L'Ane à messer Lion fit office de cor.
Le Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son Les moins intimidés fuiroient de leur maison. Leur troupe n'étoit pas encore accoutumée A la tempête de sa voix
L'air en retentissoit d'un bruit épouvantable La frayeur saisissoit les hôtes de ces bois Tous fuyoient, tous tomboient au piège inévitable Où les attendoit le Lion.
« N'ai-je pas bien servi dans cette occasion? a Dit l'Ane, en se donnant tout l'honneur de la chasse. Oui, reprit le Lion, c'est bravement crié Si je ne connoissois ta personne et ta race, J'en serois moi-même effrayé. »
L' Ane, s'il eût osé, se fût mis en colère, Encor qu'on le raillât avec juste raison
Car qui pourroit souffrir un âne fanfaron ? Ce n'est pas là leur caractère.