question de Charlemagne, qui veille de ta même façon dans teWunderberg, sa eouronne d'or sur la tète, avec sa longue barbe qui lui couvre lapoitrine et sa cour de seigneurs rangée autour de lui « Ce qu'il attend là, on ne sait; la tradition dit que c'est te secret de Dieu. » Leapoëtcs, après tes conteurs, ont exploité la légende de Barberonsse, Kern citerons seulement ici deux strophes du poëme do GermanM, d~Henrmeine, où itmet en scène Frédéric dans te Kytfhœuser. 11 décrit tes quatre salles fantastiquement éctairées, qui forment ee palais souterrain de l'empereur, et ajouté
L'empereur habite la quatrième salle depuis bien des siècles, et il est assis sur la chaise de pierre devant sa table de pierre, la tête entre ses mains.
« Sa barbe, qui descend jusqu'à terre, est rouge comme le feu. Par moment, it remue la paupière, d'autres fois it fronce tes sourcils. » !f rêve, il attend, il soupire. « Quand Frédéric reparaîtra, dit une des traditions que nous venons de citer, it suspendra son bouclier à un arbre desséché. On verra l'arbre reverdir, et ce sera !e signe d'une nouvelle ère de vertus et de feticite. »
C'est ainsi que tes Bretons du pays de Galles et de t'Armorique semblent toujours attendre et prédisent, dans leurs chants, le retour d'Arthur, le roi des preux de la Table ronde, transporté, après son dernier combat, dans l'ile d'~fa/o?;, J'lie des fées, bien loin vers le Nord, au delà de la Crande-Bretagne.
Rien ne peut mieux donner une idée de cette profonde et tenace mémoire des imaginations allemandes, plongeant encore si avant dans le passé, que ce passage de Henri Heine
« II existe en Westphatie des vieillards qui savent encore o& sont enfouies les vieilles idotes. A leur fit de mort, ils le disent à teur dernier petit-fib, et celui-ci porte ce secret sacré dans son cœur, comme un trésor. En Westphafie, la Saxonie des anciens, n'est pas mort tout ce qui est enterré. Quand on y parcourt tes vieux bois de chênes, on entend encore des voix des anciens siècles. Un sentiment indéfinissable me fit tressaillir alors que j'errai sous les ombrages de la vieille foret. Quand je passai devant le Sicgbourg, mon guide me dit C'est ici qu'habitait le roi WitteMnd et it soupira profondement. C'était un simple bûcheron, et il portait une grande, hache. Je suis convaincu que cet homme se bat encore aujourd'hui, s'il le faut, pour le roi Wittetiind »
Heine touche ici du doigt, en passant, au côté excessif et parfois dangereux de cette ténacité de souvenir qui peut servir beaucoup la poésie et susciter de grandes choses, mais qui peut d'autre part entraver le progrès des idées et des mœurs chez des natures aussi simples que fortes.