Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-03-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 mars 1879 10 mars 1879
Description : 1879/03/10 (A9,N2637). 1879/03/10 (A9,N2637).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 05/08/2013
Neuvi^faë Année.— N-2637. Prix daNuïnêfO à Parts : 18 éBnlimcs. s^> béprîefilêtiîs ; 16 Cchlïi&eS. Lundi JO Mars )§79
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6, Place de la .b',;(re, 6
f
BULLETIN j
* Paris, 9 Mars 1879. j
M. Brisson a.;{u hier à la Chambre des
- députés le rapport de la commission d'en-
quête sur le gouvernement du 16 mai.
La discussion a été renvoyée à jeudi pro-
chain. - » t *
Le JourrMl officiel d'hier matin a publié
un mouvement préfectoral très restreint
provoqué parla nomination de M. de Mar-
çay, so a?-préfet du Havre, à la préfecture
du département des Basses-Alpes. j
Le Times croit savoir qu'un compromis
est intervenu entre les deux partis qui
composent l'assemblée bulgare. Le parti
extr ême consent à commencer dès main-
tenant la discussion de la constitution ; le
p.Jrli modéré consent, de son côté, à ajour-
ner l'élection du prince jusqu'à ce que
"Cette élection puisse avoir lieu en même
* temps au profit de la Roumélie comme à
celui de la Bulgarie. En attendant, une
régence aura sans doute lieu. Il est pro-
bable, d'ailleurs, que la Chambre va en-
voyer une députation auprès des puissan-
ces pour plaider les résignations de la
Roumélie orientale. 4
LeTimes consacre un long article à l'exé-
cution du traité de Bevlin. L organe de la
Cité croit que dans l'intérêt de toutes les
j parties, sans distinction, toute agitation,
de n'Importe quel -genre, contre les déci-
sions prises à Berlin, devra être énergi-
quement combattue, et au besoin compri-
mée. Si cela, se fait, les troupes russes
pourront évacuer la Bulgarie d'ici à deux
mois sans taire naître la moindre inquié-
tude en Europe. En un mot, tout dépen-
dra de la fermeté que montreront les puis-
sances et leurs représentants, pendant les
quelques semaines qui vont suivre. « Si
l'on découvrait, ajoute le Times, la moin-
dre trace d'hésitation dans notre adhésion
pleine et entière aux causes du traité
de Berlin, il y a une foule d'agitateurs
qui s'apercevraient, de l'occasion qui
leur est offerte et, qui la saisiraient avec
empressement; 'mais si dès aujourd'hui il
est démontré 'que de pareilles tentatives
seraient vaines, on s'abstiendra. Si, par
exemple, ,ian jugeait nécessaire, comme
cela a ~§ proposé, de réunir une confé-
, rence pour aplanir les difficultés qui ont
dû ;(lêvltablement surgir dans l'exécution
(I4 traité de Berlin, il faudrait avant toute
tetiose qu'il fût établi nettement qu'il ne
pourra être question en aucune r&on
, d'une modification de tel ou tel article
s sur lequel le gouvernement anglais avait
; insisté à Berlin. Le traité a été rédigé
i dans un laps de temps relativement court,
et peut-être sous une pression un peu
"'Violente. Il n'en pouvait être autre-
: ment, et il est par conséquent assez na-
turel que certains détails aient besoin
d'être complétés ou même modifiés. Mais
pour le moment, c'est là tout ce qu'il est
permis d'admettre. Toutes les puissances
de l'Europe ont assez d'affaires sur les
* bras, et nous-mêmes ne sommes certaine-
t meut pas les moins embarrassés, sans qu'il
soit besoin de les déranger davantage dans
le simple but d'assurer du premier coup aux
populations de la Roumélie orientale la
perfection de leur organisation nationale.
Motre gouvernement, ajoute en terminant
le Times, peut compter sur l'appui, du
pays en se maintenant, dans la ligne
politique qu'il s'est tracée, et on pourra
, laisser l'opposition le défier tout à son
r aise. Pourvu que nous soyons représen-
tés à C oustan tinopl e, comme sur les lieux,
par des hommes d'un caractère ferme et
Indépendant, pourvu que nous prouvions
que, nous sommes décidés à maintenir
l'osuvre de l'été dernier, les difficultés dis-
paraîtront assurément peu à peu.» On
semble d'ailleurs avoir complètement re-
inoncé à la réunion d'une conférence ; mais
nous croyons que des négociations sont
déjà entamées entre les puissances pour
assurer l'exécution du traité.
D'après un télégramme de Vienne,
adressé au Daily letegrapit, les troupes
monténégrines qui occupent la frontière
sud seront augmentées, par suite de l'at-
titude menaçante de la ligue albanaise.
*-• - - G, BARBIER. ,
fM -, ————— if»
< Bourse de Paris
- PETITS BOURSE DU SOIR
50,'0. 112 fr. 90, 113 fr., 112 fr. 93.
ï'ure. 12 fr. 25, 27 1/2.
Banquo ettemant.. 496 fr. 87 i/2,
îigynttt 241 fr. 87.
liongrola 74 fr. 1/2,7/16.
«* ii ■
Nous désirons ne pas juger le rapport
'de M. Brisson à première vue. Il faudrait
avoir eu le temps de l'étudier dans les
colonnes du Journal officiel, pour savoir
si les faits relevés à la charge des minis-
tres du 16 Mai justifient assez las con-
clusions de la commission d'enquête. Il
semble que ce n'a pas été, hier, l'impres-
sion de la majorité de la Chambre. On
s'attendait à autre chose qu'à ce que la
commission d'enquête a trouvé. On
croyait aux révélations les plus écra-
santes, et le rapport ne contient pas,
à proprement parler, de révélations.
Il n'y a point de faits nouveaux mis en
lumière. Presque tout ce qu'a recueil-
li la commission sur ce gouvernement
néfaste, nous le savions déjà. Même sans
enquête, un rapport analogue aurait pu
se faire avec des extraits de journaux du
temps. Nous n'avons appris aujourd'hui
que ce que nous connaissions de longue
date, à savoir que les hommes de Mai
1877 ont été, politiquement, de grands
misérables. Mais, s'ils ont odieusement
abusé des lois, il nous paraît douteux que
leurs actes puissent être assimilés aux
délits et aux crimes défiais par le code
pénal. Ces hommes sont assurément de
ceux qu'on voue à l'exécration des ci-
toyens ; mais peut-être aussi sont-ils de
ceux qui échappent à la vindicte publi-
- i •< t T -
que réguliôremëiïtrexercée par un tri-
bunal.
La partie la plus grave du rapport, qui
en est aussi lapartie la plus obscure, a trait
au coup d'Etat qui a menacé la République
en décembre 1877. Il est évident que le
coup d'Etat a été désiré, conseillé, médi-
té; mais ce qui n'est pas prouvé,c'est qu'il
y ait eu commencement d'exécution. Des
présomptions ne sont pas des preuves,
et, juridiquement, un crime inexécuté
n'existe pas. Supposons l'être le plus
pervers, qui aurait conçu le dessein du
plus horrible parricide ; non-seulement il
aurait réglé dans sa pensée le plan de l'as-
sassinat, mais il aurait aiguisé le couteau,
il se serait embusqué au coin du chemin
ou devait passer sa victime. Mais ce sont,
par hasard, les gendarmes qui passent, et
le bandit est pris de peur, il jette son
arme et s'enfuit sans avoir frappé.-
Qui le jugera, cet assassin d'intention ?
et s'il est traduit devant des juges, qui
apportera au tribunal le témoignage cer-
tain que, s'il était à telle heure en tel
lieu, c'était pour y commettre un crime,
et que le couteau qu'il portait était desti-
né à donner la mort? Tel nous paraît être
le cas des hommes qui tramaient les des-
seins mystérieux du 13 décembre. Mo-
ralement, on peut soutenir qu'ils mé-
riteraient les galères, comme le coquin
que la peur seuj e a retenu de faire un
mauvais coup ;mais enfin, le mauvais
coup, ils ne l'ont pas fait, puisque, le 13
au soir, M. Dufaure était chargé de cons-
tituer un ministère par M. le maréchal de
Mac-Mahon. j
Nous avons été des premiers à récla-
mer l'enquête, avec les conséquences
qu'elle entraînait, et ces conséquences,
dans notre pensée, étaient les poursuites.
Nous n'aurions pas voulu que le 16 Mai
demeurât impuni. Mais nous sommes
frappés, il faut bien l'avouer, du peu d'ar-
guments que le rapport nous donne pour
réclamer la mise en accusation. Ea ce
qui concerne le coup d'Etat, rien n'est dé-
montré, si ce n-'est la velléité. Et quant au
reste, nous voyons bien que les ministres
du 16 Mai, procureurs-experts, ont
pressé et tordu les lois pour en exprimer
tout ce qu'elles contenaient d'arbitraire,
et même qu'ils ont fait pis ; mais, en ma-
tière politique, il y a bien des lacunes
dans le code pénal l D'autre part, nous
réfléchissons à l'attitude du cabinet, qui
n'a certes aucun, intérêt à sauver de
l'exil ou de la prison MM. de Broglie, de
Fourtou et consorts, et qui, toutefois,
se déclare contre le procès. Quand des
jurisconsultes aussi éminents, et nous
ajouterons aussi intègres que MM. Lepère
et Le Royer,- se prononcent, après mûr
examen, contre les poursuites, nous de-
vons supposer que vraiment il n'y a pas
lieu de suivre, et notre premier mouve-
ment est de nous en rapporter à leurs
lumières. Enfin nous ne sommes pas in-
sensibles non plus aux considérations
d'opportunité politique exposées récem-
ment par les ministres dans les confé-
rences qu'ils ont eues avec la commis-
sion. Les considérations d'opportunité,
qui n'ont aucun poids en matière de cri-
mes ou délits de droit commun, en ont un
très grand en matière de crimes ou délits
politiques, et la Chambre devra prêter
l'attention la plus sérieuse aux raisons
de ce genre qui lui seront données par le
gouvernement.
EUG. LIÉBERT. «
-.——————— ———————.
Voici les conclusions du rapport de
M. Henri Brisson, relatif à la mise en ac-
cusation des ministres du 10 mai, dont
nous donnons plus loin le texte : f
II y a, suivant nous, présomption grave
que les miaistres du 17 mai se sont rendus
coupables des crimes de trahison et de pré-
varication, et en fait ; * »
D'avoir, par une politique ouvertement in-
constitutionnelle, remis en question l'exis-
tence de la République et jeté ainsi le pays
dans une perturbation profonde ;
D'avoir suspendu l'empire de la constitu-
tion et des lois, de les avoir formellement vio-
lées ;
D'avoir fait un abus criminel du pouvoir qui
leur était confié, et ce, dans le dessein de faus
ser les élections et de priver los citoyens du
libre exercice de leurs droits civiques
D'être intervenus dans les élections par la
violence, par la promesse et par la menace,
par dons, faveurs, distributions de fonctions,
décorations, grades ou places,par des manœu-
vres de toute sorte, par des proclamations,
des ordres, des circulaires, des instructions
données aux agents du pouvoir et par de faus-
ses nouvelles ;
D'avoir attenté à la liberté de la presse ;
D'avoir ordonné divers actes arbitraires ou
attentatoires soit à la constitution, soit à la li-
berté Individuelle, soit aux droits civiques
des citoyens;
D'avoir, par voles de fait ou menaces, em-
pêché les citoyens d'exercer leur3 droits civi-
ques ; d'avoir, à cet effet, concerté un plan
pour être exécuté sur tout le territoire ;
D'avoir concerté des mesures contraires
aux lois et contre l'exécution, des lois ;
D'avoir, dans l'intéiôt de leurs desseins
coupables, trafiqué des fonctions publiques
ou des faveurs, ainsi que de tous les attributs
et privilèges du pouvoir ;
D'avoir agréé des promesses pour conférer
ou retirer des fonctions publiques ; d'avoir
promis ou donné lesdites fonctions pour obte-
nir tantôt qu'un candidat se présente, tantôt
qu'il se retire ;
D'avoir fait remise à des particuliers, pour
les corrompre, dans un intérêt électoral, des
taxes légitimement dues à l'Etat ;
D'avoir tenté d'Influencer et Influencé, par
des moyens coupables, les magistrats chargés
de mettre en mouvement l'action publique,
ou de rendra la justice ;
D'avoir tantôt pressé, tantôt suspfiudu, tan-
tôt empêché l'exécution des lois pénales, sui-
vant les opinions politiques des coupables,,
des prévenus ou des condamnés;
D'avoir détourné et fait détourner des piè-
ces et documents appartenant aux adminis-
trations publiques;
D'avoir fait enlever des papiers dans des dé-
pôts publics;
Crimes commis dans l'exercice de leurs
fonctions, prévus et punis par l'article 12 de
la loi du 16 juillet 1875, et par les articles 109,
110, 114, 115, 123, 124, 130, 173, 179, 254 et
255 du Code pénal ;
Il y a, en outre, suivant nous, présomption
grave que les ministres du 17 mai et du 23
novembre 1877 se sont rendus coupables du
crime de trahison : -
En formant un complot ayant pour but soit
de changer, soit de détruire le gouverne-
ment, ledit complot suivi d'actes commis
ou consommés pour en préparer l'exécution,
crime prévu et puni par l'article 89 du code
pénal ; --
En prenant des mesures contraires aux lois
et à l'exécution des lois, par suite d'un con-
cert pratiqué entre des dépositaires de l'auto-
rité publique, crime prévu et puni par les ar-
ticles 123 et 124 du code pénal.
En conséquence, votre commission vous
propose la résolution suivante :
Article premier. — Conformément à l'arti-
cle 12, paragraphe 2, de la loi constitution-
nelle du 16 juillet 1875, la Chambre des dépu-
tés met en accusation, devant le Sénat, pour
crimes commis dans l'exercice de leurs fonc-
tIODS, les membres du ministère du 17 mai
1877, présidé par M. le duc de Broglie, et du
ministère du 23 novembre 1877, présidé par
M. de Rochebouët.
Art. 2. — Trois commissaires pris dans la
Chambre des députés seront nommés par
elle au scrutin de liste pour, en son nom,
faire toutes les réquisitions nécessaires, sui-
vre, soutenir et mettre à fin l'accusation de-
vant le Sénat, à qui la présente résolution et
toutes les pièces recueillies par la commis-
sion d'enquête seront transmises dans le plus
bref délai.» (Vifs applaudissements à gauche.
- Mouvements prolongés.)
I
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA OHA.MBRS
Versailles, 8 mars 1879.
Eh bien 1 on va le déposer, ce fameux
rapport 1 De tyranneaux arrogants, voilà
les ministres du 16 Mai passés accusés.
Dans la tribune sénatoriale, pleine de
monde, nous ne voyons ni M. le duc de
Broglie, ni M. Brunet, ni M. Pâris, ni M.
Caillaux; dans la salle, nous cherchons
en vain M. de Fourtou, nous apercevons
toutefois M. le baron Reille, qui expédie
fort tranquillement, ma fol ! sa correspon-
dance.
M. Brisson est là, debout au pied de
l'escalier, son rapport en main, attendant
que divers projets soient votés. Et quand
il paraît à la tribune, un formidable « Li-
sez 1 lisez 1 » le salue.
Le fait est que les gens qui se sont dé-
rangés en masse seraient des plus désap-
pointés si l'on ne lisait rien. C'est une ga-
lanterie tout au moins à faire aux spec-
tateurs.
La lecture a duré une heure et demie.
Ce rapport, fort bien fait d'ailleurs, a
l'allure vigoureuse, aux déductiohs juri-
diques soigneusement ciselées, et qui a été
lu froidement, sans une vaine recherche
des effets, se compose de deux parties.
nous allions dire bien distinctes, — et
nous aurions eu tort, car M. Brisson les a
fort habilement reliées l'une à l'autre,
La première partie embrasse la période
du 16 mai au 14 octobre. C'est une his-
toire de « l'Aventure, » avec documents à
l'appui, manifestes, proclamations, circu-
laires, dépêches, etc. Le récit des hauts
faits de ces Rocamboles politiques n'a
qu'un défaut, c'est qu'il est connu, archl-
connu. L'affaire Besse, peut être la plus
curieuse de toutes, où l'on voit deux ty-
pes différents de conservateurs — un can-
didat bonapartiste qui se vend pour un
siège dans la magistrature et un garde
des sceaux qui présida à l'achat — mani-
fester l'un pour l'autre une défiance d'ail-
leurs légitime, cette affaire nauséabonde,
disons-nous, a déjà été contée en son
temps par tous les journaux républicains.
La salle écoute dans le recueillement :
la droite ne bronche pas, fort ennuyée
sans doute de voir remuer toutes ces sa-
letés qu'on lui passe derechef sous le nez ;
la gauche, quand elle a l'épiderme trop
vivement chatouillé par quelque vieux
souvenir, a de légers tressaillements, si-
lencieux. Il nous semble que chacun tend
l'oreille avec l'espérance — ou la crainte
— d'entendre divulguer quelque chose de
neuf..
La seule nouveauté que nous ayons re-
cueillie consiste en une dépêche du pré-
fet Ducrest de Villeneuve au ministre.
Ce préfet avait espéré tenir à sa dévotion
une feuille républicaine: la feuille sem-
blait lui échapper, et il télégraphiait au
ministre : « Je lâcherai parquet sur ledit
journal. » Cette dépêche a eu un immense
succès. Et le fait est que l'accommodement
n'étant pas intervenu, M. le préfet « lâcha
parquet. » ,
Il est certain que tout cela est fort laid
et vraiment écœurant. Mais en réfléchis-
sant à la façon dont MM. les ministres du
16 Mai en ont usé avec la loi, nous ne
pouvions nous empêcher de penser à ces
chevaliers d'industrie qui frisent perpé-
tuellement la police correctionnelle.
La seconde partie du rapport est consa-
crée au ministère Rochebouët.
N'est-ce pas celui qu'on appelait un mi-
nistère d'affaires? Un ministère do drôles
d'affaires, si l'on en croit le rapport 1
M. Brisson a en main des télégrammes
adressés aux généraux commandant à
Lyon et à Marseille. Il est clair que l'état
de siège était tout prêt.
Il en a en main d'autres dépêches adres-
sées à divers chefs de corps : « Tenez
troupes prèles. »
Il en a une enfin, expédiée à Tours :
« On me dit que je ne peux pas compter
sur le 913 régiment. Quelles mesures
prendre? Il
Ce qui est incontestable, c'est que le gé-
néral Ducrot était l'homme de la « résis-
tance, »#comme on disait alors dans les
journaux bien pensants. M. de Roche-
bouët ouvrait sans cesse son cœur à M. Du-
crot et M. Ducrot épanchait son âme dans
celle de M. de Rochebouët. Témoin ce té-
légramme, à la date du 7 décembre, c'est-
»
à dire au moment où M. le maréchal de
Mac-Mahon prétendait demeurer le seul
dispensateur des portefeuilles de la Guerre
et des Affaires étrangères : « Que le bon
Dieu et le maréchal de Mac-Mahon soient
bénis et glorifiés 1 »> 3 *
Mais, en somme, le général Ducrot a le
droit, dans son intérieur, de bénir et de
1 glorifier qui bon lui semble. Et les ordres
envoyés aux chefs de corps peuvent au
besoin passer pour de simples mesures
de précaution, nullement d'agression.
La charge la plus grave pour le minis-
tàre Rochebouëtest contenue dans la dépo-
sition du major Labordère. En présence
des ordres du général commandant à Li-
moges, le major Labordère sortit du grou-
pe des officiers et dit : « Mon colonel, je
suis un honnête homme ; le rôle qu'on me
réserve dans cette tentative criminelle, je
ne le remplirai pas. » Nous devons dire
que les deux tiers de la gauche ont vigou-
reusement applaudi cette déclaration.
En résumé, à la suite d'une formidable
série de chefs d'accusation, il est proposé
à la Chambre de mettre en accusation,
pour crimes commis dans l'exercice de
leurs fonctions, les membres des deux
cabinets qui ont détenu le pouvoir de mai
à décembre 1877. Trois commissaires se-
ront nommés pour procéder à l'instruc-
tion, qui démontrera si tel ou tel acte
tombe sous le coup de tel -ou tel article
de loi. ?
Environ deux cents applaudissements
saluent les conclusions du rapport.
Deux cents ou bien cent cinquante ?.
Cette question est plus grosse qu'on ne
pense. Si nous tablons sur cent cinquan-
te, le cabinet, opposé aux poursuites, a
une msioritê-même dans les gauches. Si
nous admettons deux cents, il reste bien,
de l'autre côté, une majorité de trois cents
voix, mais sur laquelle cent cinquante
droitiers environ ; et alors le cabinet se
trouve en mauvaise posture. ,..
Nous croyons que tout dépendra de la
façon plus ou moins vigoureuse dont le
gouvernement .affichera son opinion.
Jeudi, nous saurons à quoi nous en te-
nir, puisque la discussion est fixée à ce
jour.
Mais, d'ici là, que les députés républi-
cains se pénètrent bien de cette pensée
que, s'il est de leurs amis en province qui
tressaillent encore d'indignation en son-
geant aux injures et aux brutalités que
leur ont prodiguées les gens du 16 mai,
eux, députés, ont une haute mission à rem-
plir : ce qu'ils ont à accomplir, c'est une
œuvre de justice, non une œuvre de ven-
geance.
PAUL LAJARGUI.
———— » -
Les Infirmières laïques
Il ne faudrait pas que les incidents de
la politique nous empêchassent de don-
ner quelque attention à la séance du con-
seil municipal de Paris de mercredi der-
nier. îl y a été assez longuement question
des infirmières laïques, grâce aux dé-
nonciations du Français. On sait qu'une
épidémie de petite vérole s'était déclarée
dernièrement dans l'hôpital Laennec, où
le service est fait par des infirmières laï-
ques, et le Français n'avait pas manqué
de faire entendre qu'en cette occasion
les infirmières n'avaient pas fait leur de-
voir.
Le Français n'affirmait pas. Oh I non,
grand Dieu 1 Ce ne sont pas là les procé-
dés du Français. Seulement, il avait en-
tendu dire que., on avait prétendu
que., il demandait si. Il se bornait,
le brave journal, à enregistrer, en sou-
haitant même qu'il fût faux, un bruit
d'après lequel « les infirmières laïques
avaient toutes estimé de leur devoir,
comme épouses et comme mères de fa-
mille, de ne pas s'exposer à la contagion,
et qu'elles avaient quitté l'hôpital infec-
té. L'administration, fort embarrassée,
a dû envelopper les malades dans des
couvertures, au risque de les tuer en les
exposant au froid, et les transporter
dans des hôpitaux desservis par des re-
ligieuses. » -
Le même journal, sous prétexte de
rectification, revenait le lendemain sur
cette affaire et disait : « Ce ne sont pas
les infirmières proprement dites qui,
d'après le bruit courant, auraient quitté
l'hôpital devant l'invasion de la petite
vérole, ce sont les surveillantes « laï-
ques » mises à la place des sœurs. »
Le Français peut être satisfait mainte-
nant. Grâce à lui, la lumière s'est faite
complètement sur la conduite des infir-
mières laïques de l'hôpital Laennec, et
celles-ci n'ont qu'à le remercier.
A la séance de mercredi, un conseil-
ler municipal, M. Bourneville, après
avoir donné lecture des articles du
Francais, a prié M. le directeur de l'As-
sistance publique de vouloir bien décla-
rer quelle part de vérité ils contenaient.
Le directeur de l'Assistance publique
a répondu que le fait avancé par le jour-
nal le Français était entièrement con-
trouvé, qu'il constituait une odieuse ca-
lomnie, laquelle ne saurait être trop ré-
prouvée et trop flétrie.
Il est vrai, a-t-il ajouté, qu'une épidé-
mie de petite vérole a éclaté dans l'hô-
pital en question ; mais, loin de s'être
dérobées à leur périlleux devoir, les sur-
veillantes « laïques » ont fait preuve du
plus admirable dévouement; je n'ai mê-
me pas reçu d'une seule d'entre elles une
demande de mutation ou de congé ; et je
propose au conseil, pour les venger des
attaques inqualifiables dont elles ont été
l'objet, de leur voter des félicitations.
Le conseil municipal a applaudi, et
vous pensez bien que ces félicitations ont
été votées par acclamation. Elles venge-
ront suffisamment les bonnes infirmières
des calomnies dont elles ont été les vic-
tirccSj
r M. Bourneville a profité de l'occasion
pour rappeler que maintes fois déjà les
faits ont prouvé le dévouement des infir-
miers laïques. En 1866, par exemple, la
ville d'Amiens, désolée par le choléra, fit
appel au conaours des surveillants laï-
ques des hôpitaux de Paris, et ceux -ci
montrèrent un dévouement que consta-
tent les rapports de l'inspection médi-
cale. Et M. Bourneville a conclu par cette
sage réflexion, que nous engageons les
dévots à méditer :
« Il n'est donc pas vrai de dire que le
dévouement à ses semblables ait pour
unique source la foi religieuse. Ce noble
sentiment est propre au cœur humain ;
c'est surtout chez la femme qu'il se ma-
nifeste par les plus généreux sacrifices. »
Mais de quoi servent la raison, le bon
sens, les faits mêmes pour convaincre le
fanatisme? Il ne voit ni n'entend, parce
qu'il ne veut ni voir ni entendre, parce
qu'il a profit à être sourd et aveugle. On
aura beau montrer aux dévots des infir-
mières laïques qui se dévouent vaillam-
ment; on aura beau leur montrer ces
médecins qui tombent au champ d'hon-
neur, victimes du devoir professionnel,
comme ce jeune élève des hôpitaux dont
tés journaux nous parlaient ces jours der-
niers encore ; il n'en restera pas moins
entendu que l'esprit de sacrifice est la
vertu propre des religieux et des religieu-
ses et qu'il n'est de dévouement que dans
la robe, comme il n'est de salut que dans
l'Eglise.
CHARLES BIGOT.
■■■■ -
Nouvelles parlementaires
L'unique objet des conversations de cou-
loirs était, naturellement, le rapport de M.
Brisson sur la mise en accusation. On com-
mentait le document, on en discutait la portée,
on cherchait à prévoir l'issue probable de la
discussion qui s'ouvrira jeudi.
Les avis, est il besoin de le dire ? étaient des
plus opposés. « Il n'y a aucun fait grave nou-
veau, proclamaient les députés de la droite :
c'est la réhabilitation du ministère de Broglie.»
— « Les faits criminels sont maintenant pa-
tents ; il n'est plus permis de douter ; les mi-
nistères de Broglie et de Rochebouët sont con-
damnés! » s'écriaient avec non moins de
conviction les membres de l'Union. « Nous ne
voyons pas dans ce rapport les éléments
d'une mise en accusation, » disaient des dépu-
tés centre gauche.
En présence d'appréciations si diverses,
d'avis si différents, il est bien difficile de pré-
juger le vote de la Chambre. Les partisans
et les adversaires de la mise en accusation
semblaient à peu près on nombre égal dans
la gauche. A droite, les uns juraieut que ja-
mais ils ne voteraient les conclusions du rap-
port, et d'autres soutenaient au contraire
qu'il fallait les voter pour donner aux minis-
tres incriminés occasion de se disculper, et
surtout pour faire échec au gouvernement,
qui persiste à s'opposer aux poursuites.
- Il n'était qu'un seul point sur lequel tout le
monde fût d'accord : c'était pour reconnaître
le talent dont M. Brisson a fait preuve dans la
composition et la rédaction de son rapport.
On a essayé d'évaluer le nombre des dépu-
tés qui voteront pour ou contre les conclu-
sions, d'après les applaudissements obtenus
par M. Brisson; on n'arrive guère à des résul-
tats plus probants qu'en recueillant les con-
versations de couloirs.
Les députés assis sur les bancs de l'extrême
gauche et de l'Union étaient, selon les estima-
tions de tribune, au nombre de 150 à 200 :
mettons 180. Ceux du centre gauche et de la
gauche qui se sont abstenus de donner des
marques d'approbation étaient à peu près en
même nombre: 180. La droite, muette tout le
temps, compte 140 membres. La maiorité pa-
raît donc partagée en'deux groupes égaux ou
peu s'en faut, et selon que la droite se portera
d'un côté ou d'un autre, on aurait uue majo-
rité de 380 voix environ pour ou contre les
poursuites.
«
* »
On compte que la gauche républicaine re-
constituée comptera 150 mambres. M. Coche-
ry, inscrit au centre gauche et à la gauche, a
opté pour la gauche. D'ici quelques jours, des
lettres seront envoyées pour prier les mem-
bres d'opter.
La sous commission chargée d'examiner le
dossier relatif à l'élection de M. de Fourtou a
conclu, à l'unanimité, à la validation.
♦
* *
Mercredi matin, la commission d'instruc-
tion primaire, présidée par M. Paul Bert,
s'est réunie au Palais-Bourbon.
Elle a discuté les conditions et les sanctions
de l'obligation, pour le principe de laquelle
elle s'est déjà prononcée.
Elle a pris les résolutions suivantes :
Après trois absences consécutives et non
justifiées dans le délai de trente jours, le père
ou la personne responsable sera appelée de-
vant la commission scolaire,qui lui rappellera
les prescriptions de la loi et son devoir.
En cas de non-comparution, la commission
pourra faire afficher une réprimande à la
porte de la mairie. -
En cas de récidivé, c'est-à-dire de trois nou-
velles absences non justifiées dans un délai
de douze mois, la réprimande et l'affichage
de cette réprimande seront obligatoires.
En cas de deuxième récidive, le contrave-
nant sera passible des peines de simple police,
emnrisonnement et amtmde, conformément
aux articles 461 et suivants du code pénal.
■ *
i » *
Le centre gauche a tenu mercredi, à Paris,
une réunion importas te,dont nous avons don-
né le compte-rendu. Voici le procès-verbal
officiel communiqué par ce bureau :
« Une conversation s'est engagée sur la po-
litique générale et sur l'attitude, tant vîs-â-
vis des autres groupes de la Chambre que
vis ô-vis du cabinet.
» Ont pris part à la discussion : MM. Bar-
doux, La Caze, de Roy, Jean-Casimir Périer,
Germain, Truelle, Philippoteaux, AlbertChris-
tcphle, Beaussire, Honoré Roux.
» M. Ribot, résumant les impressions qui se
sont produites, dit que le momeni est venu
pour le centre gauche, s'il ne veut perdre
tonte existence politique, de marquer par ses
actes la ligne de conduite qui est la sienne.
» Ses sympathies pour le cabinet que préside
l'honorable M. Waddington ne doivent pas
l'empêcher d'avoir un avis et de l'exprimer
résolûment sur toutes les questions qui tou-
chent à la politique générale et qui préoc-
cupent l'opinion publique.
» Une de ces questions est cane du retour
des Chambres à Parb. Or, sans vouloir enga-
ger pour l'avenir las décisions du Parlement,
il semble que dans les circonstances présen-
tes le centre gauche commettrait une faute
en ne combattant pas toute proposition nui
serait faite da ramener les Chambres à ParU.
» Des propositions de ce genre ne devraient
êLre examinées que lorsque le cabinet aura
manifesté, par des actes non équivoques,
qu'il a la volonté de maintenir la préfecture
de police sous l'action directe du gouverne-
ment.
» M. Ribot propose donc de déclarer que Id
centre gauche considère comme inopportune
et repousse, quant à présent, toute proposI-
tion tendant à déplacer le siège des deux
Chambres.
» M. Léon Renault se ralie complètement a
l'opinion qui vient d'être exprimée; il estime
que le centre gauche ne peut rester fidèle a
lui-même et au rôle qu'il a joué dans la fonda-
tion des institutions républicaines qu'à la con-
dition de se déclarer indépendant vis-à-vis du
cabinet actuel et de sa politique.
» La présence dans le cabinet de deux
membres du centre gauche, la présidence
même de l'un d'eux ne sauraient faire obsta-
cle à ce que le centre gauche accomplisse ce
qui est pour lui un devoir envers le pays
et la République.
» Le centre gauche n'a pas la majorité dans
le parlement, il n'a donc pas le droit de gou-
verner, mais il peut espérer en développant
chaque jour et sur chaque questions les opi-
nions qui forment son programme, et qui
sont au fond de la conscience d'une grande
majorité de la nation, arrive? à conquérir,
avec-le temps la majorité dans le parle-
ment.
» En tout cas, ce n'est qu'à la condition de
suivre cette ligne de conduite que le centre
gauche arrivera à préparer une formule ré-
publicaine au mouvement de l'opinion conser-
vatrice qui peut être déterminé à un moment
donné, non par des excès qui, heureusement
ne sont pas à prévoir, mais par des défaillan-
ces malheureusement trop Imminentes.
» Prennent part ensuite à la discussion :
MM. Bastid, Franck Chauveau, Jean Cssimir
Perler, Paul Casimir-Pérler, Riotteau et La
Caze.
» La proposition de M. Ribot, mise aux voix,
pst adootée à l'unanimité moins trois voix.
, A. L.
— —e» ——-
Échenillage'
Le catalogue des bibliothèques sco-
laires aurait, lui aussi, besoin d'être ré-
visé. Il s'y trouve des livres qui ne sont
aucunement propres à être mis entre les
mains des enfants.
Vous y verrez, par exemple, figurer un
ouvrage qui a pour titre : Le jeune âge
de Napoléon, empereur des Français,
par M. A.-Antoine de Saint-Gervais. Cet
Antoine est un grand malheureux. Le
compagnon de son saint patron pourrait
lui donner des leçons, de savoir-vivre et
de politesse. Je n'ai jamais vu dans au-
cun livre la vérité plus impudemment
travestie, le bon sens plus odieusement
insulté et les républicains traînés de
meilleur cœur dans la boue.
Voulez-vous me permettre de citer
quelques morceaux pris au hasard ?
Le principal et les professeurs de l'école de
Brienne étalent des religieux, parce qu'alors
on n'avait point séparé l'instruction de ia .rell.
gion.
.N'est-ce pas en effet un prodige surhumain
que de voir un hernme d'une naissance obs-
cure, et qui se montre d'abord dans les rangs
des républicams, sortir tout à coup de leurs
rangs pour forcer ces destructeurs de l'ordre
social à travailler, sous sa verge de fer, à re-
construire eux-mêmes cet édifice de majesté
que dans leur délire philosophique ils se sont
plu à faire écronler ! Lui seul pouvait leur
imprimer le cachet de la honte, par ces titres
mêmes qu'ils avaient tant décriés et dont il
voulait les revêtir pour les mettre en contra-
diction avec leur conduite antérieure, et les
faire rougir, s'il était possible, des astucieuses
doztrines qu'ils avaient prêchées pour égarer'
la multitude.
.Ayant vécu parmi ces tartufes politiques,
11 savait les apprécier à leur juste valeur ;
c'est pourquoi je vous disais que c'était peut-
être un point nécessaire qu'il eût d'abord ser-
vi la France sous la République, pour mieux
servir ensuite la France royaliste : « Tous
ms vertueux républieaius, disait-il haute-
ment, je n'ai qu'à dorer leur habit, et ce sont
des gens à moi. » 1
Napoléon s'empressa de faire disparaître le
calendrier républicain ; et l'on a retenu le
mot qu'il dit à cette occasion : « J'effacerai
toutes ces SALOPERIES inventées par les jaco-
bins. »
L'Eternel voulait, en outre, que ces vieux
conventionnels qui avaient fait périr l'illustre
Marie-Antoinette en lui donnant comme épi-
thète le surnom de son pays, l'Autrichieryw,
l'Eternel voulait, dis-je, que ces ôtres féro-
ces vinssent se prosterner humblement aux
pieds d'une autre archiduchesse d'Autrîche..N i-
poléon fit donc prononcer, par ces convention-
nels devenus sénateurs, son divorce d'avec
Joséphine, pour épouser la princesse Maria-
Louise.
En voilà bien assez, ce me semble. Ne
trouvez-vous pas qu'il serait bon qu'un
si méchant livre disparût des bibliothè-
ques scolaires ? Cela est-il fait pour for-
mer l'esprit des enfants ? pour leur don-
ner des idées saines et justes?
Est-il nécessaire même d'y conserver
aujourd'hui un ouvrage comme cclui
dont je copie exactement le titre :
NAPOLÉON III, PRÉSIDENT ET EMPEREUR
- - ou
Aperçu de ses principaux actes,
écrits et discours,
tels que le constatent le Bulletin des Lo 's et
le Moniteur, dans une première période da
huit années, de décembre 1848 A 1857, mars
compris.
TBRMINÉ PAR
Un coup d'œil sur les décisions Imprhh's
prises par Sa Majepté l'impératrice en fa-
veur des classes laborieuses ou nécessi-
teuses,
Par M. P. HENRICH.
Chez Garnier, 1857.
Ce titre a l'air d'une gageure.
Tout ça, pour me servir de la langue
.élégante que parle l'estimable Antoine de
Saint-Gervais, tout ça, c'est des salope-
ries.
Echenillons l E^hcniïlons I
I FRANCISQUE SAl\( EY
«""
: 1r:m
'., ;rr
1
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
,- HÉDAGTIOrl -
i S'adresser au Secrétaire de la RédactioJil
de 2 heures à minuit
.| BI" jru.0 Gade^/lfi
,. - - 1
Lis Manwcritsnon insérés ne serontfipat rmdui
t". ABONNEMENTS B
PARIS
Trois mois. 13 »»
Six mois 25 »»
Un 8.n. 50 »»
- DÉPARTEMENTS
Trois ffots te »»
Six sa »»
Un an.I. 83 »»
Supplément pour l'Étranger l't. par trimestre
Les abonnements partent des lerdt 15 de chaque mois
seurs d'annonces : MM. LÎFRANGE, CERF et Ce
j 6, Place de la /'Bourse, 6
ADMINISTRATION
Qlruw les Lettres et Mandats à 1
16g rue CÎQ.<3Lets Êe
• ÎA* Lettres non affranchies seront refUJ
: ABONNEMENTS
4
PARIS
Trois mpis. *5 *»
SII mQlS:. 25 »)i
Un au' 50 »»
DÉPARTEMENT ;
Trois mois. ta IJd
Six moIS. as If.
Un an. 63 M
Supplément pour l'Etranger 1 fr. par trimestre - ,
LM Abonnements partent des Itr et 15 de chaque moir
Itpssours d'anaonces : MîkT. LAGRANGE, CERF sis (F
6, Place de la .b',;(re, 6
f
BULLETIN j
* Paris, 9 Mars 1879. j
M. Brisson a.;{u hier à la Chambre des
- députés le rapport de la commission d'en-
quête sur le gouvernement du 16 mai.
La discussion a été renvoyée à jeudi pro-
chain. - » t *
Le JourrMl officiel d'hier matin a publié
un mouvement préfectoral très restreint
provoqué parla nomination de M. de Mar-
çay, so a?-préfet du Havre, à la préfecture
du département des Basses-Alpes. j
Le Times croit savoir qu'un compromis
est intervenu entre les deux partis qui
composent l'assemblée bulgare. Le parti
extr ême consent à commencer dès main-
tenant la discussion de la constitution ; le
p.Jrli modéré consent, de son côté, à ajour-
ner l'élection du prince jusqu'à ce que
"Cette élection puisse avoir lieu en même
* temps au profit de la Roumélie comme à
celui de la Bulgarie. En attendant, une
régence aura sans doute lieu. Il est pro-
bable, d'ailleurs, que la Chambre va en-
voyer une députation auprès des puissan-
ces pour plaider les résignations de la
Roumélie orientale. 4
LeTimes consacre un long article à l'exé-
cution du traité de Bevlin. L organe de la
Cité croit que dans l'intérêt de toutes les
j parties, sans distinction, toute agitation,
de n'Importe quel -genre, contre les déci-
sions prises à Berlin, devra être énergi-
quement combattue, et au besoin compri-
mée. Si cela, se fait, les troupes russes
pourront évacuer la Bulgarie d'ici à deux
mois sans taire naître la moindre inquié-
tude en Europe. En un mot, tout dépen-
dra de la fermeté que montreront les puis-
sances et leurs représentants, pendant les
quelques semaines qui vont suivre. « Si
l'on découvrait, ajoute le Times, la moin-
dre trace d'hésitation dans notre adhésion
pleine et entière aux causes du traité
de Berlin, il y a une foule d'agitateurs
qui s'apercevraient, de l'occasion qui
leur est offerte et, qui la saisiraient avec
empressement; 'mais si dès aujourd'hui il
est démontré 'que de pareilles tentatives
seraient vaines, on s'abstiendra. Si, par
exemple, ,ian jugeait nécessaire, comme
cela a ~§ proposé, de réunir une confé-
, rence pour aplanir les difficultés qui ont
dû ;(lêvltablement surgir dans l'exécution
(I4 traité de Berlin, il faudrait avant toute
tetiose qu'il fût établi nettement qu'il ne
pourra être question en aucune r&on
, d'une modification de tel ou tel article
s sur lequel le gouvernement anglais avait
; insisté à Berlin. Le traité a été rédigé
i dans un laps de temps relativement court,
et peut-être sous une pression un peu
"'Violente. Il n'en pouvait être autre-
: ment, et il est par conséquent assez na-
turel que certains détails aient besoin
d'être complétés ou même modifiés. Mais
pour le moment, c'est là tout ce qu'il est
permis d'admettre. Toutes les puissances
de l'Europe ont assez d'affaires sur les
* bras, et nous-mêmes ne sommes certaine-
t meut pas les moins embarrassés, sans qu'il
soit besoin de les déranger davantage dans
le simple but d'assurer du premier coup aux
populations de la Roumélie orientale la
perfection de leur organisation nationale.
Motre gouvernement, ajoute en terminant
le Times, peut compter sur l'appui, du
pays en se maintenant, dans la ligne
politique qu'il s'est tracée, et on pourra
, laisser l'opposition le défier tout à son
r aise. Pourvu que nous soyons représen-
tés à C oustan tinopl e, comme sur les lieux,
par des hommes d'un caractère ferme et
Indépendant, pourvu que nous prouvions
que, nous sommes décidés à maintenir
l'osuvre de l'été dernier, les difficultés dis-
paraîtront assurément peu à peu.» On
semble d'ailleurs avoir complètement re-
inoncé à la réunion d'une conférence ; mais
nous croyons que des négociations sont
déjà entamées entre les puissances pour
assurer l'exécution du traité.
D'après un télégramme de Vienne,
adressé au Daily letegrapit, les troupes
monténégrines qui occupent la frontière
sud seront augmentées, par suite de l'at-
titude menaçante de la ligue albanaise.
*-• - - G, BARBIER. ,
fM -, ————— if»
< Bourse de Paris
- PETITS BOURSE DU SOIR
50,'0. 112 fr. 90, 113 fr., 112 fr. 93.
ï'ure. 12 fr. 25, 27 1/2.
Banquo ettemant.. 496 fr. 87 i/2,
îigynttt 241 fr. 87.
liongrola 74 fr. 1/2,7/16.
«* ii ■
Nous désirons ne pas juger le rapport
'de M. Brisson à première vue. Il faudrait
avoir eu le temps de l'étudier dans les
colonnes du Journal officiel, pour savoir
si les faits relevés à la charge des minis-
tres du 16 Mai justifient assez las con-
clusions de la commission d'enquête. Il
semble que ce n'a pas été, hier, l'impres-
sion de la majorité de la Chambre. On
s'attendait à autre chose qu'à ce que la
commission d'enquête a trouvé. On
croyait aux révélations les plus écra-
santes, et le rapport ne contient pas,
à proprement parler, de révélations.
Il n'y a point de faits nouveaux mis en
lumière. Presque tout ce qu'a recueil-
li la commission sur ce gouvernement
néfaste, nous le savions déjà. Même sans
enquête, un rapport analogue aurait pu
se faire avec des extraits de journaux du
temps. Nous n'avons appris aujourd'hui
que ce que nous connaissions de longue
date, à savoir que les hommes de Mai
1877 ont été, politiquement, de grands
misérables. Mais, s'ils ont odieusement
abusé des lois, il nous paraît douteux que
leurs actes puissent être assimilés aux
délits et aux crimes défiais par le code
pénal. Ces hommes sont assurément de
ceux qu'on voue à l'exécration des ci-
toyens ; mais peut-être aussi sont-ils de
ceux qui échappent à la vindicte publi-
- i •< t T -
que réguliôremëiïtrexercée par un tri-
bunal.
La partie la plus grave du rapport, qui
en est aussi lapartie la plus obscure, a trait
au coup d'Etat qui a menacé la République
en décembre 1877. Il est évident que le
coup d'Etat a été désiré, conseillé, médi-
té; mais ce qui n'est pas prouvé,c'est qu'il
y ait eu commencement d'exécution. Des
présomptions ne sont pas des preuves,
et, juridiquement, un crime inexécuté
n'existe pas. Supposons l'être le plus
pervers, qui aurait conçu le dessein du
plus horrible parricide ; non-seulement il
aurait réglé dans sa pensée le plan de l'as-
sassinat, mais il aurait aiguisé le couteau,
il se serait embusqué au coin du chemin
ou devait passer sa victime. Mais ce sont,
par hasard, les gendarmes qui passent, et
le bandit est pris de peur, il jette son
arme et s'enfuit sans avoir frappé.-
Qui le jugera, cet assassin d'intention ?
et s'il est traduit devant des juges, qui
apportera au tribunal le témoignage cer-
tain que, s'il était à telle heure en tel
lieu, c'était pour y commettre un crime,
et que le couteau qu'il portait était desti-
né à donner la mort? Tel nous paraît être
le cas des hommes qui tramaient les des-
seins mystérieux du 13 décembre. Mo-
ralement, on peut soutenir qu'ils mé-
riteraient les galères, comme le coquin
que la peur seuj e a retenu de faire un
mauvais coup ;mais enfin, le mauvais
coup, ils ne l'ont pas fait, puisque, le 13
au soir, M. Dufaure était chargé de cons-
tituer un ministère par M. le maréchal de
Mac-Mahon. j
Nous avons été des premiers à récla-
mer l'enquête, avec les conséquences
qu'elle entraînait, et ces conséquences,
dans notre pensée, étaient les poursuites.
Nous n'aurions pas voulu que le 16 Mai
demeurât impuni. Mais nous sommes
frappés, il faut bien l'avouer, du peu d'ar-
guments que le rapport nous donne pour
réclamer la mise en accusation. Ea ce
qui concerne le coup d'Etat, rien n'est dé-
montré, si ce n-'est la velléité. Et quant au
reste, nous voyons bien que les ministres
du 16 Mai, procureurs-experts, ont
pressé et tordu les lois pour en exprimer
tout ce qu'elles contenaient d'arbitraire,
et même qu'ils ont fait pis ; mais, en ma-
tière politique, il y a bien des lacunes
dans le code pénal l D'autre part, nous
réfléchissons à l'attitude du cabinet, qui
n'a certes aucun, intérêt à sauver de
l'exil ou de la prison MM. de Broglie, de
Fourtou et consorts, et qui, toutefois,
se déclare contre le procès. Quand des
jurisconsultes aussi éminents, et nous
ajouterons aussi intègres que MM. Lepère
et Le Royer,- se prononcent, après mûr
examen, contre les poursuites, nous de-
vons supposer que vraiment il n'y a pas
lieu de suivre, et notre premier mouve-
ment est de nous en rapporter à leurs
lumières. Enfin nous ne sommes pas in-
sensibles non plus aux considérations
d'opportunité politique exposées récem-
ment par les ministres dans les confé-
rences qu'ils ont eues avec la commis-
sion. Les considérations d'opportunité,
qui n'ont aucun poids en matière de cri-
mes ou délits de droit commun, en ont un
très grand en matière de crimes ou délits
politiques, et la Chambre devra prêter
l'attention la plus sérieuse aux raisons
de ce genre qui lui seront données par le
gouvernement.
EUG. LIÉBERT. «
-.——————— ———————.
Voici les conclusions du rapport de
M. Henri Brisson, relatif à la mise en ac-
cusation des ministres du 10 mai, dont
nous donnons plus loin le texte : f
II y a, suivant nous, présomption grave
que les miaistres du 17 mai se sont rendus
coupables des crimes de trahison et de pré-
varication, et en fait ; * »
D'avoir, par une politique ouvertement in-
constitutionnelle, remis en question l'exis-
tence de la République et jeté ainsi le pays
dans une perturbation profonde ;
D'avoir suspendu l'empire de la constitu-
tion et des lois, de les avoir formellement vio-
lées ;
D'avoir fait un abus criminel du pouvoir qui
leur était confié, et ce, dans le dessein de faus
ser les élections et de priver los citoyens du
libre exercice de leurs droits civiques
D'être intervenus dans les élections par la
violence, par la promesse et par la menace,
par dons, faveurs, distributions de fonctions,
décorations, grades ou places,par des manœu-
vres de toute sorte, par des proclamations,
des ordres, des circulaires, des instructions
données aux agents du pouvoir et par de faus-
ses nouvelles ;
D'avoir attenté à la liberté de la presse ;
D'avoir ordonné divers actes arbitraires ou
attentatoires soit à la constitution, soit à la li-
berté Individuelle, soit aux droits civiques
des citoyens;
D'avoir, par voles de fait ou menaces, em-
pêché les citoyens d'exercer leur3 droits civi-
ques ; d'avoir, à cet effet, concerté un plan
pour être exécuté sur tout le territoire ;
D'avoir concerté des mesures contraires
aux lois et contre l'exécution, des lois ;
D'avoir, dans l'intéiôt de leurs desseins
coupables, trafiqué des fonctions publiques
ou des faveurs, ainsi que de tous les attributs
et privilèges du pouvoir ;
D'avoir agréé des promesses pour conférer
ou retirer des fonctions publiques ; d'avoir
promis ou donné lesdites fonctions pour obte-
nir tantôt qu'un candidat se présente, tantôt
qu'il se retire ;
D'avoir fait remise à des particuliers, pour
les corrompre, dans un intérêt électoral, des
taxes légitimement dues à l'Etat ;
D'avoir tenté d'Influencer et Influencé, par
des moyens coupables, les magistrats chargés
de mettre en mouvement l'action publique,
ou de rendra la justice ;
D'avoir tantôt pressé, tantôt suspfiudu, tan-
tôt empêché l'exécution des lois pénales, sui-
vant les opinions politiques des coupables,,
des prévenus ou des condamnés;
D'avoir détourné et fait détourner des piè-
ces et documents appartenant aux adminis-
trations publiques;
D'avoir fait enlever des papiers dans des dé-
pôts publics;
Crimes commis dans l'exercice de leurs
fonctions, prévus et punis par l'article 12 de
la loi du 16 juillet 1875, et par les articles 109,
110, 114, 115, 123, 124, 130, 173, 179, 254 et
255 du Code pénal ;
Il y a, en outre, suivant nous, présomption
grave que les ministres du 17 mai et du 23
novembre 1877 se sont rendus coupables du
crime de trahison : -
En formant un complot ayant pour but soit
de changer, soit de détruire le gouverne-
ment, ledit complot suivi d'actes commis
ou consommés pour en préparer l'exécution,
crime prévu et puni par l'article 89 du code
pénal ; --
En prenant des mesures contraires aux lois
et à l'exécution des lois, par suite d'un con-
cert pratiqué entre des dépositaires de l'auto-
rité publique, crime prévu et puni par les ar-
ticles 123 et 124 du code pénal.
En conséquence, votre commission vous
propose la résolution suivante :
Article premier. — Conformément à l'arti-
cle 12, paragraphe 2, de la loi constitution-
nelle du 16 juillet 1875, la Chambre des dépu-
tés met en accusation, devant le Sénat, pour
crimes commis dans l'exercice de leurs fonc-
tIODS, les membres du ministère du 17 mai
1877, présidé par M. le duc de Broglie, et du
ministère du 23 novembre 1877, présidé par
M. de Rochebouët.
Art. 2. — Trois commissaires pris dans la
Chambre des députés seront nommés par
elle au scrutin de liste pour, en son nom,
faire toutes les réquisitions nécessaires, sui-
vre, soutenir et mettre à fin l'accusation de-
vant le Sénat, à qui la présente résolution et
toutes les pièces recueillies par la commis-
sion d'enquête seront transmises dans le plus
bref délai.» (Vifs applaudissements à gauche.
- Mouvements prolongés.)
I
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA OHA.MBRS
Versailles, 8 mars 1879.
Eh bien 1 on va le déposer, ce fameux
rapport 1 De tyranneaux arrogants, voilà
les ministres du 16 Mai passés accusés.
Dans la tribune sénatoriale, pleine de
monde, nous ne voyons ni M. le duc de
Broglie, ni M. Brunet, ni M. Pâris, ni M.
Caillaux; dans la salle, nous cherchons
en vain M. de Fourtou, nous apercevons
toutefois M. le baron Reille, qui expédie
fort tranquillement, ma fol ! sa correspon-
dance.
M. Brisson est là, debout au pied de
l'escalier, son rapport en main, attendant
que divers projets soient votés. Et quand
il paraît à la tribune, un formidable « Li-
sez 1 lisez 1 » le salue.
Le fait est que les gens qui se sont dé-
rangés en masse seraient des plus désap-
pointés si l'on ne lisait rien. C'est une ga-
lanterie tout au moins à faire aux spec-
tateurs.
La lecture a duré une heure et demie.
Ce rapport, fort bien fait d'ailleurs, a
l'allure vigoureuse, aux déductiohs juri-
diques soigneusement ciselées, et qui a été
lu froidement, sans une vaine recherche
des effets, se compose de deux parties.
nous allions dire bien distinctes, — et
nous aurions eu tort, car M. Brisson les a
fort habilement reliées l'une à l'autre,
La première partie embrasse la période
du 16 mai au 14 octobre. C'est une his-
toire de « l'Aventure, » avec documents à
l'appui, manifestes, proclamations, circu-
laires, dépêches, etc. Le récit des hauts
faits de ces Rocamboles politiques n'a
qu'un défaut, c'est qu'il est connu, archl-
connu. L'affaire Besse, peut être la plus
curieuse de toutes, où l'on voit deux ty-
pes différents de conservateurs — un can-
didat bonapartiste qui se vend pour un
siège dans la magistrature et un garde
des sceaux qui présida à l'achat — mani-
fester l'un pour l'autre une défiance d'ail-
leurs légitime, cette affaire nauséabonde,
disons-nous, a déjà été contée en son
temps par tous les journaux républicains.
La salle écoute dans le recueillement :
la droite ne bronche pas, fort ennuyée
sans doute de voir remuer toutes ces sa-
letés qu'on lui passe derechef sous le nez ;
la gauche, quand elle a l'épiderme trop
vivement chatouillé par quelque vieux
souvenir, a de légers tressaillements, si-
lencieux. Il nous semble que chacun tend
l'oreille avec l'espérance — ou la crainte
— d'entendre divulguer quelque chose de
neuf..
La seule nouveauté que nous ayons re-
cueillie consiste en une dépêche du pré-
fet Ducrest de Villeneuve au ministre.
Ce préfet avait espéré tenir à sa dévotion
une feuille républicaine: la feuille sem-
blait lui échapper, et il télégraphiait au
ministre : « Je lâcherai parquet sur ledit
journal. » Cette dépêche a eu un immense
succès. Et le fait est que l'accommodement
n'étant pas intervenu, M. le préfet « lâcha
parquet. » ,
Il est certain que tout cela est fort laid
et vraiment écœurant. Mais en réfléchis-
sant à la façon dont MM. les ministres du
16 Mai en ont usé avec la loi, nous ne
pouvions nous empêcher de penser à ces
chevaliers d'industrie qui frisent perpé-
tuellement la police correctionnelle.
La seconde partie du rapport est consa-
crée au ministère Rochebouët.
N'est-ce pas celui qu'on appelait un mi-
nistère d'affaires? Un ministère do drôles
d'affaires, si l'on en croit le rapport 1
M. Brisson a en main des télégrammes
adressés aux généraux commandant à
Lyon et à Marseille. Il est clair que l'état
de siège était tout prêt.
Il en a en main d'autres dépêches adres-
sées à divers chefs de corps : « Tenez
troupes prèles. »
Il en a une enfin, expédiée à Tours :
« On me dit que je ne peux pas compter
sur le 913 régiment. Quelles mesures
prendre? Il
Ce qui est incontestable, c'est que le gé-
néral Ducrot était l'homme de la « résis-
tance, »#comme on disait alors dans les
journaux bien pensants. M. de Roche-
bouët ouvrait sans cesse son cœur à M. Du-
crot et M. Ducrot épanchait son âme dans
celle de M. de Rochebouët. Témoin ce té-
légramme, à la date du 7 décembre, c'est-
»
à dire au moment où M. le maréchal de
Mac-Mahon prétendait demeurer le seul
dispensateur des portefeuilles de la Guerre
et des Affaires étrangères : « Que le bon
Dieu et le maréchal de Mac-Mahon soient
bénis et glorifiés 1 »> 3 *
Mais, en somme, le général Ducrot a le
droit, dans son intérieur, de bénir et de
1 glorifier qui bon lui semble. Et les ordres
envoyés aux chefs de corps peuvent au
besoin passer pour de simples mesures
de précaution, nullement d'agression.
La charge la plus grave pour le minis-
tàre Rochebouëtest contenue dans la dépo-
sition du major Labordère. En présence
des ordres du général commandant à Li-
moges, le major Labordère sortit du grou-
pe des officiers et dit : « Mon colonel, je
suis un honnête homme ; le rôle qu'on me
réserve dans cette tentative criminelle, je
ne le remplirai pas. » Nous devons dire
que les deux tiers de la gauche ont vigou-
reusement applaudi cette déclaration.
En résumé, à la suite d'une formidable
série de chefs d'accusation, il est proposé
à la Chambre de mettre en accusation,
pour crimes commis dans l'exercice de
leurs fonctions, les membres des deux
cabinets qui ont détenu le pouvoir de mai
à décembre 1877. Trois commissaires se-
ront nommés pour procéder à l'instruc-
tion, qui démontrera si tel ou tel acte
tombe sous le coup de tel -ou tel article
de loi. ?
Environ deux cents applaudissements
saluent les conclusions du rapport.
Deux cents ou bien cent cinquante ?.
Cette question est plus grosse qu'on ne
pense. Si nous tablons sur cent cinquan-
te, le cabinet, opposé aux poursuites, a
une msioritê-même dans les gauches. Si
nous admettons deux cents, il reste bien,
de l'autre côté, une majorité de trois cents
voix, mais sur laquelle cent cinquante
droitiers environ ; et alors le cabinet se
trouve en mauvaise posture. ,..
Nous croyons que tout dépendra de la
façon plus ou moins vigoureuse dont le
gouvernement .affichera son opinion.
Jeudi, nous saurons à quoi nous en te-
nir, puisque la discussion est fixée à ce
jour.
Mais, d'ici là, que les députés républi-
cains se pénètrent bien de cette pensée
que, s'il est de leurs amis en province qui
tressaillent encore d'indignation en son-
geant aux injures et aux brutalités que
leur ont prodiguées les gens du 16 mai,
eux, députés, ont une haute mission à rem-
plir : ce qu'ils ont à accomplir, c'est une
œuvre de justice, non une œuvre de ven-
geance.
PAUL LAJARGUI.
———— » -
Les Infirmières laïques
Il ne faudrait pas que les incidents de
la politique nous empêchassent de don-
ner quelque attention à la séance du con-
seil municipal de Paris de mercredi der-
nier. îl y a été assez longuement question
des infirmières laïques, grâce aux dé-
nonciations du Français. On sait qu'une
épidémie de petite vérole s'était déclarée
dernièrement dans l'hôpital Laennec, où
le service est fait par des infirmières laï-
ques, et le Français n'avait pas manqué
de faire entendre qu'en cette occasion
les infirmières n'avaient pas fait leur de-
voir.
Le Français n'affirmait pas. Oh I non,
grand Dieu 1 Ce ne sont pas là les procé-
dés du Français. Seulement, il avait en-
tendu dire que., on avait prétendu
que., il demandait si. Il se bornait,
le brave journal, à enregistrer, en sou-
haitant même qu'il fût faux, un bruit
d'après lequel « les infirmières laïques
avaient toutes estimé de leur devoir,
comme épouses et comme mères de fa-
mille, de ne pas s'exposer à la contagion,
et qu'elles avaient quitté l'hôpital infec-
té. L'administration, fort embarrassée,
a dû envelopper les malades dans des
couvertures, au risque de les tuer en les
exposant au froid, et les transporter
dans des hôpitaux desservis par des re-
ligieuses. » -
Le même journal, sous prétexte de
rectification, revenait le lendemain sur
cette affaire et disait : « Ce ne sont pas
les infirmières proprement dites qui,
d'après le bruit courant, auraient quitté
l'hôpital devant l'invasion de la petite
vérole, ce sont les surveillantes « laï-
ques » mises à la place des sœurs. »
Le Français peut être satisfait mainte-
nant. Grâce à lui, la lumière s'est faite
complètement sur la conduite des infir-
mières laïques de l'hôpital Laennec, et
celles-ci n'ont qu'à le remercier.
A la séance de mercredi, un conseil-
ler municipal, M. Bourneville, après
avoir donné lecture des articles du
Francais, a prié M. le directeur de l'As-
sistance publique de vouloir bien décla-
rer quelle part de vérité ils contenaient.
Le directeur de l'Assistance publique
a répondu que le fait avancé par le jour-
nal le Français était entièrement con-
trouvé, qu'il constituait une odieuse ca-
lomnie, laquelle ne saurait être trop ré-
prouvée et trop flétrie.
Il est vrai, a-t-il ajouté, qu'une épidé-
mie de petite vérole a éclaté dans l'hô-
pital en question ; mais, loin de s'être
dérobées à leur périlleux devoir, les sur-
veillantes « laïques » ont fait preuve du
plus admirable dévouement; je n'ai mê-
me pas reçu d'une seule d'entre elles une
demande de mutation ou de congé ; et je
propose au conseil, pour les venger des
attaques inqualifiables dont elles ont été
l'objet, de leur voter des félicitations.
Le conseil municipal a applaudi, et
vous pensez bien que ces félicitations ont
été votées par acclamation. Elles venge-
ront suffisamment les bonnes infirmières
des calomnies dont elles ont été les vic-
tirccSj
r M. Bourneville a profité de l'occasion
pour rappeler que maintes fois déjà les
faits ont prouvé le dévouement des infir-
miers laïques. En 1866, par exemple, la
ville d'Amiens, désolée par le choléra, fit
appel au conaours des surveillants laï-
ques des hôpitaux de Paris, et ceux -ci
montrèrent un dévouement que consta-
tent les rapports de l'inspection médi-
cale. Et M. Bourneville a conclu par cette
sage réflexion, que nous engageons les
dévots à méditer :
« Il n'est donc pas vrai de dire que le
dévouement à ses semblables ait pour
unique source la foi religieuse. Ce noble
sentiment est propre au cœur humain ;
c'est surtout chez la femme qu'il se ma-
nifeste par les plus généreux sacrifices. »
Mais de quoi servent la raison, le bon
sens, les faits mêmes pour convaincre le
fanatisme? Il ne voit ni n'entend, parce
qu'il ne veut ni voir ni entendre, parce
qu'il a profit à être sourd et aveugle. On
aura beau montrer aux dévots des infir-
mières laïques qui se dévouent vaillam-
ment; on aura beau leur montrer ces
médecins qui tombent au champ d'hon-
neur, victimes du devoir professionnel,
comme ce jeune élève des hôpitaux dont
tés journaux nous parlaient ces jours der-
niers encore ; il n'en restera pas moins
entendu que l'esprit de sacrifice est la
vertu propre des religieux et des religieu-
ses et qu'il n'est de dévouement que dans
la robe, comme il n'est de salut que dans
l'Eglise.
CHARLES BIGOT.
■■■■ -
Nouvelles parlementaires
L'unique objet des conversations de cou-
loirs était, naturellement, le rapport de M.
Brisson sur la mise en accusation. On com-
mentait le document, on en discutait la portée,
on cherchait à prévoir l'issue probable de la
discussion qui s'ouvrira jeudi.
Les avis, est il besoin de le dire ? étaient des
plus opposés. « Il n'y a aucun fait grave nou-
veau, proclamaient les députés de la droite :
c'est la réhabilitation du ministère de Broglie.»
— « Les faits criminels sont maintenant pa-
tents ; il n'est plus permis de douter ; les mi-
nistères de Broglie et de Rochebouët sont con-
damnés! » s'écriaient avec non moins de
conviction les membres de l'Union. « Nous ne
voyons pas dans ce rapport les éléments
d'une mise en accusation, » disaient des dépu-
tés centre gauche.
En présence d'appréciations si diverses,
d'avis si différents, il est bien difficile de pré-
juger le vote de la Chambre. Les partisans
et les adversaires de la mise en accusation
semblaient à peu près on nombre égal dans
la gauche. A droite, les uns juraieut que ja-
mais ils ne voteraient les conclusions du rap-
port, et d'autres soutenaient au contraire
qu'il fallait les voter pour donner aux minis-
tres incriminés occasion de se disculper, et
surtout pour faire échec au gouvernement,
qui persiste à s'opposer aux poursuites.
- Il n'était qu'un seul point sur lequel tout le
monde fût d'accord : c'était pour reconnaître
le talent dont M. Brisson a fait preuve dans la
composition et la rédaction de son rapport.
On a essayé d'évaluer le nombre des dépu-
tés qui voteront pour ou contre les conclu-
sions, d'après les applaudissements obtenus
par M. Brisson; on n'arrive guère à des résul-
tats plus probants qu'en recueillant les con-
versations de couloirs.
Les députés assis sur les bancs de l'extrême
gauche et de l'Union étaient, selon les estima-
tions de tribune, au nombre de 150 à 200 :
mettons 180. Ceux du centre gauche et de la
gauche qui se sont abstenus de donner des
marques d'approbation étaient à peu près en
même nombre: 180. La droite, muette tout le
temps, compte 140 membres. La maiorité pa-
raît donc partagée en'deux groupes égaux ou
peu s'en faut, et selon que la droite se portera
d'un côté ou d'un autre, on aurait uue majo-
rité de 380 voix environ pour ou contre les
poursuites.
«
* »
On compte que la gauche républicaine re-
constituée comptera 150 mambres. M. Coche-
ry, inscrit au centre gauche et à la gauche, a
opté pour la gauche. D'ici quelques jours, des
lettres seront envoyées pour prier les mem-
bres d'opter.
La sous commission chargée d'examiner le
dossier relatif à l'élection de M. de Fourtou a
conclu, à l'unanimité, à la validation.
♦
* *
Mercredi matin, la commission d'instruc-
tion primaire, présidée par M. Paul Bert,
s'est réunie au Palais-Bourbon.
Elle a discuté les conditions et les sanctions
de l'obligation, pour le principe de laquelle
elle s'est déjà prononcée.
Elle a pris les résolutions suivantes :
Après trois absences consécutives et non
justifiées dans le délai de trente jours, le père
ou la personne responsable sera appelée de-
vant la commission scolaire,qui lui rappellera
les prescriptions de la loi et son devoir.
En cas de non-comparution, la commission
pourra faire afficher une réprimande à la
porte de la mairie. -
En cas de récidivé, c'est-à-dire de trois nou-
velles absences non justifiées dans un délai
de douze mois, la réprimande et l'affichage
de cette réprimande seront obligatoires.
En cas de deuxième récidive, le contrave-
nant sera passible des peines de simple police,
emnrisonnement et amtmde, conformément
aux articles 461 et suivants du code pénal.
■ *
i » *
Le centre gauche a tenu mercredi, à Paris,
une réunion importas te,dont nous avons don-
né le compte-rendu. Voici le procès-verbal
officiel communiqué par ce bureau :
« Une conversation s'est engagée sur la po-
litique générale et sur l'attitude, tant vîs-â-
vis des autres groupes de la Chambre que
vis ô-vis du cabinet.
» Ont pris part à la discussion : MM. Bar-
doux, La Caze, de Roy, Jean-Casimir Périer,
Germain, Truelle, Philippoteaux, AlbertChris-
tcphle, Beaussire, Honoré Roux.
» M. Ribot, résumant les impressions qui se
sont produites, dit que le momeni est venu
pour le centre gauche, s'il ne veut perdre
tonte existence politique, de marquer par ses
actes la ligne de conduite qui est la sienne.
» Ses sympathies pour le cabinet que préside
l'honorable M. Waddington ne doivent pas
l'empêcher d'avoir un avis et de l'exprimer
résolûment sur toutes les questions qui tou-
chent à la politique générale et qui préoc-
cupent l'opinion publique.
» Une de ces questions est cane du retour
des Chambres à Parb. Or, sans vouloir enga-
ger pour l'avenir las décisions du Parlement,
il semble que dans les circonstances présen-
tes le centre gauche commettrait une faute
en ne combattant pas toute proposition nui
serait faite da ramener les Chambres à ParU.
» Des propositions de ce genre ne devraient
êLre examinées que lorsque le cabinet aura
manifesté, par des actes non équivoques,
qu'il a la volonté de maintenir la préfecture
de police sous l'action directe du gouverne-
ment.
» M. Ribot propose donc de déclarer que Id
centre gauche considère comme inopportune
et repousse, quant à présent, toute proposI-
tion tendant à déplacer le siège des deux
Chambres.
» M. Léon Renault se ralie complètement a
l'opinion qui vient d'être exprimée; il estime
que le centre gauche ne peut rester fidèle a
lui-même et au rôle qu'il a joué dans la fonda-
tion des institutions républicaines qu'à la con-
dition de se déclarer indépendant vis-à-vis du
cabinet actuel et de sa politique.
» La présence dans le cabinet de deux
membres du centre gauche, la présidence
même de l'un d'eux ne sauraient faire obsta-
cle à ce que le centre gauche accomplisse ce
qui est pour lui un devoir envers le pays
et la République.
» Le centre gauche n'a pas la majorité dans
le parlement, il n'a donc pas le droit de gou-
verner, mais il peut espérer en développant
chaque jour et sur chaque questions les opi-
nions qui forment son programme, et qui
sont au fond de la conscience d'une grande
majorité de la nation, arrive? à conquérir,
avec-le temps la majorité dans le parle-
ment.
» En tout cas, ce n'est qu'à la condition de
suivre cette ligne de conduite que le centre
gauche arrivera à préparer une formule ré-
publicaine au mouvement de l'opinion conser-
vatrice qui peut être déterminé à un moment
donné, non par des excès qui, heureusement
ne sont pas à prévoir, mais par des défaillan-
ces malheureusement trop Imminentes.
» Prennent part ensuite à la discussion :
MM. Bastid, Franck Chauveau, Jean Cssimir
Perler, Paul Casimir-Pérler, Riotteau et La
Caze.
» La proposition de M. Ribot, mise aux voix,
pst adootée à l'unanimité moins trois voix.
, A. L.
— —e» ——-
Échenillage'
Le catalogue des bibliothèques sco-
laires aurait, lui aussi, besoin d'être ré-
visé. Il s'y trouve des livres qui ne sont
aucunement propres à être mis entre les
mains des enfants.
Vous y verrez, par exemple, figurer un
ouvrage qui a pour titre : Le jeune âge
de Napoléon, empereur des Français,
par M. A.-Antoine de Saint-Gervais. Cet
Antoine est un grand malheureux. Le
compagnon de son saint patron pourrait
lui donner des leçons, de savoir-vivre et
de politesse. Je n'ai jamais vu dans au-
cun livre la vérité plus impudemment
travestie, le bon sens plus odieusement
insulté et les républicains traînés de
meilleur cœur dans la boue.
Voulez-vous me permettre de citer
quelques morceaux pris au hasard ?
Le principal et les professeurs de l'école de
Brienne étalent des religieux, parce qu'alors
on n'avait point séparé l'instruction de ia .rell.
gion.
.N'est-ce pas en effet un prodige surhumain
que de voir un hernme d'une naissance obs-
cure, et qui se montre d'abord dans les rangs
des républicams, sortir tout à coup de leurs
rangs pour forcer ces destructeurs de l'ordre
social à travailler, sous sa verge de fer, à re-
construire eux-mêmes cet édifice de majesté
que dans leur délire philosophique ils se sont
plu à faire écronler ! Lui seul pouvait leur
imprimer le cachet de la honte, par ces titres
mêmes qu'ils avaient tant décriés et dont il
voulait les revêtir pour les mettre en contra-
diction avec leur conduite antérieure, et les
faire rougir, s'il était possible, des astucieuses
doztrines qu'ils avaient prêchées pour égarer'
la multitude.
.Ayant vécu parmi ces tartufes politiques,
11 savait les apprécier à leur juste valeur ;
c'est pourquoi je vous disais que c'était peut-
être un point nécessaire qu'il eût d'abord ser-
vi la France sous la République, pour mieux
servir ensuite la France royaliste : « Tous
ms vertueux républieaius, disait-il haute-
ment, je n'ai qu'à dorer leur habit, et ce sont
des gens à moi. » 1
Napoléon s'empressa de faire disparaître le
calendrier républicain ; et l'on a retenu le
mot qu'il dit à cette occasion : « J'effacerai
toutes ces SALOPERIES inventées par les jaco-
bins. »
L'Eternel voulait, en outre, que ces vieux
conventionnels qui avaient fait périr l'illustre
Marie-Antoinette en lui donnant comme épi-
thète le surnom de son pays, l'Autrichieryw,
l'Eternel voulait, dis-je, que ces ôtres féro-
ces vinssent se prosterner humblement aux
pieds d'une autre archiduchesse d'Autrîche..N i-
poléon fit donc prononcer, par ces convention-
nels devenus sénateurs, son divorce d'avec
Joséphine, pour épouser la princesse Maria-
Louise.
En voilà bien assez, ce me semble. Ne
trouvez-vous pas qu'il serait bon qu'un
si méchant livre disparût des bibliothè-
ques scolaires ? Cela est-il fait pour for-
mer l'esprit des enfants ? pour leur don-
ner des idées saines et justes?
Est-il nécessaire même d'y conserver
aujourd'hui un ouvrage comme cclui
dont je copie exactement le titre :
NAPOLÉON III, PRÉSIDENT ET EMPEREUR
- - ou
Aperçu de ses principaux actes,
écrits et discours,
tels que le constatent le Bulletin des Lo 's et
le Moniteur, dans une première période da
huit années, de décembre 1848 A 1857, mars
compris.
TBRMINÉ PAR
Un coup d'œil sur les décisions Imprhh's
prises par Sa Majepté l'impératrice en fa-
veur des classes laborieuses ou nécessi-
teuses,
Par M. P. HENRICH.
Chez Garnier, 1857.
Ce titre a l'air d'une gageure.
Tout ça, pour me servir de la langue
.élégante que parle l'estimable Antoine de
Saint-Gervais, tout ça, c'est des salope-
ries.
Echenillons l E^hcniïlons I
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