qu'on les avait dirigés sur deux points inexpugnables, et qu'avec leur expérience, et surtout le sens droit et la vue prompte du soldat français, chacun d'eux aurait pu indiquer la place qu'il eût fallu choisir.
Le roi fut frappé de la lenteur des feux.
« La Meijleraie, dit-il avec impatience, voici des batteries qui ne vont pas, vos canonniers dorment. » Le maréchal, les mestres de camp d'artillerie étaient présents, mais aucun ne répondit une syllabe. Ils avaient jeté les yeux sur le Cardinal, qui demeurait immobile comme une statue équestre, et ils l'imitèrent. Il eût fallu répondre que la faute n'était pas aux soldats, mais à celui qui avait ordonné cette fausse disposition de batteries, et c'était Richelieu lui-même qui, feignant de les croire plus utiles où elles se trouvaient, avait fait taire les observations des chefs.
Le Roi fut étonné de ce silence, et, craignant d'avoir commis, par cette question, quelque erreur grossière dans l'art militaire, rougit légèrement, et, se rapprochant du groupe des princes qui l'accompagnaient, leur dit pour prendre contenance
D'Angoulême, Beaufort, c'est bien ennuyeux, n'est-il pas vrai ? nous restons là comme des momies, » Charles de Valois s'approcha et dit
« Il-me semble, Sire, que l'on n'a pas employé ici les machines de l'ingénieur Pompée-Targon.
Parbleu, dit le duc de Beaufort en regardant fixement Richelieu, c'est que nous aimions beaucoup mieux prendre La Rochelle que Perpignan, dans le temps où vint cet italien. Ici, pas une machine prépa- rée, pas une mine, pas un pétard sous ces murailles, et le maréchal de La Meilleraie m'a dit ce matin qu'il avait proposé d'en faire approcher pour ouvrir la tranchée. Ce n'était ni le Castillet, ni ces six grands bastions de l'enveloppe, ni la demi-lune qu'il fallait attaquer. Si nous allons ce train, le grand bras de pierre de la citadelle nous montrera le poing lùtwtemps ens corê. »