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Notice complète:

Titre : Bulletin paroissial de N. D. de la Guerche

Éditeur : H. Vatar (Rennes)

Date d'édition : 1917-06-01

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb42742854d

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb42742854d/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 1132

Description : 01 juin 1917

Description : 1917/06/01 (N30)-1917/06/30.

Description : Collection numérique : Documents consacrés à la Première Guerre mondiale

Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k65244618

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, BP-1 (LA GUERCHE-DE-BRETAGNE)

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/05/2013

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1, @) du $ ♦1- 1+

UN NOUVEAU JEU DE CARTES Si, cette fois, nous faisions de la politique, — ou quelque chose qui lui ressemble ?

Mais ce sera de la bonne politique, rassurez-vous. Dame Censure elle-même, qui a les ciseaux faciles, n'aura rien — je pense — à y reprendre.

Par exemple, si nous parlions des certes ?

Pas des cartes à jouer, qui sont pourtant un moyen facile de tuer le temps, en d'interminables manilles ou autres jeux semblables. Celles-là ont été inventées, il y a longtemps déjà, pour calmer, dit-on, la folie de certain roi bien malheureux, Charles VI, et depuis, elles ont amusé bien des sages.

Notre siècle de progrès a inventé un nouveau jeu de cartes, obligatoire et patriotique, qui menace de s'imposer à tous, depuis le bébé au berceau jusqu'au vieillard près de mourir.

Les anciennes cartes étaient de jolis morceaux de cartons portant des figures de rois et de déesses : César, Alexandre, Pallas, Judith. avec de bonnes têtes qui paraissaient plus souriantes quand elles étaient de Y atout, — ou bien des champs de trèfle, et de cœurs. On savait ce que cela voulait dire.

C'étaient de braves et bonnes cartes, qui faisaient, et qui feront encore l'amusement des enfants et la tranquillité des parents.

* ** Les. nouvelles cartes, dont je veux vous parler, ne ressemblent point aux anciennes. Elles ne sont point faites pour amuser les gens qui s'en serviront, et si on a commencé par en rire, on pourrait bien finir par en pleurer.

D'abord, elles nous sont envoyées par le général Dizette, — c'est assez dire, — un vilain personnage, que les peintres représentent avec de grandes dents et un corps très maigre.

Et ce sont comme des cartes de visite qu'il envoie devant lui, pour.nous obliger à penser à lui — et à nous aussi.

Plusieurs de ses cartes sont arrivées déjà.

Il y en a une que je n'ai point vue, assez rare, réservée aux gros Messieurs qui savent jouer du volant. Elle est dénommée carte d'essence. M. le Préfet d'Ille-et-Vilaine a fait savoir ces jours-ci à ses administrés qu'elle ne répondait plus à rien. et alors il va garder le jeu complet chez lui, sans doute pour jouer tout seul, en attendant l'essence désirée. — Les belles voitures, avec tous leurs chevaux H P, vont rester au garage. Plus de


joyeuses xandonnées, plus de poussière sur les routes, plus de corneà menaçantes. La bicyclette seule, actionnée par les jarrets solides, va redevenir la reine de ■ la route, comme disait une affiche. J'en connais quelques-uns qui regrettent l'autre l'auto confortable et rapide. Mais c'est la guerre 1

* **

Une autre, pluil populaire et démocratique, que tout le monde connaît, celle-là, c'est la carte de sucre. Elle nous est arrivée proprette et chargée d'espérances, divisée en petits carrés, avec des dates : Ie décade, 2e décade. Celle-là, au moins, représente quelque chose de vrai et de doux. Vous n'avez qu'à porter la précieuse carte chez votre épicière. avec un peu' d'argent en plus, ou plutôt quelques morceaux de papier, souvent chiffonnés et sales, dont on ne voudrait ni dont on ne pourrait rien faire autrement Et en échange de ces vils papiers, vous recevez le beau sucre Wanc, bien aligné en morceaux tout pareils dans-ses boîtes fragiles, ou bien réduit en poudre légère, qui fondra plus vite encore que les mottes dans la crème ou le café.

Chose curieuse ! Depuis la carte, on a constaté, dans les épiceries, qu'il fallait beaucoup plus de sucre qu'auparavant. Des gens qui dépensaient peu de sucre se sont aperçus que le doux produit leur était nécessaire comme aux autres, et il leur. faut leur part. C'est juste. Et puis, voilà la saison des confitures qui va venir. Il y faudra beaucoup de sucre. A moins qu'on y emploie la sac carine ! -

Pourvu que cela dure !

* ** Ce ne sera pas tout.

On nous annonce que le jeu va se compléter. De par M. Violette, ministre du Ravitaillement, on nous promet d'autres cartes : cartes de viande, carte de pain, même ! peut-être cartes de charbon, de bois, de savon, etc. Tant de livres et d'onces par tête — ou plutôt par ventre ! Il faut ménager en tout. Et cela sans doute concorderait bien avec les désirs de nos ménagères, 41 u prix que tout est, comme on dit. Le problème consistera à faire concorder aussi la ration accordée avec la capacité des estomacs. Les moins affamés cèderont aimablement partie de leur portion aux plus grands appétits. t Encore faudra-t-il que cela dure !

■ * **

Nous arrivons là au sérieux, car je ne voudrais pas écrire seulement pour rire. Le suj et est trop grave pour cela.

Donc, pour que cela dure, cartes et tout ce qu'elle représentent, il faut être beau joueur ! il faut que nous soyons bons joueurs ! Vous m'entendez bien.

Si, au bout de trois années de guerre, nous en sommes arrivés là, qu'il faille rationner nos estomacs, c'est qu'on prévoit la disette. Il serait exagéré de parler de la famine, qui est souvent compagne de la guerre. Nous pouvons compter sur nos fidèles


alliés, sur l'Amérique du Nord pour le blé, et sur celle du Sud pour la viande. Oui. *

Mais cela coûtera cher, très cher, et nous ne sommes plus très riches. Il faut dônc économiser, beaucoup plus que par le passé.

C'est un'devoir de patriotisme et de bonne fraternité. Nous acceptons d'être privés de gâteaux et de friandises. Cela n'est point difficile, pour beaucoup d'entre nous qui d'avance n'usions guèru de ces inutiles douceurs.

Le devoir actuel va beaucoup plus loin. Il impose l'économie sur tout. Car toute dépense inutile ou exagérée grève le trésor de la grande famille française. Si, dans une maison, pendant que les autres travaillent et se privent, il y a un des enfants (fui gaspille et prodigue,, le résultat sera le même. Ce sera la ruine.

Ft personne n'a le droit de ruiner les autres.

Pas même si la triche est facile. Il est entendu qu'il y a du lard dans les charniers, et du 1"blt dans les greniers, et des réserves dans certains offices. Et d'avance on plaisante des jours sans viande. La chose est pourtant grave: Il faudrait accepter et pratiquer la défense loyalement, pour que la mesure ait son effet. Après tout, cela ne fera encore, pour nous autres chrétiens pratiquants, qu'un jour d'abstinence en plus, le jeudi ajouté au vendredi. Et nous sommes bien capables, par patriotisme, de faire ce que nous faisons déjà, pendant le Carême, par devoir de conscience.

* **

Donc, la guerre n'est plus seulement au front. Elle est partout, à l'arrière, dans les villps où tout est cher, dans les campagnes où le travail est dur, aux rayons dégarnis de nos magasins, à l'étal des bouchers, où les crocs, par ordre, devront rester vides à certains jours, et jusque dans nos cuisines, où nos ménagères devront s'ingénier à toutes les économies.

Mais, après tout, que seront nos privations et nos souffrances auprès de celles de nos poilus ? Et qui a le droit de se plaindre, en pensant à eux ? Cette seule pensée devrait nous rendre capables de tout supporter.

Et les Allemands donc ? Il y a longtemps qu'on nous dit qu'ils souffrent de la famine, et qu'ils doivent souvent se serrer la. ceinture d'un cran en guise de dîner. Nous ne les avons pas plaints, par exemple ! Mais il apparaît qu'ils se résignent à , t( utes les privations imposées par l'autorité militaire. On a bien signalé quelques émeutes dans les grandes villes. Ils tiennent quand même, eux dont la cause est mauvaise. Nous autres, qui luttons pour la défense de nos droits les plus sacré?, pour notre existence. même de peuplë7 pour. notre France, ne serons-nous pas capables d'élever nos courages à la hauteur de notre patriotisme et du devoir ?

Si donc les cartes s'imposent, acceptons-les'de bon cœur. C'est le cas de dire que le jeu vaut bien la chandelle.

** Un dernier mot. Si, à ces considérations patriotiques, nous


ajoutions un brin de surnaturel ! Si nous voulions donner à nos petites privations la valeur du mérite, si nous voulions en faire un sacrifice accepté, qui s'unirait, comme le ruisseau à l'Océan, aux grands sacrifices, aux sacrifices sanglants de nos chers soldats, de nos blessés, de nos morts, à tous ceux qui nous vau- dront la rédemption de notre France, nous aurions tout à y gagner ! Nos abstinences en seraient plus méritoires, et plus faciles aussi. Nous pourrions croire que nous ne sommes point tout à fait inutiles dans la grande bataille qui se continue et quand nos soldats vainqueurs nous raconterons leurs souffrances héroïquement supportées, nous penserons, humblement, que nous aussi, nous avons connu les privations des années terribles, et que nous étions aussi de la grande (luerre.

Curé-doyen.

A Travers

La Vie Paroissiale

Extrait des Registres Paroissiaux de La Guerche Baptêmes : f

Le 13 mai : Supplément des cérémonies du baptême de MartheMarip-Thérèse-Emilie Olivry, fille de M. Emile et de Dame Marthe Mézerette. Parrain : M. Emile Olivry, son frère ; marraine : Mlle Jeanne Olivry, sa soéur.

Le 18 : Supplément des cérémonies du baptême de René-Louis Hiestand, fils de M. le commandant Frédéric Hiestand, mort au champ d'honneur, et de Dame Juliette Courteille. Parrain : M.

Jean Dartois ; marraine : Mme Segretain, sa grand-mère.

Mariages: Le 12 mai : M. François Raymond, né à Laval, et domicilié à La Guerche, et Dame Eudoxie Meslin, née et domiciliée à La Guerche.

Le 19 : M. Joseph Vengeant, né à Eancé, domicilié à La Guerche, et Mlle Philomène Lemoine, née à Saint-Germain du Pinel.

domiciliée à La Guerche.

Enfermements. :

Le 3 mai : M. Baptiste Brasselet, décédé le 30 avril, aux Sablonnières, à l'âge de 48 ans.

Le 13 : Georgette Gémin, décédée le 11, rue Neuve, à l'âge de 4 ans.

Le 21 : Georges Chrétien, décédé le 18, a la Lande, à l'âge de 8 ans.

La Première Communion Solennelle Ce fut une délicieuse journée, admirablement préparée par notre prédicateur, M. l'abbé Pinault, vicaire à Saint-Germain de Rennes ! Sa parole ardente, sa vive piété, aidèrent puissamment ld bonne volonté de nos chers enfants. Le ciel voulut bien, cette


année encore, se mettre de la partie î Les prophètes de-malheur en furent pour leurs frais. Le soleil des cieux s'unit au soleil des âmes pour faire la fête plus belle encore.

Nous donnons les noms des dix premiers de chaque Communion :

Première Communion GARÇONS. — Joseph Marsollier, Henri Platier, Francis Houillon René Hiestan, Louis Chabot, François Marsollier, Pierre Eludes, Joseph Guyot, Félix Renier, Louis Cusson. ., FILLES. — Marcelle Guichon, Clémence Marchand, Marie-Anne Devy, Léonie Jeudy, Juliette Angot, Marie-Joseph Vivien, Madeleine Daguin, Marie-Ange Béru, Rosalie Vengeant, Adelaïde Certenais.

Deuxième Communion GARÇONS. — Ferdinand Piton, Jean Peltier, Jean Bédier, Pierre Gérault, Germain Jeudy, Joseph Chabot, Pierre Lebleu,, Victor Brochard, Gaston Morel, Yves Abraham.

FILLES. — Madeleine Richard, Marie Petit, Eloïse Fouchet, Claire Jeudy, Marie-Louise Lavignc, Marie MigauJt, Jeanne Olivry, Maria Bignon, Denise Richard, Marie Jardin, Troisième Communion GARÇONS. — Charles Pulvé, Gustave Beaudhuin, Gabriel Re-

naut, Jean Gouarin, Emile. Olivry. Emmanuel' Ferron, Victor Boutruche, Victor Pivert, Marcel Baudouin, Ernest Platier.

FILLES, — Marie Croûton, Andrée Lahais, Angèle Cornée. Mal* guerite Baglin, Marie-Madeleine Hervagault, Marie Clément, Anna Bourry, Marie Thouin, Anna Goupil, Marie Geffray.

Fête-Dieu Premier parcours -, Rue du Cheval Blanc, rue Neuve, rue d'Anjou, rue de Rannée, Grand-Mail, rue du Four, rue du Cheval Blanc. 1 Deuxième parcours : Rue Notre-Dame, faubourg de Rennes, u/-i'~l: r>ourtm} r nnrd, rue Dugueclin, Nous faisons appel à la bonne volonté de tous les Guerchais, pour donner à nos processions, malgré les temps douloureux que nous vivons, la magnificence du passé. L'an dernier, l'élan a été admirable. Nous espérons qu'il en sera de même cette année.

Les parcours pourront être modifiés si des personnes veulent faire des reposoirs en dehors des parcours traditionnels. Le hommes sont spécialement invités à faire une escorte d'honneur à Notre-Seigneur !

\/V'II Pour nos Poilus du front.

Nous attendions avec angoisse les nouvelles de nos chers « poilus » après la terrible offensive du 16 avril. Les lettres sont arrivées, à peu près de tous, nous apportant les émouvantes impressions de ces journées mémorables. La Bonne Dame de La Guerehe a encore une fois protégé d'une manière visible les jeunes de notre Patronage ! A peu près tous étaient au fort de la mêlée ! La mort les a touchés ! Aussi leurs lettres sont un cri de reconnaissance pour Celle qu'ils aiment tant et qu'ils prient avec une si grande confiance !

André Foucher et Albert Lemonnier, de Monflon, blessés tous deux au commencement de l'attaque, sont en très bonne voie


de guérison. Nous les attendons prochainement en convalescence Auguste Lahais a été blessé pour la seconde fois d'un éciat d'obus à l'œil. M. Bourguillaux, évacué à une ambulance de Rouen pour rhumatismes, et Léon Guillois, évacué à Pougues, dans la Nièvre, vont aussi bien que possible.

La reprise des permissions nous a procuré le plaisir de rencontrer plusieurs 4e nos chers « poilus. » Au hasard : M. Raffali, arrivé de Salonique ; M. Derouct, sous-lieutenant ; Henri Lohais, Louis Gautier, des Jongleurs ; MM. Bellanger, Vannier, Alexis Renaut, Pulvé, Legrée, Loiseau, de la Pinelière ; Fouet, des Fontaines ; Joseph David, de la Sallerie ; Albert Lemonnier, de Monflon ; Edouard Tournelier, Charles Louis ; quelques-uns de nos bleuets : Alexis Leseure, André Lairie, Hervagault, Victor Désert.

M. Lecuyer a quitté la paroisse de Drouges pour endosser l'uniforme, Il a été versé au train des équipages et a rejoint à Pontorson. Les Guerchais ne l'oublieront pas dans leurs prières.

vw Au Tableau d'honneur de La Guerche.

David Emile, brancardier au 330e d'infanterie : « Brancardier d'un dévouement absolu, toujours prêt à accomplir les plus périlleuses missions. A ramené dans nos lignes un grand nombre de blessés et s'est proposé spontanément pour aller oliercher le corps du chef de bataillon tombé dans les lignes ennemies. A réussi à le ramener sous un violent bombardement, donnant l'exemple d'un beau sentiment du devoir et d'un absolu mépris du danger. »

Fouilleul Félix, soldat au 2" d'infanterie : « Bon soldat, courageux et dévoué ; s'est particulièrement distingué dans les combats du 17 et 21 mars 1917. »

V'.N Nos Glorieux Morts.

Deux tout jeunes tombés glorieusement dans l'offensive Lucien Leprêtre, du faubourg d'Anjou, 410" d'infanterie.

Une lettre d'un camarade avait annoncé la douloureuse nouvelle. Une lettre de l'aumônier est venue la confirmer : « Votre frère Lucien a été tué en montant à l'assaut le 16 avril dernier.

Il a été frappé d'une balle à la tête et est mort sur le coup.

Je n'ai d'ailleurs pas d'inquiétude sur son compte, car je l'avais vu avant de monter à l'assaut. Il était bien préparé et il est mort en bon chrétien et en bon Français, donnant généreusement sa vie pour Dieu et pour la France.

Il emporte avec lui l'estime et l'admiration de tous ses chefs et de tous ses camarades. Le colonel me prie de transmettre à la pauvre famille ses sentiments de douloureuse sympathie, prenant bien part à sa douleur si légitime. J'ai pu la nuit suivante relever le corps de votre frère et lui donner la sépulture chrétienne au cimetière du village de en avant de Quatre jours après, François Piquet, du 41e d'infanterie, tombait à son tour, mortellement blessé par un éclat d'obus sur le même front Lui aussi est mort en bon chrétien. En montant prévoyant le danger qu'il allait courir et la mort qui l'attendait, il avait écrit pour rassurer les siens et leur dire que son âme était prête ! Notre-Dame de La Guerche qu'il avait tant priée l'aura bien reçu là-haut !


- A F. : « A la nuit nous sommes .partis pour prendre position - il eouvait et neigeait beaucoup. Mais cela n'empêchait pas l'excellent moral que je n'avais jamais vu siiton. TSTotre capitaine, se trompant de boyau, nous fit nager passablement. n faisait noir Avec le chargement -complet et le mauvais terrain, nous fatiguions beaucoup. Mais, au lieu de paroles contrariantes, les poilus n'avaient qu'un mot pour rire.

Arrivés en" ligne, nous occupons la parallèle de départ. Nous comptions placer quelques sentinelles pour que le reste du bataillon puisse prendre quelque repos. Mais point : tout le monde reste en ligne ,et sans abri, et pourtant il pleuvait touiours Enfin tant pis ! Nous acceptons tout et attendons l'heure de l'assaut : 4 h. 45. Pour mon -escouade, je regarde une brèche dans les fils de fer pour pouvoir passer. J'étais plein de confiance, très calme. Je .regatde ma montre que j'avais réglée sur celle de mon chef de section. 4 h, 30 : encore 15 minutes d'attente et nous devrons bondir. Je préviens mes braves poilus pour leur dire de s'équiper et -aussi pour nous serrer la main. Le moment est poignan;L Chacun me fait une petite recommandation. « Tu n'oublieras pas d'écrire à ma femme, toujours 1 Dis-lui bien tel que c'est. » Un autre : « Pense à ma mène ! »

Rien que des choses de ce genre. Il est l'heure ! Le chef de section commande : « Baïonnettes aux canons ! » Un bruit d'acier ; les baïonnettes sont à, leur place ; un coup de sifflet est donné ; en un bond, la première est sur le « Rase-tout. »

Nous sommes couverts par deux tirs de barrage. Nous prenons la première tranchée sans un coup de fusil et même sans tir de barrage d'artillerie ennemie ! La tranchée n'est plus tranchée : elle est complètement bouleversée par nos grosses pièces.

de même que le terrain sur une très .grande profondeur. Jamais de ma vie, je n'ai vu pareille destruction. Après la première ligne, la deuxième et la troisième tombe et ainsi de suite pendant deux heures que j'ai -combattu.

Mais, après la deuxième tranchée, plusieurs mitrailleuses balayent le terrain pour protéger la retraite boche. Quelques poilus tombent blessés, mais il n'y a pas de morts. Eii avançant, je tombe sur un trou d'obus dans lequelétait couché l'abbé Thévenin, mon grand ami. - Je me précipite et lui demande quelle est sa blessure. -Une balle à la jambe l'avait couché ! Avec un autre grand camarade, nous lui faisons un pansement, puis, détachant sa couverture de sur le sac, nous l'étendons sur lui. car il neige et les brancardiers ne passeront peut-être pas tout de suite. Nous nous embrassons comme deux frères. Je lui donne quelques renseignements qui peuvent le rassurer et je continue en avant.

Je rejoins mon chef de section dans la troisième ligne boche Une mitrailleuse,à droite nous gène beaucoup. Il me commande de faire feu dessus avec des grenades à fusils. Mon équipe frappe bien l'endroit, mais n'empêche pas le moulin à café de tirer Je suis alors commandé de prendre la mitrailleuse d'assaut avec six poilus. Mes dispositions sont prises : cinq grenadiers à droite approchent les mitrailleurs en rampant, en se servant des trous

FLEURS DES TRANCHÉES


d'obus et taquinent l'ennemi. Pendant ce temps, avec cinq voltigeurs j'avance sur la pièce. Notre manœuvre a parfaitement réussi. Nous prenons l'ennemi par derrière. Ils s'ont six Boches, dont le tireur attaché à vsa mitrailleuse avec des chaînes. Un officier, blanc bec, veut riposter, mais inutile : il est trop tard.

Malheureusement pour lui, l'adjudant Lagrée, un terrible, a vu les menaces du Boche. De sa baïonnette, il met comme une pas- soire le corps de l'officier boohe. Quel spectacle, Monsieur l'Abbé 1 Après cette séance, je rejoins mon lieutenant et lui rend compte du travail fait. Il me serre la main et me félicite. La mitrailleuse est portée en arrière de nos lignes par les cinq Boches survivants. Ensuite, nous continuons d'avancer pendant quelques mètres. Le terrain est terriblement bouleversé. Nous avons beaucoup de peine à marcher. A chaque pas, nous enfonçons jusqu'à la cheville.

La pose se fait : nous discutons, nous rions, nous buvons un coup de pinard. Pas plus qu'au cantonnement, nous nous en faisons. Jamais je,n'ai vu pareil assaut : ce n'est pas croyable.

D'autres mitrailleuses crachent encore et nous obligent à nous aplatir dans les trous d'obus. Mais nous continuons d'être gais.

Quinze cents mètres sont enlevés en profondeur. Un bois devant nous masque des mitrailleuses. Notre tir ne s'allonge plus. Nous devons donc nous arrêter-un moment.

Pour recevoir un ordre, je quitte ma place pour aller près du chef de section. Mais bientôt je suis coucihé par un vandale qui me prend de flanc. Il m'a tiré d'une distance de 50 mètres. Je l'ai aperçu au moment où1 il me tirait dessus. Je suis blessé à l'épaule droite, mais je reste toujours fort et capable. Sachant qu'il est dans un trou d'obus, que ma gauche âvançait, il était obligé de fuir, ou de se rendre. Aussi, je le surveillai. Juste, quelques minutes d'attente et j'aperçois « Fritz » Je ne perds pas de temps : je cours derrière et, à vingt mètres, je fais feu-sur lui: Il tombe : je m'approche, il est touché à la tête ; son cœur passe ! La revanche est donnée et bien donnée ! Il m'a manqué ; ça été un malheur pour lui. J'ajoutetai cependant qu'en voyant son cadavre, je me suis senti ému ! Comme souvenir, j'ai apporté son fusil, son équipement avec sa baïonnette. Satisfait, je prends le che-

min de l'arrière pour me faire panser. Arrivé au poste de secours, je trouve mon grand camarade Pichois. Ensemble, nous causons du petit abbé Thévenin, puis du chef de notre petit groupe, le brave M. l'abbé Sevin, mort en héros sur le champ de bataille, en transportant les blessés. Cette mort m'a bien peiné : il était si bon pour moi. Sûrement qu'il a une belle récompense au ciel.

En attendant un train, je suis resté deux jours dans une ambulance. Dans Un parc, j'ai vu 2.500 prisonniers que nous avions faits. Ils appartiennent à la Garde impériale. Mais ce ne sont plus les beaux types d'autrefois. Grands, mal fichus, maigres et jau-.

nes : on croirait qu'ils ne mangent que des clous. » '-' — A. L. : « J'ai été blessé le 5 au soir à M. par un éclat d'obus en pleine tête. Ils m'avaient bien repéré, les bandits, car deux centimètres plus à gauche, j'étais de l'autre monde. Ils ne m'ont pas encore cette fois ! Je croyais d'ailleurs bien pouvoir m'en tirer. J'ai été enterré deux fois par des obus de 150. Notre-Dame d0 La Guerche m'a bien protégé. Sur les quatre touchés par l'obus, même obus, l'un est mort, les deux autres ne valent guère mieux. » v N


LE RÉGIME DES ÉCONOMIES

ELEVONS DES LAPINS Qui nous dira pourquoi, manquant de viande ou craignant d'en manquer, nous persistons à ne pas manger celle qui nous tombe du ciel : perdreaux, cailles, faisans,. lièvres, chevreuils ou sangliers ?

Quoi ! Nous risquons nos marins pour aller chercher de la, viande frigorifiée en Amérique, et la chasse reste interdite ? Lequel de nos ministres siégeant dans l'Olympe gouvernemental nous expliquera cette incohérence ?

Qu'on ait fermé la chasse en 1914 pour ne pas contrister les chasseurs obligés de partir aux tranchées, qu'on l'ait fermée en 1915 parce que nous avions mieux à fabriquer que des cartouches de petit plomb, à merveille ! Mais aujourd'hui la nécessité est là, et, si nous répugnons toujours à la chasse au fusil, les oiseaux peuvent se prendre au filet, les lièvres au collet. A quoi rime l'interdiction de vendre du gibier en 1917 ?

Mieux et plus que de la simple destruction, nous pourrions faire de l'élevage. Celui du faisan coûte cher, mais celui du lapin ne coûte presque rien. Et quel profit !

Les lapins se multiplient plus vite encore que les Allemands. Pendant que ceux-ci essayent de nous affamer par leurs sous-marins, ceux-là nous ravitailleront si nous voulons.

Une lapine produit jusqu'à 50 ou 60 lapins par an, en 4 ou 5 portées. Telle espèce, comme le Géant des Flandres, pèse jusqu'à 6 ou 8 kilos. Si tout petit lapin devenait grand, vous auriez ainsi 300 kilos de chair en un an. En réalité, la mère n'allaite pas toute sa portée. Il lui arrive même de croquer un de ses nouveau-nés à déjeuner, par distraction. La mortalité infantile sévit aussi parmi les lapereaux. Le résultat n'en est pas moins énorme.

En trois générations, qui se renouvellent tous les huit mois, un lapin de deux ans avec sa descendance vous aura fourni plus de viande qu'un bœuf. Et pour quelle dépense ? Cet animal mange tout ce qu'on veut. Faute de foin ou de carottes, il broutera de l'herbe ou des feuilles de noisetier.

Qu'est-ce que nous attendons pour élever des lapins ? M. DE W.

-—— or4p 4m do%> ———

Pour éviter le « coup de chaleur » M. Laveran a communiqué, à l'Académie des sciences, une note de M. Amar, sur l'origine et la prophylaxie du « coup de chaleur ».

Voici les conseils donnés : Laisser au thorax et aux épaules le maximum de liberté. Adopter des vêtements larges, légers, sans col ni cravate. Rejeter toute charge vers le niveau des reins. Faire, à des baltes réglées, des respirations forcées, la tête rejetée en arrière, la bouche ouverte.

Se munir d'un mélange d'eau et de vinaigre qu'on reniflera et dont on se mouillera la figure pour stimuler les réflexes.


Le système" D"

Le pire service qu'on puisse rendre à l'Etat, c'est de le faire « Etat-Tout. »

LE PLAY.

En ce temps de guerre mondiale, vivait un fermier tout à fait soumis aux justes lois de son pays.

Ce fermier avait un voisin soumis, lui aussi, à ces justes lois, mais qui corsait sa soumission avec un certain système, très ancien et très nouveau, que les Grecs appelaient « système D. » (du verbe grec : Débrouille-toi).

Vint la saison de planter les pommes de terre, question archigrave en 1917, le blé de mars n'ayant pu se faire à .cause du mauvais temps.

Le 15 février, le voisin dit au fermier : — Mais. et votre plant de pommes de terre ?

Le fermier répondit : — J'attends, en conformité avec la récente décision préfectorale : « Le directeur des services agricoles du département sera chargé de centraliser les offres et les demandes, et de mettre en rapport les producteurs et les acheteurs. »

— Hum !. hum !. dit le voisin, mais aidez le préfet en faisant jouer le « système D. »

* Le 28 février, la circulaire préfectorale était abrogée.

— Et alors. ? dit le voisin.

— J'attendrai, répondit le fermier, les nouvelles instructions qui sont imminentes, car ce n'est pas la peine de faire des commandes qui n'arriveront peut-être pas.

— Mais qui peuvent arriver tout de même !.

— Enfin j'attendrai.

Les nouvelles instructions furent édictées vers le 1er mars : I "Les Conseils municipaux étaient invités à se réunir pour.

(2°) estinter. (3°) après enquête, les besoins globaux de la commune. (4°) Leurs délibérations devaient être envoyées à la préfecture, laquelle (5°), par l'intermédiaire spécial de Monsieur Le Rouzic, passait commande. et (6°) faisait expédier à l'adresse du Directeur des services agricoles du département, lequel (8°) répartissait et (9°), en cas d'insuffisance, établissait un prorata, etc., etc.

Le voisin dit au fermier : — Comme c'est compliqué !. Si vous graissiez le mécanisme avec un peu de « système D. » ?

— Je veux être en réglé !. observa le fermier — Mais cela n'empêche pas !.

* Il se munit alors d'un certificat, garantissant à qui de droit qu'il commandait du plant, non pour le manger, mais pour le planter,


et, le 2 mars, il l'envoya à son fournisseur de Bretagne, auquel il commandait deux wagons de pommes de terre.

Le 13 mars, ne recevant rien, le fermier télégraphia : « Et mes pommes de terre. ?» Le 15, il recevait la réponse suivante : « Vais voir chef de gare tous les jours ; impossible obtenir wagons. » ; Il répondit, courrier par courrier : « Adressez-vous vite à M. Le Rouzic. »

Ici, un temps de huit jours. Le 23, le fermier inquiet retélégraphie : « Arrivent-elles, oui ou non. ? »

Le vendeur répondit : « Ai écrit à M. Le Rouzic, rue Emile-Zola, Paris. Aucune réponse. Faites une demande vous-même. » , Docile, le fermier adressa une demande au dieu de la pomme de terre.

Pendant qu'il la rédigeait, le voisin lui soufflait : a Système D !.

Système D !! »

— Je suis patriote !. clamait le fermier.

- Et moi autant que vous !. Le « système D. » reconnaît pleinement tous les droits del'Etat, mais il le soulage à chaque instant par l'initiative privée. « Aide-toi, l'Etat t'aidera 1 » Constatez vous-

même : je comptais vous emprunter plusieurs centaines de kilos de

pommes de terre. Or, dès à présent, j'en ai plus qu'il ne m'en faut, et c'est moi. qui vous en prêterai !. ,

— Tout cela ne vaut pas une bonne autorisation bien en règle !.

scrupula le fermier.

* Le dieu de la pomme -de terre répondit au fermier : « Nous n'avons pas reçu la demande de votre fournisseur breton.

Nous intervenons près du service compétent lorsque nous recevons un certificat rempli et -signé par le maire de la commune de destination, etc. »

Docile, le fermier se précipite à la mairie et envoie un certificat rempli et signé par le maire de la commune de destination.

On lui répondit :

Votre certificat n'est pas conforme au modèle déposé, faites.,en un autre suivant la formule ci-jointe.

Docile, le fermier copie l'officielle formule aussitôt et se reprécipite à la mairie pour faire signer la chose au maire de la commune de destination. On lui répondit, trois jours après : Nous n'avons reçu qu'un seul certificat, or, il doit être établi en double exemplaire. Dès réception de ces deux certmcats, nous en visons un. que nous adressons au vendeur. Muni de cette pièce, il pourra obtenir le matériel nécessaire à l'expédition des semences achetées.

— Que peuvent-ils bien faire de l'autre exemplaire !. pensa le « système D ».

* Docile, le fermier refit les pièces en double exemplaire, les porta,


pour les signer, au maire de la commune de destination, puis les achemina vers M. Le Rouzic, lequel devait les acheminer vers le directeur du service compétent, lequel devait acheminer, les pièces ainsi acheminées, vers le directeur du service et de la traction.

1 Puis, la conscience enfin légalement tranquille, le fermier continua d'attendre.

Ce pendant, tout autour de lui, une foule de champs étaient plantés de pommes hâtives et même de « saucisses », et son voisin lui murmurait de plus en plus énergiquement : « Le système D., mon cher !. le système D., ou vous crèverez de faim !!! »

* Enfin, tout arrive !.

Un matin, un beau matin d'avril, un matin de fleurs et de petits oiseaux, la paperasserie fut au complet, toute !.

Monsieur Lebureau put promener sur elle son jupitérien œil, et se déclarer satisfait.

Dare dare, le fermier écrivit une dernière et suprême lettre en Bretagne, car on était le 14 avril : Tout est en règle. Envoyez, sans perdre un jour, pommes de terre en grande vitesse.

Et le 18 avril, on lui répondit : En main votre honorée du 14 avril, mais nous n'avons plus de pommes de terre !. PIERRE L'ERMITE.

A quoi servent les chevrons ?

C'est une bonne blague d'un vieux poilu de « chez nous » que je veux vous conter ; çà n'est pas long, mais çà vaut le coup.

Un officier boche prisonnier, plus arrogant encore que ses congénères, ce qui n'est pas peu dire, se décide'un jour à desserrer les dents et demande à son gardien, avec un mauvais sourire moqueur: — « Que signifient donc ses bâtons brisés que vous portez sur vos deux manches ? »

Le poilu portait trois brisques sur chaque manche, autant dire que c'était un lapin ; de plus il est d'un pays où les gens n'ont pas la langue dans leur poche ; il répondit : — « Çà, Monsieur l'Officier, c'est des brisques avec lesquelles nous marquons le nombre des Boches que nous avons tués ; sur la manche droite ce sont les unités, et sur la gauche les dizaines. »

Depuis le hobereau n'a plus posé de questions.

TROIS CONTRE UN Le Français a trois ennemis à vaincre : Le Boche, VAlcoolisme, la Dépopulation Que fait-il contre les deux derniers ???



1 PRIÈRB PENDANT LE TEMPS DÈ LA GUERRE ——.— * -

e

NOTRE-DAME DE LA GUERCHE, VOUS qui tant de fois, depuis des siècles, avez montré votre ma- tèrnelle bonté en protégeant et en défendant votre peuple de La Guerehe. - -

Vous que nous vénérons d'une manière toute particulière -~ comme notre Protectrice et notre Mère.

Vous qui êtes ici tant priée et tant invoqùée par ceux qui aiment à se dire vos enfants et vos protégés,.

Nous recourons à vous dans le grand péril où nou& som- mes.

Nous vous consacrons et vous confions tous ceux qui nous ont quittés. pour aller au service de notre Patrie menacée. Nouevous confions, ô Mère, leurs corps et leurs -imes. Gardez-les, protégez-les.^ ramenez-les .nous sains et saufs. Préservez-les des maladies et des coups de l'ennemi.

0 Notre-Dame de La Guerche, protégez-les ! sauvez-les t

Mgr l'Archevêque accorde une indulgence de cent jours à toute personne qui, dans le diocèse de Rennes, récitera avec piété cette prière Notre-Dame de La Guerche,

*

Horaire des trainsr Chaque jour un train arrive à Martigné à 9 h. et part i 0 h. 20 , pour Vitré.

» » arrive de Vitré à 16 h. 45 et part pour - Martigné à 17 h. 4.

Tramways Le jeudi, un tram part de Rennes à 7 h. 30-arrive à La Guerche à 9 h. 45 et repart pour Rennes à 16 h. 5.

Le vendredi eir, départ de Rennes comme le jevidî^lô hr 20,

Le samedi, départ de La Guerche à 6 h. 53, revient* le sjfir- à l'heure ordinaire. *

Le dimanche, départ pour Rennes à 6 h. 53. Pas de retour. - U