Titre : L'Univers
Éditeur : L'Univers (Paris)
Date d'édition : 1871-07-24
Contributeur : Veuillot, Louis (1813-1883). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, Pierre (1859-1907). Rédacteur
Contributeur : Veuillot, François (1870-1952). Rédacteur
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 24 juillet 1871 24 juillet 1871
Description : 1871/07/24 (Numéro 1501). 1871/07/24 (Numéro 1501).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse Collection numérique : Bibliographie de la presse
Description : Collection numérique : BIPFPIG44 Collection numérique : BIPFPIG44
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
Lundi 24
luûL — Edition quotidienne
Lundi 24 Juillet îSfl
SÉPARTEMENTS
PARIS
On an.v..........
§SX mois ae_.oecQoc.Ooo*
Trois mois"..,,........
Le numéro : 15 centime^
SUEXEA.U.TS. \
Paris, 10, rue des Saints-Pères. \ . ,
Oa l'abonne, à Rome, au bureau de la Oifiità catlolita,
via del Gesu, 61.
Sa an'....-,
Six mois».,
Trois mois.
ii m
M •'
H
Sjitloa aeBsi-qMtlilfEae
VUniveri ne répond pu des manuscrit» qui loi tont *în*»t*«
AXNOXCES ■
Cu. LAGRAHCÏ, CERF et C", 0, plie» 4# 1» fcim.
FRANCE
l-AKlB, 23 JUILLET 187i
L'Assemblée
caté ou plutôt
nationale, hier, a dis-
vote sut - les pétitions
du Saint-Père captif sous lo couteau.
Elle a déclaré avec uns sorte d'ec-
oord qu'elle ne s'occuperait pas de
ça.
C'est le fond. Il y a des formes. M.
Thier3 a fait un discours. On est éton-
souvent du peu de distance qui
ne
ice
Thiers et M. de la Bé-
liA VJt. i VJ }
cent, chef du pouvoir exécutif,
expliqué, répété, ressassé qu'il se trou-
gaires,
et ue veut pas l'acheter au prix
du mensonge qu'elfe lui demande, parce
que ce mensonge non plus 110 la sau
verait pas. Il aime mieux ne point ré
gner que da n'être pas chrétien. Que
Dieu lui rende 1 honneur qu'il daigne
encore nous faire, et que peut-être
nous ne méritons plus.
Louis Veuiuot.
pâle,'
existe entre
doliière. -
Dans une séance de cinq heure»,
très bruyante, deux figures principales
• ont paru à la tribune. La première est
la France philosophique modérée, sous
les traits de M. Thiers, plus semblable
à M. de la Bédollière'qu'on ne le vit ja
mais ; — un la Bédollière froid, dé-
exécutif. I! a
ressas; \ '
vait bien embarrassé; qu'il aimerait
sans doute à faire ce qu'il y a de
mieux, mais que cependant ce qu'il y
a de mieux lui paraissant être aussi
ee qu'il y aurait de plus mal, il ne sa
vait vraiment que faire. Qu'en consé
quence, il priait l'Assemblée de s'en j
remettre à son patriotisme et à sa pru
dence, et que dans ces conditions il
promettait de faire tout ce que la rai
son indiquerait, c'est-à-dire ne rien
faire du tout.
L'autre figure est sortie de la foule,
austère, sans éclat de gloire}
mais on l'a vite reconnue. C'était là
France croyante. Rarement pareille
clameur s'est élev.ee pour empêcher
un orateur do parler. Il aurait dit sa
pensée et celle des autres ; quel péril !
On n'a pas voulu l'entendre. Pendant
dix minutes il est resté adossé à la tri
bune, et il .a dû descendra sans avoir
prononcé un mot. Nous ne nous souve
nons pas d'un député à^qui l'Assemblée
ait rendu pareil hommage et qui ait
forcé le gouvernement prétendu de la
parole et de la vérité à se faire lui-
même plus juste" et plus sanglant
affront. Gardons le nom de cet homme
do cœur, qui est en même temps un
fiomme fort poli et fort lettré et qui
professe «ne foi dont il peut rendre
compte. Il se nomme M. de BelcasteJ
député de la Hauts-Garonne. H lui a
été donné en ee long quart d'heure de
Juger et le système, et l'Assemblée, et le
temps. Il sait ce qu'il y a dans une
Chambre issue du suffrage universel,
.délibérante, législative, constituante;
|î sait ce qui roule et retentit au fond
ils ces flots écumeux : —Tais-toi,
homme qui dirais la vérité !
Il s'eiî est fallu de peu que le vote
ne fut pris à l'unanimité. M. Gambetta,
entièrement satisfait des « déclarations
•si nettes et si précises de M. le che
du pouvoir exécutif vis-à-vis de nos rela
lions avec l'Italie et le Saint-Siège »
adhérait à l'ordre du jour dont M
Thiers voulait bien. Nous allions former
unpeuplsdefrères ! Mais M. Kelier, trou
vant que M. Gambetta se moquait sans
doute, a déclaré que là chose ne pou
vait pas cependant se passer ainsi. Et
enfin, non sans brouhaha, s'en remet-
tar
du
On nous écrit de Versailles, le 22 juil
let :
Je n'ai pas la prétention d'analyser le dis
cours très étudié el très juste-milieu de M. le
chef du pouvoir exécutif, mais je ne puis
m'empêcher de relever un passage qui m'a
singulièrement frappé. Vous n'avez pas ou
blié le luxe de déclarations officielles par les
quelles le gouvernement a démenti ia lettre
au Saint-Père publiée par différents jour
naux.
M. Jules Favre, à la tribune, a protesfë
contre ia supposition qu'un pareil fuctum
pût êtrç regardé comme l'œuvre de M. le
président du conseil. Ses paroles ont été re
produites h peu près textuellement dans 1
Journal officiel ; dernièrement encore ci
gane du cabinet reprochait au Times,
dinaire si bien informé », d'avoir cru
tence d'un pareil document.
Or, voici les propres expressions dont M.
Tirs ers s'est servi aujourd'hui, à la tribune :
Jo n'ai point écrit la lettre que l'on m'a
prêtée, non... Si jo me permettais, non pas de
donner un conseil au chef du catholicisme,
mais d'exprimer le sentiment de la France ;
si ce prisonnier, comme on l'a qualifié, deve
nait un exilé, je me bornerais à lui dire, à la
face du monde : La France vous sera tou
rs ouverto ! mais Dieu me garde de lui
insinuer k quelque degré que ce soit un coa-
ii; ce sers.it manquer de respect, et je n'en
masquerai jamais à cette puissance si véné-
bîe. Je lui dirais seulement : « Ménagez la
paix des âmes, car tous nous avons besoin de
la paix, de la paix religieuse comme de la paix
politique In
Ne trouvez-vous pas comme moi que ces
paroles renferment toute la substance de ce
factum si solennellement désavoué?
Puisque j'ai pris la plume, je vous signa
lerai encore le passage, suivant, qui a aussi
son intérêt. « Le concordat a établi que lors
qu'il y a des prélats h nommer, le souverain
territorial, quel qu'il'soit, depuis lesouvo-
raia héréditaire jusqu'à ce dépositaire passa-
™" wifm souveraineté, a le droit de dé
Rome
étran-
le
et or-
« d'or-
à i'exis-
française a renvoyé la cause de
à M" le ministre des Affaires
gères.....
C'est-à-dire à M. Jules Favre, là-
bas, dans les régions morales et poli
tique© où siège cet homme d'Etat, en
tre les papiers privés fournis par son
compère Millière et les pièces diplo
matiques: signées par son ambassadeur
Senard!
Par ce vote, l'Assemblée établit cer
tainemant une sorte d'équilibre dans
la situation. Après la capitulation,
après la Commune, et après le renvoi
du Pape à M. Jules Favre, on ne peu
nier qu'une harmonie existe entre l'éla
.de la France militaire, l'état de la France
cm le et l'état de la France catholique.
Nous' avons reçu tout des mêmes
mains,- dans l'espace de moins d'une
année'. Si après cela nous ne nous sou
venons pas du règne des Jules, c'est
que notre mémoire est devenue pares
seuse et fatiguée comme nos bras, et
qu'il ne r^ste plus autant de France
qu'on le croit. ^
On veut e& pérer encore que tout ce
gui survient O» ces jours néfastes est
imbécile et caduque, et passera ; qu'il
y a une France qui en est humiliée et
contaminée, mais non entamée, et qui
n'ignore pas qu'on la déshonore; que
cette France, m,al gré tout, refuse d'a-
postasier ; qu'elle se lèvera, qu'elle se
couera les nains'r infirmes qui se sont
introduits dans eon giron pour le gâ
ter, et qui, cela fait, ne savent plus que
faire. On se ber.ee de ces attentes, et
l'excès même de. l'horreur fait d'une
•certaine manière supporter l'excès ex
piatoire de l'humiliation.
Un jour enfin, excédé et écrasé de la
honte de ces reniements, le cœur de
la France, s'il en reste un lambeau,
a® tournera sans doute avec. amour
vers l'homme que le torrent de l'er
reur publique n'a pas ébranlé un ins
tant, et dont la main loyale s'offre
pour l'appuyer sur Dieu. Il voit cette iné
narrable misère d'un e nation contrainte
sur les plus graves questions de son
existence et de son âme, de se tourner
vers un vieillard frivole et de lui dire :
Faites comme vous voudrez ! Ii voit
cette proie facile aux ambitions vul-
ger de votre souveraineté, a
signer le citoyen frangei-s quijoiniaux ver
tus de l'honnête homme et du prêtre les qua
lités de "administrateur religieux. Le gou
vernement ne présente pas, —il est utile que je
le dise bien haut aujourd'hui, — il ne présente
r il nomme les évêques et les archevêques.
Mais, d'après le traité qui nous-lie, l'Eglise,
lorsque noua avons fait le choix du bon ci
toyen, de l'habile administrateur et du bon
prêtre, l'Eglise prononce et déclare que le
candidat que nous avons nommé, que nous
avons fait évêque, réunit les qualités d'ortho
doxie, les vertus chrétiennes que l'Eglise
seule peut admettre dans son vaste gouver
nement.» Ce qui me paraît utile, à moi, e'est
que de telles paroles ne "passent pas inaper
çues aujourd'hui.
Le Soir , journal officieux du minis
tère, publie la note suivante : "
On s'est beaucoup entretenu, depuis huit
jours, d'une entrevue que M. Gambetta au
rait eue avec le chef du pouvoir exécutif-
La vérité est que M. Gambetta, accompagné
du général Faidharbe, n'a été reçu que jeudi
dernier par M. Thiers.
Le projet do loi sur las grades était le mo
tif de la visite des deux députés, mais l'en
tretien ne s'est pas borné à ce sujet.
Après avoir expliqué le sens vrai du projet
et fait comprendre qu'il est destiné à être
amendé par la Chambra de façon à satisfaire
tout le monde, la chef du pouvoir exécutif a
reçu de la part de ses honorables interlocu
teurs l'assurance qu'ils n'ont jamais voulu
lui refuser ni leur confiance ni leur appui.
L'importance de la dernière séance
de l'Assemblée nationale nous engage
à en donner le compte rendu officiel.
Nous le donnerons demain.
La séance d'hier restera mémorable. Ja
mais plus grande question dans un moment
plus'solennel n'excita de plus vifs débats et
ne souleva tant d'incidents, mêlés da sur
prise, d'émotion, de violence et d'angoisse.
Dès une heure, l'agitation se montrait au
dehors. Dans la rue des Réservoirs, les équi
pages se pressaient tumultueusement. La
cour du Maroc, les couloirs et la Chambre
se remplissaient âs monde. Avant deux heu
res, toutes les tribunes étaient combles. On
y remarquait S. Exc. Mgr Chigi et tout
les ambassadeurs avec leur maison, Mgr
l'évêque de Montauban et un évêque mis
sionnaire, l'aumônier du château de Ver
sailles, plusieurs prêtres, M. Guizof, M.
Schneider, beaucoup d'anciens sénateurs et
députés, Mme Thiers et Mlle Dosne. A
deux heures et demie, les députés étaient au
grand complet.
M. Thiers n'avait pas encore paru. Là
séance s'ouvre par une discussion importante
sur lé cabotage, mais qui se prolonge trop au
gré de l'impatience générale, encore
citée par l'arrivée de Mgr Dupanloup.
fin, on arrive au rapport des pétitions
premier rapporteur, M. Pajot, enchâssant
très habilement les paroles extraites de plu
sieurs pétitions épiscopales, en fait ainsi un
résumé qui prépare fort bien sa conclusion
Il propose de renvoyer les pétitions au mi-
nistère des affaires étrangères.
Le second rapporteur, M.Tarleron, insiste
avec plus d'énergie encore, et c'est aux ap
plaudissements de l'Assemblée qu'après son
rapport très ferme, très chaleureux, trè3 élo
quent, où les infortunes de la Papauté et le
devoir de la France étaient noblement signa-
iés, il conclut aussi, à l 'envoyer les pétitions-,
au ministre des affaires étrangère?.. ; >
L'émotion gagnait l'assistance. Eslo îvûou?'
bîe quand Mgr Dupanloup se lève de ;-on
banc comme pour monter à la tribune. Mais]
au pied de l'estrade il fait un tour, va wrs,
M. Thiers, et au bout d'un colloque de quel-,
ques minutes, c'est , le président dunorst,:!
qui monte à la tribune, pendant que Mgr<;
Dupanloup regagne sa place. Si la curiosité,
mêlée d'angoisse qui était au fond de (tous les s
cœurs n'avait alors éloigné toute idée i'» lo .
médie, l'on se serait amusé de voir M. Thiers
s'arrêter au milieu de l'escalier, puis, après,
avoir dit un mot à l'huissier, attendra fié
vreusement quelque chose qui ne venait pas..'
Etait-ce des papiers? quelque dépêche mmis-t.
térielle? son portefeuille? Au bout de quel
ques minutes on voit paraître un V iao de
vin, accessoire obligé de tous les discours de
M. Thiers. Il n'attendait que cela, et d
parle. ' -
Nous n'avons pas à résumer son discours,
que nous mettrons tout entier sous les yeux
de nos lecteurs; mais il est impossible de ue
pas remarquer qu'au point de- vue oratoire
jamais. M. Thiers n'a été plus incolore et
moins bien inspiré. Pesant.ses mots, traî
nant sa voix, écourtant ses idées da peur de
se laisser aller à redire quelques-unes de ses
anciennes bonnes paroles si opportunément
rappelées par les rapporteurs,"il a été, selon
une expression vulgaire mais juste, d'un
terre à terre parfait. Aussi quel désappointe
ment ! Il s'en apercevait chemin faisant, et
sans cesser da dira qu'il n'y avait rien à
faire, ilaurait bien voulu laisser entendre qu'il
désirait faire quelque chose. 11 n'a persuadé
ni ému personne, et l'accueil fait à ses paro
les a été tel. que nous ne sommes pas peu
&urpri3 de voir figurer au compte rendu offi
ciel de nombreux applaudissements dont le
bruit n'est pas venu jusqu'à nous.
Mgr. Dupanloup lui succède. Son accent
uu peu rude est voilé, mais peu à peu il- s'é
chauffe et, SB laissant aller à parler de la né
cessité de îa religion pour la société, il s'é
lève aveejme force et une éloquence vérita
ble contre les calomnies auxquelles le clergé
a été universellement en butte dans les der
nières élections. Il parle des nobles traditions
de la France avec un accent ému qui appelle
plusieurs fois des applaudissements répétés.
Sur la question môme du pouvoir temporel
il flétrit énergiquement les attentats piéroou-
tais, mais, trop enthousiaste du discours de
M. Thiers, Mgr d'Orléans ne croit rien de
voir ajouter à ce qu'a dit le chef du pouvoir
sur la position à prendre par la France au
sujet àa cette question dans le concert euro
péen.
En avait-il pourtant trop dit? M. Thiers
le pensait peut-être, car il remonte pénible
ment jt la tribune pour rappeler le sens et
les termes de ses premières paroles. La ma
jorité ne pouvait se méprendre sur cette in
sistance. Quoique M. Thiers lui lai? âi en
tière la liberté de son vote, elle comprenait
à merveille que ce vote de confiance ne don
nait aux catholiques que de faibles garanties
L'agitation croissait d'autant plus que per
sonne n'étant satisfait, tout le monde se per
suadait qu'il fallait l'être. Seul M. de Bel
castel juge que les catholiques ont le devoir
d'ajouter quelque chose. Il mon le "à la
tribune, où sa présence soulève -une véri
table tempête. La droite tout entière lui crie
de descendre. Un de ses collègues, M. le
baron Chaurand, croyons-nous, sa précipite
pour l'en arracher,, et beaucoup d'autre
font des gestes désespérés.
M .'Grévy lui-même, qui dans cette dis
cussion a été pour la gauche d'une partialité
évidente, cherche à lui faire comprend r!
qu'il ne doit pas parler. M. de Belcastel ré
siste à ses amis, au président, à la Chambre, j
Il fait signe, car le tumulte couvre sa voix,
qu'.ii a conscience d'avoir • quelque chose à
dire et qu'il la dira. Pâle, résolu", appuyé
contre l'estrade présidentielle, il attend irn-
pisaible que le tapage ait cessé. Dix minu
tes sa passent dans cet infernal brouhaha, et
M. de Belcastel, vaincu, finit enfin par des
cendre. Qu'il reçoive ici nos compliments.
Il a faiVpreuve d'un vrai courage, et nous re
grettons bien baut que ses collègues ne l'aient
ni compris ni' soutenu.
La question paraissait finie et il n'y avait
plus qu'à déterminer la façon de voter. C'est
à ce moment que M. Barthe propose un
amendement formulé en ces termes : L'As
semblée, confiante dans le patriotisme et la pru
dence du chef du pouvoir exécutif.... 'Aussitôt
on remarque une grande agitation dans les
rangs de la gauche; des colloques violents
s'établissent et signalent une scission entre
certains membres radicaux et M. Gambetta
qui ramassaé sur lui-même et groupant ses
amis paraît leur expliquer quelque chose.
Mais voici de nouveau M. Thiers. Le si
lence se rétablit non sans peine. ' Le chef du
pouvoir explique qu'aprè3 ses déclarations,
il est bien résolu à laisser chaque député
voter'selon ses instincts (M. Thiars affection
ne ce mot), sa conscience, etc., que néan
moins s'il doit indiquer .une préférence, elle
est acquise à l'ordre du jour Barthe, à cause
du mot prudence qui s : y trouve, et que M.
Thiers souligne de nouveau. Il n'en était pas
besoin. La droite comprenait à merveille que
cet ordre du jour signifiait autre chose que
les conclusions des rapports; mais "il était
dit qu'on était résolu h paraître satisfait.
Malheureusement pour M. Thiers, M. Gam
betta s'élance à la tribune. En deux mots,
dits avec assez d'art et une feinte modéra
tion, il déclare qu'en présence des explications
de M. Thiers, lui et ses amis, se rallient éga
lement à l'ordre du jour de M. Bwthe. M.
Thiers s'agita. On sent qu'il craint de perdre
■* n " A - 1 - 0+ rm'îl pçii. flfS.asT»
toutes parts, ou essaye de le retenir.
Grévy lui signifie brutalement (le mot n'est
que juste) qu'il ait à ne parier que sur la
position de la question. M. lieller 11e dit
donc que deux mots, mais deux mots qui
font crever l'orage, soulagent la conscience, et
déchirent tous les voiles.
L'adhésion de M. Gambetta, s'éerie-t-il,
une à l'ordre du jour un caractère que
'Assemblée ne peut plus accepter. Pour ma
part, je le repousse. Des applaudissements
éclatent à droite', des cris de fureur à gauche.
M. fceder, vertement tanée par M. Grévy,
qui a conscience du coup droit porté à la stra
tégie-de M. Thiers, quitte la tribune, mais
M, Thiors y saute en colère. Il accuse M.
Kelier à. trois reprises d'être la voix de la dis-
cordj. Celui-ci veut répondre. Le bruit et le
président l'empêchent de- continuer. Le tu
multe reprend avec plus d'ardeur et d'intensité.
Bant. les tribunes tout le monde se lève, de
vives discussions s'engagent, Mgr Dupan
loup reparait h la tribune, accueilli par des
bravos de la droite et du centre. Il déclare que
comme M. Thiers, il accepte l'ordre du jour
Barthe et qu'il ne relire pas sou adhésion
parce que M. Gambetta y donne la
sienne, pourvu que M. Gambetta en
tende cet ordre du jour dans le sens de M.
Thiers... Les applaudissements redoublent;
la gauche furieuse et décontenancée rugit.
M. Thiers sentant de plus en plus son habi
leté en déroute, blêmit et-prend sa tête dans
es mains. M. Gambetta revient à la tribune.
Non, dit-il, l'ordre du jour n'a pas le sens
qu'y donne Mgr d'Orléans, car les rappor
teurs concluaient au renvoi au minisire, et
l'ordre du jour le repousse. La tempête éclate
plus violente que jamais. Au bout d'un quart-
d'heure de tumulte, M. Thiers monte encore
une fois à la tribune, de l'feir d'uncomdamné
qui s'exécute. Après les déclarations de M.
Gambetta, l'ordre du jour. du-u. change en
effet de signification-. Je r t p 0 mua a-
dhésioa et j'accepte le renvoi «ans les condi
tions établies par mon do-ou... L applau
dissements éclatent.plus 1 t j,i et plus
vifs ; la gauche écrasée [Ou "p é 'labiés
hurlements qui obligent M. Grévy de la rappe
ler à l'ordre; mais M. Gambetta, qui ne veut
pas paraître battu, revient à la tribune. Il
obtient ia parole h grauà'peine, et dès les
premiers mots, où il parla do sa sincérité, les
vives réclamations de la droits le jettent dans
une telle fureur, qu'il propose, séance te
nante, un duel pour le lendemain à tous ceux
qui voudront signer leur interruption. On le
force à descendre. Mais c'est au tour de M.
Langlois de bondir comme un chat à la tri
bune, qu'il étr-eint avec fureur, et qu'il "me
nace do m plus vouloir quitter. M. Grévy se
voit obligé d'appeler un huissier pour chas
ser M. Langlois. -
Enfin, après de nouvelles scènes de violen
ce, 'qu'il est à peine possible de,signaler, la
proposition Baze, de venue N la proposition
GambttUa, est misa aux voix et rejetée par
403 voix contre 262.
Le renvoi au ministre des affaires étrangè
res est ensuite ordonné par 447 voix con
tre 87.
' Au sortir, ca n'était qu'un cri : Quelle
séance !
Auguste Roussel.
heureuse audace (l'an 673 de Rome);
et ses efforts furent, d'après lé récit de
Plutarque, couronnés de succès. Ce
souvenir lui resta cher dans., tout le
cours de sa vie ; et, après les vicissitu
des d'une longue carrière, où ne brilla
pas toujours le courage, il conseillait
à son fils de défendre, comme il l'avait
fait lui-même, l'innocence malheu
reuse, surtout lorsqu'elle est attaquée
par de puissants ennemis.
En rappelant aujourd'hui ce discours
de l'orateur romain, où la calomnie et
la spoliation sont flétries en termes si
énergiques, où le silence de ceux qui.
auraient pu parler avec plus d'auto
rité est caractérisé comme l'effet de ia
peur, \je songe à un autre accusé, à
d'autres attentats, à un autre silence
hélas ! bien plus capable d'étonner ia
raison publique, et d8 ruiner au cœur
des nations, le respect pour la justice
^ I T1?
en tremblant, mais même de sortir de
ce jugement parés et chargés des dé
pouilles de leur victime 1{Roc poslulare
hommes sicarios atqm gladiatores, nxm
modo ut supplicia vitent quœ a vobis pro
maleficiis suis metuere atque horrere de-
bent, venim etiam ut spoliis Sex. Roscii
hoc jùdicio ornati aùctique discedant ?)»(2).
Et n'oublions pas, — nous qui lisons
ces paroles plus de dix-neuf cents ans
après qu'elles furent prononcées à
Rome, — n'oublions pas que le prin
cipal coupable était ls favori de.Sylla,
dent un . seul regard pouvait être un
arrêt de mort.
Des chrétiens, des peuples, des gou
vernements auront-ils aujourd'hui
moins de courage que les juges de
Roscius? Et faudra-t-il que les Plutar-
que de l'avenir écrivent qu'ils ont eu
peur ?
Adrien de Thur'et.
couroee
s
ex
En-
Le
le fruit de tous ses efforts, et qu'il est désar
çonné. La droite, de son côté, recommence à
accuser bien haut ses inquiétudes par des
mouvements significatifs. Les cris, les pro
testations, les interpellations se-croisent et se
répètent,.produisant un tumulte, une émo
tion et. une angoisse indescriptibles. Toute la
Chambre est houleuse. Qui sait ce qui sor
tira de cette tempête? A ce moment, M.
Kelier demande la parole. On le sollicite de
Un jour Rome païenne,
sous la terreur, agenouillée devant 1
proscriptions de Sylia, fut témoin tout
à coup d'un spectacle nouveau. Ella
entendit, au milieu de l'avilissement j
général, unè voix courageuse, une pa
role pour la défense de ia justice op
primée.
On accu&ait, on dépouillait, 011 tuait
partout; des récompenses étaient pro
mises aux meurtriers; et l'espoir d'ob-
enir la fortune des victimes multi
pliait les dénonciations et les assassi
nats. C'est alors que Cat-ilina, préludant
ses crimes futurs, faisait mettre au
nombre des proscrits son frère, immolé
de sa propre main; et que, présentant
à Sylla une autre tête qu'il avait pris
plaisir à torturer, il allait ensuite au
temple voisin laver dans l'eau lustrale
ses mains ensanglantées.
Cependant, les kalendes de juin,, de
'année 671, avaient été fixées par le
dictateur comme le terme des pros
criptions et des confiscations. Et, mal
gré cet arrêt, un riche citoyen, Roscius
d'Amérie, fut égorgé à Rome, quelques
mois'après, sans qu'il fût possible de
trouver un prétexte pour l'immoler:.
Un homme cupide, un esclave affranchi
que Sylla avait acheté sur la place pu
blique, l'infâme Chrysogonus, se hâta
de demander au maître que le nom do
Roscius fût inscrit sur les tables de
proscription, et que ses biens fussent
confisqués et vendus. Il l'obtint aisé
ment. Cette fortune s'élevait à six mil
lions de serterees(un million 380 mille
francs), Chrysogonus se 1a fit adjuger
tout entière pour deux mille sesterces
(quatre cent cinquante francs.)
Il avait un peu plus de pudeur que
certains spoliateurs de notre temps, qui
prennent tout eux-mêmes, ou le font
prendre par leurs sicaires, et vont
triompher ensuite, dans cette même
Rome, au nom du progrès et de la ci
vilisation.
Le voleùr Chrysogonus avait dans
cette affaire deux associés, parents de
Roscius lui-même ; et, au milieu de
leur succès, une crainte troublait ces
trois heureux criminels. Un fils de
l'assassiné vivait encore et pouvait re
vendiquer son patrimoine. Ils essayè
rent da le faire périr, mais on parvint
à le soustraire à leurs coups. Alors,
pour mieux le perdre, ils allèrent jus
qu'à le poursuivre devant les tribu
naux, comme coupable de parri
cide.
Personne n'osait se charger de sa
défense. Cicéron, qui n'était âgé- que
de vingt-six ans, et qui n'avait encore
plaidé aucune cause publique, eut cette
- - - . . _ cmc [
ans de bienfaits répandus sur Rome et
sur le monde, à Pie IX spolié, captif,
et que la Révolution sacrilège, — ce
tyran plus cruel que Sylla, — insulte
avec un cynisme nouveau, devant les
gouvernements muets ou complices,
au moment même où elle consomme
contre lui ses lâches violences.
Il n'est pas inutile peut-être pou?
des .chrétiens dégénérés, qui ont tant
abusé des lumières de l'Evangile, — et
qui travaillent' eux-mêmes à détruire
cette admirable civilisation apportée
depuis dix-huit siècles par l'Eglise ca
tholique, — il n'est pas inutile aujour
d'hui de redire quelques paroles sor
ties de la bouche d'un païen illustre,
dont bi conduite fut bien oscillante, ia
philosophie bien ' pauvre, et stérile,
mais qui, plus d'une fois, devant le
crime insolent, sut exhaler du moins
une indignation généreuse.
Ecoutons, et rougissons pour l'Eu
rope.
« Juges, » s'écrie Cicéron, en mon
trant des personnages imposants, dont
les lèvres ne savaient point s'ouvrir ce
jour-là, « juges, tous ces hommes que
vous voyez pensent qu'il faut rompre
la trame ourdie par une scélératesse
inouïe; mais Us ri osent, dans le mal
heur des temps ( propter iniquitatem
temporum) élever eux-mêmes la voix
pour confondre le crime... Us se tai
sent, effrayés par le danger.
a Peut -être demanderez-voua quel
est donc cet effroi, quelle est celte ter
reur qui empêche tant d'hommes si
considérables de défendre la fortune et
la vie d'un ci 'oyen... Nos accusateurs
ont eu soi -v de taire la-vraie cause du
procès.
« Quel en esH'objet? C'est le patri
moine de Sextus* Roscius.'... Chrysogo
nus s'est emparé, sans aucun droit,
de cette fortune opulente; et comme
la vie de Sextus semble le gêner dans
sa jouissance, il demande que vous
calmiez ses inquiétudes et que vous le
délivriez de toute crainte. Il ne sera
jamais tranquille sur la possession de
ce grand héritage, tant que cet inno
cent vivra.... Il veut que vous le sou
lagiez de ce poids qui l'oppresse et le
fatigue le jour et la "nuit, et que vous
lui prêtiez votre secours pour que
cette proie acquise par un si grand
crime lui soit assurée. (Hune sibi ex
animo scrupulum, qui se dies notesque sti
mulai ac pungit, ut eveilatis postulat ; ut
ad hanc suam prœdarn tam nefariam ad-
jutores vos profiteamini (I).
Ce discours est d'une longue éten
due, et lea extraits nombreux que nous
pourrions en faire seraient d'un grand
intérêt. La flétrissure infligée alors à
un crime . privé s'appliquerait, avec
une vérité de plus en plus frappante,
à ces iniquités bien autrement effroya
bles, à ces attentats répétés contre
toutes les lois humaines et divines qui,
en dépouillant le Pape, ont bouleversé
l'Europe et mis en péril l'ordre social
tout entier.
Une pareille étude exigerait trop
d'espace. Mais puisque la Révolution
et tous ses agents à tous les degrés de
mandent, pour tant de forfaits impu
nis, une sanction qui rassure définiti
vement les " coupables, puisqu'on se
flatte d'obtenir l'approbation de la
France malheureuse, et de lui faire
cette insulte suprême, — à elle, la no
ble France, — d'obtenir qu'elle se dés
honore en trahissant Pie IX, en aban
donnant sa faiblesse sacrée, en s'incli-
nant servilement devant ses ennemis
et ses accusateurs, écoutons encore un
instant Cicéron, répondant à l'avocat
de Chrysogonus et de ses complices.
Après avoir déclaré que, si l'on pou
vait découvrir un seul indice, un seul
soupçon, l'ombre même d'un- prétexte
pour accuser le jeune et malheureux
Roscius, il renoncerait à le défendre,
le grand orateur ajoutait :
«. Mais si, au contraire, il ne s'agit
ici que d'assouvir une cupidité tou
jours insatiable, si « le seul but de
tant d'efforts est de mettre le comble
à leurs forfaits, par la condamnation
de l'hômme qu'ils ont dépouillé,
ah ! n'est-ce pas la plus révoltante
de toutes les indignités (Nonne quum
milita, tum vel hocindignissimum est);»
qu'ils vous aient présumés capables
de leur garantir, par vos suffrages, la
possession de ce qu'ils ont su. jusqu'à
présent se procurer eux-mêmes par le
crime et par ie fer?... « C'est a vous
« que des sicaires et des gladiateurs
« osent demander, » je ne dis pas seu
lement d'échapper, au châtiment qu'ils
méritent et qu'ils devraient attendre
^ni'aiilicM italiennes (i)
III
Après avoir incriminé les scandales,
les contradictions, les violences expri
més d'une manière patente dans la loi
des garanties italiennes, il nous reste
à interroger ses sous-entendus. Pre
nons d'abord la situation faite au
clergé dans l'Italie entière, sauf la ville
de Rome et les évêchés suburbicaires,
en faveur desquels il fallait faire mal
gré tout une exception, au moins sur
le papier.
Nous avons vu les difficultés qui at
tendent le Pape dans la collation des
évêchés italiens. Il faudra présenter
au place t un sujet hybride qui con
vienne au roi d'Italie et qui ne discon
vienne pas au souverain Pontife. Où
trouver cet oiseau rare ? Enfin, en a
rencontré une colombe qui a peut-
être un peu de b&ue à la. patte, mais
qui porte à soa bec le rameau d'oli
vier., La loi civil0 accepte « ia manière
dont il a été pourvu à ee bénéfice ma
jeur, et elle accorde Yexequatur ■ relatif
à 1a destination des biens ecclésiasti
ques » de est évêché. Autrement dit,
ei le met le nouvel évêque en posses
sion de sa mense.
Mais avec"le temps cette colombe
s'émancipe et sa transforme en cor
neille. Elle fronde le Pape, elle ridicu
lise les décrets du concile du Vatican,
elle empêche de les enseigner dans les
séminaires. Le Pape avertit. On tient
peu- de compte de ses remontrances,
que le pouvoir temporel n'appuie pas.
Cependant îe mal empire. La foi du
clergé est en péril. Le Pape se sou
vient que d'après les garanties italien
nes « il n'est demandé aucun© forme
d'assentiment gouvernemental pour la
publication et l'exécution des actes des
autorités ecclésiastiques. » En consé
quence, et sans prévenir personne, il
frappe l'évêque prévaricateur et 1e dé
pose de sa charge.
Le prélat destitué s'insurge; ii veut
réclamer l'appui du pouvoir temporel
contre l'acte du pouvoir papal dont il
a à se plaindre. Mais les garanties ita
liennes lui répondent « qu'elles n'ad
mettent aucune réclamation ou appel
contre les actes de cette autorité*. »
Jusqu'ici tout va bien. Mais le récla
mant ne se tient pas pour battu. Il fait
remarquer que sa déposition par le
Pape « a des effets juridiques » consi
dérables par rapport à lui; il n'est plus
évêque de son diocèse; sa puissance •
spirituelle cesse immédiatement; le
clergé et les fidèles ne veulent plus la
reconnaître, èt quant à un point qui
lui fiant encore plus au cœur, comme
à tous le mercenaires, il n'a plus droit
a aux temporalités attachées à son bé
néfice majeur. » Voilà des effets juri
diques de la dernière importance.
Les choses prenant cette tournure, 1
le gouvernement italien « déclare
qu'il appartient à la juridiction civile
de connaître des effets juridiques dès
actes de l'autorité ecclésiastique. » En
conséquence, il attire à lui le procès;
L'autorité civile juge l'autorité ec
clésiastique. Ella trouve facilement
que l'acte pontifical contre un évê
que prétendu hérétique est con
traire aux lois de l'Etat sur la matière,
blesse l'ordre public, trouble les con
sciences et lèse les droits du «particu
lier» évêque. Elle conclut que cet acte
pontifical « doit demeurer sans effet, »
et elle a le dernier mot.
Nous venons de raisonner là sur un
cas de bénéfice majeur. Il est facile de
reproduire le même raisonnement pat-
rapport aux bénéfices mineurs, c'est-
à-dire pour tous les cas où les évêques
peuvent avoir à poursuivre des curés
indignes. Grâce' aux garanties qu© le
gouvernement italien promet aux
mauvais sujets-du clergé, on peut voir
ce que vont devenir la discipline, la foi
et les mœurs du haut en bas de la hié
rarchie. Que voulez-vous que fassent le
Pape et les évêques? Ils gémiront de
voir des loups ravisseurs n'épargnant
pas le troupeau. Mais l'autorité civile
soutient ces loups contre leurs brebis.
En supposant qu'après une longue
et épineuse correspondance, le minis
tère italien ait accueilli la légitimité
des griefs que les supérieurs font va
loir contre tel particulier, éventualité
qui se présentera d'autant plus rare
ment que les ecclésiastiques véreux
sont toujours notés comme de bons
patriotes, la difficulté ne sera pas ré
solue pour cela. Il faudra nommer à ce
(1) Gic., Ûratio pro Sexto Boscio Amerino, 1,2.
(2) Ibid., 3. 4
(1^ Yoi? numéro du lfi juillet.
luûL — Edition quotidienne
Lundi 24 Juillet îSfl
SÉPARTEMENTS
PARIS
On an.v..........
§SX mois ae_.oecQoc.Ooo*
Trois mois"..,,........
Le numéro : 15 centime^
SUEXEA.U.TS. \
Paris, 10, rue des Saints-Pères. \ . ,
Oa l'abonne, à Rome, au bureau de la Oifiità catlolita,
via del Gesu, 61.
Sa an'....-,
Six mois».,
Trois mois.
ii m
M •'
H
Sjitloa aeBsi-qMtlilfEae
VUniveri ne répond pu des manuscrit» qui loi tont *în*»t*«
AXNOXCES ■
Cu. LAGRAHCÏ, CERF et C", 0, plie» 4# 1» fcim.
FRANCE
l-AKlB, 23 JUILLET 187i
L'Assemblée
caté ou plutôt
nationale, hier, a dis-
vote sut - les pétitions
du Saint-Père captif sous lo couteau.
Elle a déclaré avec uns sorte d'ec-
oord qu'elle ne s'occuperait pas de
ça.
C'est le fond. Il y a des formes. M.
Thier3 a fait un discours. On est éton-
souvent du peu de distance qui
ne
ice
Thiers et M. de la Bé-
liA VJt. i VJ }
cent, chef du pouvoir exécutif,
expliqué, répété, ressassé qu'il se trou-
gaires,
et ue veut pas l'acheter au prix
du mensonge qu'elfe lui demande, parce
que ce mensonge non plus 110 la sau
verait pas. Il aime mieux ne point ré
gner que da n'être pas chrétien. Que
Dieu lui rende 1 honneur qu'il daigne
encore nous faire, et que peut-être
nous ne méritons plus.
Louis Veuiuot.
pâle,'
existe entre
doliière. -
Dans une séance de cinq heure»,
très bruyante, deux figures principales
• ont paru à la tribune. La première est
la France philosophique modérée, sous
les traits de M. Thiers, plus semblable
à M. de la Bédollière'qu'on ne le vit ja
mais ; — un la Bédollière froid, dé-
exécutif. I! a
ressas; \ '
vait bien embarrassé; qu'il aimerait
sans doute à faire ce qu'il y a de
mieux, mais que cependant ce qu'il y
a de mieux lui paraissant être aussi
ee qu'il y aurait de plus mal, il ne sa
vait vraiment que faire. Qu'en consé
quence, il priait l'Assemblée de s'en j
remettre à son patriotisme et à sa pru
dence, et que dans ces conditions il
promettait de faire tout ce que la rai
son indiquerait, c'est-à-dire ne rien
faire du tout.
L'autre figure est sortie de la foule,
austère, sans éclat de gloire}
mais on l'a vite reconnue. C'était là
France croyante. Rarement pareille
clameur s'est élev.ee pour empêcher
un orateur do parler. Il aurait dit sa
pensée et celle des autres ; quel péril !
On n'a pas voulu l'entendre. Pendant
dix minutes il est resté adossé à la tri
bune, et il .a dû descendra sans avoir
prononcé un mot. Nous ne nous souve
nons pas d'un député à^qui l'Assemblée
ait rendu pareil hommage et qui ait
forcé le gouvernement prétendu de la
parole et de la vérité à se faire lui-
même plus juste" et plus sanglant
affront. Gardons le nom de cet homme
do cœur, qui est en même temps un
fiomme fort poli et fort lettré et qui
professe «ne foi dont il peut rendre
compte. Il se nomme M. de BelcasteJ
député de la Hauts-Garonne. H lui a
été donné en ee long quart d'heure de
Juger et le système, et l'Assemblée, et le
temps. Il sait ce qu'il y a dans une
Chambre issue du suffrage universel,
.délibérante, législative, constituante;
|î sait ce qui roule et retentit au fond
ils ces flots écumeux : —Tais-toi,
homme qui dirais la vérité !
Il s'eiî est fallu de peu que le vote
ne fut pris à l'unanimité. M. Gambetta,
entièrement satisfait des « déclarations
•si nettes et si précises de M. le che
du pouvoir exécutif vis-à-vis de nos rela
lions avec l'Italie et le Saint-Siège »
adhérait à l'ordre du jour dont M
Thiers voulait bien. Nous allions former
unpeuplsdefrères ! Mais M. Kelier, trou
vant que M. Gambetta se moquait sans
doute, a déclaré que là chose ne pou
vait pas cependant se passer ainsi. Et
enfin, non sans brouhaha, s'en remet-
tar
du
On nous écrit de Versailles, le 22 juil
let :
Je n'ai pas la prétention d'analyser le dis
cours très étudié el très juste-milieu de M. le
chef du pouvoir exécutif, mais je ne puis
m'empêcher de relever un passage qui m'a
singulièrement frappé. Vous n'avez pas ou
blié le luxe de déclarations officielles par les
quelles le gouvernement a démenti ia lettre
au Saint-Père publiée par différents jour
naux.
M. Jules Favre, à la tribune, a protesfë
contre ia supposition qu'un pareil fuctum
pût êtrç regardé comme l'œuvre de M. le
président du conseil. Ses paroles ont été re
produites h peu près textuellement dans 1
Journal officiel ; dernièrement encore ci
gane du cabinet reprochait au Times,
dinaire si bien informé », d'avoir cru
tence d'un pareil document.
Or, voici les propres expressions dont M.
Tirs ers s'est servi aujourd'hui, à la tribune :
Jo n'ai point écrit la lettre que l'on m'a
prêtée, non... Si jo me permettais, non pas de
donner un conseil au chef du catholicisme,
mais d'exprimer le sentiment de la France ;
si ce prisonnier, comme on l'a qualifié, deve
nait un exilé, je me bornerais à lui dire, à la
face du monde : La France vous sera tou
rs ouverto ! mais Dieu me garde de lui
insinuer k quelque degré que ce soit un coa-
ii; ce sers.it manquer de respect, et je n'en
masquerai jamais à cette puissance si véné-
bîe. Je lui dirais seulement : « Ménagez la
paix des âmes, car tous nous avons besoin de
la paix, de la paix religieuse comme de la paix
politique In
Ne trouvez-vous pas comme moi que ces
paroles renferment toute la substance de ce
factum si solennellement désavoué?
Puisque j'ai pris la plume, je vous signa
lerai encore le passage, suivant, qui a aussi
son intérêt. « Le concordat a établi que lors
qu'il y a des prélats h nommer, le souverain
territorial, quel qu'il'soit, depuis lesouvo-
raia héréditaire jusqu'à ce dépositaire passa-
™" wifm souveraineté, a le droit de dé
Rome
étran-
le
et or-
« d'or-
à i'exis-
française a renvoyé la cause de
à M" le ministre des Affaires
gères.....
C'est-à-dire à M. Jules Favre, là-
bas, dans les régions morales et poli
tique© où siège cet homme d'Etat, en
tre les papiers privés fournis par son
compère Millière et les pièces diplo
matiques: signées par son ambassadeur
Senard!
Par ce vote, l'Assemblée établit cer
tainemant une sorte d'équilibre dans
la situation. Après la capitulation,
après la Commune, et après le renvoi
du Pape à M. Jules Favre, on ne peu
nier qu'une harmonie existe entre l'éla
.de la France militaire, l'état de la France
cm le et l'état de la France catholique.
Nous' avons reçu tout des mêmes
mains,- dans l'espace de moins d'une
année'. Si après cela nous ne nous sou
venons pas du règne des Jules, c'est
que notre mémoire est devenue pares
seuse et fatiguée comme nos bras, et
qu'il ne r^ste plus autant de France
qu'on le croit. ^
On veut e& pérer encore que tout ce
gui survient O» ces jours néfastes est
imbécile et caduque, et passera ; qu'il
y a une France qui en est humiliée et
contaminée, mais non entamée, et qui
n'ignore pas qu'on la déshonore; que
cette France, m,al gré tout, refuse d'a-
postasier ; qu'elle se lèvera, qu'elle se
couera les nains'r infirmes qui se sont
introduits dans eon giron pour le gâ
ter, et qui, cela fait, ne savent plus que
faire. On se ber.ee de ces attentes, et
l'excès même de. l'horreur fait d'une
•certaine manière supporter l'excès ex
piatoire de l'humiliation.
Un jour enfin, excédé et écrasé de la
honte de ces reniements, le cœur de
la France, s'il en reste un lambeau,
a® tournera sans doute avec. amour
vers l'homme que le torrent de l'er
reur publique n'a pas ébranlé un ins
tant, et dont la main loyale s'offre
pour l'appuyer sur Dieu. Il voit cette iné
narrable misère d'un e nation contrainte
sur les plus graves questions de son
existence et de son âme, de se tourner
vers un vieillard frivole et de lui dire :
Faites comme vous voudrez ! Ii voit
cette proie facile aux ambitions vul-
ger de votre souveraineté, a
signer le citoyen frangei-s quijoiniaux ver
tus de l'honnête homme et du prêtre les qua
lités de "administrateur religieux. Le gou
vernement ne présente pas, —il est utile que je
le dise bien haut aujourd'hui, — il ne présente
r il nomme les évêques et les archevêques.
Mais, d'après le traité qui nous-lie, l'Eglise,
lorsque noua avons fait le choix du bon ci
toyen, de l'habile administrateur et du bon
prêtre, l'Eglise prononce et déclare que le
candidat que nous avons nommé, que nous
avons fait évêque, réunit les qualités d'ortho
doxie, les vertus chrétiennes que l'Eglise
seule peut admettre dans son vaste gouver
nement.» Ce qui me paraît utile, à moi, e'est
que de telles paroles ne "passent pas inaper
çues aujourd'hui.
Le Soir , journal officieux du minis
tère, publie la note suivante : "
On s'est beaucoup entretenu, depuis huit
jours, d'une entrevue que M. Gambetta au
rait eue avec le chef du pouvoir exécutif-
La vérité est que M. Gambetta, accompagné
du général Faidharbe, n'a été reçu que jeudi
dernier par M. Thiers.
Le projet do loi sur las grades était le mo
tif de la visite des deux députés, mais l'en
tretien ne s'est pas borné à ce sujet.
Après avoir expliqué le sens vrai du projet
et fait comprendre qu'il est destiné à être
amendé par la Chambra de façon à satisfaire
tout le monde, la chef du pouvoir exécutif a
reçu de la part de ses honorables interlocu
teurs l'assurance qu'ils n'ont jamais voulu
lui refuser ni leur confiance ni leur appui.
L'importance de la dernière séance
de l'Assemblée nationale nous engage
à en donner le compte rendu officiel.
Nous le donnerons demain.
La séance d'hier restera mémorable. Ja
mais plus grande question dans un moment
plus'solennel n'excita de plus vifs débats et
ne souleva tant d'incidents, mêlés da sur
prise, d'émotion, de violence et d'angoisse.
Dès une heure, l'agitation se montrait au
dehors. Dans la rue des Réservoirs, les équi
pages se pressaient tumultueusement. La
cour du Maroc, les couloirs et la Chambre
se remplissaient âs monde. Avant deux heu
res, toutes les tribunes étaient combles. On
y remarquait S. Exc. Mgr Chigi et tout
les ambassadeurs avec leur maison, Mgr
l'évêque de Montauban et un évêque mis
sionnaire, l'aumônier du château de Ver
sailles, plusieurs prêtres, M. Guizof, M.
Schneider, beaucoup d'anciens sénateurs et
députés, Mme Thiers et Mlle Dosne. A
deux heures et demie, les députés étaient au
grand complet.
M. Thiers n'avait pas encore paru. Là
séance s'ouvre par une discussion importante
sur lé cabotage, mais qui se prolonge trop au
gré de l'impatience générale, encore
citée par l'arrivée de Mgr Dupanloup.
fin, on arrive au rapport des pétitions
premier rapporteur, M. Pajot, enchâssant
très habilement les paroles extraites de plu
sieurs pétitions épiscopales, en fait ainsi un
résumé qui prépare fort bien sa conclusion
Il propose de renvoyer les pétitions au mi-
nistère des affaires étrangères.
Le second rapporteur, M.Tarleron, insiste
avec plus d'énergie encore, et c'est aux ap
plaudissements de l'Assemblée qu'après son
rapport très ferme, très chaleureux, trè3 élo
quent, où les infortunes de la Papauté et le
devoir de la France étaient noblement signa-
iés, il conclut aussi, à l 'envoyer les pétitions-,
au ministre des affaires étrangère?.. ; >
L'émotion gagnait l'assistance. Eslo îvûou?'
bîe quand Mgr Dupanloup se lève de ;-on
banc comme pour monter à la tribune. Mais]
au pied de l'estrade il fait un tour, va wrs,
M. Thiers, et au bout d'un colloque de quel-,
ques minutes, c'est , le président dunorst,:!
qui monte à la tribune, pendant que Mgr<;
Dupanloup regagne sa place. Si la curiosité,
mêlée d'angoisse qui était au fond de (tous les s
cœurs n'avait alors éloigné toute idée i'» lo .
médie, l'on se serait amusé de voir M. Thiers
s'arrêter au milieu de l'escalier, puis, après,
avoir dit un mot à l'huissier, attendra fié
vreusement quelque chose qui ne venait pas..'
Etait-ce des papiers? quelque dépêche mmis-t.
térielle? son portefeuille? Au bout de quel
ques minutes on voit paraître un V iao de
vin, accessoire obligé de tous les discours de
M. Thiers. Il n'attendait que cela, et d
parle. ' -
Nous n'avons pas à résumer son discours,
que nous mettrons tout entier sous les yeux
de nos lecteurs; mais il est impossible de ue
pas remarquer qu'au point de- vue oratoire
jamais. M. Thiers n'a été plus incolore et
moins bien inspiré. Pesant.ses mots, traî
nant sa voix, écourtant ses idées da peur de
se laisser aller à redire quelques-unes de ses
anciennes bonnes paroles si opportunément
rappelées par les rapporteurs,"il a été, selon
une expression vulgaire mais juste, d'un
terre à terre parfait. Aussi quel désappointe
ment ! Il s'en apercevait chemin faisant, et
sans cesser da dira qu'il n'y avait rien à
faire, ilaurait bien voulu laisser entendre qu'il
désirait faire quelque chose. 11 n'a persuadé
ni ému personne, et l'accueil fait à ses paro
les a été tel. que nous ne sommes pas peu
&urpri3 de voir figurer au compte rendu offi
ciel de nombreux applaudissements dont le
bruit n'est pas venu jusqu'à nous.
Mgr. Dupanloup lui succède. Son accent
uu peu rude est voilé, mais peu à peu il- s'é
chauffe et, SB laissant aller à parler de la né
cessité de îa religion pour la société, il s'é
lève aveejme force et une éloquence vérita
ble contre les calomnies auxquelles le clergé
a été universellement en butte dans les der
nières élections. Il parle des nobles traditions
de la France avec un accent ému qui appelle
plusieurs fois des applaudissements répétés.
Sur la question môme du pouvoir temporel
il flétrit énergiquement les attentats piéroou-
tais, mais, trop enthousiaste du discours de
M. Thiers, Mgr d'Orléans ne croit rien de
voir ajouter à ce qu'a dit le chef du pouvoir
sur la position à prendre par la France au
sujet àa cette question dans le concert euro
péen.
En avait-il pourtant trop dit? M. Thiers
le pensait peut-être, car il remonte pénible
ment jt la tribune pour rappeler le sens et
les termes de ses premières paroles. La ma
jorité ne pouvait se méprendre sur cette in
sistance. Quoique M. Thiers lui lai? âi en
tière la liberté de son vote, elle comprenait
à merveille que ce vote de confiance ne don
nait aux catholiques que de faibles garanties
L'agitation croissait d'autant plus que per
sonne n'étant satisfait, tout le monde se per
suadait qu'il fallait l'être. Seul M. de Bel
castel juge que les catholiques ont le devoir
d'ajouter quelque chose. Il mon le "à la
tribune, où sa présence soulève -une véri
table tempête. La droite tout entière lui crie
de descendre. Un de ses collègues, M. le
baron Chaurand, croyons-nous, sa précipite
pour l'en arracher,, et beaucoup d'autre
font des gestes désespérés.
M .'Grévy lui-même, qui dans cette dis
cussion a été pour la gauche d'une partialité
évidente, cherche à lui faire comprend r!
qu'il ne doit pas parler. M. de Belcastel ré
siste à ses amis, au président, à la Chambre, j
Il fait signe, car le tumulte couvre sa voix,
qu'.ii a conscience d'avoir • quelque chose à
dire et qu'il la dira. Pâle, résolu", appuyé
contre l'estrade présidentielle, il attend irn-
pisaible que le tapage ait cessé. Dix minu
tes sa passent dans cet infernal brouhaha, et
M. de Belcastel, vaincu, finit enfin par des
cendre. Qu'il reçoive ici nos compliments.
Il a faiVpreuve d'un vrai courage, et nous re
grettons bien baut que ses collègues ne l'aient
ni compris ni' soutenu.
La question paraissait finie et il n'y avait
plus qu'à déterminer la façon de voter. C'est
à ce moment que M. Barthe propose un
amendement formulé en ces termes : L'As
semblée, confiante dans le patriotisme et la pru
dence du chef du pouvoir exécutif.... 'Aussitôt
on remarque une grande agitation dans les
rangs de la gauche; des colloques violents
s'établissent et signalent une scission entre
certains membres radicaux et M. Gambetta
qui ramassaé sur lui-même et groupant ses
amis paraît leur expliquer quelque chose.
Mais voici de nouveau M. Thiers. Le si
lence se rétablit non sans peine. ' Le chef du
pouvoir explique qu'aprè3 ses déclarations,
il est bien résolu à laisser chaque député
voter'selon ses instincts (M. Thiars affection
ne ce mot), sa conscience, etc., que néan
moins s'il doit indiquer .une préférence, elle
est acquise à l'ordre du jour Barthe, à cause
du mot prudence qui s : y trouve, et que M.
Thiers souligne de nouveau. Il n'en était pas
besoin. La droite comprenait à merveille que
cet ordre du jour signifiait autre chose que
les conclusions des rapports; mais "il était
dit qu'on était résolu h paraître satisfait.
Malheureusement pour M. Thiers, M. Gam
betta s'élance à la tribune. En deux mots,
dits avec assez d'art et une feinte modéra
tion, il déclare qu'en présence des explications
de M. Thiers, lui et ses amis, se rallient éga
lement à l'ordre du jour de M. Bwthe. M.
Thiers s'agita. On sent qu'il craint de perdre
■* n " A - 1 - 0+ rm'îl pçii. flfS.asT»
toutes parts, ou essaye de le retenir.
Grévy lui signifie brutalement (le mot n'est
que juste) qu'il ait à ne parier que sur la
position de la question. M. lieller 11e dit
donc que deux mots, mais deux mots qui
font crever l'orage, soulagent la conscience, et
déchirent tous les voiles.
L'adhésion de M. Gambetta, s'éerie-t-il,
une à l'ordre du jour un caractère que
'Assemblée ne peut plus accepter. Pour ma
part, je le repousse. Des applaudissements
éclatent à droite', des cris de fureur à gauche.
M. fceder, vertement tanée par M. Grévy,
qui a conscience du coup droit porté à la stra
tégie-de M. Thiers, quitte la tribune, mais
M, Thiors y saute en colère. Il accuse M.
Kelier à. trois reprises d'être la voix de la dis-
cordj. Celui-ci veut répondre. Le bruit et le
président l'empêchent de- continuer. Le tu
multe reprend avec plus d'ardeur et d'intensité.
Bant. les tribunes tout le monde se lève, de
vives discussions s'engagent, Mgr Dupan
loup reparait h la tribune, accueilli par des
bravos de la droite et du centre. Il déclare que
comme M. Thiers, il accepte l'ordre du jour
Barthe et qu'il ne relire pas sou adhésion
parce que M. Gambetta y donne la
sienne, pourvu que M. Gambetta en
tende cet ordre du jour dans le sens de M.
Thiers... Les applaudissements redoublent;
la gauche furieuse et décontenancée rugit.
M. Thiers sentant de plus en plus son habi
leté en déroute, blêmit et-prend sa tête dans
es mains. M. Gambetta revient à la tribune.
Non, dit-il, l'ordre du jour n'a pas le sens
qu'y donne Mgr d'Orléans, car les rappor
teurs concluaient au renvoi au minisire, et
l'ordre du jour le repousse. La tempête éclate
plus violente que jamais. Au bout d'un quart-
d'heure de tumulte, M. Thiers monte encore
une fois à la tribune, de l'feir d'uncomdamné
qui s'exécute. Après les déclarations de M.
Gambetta, l'ordre du jour. du-u. change en
effet de signification-. Je r t p 0 mua a-
dhésioa et j'accepte le renvoi «ans les condi
tions établies par mon do-ou... L applau
dissements éclatent.plus 1 t j,i et plus
vifs ; la gauche écrasée [Ou "p é 'labiés
hurlements qui obligent M. Grévy de la rappe
ler à l'ordre; mais M. Gambetta, qui ne veut
pas paraître battu, revient à la tribune. Il
obtient ia parole h grauà'peine, et dès les
premiers mots, où il parla do sa sincérité, les
vives réclamations de la droits le jettent dans
une telle fureur, qu'il propose, séance te
nante, un duel pour le lendemain à tous ceux
qui voudront signer leur interruption. On le
force à descendre. Mais c'est au tour de M.
Langlois de bondir comme un chat à la tri
bune, qu'il étr-eint avec fureur, et qu'il "me
nace do m plus vouloir quitter. M. Grévy se
voit obligé d'appeler un huissier pour chas
ser M. Langlois. -
Enfin, après de nouvelles scènes de violen
ce, 'qu'il est à peine possible de,signaler, la
proposition Baze, de venue N la proposition
GambttUa, est misa aux voix et rejetée par
403 voix contre 262.
Le renvoi au ministre des affaires étrangè
res est ensuite ordonné par 447 voix con
tre 87.
' Au sortir, ca n'était qu'un cri : Quelle
séance !
Auguste Roussel.
heureuse audace (l'an 673 de Rome);
et ses efforts furent, d'après lé récit de
Plutarque, couronnés de succès. Ce
souvenir lui resta cher dans., tout le
cours de sa vie ; et, après les vicissitu
des d'une longue carrière, où ne brilla
pas toujours le courage, il conseillait
à son fils de défendre, comme il l'avait
fait lui-même, l'innocence malheu
reuse, surtout lorsqu'elle est attaquée
par de puissants ennemis.
En rappelant aujourd'hui ce discours
de l'orateur romain, où la calomnie et
la spoliation sont flétries en termes si
énergiques, où le silence de ceux qui.
auraient pu parler avec plus d'auto
rité est caractérisé comme l'effet de ia
peur, \je songe à un autre accusé, à
d'autres attentats, à un autre silence
hélas ! bien plus capable d'étonner ia
raison publique, et d8 ruiner au cœur
des nations, le respect pour la justice
^ I T1?
en tremblant, mais même de sortir de
ce jugement parés et chargés des dé
pouilles de leur victime 1{Roc poslulare
hommes sicarios atqm gladiatores, nxm
modo ut supplicia vitent quœ a vobis pro
maleficiis suis metuere atque horrere de-
bent, venim etiam ut spoliis Sex. Roscii
hoc jùdicio ornati aùctique discedant ?)»(2).
Et n'oublions pas, — nous qui lisons
ces paroles plus de dix-neuf cents ans
après qu'elles furent prononcées à
Rome, — n'oublions pas que le prin
cipal coupable était ls favori de.Sylla,
dent un . seul regard pouvait être un
arrêt de mort.
Des chrétiens, des peuples, des gou
vernements auront-ils aujourd'hui
moins de courage que les juges de
Roscius? Et faudra-t-il que les Plutar-
que de l'avenir écrivent qu'ils ont eu
peur ?
Adrien de Thur'et.
couroee
s
ex
En-
Le
le fruit de tous ses efforts, et qu'il est désar
çonné. La droite, de son côté, recommence à
accuser bien haut ses inquiétudes par des
mouvements significatifs. Les cris, les pro
testations, les interpellations se-croisent et se
répètent,.produisant un tumulte, une émo
tion et. une angoisse indescriptibles. Toute la
Chambre est houleuse. Qui sait ce qui sor
tira de cette tempête? A ce moment, M.
Kelier demande la parole. On le sollicite de
Un jour Rome païenne,
sous la terreur, agenouillée devant 1
proscriptions de Sylia, fut témoin tout
à coup d'un spectacle nouveau. Ella
entendit, au milieu de l'avilissement j
général, unè voix courageuse, une pa
role pour la défense de ia justice op
primée.
On accu&ait, on dépouillait, 011 tuait
partout; des récompenses étaient pro
mises aux meurtriers; et l'espoir d'ob-
enir la fortune des victimes multi
pliait les dénonciations et les assassi
nats. C'est alors que Cat-ilina, préludant
ses crimes futurs, faisait mettre au
nombre des proscrits son frère, immolé
de sa propre main; et que, présentant
à Sylla une autre tête qu'il avait pris
plaisir à torturer, il allait ensuite au
temple voisin laver dans l'eau lustrale
ses mains ensanglantées.
Cependant, les kalendes de juin,, de
'année 671, avaient été fixées par le
dictateur comme le terme des pros
criptions et des confiscations. Et, mal
gré cet arrêt, un riche citoyen, Roscius
d'Amérie, fut égorgé à Rome, quelques
mois'après, sans qu'il fût possible de
trouver un prétexte pour l'immoler:.
Un homme cupide, un esclave affranchi
que Sylla avait acheté sur la place pu
blique, l'infâme Chrysogonus, se hâta
de demander au maître que le nom do
Roscius fût inscrit sur les tables de
proscription, et que ses biens fussent
confisqués et vendus. Il l'obtint aisé
ment. Cette fortune s'élevait à six mil
lions de serterees(un million 380 mille
francs), Chrysogonus se 1a fit adjuger
tout entière pour deux mille sesterces
(quatre cent cinquante francs.)
Il avait un peu plus de pudeur que
certains spoliateurs de notre temps, qui
prennent tout eux-mêmes, ou le font
prendre par leurs sicaires, et vont
triompher ensuite, dans cette même
Rome, au nom du progrès et de la ci
vilisation.
Le voleùr Chrysogonus avait dans
cette affaire deux associés, parents de
Roscius lui-même ; et, au milieu de
leur succès, une crainte troublait ces
trois heureux criminels. Un fils de
l'assassiné vivait encore et pouvait re
vendiquer son patrimoine. Ils essayè
rent da le faire périr, mais on parvint
à le soustraire à leurs coups. Alors,
pour mieux le perdre, ils allèrent jus
qu'à le poursuivre devant les tribu
naux, comme coupable de parri
cide.
Personne n'osait se charger de sa
défense. Cicéron, qui n'était âgé- que
de vingt-six ans, et qui n'avait encore
plaidé aucune cause publique, eut cette
- - - . . _ cmc [
ans de bienfaits répandus sur Rome et
sur le monde, à Pie IX spolié, captif,
et que la Révolution sacrilège, — ce
tyran plus cruel que Sylla, — insulte
avec un cynisme nouveau, devant les
gouvernements muets ou complices,
au moment même où elle consomme
contre lui ses lâches violences.
Il n'est pas inutile peut-être pou?
des .chrétiens dégénérés, qui ont tant
abusé des lumières de l'Evangile, — et
qui travaillent' eux-mêmes à détruire
cette admirable civilisation apportée
depuis dix-huit siècles par l'Eglise ca
tholique, — il n'est pas inutile aujour
d'hui de redire quelques paroles sor
ties de la bouche d'un païen illustre,
dont bi conduite fut bien oscillante, ia
philosophie bien ' pauvre, et stérile,
mais qui, plus d'une fois, devant le
crime insolent, sut exhaler du moins
une indignation généreuse.
Ecoutons, et rougissons pour l'Eu
rope.
« Juges, » s'écrie Cicéron, en mon
trant des personnages imposants, dont
les lèvres ne savaient point s'ouvrir ce
jour-là, « juges, tous ces hommes que
vous voyez pensent qu'il faut rompre
la trame ourdie par une scélératesse
inouïe; mais Us ri osent, dans le mal
heur des temps ( propter iniquitatem
temporum) élever eux-mêmes la voix
pour confondre le crime... Us se tai
sent, effrayés par le danger.
a Peut -être demanderez-voua quel
est donc cet effroi, quelle est celte ter
reur qui empêche tant d'hommes si
considérables de défendre la fortune et
la vie d'un ci 'oyen... Nos accusateurs
ont eu soi -v de taire la-vraie cause du
procès.
« Quel en esH'objet? C'est le patri
moine de Sextus* Roscius.'... Chrysogo
nus s'est emparé, sans aucun droit,
de cette fortune opulente; et comme
la vie de Sextus semble le gêner dans
sa jouissance, il demande que vous
calmiez ses inquiétudes et que vous le
délivriez de toute crainte. Il ne sera
jamais tranquille sur la possession de
ce grand héritage, tant que cet inno
cent vivra.... Il veut que vous le sou
lagiez de ce poids qui l'oppresse et le
fatigue le jour et la "nuit, et que vous
lui prêtiez votre secours pour que
cette proie acquise par un si grand
crime lui soit assurée. (Hune sibi ex
animo scrupulum, qui se dies notesque sti
mulai ac pungit, ut eveilatis postulat ; ut
ad hanc suam prœdarn tam nefariam ad-
jutores vos profiteamini (I).
Ce discours est d'une longue éten
due, et lea extraits nombreux que nous
pourrions en faire seraient d'un grand
intérêt. La flétrissure infligée alors à
un crime . privé s'appliquerait, avec
une vérité de plus en plus frappante,
à ces iniquités bien autrement effroya
bles, à ces attentats répétés contre
toutes les lois humaines et divines qui,
en dépouillant le Pape, ont bouleversé
l'Europe et mis en péril l'ordre social
tout entier.
Une pareille étude exigerait trop
d'espace. Mais puisque la Révolution
et tous ses agents à tous les degrés de
mandent, pour tant de forfaits impu
nis, une sanction qui rassure définiti
vement les " coupables, puisqu'on se
flatte d'obtenir l'approbation de la
France malheureuse, et de lui faire
cette insulte suprême, — à elle, la no
ble France, — d'obtenir qu'elle se dés
honore en trahissant Pie IX, en aban
donnant sa faiblesse sacrée, en s'incli-
nant servilement devant ses ennemis
et ses accusateurs, écoutons encore un
instant Cicéron, répondant à l'avocat
de Chrysogonus et de ses complices.
Après avoir déclaré que, si l'on pou
vait découvrir un seul indice, un seul
soupçon, l'ombre même d'un- prétexte
pour accuser le jeune et malheureux
Roscius, il renoncerait à le défendre,
le grand orateur ajoutait :
«. Mais si, au contraire, il ne s'agit
ici que d'assouvir une cupidité tou
jours insatiable, si « le seul but de
tant d'efforts est de mettre le comble
à leurs forfaits, par la condamnation
de l'hômme qu'ils ont dépouillé,
ah ! n'est-ce pas la plus révoltante
de toutes les indignités (Nonne quum
milita, tum vel hocindignissimum est);»
qu'ils vous aient présumés capables
de leur garantir, par vos suffrages, la
possession de ce qu'ils ont su. jusqu'à
présent se procurer eux-mêmes par le
crime et par ie fer?... « C'est a vous
« que des sicaires et des gladiateurs
« osent demander, » je ne dis pas seu
lement d'échapper, au châtiment qu'ils
méritent et qu'ils devraient attendre
^ni'aiilicM italiennes (i)
III
Après avoir incriminé les scandales,
les contradictions, les violences expri
més d'une manière patente dans la loi
des garanties italiennes, il nous reste
à interroger ses sous-entendus. Pre
nons d'abord la situation faite au
clergé dans l'Italie entière, sauf la ville
de Rome et les évêchés suburbicaires,
en faveur desquels il fallait faire mal
gré tout une exception, au moins sur
le papier.
Nous avons vu les difficultés qui at
tendent le Pape dans la collation des
évêchés italiens. Il faudra présenter
au place t un sujet hybride qui con
vienne au roi d'Italie et qui ne discon
vienne pas au souverain Pontife. Où
trouver cet oiseau rare ? Enfin, en a
rencontré une colombe qui a peut-
être un peu de b&ue à la. patte, mais
qui porte à soa bec le rameau d'oli
vier., La loi civil0 accepte « ia manière
dont il a été pourvu à ee bénéfice ma
jeur, et elle accorde Yexequatur ■ relatif
à 1a destination des biens ecclésiasti
ques » de est évêché. Autrement dit,
ei le met le nouvel évêque en posses
sion de sa mense.
Mais avec"le temps cette colombe
s'émancipe et sa transforme en cor
neille. Elle fronde le Pape, elle ridicu
lise les décrets du concile du Vatican,
elle empêche de les enseigner dans les
séminaires. Le Pape avertit. On tient
peu- de compte de ses remontrances,
que le pouvoir temporel n'appuie pas.
Cependant îe mal empire. La foi du
clergé est en péril. Le Pape se sou
vient que d'après les garanties italien
nes « il n'est demandé aucun© forme
d'assentiment gouvernemental pour la
publication et l'exécution des actes des
autorités ecclésiastiques. » En consé
quence, et sans prévenir personne, il
frappe l'évêque prévaricateur et 1e dé
pose de sa charge.
Le prélat destitué s'insurge; ii veut
réclamer l'appui du pouvoir temporel
contre l'acte du pouvoir papal dont il
a à se plaindre. Mais les garanties ita
liennes lui répondent « qu'elles n'ad
mettent aucune réclamation ou appel
contre les actes de cette autorité*. »
Jusqu'ici tout va bien. Mais le récla
mant ne se tient pas pour battu. Il fait
remarquer que sa déposition par le
Pape « a des effets juridiques » consi
dérables par rapport à lui; il n'est plus
évêque de son diocèse; sa puissance •
spirituelle cesse immédiatement; le
clergé et les fidèles ne veulent plus la
reconnaître, èt quant à un point qui
lui fiant encore plus au cœur, comme
à tous le mercenaires, il n'a plus droit
a aux temporalités attachées à son bé
néfice majeur. » Voilà des effets juri
diques de la dernière importance.
Les choses prenant cette tournure, 1
le gouvernement italien « déclare
qu'il appartient à la juridiction civile
de connaître des effets juridiques dès
actes de l'autorité ecclésiastique. » En
conséquence, il attire à lui le procès;
L'autorité civile juge l'autorité ec
clésiastique. Ella trouve facilement
que l'acte pontifical contre un évê
que prétendu hérétique est con
traire aux lois de l'Etat sur la matière,
blesse l'ordre public, trouble les con
sciences et lèse les droits du «particu
lier» évêque. Elle conclut que cet acte
pontifical « doit demeurer sans effet, »
et elle a le dernier mot.
Nous venons de raisonner là sur un
cas de bénéfice majeur. Il est facile de
reproduire le même raisonnement pat-
rapport aux bénéfices mineurs, c'est-
à-dire pour tous les cas où les évêques
peuvent avoir à poursuivre des curés
indignes. Grâce' aux garanties qu© le
gouvernement italien promet aux
mauvais sujets-du clergé, on peut voir
ce que vont devenir la discipline, la foi
et les mœurs du haut en bas de la hié
rarchie. Que voulez-vous que fassent le
Pape et les évêques? Ils gémiront de
voir des loups ravisseurs n'épargnant
pas le troupeau. Mais l'autorité civile
soutient ces loups contre leurs brebis.
En supposant qu'après une longue
et épineuse correspondance, le minis
tère italien ait accueilli la légitimité
des griefs que les supérieurs font va
loir contre tel particulier, éventualité
qui se présentera d'autant plus rare
ment que les ecclésiastiques véreux
sont toujours notés comme de bons
patriotes, la difficulté ne sera pas ré
solue pour cela. Il faudra nommer à ce
(1) Gic., Ûratio pro Sexto Boscio Amerino, 1,2.
(2) Ibid., 3. 4
(1^ Yoi? numéro du lfi juillet.
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