lorsqu'on vint lui dire que la foule n'attendait qu'un geste de sa main pour se retirer, elle le donna gracieusement et avec un air de satisfaction; mais cette joie était loin d'être complète, car le fond de son cœur était troublé par bien des choses et surtout par le pressentiment de la régence. Plus elle ,sé' penchait hors de la fenêtre pour se montrer, plus elle voyait les scènes révoltantes que le jour naissant n'éclairait que trop l'effroi rentrait dans son cœur à mesure qu'il lui devenait plus nécessaire de paraître calme et confiante, et son âme s'attristait de l'enjouement de ses paroles et de son visage. Exposée à tous ces regards, elle se sentait femme, et frémissait en voyant ce peuple qu'elle aurait peut-être bientôt à gouverner, et qui savait déjà demander la mort de quelqu'un et appeler ses Reines. Elle salua donc.
Cent cinquante ans après, ce salut a été répété par une autre princesse, comme elle née du sang d'Autriche, et Reine de.France. La monarchie, sans bpse, telle que Richelieu l'avait faite, naquit et mourut entre ces deux comparutions.
Enfin, la princesse fit refermer ses fenêtres et se hâta de congédier sa suite timide. Les épais rideaux retombèrent sur les vitres bariolées, et la chambre ne fut plus éclairée par un jour qui lui était odieux; de gros flambeaux de cire blanche brûlaient dans les candélabres en forme de bras d'or qui sortaient des tapisseries encadrées et fleurdelisées dont le mur était garni. Elle voulut rester seule avec Marie de Mantoue, et, rentrée avec elle, dans l'enceinte que formait la balustrade royale, elle tomba assise sur son lit, fatiguée de son courage et de ses sourires, et se mit à fondre en larmes, le front .appuyé contre son oreiller. Marie, à genoux sur le marchepied de velours, tenait l'une de ses mains dans les siennes, et, sans oser parler la première, y appuyait sa tête en tremblant; car, jusque-là, jamais on n'avait vu une larme dans les yeux de la Reine. Biles restèrent ainsi pendant quelques minutes, Après