l'année suivante, dans Hippolyte et Aricie, elle | faisait retour à l'Opéra, où elle resta jusqu'à sa mort. Parmi les rôles qui lui firent le plus d'honn«ar, on elle surtout ceux de la Haine dans Orphée, d'Alceste, de Méduse dans le Persde do Philidor, et d'Ernelinde dans la seconde reprise qui eut lieu de cet ouvrage du même mattre. Elle était laide, et sa voix était simplement suffisante-, mais son âme ardente, la passion brûlante qui l'animait, un sentiment pathétique qui allait jusqu'au sublime, en firent une des plus admirables cantatrices dramatiques qu'on eût jamais vues sur notre grande scène musicale. Ces qualités exceptionnelles forent justement cause de sa mort prématurée. M"' Dnrancy relevait & peine d'une maladie grave lorsque Pbllidor lui confia le rôle important de Méduse dans son Pmée. Elle ne se ménagea pas pendant les études, et, une fois en présence da public,' se livra si complètement et laissa tellement débor.der sa passion',» que (de pareils lefforts lui furent fatals. Elle donnait surtout un accent incomparable à l'air si magnifique J'ai perdu la beauté qui me rendait si vaine. Mais bientôt elle n'eut plus la force de lutter contre un tempérament artistique qui l'emportait outre mesure elle retomba malade, et cette fois si gravement, qu'elle mourut le 28 décembre 1780, deux mois après avoir fait cette dernière création.
« Cette excellente actrice, disait VAlmanach musical de 1781, se distinguait dans tons les rôles par la sensibilité de son Ame, par la vérité de ses gestes, par la grâce de sa démarche, la noblesae de son maintien, et par une infinité de petits détails qui ne pouvolent être aperçus que dans une actrice du premier mérite. » Un autre recueil spécial, les Spectacles de Paris (pour 1782), disait de son côté Arec une figure marquée, elle avoit trouvé le secret de plaire dans le rôle de Colette (du Devin du Village); tendre et noble dans Ernellnde, touchante dans Castor,'elle étoit sublime dans Clytemnestre et se faisoit encore admirer dans les rotes de la Haine et de Méduse. Elle étoit si passionnée dans les râles qu'elle faisoit oublier sa figure. Si elle n'a pas été la meilleure chanteuse de POpéra, elle en a été sûrement la plus grande actrice. Il ne lui a manqué que de la beauté pour faire rendre plus de justice à ses tatens concernant la déclaration et pour exciter l'enthousiasme. » Peu de semaines avant sa mort, et à propos de son admirable interprétation du rôle d'Krnelinde, M'" Durancy, à qui le public avait déjà témoigné sa satisfaction, recevait de Favart les vers suivants: 1
O Durancy, par qilolt charron (luiuar*
Par quel heureux prestige alxiKi.tunos tenir
eut l'effet de ion art «nprtrae.
Je cemr»à l'Opéra pour VenMndreet te voir;
L'aclion dttparilt, tu trompe» mon espoir
Je ne volt pliuqu'EmcIiade ellc-mêrac.
DURAND (tmiK), professeur et compost- -f '9> J teur, né à Saint-Brieuc (Câles-du-Nord) le 16 fé-
vrier 1830, vint de bonne heure il Paris, et fut
admis au Conservatoire de cette ville en 1845,
n y fit de bonnes études et tut successivement
élève de M. Napoléon Alkan pour le solfège de
M. Bazin pour l'harmonie et d'Halévy pour la
composition. Après avoir obtenu Un premier prix x
de solfége en 1847, un accessit et un premier
prix d'harmonie et accompagnement en 1850 et
1851 il se présente en 1853 au concours de
l'Institut et se vit décerner le second grand prix
de Rome. M. Emile Durand se livra alors à l'ensei-
gnement déjà, depuis 1850, et bien qu'étant en-
core dlève da Conservatoire pour la composition,
II avait été nommé professeurd'une classe de sol-
fège. Il conserva cette situation jusqu'en 1871,
époque à laquelle il devint professeur d'harmonie
et accompagnement en remplacement de M. Ba-
zin, qui devenait professeur de fugue et de com-
position. M. Durand a publié un assez grand
nombre de mélodies vocales dont quelques-unes
sont empreintes d'un sentiment délicat, et dont
une entre autres, Comme à vingt ans, a obtenu
un succès populaire et prolongé. Il a, en outre,
fait représenter deux petits ouvrages l'i'Étixlr
de Cornélius, opéra-comique en un acte (Fan-
taisies-Parisiennes, 3 février 1808 ) d'un tour
aimable et élégant 2° l'Astronome d» Pont'
Seuf, pochade musicale en un acte (Variétés,
18 février 1869). M. Durand prépare en ce mo-
ment un Traité d'harmonie, ainsi qu'un Traité
d'accompagnement de la base chiffrée et du
chant donné,qni doivent parallre prochainement.
DURAND (Mabie-Accbste), compositeur
et éditeur de musique à Paris, est né en cette
ville le 18 juillet 1830. Fils d'un artiste qui était
professseur de musique au collége Rollin 41 fit
d'excellentes études littéraires dans cet établis-
sement, et comme il avait étudié déjà la mu-
sique avec son père, il se livra, une fois muni
de son diplôme de bachelier, à l'étude de l'har-
monie et de la fugue sous la direction particu-
lière de MM. Bazin et Savard. Il ne fit que passer
au Conservatoire, dans la classe d'orgue de
il. Benoist mais y resta cependant assez de
temps pour puiser dans les excellentes leçons de
ce professeur un amour sérieux de cet admi-
rable instrument, et pour en retenir les bonnes
traditions de son enseignement. Après avoir ter-
miné son éducation musicale, M. Durand devint