Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1902-11-18
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34520232c
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 novembre 1902 18 novembre 1902
Description : 1902/11/18 (Numéro 12676). 1902/11/18 (Numéro 12676).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7112678
Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Mardi 18 Novembre 1902
Edition quotidiens*. — 12,67$
Mardi 13 Novembre Î902
, . 1
ÉDITION QUOTIDZENNS
PARIS
el départements
Un AH*•«••■••• 25
Six mois 13 »
trois mois "? »
ÉTRANGER
(union postale)
36 »
19 »
10 »
Le* abonnements partent des 1*' et 18 dp chaque moi»
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent,
SUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VZ*arr.)
U'f.'i.fii 'Ta
tîn l'abonne à Rome, place du Gesû, S
ES X
LE MONDE
ÉDITION SEI -n-QUOTEDrENim
PARIS ÉTRANGER" -,
SI départements (union postais)
Un an.... 13 n 20 »
Six mois...,.. 7 n 11 » \
Trois mois..... 4 n 5 60
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
L'UNIVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont adresiH 1
ANNONCES
MU. LAGBANGE, CERF et G", 6, place de It Boarir ^
taaetm
PARIS. 17 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Une erreur......... Pierre Veuiuob.
Nouvelle erreur ju
diciaire........... Abbé Gayraud.
L'ass.mblée géné
rale des catholi
ques du Nord et
du Pas de Aii théâtre. HbnriDac.
Feuilleton : Les En
cycliques de Léon
XIII Geoffroy de Grand-
maison. .
Bulletin. — Nouvelles de Rome; — Au
jcuir le juur. — &u Conseil d'Etat. —
Gentil pour les camarades. La déclara
tlon épiscopale. — Fermetures d'écoles
et tuaaifeetstibns. — Leà congrégations.
®- lafonasîioas politiques et paiiejsjea-
taires. — L'Action libérale populaire. —
Fêtes et réunions.—Le scandale d'Avl
gaon.— L'attestat contre le roi des Belges.
— Etranger. — Les grèves. — La question
ouv 1ère. — Lettres, sciences et arts. —
Echos de partout. — Nécrologie. —
Guerre et marine. — Tribunaux. —
« L'incendie de Suresnes. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. —Bourse et bul
letin financier* — Dernière heure.
UNE ERREUR
Il faut revenir sur le discours du
président de la Patrie française,
car la manifestation de mercredi
dernier pourrait bien marquer le
commencement de la fin de cette
Ligue. Déjà plusieurs députés qui
assistaient au banquet, MM. Geor
ges Groejean^ de Benoist, Jules
Brice, Gervaize, de Ludre, le colo
nel Rousset, Corrard des Essarts
ont tenu à signifier qu'ils se sépa
raient de M. Lemaitre, sur le point
important. À l'exemple de M. Ca-
vaignac, ils ne veulent pas du ter
rain plébiscitaire. - ;
On est visiblement étonné dans la
{jresee, et l'on a peiné à s'expliquer
a brusque évolution que vient d'ac
complir le président de la Patrie
française. Un patriotisme évidem
ment désintéressé, très noble, très
beau, l'avait jeté en,pleine mêlée po
litique, sans préparation. Mais il
sut vite faire son apprentissage. Et
le principal effort de M. Lemaitre,
c'était, depuis trois ans bientôt, d'as
sagir ses amis. Les amener peu à
peu sur un terrain pratique, où ils
pussent marcher bien d'accord avec
les progressistes et les libéraux,;
semblait être son but. Dans les tê
tes du parti nationaliste, il appa
raissait le plus avisé, le plus rai
sonnable. Tout à coup, le voilà qui
s'élance derrière M. Déroulède !
Rendons-nous compte de la situa
tion. Pour rétablir en France le ré
gime plébiscitaire, il faudrait un
coup de force. L'armée seule peut
letenterf M. Lemaitre croit-il que,
si des officiers voulaient entraîner
leurs soldats dans un pronuncia.-
miento, ils réussiraient ? Quelle ca
tastrophe qu'un échec! Et alors
même que la tentative aboutirait
au triomphe rêvé parle président
de la Patrie française, les inconvé
nients de cette intrusion violente de
. l'armée dans le domaine de la po
litique ne seraient-ils pas plus con
sidérables que les avantages, le
danger plus grand que le profit ?
Que M. Lemaitre nous pardonne
de le lui dire : il a« dérapé ». Cet
accident arrive aux plus habiles. On
se relève, et quand on a, comme
lui, persévérance et courage, on
reprend sa route en s'efforçant de
tenir le bon côté du chemin.
Les élections générales de
ce
printemps le démonlrept, la Patrie
française ii'â groupé derrière elle
qu'une minorité d'électeurs. Il n'y
a point de honte à cela, et ce serait
absurde d'en vouloir tirer la preuve
que droit et faisoh se trolivfent dans
l'autre camp. Nous aussi, catho
liques, sommes loin, devant les
urnes, d'être le plus grand nombre.
Il n'en est pas moins vrai que nous
défendons l'ordre social, la justice
et lja liberté
Pour les défendre efficacement,
que devons-nous faire, dans un
pays où le suffrage universel est et
restera le maître ? Tâcher d'amener
à,nous la majorité des électeurs,
afin de réunir la majorité des élus.
Y parviendrons^nous jamais, si nous
restons seuls? L'expérience et le
bon sens nous répondent très for
mellement par la négative., Il nous
faut donc des alliés. Cherchons-leà
où ils sont, et prenons une at
titude, souscrivons à des engage
ments qui leur permettent d'ac
cepter notre alliance.
Nationalistes et catholiques unis,
ne constituent pas, on le sait, la
majorité. Que reste-t-il, en dehors
des jacobins, des sectaires et de
leur suite? Le groupe des républj-;
cains honnêtes et à peu près libé
raux. Les frontières de ce parti
sont indécises. Sur son flanc gau
che flotte une masse hésitante, qui
s'y attache ou s'en détache, suivant
jes circonstances et lès ministères.
Elle aime assez l'ordre, elle n'a
point grand goût et ne se sent au
cune ardeur pour la persécution,
elle a peur d'être submergée par le
collectivisme. Mais quand on leur
dit : — Prenez garde ! la Républi
que est en danger; allez-vous la
trahir?... nos gens s'effarent. Si les
jacobins peuvent leur montrer une
apparence de « réaction », de mou
vement césarien, toute velléité d'a-
paisement et de résistance à la
secte s'évanouit dans le troupeau
docile, et nous le voyons suivre,
avec inquiétude, avec répugnance
même souvent, mais fidélité, les
haineux radicaux.
Nous sommes parvenus à "for
mer une alliance tacite, un accord
qui tient suffisamment, ou à peu
près, entre tous les anti-sectaires.
De plus en plus, si nous le vou
lons bien, lés libéraux et semi-
libéraux progressistes, nuance Ay-
nard, Méline et Ribot, marcheront
avec nous. Mais c'est à la condition
que nous ne quittions pas le ter
rain où nous les avons pu rencon
trer et qu'ils n'abandonneront
point : le terrain constitutionnel.
Si nous commettons la faute. de
nous aventurer sur la route plé
biscitaire, indubitablement ils nous
lâcheront. Vous dites qu'ils auront
tort; !— question à débattre. Mais
en tout cas, c'est un fait : ils n'hé
siteront pas à nous fausser com
pagnie. Donc, ne nous égarons pas
de ce côté.
Il faut maintenir l'accord avec les
progressistes. Et ce n'est pas tout.
Il faut, en outre, sous peine de res
ter les plus faibles, amener à la po
litique de paix sociale et de liberté
un nombre important de ces indé
cis que la persécution ne séduit
pas, que la tyrannie jacobine fa
tigue, que l'alliance avec les collec
tivistes effraie. Nous ne parlons pas
tant des élus que des électeurs. Il
y a, dans le pays, quelques centai
nes de mille de braves gens, jus
qu'à présent abusés, mais honnêtes
citoyens et bons Français, que l'on
peut détacher de la « Défense répu
blicaine », le fameux bloc.
Seulement, le premier point à ob
tenir, c'est évidemment qu'ils ces
sent de croire à la nécessité de dé
fendre la République contre la
réaction et le césarisme. Ët si vous
leur proposez de reprendre exacte
ment le chemin qui a déjà conduit
le régime à un Deux-Décembre, vous
leurrerez dire : — Gare au piège !
M. Combes a raison...
Pierfe Veuillot.
VVLLETIW
Aujourd'hui, à la Chambre, la com
mission d'enquête sur l'élection de M, du
Roscoat, à Saint-Brieuc, défend son
rapport qui conclut à la. va.lida.tion.
Puis viendra la discussion du projet
de M. J.'L. Breton tendant à faire nom
mer les commissions parlementaires au
scrutin de liste.
Signalons à ce propos le dissentiment
que cette motion a jeté dans le « bloc » :
tandis qu'elle est approuvée par les ra-
dicaut'socialistesi elle est repoussée par
l'union démocratique et pat la gauche
radicale.
Le Sénat chôme jusqu'à, demain.
L'auteur de l'attentat de Bruxelles a
subi un assez long interrogatoire ; il a
été confronté avec deux autres anar
chistes; il ne semble pas, jusqu'à main
tenant, qu'il y ait eu complot.
En Espagne, les nouveaux ministres
se sont réunis hier ; la date de la réou
verture des Chambres n'est pas encore
fixée ; on parle de mercredi prochain.
Le ministre de la marine est parti
pour Séville, afin d'assister à la transla
tion des cendres de Christophe Colomb..
Là police de Barcelone aurait décou
vert les organisateurs d'une association
carliste récemment dispersée, et qui sont
maintenant prisonniers.
D après les renseignements recueillis,
un soulèvement était indiqué pour
le 13.
Le roi de Portugal doit arriver à
Windsor ce soir à "7 heures ; il sera reçu
par le roi Edouard à la station du Gre&t
Western.
Le ministre du sultan à Tanger a
prescrit qu'avant de marchep contre les
rebâties, on échange avec eux lés prison
niers qu'ils retiennent, et parmi lesquels
se trouvent quelques protégés des na
tions étrangères.'
D'après les dernières nouvelles, le pré
tendant aurait été capturé par les trou
pes impériales.
M. Rodriguez Alvez a été installé dans
les fonctions de président de la Répu
blique du Brésil.
NOUVELLES DE ROME
L'externat « Pontificlo ».
* Depuis une trentaine d'années existe,
à Rome', un externat < Pontificio »,
fondé par le cardinal Angelo Mai et, jus
qu'ici, dirigé par la Congrégation des
Etudes dont S. Em. le cardinal Satolli
est le préfet.
Cette année, le Saint'Père a confié cet
externat aux Barnabites. Il est dirigé
par le R. P. Mautica, ex-recteur du col
lège royal de Moncalieri près Turin,
comme président: le R. P. Maddonini,
ex professeur d'histoire et de philoso
phie au collège de Bologne, comme pré
fet; lé R. P." Beaurenaud, ex-vice- rec
teur du collège de Gien, comme secré-
laire. '
Les professeur#, choisis par la Congré
gation des Etudes, Eont laïqueB, excepté ;
le Père Ghignoni, professeur d'italien.
Les cours d'instructions religieuses sont
faits par les Pères Maddonini et Beau
renaud. '
Jeudi 13 novembre, S. Em. le cardi
nal Satolli a célébré la messe du Saint-
Esprit, qui a été suivie d'un éloquent
discours prononcé par le R. P. Ghi
gnoni. Après )a cérémonie, l'éminent
cardinal a visité les 150 externes et les
demi-pensionnaires, auxquels il a dit
quelques mots, très applaudis.
L 'archevêque de Bagdad.
On télégraphie :
Rome, 16 novembre.
Le cardinal Gfatii, préfet de la Propa
gande, a sacré aujourd'hui le P. Drure,
Carme français, que le Pape vient de
nommer archevêque de Bagdad.
M. LsudetjChargé d'affaires de France,
assistait à la cérémonie, ainsi que le mi
nistre de Belgique, et les représentants
de tous les ordres religieux.
AU CONSEIL D'ÉTAT
On annonce que le Conseil d'Etat
doit examiner, mercredi prochain,
la poursuite «c comme d'abus » di
rigée contre les soixante-quatorze
évêques signataires de la pétition
en faveur des congrégations reli
gieuses.
AU JOUE LE JOÏÏR
Un journal delà Creuse dénonce un
fait épouvantable.
Il s'agit d'un directeur d'école munici
pale, M. L...
dit ce jaiïraal,feabon fonc
tionnaire, assiste assidûment aux mesBes
de 5 heures. Sa femme, son fils et toute
sa famille ne se font aucun scrupule de
s'y rendre plusieurs fois par jour. »
Plusieurs fois par jour à la messe de
cinq heures ???
Maintenant,' la sommation d'usage au
gouvernement:
« Que fera M. Laporte, sous-préfet de
Bourganeuf ?... Jusqu'alors son républi
canisme ne s'est traduit par aucun acte,
et tout laisse à supposer qu'il fermera
volontairement les yeux devait les actes
les plus répréhensibles... »
L'acte a le plus répréhensible » con
siste donc à aBsiet i la messe de cinq
heureB?Meroi du renseignement. Il est
toujours bon de s'instruire.
#
# »
Les femmes des gardes municipaux, à
Rome, étaient mécontentes de voir que
l'autorité faisait la sourde oreille aux re
vendications de leurs maris.
Elles tinrent un meeting pour pro
tester.
Le meeting fut éloquent, mais ora
geux.
Le désordre étant devenu intense, on
fut obligé de faire rétablir l'ordre.
Par qui ? Par les gardes munici
paux.
Les maris, à qui le meeting voulait
tant d». bien,-fusent donc obligée de met
tre leurs femmes à la raison, ce à quoi
ils s'employèrent, paraît il, avec une ab
négation héroïque, digne non des Ro
mains modernes, mais des anciens.
•
• •
Ua certain nombre de philanthropes
Bont en train d'organiser un congrès pour
étudier les moyens de protéger, contre
l'exploitation de certains industriels
égoïstes, les enfants vendeurs de statuet
tes, qu'on rencontre si souvent à Paris.
On voit ces enfantvimmobiles durant
des heures entières sur les marcheB des
monuments ou devant les parapets des
ponts, et suppliant les passants d'ache
ter leur marchandise.
Quelquefois, les pauvres enfantB, lors
qu'il est nuit et qu'il fait froid, s'endor
ment auprès des statues qu 'ils ont à ven
dre.
Le passant n'achète pas, mais souvent
fait une aumône, c'eBt tout ce que veut
l'exploitant.
Pendant que ces petits meurent de
faim et de misère, leurs exploiteurs, à
qui ils rapportent fidèlement leB aumônes
recueillies, vivent dans l'aisanoe et la
débauche.
Un bon point aux philanthropes ; mais
le gouvernement se oharge de leur tail
ler de l'ouvrage, en jetant, par ses fer
metures d'écoles, un plus grand nombre
d'enfants à la rue.
Mme Sarah Bernhardt, venant d'Alle
magne, est arrivée hier à Paris. On lui
a fait à là gare du Nord une réception
< sensationnelle ».
, A sa descente du wagon, l'actrigc a
reçu une avalanche tle bouquets: Un
journal nous apprend que « les hommes
d'équipe se sont découverts * et que des
soldats présents « écarquillaient les
yeux ».
On aurait pu mobiliser la garnison^
pour rendre les honneurs militaires.
Mme Sarah Bernhardt, toujours d'a
près ses historiographes, portait un cha
peau de fourrure et une jaquette de
loutre. Elle riait « de toutes ses dents ».
Une grosse dame agitait un petit dra
peau tricolore, où on lisait ces mots :
« Vive la France !»
Allons ! allons ! la mise en scène a été
réussie.
A la félibrée annuelle du 20 août à
Saint Sever (Landes), le président, M.
Adrien Planté, a annoncé « que l'admi
nistration vient d'ouvrir officiellement
l'école primaire des Basses-Pyrénées et
deB Landes au dialecte d'Oa parlé en
Béarn ».
Au moment où « l'administration » in
terdit en Bretagne l'usage du breton
dans leB églises, cette innovation ne
manque pas de piquant.
On voit bien que ce n'est pas l'amour
de la langue française qui fait agir noB
gouvernants, mais la haine de la reli
gion et Burtout le plaisir de vexer les
populations où règne la foi.
«e
Entre hommes politiques :
— Voua verra-t on ce soir au cer
cle ?
— Non, je dois assister à un grand
banquet.
— Alors, je vous Eouhaite beaucoup
de... chaleur communicative.
GENTIL POUR LES CAMARADES
M. Gérault-Rlchard, dans la Petite
République, réprouve vertueusement
l'anarchiste Rabino et ajoute :
Le meurtre, le pillage, l'incendie sont
des actes de bestialité. C est par eux que
nous nous rattachons à nos lointains an
cêtres les habitants des cavernes, dont les
consciences obscures, embryonnaires, ne
concevaient que le règne de la forc9, inca
pables de raisonnement, soumises aux
seules exigences de la bète...
Tuer, piller, incendier, ce n'est pas une
manifestation de révolte consciente contre
l'oppression politique et sociale, mais un
acte de soumission aux instincts aveugles
qui créèrent et qui perpétuent cette oppres
sion.
Laissons de côté les fameuseB théories
sur l'homme bâte des cavernes, et cons
tatons seulement que M. Gérault-Richard
■est du dernier galant paur ses bons amis
les grévistes révolutionnaires qui ont
bu , sinon tuer, cette fois-ci, à l'instar des
communards de 1871 et des « grands
ancêtres » de 1793, du moins très bien
blesser, piller, incendier.
U DCCLtmTIOa DE L'ÉPISCOPAT
Le chapitre de Saint-Etienne
vient d'envoyer une adresse d'ad
hésion à Mgr l'archevêque de Tou
louse, à propos de la déclaration
épiscopale.
Nons en détachons ces passages :
Depuis trois ans que vous êtes à notre
tête, nous avons constamment reconnu le
profond attachement que vous portez à
votre clergé, et le soin que vous mettez
à le maintenir dans les traditions de ré
gularité qui le distingue, et votre zèle
pour le salut deB âmes, en particulier
pour celles deB enfants, dont vous esti
mez avec raison qu'il-faut avant tout
rendre l'éducation chrétienne, et votre
prudente conduite vis-à-vis des pouvoirs
publics, et votre fidélité à suivre, dans
vos rapports avec eux, les règles si sage
ment promulguées par le Souverain
Pontife. Sous la conduite de ce guide ad
mirable, et de concert aveo vob vénérés
collègues, yous défendez vaillamment
les droits de l'Eglise. Et on vous voit à
l'heure présente plaider le maintien de
ces institutions, quelques-unes plusieurs
foiB séculaires, qui propagent et font
aimer le nom de JésuB-Christ et de la
.France à l'étranger et gui chez nous sont
les soutiens et les joies des petits eV des
pauvres.
Mgr l'archevêque de Toulouse a
répondu:
... Rien ne pouvait être plus agréable à
mon cœur de pasteur et de pèrê"que les
sentiments de confiance et de pieux atta
chement que vous m'avez fait parvenir,
en ce moment où, pour triompher des
difficultés qui nous assaillent, l'union
des esprits et des cœurs est plus néces
saire que jamaia : Omnia vëstra in cari*
tate fiant. C'est en suivant ce conseil de
l'apôtre qae nous obtiendrons de Dieu les
grâces nécessaires au sucoès de notre la
borieux ministère et que nous trouve
rons la joie et la paix dans l'accomplis
sement du devoir.
Le tribunal correctionnel de Brest
vient de condamner Mlle Kerriou
pour avoir déversé des seaux d'eau
sale sur les crocheteurs du couvent
de Saint-Meen. M. le sous-préfet
Verne, M. le commissaire de police
Mœrdès et deux ou trois gendar
mes ont déversé sur elle leurs dé
positions erronées. Ces agents du
pouvoir ne peuvent pas se dédire.
Je n'ai jamais eu la naïveté de l'es
pérer. Quant à messieurs les juges,
j'ai reconnu qu'ils étaient fort excu
sables d'avoir prononcé pareil juge
ment.
S'il en faut croire les comptes
rendus de la presse, M. le sous-pré
fet Verne s'est senti touché par
mon article relatif à l'innocence des
condamnés de Saint-Méen, ainsi que
par ma déposition dans le procès
de l'abbé Salaiin. Je regrette d'a
voir fait de la peine à M. Verne,
qui est un fonctionnaire très hono
rable et un citoyen fort digne d'es
time pour le mépris dans lequel il
tient la politique antireligieuse de
M. Combes. Jamais certes, je n'ai
mis en doute sa parfaite bonne foi.
J'ose dire seulement qu'il s'est
trompé, et que son erreur est
cause de l'injuste condamnation de
trois ou quatre innocents.
Ma déposition a été catégorique.
J'ai déclaré non seulement que je
n'avais pas vu la personne qui lan
çait les seaux d'eau sale, quoique je
fusse aussi bien placé que tout au
tre spectateur pour la voir, mais
encore qu'il était impossible de re
connaître personne à la fenêtre, tant
l'opération était "adroitement exé
cutée. M. Verne protesta pendant
que je parlais ; il a protesté dere
chef à l'audience de vendredi, et il
propose une expertise. Combien je
regrette que le tribunal n'ait pas
accepté sa proposition ! On aurait
organisé une reprise sensationnelle
de l'affaire de Saint-Méen. Mme
Siche, ayant la ihain faite, opére
rait, j'en suis sûr, avec une dexté
rité plus grande encore. Les popu
lations voisines accourues en foule
jouiraient sans danger d'une scène
de comédie gratuite et divertis
sante ; et les magistrats-experts,
car les juges sans doute n'auraient
pas manqué de se rendre à ce spec
tacle, ne se seraient certes pas en
nuyés. Seuls peut-être M. le com
missaire Mœrdès et les gendarmes
accusateurs, s'ils avaient subi les
douches, ce qui ne serait que jus
tice, n'auraient pas lieu d'être ra
vis. Mais ils pourraient chanter pour
se consoler et se distraire :
Si cette histoire vous amuse ( bis)
Nous allons la la la recommencer.
La proposition de M. le sous-pré
fet est plaisante. D'ailleurs l'exper
tise serait inutile, car si Mme Siche
réussissait, ce dont je ne doute pas,
à jeter l'eau sans être vue, M. le
FEUILLETON DE L'UNIVERS
SU 18 novembre 1902
LES EMIS 1 M M
U semble, en vérité, que ce soit pour
le Saint Siège qu'ait été écrite-la fable de
La Foataine, et de ses acteB qu'il soit Bur-
tout certain que 1'
On ne peut contenter tout le monde ..
En ce moment, la phrase courante de
récrimination, c'est: « Le Pape ne parle
paBl » — Vous la rencontrerez sur leB
lèvres de tous ceux qui Be bouchent soi
gneusement leB oreilles quand le Pape
parle ; et il suffira d'ailleurs que le Pape
vienne à parler pour que ces docteurs
exigeants blâment son discours comme
ils ont critiqué son silence.
La vérité c'est que Léon XIII élève la
voix aveo opportunité, et ,sans se lasser,
et fort souvent. On étonnerait peut-être
ces catholiques mal satisfaits de leur
père, en leur disant que les Lettres apos
toliques du Souverain Pontife ne forment
pas moins, à l'heure actuelle, de cinq
volumes ; que le recueil de la traduction
de oes admirables discours est édité à la
a Maison de la bonne presse », à un prix
dérisoire qui les met à la portée de tout
le monde, et qu'il suffirait bien de vou
loir les lire pour savoir beaucoup de cho<
ses que l'on ignore, tout au moins dont
on bavarde assez inconsidérément.
Cinq volumes 1 Voilà pans doute l'ob
jection pour les esprits pressés qui sur un
entrefilet de journal ou une citation
écourtée ont tranché sèchement les plus
graves problèmes abordéB par le Paint
Siège. Que leur bonne foi se rassure, s'a
paise etse manifeste : voici qu'on yientleur
offrir un seul livre, un tout petit livre où
ils auront la satisfaction pt, j'espère, la
joie comme le profit de lire parole pon
tificale, et d'embrasser d'un coup d'oeil,
B 'ils veulent bien l'ouvrir, la synthèse de
cea enseignements dont depuia 25 ans
s'impressionne le monde.
Léon XIII d'après ses encycliques est
le canevas très simple, complet et res
pectueux où ohacun peut démêler la
trame du vaste esprit qu'est le Souve
rain Pontife. En deB divisions correctes,
nullement arbitraires, ramenéesau strict
nécessaire, on juge mieux l'ensemble (1).
L'auteur possède Bon sujet pour l'avoir
étudié aveo soin ; il a le bon goût de s'ef
facer tout à fait, et l'exactitude de ses
citations, la sobriété de ses commentai
res, sans diminuer son mérite, augmen
tent la puissance de son travail.
Que le cadre soit vaste, sans doute :
« Léon XIII a tout abordé : la religion
et ses mystères, l'irréligion et le doute,
la civilisation, la famille et la propriété,
lé droit social et BeB problèmes concer
nant la riohesse et la pauvreté, la poli
tique autant qu'elle touche à la source de
(1) Jean d'Arros, Léon XIII d'après ses
Encycliques, i vol. in 18. Librairie Pous-
slelgue.
l'autorité et aux rapports de l'Eglise et
de l'Etat. Il s'est adressé à tous leB peu
ples pour leur donner les Conseils appro
priés à leur situation, aux Français, aux
Italiens, aux Espagnols, aux Portugais,
aux Anglais, aux Allemands, aux Autri
chiens, aux Hongrois, aux Ruthènes, aux
Bavarois, aux Belges, aux Polonais, aux
Arméniens, aux Orientaux, aux Cophtes,
au clergé des Ipdes, aux ^vêques de
Suisse, d'Europe, des Etats-Unis, du
Canada, du Pérou,' du Brésil, du Me
xique, de toute l'Amérique latine. Il a
voulu appeler à l<|i t dans un même cri
d'amour, les princes et les peuples. Il a
dénoncé la franc-maçonnerie et flétri le
duel, il a célébré les saints etprêohé aux
fidèleB la prière et la dévotion à la sainte
Vierge; surtout, 11 n'acessé de travailler
pour l'unité de la foi, et d'inviter leB dis-
Bidènts à se réconcilier avec l'Eglise ca
tholique. »
Et qui n'écouterait la voix de ce Pon>
tife, joignant à la sagesse de l'esprit et
à la dignité de ea fonction, l'expérience
de l'âge? « Que cette parole, dit-ildanB
une lettre apostolique du 19 mars 1902,
Boit accueillie comme le testament que,
à la faible distance où Nous BommeB des
portes de l'éternité, Nous voulpns laisser'
aux peupleB. »
Il s'adresse à ses fils catholiques
et à ses enfants éloignés ou incon
nus : < Ceux qui veulent être des
citoyens honnêtes et s'acquitter de leurs
devoirs, comme là foi l'exige, trouve
ront facilement dans Nos lettres la règle
de l'honnêteté. »
Et s'il est permis de porter un juge
ment sur les opinions intimes d»
Léon XIII, on le voit constamment, par
devoir pluB que par inclination, penché
aur le monde moderne ; Bon intelligence
le conduit à regarder bien en face la
poussée et l'avenir de la démocratie, son
cœur se fait le patron deB opprimés et
des humbles ; veiller aux progrès de la
civilisation fut toujours la gloire des
pontifeB romains ; ce souci devient plus
pressant encore depuis que la définition
solennelle au concile du Vatican delà
primauté infaillible du siège de Pierre a
fait du Pape le régulateur des esprits
et deB âmes.
Le livre que je signale donne la liste
chronologique deB Encycliques, Lettres
et Brefs de Léon XIII ; puis, groupant
tous ces documents par la nature de leur
objet, il les passe en revue boub les ru
briques BUivanteB : l'Eglise et la vérité ;
l'unité religieuse, le pouvoir civil, la for
mation-sacerdotale, la franc-maçonne
rie', l'organisation de la famille, ques
tions sociales et ouvrières ; devoirs poli
tiques deB catholiques; piété chrétienne
et dévotion.
La vérité, l'Eglise la possède et la dis
tribue. Pour que cette bienfaisante ac
tion, sa raison d'être ici-bas, s'étende
davantage, elle cherche à grouper tous
leB hommes dans l'unité. C 'eBt pourquoi
Léon XIII a d'abord porté BeB regards
vers l'Orient « berceau du genre hu
main », s'empressant de rassurer ceux
qu'il appelait à lui, prêt à effacer les di
vergences secondaires; aux Arméniens
(25 juin 1888} il prêohe la concorde pour
que les chrétiens séparés soient attirés
vers eux ; il concède le maintien de la
discipline et des liturgies particulières,
(30 novembre 1894) ; il envoie des prêtres
catholiques soutenir leB bons avant de
conquérir les mauvais ; il institue une
commission permanente pour la réconci
liation des dissidents ; il réglemente les
études, bénit la multiplication des écoles;
il lait appel à toute la chrétienté en fa
veur deB églises des Orientaux (24 dé
cembre 1894); à trois reprises il s'intéresse
publiquement aux. ;ites .des OophteB et
au patriarcat d'Alexandrie ; il recom
mande les pèlerinages au?t lieux saints ;
il encourage (25 mai 1898) lesAugustins
de l'Assomption pour leurs séminaires et
leurs établissements gl'Apie mineure ; il
preBcrit (21 juillet 190Ô) la tenue d'un
concile national afin de ramener l'entente
danB les esprits.
Après les Orientaux, les protestants. Il
écrit spécialement aux Anglais, et les
qualités reconnues de ce peuple que ron
gent tant de vices lui laissent bon es
poir. 11 consent à faire examiner de nou
veau la question deB ordinations angli
canes, dont la cause fut jadis instruite et
jugée par le Saint-Siège, et s'il déclare à
son tour que < les ordinations conférées
selon le rite anglican, ont été et sont ab
solument vaines, entièrement nulleB n,
c'est par un respect égal des droits de
l'histoire, de la théologie et de la charité
chrétienne qui veut avant tout et partout
la lumière.
L'Ecosse tient une plaoe spéciale dans
ses préoccupations ; il adresse, en 1898,
une Encyclique à ses évêques. A maintes
reprises il écrit aux premiers pasteurB
de la hiérarchie catholique dans la
Grande-Bretagne pour aider le mouve
ment qui ramènera ces peuples, à l'unité.
On trouve la même sollicitude pour leB
nations du Nouveau Monde. En 1895,
c'est un enoouragement aux évêques des
Etats-Unis. En 1897 la confirmation des
privilèges de l'Amérique latine, et une
lettre à l'épiecopat de là Confédération
canadienne. En 1899, des conseils aux
évêques de l'Amérique du sud, puis &
oeux du Brésil. Plusieurs fois, et notam
ment en 1892, Léon XIII a fait du cardi
nal Gibbons le co&fidejpt de Bes pensées ;
l'occasion la plus solennelle a été le
22 janvier 1899 à propoB de l'américanis
me, mot dévenu une étiquette que leB po
lémistes, de bonne foi ou autrement, se
Bont plu à attacher à beaucoup d'opi
nions et d'évolutions diverses. Léon XIII
a protégé ce jour-là le dépôt de la foi,
n'admettant pas qu'il y ait des vertus
chrétiennes « plus appropriées que d'au
tres à certaines époques ».
Tous trouvent à prendre leur part de
ces enseignemeuts particuliers ; et bien
rarement le peint de doctrine eBt utile
ment traité pour un seul peuple ; à cer
tains jours, le Saint.Père s'adresse à la
chrétienté tout entière, comme le 29
juin 1896. où, dans l'EccycIiqueSatis co-
gnitione , il expose la beauté et la force
de l'unité catholique.
Quand il entre dans le vif du sujet et
aborde le détail tout pratique de la poli
tique intérieure de telle ou telle nation,
Léon XIII ne le fait que par rapport aux
libertés de l'Eglise et par suite au péril
ou à l'avantage de l'âme de ses enfants.
On peut suivre tout un cours de politique
chrétienne boub sa plume. Le 28 décem
bre 1878, il passe en revue les principales
erreurs modernes.
\
\
Edition quotidiens*. — 12,67$
Mardi 13 Novembre Î902
, . 1
ÉDITION QUOTIDZENNS
PARIS
el départements
Un AH*•«••■••• 25
Six mois 13 »
trois mois "? »
ÉTRANGER
(union postale)
36 »
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Le* abonnements partent des 1*' et 18 dp chaque moi»
UN NUMÉRO : Paris & Départements 10 cent,
SUREAUX : Paris, rue Cassette, 17 (VZ*arr.)
U'f.'i.fii 'Ta
tîn l'abonne à Rome, place du Gesû, S
ES X
LE MONDE
ÉDITION SEI -n-QUOTEDrENim
PARIS ÉTRANGER" -,
SI départements (union postais)
Un an.... 13 n 20 »
Six mois...,.. 7 n 11 » \
Trois mois..... 4 n 5 60
Les abonnements partent des 1" et 16 de chaque mois
L'UNIVERS nt répond pas des manuscrits qui lui sont adresiH 1
ANNONCES
MU. LAGBANGE, CERF et G", 6, place de It Boarir ^
taaetm
PARIS. 17 NOVEMBRE 1902
SOMMAIRE
Une erreur......... Pierre Veuiuob.
Nouvelle erreur ju
diciaire........... Abbé Gayraud.
L'ass.mblée géné
rale des catholi
ques du Nord et
du Pas de
Feuilleton : Les En
cycliques de Léon
XIII Geoffroy de Grand-
maison. .
Bulletin. — Nouvelles de Rome; — Au
jcuir le juur. — &u Conseil d'Etat. —
Gentil pour les camarades. La déclara
tlon épiscopale. — Fermetures d'écoles
et tuaaifeetstibns. — Leà congrégations.
®- lafonasîioas politiques et paiiejsjea-
taires. — L'Action libérale populaire. —
Fêtes et réunions.—Le scandale d'Avl
gaon.— L'attestat contre le roi des Belges.
— Etranger. — Les grèves. — La question
ouv 1ère. — Lettres, sciences et arts. —
Echos de partout. — Nécrologie. —
Guerre et marine. — Tribunaux. —
« L'incendie de Suresnes. — Nouvelles di
verses. — Calendrier. —Bourse et bul
letin financier* — Dernière heure.
UNE ERREUR
Il faut revenir sur le discours du
président de la Patrie française,
car la manifestation de mercredi
dernier pourrait bien marquer le
commencement de la fin de cette
Ligue. Déjà plusieurs députés qui
assistaient au banquet, MM. Geor
ges Groejean^ de Benoist, Jules
Brice, Gervaize, de Ludre, le colo
nel Rousset, Corrard des Essarts
ont tenu à signifier qu'ils se sépa
raient de M. Lemaitre, sur le point
important. À l'exemple de M. Ca-
vaignac, ils ne veulent pas du ter
rain plébiscitaire. - ;
On est visiblement étonné dans la
{jresee, et l'on a peiné à s'expliquer
a brusque évolution que vient d'ac
complir le président de la Patrie
française. Un patriotisme évidem
ment désintéressé, très noble, très
beau, l'avait jeté en,pleine mêlée po
litique, sans préparation. Mais il
sut vite faire son apprentissage. Et
le principal effort de M. Lemaitre,
c'était, depuis trois ans bientôt, d'as
sagir ses amis. Les amener peu à
peu sur un terrain pratique, où ils
pussent marcher bien d'accord avec
les progressistes et les libéraux,;
semblait être son but. Dans les tê
tes du parti nationaliste, il appa
raissait le plus avisé, le plus rai
sonnable. Tout à coup, le voilà qui
s'élance derrière M. Déroulède !
Rendons-nous compte de la situa
tion. Pour rétablir en France le ré
gime plébiscitaire, il faudrait un
coup de force. L'armée seule peut
letenterf M. Lemaitre croit-il que,
si des officiers voulaient entraîner
leurs soldats dans un pronuncia.-
miento, ils réussiraient ? Quelle ca
tastrophe qu'un échec! Et alors
même que la tentative aboutirait
au triomphe rêvé parle président
de la Patrie française, les inconvé
nients de cette intrusion violente de
. l'armée dans le domaine de la po
litique ne seraient-ils pas plus con
sidérables que les avantages, le
danger plus grand que le profit ?
Que M. Lemaitre nous pardonne
de le lui dire : il a« dérapé ». Cet
accident arrive aux plus habiles. On
se relève, et quand on a, comme
lui, persévérance et courage, on
reprend sa route en s'efforçant de
tenir le bon côté du chemin.
Les élections générales de
ce
printemps le démonlrept, la Patrie
française ii'â groupé derrière elle
qu'une minorité d'électeurs. Il n'y
a point de honte à cela, et ce serait
absurde d'en vouloir tirer la preuve
que droit et faisoh se trolivfent dans
l'autre camp. Nous aussi, catho
liques, sommes loin, devant les
urnes, d'être le plus grand nombre.
Il n'en est pas moins vrai que nous
défendons l'ordre social, la justice
et lja liberté
Pour les défendre efficacement,
que devons-nous faire, dans un
pays où le suffrage universel est et
restera le maître ? Tâcher d'amener
à,nous la majorité des électeurs,
afin de réunir la majorité des élus.
Y parviendrons^nous jamais, si nous
restons seuls? L'expérience et le
bon sens nous répondent très for
mellement par la négative., Il nous
faut donc des alliés. Cherchons-leà
où ils sont, et prenons une at
titude, souscrivons à des engage
ments qui leur permettent d'ac
cepter notre alliance.
Nationalistes et catholiques unis,
ne constituent pas, on le sait, la
majorité. Que reste-t-il, en dehors
des jacobins, des sectaires et de
leur suite? Le groupe des républj-;
cains honnêtes et à peu près libé
raux. Les frontières de ce parti
sont indécises. Sur son flanc gau
che flotte une masse hésitante, qui
s'y attache ou s'en détache, suivant
jes circonstances et lès ministères.
Elle aime assez l'ordre, elle n'a
point grand goût et ne se sent au
cune ardeur pour la persécution,
elle a peur d'être submergée par le
collectivisme. Mais quand on leur
dit : — Prenez garde ! la Républi
que est en danger; allez-vous la
trahir?... nos gens s'effarent. Si les
jacobins peuvent leur montrer une
apparence de « réaction », de mou
vement césarien, toute velléité d'a-
paisement et de résistance à la
secte s'évanouit dans le troupeau
docile, et nous le voyons suivre,
avec inquiétude, avec répugnance
même souvent, mais fidélité, les
haineux radicaux.
Nous sommes parvenus à "for
mer une alliance tacite, un accord
qui tient suffisamment, ou à peu
près, entre tous les anti-sectaires.
De plus en plus, si nous le vou
lons bien, lés libéraux et semi-
libéraux progressistes, nuance Ay-
nard, Méline et Ribot, marcheront
avec nous. Mais c'est à la condition
que nous ne quittions pas le ter
rain où nous les avons pu rencon
trer et qu'ils n'abandonneront
point : le terrain constitutionnel.
Si nous commettons la faute. de
nous aventurer sur la route plé
biscitaire, indubitablement ils nous
lâcheront. Vous dites qu'ils auront
tort; !— question à débattre. Mais
en tout cas, c'est un fait : ils n'hé
siteront pas à nous fausser com
pagnie. Donc, ne nous égarons pas
de ce côté.
Il faut maintenir l'accord avec les
progressistes. Et ce n'est pas tout.
Il faut, en outre, sous peine de res
ter les plus faibles, amener à la po
litique de paix sociale et de liberté
un nombre important de ces indé
cis que la persécution ne séduit
pas, que la tyrannie jacobine fa
tigue, que l'alliance avec les collec
tivistes effraie. Nous ne parlons pas
tant des élus que des électeurs. Il
y a, dans le pays, quelques centai
nes de mille de braves gens, jus
qu'à présent abusés, mais honnêtes
citoyens et bons Français, que l'on
peut détacher de la « Défense répu
blicaine », le fameux bloc.
Seulement, le premier point à ob
tenir, c'est évidemment qu'ils ces
sent de croire à la nécessité de dé
fendre la République contre la
réaction et le césarisme. Ët si vous
leur proposez de reprendre exacte
ment le chemin qui a déjà conduit
le régime à un Deux-Décembre, vous
leurrerez dire : — Gare au piège !
M. Combes a raison...
Pierfe Veuillot.
VVLLETIW
Aujourd'hui, à la Chambre, la com
mission d'enquête sur l'élection de M, du
Roscoat, à Saint-Brieuc, défend son
rapport qui conclut à la. va.lida.tion.
Puis viendra la discussion du projet
de M. J.'L. Breton tendant à faire nom
mer les commissions parlementaires au
scrutin de liste.
Signalons à ce propos le dissentiment
que cette motion a jeté dans le « bloc » :
tandis qu'elle est approuvée par les ra-
dicaut'socialistesi elle est repoussée par
l'union démocratique et pat la gauche
radicale.
Le Sénat chôme jusqu'à, demain.
L'auteur de l'attentat de Bruxelles a
subi un assez long interrogatoire ; il a
été confronté avec deux autres anar
chistes; il ne semble pas, jusqu'à main
tenant, qu'il y ait eu complot.
En Espagne, les nouveaux ministres
se sont réunis hier ; la date de la réou
verture des Chambres n'est pas encore
fixée ; on parle de mercredi prochain.
Le ministre de la marine est parti
pour Séville, afin d'assister à la transla
tion des cendres de Christophe Colomb..
Là police de Barcelone aurait décou
vert les organisateurs d'une association
carliste récemment dispersée, et qui sont
maintenant prisonniers.
D après les renseignements recueillis,
un soulèvement était indiqué pour
le 13.
Le roi de Portugal doit arriver à
Windsor ce soir à "7 heures ; il sera reçu
par le roi Edouard à la station du Gre&t
Western.
Le ministre du sultan à Tanger a
prescrit qu'avant de marchep contre les
rebâties, on échange avec eux lés prison
niers qu'ils retiennent, et parmi lesquels
se trouvent quelques protégés des na
tions étrangères.'
D'après les dernières nouvelles, le pré
tendant aurait été capturé par les trou
pes impériales.
M. Rodriguez Alvez a été installé dans
les fonctions de président de la Répu
blique du Brésil.
NOUVELLES DE ROME
L'externat « Pontificlo ».
* Depuis une trentaine d'années existe,
à Rome', un externat < Pontificio »,
fondé par le cardinal Angelo Mai et, jus
qu'ici, dirigé par la Congrégation des
Etudes dont S. Em. le cardinal Satolli
est le préfet.
Cette année, le Saint'Père a confié cet
externat aux Barnabites. Il est dirigé
par le R. P. Mautica, ex-recteur du col
lège royal de Moncalieri près Turin,
comme président: le R. P. Maddonini,
ex professeur d'histoire et de philoso
phie au collège de Bologne, comme pré
fet; lé R. P." Beaurenaud, ex-vice- rec
teur du collège de Gien, comme secré-
laire. '
Les professeur#, choisis par la Congré
gation des Etudes, Eont laïqueB, excepté ;
le Père Ghignoni, professeur d'italien.
Les cours d'instructions religieuses sont
faits par les Pères Maddonini et Beau
renaud. '
Jeudi 13 novembre, S. Em. le cardi
nal Satolli a célébré la messe du Saint-
Esprit, qui a été suivie d'un éloquent
discours prononcé par le R. P. Ghi
gnoni. Après )a cérémonie, l'éminent
cardinal a visité les 150 externes et les
demi-pensionnaires, auxquels il a dit
quelques mots, très applaudis.
L 'archevêque de Bagdad.
On télégraphie :
Rome, 16 novembre.
Le cardinal Gfatii, préfet de la Propa
gande, a sacré aujourd'hui le P. Drure,
Carme français, que le Pape vient de
nommer archevêque de Bagdad.
M. LsudetjChargé d'affaires de France,
assistait à la cérémonie, ainsi que le mi
nistre de Belgique, et les représentants
de tous les ordres religieux.
AU CONSEIL D'ÉTAT
On annonce que le Conseil d'Etat
doit examiner, mercredi prochain,
la poursuite «c comme d'abus » di
rigée contre les soixante-quatorze
évêques signataires de la pétition
en faveur des congrégations reli
gieuses.
AU JOUE LE JOÏÏR
Un journal delà Creuse dénonce un
fait épouvantable.
Il s'agit d'un directeur d'école munici
pale, M. L...
dit ce jaiïraal,feabon fonc
tionnaire, assiste assidûment aux mesBes
de 5 heures. Sa femme, son fils et toute
sa famille ne se font aucun scrupule de
s'y rendre plusieurs fois par jour. »
Plusieurs fois par jour à la messe de
cinq heures ???
Maintenant,' la sommation d'usage au
gouvernement:
« Que fera M. Laporte, sous-préfet de
Bourganeuf ?... Jusqu'alors son républi
canisme ne s'est traduit par aucun acte,
et tout laisse à supposer qu'il fermera
volontairement les yeux devait les actes
les plus répréhensibles... »
L'acte a le plus répréhensible » con
siste donc à aBsiet i la messe de cinq
heureB?Meroi du renseignement. Il est
toujours bon de s'instruire.
#
# »
Les femmes des gardes municipaux, à
Rome, étaient mécontentes de voir que
l'autorité faisait la sourde oreille aux re
vendications de leurs maris.
Elles tinrent un meeting pour pro
tester.
Le meeting fut éloquent, mais ora
geux.
Le désordre étant devenu intense, on
fut obligé de faire rétablir l'ordre.
Par qui ? Par les gardes munici
paux.
Les maris, à qui le meeting voulait
tant d». bien,-fusent donc obligée de met
tre leurs femmes à la raison, ce à quoi
ils s'employèrent, paraît il, avec une ab
négation héroïque, digne non des Ro
mains modernes, mais des anciens.
•
• •
Ua certain nombre de philanthropes
Bont en train d'organiser un congrès pour
étudier les moyens de protéger, contre
l'exploitation de certains industriels
égoïstes, les enfants vendeurs de statuet
tes, qu'on rencontre si souvent à Paris.
On voit ces enfantvimmobiles durant
des heures entières sur les marcheB des
monuments ou devant les parapets des
ponts, et suppliant les passants d'ache
ter leur marchandise.
Quelquefois, les pauvres enfantB, lors
qu'il est nuit et qu'il fait froid, s'endor
ment auprès des statues qu 'ils ont à ven
dre.
Le passant n'achète pas, mais souvent
fait une aumône, c'eBt tout ce que veut
l'exploitant.
Pendant que ces petits meurent de
faim et de misère, leurs exploiteurs, à
qui ils rapportent fidèlement leB aumônes
recueillies, vivent dans l'aisanoe et la
débauche.
Un bon point aux philanthropes ; mais
le gouvernement se oharge de leur tail
ler de l'ouvrage, en jetant, par ses fer
metures d'écoles, un plus grand nombre
d'enfants à la rue.
Mme Sarah Bernhardt, venant d'Alle
magne, est arrivée hier à Paris. On lui
a fait à là gare du Nord une réception
< sensationnelle ».
, A sa descente du wagon, l'actrigc a
reçu une avalanche tle bouquets: Un
journal nous apprend que « les hommes
d'équipe se sont découverts * et que des
soldats présents « écarquillaient les
yeux ».
On aurait pu mobiliser la garnison^
pour rendre les honneurs militaires.
Mme Sarah Bernhardt, toujours d'a
près ses historiographes, portait un cha
peau de fourrure et une jaquette de
loutre. Elle riait « de toutes ses dents ».
Une grosse dame agitait un petit dra
peau tricolore, où on lisait ces mots :
« Vive la France !»
Allons ! allons ! la mise en scène a été
réussie.
A la félibrée annuelle du 20 août à
Saint Sever (Landes), le président, M.
Adrien Planté, a annoncé « que l'admi
nistration vient d'ouvrir officiellement
l'école primaire des Basses-Pyrénées et
deB Landes au dialecte d'Oa parlé en
Béarn ».
Au moment où « l'administration » in
terdit en Bretagne l'usage du breton
dans leB églises, cette innovation ne
manque pas de piquant.
On voit bien que ce n'est pas l'amour
de la langue française qui fait agir noB
gouvernants, mais la haine de la reli
gion et Burtout le plaisir de vexer les
populations où règne la foi.
«e
Entre hommes politiques :
— Voua verra-t on ce soir au cer
cle ?
— Non, je dois assister à un grand
banquet.
— Alors, je vous Eouhaite beaucoup
de... chaleur communicative.
GENTIL POUR LES CAMARADES
M. Gérault-Rlchard, dans la Petite
République, réprouve vertueusement
l'anarchiste Rabino et ajoute :
Le meurtre, le pillage, l'incendie sont
des actes de bestialité. C est par eux que
nous nous rattachons à nos lointains an
cêtres les habitants des cavernes, dont les
consciences obscures, embryonnaires, ne
concevaient que le règne de la forc9, inca
pables de raisonnement, soumises aux
seules exigences de la bète...
Tuer, piller, incendier, ce n'est pas une
manifestation de révolte consciente contre
l'oppression politique et sociale, mais un
acte de soumission aux instincts aveugles
qui créèrent et qui perpétuent cette oppres
sion.
Laissons de côté les fameuseB théories
sur l'homme bâte des cavernes, et cons
tatons seulement que M. Gérault-Richard
■est du dernier galant paur ses bons amis
les grévistes révolutionnaires qui ont
bu , sinon tuer, cette fois-ci, à l'instar des
communards de 1871 et des « grands
ancêtres » de 1793, du moins très bien
blesser, piller, incendier.
U DCCLtmTIOa DE L'ÉPISCOPAT
Le chapitre de Saint-Etienne
vient d'envoyer une adresse d'ad
hésion à Mgr l'archevêque de Tou
louse, à propos de la déclaration
épiscopale.
Nons en détachons ces passages :
Depuis trois ans que vous êtes à notre
tête, nous avons constamment reconnu le
profond attachement que vous portez à
votre clergé, et le soin que vous mettez
à le maintenir dans les traditions de ré
gularité qui le distingue, et votre zèle
pour le salut deB âmes, en particulier
pour celles deB enfants, dont vous esti
mez avec raison qu'il-faut avant tout
rendre l'éducation chrétienne, et votre
prudente conduite vis-à-vis des pouvoirs
publics, et votre fidélité à suivre, dans
vos rapports avec eux, les règles si sage
ment promulguées par le Souverain
Pontife. Sous la conduite de ce guide ad
mirable, et de concert aveo vob vénérés
collègues, yous défendez vaillamment
les droits de l'Eglise. Et on vous voit à
l'heure présente plaider le maintien de
ces institutions, quelques-unes plusieurs
foiB séculaires, qui propagent et font
aimer le nom de JésuB-Christ et de la
.France à l'étranger et gui chez nous sont
les soutiens et les joies des petits eV des
pauvres.
Mgr l'archevêque de Toulouse a
répondu:
... Rien ne pouvait être plus agréable à
mon cœur de pasteur et de pèrê"que les
sentiments de confiance et de pieux atta
chement que vous m'avez fait parvenir,
en ce moment où, pour triompher des
difficultés qui nous assaillent, l'union
des esprits et des cœurs est plus néces
saire que jamaia : Omnia vëstra in cari*
tate fiant. C'est en suivant ce conseil de
l'apôtre qae nous obtiendrons de Dieu les
grâces nécessaires au sucoès de notre la
borieux ministère et que nous trouve
rons la joie et la paix dans l'accomplis
sement du devoir.
Le tribunal correctionnel de Brest
vient de condamner Mlle Kerriou
pour avoir déversé des seaux d'eau
sale sur les crocheteurs du couvent
de Saint-Meen. M. le sous-préfet
Verne, M. le commissaire de police
Mœrdès et deux ou trois gendar
mes ont déversé sur elle leurs dé
positions erronées. Ces agents du
pouvoir ne peuvent pas se dédire.
Je n'ai jamais eu la naïveté de l'es
pérer. Quant à messieurs les juges,
j'ai reconnu qu'ils étaient fort excu
sables d'avoir prononcé pareil juge
ment.
S'il en faut croire les comptes
rendus de la presse, M. le sous-pré
fet Verne s'est senti touché par
mon article relatif à l'innocence des
condamnés de Saint-Méen, ainsi que
par ma déposition dans le procès
de l'abbé Salaiin. Je regrette d'a
voir fait de la peine à M. Verne,
qui est un fonctionnaire très hono
rable et un citoyen fort digne d'es
time pour le mépris dans lequel il
tient la politique antireligieuse de
M. Combes. Jamais certes, je n'ai
mis en doute sa parfaite bonne foi.
J'ose dire seulement qu'il s'est
trompé, et que son erreur est
cause de l'injuste condamnation de
trois ou quatre innocents.
Ma déposition a été catégorique.
J'ai déclaré non seulement que je
n'avais pas vu la personne qui lan
çait les seaux d'eau sale, quoique je
fusse aussi bien placé que tout au
tre spectateur pour la voir, mais
encore qu'il était impossible de re
connaître personne à la fenêtre, tant
l'opération était "adroitement exé
cutée. M. Verne protesta pendant
que je parlais ; il a protesté dere
chef à l'audience de vendredi, et il
propose une expertise. Combien je
regrette que le tribunal n'ait pas
accepté sa proposition ! On aurait
organisé une reprise sensationnelle
de l'affaire de Saint-Méen. Mme
Siche, ayant la ihain faite, opére
rait, j'en suis sûr, avec une dexté
rité plus grande encore. Les popu
lations voisines accourues en foule
jouiraient sans danger d'une scène
de comédie gratuite et divertis
sante ; et les magistrats-experts,
car les juges sans doute n'auraient
pas manqué de se rendre à ce spec
tacle, ne se seraient certes pas en
nuyés. Seuls peut-être M. le com
missaire Mœrdès et les gendarmes
accusateurs, s'ils avaient subi les
douches, ce qui ne serait que jus
tice, n'auraient pas lieu d'être ra
vis. Mais ils pourraient chanter pour
se consoler et se distraire :
Si cette histoire vous amuse ( bis)
Nous allons la la la recommencer.
La proposition de M. le sous-pré
fet est plaisante. D'ailleurs l'exper
tise serait inutile, car si Mme Siche
réussissait, ce dont je ne doute pas,
à jeter l'eau sans être vue, M. le
FEUILLETON DE L'UNIVERS
SU 18 novembre 1902
LES EMIS 1 M M
U semble, en vérité, que ce soit pour
le Saint Siège qu'ait été écrite-la fable de
La Foataine, et de ses acteB qu'il soit Bur-
tout certain que 1'
On ne peut contenter tout le monde ..
En ce moment, la phrase courante de
récrimination, c'est: « Le Pape ne parle
paBl » — Vous la rencontrerez sur leB
lèvres de tous ceux qui Be bouchent soi
gneusement leB oreilles quand le Pape
parle ; et il suffira d'ailleurs que le Pape
vienne à parler pour que ces docteurs
exigeants blâment son discours comme
ils ont critiqué son silence.
La vérité c'est que Léon XIII élève la
voix aveo opportunité, et ,sans se lasser,
et fort souvent. On étonnerait peut-être
ces catholiques mal satisfaits de leur
père, en leur disant que les Lettres apos
toliques du Souverain Pontife ne forment
pas moins, à l'heure actuelle, de cinq
volumes ; que le recueil de la traduction
de oes admirables discours est édité à la
a Maison de la bonne presse », à un prix
dérisoire qui les met à la portée de tout
le monde, et qu'il suffirait bien de vou
loir les lire pour savoir beaucoup de cho<
ses que l'on ignore, tout au moins dont
on bavarde assez inconsidérément.
Cinq volumes 1 Voilà pans doute l'ob
jection pour les esprits pressés qui sur un
entrefilet de journal ou une citation
écourtée ont tranché sèchement les plus
graves problèmes abordéB par le Paint
Siège. Que leur bonne foi se rassure, s'a
paise etse manifeste : voici qu'on yientleur
offrir un seul livre, un tout petit livre où
ils auront la satisfaction pt, j'espère, la
joie comme le profit de lire parole pon
tificale, et d'embrasser d'un coup d'oeil,
B 'ils veulent bien l'ouvrir, la synthèse de
cea enseignements dont depuia 25 ans
s'impressionne le monde.
Léon XIII d'après ses encycliques est
le canevas très simple, complet et res
pectueux où ohacun peut démêler la
trame du vaste esprit qu'est le Souve
rain Pontife. En deB divisions correctes,
nullement arbitraires, ramenéesau strict
nécessaire, on juge mieux l'ensemble (1).
L'auteur possède Bon sujet pour l'avoir
étudié aveo soin ; il a le bon goût de s'ef
facer tout à fait, et l'exactitude de ses
citations, la sobriété de ses commentai
res, sans diminuer son mérite, augmen
tent la puissance de son travail.
Que le cadre soit vaste, sans doute :
« Léon XIII a tout abordé : la religion
et ses mystères, l'irréligion et le doute,
la civilisation, la famille et la propriété,
lé droit social et BeB problèmes concer
nant la riohesse et la pauvreté, la poli
tique autant qu'elle touche à la source de
(1) Jean d'Arros, Léon XIII d'après ses
Encycliques, i vol. in 18. Librairie Pous-
slelgue.
l'autorité et aux rapports de l'Eglise et
de l'Etat. Il s'est adressé à tous leB peu
ples pour leur donner les Conseils appro
priés à leur situation, aux Français, aux
Italiens, aux Espagnols, aux Portugais,
aux Anglais, aux Allemands, aux Autri
chiens, aux Hongrois, aux Ruthènes, aux
Bavarois, aux Belges, aux Polonais, aux
Arméniens, aux Orientaux, aux Cophtes,
au clergé des Ipdes, aux ^vêques de
Suisse, d'Europe, des Etats-Unis, du
Canada, du Pérou,' du Brésil, du Me
xique, de toute l'Amérique latine. Il a
voulu appeler à l<|i t dans un même cri
d'amour, les princes et les peuples. Il a
dénoncé la franc-maçonnerie et flétri le
duel, il a célébré les saints etprêohé aux
fidèleB la prière et la dévotion à la sainte
Vierge; surtout, 11 n'acessé de travailler
pour l'unité de la foi, et d'inviter leB dis-
Bidènts à se réconcilier avec l'Eglise ca
tholique. »
Et qui n'écouterait la voix de ce Pon>
tife, joignant à la sagesse de l'esprit et
à la dignité de ea fonction, l'expérience
de l'âge? « Que cette parole, dit-ildanB
une lettre apostolique du 19 mars 1902,
Boit accueillie comme le testament que,
à la faible distance où Nous BommeB des
portes de l'éternité, Nous voulpns laisser'
aux peupleB. »
Il s'adresse à ses fils catholiques
et à ses enfants éloignés ou incon
nus : < Ceux qui veulent être des
citoyens honnêtes et s'acquitter de leurs
devoirs, comme là foi l'exige, trouve
ront facilement dans Nos lettres la règle
de l'honnêteté. »
Et s'il est permis de porter un juge
ment sur les opinions intimes d»
Léon XIII, on le voit constamment, par
devoir pluB que par inclination, penché
aur le monde moderne ; Bon intelligence
le conduit à regarder bien en face la
poussée et l'avenir de la démocratie, son
cœur se fait le patron deB opprimés et
des humbles ; veiller aux progrès de la
civilisation fut toujours la gloire des
pontifeB romains ; ce souci devient plus
pressant encore depuis que la définition
solennelle au concile du Vatican delà
primauté infaillible du siège de Pierre a
fait du Pape le régulateur des esprits
et deB âmes.
Le livre que je signale donne la liste
chronologique deB Encycliques, Lettres
et Brefs de Léon XIII ; puis, groupant
tous ces documents par la nature de leur
objet, il les passe en revue boub les ru
briques BUivanteB : l'Eglise et la vérité ;
l'unité religieuse, le pouvoir civil, la for
mation-sacerdotale, la franc-maçonne
rie', l'organisation de la famille, ques
tions sociales et ouvrières ; devoirs poli
tiques deB catholiques; piété chrétienne
et dévotion.
La vérité, l'Eglise la possède et la dis
tribue. Pour que cette bienfaisante ac
tion, sa raison d'être ici-bas, s'étende
davantage, elle cherche à grouper tous
leB hommes dans l'unité. C 'eBt pourquoi
Léon XIII a d'abord porté BeB regards
vers l'Orient « berceau du genre hu
main », s'empressant de rassurer ceux
qu'il appelait à lui, prêt à effacer les di
vergences secondaires; aux Arméniens
(25 juin 1888} il prêohe la concorde pour
que les chrétiens séparés soient attirés
vers eux ; il concède le maintien de la
discipline et des liturgies particulières,
(30 novembre 1894) ; il envoie des prêtres
catholiques soutenir leB bons avant de
conquérir les mauvais ; il institue une
commission permanente pour la réconci
liation des dissidents ; il réglemente les
études, bénit la multiplication des écoles;
il lait appel à toute la chrétienté en fa
veur deB églises des Orientaux (24 dé
cembre 1894); à trois reprises il s'intéresse
publiquement aux. ;ites .des OophteB et
au patriarcat d'Alexandrie ; il recom
mande les pèlerinages au?t lieux saints ;
il encourage (25 mai 1898) lesAugustins
de l'Assomption pour leurs séminaires et
leurs établissements gl'Apie mineure ; il
preBcrit (21 juillet 190Ô) la tenue d'un
concile national afin de ramener l'entente
danB les esprits.
Après les Orientaux, les protestants. Il
écrit spécialement aux Anglais, et les
qualités reconnues de ce peuple que ron
gent tant de vices lui laissent bon es
poir. 11 consent à faire examiner de nou
veau la question deB ordinations angli
canes, dont la cause fut jadis instruite et
jugée par le Saint-Siège, et s'il déclare à
son tour que < les ordinations conférées
selon le rite anglican, ont été et sont ab
solument vaines, entièrement nulleB n,
c'est par un respect égal des droits de
l'histoire, de la théologie et de la charité
chrétienne qui veut avant tout et partout
la lumière.
L'Ecosse tient une plaoe spéciale dans
ses préoccupations ; il adresse, en 1898,
une Encyclique à ses évêques. A maintes
reprises il écrit aux premiers pasteurB
de la hiérarchie catholique dans la
Grande-Bretagne pour aider le mouve
ment qui ramènera ces peuples, à l'unité.
On trouve la même sollicitude pour leB
nations du Nouveau Monde. En 1895,
c'est un enoouragement aux évêques des
Etats-Unis. En 1897 la confirmation des
privilèges de l'Amérique latine, et une
lettre à l'épiecopat de là Confédération
canadienne. En 1899, des conseils aux
évêques de l'Amérique du sud, puis &
oeux du Brésil. Plusieurs fois, et notam
ment en 1892, Léon XIII a fait du cardi
nal Gibbons le co&fidejpt de Bes pensées ;
l'occasion la plus solennelle a été le
22 janvier 1899 à propoB de l'américanis
me, mot dévenu une étiquette que leB po
lémistes, de bonne foi ou autrement, se
Bont plu à attacher à beaucoup d'opi
nions et d'évolutions diverses. Léon XIII
a protégé ce jour-là le dépôt de la foi,
n'admettant pas qu'il y ait des vertus
chrétiennes « plus appropriées que d'au
tres à certaines époques ».
Tous trouvent à prendre leur part de
ces enseignemeuts particuliers ; et bien
rarement le peint de doctrine eBt utile
ment traité pour un seul peuple ; à cer
tains jours, le Saint.Père s'adresse à la
chrétienté tout entière, comme le 29
juin 1896. où, dans l'EccycIiqueSatis co-
gnitione , il expose la beauté et la force
de l'unité catholique.
Quand il entre dans le vif du sujet et
aborde le détail tout pratique de la poli
tique intérieure de telle ou telle nation,
Léon XIII ne le fait que par rapport aux
libertés de l'Eglise et par suite au péril
ou à l'avantage de l'âme de ses enfants.
On peut suivre tout un cours de politique
chrétienne boub sa plume. Le 28 décem
bre 1878, il passe en revue les principales
erreurs modernes.
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