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Titre : Précis d'un mémoire sur la détermination de quelques époques de la nature par les produits des volcans et sur l'usage de ces époques dans l'étude des volcans, par M. Desmarest...

Auteur : Desmarest, Nicolas (1725-1815). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1779

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb30332724x

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-8° , 24 p.

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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6517631g

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, SP-3327

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/05/2013

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PRECIS D' U N

MÉMOIRE

SUR la détermination de quelques époques de la Nature par les produits des Volcans, si sûr Vufage de ces époques dans Vetuds des Volcans.

PAR M. PESMAREST.

EXTRAIT pu JOURNAL DE PHYSIQUE,

mois de Février 1779,

A PARIS, De l'Imprimerie de CLOUSIER, rue St-Jacques, vis-à-vis l'Eglise des Mathurins,

M, D C C. L X X I X, 1



PRÉCIS D' U N MÉMOIRE

Sur la détermination de quelques époques de la Nature par les produits des Volcans" & sur l'usage de ces époques dans l'étude des Volcans (i).

M. DISMAREST s'étant livré d'une manière particulière, à l'étude des Volcans éteints de l'Auvergne, sentit bientôt la nécessité de mettre par ordre & de classer les différens produits du feu, suivant leur degré de cuisson, & suivant les matières premières qui avoient servi de bafe à la fonte. Il vit bien que c'etoit faute de cette nomenclature précise , que les Observateurs qui avoient publié quelques faits relatifs aux opérations du feu dans les volcans enflammés, s'é- toient toujours bornés à des assertions très vagues. Ce

(I) Le Mémoire dont on donne ici l'extrait, a été lu dans la Séance publique de l'Académie RpyaU des Sci<;nç:s, à la rentrée de la Saint-.Martin 1775.


premier pas fait, il s'occupa de la distribution des matières volcaniques à la superficie des cantons ravagés par le feu. Il voyoit avec peine que certains Obferva1 teurs , en annonçant des volcans éteints, n'eusssent pas indiqué nettement les cratères & les courans de laves sortis de ces cratères ; il trouvoit plutôt dans leurs Ecrits des cantons volcanisés que des volcans; des produits du feu en désordre , que des laves 8c des courans sortis de certains centres d'éruption. C'est pour éviter ces inconvéniens, qu'il crut devoir ramener ses observations & leurs résultats à une précision, sans laquelle l'étude de la Nature ne pourroit être une science capable d'occuper un homme raisonnable. Le travail sur les époques des différens produits du feu, est le fruit de cette marche méthodique qu'il a cru nécessaire de suivre dans ses observations ; & nous le publions avec d'autant plus d'empressement, qu'il pourra dispenser de la même étude ceux qui en auront bien saisi l'esprit & les résultats.

Après avoir étudié long-tems les différens produits des Volcans, après avoir suivi & reconnu la distribu- tion & les transports immenses des laves autour des centres d'éruption, M. Desmarest trouva tant de différences dans les résultats de ses observations, qu'au lieu d'en receuillir des vérités précises, il éprouva l'embarras que doit naturellement faire naître une multitude de faits disparates.

Ici, certaines productions du feu lui offroient une correspondance aussi régulière qu'instructive : il pouvoit y saisir des circonstances simples & uniformes; tels


font les cratères, dont la bouche large & profonde étoit couverte de scories, des courants enveloppés des mêmes scories, & sortant du pied de ces cratères ; mai s plus loin, il rencontroit tant de désordre apparent dans l'arrangement des laves, si peu d'ensemble dans leur distribution , qu'il fut tenté d'attribuer ce dernier état aux accès tumultueux du feu, & aux irrégularités de ses effets dans les éruptions de certains Volcans : mais plusieurs confédérations le détrompèrenr.

Il conçut d'abord que les embrâsemens des Volcans étant des accidents dans l'ordre des phénomènes ordinaires de la Nature, leurs retours n'avoient été assujettis à aucune période fixe. Il conclut de cette première vue, que les produits des éruptions successives ayant été dispersés à la superficie de certains cantons de la terre, dans des tems plus ou moins reculés, avoient dû subir des altérations d'autant plus considérables, qu'ils avoient été plus long-tems exposés à l'action continuelle & destructive des eaux.

Un coup - d'oeil jette sur ces divers produits, lui présenta des fuites régulières d'altérations, qui le con..

firmèrent dans ces premières idées. Ensuite, comparant plus en détail les phénomènes les plus simples, c'estdire, les formes primitives des derniers produits du feu avec les diverses altérations dont d'autres produits offroient, en certains cas , des nuances très-marquées, il sentit bientôt la nécessité & les avantages de ranger par classes les faits qui appartenoient à certains états des matières volcaniques, & d'adopter, pour les apprécier, une méthode analytique fondée sur l'examen des


altérations ; & sur la comparaison de ces altérations avec les circonstances de l état primitif des Volcans : il parvint ainsi à circonscrire, dans des limites précises, chacune des circonstances correspondantes & parallèles qui croissoient ou qui s'altéroient dans le même ordre.

Le résultat de cette discussion & de ce travail, fut de lui faire démêler dans les éruptions des Volcans, dont les produits s'étoient présentés avec telle circons- tance ou fous telle forme particulière, des époques & des âges, dont il fixa en même-tems l'ordre, la succession & les limites. Il entend donc par époques la réunion de certaines circonstances & de certains états où se trouvent les productions de la Nature, d'après les- quels on peut déterminer , non la date précise, mais l'ordre successif des évènemens qui ont concouru à ces productions.

Comme ces époques, distinguées par M. Desmarest, ne font fondées que sur la considération des monumens de la Nature, qui n'ont rien ou presque rien de commun avec les monumens historiques, il n'envisage point ici les tems connus ou soupçonnés. Dans son travail, les révolutions de la Nature font constatées par leurs traces & leurs vestiges encore subsîstans.

La diftinétion des époques qu'admet M. Desmarest, étant le résultat de l'analyse des faits, elle l'a mis en état de résoudre d'une manière simple & naturelle, les principales difficultés que le premier examen des pays volcanisés lui avoit offertes; il a été même bientôt convaincu par l'usage & les applications qu'il a eu occasion


d'en faire, que c'étoit faute d'avoir distingué ces époques , qu'on avoit recueilli tant de faits ou inutiles, ou aussi mal vus que mal interprétés, & dont l'asseemblage confus n'étoit propre qu'à obscurcir l'histoire na- turelle des Volcans. Au lieu qu'avec cette méthode , non-seulement on peut avancer d'un pas sûr dans la recherche des fragmens de cette histoire , mais on les lie ensemble, on en forme un tout qui, quoiqu'in- complet, fait voir que la Nature a été assujettie à la même marche dans les siècles les plus reculés, comme dans les tems les plus modernes.

Outre les grandes ressources qu'il a trouvées dans la distinction des époques, pour mettre d'accord entre elles les observations qui concernoient les effets des feux souterrains ; cette même distinction lui a encore présenté comme une conséquence immédiate des principaux faits qui avoient servi à l'établir, la solution d'un grand nombre de questions sur l'histoire physique du globe.

On doit sentir , d'après ces détails , quel doit être l'objet de ce Mémoire. M. Desmarest y expose d'abord les différentes circonstances qui lui ont paru ca- ractériser chacune des époques , & appuyer la distinction qu'il en fait & l'ordre qu'il leur donne. Il indique ensuite les différens cantons où il a observé & reconnu les circonflances de ces époques : enfin, il montre les conséquences qu'on en peut tirer , & les applications qu'on peut en faire , soit dans l'étude des produits du feu , foit dans plusieurs points intéressants de l'histoire naturelle du globe.


ttariaÍyte des faits qui a déterminé M. Desmarest: à distinguer des époques dans les produits du feu , lui a fait aussi connoître l'ordre qu'il devoit suivre dans l'examen & dans l'exponcion des circonstances qui carastérisent chacune de ces époques Il s'est fixé d'abord à celle qui renfermoit dans ses limites les opérations du feu les plus récentes. Cette marche analytique est fondée sur ce principe, que les résultats des dernières opérations de la Nature, font plus simples & moins altérées par les changemens qui surviennent chaque jour dans les formes primitives ; 8c qu'on y reconnoît plus aisément les agens, parce que les traces de leur marc he y font plus sensibles ; d'ailleurs, cet état primitif est un objet de comparaison , qui doit être Continuellement présent aux yeux d'un Observareur, s'il veut juger sûrement de l'étendue & du progrès des altérations successives.

PREMIÈRE EPOQUE.

D'après ces vues, la première époque qu'il distingue, est celle qui renferme dans ses limites les produits des Volcans enflammés, ou les plus nouvellement éteints. C'est autour de ces bouches, encore ouvertes, que l'on contemple facilement la distribution des matières fondues, leurs différens états, les mêlanges qui s'y rencontrent, & qu'on s'accoutume à teconnoîrte la disposition de toutes les pièces de ces grands & vastes laboratoires. Les indices & les caracctères de cette époque, font, I°.) la forme des mon-


tagnes arrondies, & présentant à leur sommet tronqué un cratère ou bouche large & profonde : l'intérieur du cratère & les croupes extérieures font recouvertes par des scories ou laves trouées légères, & par des matières cuites, spongieuses : 2. o. , "les courans de laves qui se font fait jour par le flanc entr'ouvert de la montagne , 8c se font répandus dans les plaines voisines ; ces courans font composés d'une lave compacte dans le centre, spongieuse & remplie de soufflures à la surface : outre cela, ils font accompagnés & enveloppés dans toute leur étendue par des scories , des terres cuites & des ponces, semblables à celles qui recouvrent le cratère.

3°. Une troisième circonstance importante, est que ces courans font assujettis à toutes les inégalités actuelles de la surface du fol des environs; on en voit, par exemple, proche le Puy de Dôme, en Auvergne, qui, après s'être étendus sur un plateau élevé , se font précipités dans des plaines basses, en suivant la pente & le débouché des vallons qui y conduisent, & ont occupé le fond de ces vallons & de ces plaines à plus de deux cent toises du niveau de leur foyer , & à plus de deux lieues de distance de ce même centre d'éruption.

Ces courans offrent encore une particularité intéressante : ils font formés , pour ainsi dire , d'un seul jet, depuis le Volcan jusqu'à leur extrémité la plus éloignée. C'est-à-dire , que leur masse continue , ne paroît avoir été ni coupée , ni divisée par aucun nouveau vallon.

En rapprochant les caractères des produits du feu


qui appartiennent à la première époque, on les saisit aisément dans les cratères plus ou moins profonds , recouverts par des amas de scories : dans les courans de laves enveloppés des mêmes scories, occupans le fond des vallons , sans coupure & sans interruption considérables. Mais cet ensemble de circonstances ne convient guères qu'aux premiers âges de cette époque ?

M. Desmarest a cru devoir, outre cela, renfermer dans les limites de cette première époque, les altérations qu'ont essuyées les cratères, les scories , Se enfin les courans eux-mêmes, relativement aux différens emplacemens qu'ils ont occupés dans les vallons., Toutes ces circonstances annoncent des changemens qui ont sensiblement les mêmes progrès. Dès que l'on apperçoit les cratères, dont les bords s'émoussent ou s'évasent , ou qui commencent à se combler, dès que les scories se réduisent en une substance terreuse pulvérulente, pour lors les courants qui font fortis de ces centres d'éruption, n'occupent plus le fond des vallons ; ils font placés à mi-côte, le vallon s'étant approfondi depuis que le courant est venu s'établir sur son ancien fond : enfin, on remarque dans la longueur des courans quelques coupures & quelques interruptions peu considérables.

SECONDE ÉPOQUE.

Si l'on fuit la marche de tous ces effets qui paroissent avoir des progrès parallèles, on parvient à un état où l'on ne trouve plus de scories, ni de ma-


tières cuites spongieuses ; où les cratères ont disparu totalement, où les courans font placés à la superficie des plaines élevées, où, enfin , différentes portions de ces courans font séparées par des vallons larges & profonds. C'est à ces caractères que M. Desmarest reconnoît la seconde époque, c'est par toutes ces cir- constances qu'il la désigne.

Ce précis rapide de ce qui distingue la seconde époque, montre que M. Desmarest y a été conduit insensiblement à la fuite d'un examen sévère & méthodique des altérations & des changemens que les matières volcanisées des derniers âges de la première époque lui avoient offerts : il montre aussi que les in- dices de cette seconde époque, ne font proprement que des résultats d'altérations plus complètes , qui ont exigé , pour être appréciés > la même marche analytique , le même plan de discussion que M. Desma- rest avoit commencé à suivre dans la première époque : mais pour affurer de plus en plus la justesse d-e ce plan , remontons avec M. Desmarest vers l'origine des choses.

- Si, dans tous les tems, le feu des Volcans s'est manifesté de la même manière; si ses éruptions se font faites par de vastes cheminées ; si les matières fondues par l'action de la flamme ont été d'abord contenues dans un creuset factice , & se font épanchées au-dehors, à travers les flancs entr'ouverts des montagnes volcaniques, qui faisoient l'office de creuset; il est évident que les produits du feu , rapportés à la fe-


conde époque, ont dû se présenter pendant un certain tems , fous les mêmes formes primitives que ceux de la première époque, & dans des circonstances parfaitement semblables; & , à en juger par les vestiges qui nous en restent, on ne peut douter qu'il n'y ait eu pour lors des cratères ouverts , des scories , des courans continus enveloppés de scories , & placés dans les parties les plus basses du fol actuel , vers lesquels tendent toujours les matières fondues, qui suivent les pentes favorables à leur écoulement.

Ce n'est donc que par une longue fuite de siècles , que toutes ces formes & toutes ces circonstances ont changé; M. Desmarest nous indique les causes, & les progrès de ces changemens. L'observation nous apprend , d'abord , que les scories & les terres cuites spongieuses, éprouvent une comminution assez sensible , & se rédussent, enfin, dans un court espace de tems en substances terreuses: pulvérulentes. Elle nous montre, d'ailleurs , l'eau des pluies & des neiges fondues, déplaçant continuellement ces matériaux mobiles. En conséquence de ce double travail de l'eau , les. bords des cratères, formés en grande partie de scories, ont dû s'émousser ; ces bouches ont dû se combler par des nuances insensibles , & enfin disparoître entièrement, & il n'est resté à leur place que des amas confus de grumeaux pulvérulens, débris de différens produits du feu , ou bien des massifs de laves compactes, qui n'ayant pas été versées au-dehors, lors de l'extinction du Volcan, se font refroidies dans ces vastes creusets,


y ont formé des culots (I) plus ou moins conndérables. Ainsi , lorsque la dectruction des cratères est complète, on ne trouve plus , au lieu d'une bouche large & profonde, que des débris de laves légères mêlés aux laves compactes : ou bien des massifs de laves compactes élevés & escarpés de tous côtés : ce font des culots dont les fourneaux & les creusets ont disparu.

Voilà où l'analyse des faits a conduit M. Desmarest.

Il en est de même des courans fortis de ces centres d'éruption : dans l'état primitif, ils ont dû être enveloppés de scories , mais ils font réduits actuellement aux feules laves compactes & solides , & n'offrent dans les fentes de ces laves & dans les interstices des différens lits accumulés les uns sur les autres , que les matières pulvérulentes dont on a parlé ci-devant.

Voici encore un changement qui a dû naître des mêmes causes. Les courans - qui avoient recouvert les parties les plus baffes des plaines voisines des centres d'éruption, se font trouvés par le progrès de l'excavation des ravines & des vallées, placés sur des plateaux élevés, & par une fuite nécessaire du travail de l'eau ?

ces courans ont été coupés & divisés en différentes portions , à mesure que les vallons se font multipliés & approfondis. Ensorte que, pour retrouver l'ancienne continuité de ces courans, il faut combler en grande partie tous ces vallons, & rétablir le plein pied qui a servi autrefois à l'écoulement des laves.

(I) On appelle Culot tout ce qui, dans la fonte des matières métalliques, se trouve au fond du creuset, dégagé des sçories.


Ainsi, les produits du feu dans ce second état, ne font plus accompagnés de scories : on n'y voit plus à l'origine des courans , de cratère ouvert. Le seul moyen de reconnoître les centres d'éruption , est de retrouver l'origine commune de plusieurs courans : c'est de ce point élevé que ces courans semblent, en suivant des pentes favorables , s'être distribués sur les plaines environnantes, couvertes de leurs laves dilatées. Ces cen- tres d'éruption se trouvent aussi fort souvent marqués par les culots immenses de matières fondues , dont jious avons parlé.

Comme les courans de cette époque occupent constamment les plaines hautes, & même quelques sommets applatis de montagnes isolées, par une fuite de cette disposition, on en voit souvent les coupes le long de la bordure supérieure des vallons , qui ont été creusés dans le massif de ces plaines : on apperçoit même assez communément les portions d'un même courant, placées sur les deux bords opposés, & correspondans d'un vallon : & l'on se convainc aisément que ces diffé rentes masses de laves ont été coupées & séparées par ces vallons, & qu'elles ont appartenu à un même tout anciennement continu ; lorsqu'on confidère le grain semblable des laves ; la forme & le module des prismes de basalte , engagés dans les courans ; le nombre des étages & des rangées de ces prismes, qui font les mêmes des deux côtés du vallon, enfin, si l'on réslé- chit à la nécessité du plein-pied pour le transport de la lave dans toute la longueur des courans.

Cette circonstance de la seconde époque, a part


très-importante à M. Desmarest, par rapport aux conséquences qu'il s'est cru en droit d'en tirer. Il en déduit un principe évident, par l'exposition simple du fait, savoir, que les courans de laves, pendant le tems de cette époque, se font répandus sur les plaines hautes, avant qu'aucun vallon ait été creusé dans le massif de ces plaines ; & il en conclut , que ces courans font antérieurs à l'approfondissement des vallons, puifqu'ils n'ont pu parcourir tout le trajet qu'ils ont suivi, sans que le vuide actuel des vallons ne fût rempli.

Voici encore une circonstance qui convient à cette époque : tous les courans qui datent de cet âge, ont recouvert également, sur-tout vers leurs extrémités inférieures , les massifs de granites, comme la superficie des couches horisontales les plus élevées : lorsque ce dernier cas a lieu , il est visible que les courans font postérieurs à la formation des couches horisontales. M. Desmarest a saisi cette circonstance des couches horisontales, en tant qu'elles se trouvent couver- tes par les courans de laves de la féconde époque , comme un moyen simple de fixer leur date avec pré- cifion , 8c par une conséquence immédiate , celle de l'approfondissement, des vallons qui est postérieur à la distribution de ces courans, comme à la formation des couches horisontales.

TROISIÈME ÉPOQUE.

Cette même considération des couches horisontales, a conduit ausi M. Desmarest à la troisième épbque.


Et pour la distinction de cette époque, il n'a besoin que de la disposition relative des couches horisontales. Dans la seconde, elles font, comme nous l'avons vû, toujours recouvertes par les produits du feu ; dans la troisième, au contraire, elles recouvrent ces produits ou font mêlées avec eux Les cantons où dominent les produits du feu , appartenants à la troisième époque, ont offert de toutes parts a M. Desmarest les massifs de laves ensevelis fous un assemblage de couches horisontales , composées, ou de substances calcaires & argilleufes nullement altérées par le feu , ou bien formées de matières volcanisées, que la mer a déposées par bancs entremêlés avec les couches des matières intactes. On voit aussi parmi ces dépôts, des lits fort épais de cailloux roulés qui font des laves de plusieurs espèces.

Tout massif de laves, couvert de couches horisontales & suivies, doit avoir été fondu & refroidi, avant que la mer ait formé ces dépôts; car les éruptions du feu & les explosions des matières enflammées qui accompagnent presque toujours la fonte des laves , auroient culbuté les couches qui les auroient recouvertes , & auroient produit, dans leur distribution, un désordre qu'on imagine aisément, mais dont on peut d'ailleurs citer plus d'un exemple. Or, on ne voit aucun de ces dérangemens dans la plus grande partie des couches horisontales qui couvrent ou enveloppent les massifs de laves. Car dans l'Auvergne & dans l'I- talie où les dépôts de la mer qui recouvrent ou enveloppent les massif énormes de laves ont quelquefois une


une épaisseur de cent, & même de cent cinquante toi- ses , les lits les plus profonds qui font établis sur les laves les plus basses, font aussi suivis & atifri réalu'.

liers que ceux qui font établis sur les sommets les plus élevés des laves. Voilà donc une épaisseur de neuf cent pieds en couches horisontales qui a dû se formes tranquillement dans le bassin de la mer, sans avoi r éprouvé le moindre dérangement de la part des feux souterrains. Toutes ces masses de laves étoient donc fondues & en place, avant que la mer ait formé aucune partie des dépôts qui les recouvrent. M. Desmarest ne prétend pas, au reste, que toutes les laves couvertes par les couches horisontales, datent du com- mencement du séjour de la mer dans les cantons qui nous offrent de ces massifs. Il cite , au contraire, des produits d'éruptions qui ont eu lieu pendant ce séjour.

Il a trouvé des courans de laves très-compactes & très- solides, établis dessus des couches horisontales , & ensuite recouverts par une addition de couches semblables, déposées sur ces laves : la pâte molle des débris de coquilles, a rempli exactement les trous des scories & des laves spongieuses dispersées à la superficie du courant : ces matières fondues, font quelque.

fois placées vers la moitié de l'épaisseur totale des couches horisontales; ainsi la mer , depuis l'éruption du Volcan qui a produit ces lits de laves, a formé tranquillement une épaisseur de couches d'environ cent toises. Nous omettons ici plusieurs autres preuves aussi décisives , & en particulier ces amas de poix qui, en Auvergne , font engagés dans les couches horizontale


de pierres calcaires intactes, & y occupent différens niveaux. Ils se trouvent dans le voisinage de certains lits horifontaux , composés d'un mélange de matières cajcaires & de substances volcanisées très-comminuées.

Consèquences de ces Epoques.

M, Desmarest ayant fixé les circonstances où se trouvent les produits du feu dans chaque époque, ainsi que la succession de ces époques suivant l'ordre analytique qu'il a adopté dans ses recherches, renverse ensuite cet ordre, & reprend ces époques pour les considérer suivant la succession naturelle des tems, Il trouve d'abord la plus ancienne dans celle qu'il nomme toujours la troisieme : elle constate que plusieurs éruptions des feux souterrains, ont fondu des masses énormes de laves, avant la formation des couches horisontales, & avant l'invasion de la mer ellemême ; qu'au surplus, ces feux ont eu des accès & des reprises pendant le tems qu'a duré cette invasion.

Les limites qu'il fixe à cette époque, comprennent une certaine portion du tems qui a précédé le séjour de la mer dans ces cantons, ainsi que tout le tems de ce séjour. Voilà deux âges de la même époque bien distincts, Le dernier comprend certainement ce qu'il a fallu de tems à la Nature pour former une épaisseur de cent & cent cinquante toises de couches horisontales qui recouvrent les laves, Dans l'époque qui fuit, & qui est la seconde , suivant l'ordre analytique, M. Desmarest nous montre


les laves, cheminant sans obstacles à la superficie des massifs de granit & des couches horisontales, & se distribuant sur toute l'étendue des plaines élevées, où elles ont trouvé le fol de plein-pied sans aucune coupure cônsidérable , sans aucun vallon bien approfondiPar conséquent , cette époque est postérieure à la formation des couches horisontales, car les produits du feu les recouvrent, & antérieure au creusement des vallons, puisque les courans de laves, appartenants 1 cette époque, n'en ont rencontré aucun dans tout le trajet qu'ils ont parcouru : ses deux limites font comprises entre la découverte des couches horisontales par la mer, & l'excavation des vallons , portée à une certaine profondeur.

L'époque qui vient ensuite, & qui est la moins ancienne de toutes, & la première dans l'ordre analytique , nous ramène, en rétablissant les altérations des phénomènes, jusqu'à l'état primitif des Volcans, & jusqu'à nos jours : elle occupe tout le tems qu'il faut accord er à l'eau pluviale pour creuser les vallons : elle nous montre même les différens progrès de ce travail, en nous offrant les courans à tous les niveaux possibles sur les croupes inclinées des vallons , & en nous indiquant , par-là, que chaque point qui fert de bafe Se d'emplacement aux courans , a été successivement un fond de vallon , lors des éruptions des Volcans qui ont produit ces divers courans.

C'est dans cette époque que les couches horisontales, formées dans la troisième & la plus ancienne , ont été coupées par des vallons; que les cratères, appartenans à


la seconde époque, ont été détruits; que les scories , qui y étoient accumulées , ont été réduites en une ftibfà tance terreuse, pulvérulente, & propre à produire des végétaux; que les différentes parties des courans, eux- mêmes établis à la superficie des couches horisontales > ont été séparées, comme ces couches, par des coupures qui font devenues insensiblement des vallons du premier ordre ; c'est cette première époque , qui nous con- duifant insensiblement à la seconde, nous apprend que les vallons qui séparent les portions du même courant, doivent croître & s'approfondir en même raison que s'opère la destruction des cratères & la comminution des scories. C'est cette époque qui, après nous avoir fa- miliarisés avec tous les produits du feu, nous met en état de les reconnoître ensuite, quoiqu'il n'y ait plus de cratères ou de scories qui les accompagnent, & quoi- que les courans de laves soient divisés par masses , pla.

ces sur les sommets de montagnes isolées de toutes parts , ou que ces laves soient ensevelies fous les couches horisontales : enfin 4 elle nous fait comprendre qu'il ne faut pas commencer l'étude des Volcans par des pays où il ne se trouve que des monumens de la secondé & de la troisième époque. M. Desmarest indique ce défaut de plan , comme la source des erreurs & des méprises des Naturalistes, qui n'ont ni connu, ni suivi cette marche analytique.

C'est faute de cette méthode qu'ils ont nié l'existence des laves qu'il place fous la troisième & la seconde époque : qu'ils les ont rangées , ainsi que les basaltes prismatiques, les uns parmi les dépôts de l'eau, les


autres parmi les schistes; d'autres, enfin, dans la classe des pierres de corne : qu'ils ont indiqué, pour d'anciens cratères, certaines parties évasées des vallons que les eaux ont creusées au milieu des laves de la feconde époque , & même de la première ; qu'enfin ils ont pris les bassins des lacs, qu'on trouve fréquemment dans les pays volcanisés pour d'anciens cratères.

Cette dernière méprise donne lieu à M. Desmarest de parler d'une circonstance de la première époque, qu'il avoit omise. Dans les cantons que recouvrent les produits du feu appartenants à cette époque , l'on n'apperçoit jamais ni sources ni ruisseau d'eau courante, qui circule à la superficie des matières volcanisées. Les cratères font tous à sec. On conçoit aisément que les amas de scories qui enveloppent les courans de laves , ouvrent par-tout des issues qui facilitent la filtration de l'eau pluviale, à travers tous les courans : cette eau est recueillie, ensuite, sur le fol intact qui fert de bafe aux courans, & ne paroît plus qu'à leur extrémité , où elle fort en formant des sources très-abondantes.

Il n'est pas nécessaire de montrer ici le peu de fondement de la supposition de ceux qui ont placé des lacs dans les cratères anciens : il suffit de dire, que fouvent ils les ont placés ainsi dans les cantons appartenans à la féconde époque i où l'on ne trouve certainement plus de cratères, & jamais dans ceux de la première époque, où il y en a de bien a pparens.

Dans les pays où les produits du feu de la féconde époque dominent, où les scories ont été réduites en

uiie fti b tf ance te~ e - 1 une substance teiùkérulcnte qui est fufceprible


d'un certain tassement, l'eau pluviale ne pénètre pas aussi profondément que dans les cantons de la première époque ; auili) y remarque-t-on quelques ruisseaux ; mais on n'y trouve plus de cratères, & les bassins des lacs y font constamment placés, ou sur un fol intact qui tient l'au, ou sur des substances cuites réduites en terre : quant aux bords de ces bassins , ils font formés * ou par un assemblage de couches horisontales comme ceux du lac Bolsène , ou par la réunion de plusieurs courans qui semblent avoir investi ces bassins sans les remplir.

Nous pourions joindre à tous ces détails plusieurs autres considérations sur ces trois époques, particulièrement sur les moyens employés par M. Desmarest , pour raccorder les dates des laves qui recouvrent seulement les pays de granités, avec les dates des laves qui ont couru sur les couches horisontales : quelques intéressans qu'ils puissent être pour l'établissement de toute sa doctrine , nous les supprimons. Nous supprimons de même les indications de tous les endroits de France & d'Italie , qui lui ont offert les monumens naturels de ses trois différentes époques. Quant à ce qui concerne l'Auvergne, nous renvoyons au Mémoire sur le Basalte , publié dans ceux de l'Académie des Sciences , pour l'année 1771. La distribution qu'il y fait des courans de laves en trois classes principales, est fondée sur les mêmes circonstances qui lui ont servi à la difStinction des époques. Il est aisé de voir que route la doctrine que nous venons d'exposer, appuyée sur ces faits, peut être très-utilement appliquée , foit à l'étude


des produits du feu, foit à l'examen de plusieurs points intéressans de l'hifioire naturelle du globe.

Nous indiquerons, par exemple, ici l'usage qu'on peut faire de ces époques , pour apprécier les progrès & l'étendue dès destructions qu'ont éprouvées certaines parties de la surface de la terre, par raétion de l'eau & l'alternative des saisons. Qu'on suive deux courants de laves, apparrenans, l'un à la première, 8c l'autre à la feconde époque , on sent aisément qu'ayant recouvert certaines parties de la surface de la terre en différens tems , & par conséquent, dans les divers états par lesquels cette surface a passé successivement, ces couches de laves ont confervé la disposition du fol qui leur fert de bafe , telle qu'elle étoit à ces deux époques ; reconnoissant ensuite l'ordre des époques par rapport aux laves, on assignera de même l'ordre des époques par rapport à telle ou telle forme de la superficie générale de certains cantons, & l'on pourra estimer l'étendue des changemens que le laps du tems qui sépare une époque d'une autre, aura pu produire à cette surface; car les témoins de ces changemens gisent fous les laves. Si, d'un autre côté, on compare avec les parties recouvertes & conservées par les laves, celles qui, dans les environs , font restées à nud , & exposées à l'action destructive des eaux, on verra que souvent le fol est abaissé dans ces dernières parties, de 150 & même de 200 toises au-desous du niveau des premières, & qu'au lieu d'offrir, comme les parties recouvertes de laves, une plaine élevée d'une surface uniforme, les massifs de granits


en désordre , hérissés de pointes coupées de ravines, annonceront une immense destruction, par les débris de toutes fortes dont ils font couverts. C'est ainsi que la comparaison des parties couvertes de laves & des parties restées à nud, offrira par-tout des contrastes intéressans. Les divers témoins de ces changemens successifs qu'a éprouvé la surface de la terre, conservés par la lave , font donc aussi précieux pour un Naturaliste , que le peuvent être pour les Amateurs d'une antiquité plus moderne, les produits des arts confervés dans Herculanum, par une enveloppe de

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