fois durer quelques heures, j'ai gagné; c'est un dernier calcul auquel est suspendue ma destinée.
Et celle de votre Marie!
L'avez-vous cru? dit impétueusement Cinq-Mars. Non, non! s'il m'abandonne, je signe le traité d'Espagne et la guerre.
Ah quelle horreur dit le conseiller; une guerre civile! et l'alliance avec l'étranger!
Oui, un crime, reprit froidement Cinq-Mars, eh vous ai-je prié d'y prendre part.
Cruel! ingrat! reprit son ami, pouvez-vous me parler ainsi? Ne savez-vous pas, ne vous ai-je pas prouvé que l'amitié tenait dans mon cœur la place de toutes les passions? Puis-je survivre non seulement à votre mort, mais même au moindre de vos malheurs P Cependant laissez-moi vous fléchir et vous empêcher de frapper la France. 0 mon ami mon seul ami je vous en conjure à genoux, ne soyons pas ainsi parricides, n'assassinons pas notre patrie Je dis nous, car jamais je ne me séparerai de vos actions; conservez-moi l'estime de moi-même, pour laquelle j'ai tant travaillé; ne souillez pas ma vie et ma mort que je vous ai vouées. » De Thou était tombé aux genoux de son ami, et celui-ci, n'ayant plus la force de conserver sa froideur affectée, se jeta dans ses bras en le relevant, et, le serrant contre sa poitrine, lui.dit d'une voix étouffée: « Eh pourquoi m'aimer autant, aussi? Qu'avéz-vous fait, ami? Pourquoi m'aimer? Vous qui êtes sage, pur et vertueux vous que n'égarent pas une passion insensée et le désir de la vengeance vous dont l'âme est nourrie seulement de religion et de science, pourquoi m'aimer? Que vous a donné mon amitié? que des inquiétudes et des peines. Faut-il à présent qu'elle fasse peser des dangers sur vous? Séparez-vous de moi, nous ne sommes plus de la même nature; vous le voyez, les cours m'ont corrompu je n'ai plus de candeur, je n'ai i pius de bonté je médite le malheur d'un homme, je sais tromper un ami. Oubliez-moi, dédaignez-moi: je