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On quitte ce fragment infime du champ de bataille où m la fusillade déchire, blesse et tue à nouveau des cada- M vres. On se dirige vers la droite et vers l'arrière. Le É boyau de communication monte. En haut du ravin, on 1 passe devant un poste téléphonique et un groupe d'ofû- >|| ciers d'artillerie et d'artilleurs. j
Là, nouvelle pause. On piétine et on écoute l'observa- M teur d'artillerie crier des ordres que recueille «rt répète M le téléphoniste enterré à côté :j Première pièce, même hausse. Deux dixièmes à §1 gauche. Trois explosifs à une minute I 1
Quelques-uns de nous ont risqué la tête au-dessus du 1 rebord du talus et ont pu embrasser de l'œil, le temps d'un éelair, tout le champ de bataille autour duquel notre || compagnie tourne vaguement depuis ce matin. 1 J'ai aperçu une plaine grise, démesurée, ob le vent ï semble pousser, en largeur, de confuses et légères onâuv i lations de poussière piquées par endroits d'un flot de i fumée plus pointu. 1
Cet espace immense où le soleil et les nuages trainent i des plaques de noir et de blanc, étincelle sourdement de place en place ce sont nos batteries qui tirent et je i l'ai vu à un moment, tout entier pailleté d'éclats brefs. A i un autre moment, une partie des campagnes s'est 1 estompée sous une taie vaporeuse et blanchâtre une 1 sorte de tourmente de neige. )
Au loin, sur les sinistres champs interminables, à demi effacés et couleur de haillons, et troués autant que | des nécropoles, on remarque, comme un morceau de | papier déchiré, le fin squelette d'une église et, d'un bord | à l'autre du tableau, de vagues rangées de traits verticaux 1 rapprochés et soulignés, comme les bâtons des -pages J d'écritnre des routes avec leurs arbres. De minces si- n nuosités rayent la plaine en long et en large, la quadrillent, et ces sinuosités sont pointillées d'hommes. I
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