Avoit la fleur, les autres le rebut.
Chaque saison apportoit son tribut
Car au printemps il jouissoit encore
Des plus beaux dons que nous présente Flore.
Un jour dans son jardin il vit notre écolier,
Qui, grimpant sans 'égard sur un arbre fruitier, Gâtoit jusqu'aux boutons, douce et frêle espérance, Avant-coureurs des biens que promet l'abondance Même il ébranchoit l'arbre, et fit tant à la fin
Que le possesseur du jardin
Envoya faire plainte au Maître de la classe.
Celui-ci vint suivi d'un cortège d'enfants
Voilà le verger plein de gens
Pires que le premier. Le Pédant, de sa grâce,
Accrut le mal en amenant
Cette jeunesse mal instruite
Le tout, à ce qu'il dit, pour faire un châtiment Qui put servir d'exemple, et dont toute sa suite Se souvînt à jamais comme d'une leçon.
Là-dessus il cita Virgile et Cicéron,
Avec force traits de science.
Son discours dura tant, que la maudite engeance Eut le temps de gâter en cent lieux le jardin.
Je hais les pièces d'éloquence
Hors de leur place, et qui n'ont point de fin;
Et ne sais bête au monde pire
Que l'Écolier, si ce n'est le Pédant.