L'engin avait été renforcé dans celles de ses parties arrière qui s'étaient révélées un peu faibles au cours des précédentes tentatives. Il s'ensuivait une augmentation de poids d'une trentaine de kilos, mais l'appareil montra que cette surcharge ne le gênait guère.
Il fut fait exactement cinq tentatives ce jour-là : La première, simple galop d'essai à 11 h. 13, avait uniquement pour but de vérifier la solidité de l'appareil modifié comme nous l'avons dit et le bon réglage des tendeurs. Après
L'aéroplane Delagrange. — En ha lit, vue de côté; en bas, vue en plan. (Voir la description de l'appareil dans YAérophile de mars 1907.)
un parcours de deux cents mètres environ à une petite allure sans avance à l'allumage, l'aéroplane minutieusement vérifié dans toutes ses parties n'avait pas bougé.
Néanmoins, un deuxième essai fut fait dans les mêmes conditions à midi et sur la fin de sa course, l'appareil quittait le sol d'une des roues avant.
Après le répit du déjeûner eurent lieu les véritables tentatives d'envolée.
A 2 h. 45, l'appareil fait un faible parcours sans s'enlever en dérivant sensiblement sur sa gauche.
L'essai est repris à 3 h. 4. Cette fois, après un parcours de 80 à 90 mètres, l'aéroplane s'enlève nettement des trois roues et franchit ainsi, en plein vol, une dizaine de mètres obéissant à une manœuvre à peine perceptible du gouvernail avant.
Le pilote coupe aussitôt l'allumage, craignant de se voir drosser encore à bâbord.
La dernière expérience, à 3 h. 45, donna lieu aussi à une envolée très nette, trop vive interrompue par l'imprudence de quelques spectateurs qui mettent une évidente mauvaise grâce à se ranger.
M. Gabriel Voisin avait cédé, pour cette fois, sa place à bord à son frère M. Charles