ment. Elle ne cessait de replacer sur son front et d'entremêler avec ses boucles de cheveux les rubis qui paraient sa tête, et n'égalaient pas l'éclat et les couleurs s animées de son teint elle regardait souvent Cinq-Mars, mais c'était plutôt le regard de la coquetterie que celui de l'amour, et souvent ses yeux étaient attirés vers les glaces de la toilette, où elle veillait à la symétrie de sa beauté. Ces observations du conseiller commencèrent à lui persuader qu'il s'était trompé en faisant tomber ses soupçons sur elle, et surtout quand il vit qu'elle semblait éprouver quelque plaisir à s'asseoir près de la Reine, tandis que les duchesses étaient debout derrière elle, et qu'elle les regardait souvent avec hauteur. « Dans ce cœur de dix--neuf ans, se dit-il, l'amour serait seul, et aujourd'hui surtout donc. ce n'est pas elle.» La Reine fit un signe de tête presque imperceptible à madame de Guéménée après que les deux amis eurent parlé à voix basse un moment avec chacun et, à ce signe, toutes les femmes, excepté Marie de Gonzague, sortirent de l'appartement sans parler, avec de profondes révérences, comme si c'eût été convenu d'avance. Alors la Reine, retournant son fauteuil ellemême, dit à Monsieur
« Mon frère, je vous prie de vouloir bien venir vous asseoir près de moi. Nous allons nous consulter sur ce que je vous ai dit. La princesse Marie ne sera point de trop; je l'ai priée de rester. Nous n'aurons aucune interruption redouter d'ailleurs. »
La Reine semblait plus libre dans ses manières et dans son langage; et, ne gardant plus sa sévère et cérémonieuse immobilité, elle fit aux autres assistants un geste qui les invitait à s'approcher d'elle.
Gaston d'Orléans,. un peu inquiet de ce début solennel, vint nonchalamment s'asseoir à sa droite, et ditavec un demi-sourire et un air négligent, jouant p.vec sa fraise et la chaîne du Saint-Esprit pendante à son cou aie pense bien, madame, que nous, ne fatiguerons pas les oreilles d'une si jeune personne par une longue