Le soleil rayonnait sur cette pourriture,
Comme afin de la cuire à point,
Et de rendre au centuple à la grande Nature
Tout ce qu'ensemble elle avait joint.
Et le ciel regardait la carcasse superbe
Comme une fleur. s'épanouir
La puanteur était si forte que sur l'herbe
Vous crûtes vous évanouir –
Les mouches bourdonnaient sur ce ventre putride, D'où sortaient de noirs bataillons
De larves qui coulaient comme un épais liquide Le long de ces vivants haillons.
Tout cela descendait, montait comme une vague, Où s'élançait en pétillant
On eut dit que le corps, enflé d'un soume vague, Vivait en se multipliant.
Et ce monde rendait une étrange musique
Comme l'eau courante et le vent,
Ou le grain qu'un vanneur d'un mouvement rythmique Agite et tourne dans son van.
Les formes s'effaçaient et n'étaient plus qu'un rêve, Une ébauche lente à venir,
Sur la toile oubliée, 'et que l'artiste achève
Seulement par le souvenir.