Il
Nous fait un portrait fort fidèle.
On connoit les premiers quant à l'autre, voici Le personnage en raccourci.
Son menton nourrissoit une barbe touffue; Toute sa personne velue
Représentoit un ours, mais un ours mal léché Sous un sourcil épais il avoit l'œil caché,
Le regard de travers, nez tortu, grosse lèvre, Portoit sayon de poil de chèvre,
Et ceinture de joncs marins.
Cet homme ainsi bâti fut député des villes
Que lave le Danube. Il n'étoit point d'asiles Où l'avarice des Romains
Ne pénétrât alors, et ne portât les mains.
Le député vint donc, et fit cette harangue « Romains, et vous Sénat assis pour m'écouter, Je supplie avant tout les Dieux de m'assister Veuillent les Immortels, conducteurs de ma langue, Que je ne dise rien qui doive être repris!
Sans leur aide, il ne peut entrer dans les esprits Que tout mal et toute injustice
Faute d'y recourir, on viole leurs lois.
Témoin nous que punit la romaine avarice Rome est, par nos forfaits, plus que par ses exploits, L'instrument de notre supplice.
Craignez, Romains, craignez que le ciel quelque jour Ne transporte chez vous les pleurs et la misère, Et mettant en nos mains, par un juste retour,