par Mme de La Sablière, dont la générosité pourvut à tous ses besoins, et dont la délicatesse prévint tous ses désirs. C'est sans doute la reconnaissance qu'elle lui inspirait qui arracha du cœur de La Fontaine ces vers que tant d'autres ont pu depuis répéter avec amertume
Qu'un ami véritable est une douce chose! etc.
Voilà encore un de ces noms devant lesquels on aime à s'arrêter. Mme de La Sablière exerça un véritable patronage sur les savants et les gens de lettres; sa maison leur était ouverte, et sa fortune encourageait leurs travaux. Sauveur, Roberval, Bernier éprouvèrent sa discrète libéralité, qui se déguisait pourse répandre plus largement. Elle aimait la science, et la possédait sans l'afficher; elle faisait le bien avec passion, tout en le dissimulant par des ruses délicates. Le dévouement dans un amour illégitime ne fut pour cette femme, d'ailleurs irréprochable, qu'une transition aux élans de la piété la plus sincère, qui remplit les dernières années de sa vie. La Fontaine fut, jusqu'à soixante-douze ans, le génie familier de l'hôtel de Mme de La Sablière; il y passa plus de vingt années, dans une complète sécurité, d'abord dans le commerce d'une société choisie de beaux esprits et de savants, et plus tard en hôte indépendant, faisant lui-même les honneurs du logis à des visiteurs un peu mêlés qu'il attirait pendant les longues retraites religieuses de la maîtresse de la maison, désormais tout entière au salut de son âme.
La Fontaine n'a plus à chercher de nouveaux protecteurs sa destinée est assurée comme le rat de la fable, il a
Le vivre et le couvert que faut-il davantage? a
Nous sommes donc tranquilles sur son compte, comme lui-même il profitera de cette sécurité pour se livrer avec abandon au démon de la ne le quitte plus. Ses premières fables ont été accueillies avec faveur, il en composera