« M. Villemain nous rappelait avec éloge et complai-
sance, dans ses leçons sur la tribune anglaise, qu'en Angleterre, dans l'intervalle des sessions, la république était proclamée et soutenue impunément. Puisque le ministère passe si souvent le détroit pour raviver son système d'emprunt à l'air natal, je ferai avec lui le voyage, pour vous rappeler encore, Messieurs, la rareté des procès politiques chez'nos voisins d'outremer, et le chef du parquet britannique s'excusant, en plein parlement, de ne pas mettre en cause les théories des publicistes radicaux.
« Le roi vient de rétablir la classe des sciences mo-
rales et politiques, sous le titre d'académie. Ce rétablissement lui avait été proposé par M. Guizot, dans un rapport fort remarquable. Les bases de la morale et de la politique toutes les législations civiles et religieuses relèvent de l'examen libre des trente membres qui composent cette académie.
« Le principe qui a engagé M. Guizot à proposer, et
le roi à ordonner le retour' d'une pareille institution, c'est le principe de la discussion indépendante. Les errem's spéculatives n'ont pas besoin de répress,ion; et le pacte fondamental d'un pays bien gouverné peut les braver. Si les institutions sont bonnes et répandent le bonheur autour d'elles, la pensée, dans ses témérités les plus hasardeuses, ne saurait prévaloir contre leur véritépratique. Un gouvernement, créé par le peuple et fonctionnant pour le peuple, s'appuie sur la raison publique., et ne redoute pas les égaremens de la raison individuelle. C'est le privilège des gouvernemens libres de résister aux épreuves dont s'effraie le pouvoir absolu. Il n'y a qu'un pouvoir, usurpateur des droits de l'humanité, qui ait à redouter la raison la raison lors même qu'elle ne l'attaque pas, lui est funeste; car elle est raison elle est dans le vrai, et lui est dans le faux. Les consé-