous
lfeu" faire comprendre qu'il faut désor-
mais qu'ils se soumettent à toutes nos
(exigences ?
L'occupation des pays rhénans, l'oc-
Jcupation plus récente de Dusseldorf,
lDuisbourg, Ruhrort ne sont pas bien pé-
pias pour l'Allemagne ; il faut se rap-
peler la situation séparatiste de ce pays,
encore très particulariste, pour se ren-
ijre compte que l'amour-propre national
ne joue qu'un petit rôle. Quant aux in-
térêts matériels de la masse, ils n'en
pont, pas affectés. Aussi, le pays ne s'é-
meut-il guère. Seuls, quelques intérêts
particuliers, quelques sentiments locaux
souffrent de ces occupations, les derniè-
res, si discrètes d'ailleurs !
Quant à la solution actuellement en-
visagée (en cours) : augmenter nos occu-
pations en s'attaquant au centre minier
let industriel le plus important de l'Alle-
magne. le bassin, de la Ruhr, voyons-en
les conséquences.
Tout d'abord les avantages :
Avantage moral. 11 est ; écriai ri" que,
après toutes les hésitations, toutes les
reculades des AJJiés. de fait d'agir éncr-
igiquement deux ans après le traité de
Versailles prouvera aux Allemands que
nous n'avons pas abdiqué et que les Al-
liés sont toujours unis et les plus forts,
Avantage matériel. Maîtres de la ré
gion de la Ruhr, nous tenons une pro-
portion @ telle de charbon et d'usines que
nous réglons a notre gré la production
industrielle de l'empire allemand,
Avantage financier. Nous tenons, par
les richesses naturelles, la bon i Ht- ; par
flês richesses industrielles, la production
des usines, un gage précieux. Le rende-
ment de ce gage peut participer aux
payements des annuités que l'Allemagne
ûaus doit,
Ces avantages ne seront évidemment
pas les seules conséquences de l'occupa-
tion de la Ruhr ; il en est d'autres, des
plus diverses.
La région de la Ruhr compte environ
4 à 5 millions d'habitants, dont 1 million
d'ouvriers : 550,000 mineurs, 450,000
ouvriers d'usines ; parmi ces ouvriers,
900,000 sont socialistes, 100,000 sont
communistes.,
Comment ces masses accueilleront-
elles l'occupation ? Les 100,000 commu-
nistes seront plutôt favorables ; ils ont
souffert de l'état actuel, particulière-
ment l'an dernier au moment de l'émeu-
te, et, parmi eux, bien des rancoeurs
subsistent. Ils comprennent le coup que
cette occupation va porter à leurs ad-
versaires personnels et. irréductibles : les
grands industriels féodaux. Enfin, leur
doctrine d'internationalisme fait que la
venue d'un soldat étranger ne les blesse
pas, et cela d'autant plus que leurs rap-
ports avec la Jieichswehr et la. Sicher-
heilspolizei, troupes essentiellement
réactionnaires, sont nettement mauvais.
En outre, les communistes comptent
beaucoup sur la propagande qu'ils fe-
ront vis-à-vis des troupes d'occupation.
Les communistes, enfin, nous seront
d'autant plus favorables que nous faci-
literons l'arrivée et la répartition de vi-
vres qui amélioreront la vie matérielle.
Les 900,000 socialistes seront vraisem-
blablement neutres : et nous verrons
comment une politique habile pourrait
précisément profiter de cette neutralité
en faveur de nos intérêts.
-.,.., PAUL-ALBERT.
■■ ■ i »
EDITORIAL
Les voix qui s'élèvent
-- ---
Sul n'est 'ln'Ol}hlte en son
pays ; encore moins dans le
pays des aulrjs.
La « youtrecuidance » da
Mandel commencé d'en faire,
r expérience, en Bordelais.
Ce « horsvint » s y ci ail réfugié, pensant
sans doute demander^'au cépage améri-
cahl une reconstitution de son prépuce.
Malgré une de ces éjaculations nasales
- qui lui tiennent lieu d'éloquence
il n'a rallié que quetire voix, dont une
de castrat (la sienne), dans le conseil
général de la Gironde qu'il préside on ne
sait comment ni pourquoi.
L'assemblée fut presque, unanime à
roter un ordre du jour de félicitations et
de confiance aN. président du conseil.
Ce jour-là, le nez du Mmdel poussa
plus avant.
Même aventure en Seine-el-Oise, où sé-
vit M. André Tardieu du traité de paix.
,Le conseil aÓréTal, unanime, a loué
M. Aristide Briand de ïeffort tenace et
heureux qu'il fait pour tirer parti de
l'abominable traité de Versailles.
En attendant la Haute Cour, annoncée
par le maréchal Foch, les complices de
M. Clemenceau voient ,.s'écarter d'eux
tous les esprits sincères qu'ils acaient
dupés dans la nuit de la censure.
Lorsque la lumière, qui filtre, sera
complète, le compte de ces messieurs
sera bon.
La Chambre du « Bloc national », qui
par incurie ou lâcheté civique se rend
complice des crimes qu'elle n'ose pas
châticr, ne tardera ]Jas, elle aussi, à
être mise en accusation devant le peuple.
Déjà) au conseil général de l'Indre,
une voix courageuse s'est élevée qui ré-
clame la dissolution « pour cause d'in-
capacité cl de mal f aisance >5.
L'exemple sera contagieux ; il fusera
dans le pays on le mécontentement
grandit.
t-e qui a manqué en l'érill, à, la Fran-
cc; après la cala strophe inouïe de la
guerre, c'est une assemblée vraiment
nationale une Constituante capable de
la reconstruction par des moyens farou-
ches.
A son défaut, nous n'avons eu que des
marchands de tricolore dont Vétiquette
menteuse couvrait mal un syndicat d'é-
gotsmes et se dilue déjà sous ta première
ondée d'orage.
Vite ! le retour alu bon sens, à la vé-
rité, au S "dut public !
gDMOND DU fôjESNSU.
On dit.
En Passant
Le cochon criminel
Il y a quelque vingt ans, un ambassadeur
d'Allemagne arrivait un matin, tous poils
hérissés et toutes griffes dehors, dans les
salons feutrés, ouatés du quai d'Orsay. Les
huissiers couraient, affolés; le protocole fut
sur les dents. Sans tarder, on passa l'Excel-
lence au ministre des affaires étrangères.
Mais la pompe du cabinet ministériel et
la froide onction de feu Rouvier, qui prési-
dait alors à nos relations extérieures, ne
calmèrent point la colère teutonne. Au mi-
lieu d'un flot de paroles, avec un geste pa-
thétique, l'ambassadeur sortit de sa poche
un pot de moutarde de Dijon dont l'étiquette
leprésentait, rose, l'œil malin, l'oreille dres-
sée, une tète de cochon. Mais, sous un cer-
tain angle, avec la tète de l'animal se con-
fondaient les traits idu Hohenzollern or-
gueilleux qui rêvait alors déjà de dominer
le monde. Et l'ambassadeur parlait de lèse-
majesté, d'incident diplomatique, en 'bran-
dissant comme une épée de Damoclès son
pot de moutarde sur la tête ministérielle.
Rouvier, qui n'aimait pas les histoires,
s'en tira avec quelques-uns de ces mots pro-
tocolaires qui ne veulent rien dire, mais qui
suffisent parfois à satisfaire les vanités hu-
maines.
Quelques jours plus tards l'ambassadeur
allemand était rappelé au quai d'Orsay,
dans le bureau ministériel, un gros homme,'
rougeaud, puissant, le ventre barré d'une
lourde chaîne, d'or : le moutardier incrimi-
,né. Présentation glaciale, jusqu'au moment
où le coupable sortit une belle lettre de
Hambourg, prouvant d'indéniable façon que
si la moutarde était bien dijonnaise, son
contenant venait en droite ligne des mar-
chés poméraniens.. et l'étiquette aussi.
L'Excellence fut admirable de cynisme.
Le commerce allemand était sauf, donc la
dignité nationale n'était plus en jeu ; le pa-
villon couvrait la marchandise : tout était
pour le mieux.
Je laisse à méditer cette simple histoire
a ceux dont l'innocence attend encore des
Allemands l'appel de l,a conscience, le res-
pect de la parole donnée, le sentiment de
l'honneur. Ils ne répareront rien de gaieté
de cœur, car les engagements n'existent pas
pour eux; mais si. un jour, l'on voyait à
Berlin qu'il pût, des devoirs çontractés et
jusqu'alors étouffés, naître quelque solide bé-
néfice, ce jour-là, soyons-en sûrs, nous n'au-
rions même plus à réclamer notre dû.
Bavmond LANGE,
cweiz> -
Aujourd'hui
Chez la crémière
C'est l'heure matinale de fa distribution
du lait et les ménagères font la queue, leur,
pot à la main.
Un mutile de guerre, d'un consentement
unanime, obtient pourtant de passer avant
son numéro. Mais les commères se cabrent
quand un jeune particulier, d'environ huit
ans. porteur d'une vaste casserole, entre,
marche droit au comptoir et commande :
- Un litre, et bien tiré !
- A la queue ! Chacun son tour ici !
Alors le gamin, se retournant, riposte
avec dignité :
- On -
gosses qui pleurent, à la maison !
, Et cela est dit d'un accent si comique
que toute l'assistance éclate de rire.,. et
désarme.
s Le Tapin.
Les plébiscites inutiles
L'inutile plébiscite que provoqua récem-
ment au Tyrol la propagande allemande
n'a pas manqué d'agiter l'es chancelleries.
eulelnellt, comme d'habitude. la diploma-
tie s'émut lorsque tout était terminé.
Si blanche que soit l'opération si incapa-
ble de résultais positifs, elle n'en constitue
pas lhoins la preuve de ce que peut, tria-
fluence allemande lorsqu'on lui lâche les
rênes.
Il est avéré aujourd'hui que Hugo Siinnes
lie ménagea ni l'argent, ni les efforts pour
créer de toutes pièces une majorité favora-
hic à l'Allemagne. -C'est au point que les
journaux suisses, eux-mêmes, s'inquiètent et
la Nouvelle Gazette de Zurich ne cache
pas son lieu d'enthousiasme à voit' se rap-
procher la frontière allemande.
« Co serait, dit le journal helvétique, une
erreur de croire que le Tyro.1 ait une incli-
nation spéciale pour la Bavière. L'Autri-
chien place son existence politique bien au-
dessus de son rattachement à rAllem-ague.
L'impossibilité supposée de ne pouvoir vi-
vre de sa propre vie seule l'a poussé vers
Je rattachement. Qu'on aide l'Autriche, le
ratta.die.ment prend fin automatiquement et
l'Autriche reste l'Autriche. Mais la politique
du rattachement laisse à la propagande
« grande-allemande » et pangermaniste le
plus vaste champ d'activité. Et la pluie de
-
maintenant sur Salzbourg et sur Linz où
sera aussi adapté l'appareil (jlli a si bien
fonctionné au Slcswig, en Carinttue, ou Ty-
rol. »
Il appartient à notre diplomatie d'éviter,
d'empêcher un référendum que nul traité ne
prescrit jamais. L'Italie, déjà, proteste au
lendemain du plébiscite tyrolien.
Espérons nuc, si Berlin manifeste de nou-
velles velléités, nous saurons, cette fois, ne
pas arriver après la bataille.
*
.---
LE CHANGE S'AMELIORE
Depuis quelques jours, un fait notoire est
sérieusement commenté à la Bourse : l'a-
mélioration rapide, de notre franc.
Pour la première fois depuis bien des
mois, la livre fut, avant-hier, au-dessous
de 50 francs.
C'est, en quelques jour*, un progrès sem
sible, dû à l'énergique attitude de la Fran-
ce dans les négociations financières en
cours. L'espoir qu'ont les milieux écono-
miques de voir prochainement réglées les
difficultés dans lesquelles nous nous dé-
battons depuis plus de deux ans est la cau-
se directe de ce progrès.
Lorsqu'on songe qu'au cours (Je 1920, la
livre atteignit 67 fr. 45, on peut se ren-
dre compte du chemin parcouru. A la dato
du 1er avril 1&21, la livre n'était déjà plus
qu'à 56 fr. 05. Avant-hier, il n'y avait plus
h verser que 49 fr. 86, ce qui représente,
depuis 1920, une économie de 1? fr. 59 par
livre sterling. L'écart est énorme.
Le ,dollar américain, qui correspond ha-
bituellement. à 5 fr. 20, est monté à 11 fr. 88
en 1919 et 17 fr. 40 au cours de 1920.
Le 1er avril, il avait baissé à* M-fr. 28 et,
le 28 avril, h 13 fr. 21. Hier, il est tombé à
12 fr. 56. La encore nous économisons
4 fr. Si- sur les plus hauts cours du dollar,
cé qui représente un gain considérable.
Il n'y a P'Us qu'à espérer une suite à
cette pente descendante.
Mais la parole, pour cela, est surtout à
nos représentants.
DERNIER ULTIMATUM
La Déclaration des Alliés
signifiée à l'Allemagne.
1
Voici le texte officie.^ de la- déclaration
commune des Alliés qui a été signÚe hier
matin par les délégués alliés, a la dernière
séance de clôture du conseil suprême ;
Les puissances alliées constatent que,
maltjré les concessions successives fuites
pur les alliés depuis la signature dn traité
de Versailles, et en dépit des avertissements
oL des sanctions décidées à Spa et à Paris,
comme des sanctions notifiées à Londres et
appliquées depuis, le gouvernement alle-
mand manque à remplir les obligations qui
lui incombent, aux termes du trailé de Ver-
sailles, en ce qui concerne :
1° Le désarmement ;
2° Le versement, de 12 milliards de marl,'s
or, échus le lcrlnai 1921, aux termes de l'ar-
ticle 235 dit traité et que la commission des
réparations Va déjà sommé de payer à celle
date ;
3° Le jugement des coupables, dans, les
conditions ou il a été à nouveau stipulé
par les notes alliées du 13 tévner et dIt
17 mai 1920 ;
4° Verlaines autres questions importan-
tes, et notamment, celles que posent les ar-
ticles 2Gi à 267, 2G9, 273, 321, 322 et 327 du
traité ;
Décident :
a) De procéder, dès aujourd'hui, à toutes
mesures préliminaires nécessaires à 1 occu-
pation de la vallée de la Ruhr, dans les con-
ditions prévues au paragraphe D.
b\ D'inviter, conformément à l'article 233
du traité, la commission des réparations a
notifier au gouvernement allemand, sans
délai les époques et les modalités de l'ac-
quittement par l'Allemagne, de l'intégralité
de sa dette et d'annoncer sa décision sur
ce point au gouvernement allemand, le
6 mai, au plus tard ;
c) De sommer le gouvernement allemand
de déclarer catégoriquement, dans un délai
de six jours, à dater de la réception de la
décision ci-dessus, sa résolution :
1° JVr.rcciiler sans réserve, ni condition,
ses obligations telles quelles sont définies
pur la commission des réparations ;
2° D'accepter et de réaliser sans réserve,
ni condition, à l'égard de ses obligations,
les garanties prescrites par la commission
des réparations ;
3° D'exécuter sans réserve, ni relard :
les mesures concernant le désarmement
militaire, naval et aérien, notifiées an gou-
vernement, allemand par les puissances al-
liées, par leur lettre du 29 janvier 1921, les
mesures d'exécution déjà venues à échéan-
ce, étant complétées, sans délai, les autres
devant être réalisées aux dates fixées ;
4° De procéder sans réserve, ni retard,
au, jugement des criminels de guerre, ainsi
qu'à l'exécution des autres parlics dit traite
n'ayant pas encore reçu satisfaction et dont
il est question dans le premier paragraphe
de la. présente note.
di De procéder, le 12 mai, à l'occupation
de la vallée de la Ruhr et de prendre toutes
autres mesures militaires et navales, faute
par le gouvernement allemand d'avoir rem-
pli les conditions ci-dessus.
Cette occupation durera aussi longtemps
que l'Allemagne n'aura pas exécuté les con-
ditions énumérées au paragraphe C.
Londres, le 5 mai 1921.
Signé : Lloyd George, Briand, comte
Sforza, Jaspar, Hayashi.
La déclaration qu'on vient de lire a été
remise, hie-r malin, au docteur Sthauer,
ambassadeur d'Allemagne à Londres, pour
être transmise à Berlin.
■ -.----.-
UN PROTOCOLE ANNEXE
Indépendamment de la déclaration fi-
nale du conseil suprême, les délégués des
gouvernements alliés, qui sont représen-
tés à la commission des réparations, ont
signé un protocole annexe, adopté à
l'unanimité, en vue d'amender l'annexe 2
à la partie VIII du traité de Versailles.
Ce protocole, que nous publions en
deuxième page, prévoit un certain nom-
bre de garanties et fixe les modalités de
paiement de la dette allemande.
L'ACTUALITÉ
LE GENTENÂIRFDE NAPOLÉON
——————————————— ) - +.c.; ——
Une imposante cérémonie à l'Arc de Triomphe
Le Gouvernement associe dans une même gloire
le grand Empereur et le Poilu anonyme
———————- - D"-----
Ce fut une cérémonie simple et très gran-
de que la parade militaire (lui, hier matin,
s'est déroulée place de l'Art.:: de Triomphe,
sous les yeux d'une multitude unanime et
fervente dont l'acclamation continuelle
semblait jaillir d'une seule poitrine.
Une bise coupante passait, en courant
d'air, sous l'arche triomphale. Un cordon
bleu horizon courait autour de l'immense
place circulaire et les masses espacées de la
gar.de républicaine y mettaient à intervalles
réguliers, des nœuds sombres et corrects.
Avant la cérémonie
La tombe du Soi'dut inconnu est cou-
verte de fleurs. Une haie de soldats, l'arme
au pied, l'entoure.
Sept jeunes Alsaciennes en costume na-
tional, amenées par le délégué général du
comité du centenaire pour l'Alsace et pour
la Lorraine, se tiennent derrière la pierre
tombale et tiennent en mains sept écriteaux
où sont inscrits les noms des généraux et
des maréch.aux alsaciens Mouton, Rapp,
Xey, Kellermann, Lasalle, Lefebvre et
Klébcr.
Les troupes qui prendront part au uefi'.é
se massent un peu avant dix heures, dans
l'avenue de la Grande-Armée.
Les ambassadeurs et chargés d'affaires
se tiennent à gauche du Tombeau, avec
les attachés militaires et navals ; à droite,
un groupe nombreux d'ofliciers généraux :
Berdoulat, Maist.ro, Boisrondy, 'Buat, Man-
giin, Dubail, Simon, Pau et les maréchaux
l'och, Fayolle, Pétain ; plus loin, MM
1 lounhc et" Bneux représentent l'Institut de
France ; les deux préfets, des conseillers
généraux et municipaux en grand nombre,
MM. Barthou, Guist'hau et Lefèvre du Prey,
attendent to président de la République.
L'arrivée de M. Millerand
A 10 h. 30 exactement, précédée d'un pe-
loton de la garde à cheval, l'automobile du
chef de l'Etat débouche de l'avenue des
Champs-Elysées. M. Milierund est accom-
pagné de M. Barthou, ministre de la guerre.
Un commandement retentit : les troupes
présentent les armes tandis que les clai-
rons et tambours sonnent et battent Aux
champs et que les musiques jouent la Mar-
seillaise.
Le président de la république passe d,e-
vant le front des troupes et vient ensuite
prendre place devant la tribune sur la-
quelle 1\1. Hnrlhou monte lentement.
Le discours de M. Barthou
Monsieur le l'résident de la. République,
Messieurs, - 'u. - ----
Ouand l'empereur Napoléon, soldat neutcux
parvenu au trône, maître de la France et ,-am-
queur de l'Europe, -se disait « solidaire de tous,
de Clovis au Comité de Salut public iozc
suivait un double dessein. Il rattachait a trcize
siècles d'histoire, pour l'asseoir sur des bases
solides. la dynastie qu'il venait de fonder, et
en même temps, jaloux de ne pas diminuer sa
gloire en l'isolant, il jetait l'ancre sur l'avenir.
Ainsi il proclamait, à travers les orages, les de-
chircmcnts et les révolutions, l'unité inivisible
de l'âme française. Cette âme nous réunit au-
jourd'hui Napoléon n'est pas le monopole d'un
parti : après cent ans écoulès, il peut recevoir
tous les hommages. Aucun despotisme ne sau-
rait mettre la liberté en péril et il ne faut plus
craindre qu'une exception redevienne mi exem-
ple. La démocratie s'appuie sur la souveramete
nationale, dont le plébiscite, qui exploite le sul.
frage universel sous le prétexte de le consulter,
n'est qu'une abdication mal déguisée. Napo-
léon n'est pas une tradition politique. Il appa-
rait désormais comme une yloire aaîionsle, très
grande et très haute, qui appartient a tous.
Parlant de l'œuvre législative et adminis-
trative de iNapoléon, M. Barlhou dit :
Nous vivons encore sous 7on aruvre qui fut
nécessaire et bienfaisante, mais dont nous n'a-
vons pu, après plus d'un siècle, nialgie tant
d'ellor!s et de progrès secouer .t'éIJ'CHlLt: uni-
taire centralisée et rigide, lede q.-lli-, si or-
donnée et si claire, elle atteste une orglnisa-
tion qui eût sulli ^perpétuer un mm-et n faut
dire qu'elle est Itx partie vivante, dUI ahle. fc-
conde, du génie de Napoléon.
M Barthou fait allusion enfin à la Prus-
se que NapolÓOll, 'en leS, avait cru muse-
tcr par une convention militaire qui limi-
tait ses forces ; mais il avait compté sans
l'hypocrisie prussienne, et, il faut le dire,
sans la ténacité d'un peuple qui ne s'avoue
jamais vaincu.
La Prusse a plus de ténacité que d n^agiiia-
lion :, elle ne met aucune, coquetterie à ne pas
te rêpGter, quand la r-épdition d'un r'roc.hdc
sert ses desseins. Ludendorii copij ^fcliarn-
liorst ; il lui emprunte ses moyens de diîxinm-
lation, ses combinaisons' obliques, ses instruc-
tions et jusqu'à ses expressions.. La Prisse
vaincue prépare, sous ses ordres, la revanche
dont i! fixera l'heure et dont elle acclamait a
l'otsdam la menace et l'espoir., Nous ne la
laisserons pas recommencer. L'erreur de Na-
poléon doit nous être une suftisaulo lecon. A
quoi donc aurait-il servi de vaincre si la vic-
toire n'ayuit pas tué dans la g c erre rincustrie
nationale de la Prusse mpénitente ? Nous,
nous ne voulons pas -la guerre ; n.)us avons
l'horreur de la guerre, des conques. des un-
nexions, des visées impérialistes. Mais est-ce
vouloir la guerre que de contraindre l.À'iuy;a-
gme à l'exécution de la paix, pir des mesures
de coercition que sa résistance et sa n-yiivaisu
foi, aggravées par son insolence, ont (renoues
inévitables ?
Et M, Barthou termine :
Pauvre petit soldnt. inconnu, qtu do!",; ici ton
dernier sommeil, Poilu de France obscur et
glorieux cher enfant de la Patrie si chère, tu
ne seras pas tombé en vain. Vaimuenr de la
plus juste cause, nous t'avons cnierrc t-ous le
monument do la plus grande gioire, pour le
vouer au culte où s'unissent tous nos C,). Uf!:',
Ils seront dignes de toi, qui fus d gne de la vie
toire s'ils s'arment de volonté, de constance
e| de foi pour assurer à la France ia séf:ur:tc
de la paix réparatrice que lui ont rapportée, il
va deux ans, en passant sous l'Arc du prand
Kmpcrc-ur, les grands soldats de la liépubli-
que 1
L discours de M. Borlhou a été acclamé,
surlout lorsque, en parlant de l';\I/{\!lIi.igl:',
il s'est écrié d'une voix forte : « ons ne
la laisserons pas recommencer ! » Sa péri-
raison a soulevé un véiitable entiioussas-
me.
Le discours terminé, M Millerand, suivi
des ministres de la guerre et (¿e la marine
des maréchaux et des généraux, est allé
s'incliner devant la tombe du Soldat, m-
ccnnu, puis, avançant de quelques pas et
lace à l'avenue des Champs-Elysées, a as-
sisté au défilé des troupes aux accents du
Chant du départ, de Sambrc-el-Meuse joués
par les musiques de la garde républicaine
et des équipages de la flotte. -.
Le défilé
Le général Trouchaud rassemble ses re-
lies et tire son épée : la parade va commen-
cer, qui soulèvera sur son passage une
ovation magnifique.
C'est le spectacle toujours émouvant fie
l'armée qui défile aux sons du Chant du de-
part, de Sambrç-ei-Meuse, d'un pas bien ca-
dencé. ---
Voici la' garde, voici les saints-cyriens,
dont le casoar blanc et rose frissonne sons
le vent, les polytechniciens, les fusiliers
marins, les sapeurs-pompiers, les mar-
marins, l'infanterie.
souins, l'in.-fant*erie.
Les drapeaux s'inclinent et les sabrec
s'abaissent, rendant hommage tout'à la
fois au chef 'de l'Etat, au Soldat inconnu el
à ni lustre capitaine dont on fête le cen-
tenaire.
Des fanfares se .font. entendre, voici Par-
ti 11 erie, puis la cavalerie.
Une dernière fois, le général Trouchaud
s'avance. Du sabre, il- salue largement !e
président de la République.
La parade militaire est terminée.
Lentement la foule s'écoule, les yeux
fixés sur l'Arc de Gloire sous lequel dort le
Héros inconnu.
----+.
Aux Invalides
,t: ,'
A l'heure même où Napoléon Ier «t mort,
il y a eu un siècle hier, des détachements
tie toutes les troupes qui avadent défilé der
vant le tombeau du Soldat inconnu, se
trouvaient rassemblés aux Invalides, autour
du tombeau de l'illustre Petit Caporal, et les
drapeaux s'inclinaient à la ronde sur le
sarcophage de porphyre que l'univers
entier a contemplé.
Des détachements des Ge, 7° et 10a divi-
sions d'infanterie ; la musique du 104e -et
le drapeau du 56 régiment de ligne étaient
dans la cour Vauban et, sur la place Vau-
ban, la garde républicaine, deux batteries
d'artillerie et deux escadrons de cavalerie.
A cirif heures, 'le maréchal Foch salué par;
le général Malleterre, gouverneur des In-
valides, se rend dans la chapelle du tom-
beau où il va prendre la parole.
A 5 h- 49 exactement, le premier coup de
canon de la salve solennelle retentit : on
l'éoofute, sérieux : il y a juste, tout juste
cent ans.,
NAPOLÉON ET FOCH
Le Times publie, à l'occasion du cente-
naire de Napoléon, un supplément de plu-
sieurs pages, dans lequel on relève un arti-
cle du maréchal Foch :
Aux moments sombres de la guerre, nous,
nous sommes souvent demandé : Si Napoléon
sortait de son tombeau aux Invalides, que di-
rait;!! ? Que ferait-il de nos armées actuelles 7
Il nous aurait dit :
« Vous avez des millions d'hommes ; je no
les ai jamais eus. Vous avez des chririiiis-de.
fer. le télégraphe, la télégraphie sans fil, les
avions, l'artillerie à longue portée, les ç-i-
asphyxiants ; je n'avais rient de tout cela 1
je n'en tirais point parti. Vous allez voir. ».
Et, dans un mois ou deux, il aurait tout ren-
versé, réorganisé:, mis en oeuvre de quelque fa-
fon nouvelle, et culbuté l'ennemi désertent
Ensuite, il serait, rentré à la tète de ses arme- s'
victorieuses et il aurait été fort encombrant.
51PRES TA CONFERENCE
A son arrivée à Paris
M. Briand est l'objet
d'une chaude ovation
M. Briand, président du cônseil, ministre
des affaires étrangères, revenant de Lon-
dres, accompagné de MM. Berthelot et Caf4
tenon, Cliatin, Mossigli et Cameirlynck. est
arrivé à 19 heures par l'express de Calais.
- Dans le même train se trouvaient 4e comte
Sfoczu, ministre des affaires étrangères ,rI.
talie, et la délégation italienne, M. Lopis
Dubois, président de la commission des ré-
parations, et les délégués anglaIs, italiens
et belges, sir John Bradbury, M. Salvago
Haggi, et M. Delacroix, ainsi que les ex-
perts financiers et techniq.ues.
Le président du conseil a été reçu à sa
descente du train par MM. Bonnevay, minis-
tre de la justice ; Marraud, ministre de l'in-
térieur ; Le Trocquer, ministre des travaux
publics ; Lefebvre du Piey, ministre de j'a-
uriculture : Tissier, sous-secrétaire d'Etat ;
Pevcelon. ami personnel : le comte Bomin-
Longare, ambassadeur d'Italie à Paris : M.
Bord, chef adjoint du cabinet du ministre
des régions libérées ; Autrand, préfet de la
Seine ; Baux, préfet de police ; Da gorne.
attaché de cabinet à la présidence du con-
seil ; Moutier. sous-çhef de l'exploitation, et
Labbé, inspecteur principal de l'exploitation
à la compagnie des chemins de fer du
Nord.
- Le président du conseil, après s'êlne en-
tretenu pendant quelques minutes avec les
membres du gouvernement, s'est rendu &
pied dans la cour d'arrivée des 'voyU,g(',UII,
où une foule nombreuse était difficilement
maintenue par le service d'ordre. Aussitôt
ont. retenti les cris de : « Vive Brifind ! Vive
la France ! Merci ! » L'ovation faite au pré-
sident du conseil, pendant qu'il montait eii
voiture, a. été particulièrement, chaude,
Le président du conseil s'est nID.du. djrèc-
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