Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-04-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 11 avril 1893 11 avril 1893
Description : 1893/04/11 (A23,N7757). 1893/04/11 (A23,N7757).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7567021m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
Vingt-troisième année. - NI 7,757' mNg CGIltïIÏIGS 1 Paris et Départements CINQ CGIïtilïlGS MARDI 11 AVRIL 1893
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Election parisiennes
- Dans quelques jours, les électeurs de
Paris vont avoir à renouveler le con-
seil municipal, dont les membres sont
en même temps, comme on le sait,
conseillers généraux de la Seine. On ne
dirait pas, à voir le calme profond,
presque l'indifférence,de la population
parisienne, que nous touchons au ter-
me de cette période électorale, et ceci
nous change singulièrement de l'agi-
tation dans laquelle nous vivions il y
a trois ans, lorsque le boulangisme,
déjà battu aux élections départemen-
tales et aux élections législatives, fai-
sait un dernier effort pour arracher
aux électeurs parisiens un verdict qui
annulât en quelque mesure les déci-
sions antérieures du suffrage univer-
sel.
On aurait pu supposer que cette fois
les adversaires de la République, con-
sidérant les élections municipales de
dimanche prochain comme la préface
des élections législatives qui auront
lieu dans quelque temps, s'empresse-
raient de préparer leur terrain,et que
l'on commencerait sans plus tarder
cette campagne contre la République
dans l'issue de laquelle, il y a peu de
temps encore, on se montrait plein de
confiance.
Il n'en est rien. Bien plus, c'est le
moment où la période électorale s'ou-
vrait,que certains conseillers réaction-
naires ont choisi pour accomplir une
prétendue évolution vers la Républi-
que et pour donner une adhésion pu-
blique au comité de la « droite répu-
blicaine », avouant ainsi qu'à leurs
propres yeux l'opposition constitu-
tionnelle n'ajouterait rien à leurs
chances de réélection et * que l'idée
républicaine n'a pas été affaiblie par
tous les scandales remués en ces der-
niers temps.
Non seulement on ne soulève pas
de questions potitiques, mais il y a
même une tendance marquée à soute-
nir que la politique est tout à fait
étrangère aux élections qui vont se
faire, et il y a là une exagération de
calme et d'apaisement qui cache un
piège contre lequel il importe de met-
tre les électeurs en garde.Assurément,
le rôle du conseil municipal n'est pas
de se livrer à des manifestations poli-
tiques qui, après avoir été en grand
honneur à l'Hôtel de Ville, sont d'ail-
leurs devenues beaucoup plus rares.
Mais il ne faut pas oublier que les
conseillers municipaux interviennent
à un double titre dans les élections
sénatoriales, ce qui est bien, on ne le
contestera pas, une attribution politi-
que. Il ne faut pas oublier aussi que
le conseil général a, légalement, le
droit d'émettre, des vœux d'intérêt
général et que la démarcation n'est
pas toujours des plus aisées à tracer
entre l'intérêt général et la politique
proprement dite.
En dehors même de ces attributions
spéciales, il serait difficile de soutenir
que l'administration d'une ville comme
Paris, ayant un budget ordinaire de
275 millions, est une affaire purement
administrative qui sera réglée de la
même façon,quelles que soient les opi-
nions politiques du conseil municipal,
par les républicains ou par les conser-
vateurs. On nous apporte précisément
la preuve qu'il n'en saurait être ainsi
par la campagne actuellement menée
en faveur de la réintégration du per-
sonnel congréganiste dans les services
hospitaliers et d'assistance publique.
Nous reproduisions récemment un
factum outrageant pour les infirmiè-
res laïques que le parti clérical répand
à profusion, et la plate-forme électo-
rale des candidats cléricaux paraît de-
voir être la réintégration des sœurs.
Soutiendra-t-on sérieusement que
c'est en dehors de toute idée politique
que l'on mène cette campagne ? Il est
facile de voir, au contraire, que c'est
une première tentative du parti cléri-
cal contre l'œuvre de laïcisation des
services publics que la République a
entreprise, non pas,comme on se plaît
à le prétendre dans les journaux de
droite, dans un esprit de persécu-
tion, mais dans le but d'assurer le res-
-, pect de la liberté de conscience, la-
quelle est, en vérité, mal sauvegardée
lorsque la défense en est confiée aux
congrégations religieuses qui n'au-
raient pas de raison d'être si elles ne
se consacraient pas à la propagande
religieuse et au prosélytisme.
Il est aisé de comprendre que si le
parti clérical obtenait aux élections
municipales cette première revanche
sur la laïcisation, ce serait un argu-
ment dont il ne manquerait pas de se
servir aux élections générales pour
tâcher d'obtenir cette fois la destruc-
tion des lois scolaires et de la loi mili-
taire, et pour rétablir l'Eglise et les
congrégations dans la situation privi-
légiée d'où la République a eu tant de
peine à les déloger.
La question politique n'est donc pas
aussi étrangère aux élections muni-
cipales qu'on cherche à le faire croire,
et les électeurs parisiens feront bien
de se tenir en garde contre la préten-
due neutralité des conservateurs, la-
quelle cache un piège tendu à leur
crédulité.
ÉLECTION SÉNATORIALE
Drôme
Inscrits 1757. — Votants: 753.
MM, Laurens, cons. gén., rép. h73 ELU
Ta van, républicain 230
Guiremand, répub.,.. - lâ
Maurice Faure, député.. 6
M. Maurice Faure, député de la Drôme,
n'était pas candidat et avait refusé formel-
lement toute candidature.
[Il s'agissait de remplacer M. Chevandier,
sénateur républicain, décédé, élu, le 21 août
1893, par suite du décès de M. Numa Baragnon,
sénateur inamovible.
M. Chevandier avait été élu au second tour
de scrutin par 387 voix contre 364 données à
M. Laurens, conseiller général, maire de
Nyons, candidat également républicain.
Au premier tour de scrutin, M. Laurens
avait obtenu 309 voix, M. Chevandier 307 et M.
Maurice Faure, député républicain de Valence,
127. Entre les deux tours de scrutin, M. Mau-
rice Faure s'était désisté en faveur de M. Che-
vandier.] *
LES FRANÇAIS DE ROME
ET LE VOYAGE DE GUILLAUME
Rome, 9 avril.
Le cercle « Amédée de Savoie » a der-
nièrement nommé un comité chargé de re-
cevoir à la gare l'empereur d'Allemagne et
de lui remettre une adresse. Le cercle
« Amédée de Savoie » envoya une lettre-
circulaire aux autres sociétés de Rome, les
invitant à se rendre à la gare, avec leurs
drapeaux, le jour de l'arrivée de l'empe-
reur. Une de ces circulaires fut adressée-
croit-on par erreur — au Cercle frança is,
qui a décliné l'invitation par la lettre sui-
vante :
Par votre lettre-circulaire datée du h du
courant, vous avez cru devoir inviter le Cer-
cle français de Rome à signer avec vous le
parchemin qui sera offert à l'empereur d'Al-
lemagne comme affectueux souvenir de sa vi-
site à Rome. Si vous nous aviez fait l'honneur
de nous convier à nous associer aux fêtes du
roi et de la reine d'Italie, souverains d'une
nation amie, dont nous recevons l'hospitalité
avec une respectueuse reconnaissance,c'eût été
un devoir pour nous de répondre à votre ap-
pel avec empressement. Mais le Cercle fran-
çais n'a, à aucun degré, les mêmes raisons de
concourir aux manifestations organisées en
l'honneur de l'empereur d'Allemagne.
Veuillez agréer, avec nos regrets de ne pou-
voir mieux accueillir votre proposition, nos
sentiments de haute considération et de cor-
dialité internationale.
NOUVELLES AGRICOLES
Le beau temps continue à régner en
France, favorisant grandement les travaux
des champs. Quelques gelées nocturnes
dans les régions de l'Est ont causé d'assez
graves dommages aux arbres fruitiers en
fleurs ; mais ces abaissements de tempéra-
tur * ne peuvent avoir aucune influence dé-
favorable sur les plantes de grande culture.
Au contraire, ils empêchent la vègétation
de se développer trop vite et permettent
l'achèvement des semailles d'avoine et de
blés de printemps dans de bonnes condi-
tions, ainsi que la préparation des terres
pour les ensemencements des betteraves et
des pommes de terre. Ces ensemencements
ne pourront que bénéficier de la précocité
de la saison.
Dans la région du Nord, d'après les ren-
seignement officiels, les emblavements de
betteraves seront à peu près semblables à
ceux de l'an dernier.
Après les désastres causés dans les vigno-
bles des vallées du Rhône et de la Saône, la
grande préoccupation des vignerons est de
savoir comment ils devront tailler la vigne
pour en tirer le meilleur parti possible, soit
en vue de la prochaine récolte, soit dans le
but de reformer les souches les plus en-
dommagées par le froid.
L'avis le meilleur est sans contredit l'é-
bourgeonnement combiné avec une taille
un peu longue. On favorisera ainsi le dé-
veloppement du raisin en supprimant pen-
dant le cours de la végétation toutes les
pousses inutiles. Il ne faudrait pas hésiter
devant ce surcroît de travail, dont les bons
effets ne tarderont pas à se produire.
En résumé, les nouvelles sont générale-
ment satisfaisantes, et si de tardives gelées
ne surviennent pas en avril, il y a lieu d'es-
pérer, sauf sur quelques points, de bonnes
récoltes.
LE SUCCESSEUR DE M. LALOU
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTlCuLmBj
Dunkerque, 9 avril.
M. Alfred Petit, banquier, est élu conseiller
général dans le canton ouest de Dunkerque
par 3.h35 voix, remplaçant M. Lalou, député,
qui a eu 5u5 voix.
L'IMPOT SUR LES OPÉRATIONS
DE BOURSE EN ESPAGNE
Madrid, 9 avril.
Les agents de change ont décidé de s'incli-
ner devant la loi relative à l'impôt sur les
opérations de Bourse et de nommer une nou-
velle commission chargée de proposer au mi-
nistre quelques adoucissements dans l'appli-
cation de la loi.
C'est hier que la loi entrait en vigueur. Il
n'y a eu que quatre opérations faites au
comptant. Aucune n'a été faite sur l'Exté-
rieure.
UNE VICTIME DE MONTE-CARLO
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTI-CULIER)
Toulon, 9 avril.
Ce matin, vers huit heures, le commis-
saire de police du Mourillon a été appelé à
constater un suicide aux Maisons-Neuves.
Un nommé D., âgé de cinquante-six ans,
célibataire, s'est suicidé la nuit dernière en
s'asphyxiant à l'aide d'un réchaud de char-
bon, dans la chambre qu'il habitait aux
Maisons-Neuves, au no 20&
Ainsi qu'il en avait plusieurs fois mani-
festé l'intention, D. a mis fin à ses jours
a cause de la perte totale de sa petite for-
tune à la roulette de Monte-Carlo, où il
était allé il y a environ un mois, après
avoir vendu deux maisons qu'il possédait à
Toulon.
D. était un ancien distributeur de la
marine qui avait donné sa démission il y
a dix ans pour vivre de ses rentes.
Dans le quartier des Maisons-Neuves, il
était très connu, et surtout très estimé par
ses nombreux amis.
Ce suicide a produit une vive impres-
üon, r j
'-, 1
TR010SESJMKICMX
LA MUSIQUE ET LA DOULEUR
L'influence de la clarinette sur les
jambes coupées. — Le clyso-pompe
à musique. — Le docteur Black-
man et le docteur Voisin.
Les Anglais viennent, comme on dit vul-
gairement, d'en inventer une bien bonne.
Se souvenant de la facilité avec laquelle,
au dire de la Bible, le bon roi David cal-
mait les colères de Saül en pinçant quel-
ques gammes sur sa harpe, un aliéniste de
Portsmouth, le docteur Blackman, s'est
amusé à étudier l'influence du trombone —
on ne dit pas si c'est celui à coulisse — et
de la clarinette sur l'état psychique et
physiologique des forçats du bagne de
Portland.
Après plusieurs années de concerts don-
nés à ces intéressants bipèdes, le bon doc-
teur s'est cru en droit' de formuler les con-
clusions suivantes :
Les effets de la musique s'exercent par ac-
tion réflexe sur les centres nerveux qui gou-
vernent le cours du sang. Il en résulte une di-
latation appréciable des vaisseaux sanguins et,
par suite, une activité plus grande de la cir-
culation, avec un sentiment de chaleur mar-
quée. Le travail géuéral de la nutrition étant
étroitemeut lié à l'activité de la circulation,
on doit considérer la musique comme un ad-
juvant de la nutrition des tissus et l'utiliser à
l'occasion comme'un agent thérapeutique
d'une certaine valeur.
Ce qui veut dire, paraît-il, en langage
pratique : la musique, convenablement ap-
pliquée, suffit pour guérir la folie, les gas-
tralgies, les entorses, et pour faire ressen-
tir une douce jouissance aux personnes
auxquelles on coupe la jambe.
La société de musique thérapeutique
Aussi les Anglais, qui n'ont point, croyons-
nous, de société protectrice des animaux,
ont aussitôt formé une société d'études, in-
titulée : « la Gilde de Sainte-Cécile J" pré-
sidée par la révérend Harford, chanoine de
Westminster, et dont le programme phi-
lanthropique est aussi étendu qu'original.
Ces messieurs, en effet, se proposent de
vérifier sur un grand nombre de malades
l'influence de la musique comme calmant
physique et moral ; de former des musi-
ciens infirmiers, toujours prêis à répondre
à l'appel des médecins ; enfin, d'installer
dans un point central de la métropole bri-
tannique un « poste de secours musi-
caux J" où des relais d'exécutants se suc-
cèdent nuit et jour pour transmettre les
ondes sonores, par voie" téléphonique, à
des salles déterminées de chaque grand
hôpital.
Le docteur Blackman affirme que ces ex-
périences ont déjà donné d'excellents ré-
sultats. Un des plus notables aurait été
de faire régner le silence dans les salles de
chirurgie soumises à l'action musicale et
de procurer aux malades les plus agités un
sommeil réparateur. 1
A Helensburgh, un comité de dames in-
firmières s'est constitué pour faire tous les
jours de la musique vocale et instrumen-
tale aux opérés. Il aurait été constaté que la
température de ces patients baissait nota-
blement et que leurs souffrances étaient
manifestement allégées. L'instrument qui
exerce l'action musicale la plus calmante
est le violon. En beaucoup de cas d'insom-
nie, on obtient des effets excellents d'une
simple boite à musique,mise en jeu soit par
un mouvement d'horlogerie, soit par un
moteur électrique, placée sur une table, et
au besoin sans doute dans les « flancs »
d'un irrigateur.
On n'a pas encore expérimenté la grosse
caisse.
Les précurseurs du docteur Blackman
La science n;)us réserve chaque jour de
telles surprises, qu'il semblait téméraire
de dédaigner les alfirmations du docteur
Blackman.
L'histoire, d'ailleurs, cite des exemples
classiques d'influence musicale contre les-
quels aucun savant moderne n'a encore
songé à s'inscrire en faux. Nous rappe-
lions tout à l'heure le cas de David et de
Saül; nous pourrions citer bien d'autres
faits.
Therpandre apaise une révolution des
Spartiates en leur servant une romance ;
Timothée met Alexandre eu fureur en chan-
tant sur le mode phrygien, et le calme en
roucoulant sur le mode lydien. Dans des
temps plus modernes , on défend sous
peine de mort, dans les troupes suisses, de
jouer le fameux Ranz des Vaches qui faisait
déserter les soldats arrachés à leurs mon-
tagnes.
Enfin, tout le monde ayant entendu par-
ler des concerts que l'ou donne aux histé-
riques de la Salpetrière, il ne semblait pas
impossible a priori d'admettre qu'une me-
sure de violon empêche un malade de sen-
tir un coup de bistouri, tout comme une
partie d'échecs empêchait un joueur célè-
bre de souffrir d'une attaque de goutte.
Désirant être fixé à cet egard, nous avons
consulté le docteur Auguste Voisin, méde-
cin de la Salpêiriére. - • < «,
Chez le docteur Voisin
L'éminent spécialiste paraît fort peu con-
vaincu de l'efficacité de la thérapeutique
inventée par son confrère d'outre-Manche.
— Ce sont les maladies mentales, nous
dit-il, qu'un a d'abord songé à traiter par
la musique. Depuis longtemps on y a re-
noncée par cette raison bien simple que l'in-
dividu en proie à un accès de folie ne per-
çoit pas les réalités actuelles du monde
extérieur. Quand vous parlez à un fou, il
ne vous entend pas, ou il entend de tra-
vers. Un air de musique ne peut donc lui
procurer aucun soulagement, et les con-
certs que l'on donne dans les maisons d'a-
liénés ont pour but, non point de calmer
leurs accès, mais de leur prucurer une dis-
traction normale dans leurs heures de lu-
cidité.
Il en est de même des séances musicales
qui ont lieu deux fois par semaine à la Sal-
pêtrière, dont je considère l'action théra-
peutique comme absolument nulle, et au
cours desquelles on voit fréquemment des
femmes prises d'accès violents. C'est sur-
tout dans les maladies nerveuses qu'il im-
porte de subordonner le traitement à des
nuances souvent très délicates de tempé-
rament, et, en admettant qu'un air de mu-
sique puisse produire l'effet d'une pilule,
vous comprenez combien il serait difficile
de diagnostiquer le genre de pilule — je
veux dire de musique - applicable à cha-
que malade. L'un exigerait du trombone,
un autre de la clarinette, un troisième du
tambour ou du violon ; tel qui se calmerait
en entendant du Mozart, hurlerait aux
premières note de Wagner, ou réciproque-
ment.
Orgues et chirurgie
Même observation en ce qui concerne
l'usage de la musique dans les salles de
chirurgie, D'abord, je ne vois pas très bien
un orchestre jouant l'ouverture du Barbier
ou la marche funèbre de Chopin dans une
salle ou sont rangés plus ou moins pêle-
mêle les convalescdnls et les agonisants. Il
y a là une question de convenance sur la-
quelle je n'insiste pas.
Du reste, on a depuis longtemps essayé
de soulager les amputés en leur offrant des
concerts d'orgue, ou en « égayant" leurs
salles avec des pots de fleurs. Un instant
aussi, on a employé les verres colorés.
Toutes ces expériences n'ont donné aucun
résultat sérieux.
—— Mais, demandons-nous, la musique ne
pourrait-elle, en certains cas. être em-
ployée avantageusement pour provoquer le
sommeil chez les malades livrés aux chi-
rurgiens?
— En fait de musique endormante, nous
répond le docteur Voisin, je ne connais
rien de supérieur au chloroforme.
ARRESTATION D'UN BRIGAND
Palerme, 9 avril. — Ce matin a été arrêté, à
Caltayuturo, après une vive résistance, le bri-
gand Botindari, appartenant à la bande Mau-
rina et pour l'arrestation duquel était promise
une prime de 6,000 lires.
M. DE PAREU
Opinions successives d'un ancien
républicain. — Le ministre de
l'instruction publique et la
loi de 1850. — A l'Ins-
titut.
M. de Parieu, membre de l'Institut, an-
cien sénateur, ancien ministre de l'instruc-
tion publique, est mort hier matin, en son
domicile, rue Las-Cases, lh Ce ne fut point
un homme banal ; il mérite mieux qu'une
sèèhe notice nécrologique, bien que fort
oublié par la nouvelle génération.
M. Esquirou de Parieu (Marie-Louis-
Pierre-Félix) était né le 13 avril 1815, à Au-
rillac, dont son père fut longtemps maire, et
député de 1852 à 1869. Il descendait d'une
ancienne famille de robe et se destinait au
barreau. Docteur en droit, il épousa Mlle
Durant de Juvisy, une descendante de Pas-
cal, et se fiL inscrire au barreau de Riom,
où il acquit une brillante et rapide réputa-
tion. >
11 reste étranger à la vie politique jus-
qu'en 18h8. A ce moment, il se déclare en
faveur de la République et prend une part
active aux discussions des clubs démocra-
tiques d'Aurillac. Les électeurs du Puy-de-
Dôme, séduits par une profession de foi
nettement républicaine, l'envoient, le 23
avril 181*8, les représenter à l'Assmblée
constituante. Il siège d'abord au centre,
puis se rapproche de la droite, et, après
avoir approuvé le bannissement à perpé-
tuité de la famille d'Orléans, nous le re-
trouvons votant les poursuites contre Louis
Blanc et Caussidière, le rétablissement de
la contrainte par corps ; il combat l'amen-
dement Grévy, demande l'interdiction des
clubs qui avaient fait sa fortune politique.
Enfin, les lois les plus réactionnaires trou-
vent en lui un défenseur acharné.
L'amendement Grévy
Tout en repoussant l'amendement Grévy,
il demanda pourtant, comme son collè-
gue, que le président de la République fût
nommé par l'Assemblée et non par le suf-
frage universel.
« Les Américains, disait-il, ne pensèrent
pas que ce fût le suffrage universel direct
qui dût présider d'une façon normale à la
nomination du président de la Républi-
que ; ils portèrent leurs regards plus loin,
et ce fut par l'élection à deux degrés, appe-
lant les hommes placés à des points de vue
élevés, discernant les nécessités politiques
du pays, nécessités souvent si délicates, ce
fut par l'élection à deux degrés qu'ils or-
ganisèrent l'élection du président de la Ré-
publique. Voilà ce que nous apprend le
passé de la seule République dont on ait
cru devoir interroger l'histoire dans cette
enceinte. »
Réélu en 18U9, il se sépara définitivement
des républicains pour adhérer à la politi-
que de la majorité monarchiste, qui, pour
recompenser tant de zèle, lui confia le por-
tefeuille de l'instruction publique.
Contre les instituteurs
Il servit tout de suite les intérêts du
parti catholique, prit des mesures rigou-
reuses contre les instituteurs qui s'étaient
montrés partisans de la République et du
socialisme, et présenta à l'Assemblée la.
fameuse loi sur l'enseignement qui fut
votée le 15 mai 1850, et qui, en réorgani-
sant complètement la hiérarchie universi-
taire, plaçait en fait les recteurs et les
conseils d'académie départementaux sous
la dépendance du clergé et des évê-
ques.
Cette loi causa dans le personnel ensei-
gnant de l'Etat une émotion des plus
vives.
M. de Parieu quitta le ministère en 1851,
reprit sa place dans la majorité, se rallia
aux projets du prince-président, approuva
le coup d'Etat et retira de son dévouement,
comme bénéfice, le poste de conseiller d'E-
tat et les fonctions de président de la sec-
tion des finances.
A ce titre, il prit part, comme commis-
saire du gouvernementaux discussions du
Corps législatif. « A ce moment, remarque
un biographe, tout fut aux Auvergnats
sous le second Empire. 0 VercingeLOrix,
qu'eût dit ta grande âme, si, ressuscitant,
tu avais vu tous tes fils servir sous César ? »
Le même biographe caractérise ainsi l'é-
loquence de M. de Parieu: «Flot tiède et
limpide, mais sans saveur. »
L'opinion de M. Rouher
Consulté par l'empereur sur ses apti-
tudes ministérielles, son compatriote, M.
Rouher, avait répondu: « M'a à aucun
degré aucune des qualités voulues pour ces
fonctions. »
A l'avènement du ministère Olivier, il fut
élevé au rang de ministre présidant le
conseil d'Etat et il conserva ce titre jusqu'à
la chute de l'empire.
M. de Parieu vivait depuis deux ans dans
la retraite, lorsque, de son consentement,
la commission de l'Assemblée nationale
chargée de présenter les candidats au con-
seil d'Etat l'inscrivit sur la liste. Mais,
après réflexion, M. de Parieu écrivit à l'As-
semblée que « des scrupules » le forçaient
à retirer sa candidature.
Il ,, préféra se porter candidat au Sénat
dans le Cantal et fut élu le 90 janvier 1876.
Il alla siéger à droite,sur les bancs de l'Ap-
pel au peuplé, et prêta, naturellement, tout
son'appui au Seiza-Mai. Vous pensez s'il
vota contre la loi Ferry et l'article 7.
Il échoua au renouvellement de 1885. Sa
carrière ctait finie.
Grand-officier de la Légion d'honneur du
114 août 1869, décore d'un grand nombre
d'ordres étrangers, M. de Parieu a été fait
membre de l'Institut (Académie des scien-
ces morales et politiques) par décret impé-
rial.
Il laisse un grand nombre d'ouvrages
d'histoire et d'économie politique.
Tablettes- flii Progrès
LE FROMAGE DE « SOJA"
On lisait, à la date du 2 mars dernier,
dans l'Avenir de Diego-Suarez la bizarre
information suivante :
M. le gouverneur s'empresse de porter à
la connaissance des habitants qu'il vient
de recevoir de M. de Mahy une boîte de
graines du haricot soja, avec lequel on fa-
brique des fromages qui gagnent èn vieil-
lissant et sont une précieuse ressource pour
les colons qui vivent loin des centres po-
puleux.
Apportée par le dernier courrier, la
nouvelle fut instantanément recueillie
par la presse d'Europe, dont les plaisan-
tins ordinaires, trop enclins, comme
toujours, par tempérament et par métier,
à se laisser prendre aux apparences et à
se payer de mots, s'empressèrent à l'envi
de faire des gorges chaudes.
Voyez-vous cet homme d'Etat, plusieurs
fois ministre, qui ne trouve rien de mieux
à offrir aux pauvres colons de Madagas-
cor, si chers à son cœur, qu'un haricot
inédit, non pas même en guise de piano,
mais en guise de fromage! Et quel fro-
mage ! Un fromage qui, comme le vin fin,
« gagne».en vieillissant! Vraiment,celle-
là était trop drôle, et il y avait de quoi se
tordre.
On ne s'en est pas fait faute, et j'en sais
qui, depuis, s'en « gondolent" encore.
Je suis bien fâche d'être obligé de jeter
un seau d'eau froide sur cette exubérante
gaieté; mais elle est, en vérité, par trop
intempestive et porte tout de même par
trop à faux pour n'être pas corrigée.
Je n'ai jamais goûté au fromage de
soja, et j'ignore en conséquence si, réelle-
ment, il se bonifie, comme on l'assure,
avec le temps. Mais ce q ie je sais, c'est
que ce fromage n'est point une manière
de parler, un bruit qu'on fait courir.
C'est bel et bien une réalité culinaire,
qui, dans tout l'Extrême-Orient, se fabri-
que s r une vaste échelle. On en fait sur-
tout grand cas en Chine et au Japon, où
il constitue non seulement une précieuse
ressource pour les foules nécessiteuses,
mais encore un régal estimé des gour-
mets les plus délicats. Possible que ce
fromage végétal, auquel on donne le nom
de to-fou, ressemble plutôt à une pâtis-
serie qu'à un quartier de camembert ou
de brie ; mais ce n'en est pas moins une
chose fermentée, substantielle et savou-
reuse, dont on peut parfaitement, à la
rigueur, faire un suffisant dîner.
Par contre, j'ai goûté du pain de soja,
car ce haricot exotique sert aussi un peu
partout, même à Paris, à fabriquer du
pain, voire même un pain doué de ver-
tus spéciales qui en font l'aliment par
excellence des infortunés diabétiques.
Cela tient à la faiblesse de la teneur en
amidon de la farine de soja, bien plus
riche, en revanche, que la farine de fro-
ment en matières grasses et en matières
azotées.
On sait que, parmi les substances ali-
mentaires, il en est de glycogènes, c'est-
à-dire qui stimulent la fonction sacclia-
ritiante du foie et augmentent propor-
tionnellement la production du sucre.
Le pain ordinaire est le type de ces ali-
ments, et son action sur la glycogénèse
ressort pérewptoirement des expérien-
ces célèbres de Pavy, Tscherinolf, See-
gen et Claude Bernard (docteur E. Mo-
nin, Hygiène et traitement du diabète,
p 26). Ur, c'est là précisément ce qu'il
faut éviter avec le plus de soin chez les
diabétiques, auxquels on interdit rigou-
reusement l'usage du pain. Ce régime
sévère n'allant pas sans quelques incon-
vénients, — la gravelle, la dyspepsie,
l'ictère, la misère physiologique, etc., —
on a essayé de tourner la difficulté en
donnant aux malades du pain de glu-
ten
Le gluten, ou fibrine végétale, est une
sorte de pseudo-viande qui donne un
pain spécial, ou plutôt une espèce d'é-
chaudé fade et sec, franchement mau-
vais. « On s'habituerait plutôt, disait Pa-
vy, à la privation totale de pain qu'au
régime du pain de gluten. »
ëi le pain de gluten n'était que désa-
gréable, ce ne serait rien encore. Mais le
malheur est que, tout en contenant beau-
coup moins d'amidon que le pain ordi-
naire, il en renferme encore hQ ou h2 0/0,
c'est-à-dire plus que la brioche et que la
pomme de terre, qui, elle, possède l'inap-
préciable avantage d'une grande richesse
en sels de potasse. (or Afonin, loc. cit.)
Il n'en est pas de même du pain de soja.
(300 grammes de farine deqoja, 150 gram-
mes de beurre et trois oeufs) ; il ne ren-
ferme, en effet, que 23 1/â 0/0 d'amidon,
c'est-à-dire moitié moins. Ce qui ne l'em-
pêche pas d'être plus nourrissant que le
pain de froment, puisqu'il contient 15,01
(au lieu de 6,16 0/0) de matières azotées
et 52 (au lieu de 0,3/t 0/0) de matières
grasses.
Dans la glycosurie, l'amidon, c'est l'en-
nemi, puisque c'est de l'amidon que le
sucre procède. D'autre part, il faut, pour
résister à la déchéance graduelle et à la
cachexie envahisssante, que le malade se
suralimente. La graisse, enfin, restreint,
au dire de Claude Bernard, la clycogé-
nèse organique. Le pain de soja a donc
toutes les qualités requises pour servir de
base à l'alimentation rationnelle des dia-
bétiques.
La pratique, au surplus, de ce chef,
confirme la théorie. Le docteur Ménudier,
président du syndicat général des comi-
ces agricoles de la Charente-Inférieure,
qui a tant fait pour la vulgarisation du
pain de soja, déclare l'avoir employé avec
le plus complet succès. Il en cite même
volontiers cet exemple, particulièrement
suggestif, tiré de sa propre famille: Deux
de ses parents, d'une constitution égale-
ment bonne, furent atteints en même
temps du diabète sucré simple. L'un, âgé
de cinquante ans, ayant, malgré les con-
seils du docteur Ménudier, continué l'u-
sage exclusif du pain de froment, ne tar-
da guère à succomber. Le second, qui
s'était au contraire laissé convertir au
pain de soja, vit encore et se porte comme
un charme en dépit de ses soixante-seize
ans. ;
Quand j'aurai ajouté que le pain de
soja est plutôt d'un goût agréable, et que
son seul défaut est de moisir un peu trop
facilement, force sera bien de reconnaître
que c'est faire œuvre utile que d'appeler
l'attention sur une plante aussi précieuse
et dont, par-dessus Je marché, la culture,
qui réussit dans les sols les plus médio-
cres, est tout ce qu'on peut rêver de plus
facile et de plus simple.
Le soja n'est pas, d'ailleurs, l'apanage
exclusif des diabétiques. Le légume —
unesorte de poisoléagine ,x-qu'il donne,
pour n'être pas de premier ordre, n'en
mérite pas moins d'être apprécié, ailleurs
que chez les Peaux-Jaunes, par les gens
bien portants. Il constitue en outre un
fourrage excellent et d'un rendement con-
sidérable. Ses graines enfin, d'où l'on
peut extraire une assez bonne huile, rem-
placent fort avantageusement la chicorée
dont on se sert un peu partout pour..,.
compléter les cafés au rabais.
h Originaire de la Chine, le soja (soja
hispida) appartient à la famille des légu-
mineuses. Il fut importé jadis en France
par M. de Montigny, mais ce fut seule-
ment vers 187A, à la suite d'envois de
graines, par les rares jardins d'acclima-
tation qui lui avaient donné l'hospitalité,
à diverses sociétés d'agriculture et no-
tamment à la Société d'agriculture i'E.
tampes, qu'il commença à se répandre.
La sélection et la culture intensive ont
fini par en créer une variété supérieure,
le soja dit « d'Etampes », qui pousse en
abondance dans les terrains les plus ari-
des, où aucune autre espèce de légume
ne pourrait croître.
Cela se sème en lignes, comme les hari-
cots vers le mois d'avril, à raison de 150
à 200 kilogrammes à l'hectare. La récolte
se fait en août, et atteint souvent 2,000
kilogrammes à l'hectare, ce qui, à raison
d'un franc la livre de graines, ne laisse
pas de constituer un rendement assez
gentiment rémunérateur.
- Même sous le climat de Paris, où le
soja mûrissant mal ne saurait guère être
employé que comme fourrage, c'est une
culture qui mérite, à plus d'un titre, la
sollicitude des intéressés. Que sera-ce à
Madagascar, où les colons n'ont pas tou-
jours des vivres à jeter par les fenêtres,
et dont le climat se rapproche sensible-
ment du climat de la Chine moyenne ? Il
n'a donc point été si mal inspiré, M. de
Mahy, lorsque, se souvenant qu'il fut mi-
nistre de l'agriculture avant de gouver-
ner la marine, il ouvrit aux hardis pion-
niers de la civilisation française à Diego-
Suarez cette piste féconde. On ne sau-
rait jamais trop fél.citer, d'ailleurs,
ceux qui travaillent à augmenter d'une
façon quelconque le stock alimen-
taire de la famélique humanité, dont la
table ne sera jamais, quoi qu'on fasse, ni
trop copieuse ni trop variée. Ce n'est
point sans motifs que la postérité recon-
naissante a élevé des statues au pauvre
pécheur anonyme de Scheveningen qui
inventa le « saurage » du hareng, et à
Parmentier qui nous donna la pomme de
terre. Et si jamais les diabétiques de l'o,
céan Indien s'avisent également de couler
en sucre candi l'honorable député de la
Réunion, qui n'a pas craint, pour leur
apprendre le fromage de soja, de risquer
le ridicule, où donc serait le mal ?
Rompez !
- Raoul Lucet.
M. C4SIIMI*. PlJZR
CHEZ SES ÉLECTEURS
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA
CHAMBRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Tl'ores, 9 avril.
Je viens d'assister à la première manifes-
tation oratoire de M. Casimir-Perier depuis
qu'il est président de la Chambre. Il était
intéressant de savoir ce qu'il pensait des
événements qui, depuis Lrois mois, ont
préoccupé l'opinion publique. Dans ce ban-
quet qui lui était offert par les républicains
de l'Aube, ses électeurs, il s'est borné à
faire un discours théorique qui a été, vous
le pensez bien, très appiaudi dans ce mi-
lieu ami.
C'est à Troyes-Preize, à deux kilomètres
de la ville, sous la rotonde de la gare, qui,
dépend de la commune de Saint-Luc, qu'a
eu lieu cette fête républicaine, à laquelle
ont pris part 2,500 cunvtves amenés par un
train spécial et par des services de tram-
ways et d'omnibus et de voitures excep-
tionnels. On avait bien fait les choses.
L'enthousiasme était partout et l'on a fait
une ovation à M. Casimir-Perier lorsqu'il
est arrivé à Saint-Luc, accompagné du vé-
nérable colonel Tézenas, sénateur de l'Au-
be, qui porte si gaillardement ses soixante-
dix-huit ans, el.-.J.e M. Artaud, chef du cabi-
net du président du conseil.
: 4 * Le banquet Ab,
La table d'honneur occupait une des ex-
trémités de la rotonde. Elle était surélevée
d'un mètre. Nous y avons remarqué, aux
côtés MM. Casimir-Perier et Tézenas, M.
Gayot, sénateur ; MM. Michou, Royer, Ram-
bourg, Thierry-Delanoue et Armand, dé-
putés de l'Aube; Ilosey, député de la Haute-
Marne; le préfet; M. Artaud; M. Delatour.
directeur du contentieux au ministère des
finances, et les membres du conseil général
de l'Aube.
Les autres tables, au nombre de quarante,
venaient aboutir en éventail sur la table
d'honneur.
L'aspect de cette belle rotonde, une mer-
veille de métallurgie, était très pittoresque.
La seule note désagréable était la note lu-
mineuse et par trop chaude que le soleil
apportait par les vitraux surchauffés.
Le déjeuner a été servi à une heure. C'é-
tait un déjeuner froid qui se composait de
galantine, jambon, noix de veau braisé à la
gelée, pâté de volailles, saumon, salade
russe, dessert, vins fins, Champagne, café
et cognac. Le tout était parfaitement
réussi, et Vendange, le traiteur, méritu les
plus vifs éloges.
Pendant le banquet, la Fanfare des pom-
piers et l'Harmonie industrielleont exécuté
à tour de rôle six morceaux de musique.
A noter, comme incidents amusants, les
opérations d'unâ légion de photographes et
les bravos qui saluaient à chaque plat l'en./
tréo des cent vingt garçons.
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Election parisiennes
- Dans quelques jours, les électeurs de
Paris vont avoir à renouveler le con-
seil municipal, dont les membres sont
en même temps, comme on le sait,
conseillers généraux de la Seine. On ne
dirait pas, à voir le calme profond,
presque l'indifférence,de la population
parisienne, que nous touchons au ter-
me de cette période électorale, et ceci
nous change singulièrement de l'agi-
tation dans laquelle nous vivions il y
a trois ans, lorsque le boulangisme,
déjà battu aux élections départemen-
tales et aux élections législatives, fai-
sait un dernier effort pour arracher
aux électeurs parisiens un verdict qui
annulât en quelque mesure les déci-
sions antérieures du suffrage univer-
sel.
On aurait pu supposer que cette fois
les adversaires de la République, con-
sidérant les élections municipales de
dimanche prochain comme la préface
des élections législatives qui auront
lieu dans quelque temps, s'empresse-
raient de préparer leur terrain,et que
l'on commencerait sans plus tarder
cette campagne contre la République
dans l'issue de laquelle, il y a peu de
temps encore, on se montrait plein de
confiance.
Il n'en est rien. Bien plus, c'est le
moment où la période électorale s'ou-
vrait,que certains conseillers réaction-
naires ont choisi pour accomplir une
prétendue évolution vers la Républi-
que et pour donner une adhésion pu-
blique au comité de la « droite répu-
blicaine », avouant ainsi qu'à leurs
propres yeux l'opposition constitu-
tionnelle n'ajouterait rien à leurs
chances de réélection et * que l'idée
républicaine n'a pas été affaiblie par
tous les scandales remués en ces der-
niers temps.
Non seulement on ne soulève pas
de questions potitiques, mais il y a
même une tendance marquée à soute-
nir que la politique est tout à fait
étrangère aux élections qui vont se
faire, et il y a là une exagération de
calme et d'apaisement qui cache un
piège contre lequel il importe de met-
tre les électeurs en garde.Assurément,
le rôle du conseil municipal n'est pas
de se livrer à des manifestations poli-
tiques qui, après avoir été en grand
honneur à l'Hôtel de Ville, sont d'ail-
leurs devenues beaucoup plus rares.
Mais il ne faut pas oublier que les
conseillers municipaux interviennent
à un double titre dans les élections
sénatoriales, ce qui est bien, on ne le
contestera pas, une attribution politi-
que. Il ne faut pas oublier aussi que
le conseil général a, légalement, le
droit d'émettre, des vœux d'intérêt
général et que la démarcation n'est
pas toujours des plus aisées à tracer
entre l'intérêt général et la politique
proprement dite.
En dehors même de ces attributions
spéciales, il serait difficile de soutenir
que l'administration d'une ville comme
Paris, ayant un budget ordinaire de
275 millions, est une affaire purement
administrative qui sera réglée de la
même façon,quelles que soient les opi-
nions politiques du conseil municipal,
par les républicains ou par les conser-
vateurs. On nous apporte précisément
la preuve qu'il n'en saurait être ainsi
par la campagne actuellement menée
en faveur de la réintégration du per-
sonnel congréganiste dans les services
hospitaliers et d'assistance publique.
Nous reproduisions récemment un
factum outrageant pour les infirmiè-
res laïques que le parti clérical répand
à profusion, et la plate-forme électo-
rale des candidats cléricaux paraît de-
voir être la réintégration des sœurs.
Soutiendra-t-on sérieusement que
c'est en dehors de toute idée politique
que l'on mène cette campagne ? Il est
facile de voir, au contraire, que c'est
une première tentative du parti cléri-
cal contre l'œuvre de laïcisation des
services publics que la République a
entreprise, non pas,comme on se plaît
à le prétendre dans les journaux de
droite, dans un esprit de persécu-
tion, mais dans le but d'assurer le res-
-, pect de la liberté de conscience, la-
quelle est, en vérité, mal sauvegardée
lorsque la défense en est confiée aux
congrégations religieuses qui n'au-
raient pas de raison d'être si elles ne
se consacraient pas à la propagande
religieuse et au prosélytisme.
Il est aisé de comprendre que si le
parti clérical obtenait aux élections
municipales cette première revanche
sur la laïcisation, ce serait un argu-
ment dont il ne manquerait pas de se
servir aux élections générales pour
tâcher d'obtenir cette fois la destruc-
tion des lois scolaires et de la loi mili-
taire, et pour rétablir l'Eglise et les
congrégations dans la situation privi-
légiée d'où la République a eu tant de
peine à les déloger.
La question politique n'est donc pas
aussi étrangère aux élections muni-
cipales qu'on cherche à le faire croire,
et les électeurs parisiens feront bien
de se tenir en garde contre la préten-
due neutralité des conservateurs, la-
quelle cache un piège tendu à leur
crédulité.
ÉLECTION SÉNATORIALE
Drôme
Inscrits 1757. — Votants: 753.
MM, Laurens, cons. gén., rép. h73 ELU
Ta van, républicain 230
Guiremand, répub.,.. - lâ
Maurice Faure, député.. 6
M. Maurice Faure, député de la Drôme,
n'était pas candidat et avait refusé formel-
lement toute candidature.
[Il s'agissait de remplacer M. Chevandier,
sénateur républicain, décédé, élu, le 21 août
1893, par suite du décès de M. Numa Baragnon,
sénateur inamovible.
M. Chevandier avait été élu au second tour
de scrutin par 387 voix contre 364 données à
M. Laurens, conseiller général, maire de
Nyons, candidat également républicain.
Au premier tour de scrutin, M. Laurens
avait obtenu 309 voix, M. Chevandier 307 et M.
Maurice Faure, député républicain de Valence,
127. Entre les deux tours de scrutin, M. Mau-
rice Faure s'était désisté en faveur de M. Che-
vandier.] *
LES FRANÇAIS DE ROME
ET LE VOYAGE DE GUILLAUME
Rome, 9 avril.
Le cercle « Amédée de Savoie » a der-
nièrement nommé un comité chargé de re-
cevoir à la gare l'empereur d'Allemagne et
de lui remettre une adresse. Le cercle
« Amédée de Savoie » envoya une lettre-
circulaire aux autres sociétés de Rome, les
invitant à se rendre à la gare, avec leurs
drapeaux, le jour de l'arrivée de l'empe-
reur. Une de ces circulaires fut adressée-
croit-on par erreur — au Cercle frança is,
qui a décliné l'invitation par la lettre sui-
vante :
Par votre lettre-circulaire datée du h du
courant, vous avez cru devoir inviter le Cer-
cle français de Rome à signer avec vous le
parchemin qui sera offert à l'empereur d'Al-
lemagne comme affectueux souvenir de sa vi-
site à Rome. Si vous nous aviez fait l'honneur
de nous convier à nous associer aux fêtes du
roi et de la reine d'Italie, souverains d'une
nation amie, dont nous recevons l'hospitalité
avec une respectueuse reconnaissance,c'eût été
un devoir pour nous de répondre à votre ap-
pel avec empressement. Mais le Cercle fran-
çais n'a, à aucun degré, les mêmes raisons de
concourir aux manifestations organisées en
l'honneur de l'empereur d'Allemagne.
Veuillez agréer, avec nos regrets de ne pou-
voir mieux accueillir votre proposition, nos
sentiments de haute considération et de cor-
dialité internationale.
NOUVELLES AGRICOLES
Le beau temps continue à régner en
France, favorisant grandement les travaux
des champs. Quelques gelées nocturnes
dans les régions de l'Est ont causé d'assez
graves dommages aux arbres fruitiers en
fleurs ; mais ces abaissements de tempéra-
tur * ne peuvent avoir aucune influence dé-
favorable sur les plantes de grande culture.
Au contraire, ils empêchent la vègétation
de se développer trop vite et permettent
l'achèvement des semailles d'avoine et de
blés de printemps dans de bonnes condi-
tions, ainsi que la préparation des terres
pour les ensemencements des betteraves et
des pommes de terre. Ces ensemencements
ne pourront que bénéficier de la précocité
de la saison.
Dans la région du Nord, d'après les ren-
seignement officiels, les emblavements de
betteraves seront à peu près semblables à
ceux de l'an dernier.
Après les désastres causés dans les vigno-
bles des vallées du Rhône et de la Saône, la
grande préoccupation des vignerons est de
savoir comment ils devront tailler la vigne
pour en tirer le meilleur parti possible, soit
en vue de la prochaine récolte, soit dans le
but de reformer les souches les plus en-
dommagées par le froid.
L'avis le meilleur est sans contredit l'é-
bourgeonnement combiné avec une taille
un peu longue. On favorisera ainsi le dé-
veloppement du raisin en supprimant pen-
dant le cours de la végétation toutes les
pousses inutiles. Il ne faudrait pas hésiter
devant ce surcroît de travail, dont les bons
effets ne tarderont pas à se produire.
En résumé, les nouvelles sont générale-
ment satisfaisantes, et si de tardives gelées
ne surviennent pas en avril, il y a lieu d'es-
pérer, sauf sur quelques points, de bonnes
récoltes.
LE SUCCESSEUR DE M. LALOU
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTlCuLmBj
Dunkerque, 9 avril.
M. Alfred Petit, banquier, est élu conseiller
général dans le canton ouest de Dunkerque
par 3.h35 voix, remplaçant M. Lalou, député,
qui a eu 5u5 voix.
L'IMPOT SUR LES OPÉRATIONS
DE BOURSE EN ESPAGNE
Madrid, 9 avril.
Les agents de change ont décidé de s'incli-
ner devant la loi relative à l'impôt sur les
opérations de Bourse et de nommer une nou-
velle commission chargée de proposer au mi-
nistre quelques adoucissements dans l'appli-
cation de la loi.
C'est hier que la loi entrait en vigueur. Il
n'y a eu que quatre opérations faites au
comptant. Aucune n'a été faite sur l'Exté-
rieure.
UNE VICTIME DE MONTE-CARLO
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTI-CULIER)
Toulon, 9 avril.
Ce matin, vers huit heures, le commis-
saire de police du Mourillon a été appelé à
constater un suicide aux Maisons-Neuves.
Un nommé D., âgé de cinquante-six ans,
célibataire, s'est suicidé la nuit dernière en
s'asphyxiant à l'aide d'un réchaud de char-
bon, dans la chambre qu'il habitait aux
Maisons-Neuves, au no 20&
Ainsi qu'il en avait plusieurs fois mani-
festé l'intention, D. a mis fin à ses jours
a cause de la perte totale de sa petite for-
tune à la roulette de Monte-Carlo, où il
était allé il y a environ un mois, après
avoir vendu deux maisons qu'il possédait à
Toulon.
D. était un ancien distributeur de la
marine qui avait donné sa démission il y
a dix ans pour vivre de ses rentes.
Dans le quartier des Maisons-Neuves, il
était très connu, et surtout très estimé par
ses nombreux amis.
Ce suicide a produit une vive impres-
üon, r j
'-, 1
TR010SESJMKICMX
LA MUSIQUE ET LA DOULEUR
L'influence de la clarinette sur les
jambes coupées. — Le clyso-pompe
à musique. — Le docteur Black-
man et le docteur Voisin.
Les Anglais viennent, comme on dit vul-
gairement, d'en inventer une bien bonne.
Se souvenant de la facilité avec laquelle,
au dire de la Bible, le bon roi David cal-
mait les colères de Saül en pinçant quel-
ques gammes sur sa harpe, un aliéniste de
Portsmouth, le docteur Blackman, s'est
amusé à étudier l'influence du trombone —
on ne dit pas si c'est celui à coulisse — et
de la clarinette sur l'état psychique et
physiologique des forçats du bagne de
Portland.
Après plusieurs années de concerts don-
nés à ces intéressants bipèdes, le bon doc-
teur s'est cru en droit' de formuler les con-
clusions suivantes :
Les effets de la musique s'exercent par ac-
tion réflexe sur les centres nerveux qui gou-
vernent le cours du sang. Il en résulte une di-
latation appréciable des vaisseaux sanguins et,
par suite, une activité plus grande de la cir-
culation, avec un sentiment de chaleur mar-
quée. Le travail géuéral de la nutrition étant
étroitemeut lié à l'activité de la circulation,
on doit considérer la musique comme un ad-
juvant de la nutrition des tissus et l'utiliser à
l'occasion comme'un agent thérapeutique
d'une certaine valeur.
Ce qui veut dire, paraît-il, en langage
pratique : la musique, convenablement ap-
pliquée, suffit pour guérir la folie, les gas-
tralgies, les entorses, et pour faire ressen-
tir une douce jouissance aux personnes
auxquelles on coupe la jambe.
La société de musique thérapeutique
Aussi les Anglais, qui n'ont point, croyons-
nous, de société protectrice des animaux,
ont aussitôt formé une société d'études, in-
titulée : « la Gilde de Sainte-Cécile J" pré-
sidée par la révérend Harford, chanoine de
Westminster, et dont le programme phi-
lanthropique est aussi étendu qu'original.
Ces messieurs, en effet, se proposent de
vérifier sur un grand nombre de malades
l'influence de la musique comme calmant
physique et moral ; de former des musi-
ciens infirmiers, toujours prêis à répondre
à l'appel des médecins ; enfin, d'installer
dans un point central de la métropole bri-
tannique un « poste de secours musi-
caux J" où des relais d'exécutants se suc-
cèdent nuit et jour pour transmettre les
ondes sonores, par voie" téléphonique, à
des salles déterminées de chaque grand
hôpital.
Le docteur Blackman affirme que ces ex-
périences ont déjà donné d'excellents ré-
sultats. Un des plus notables aurait été
de faire régner le silence dans les salles de
chirurgie soumises à l'action musicale et
de procurer aux malades les plus agités un
sommeil réparateur. 1
A Helensburgh, un comité de dames in-
firmières s'est constitué pour faire tous les
jours de la musique vocale et instrumen-
tale aux opérés. Il aurait été constaté que la
température de ces patients baissait nota-
blement et que leurs souffrances étaient
manifestement allégées. L'instrument qui
exerce l'action musicale la plus calmante
est le violon. En beaucoup de cas d'insom-
nie, on obtient des effets excellents d'une
simple boite à musique,mise en jeu soit par
un mouvement d'horlogerie, soit par un
moteur électrique, placée sur une table, et
au besoin sans doute dans les « flancs »
d'un irrigateur.
On n'a pas encore expérimenté la grosse
caisse.
Les précurseurs du docteur Blackman
La science n;)us réserve chaque jour de
telles surprises, qu'il semblait téméraire
de dédaigner les alfirmations du docteur
Blackman.
L'histoire, d'ailleurs, cite des exemples
classiques d'influence musicale contre les-
quels aucun savant moderne n'a encore
songé à s'inscrire en faux. Nous rappe-
lions tout à l'heure le cas de David et de
Saül; nous pourrions citer bien d'autres
faits.
Therpandre apaise une révolution des
Spartiates en leur servant une romance ;
Timothée met Alexandre eu fureur en chan-
tant sur le mode phrygien, et le calme en
roucoulant sur le mode lydien. Dans des
temps plus modernes , on défend sous
peine de mort, dans les troupes suisses, de
jouer le fameux Ranz des Vaches qui faisait
déserter les soldats arrachés à leurs mon-
tagnes.
Enfin, tout le monde ayant entendu par-
ler des concerts que l'ou donne aux histé-
riques de la Salpetrière, il ne semblait pas
impossible a priori d'admettre qu'une me-
sure de violon empêche un malade de sen-
tir un coup de bistouri, tout comme une
partie d'échecs empêchait un joueur célè-
bre de souffrir d'une attaque de goutte.
Désirant être fixé à cet egard, nous avons
consulté le docteur Auguste Voisin, méde-
cin de la Salpêiriére. - • < «,
Chez le docteur Voisin
L'éminent spécialiste paraît fort peu con-
vaincu de l'efficacité de la thérapeutique
inventée par son confrère d'outre-Manche.
— Ce sont les maladies mentales, nous
dit-il, qu'un a d'abord songé à traiter par
la musique. Depuis longtemps on y a re-
noncée par cette raison bien simple que l'in-
dividu en proie à un accès de folie ne per-
çoit pas les réalités actuelles du monde
extérieur. Quand vous parlez à un fou, il
ne vous entend pas, ou il entend de tra-
vers. Un air de musique ne peut donc lui
procurer aucun soulagement, et les con-
certs que l'on donne dans les maisons d'a-
liénés ont pour but, non point de calmer
leurs accès, mais de leur prucurer une dis-
traction normale dans leurs heures de lu-
cidité.
Il en est de même des séances musicales
qui ont lieu deux fois par semaine à la Sal-
pêtrière, dont je considère l'action théra-
peutique comme absolument nulle, et au
cours desquelles on voit fréquemment des
femmes prises d'accès violents. C'est sur-
tout dans les maladies nerveuses qu'il im-
porte de subordonner le traitement à des
nuances souvent très délicates de tempé-
rament, et, en admettant qu'un air de mu-
sique puisse produire l'effet d'une pilule,
vous comprenez combien il serait difficile
de diagnostiquer le genre de pilule — je
veux dire de musique - applicable à cha-
que malade. L'un exigerait du trombone,
un autre de la clarinette, un troisième du
tambour ou du violon ; tel qui se calmerait
en entendant du Mozart, hurlerait aux
premières note de Wagner, ou réciproque-
ment.
Orgues et chirurgie
Même observation en ce qui concerne
l'usage de la musique dans les salles de
chirurgie, D'abord, je ne vois pas très bien
un orchestre jouant l'ouverture du Barbier
ou la marche funèbre de Chopin dans une
salle ou sont rangés plus ou moins pêle-
mêle les convalescdnls et les agonisants. Il
y a là une question de convenance sur la-
quelle je n'insiste pas.
Du reste, on a depuis longtemps essayé
de soulager les amputés en leur offrant des
concerts d'orgue, ou en « égayant" leurs
salles avec des pots de fleurs. Un instant
aussi, on a employé les verres colorés.
Toutes ces expériences n'ont donné aucun
résultat sérieux.
—— Mais, demandons-nous, la musique ne
pourrait-elle, en certains cas. être em-
ployée avantageusement pour provoquer le
sommeil chez les malades livrés aux chi-
rurgiens?
— En fait de musique endormante, nous
répond le docteur Voisin, je ne connais
rien de supérieur au chloroforme.
ARRESTATION D'UN BRIGAND
Palerme, 9 avril. — Ce matin a été arrêté, à
Caltayuturo, après une vive résistance, le bri-
gand Botindari, appartenant à la bande Mau-
rina et pour l'arrestation duquel était promise
une prime de 6,000 lires.
M. DE PAREU
Opinions successives d'un ancien
républicain. — Le ministre de
l'instruction publique et la
loi de 1850. — A l'Ins-
titut.
M. de Parieu, membre de l'Institut, an-
cien sénateur, ancien ministre de l'instruc-
tion publique, est mort hier matin, en son
domicile, rue Las-Cases, lh Ce ne fut point
un homme banal ; il mérite mieux qu'une
sèèhe notice nécrologique, bien que fort
oublié par la nouvelle génération.
M. Esquirou de Parieu (Marie-Louis-
Pierre-Félix) était né le 13 avril 1815, à Au-
rillac, dont son père fut longtemps maire, et
député de 1852 à 1869. Il descendait d'une
ancienne famille de robe et se destinait au
barreau. Docteur en droit, il épousa Mlle
Durant de Juvisy, une descendante de Pas-
cal, et se fiL inscrire au barreau de Riom,
où il acquit une brillante et rapide réputa-
tion. >
11 reste étranger à la vie politique jus-
qu'en 18h8. A ce moment, il se déclare en
faveur de la République et prend une part
active aux discussions des clubs démocra-
tiques d'Aurillac. Les électeurs du Puy-de-
Dôme, séduits par une profession de foi
nettement républicaine, l'envoient, le 23
avril 181*8, les représenter à l'Assmblée
constituante. Il siège d'abord au centre,
puis se rapproche de la droite, et, après
avoir approuvé le bannissement à perpé-
tuité de la famille d'Orléans, nous le re-
trouvons votant les poursuites contre Louis
Blanc et Caussidière, le rétablissement de
la contrainte par corps ; il combat l'amen-
dement Grévy, demande l'interdiction des
clubs qui avaient fait sa fortune politique.
Enfin, les lois les plus réactionnaires trou-
vent en lui un défenseur acharné.
L'amendement Grévy
Tout en repoussant l'amendement Grévy,
il demanda pourtant, comme son collè-
gue, que le président de la République fût
nommé par l'Assemblée et non par le suf-
frage universel.
« Les Américains, disait-il, ne pensèrent
pas que ce fût le suffrage universel direct
qui dût présider d'une façon normale à la
nomination du président de la Républi-
que ; ils portèrent leurs regards plus loin,
et ce fut par l'élection à deux degrés, appe-
lant les hommes placés à des points de vue
élevés, discernant les nécessités politiques
du pays, nécessités souvent si délicates, ce
fut par l'élection à deux degrés qu'ils or-
ganisèrent l'élection du président de la Ré-
publique. Voilà ce que nous apprend le
passé de la seule République dont on ait
cru devoir interroger l'histoire dans cette
enceinte. »
Réélu en 18U9, il se sépara définitivement
des républicains pour adhérer à la politi-
que de la majorité monarchiste, qui, pour
recompenser tant de zèle, lui confia le por-
tefeuille de l'instruction publique.
Contre les instituteurs
Il servit tout de suite les intérêts du
parti catholique, prit des mesures rigou-
reuses contre les instituteurs qui s'étaient
montrés partisans de la République et du
socialisme, et présenta à l'Assemblée la.
fameuse loi sur l'enseignement qui fut
votée le 15 mai 1850, et qui, en réorgani-
sant complètement la hiérarchie universi-
taire, plaçait en fait les recteurs et les
conseils d'académie départementaux sous
la dépendance du clergé et des évê-
ques.
Cette loi causa dans le personnel ensei-
gnant de l'Etat une émotion des plus
vives.
M. de Parieu quitta le ministère en 1851,
reprit sa place dans la majorité, se rallia
aux projets du prince-président, approuva
le coup d'Etat et retira de son dévouement,
comme bénéfice, le poste de conseiller d'E-
tat et les fonctions de président de la sec-
tion des finances.
A ce titre, il prit part, comme commis-
saire du gouvernementaux discussions du
Corps législatif. « A ce moment, remarque
un biographe, tout fut aux Auvergnats
sous le second Empire. 0 VercingeLOrix,
qu'eût dit ta grande âme, si, ressuscitant,
tu avais vu tous tes fils servir sous César ? »
Le même biographe caractérise ainsi l'é-
loquence de M. de Parieu: «Flot tiède et
limpide, mais sans saveur. »
L'opinion de M. Rouher
Consulté par l'empereur sur ses apti-
tudes ministérielles, son compatriote, M.
Rouher, avait répondu: « M'a à aucun
degré aucune des qualités voulues pour ces
fonctions. »
A l'avènement du ministère Olivier, il fut
élevé au rang de ministre présidant le
conseil d'Etat et il conserva ce titre jusqu'à
la chute de l'empire.
M. de Parieu vivait depuis deux ans dans
la retraite, lorsque, de son consentement,
la commission de l'Assemblée nationale
chargée de présenter les candidats au con-
seil d'Etat l'inscrivit sur la liste. Mais,
après réflexion, M. de Parieu écrivit à l'As-
semblée que « des scrupules » le forçaient
à retirer sa candidature.
Il ,, préféra se porter candidat au Sénat
dans le Cantal et fut élu le 90 janvier 1876.
Il alla siéger à droite,sur les bancs de l'Ap-
pel au peuplé, et prêta, naturellement, tout
son'appui au Seiza-Mai. Vous pensez s'il
vota contre la loi Ferry et l'article 7.
Il échoua au renouvellement de 1885. Sa
carrière ctait finie.
Grand-officier de la Légion d'honneur du
114 août 1869, décore d'un grand nombre
d'ordres étrangers, M. de Parieu a été fait
membre de l'Institut (Académie des scien-
ces morales et politiques) par décret impé-
rial.
Il laisse un grand nombre d'ouvrages
d'histoire et d'économie politique.
Tablettes- flii Progrès
LE FROMAGE DE « SOJA"
On lisait, à la date du 2 mars dernier,
dans l'Avenir de Diego-Suarez la bizarre
information suivante :
M. le gouverneur s'empresse de porter à
la connaissance des habitants qu'il vient
de recevoir de M. de Mahy une boîte de
graines du haricot soja, avec lequel on fa-
brique des fromages qui gagnent èn vieil-
lissant et sont une précieuse ressource pour
les colons qui vivent loin des centres po-
puleux.
Apportée par le dernier courrier, la
nouvelle fut instantanément recueillie
par la presse d'Europe, dont les plaisan-
tins ordinaires, trop enclins, comme
toujours, par tempérament et par métier,
à se laisser prendre aux apparences et à
se payer de mots, s'empressèrent à l'envi
de faire des gorges chaudes.
Voyez-vous cet homme d'Etat, plusieurs
fois ministre, qui ne trouve rien de mieux
à offrir aux pauvres colons de Madagas-
cor, si chers à son cœur, qu'un haricot
inédit, non pas même en guise de piano,
mais en guise de fromage! Et quel fro-
mage ! Un fromage qui, comme le vin fin,
« gagne».en vieillissant! Vraiment,celle-
là était trop drôle, et il y avait de quoi se
tordre.
On ne s'en est pas fait faute, et j'en sais
qui, depuis, s'en « gondolent" encore.
Je suis bien fâche d'être obligé de jeter
un seau d'eau froide sur cette exubérante
gaieté; mais elle est, en vérité, par trop
intempestive et porte tout de même par
trop à faux pour n'être pas corrigée.
Je n'ai jamais goûté au fromage de
soja, et j'ignore en conséquence si, réelle-
ment, il se bonifie, comme on l'assure,
avec le temps. Mais ce q ie je sais, c'est
que ce fromage n'est point une manière
de parler, un bruit qu'on fait courir.
C'est bel et bien une réalité culinaire,
qui, dans tout l'Extrême-Orient, se fabri-
que s r une vaste échelle. On en fait sur-
tout grand cas en Chine et au Japon, où
il constitue non seulement une précieuse
ressource pour les foules nécessiteuses,
mais encore un régal estimé des gour-
mets les plus délicats. Possible que ce
fromage végétal, auquel on donne le nom
de to-fou, ressemble plutôt à une pâtis-
serie qu'à un quartier de camembert ou
de brie ; mais ce n'en est pas moins une
chose fermentée, substantielle et savou-
reuse, dont on peut parfaitement, à la
rigueur, faire un suffisant dîner.
Par contre, j'ai goûté du pain de soja,
car ce haricot exotique sert aussi un peu
partout, même à Paris, à fabriquer du
pain, voire même un pain doué de ver-
tus spéciales qui en font l'aliment par
excellence des infortunés diabétiques.
Cela tient à la faiblesse de la teneur en
amidon de la farine de soja, bien plus
riche, en revanche, que la farine de fro-
ment en matières grasses et en matières
azotées.
On sait que, parmi les substances ali-
mentaires, il en est de glycogènes, c'est-
à-dire qui stimulent la fonction sacclia-
ritiante du foie et augmentent propor-
tionnellement la production du sucre.
Le pain ordinaire est le type de ces ali-
ments, et son action sur la glycogénèse
ressort pérewptoirement des expérien-
ces célèbres de Pavy, Tscherinolf, See-
gen et Claude Bernard (docteur E. Mo-
nin, Hygiène et traitement du diabète,
p 26). Ur, c'est là précisément ce qu'il
faut éviter avec le plus de soin chez les
diabétiques, auxquels on interdit rigou-
reusement l'usage du pain. Ce régime
sévère n'allant pas sans quelques incon-
vénients, — la gravelle, la dyspepsie,
l'ictère, la misère physiologique, etc., —
on a essayé de tourner la difficulté en
donnant aux malades du pain de glu-
ten
Le gluten, ou fibrine végétale, est une
sorte de pseudo-viande qui donne un
pain spécial, ou plutôt une espèce d'é-
chaudé fade et sec, franchement mau-
vais. « On s'habituerait plutôt, disait Pa-
vy, à la privation totale de pain qu'au
régime du pain de gluten. »
ëi le pain de gluten n'était que désa-
gréable, ce ne serait rien encore. Mais le
malheur est que, tout en contenant beau-
coup moins d'amidon que le pain ordi-
naire, il en renferme encore hQ ou h2 0/0,
c'est-à-dire plus que la brioche et que la
pomme de terre, qui, elle, possède l'inap-
préciable avantage d'une grande richesse
en sels de potasse. (or Afonin, loc. cit.)
Il n'en est pas de même du pain de soja.
(300 grammes de farine deqoja, 150 gram-
mes de beurre et trois oeufs) ; il ne ren-
ferme, en effet, que 23 1/â 0/0 d'amidon,
c'est-à-dire moitié moins. Ce qui ne l'em-
pêche pas d'être plus nourrissant que le
pain de froment, puisqu'il contient 15,01
(au lieu de 6,16 0/0) de matières azotées
et 52 (au lieu de 0,3/t 0/0) de matières
grasses.
Dans la glycosurie, l'amidon, c'est l'en-
nemi, puisque c'est de l'amidon que le
sucre procède. D'autre part, il faut, pour
résister à la déchéance graduelle et à la
cachexie envahisssante, que le malade se
suralimente. La graisse, enfin, restreint,
au dire de Claude Bernard, la clycogé-
nèse organique. Le pain de soja a donc
toutes les qualités requises pour servir de
base à l'alimentation rationnelle des dia-
bétiques.
La pratique, au surplus, de ce chef,
confirme la théorie. Le docteur Ménudier,
président du syndicat général des comi-
ces agricoles de la Charente-Inférieure,
qui a tant fait pour la vulgarisation du
pain de soja, déclare l'avoir employé avec
le plus complet succès. Il en cite même
volontiers cet exemple, particulièrement
suggestif, tiré de sa propre famille: Deux
de ses parents, d'une constitution égale-
ment bonne, furent atteints en même
temps du diabète sucré simple. L'un, âgé
de cinquante ans, ayant, malgré les con-
seils du docteur Ménudier, continué l'u-
sage exclusif du pain de froment, ne tar-
da guère à succomber. Le second, qui
s'était au contraire laissé convertir au
pain de soja, vit encore et se porte comme
un charme en dépit de ses soixante-seize
ans. ;
Quand j'aurai ajouté que le pain de
soja est plutôt d'un goût agréable, et que
son seul défaut est de moisir un peu trop
facilement, force sera bien de reconnaître
que c'est faire œuvre utile que d'appeler
l'attention sur une plante aussi précieuse
et dont, par-dessus Je marché, la culture,
qui réussit dans les sols les plus médio-
cres, est tout ce qu'on peut rêver de plus
facile et de plus simple.
Le soja n'est pas, d'ailleurs, l'apanage
exclusif des diabétiques. Le légume —
unesorte de poisoléagine ,x-qu'il donne,
pour n'être pas de premier ordre, n'en
mérite pas moins d'être apprécié, ailleurs
que chez les Peaux-Jaunes, par les gens
bien portants. Il constitue en outre un
fourrage excellent et d'un rendement con-
sidérable. Ses graines enfin, d'où l'on
peut extraire une assez bonne huile, rem-
placent fort avantageusement la chicorée
dont on se sert un peu partout pour..,.
compléter les cafés au rabais.
h Originaire de la Chine, le soja (soja
hispida) appartient à la famille des légu-
mineuses. Il fut importé jadis en France
par M. de Montigny, mais ce fut seule-
ment vers 187A, à la suite d'envois de
graines, par les rares jardins d'acclima-
tation qui lui avaient donné l'hospitalité,
à diverses sociétés d'agriculture et no-
tamment à la Société d'agriculture i'E.
tampes, qu'il commença à se répandre.
La sélection et la culture intensive ont
fini par en créer une variété supérieure,
le soja dit « d'Etampes », qui pousse en
abondance dans les terrains les plus ari-
des, où aucune autre espèce de légume
ne pourrait croître.
Cela se sème en lignes, comme les hari-
cots vers le mois d'avril, à raison de 150
à 200 kilogrammes à l'hectare. La récolte
se fait en août, et atteint souvent 2,000
kilogrammes à l'hectare, ce qui, à raison
d'un franc la livre de graines, ne laisse
pas de constituer un rendement assez
gentiment rémunérateur.
- Même sous le climat de Paris, où le
soja mûrissant mal ne saurait guère être
employé que comme fourrage, c'est une
culture qui mérite, à plus d'un titre, la
sollicitude des intéressés. Que sera-ce à
Madagascar, où les colons n'ont pas tou-
jours des vivres à jeter par les fenêtres,
et dont le climat se rapproche sensible-
ment du climat de la Chine moyenne ? Il
n'a donc point été si mal inspiré, M. de
Mahy, lorsque, se souvenant qu'il fut mi-
nistre de l'agriculture avant de gouver-
ner la marine, il ouvrit aux hardis pion-
niers de la civilisation française à Diego-
Suarez cette piste féconde. On ne sau-
rait jamais trop fél.citer, d'ailleurs,
ceux qui travaillent à augmenter d'une
façon quelconque le stock alimen-
taire de la famélique humanité, dont la
table ne sera jamais, quoi qu'on fasse, ni
trop copieuse ni trop variée. Ce n'est
point sans motifs que la postérité recon-
naissante a élevé des statues au pauvre
pécheur anonyme de Scheveningen qui
inventa le « saurage » du hareng, et à
Parmentier qui nous donna la pomme de
terre. Et si jamais les diabétiques de l'o,
céan Indien s'avisent également de couler
en sucre candi l'honorable député de la
Réunion, qui n'a pas craint, pour leur
apprendre le fromage de soja, de risquer
le ridicule, où donc serait le mal ?
Rompez !
- Raoul Lucet.
M. C4SIIMI*. PlJZR
CHEZ SES ÉLECTEURS
DISCOURS DU PRÉSIDENT DE LA
CHAMBRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Tl'ores, 9 avril.
Je viens d'assister à la première manifes-
tation oratoire de M. Casimir-Perier depuis
qu'il est président de la Chambre. Il était
intéressant de savoir ce qu'il pensait des
événements qui, depuis Lrois mois, ont
préoccupé l'opinion publique. Dans ce ban-
quet qui lui était offert par les républicains
de l'Aube, ses électeurs, il s'est borné à
faire un discours théorique qui a été, vous
le pensez bien, très appiaudi dans ce mi-
lieu ami.
C'est à Troyes-Preize, à deux kilomètres
de la ville, sous la rotonde de la gare, qui,
dépend de la commune de Saint-Luc, qu'a
eu lieu cette fête républicaine, à laquelle
ont pris part 2,500 cunvtves amenés par un
train spécial et par des services de tram-
ways et d'omnibus et de voitures excep-
tionnels. On avait bien fait les choses.
L'enthousiasme était partout et l'on a fait
une ovation à M. Casimir-Perier lorsqu'il
est arrivé à Saint-Luc, accompagné du vé-
nérable colonel Tézenas, sénateur de l'Au-
be, qui porte si gaillardement ses soixante-
dix-huit ans, el.-.J.e M. Artaud, chef du cabi-
net du président du conseil.
: 4 * Le banquet Ab,
La table d'honneur occupait une des ex-
trémités de la rotonde. Elle était surélevée
d'un mètre. Nous y avons remarqué, aux
côtés MM. Casimir-Perier et Tézenas, M.
Gayot, sénateur ; MM. Michou, Royer, Ram-
bourg, Thierry-Delanoue et Armand, dé-
putés de l'Aube; Ilosey, député de la Haute-
Marne; le préfet; M. Artaud; M. Delatour.
directeur du contentieux au ministère des
finances, et les membres du conseil général
de l'Aube.
Les autres tables, au nombre de quarante,
venaient aboutir en éventail sur la table
d'honneur.
L'aspect de cette belle rotonde, une mer-
veille de métallurgie, était très pittoresque.
La seule note désagréable était la note lu-
mineuse et par trop chaude que le soleil
apportait par les vitraux surchauffés.
Le déjeuner a été servi à une heure. C'é-
tait un déjeuner froid qui se composait de
galantine, jambon, noix de veau braisé à la
gelée, pâté de volailles, saumon, salade
russe, dessert, vins fins, Champagne, café
et cognac. Le tout était parfaitement
réussi, et Vendange, le traiteur, méritu les
plus vifs éloges.
Pendant le banquet, la Fanfare des pom-
piers et l'Harmonie industrielleont exécuté
à tour de rôle six morceaux de musique.
A noter, comme incidents amusants, les
opérations d'unâ légion de photographes et
les bravos qui saluaient à chaque plat l'en./
tréo des cent vingt garçons.
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