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Titre : Oeuvres de George Sand.... Le compagnon du Tour de France. La Dernière Aldini. Les Maîtres mosaïstes. L'Orco. André. Leone Leoni. La Marquise. Lavinia. Métella. Mattéa

Auteur : Sand, George (1804-1876). Auteur du texte

Éditeur : Hauman et Cie (Bruxelles)

Date d'édition : 1842-1844

Notice d'ensemble : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb31293228c

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 5 vol. ; gr. in-8

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Description : Appartient à l’ensemble documentaire : GTextes1

Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k65174890

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Y2-4981

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/05/2013

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trer au lecteur perspicace la suffisance et la grossiè- reté qui étaient les faces les plus saillantes du caractère de M. Isidore Lerebours. Ignorant, envieux, borné, bruyant, emporté et intempérant, il couronnait toutes ces qualités heureuses par une vanité insupportable et une habitude de hableries sans pudeur.

Son père souffrait de ses inconvenances sans savoir les réprimer; et, vain lui-même jusqu'à l'excès, n'en persistait pas moins à croire Isidore un homme plein de mérite et destiné à faire son chemin par la seule raison qu'il était son fils. Il attribuait son étourderie à la fougue d'un tempérament trop généreux, et il ne pouvait se lasser d'admirer en lui-même les gros muscles et la pesante carrure de cet Hercule aux cheveux crépus, aux joues cramoisies, à la voix tonnante, au rire éclatant et brutal.

Isidore arriva à la poste la plus voisine du château vingt minutes avant son père. C'était là que la famille devait relayer pour la dernière fois. Son premier soin fut de demander une chambre dans l'auberge et de défaire sa valise pour mettre ordre à sa toilette. Il endossa la veste de chasse la plus ridicule du monde, quoiqu'il l'eût fait copier sur celle d'un jeune élégant de bonne maison avec lequel il avait couru le renard dans les bois de Valençay. Mais ce vêtement court et dégagé devenait grotesque sur une taille carrée et déjà chargée d'embonpoint. Sa chemise de percale rose, sa chaine d'or garnie de breloques, le nœud arrogant de sa cravate, ses gants de daim blanc crevasses par l'exubérance d'une peau rouge et gonflée, tout en lui était déplaisant, impertinent et vulgaire.

Il n'en était pas moins content de sa personne, et pour se mettre en verve, il commença par embrasser la servante de l'auberge; puis, il battit son cheval à l'écurie, jura à casser toutes les vitres du village et avala plusieurs bouteilles de bière entrecoupées de verres de rhum, tout en débitant ses gasconnades accoutumées aux oisifs de l'endroit qui l'ecoutaient, les uns avec admiration, les autres avec mépris.

Enfin, vers le coucher du soleil, on entendit claquer les fouets des postillons sur la hauteur; M. Le- rebours courut à l'écurie faire harnacher les chevaux qui devaient au plus vite conduire avant la nuit l'illustre famille à son gite seigneurial. Lui-même fit brider son bidet afin d'être prêt à escorter ses maitres, et le front en sueur, le cœur palpitant d'émo- tion, il se trouva sur le seuil de l'hôtellerie au moment où la berline s'arrêta.

— Allons vite, les chevaux ! cria d'une voix encore ferme le vieux comte en s'avançant à la portière.

— Ah! vous voilà, M. Lerebours ? j'ai bien l'honneur de vous saluer. — Vous me faites honneur; pas trop bien , et vons-m<lIle?-Yoil:'t ma fille! — Charmé de vous revoir ! Ayez la bonté de nous faire vite amener les chevaux.

Tel fut l'accueil bref et poliment ennuyé du comte

où les réponses attendaient à peine les demandes. Les chevaux atteles, on allait repartir sans faire la moindre attention a M. Isidore, qui se tenait debout auprès de son père, lançant des regards effrontés dans la voiture, si le postillon ne se fut fait attendre, suivant l'usage ; alors une petite tête brune et pâle, d'une expression assez fine, sortit à demi de la voiture, et reçut d'un air froidement étonné le salut familier de l'employé aux ponts et chaussées.

- Qu'est-ce que ce garçon-là! dit le comte en toisaut Isidore.

— C'est mon fils, répondit l'intendant d'un air humble et triomphant en dessous.

— Ah! ah! c'est Isidore ! Je ne te reconnaissais pas , mon garçon. Tu as bien grandi, bien grossi ! Je ne t'en fais pas mon compliment. A ton âge il faut être plus élancé que cela. As-tu fini par apprendre à lire ?

- Oli oui! monsieur le comte, répondit Isidore, attribuant l'appréciation rapide que le comte faisait de son physique et de son moral à la bienveillance railleuse qu'il lui connaissait : je suis employé, j'ai fini mes études depuis longtemps.

— En ce cas, dit le comte, tu es plus avancé que Raoul qui n'a pas terminé les siennes.

En parlant ainsi, le vieux comte désignait son petitfils, jeune homme d'une vingtaine d'années, assez étiole et d'une physionomie insignifiante qui, pour mieux voir le pays, était grimpe sur le siège à côté du valet de chambre. Isidore jeta un regard vers son ancien compagnon d'enfance, ils échangèrent un salut en soulevant leurs casquettes respectives. Isidore fut mortifie de voir que la sienne était de coutil, tandis que celle du jeune vicomte était de velours, et il se promit d'en faire faire une semblable dès le lendemain, se réservant d'y ajouter un gland d'or.

- Eh bien! où est donc le postillon? demanda le comte avec impatience.

— Appelez donc le postillon , cria le valet de chambre.

— Il est incroyable que le postillon se fasseallendre !

vociféra M. Lerebours, en se démenant à froid pour faire preuve de zèle.

Pendant ce temps, Isidore passait à l'autre portière afin de regarder la jolie marquise Joséphine Desfrenays, nièce du comte de Villepreux. Elle seule fut affable pour lui, et cet accueil lui donna plus de har-

— Mademoiselle Yseult ne se souvient pas de moi? dit-il en s'adressant à mademoiselle de Villepreux , après avoir échangé quelques mots avec Joséphine.

La pâle Yseult le regarda fixement d'un air indé- finissable, lui lit une légère inclination de tête, el reporta les yeux sur le livre de poste qu'elle consultait.

— Nous avons fait autrefois de belles parties de