Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 144 sur 144

Nombre de pages: 144

Notice complète:

Titre : Histoire de France

Éditeur : M. Ardant frères (Limoges)

Date d'édition : 1833

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb362814596

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (112 p.-[11] p. de pl.) : ill. ; in-8 oblong

Format : Nombre total de vues : 144

Format : application/epub+zip

Description : Collection numérique : Fonds régional : Limousin

Description : Appartient à l’ensemble documentaire : BvdPrs001

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6511672j

Source : Ville de Paris / Fonds Heure joyeuse, 2013-36923

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 26/08/2013

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.







Clovis Ier.


HISTOIRE DE FRANCE

St Louis

àlaclassiqueetd'éducateur ET A LIMOGES.

Chez Martial Ardant Frères. Imprimeurs-Libraires



ORIGINE DES FRANCAIS.

L'ORIGINE des grandes nations se perd presque toujours dans l'antiquité, et les Français ne connaissent qu'imparfaitement leurs fondateurs; cependant le sentiment le plus probable est que les Francs ou Français sont originaires de la Germanie. Les auteurs anciens, qui ont parlé de ces peuples , nous les représentent comme des sauvages qui ne vivaient que de leur chasse, de fruits, de légumes et de racines, n'ayant d'autres habitations que des forêts, d'autres maisons que des antres souterrains, d'autres


possessions que les terres que leurs chefs leur distribuaient chaque année, suivant la condition , les services et la valeur de chacun. Ces peuples, vrais , fidèles, sincères, se piquaient de la plus scrupuleuse délicatesse sur le point d'honneur. Ils étaient généreux envers leurs ennemis, implacables dans leur vengeance , et toujours prêts à tout sacrifier pour la patrie. Leur religion se ressentait de la simplicité de leurs mœurs ; leurs dieux, étaient le soleil, la lune, le feu, les arbres, les rivières ; leurs temples étaient des cavernes ou de sombres forêts; leurs sacrifices, des victimes humaines. La nation était divisée en quatre classes: les nobles, les libres, les affranchis et les serfs. Ils étaient gouvernés, tantôt par des rois, quelquefois par des princes, souvent par des ducs. L'usage des lettres ou caractères leur étant totalement inconnu, ils n'avaient ni annales, ni lois écrites: les bardes ou poètes étaient leurs seuls historiens.


PREMIERE RACE, DITE

DES MÉROVINGIENS.

PHARAMOND. — Ier Roi des Français.

— Ve Siècle, 420. —

PHARAMOND, fils de Marcomir, chef des Saliens, fut proclamé roi des Français vers l'an 420; ses soldats l'élevèrent sur un bouclier, et les chefs de l'armée le promenèrent tout autour du camp, aux cris de vive le Roi !!! On le regarde comme le premier qui porta ce titre en France. Il fit rédiger les lois saliques pour le réglement de ses états. Parmi ces lois on distingue celle qui exclut les femmes de la couronne. La religion de Pharamond était le paganisme. Il régna huit ans, et mourut en 428.

Les armes de France n'étaient point alors telles qu'on les voit aujourd'hui : selon les uns, c'étaient des crapauds ou quelque chose de semblable; suivant d'autres, c'étaient des abeilles: enfin il y a des historiens qui assurent que nos rois n'ont point eu d'armoiries , proprement dites, avant le douzième siècle.


CLODION, DIT LE CHEVELU — IIe Roi.

— Ve Siècle, 428. —

CLODION, fils de Pharamond et d'Argote, fut surnommé le Chevelu, parce qu'il avait de longs cheveux , et qu'il fit la loi de la Chevelure, qui servait alors à distinguer les princes du s ang royal du reste de la nation. Il hérita du royaume de son père et de ses desseins, que de grands obstacles l'empêchèrent néanmoins d'exécuter. Il prit Boulogne, Thérouane, Arras, et établit son siège à Amiens. Il mourut de la douleur que lui causa la perte de son fils aîné , tué au siége de Soissons, en 448, après avoir régné près de vingt ans; et il recommanda sa femme et ses en fans à Mérovée-Clodion. Il était païen comme son père.


MEROVEE, — IIIe Roi.

— Ve Siècle, 448. —

MÉROVÉE, que l'on croit communément gendre de Clodion , lui succéda par l'élection qu'en firent les Français pour être leur roi, en 448. Ce prince étendit ses conquêtes jusque dans la Champagne où il défit Attila, dans les plaines de Châlons, et tailla en pièces son armée qui était de deux cent mille hommes. Cet Attila était roi des Huns, peuples barbares, descendus des anciens Scythes. On l'avait surnommé le fléau de Dieu à cause des ravages qu'il commettait partout. Dans cette journée mémorable, dont In- succès assura la tranquillité de la France, Aétius, général des Romains, et Théodoric, roi des Visigoths, s'étaient réunis à Mérovée. Théodoric fut tué sur le champ de bataille. C'est en considération de cette grande victoire , que les descendans de Mérovée prirent le nom de Mérovingiens. Ce prince prit ensuite Orléans, Sens, Paris, et plusieurs autres villes.

Après avoir assuré ses conquêtes et régné dix ans, il mourut en 458. Mérovée était auss païen.


CHILDÉRIC Ier. — IVe Roi.

— Ve Siècle, 458. —

CHILDÉRIC Ier succéda à Mérovée, son père; mais, dans les commencemens de son règne, il tomba dans plusieurs excès qui donnèrent lieu à ses sujets de se révolter et de le chasser de ses Etats. Il se réfugia chez Basin, roi de Thuringe, qui était son ami,et où il resta environ quatre ans, au bout duquel temps il remonta sur le trône par le moyen de Guiemans, son favori, qu'il avait laissé en France. Celui-ci porta à de si grandes violences Égidius qui occupait la place de Childéric, que les Français parurent regretter ce roi; alors Guiemans lui en ayant donné avis, il revint et chassa Égidius, que d'autres appellent Gillon.

Rentré dans ses États, il s'y conduisit avec modération, prudence et valeur. Il prit Angers, Orléans, les îles des Saxons, et battit les Allemands. Ayant épousé Basine, femme de Basin, qui le suivit à son retour de Thuringe, il en eut Clovis, qui lui succéda, et trois filles, Alboflède, Lantilde et Audeflêde. Il règna vingt-quatre ans, mourut en 480, et fut enterré à Tournai, où son tombeau fut découvert en 1633. Ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'on y trouva des espèces d'abeilles d'or, ses tablettes, ses armes, un globe de cristal, et plusieurs autres curiosités qui furent déposées en grande partie dans la bibliothèque royale à Paris.


CLOVIS-LE-GRAND. — Premier Roi chrétien.

— Ve Siècle, 481. —

Clovis, fils de Childéric épousa la fille de Gontran , roi de Bourgogne, qui, ayant été élevée dans la religion chrétienne, contribua beaucoup à sa conversion.

- Au commencement de son règne l'an 481, Clovis fit la guerre à Siagrius,fils de Gillon qui avait été couronné roi à la place de Childéric, son père et, l'ayant vaincu, il le fit mourir.

En 486, il prit Reims et Soissons; et, en 496 , près de livrer aux Allemands la célèbre ba- taille de Tolbiac, il fit vœu d'embrasser la religion chrétienne s'il demeurait vainqueur ; comme il fut victorieux, il s'écria: « La victoire nous reste; je jure d'embrasser la foi du Dieu de Clotilde. »

Il se fut baptiser par saint Remi, archevêque de Reims, et, le même jour , une de ses soeurs ettrois mille hommes de son armée reçurent le baptême. Pour agrandir le royaume de France, il fitla guerre aux Romains, aux Bourguignons et aux Visigoths, qui en occupaient chacun une partie. Il tua, près de Poitiers, de sa propre main, à la tête desdeux armées,


Alaric, roi des Visigoths, qui était arien. On remarque qu'il était très-vaillant, grand politique, et fort cruel. Sa barbarie s'exerça contre tous ses parens, entre autres contre Sigebert-le-Boiteux, roi de Cologne, et son fils Clodéric; contre Césarie, contre Ranacair qui régnait à Cambrai; contre Récomer qui régnait au Mans. S'étant défait d'eux, il s'empara de leurs biens et de leurs états. Il mourut en 511, après avoir régné trente ans, et fut enterré à Sainte-Geneviève. Il changea les armes de France en fleurs-de-lis. Sous le règne de Clovis fut établie la loi Gombette, qui autorisait le duel judiciaire ou jugement de Dieu. On faisait combattre en champ-clos l'accusateur et l'accusé; si celui-ci succombait, il était considéré comme coupable et on le conduisait au supplice; si, au contraire, il était vainqueur, son antagoniste, réputé calomniateur, subissait la peine du crime dont l'avait accusé son ennemi.


CHILDEBERT Ier. — VIe Roi.

— VIe Siècle, 511. —

CLOVIS eut quatre fils de Clothilde, sa femme : Childebert, qui fut roi de Paris ; Clodomir, roi d'Orléans ; Clotaire, roi de Soissons, et Thierri, roi de Metz. Ils furent tous cruels, avares, et jaloux l'un de l'autre. Clotaire et Clodomir firent jeter Sigismond , duc de Bourgogne, dans un puits, avec sa femme et ses enfans. Clodomir fut tué, et ses enfans massacrés par Clotaire et par Chidebert, leurs oncles. Amalaric, beau-frère de ces quatre rois, per- dit aussi la vie. Quant à Childebert, il fit la guerre à Amalaric, roi des Visigoths, et le vainquit. Amalaric était arien, et avait épousé la sœur de Childebert; il la maltraitait souvent à cause de sa religion, et elle s'en plaignit à son frère qui prit aussitôt les armes pour la venger. Il fit des conquêtes considérables en Espagne: ayant assiégé Sarragosse il leva le siège par respect pour saint Vincent, dont cette ville conservait les reliques; et c'est à cette occasion qu'étant de retour à Paris, il fit bâtir, en l'honneur de ce saint, une église qui est aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés. Il s'est rendu recommandable par sa


charité envers les pauvres et son zèle pour la religion. Il eut de sa femme, nommée Ultrogothe, deux filles qui ne voulurent pas se marier ; et après un règne de quarante-sept ans, il mourut en 458, et fut enterré dans l'église qu'il avait fondée en l'honneur de saint Vincent.

CLOTAIRE Ier, DIT DE SOISSONS. — VIIe Roi.

— VIe Siecle, 560. —

CLOTAIRE Ier, fils de Clovis et roi de Soissons, succéda à son frère Childebert en 560 ; et son autre frère, étant aussi décédé, il fut roi de toute la France. Il fit deux fois la guerre en Bourgogne, et égorgea cruellement les enfans de son frère Clodomir, qu'il y avait attirés sous prétexte de les mettre en possession du royaume de leur père; ensuite il battit les Saxons qui s'étaient révoltés, les Thuringiens qui les avaient secourus, et ruina totalement le pays. Son fils s'étant révolté contre lui, il eut la barbarie de le faire brûler avec sa famille, dans une cabane où il s'était sauvé. Il en témoigna dans la suite un grand repentir; il était libéral, vaillant, mais ambitieux et cruel. Il vécut soixante-quatre ans,


en égna cinquante, et dit en mourant, à Compiègne , ces paroles mémorables : Que pensez- vous que soit le Roi du ciel, qui fait ainsi mourir les rois de la terre ?

Il fut entérré à Soissons, dans l'église de Saint-Médard.

Il avait épousé six femmes dont il avait eu plusieurs enfans.

CHEREBERT OU CARIBERT. — VIIIe Roi.

— VIe Siècle, 562. —

CHEREBERT succéda à Clotaire, son père, et fut couronné roi de Paris en 561. Son règne n'est remarquable que par la vie extrêmement licencieuse à laquelle il s'abandonna.

Dès son avènement au trône, il répudia sa femme Ingoberge, qu'il avait épousée du vivant de son père; ensuite il se maria avec Méroflède, puis avec Maracovée, qui avait pris le voile sacré, toutes trois sœurs, et filles d'un cardeur de laine; et dans le même temps il entretenait encore Théodéglie, fille d'un berger: ce qui obligea saint Germain, évêque de Paris, de lui interdire les sacremens. Il régna six ans, mourut en 567, au château de Blaye sur la Garonne, et fut enterré dans l'église Saint-Romain. C'est de ce règne que


date la dignité de maire du palais. Cet officier était dans l'origine ce que fut depuis le grand-maître de la Maison du Roi : il ne commandait qu'aux domestiques. Dans la suite , il devint ministre, commandant des armées , chef, prince, et enfin roi de la nation.

(Voyez Charles-Martel et Pépin.)

CHILPERIC Ier. — IXe Roi.

— VIe Siècle, 571. —

CHILPÉRIC fut placé sur le trône par la mort de son frère Cherebert, car il n'était aupa- ravant que roi de Soissons. Il se fit remarquer en prenant deux fois les armes contre son frère qui était roi d'Austrasie, et gagna plusieurs batailles ou il était en personne; il se rendit maître de Reims, de la Touraine, du Poitou et du Limousin.

Il donna en plusieurs occasions des preuves de sa piété; car il ne voulut point voir plusieurs grands seigneurs qui avaient mis l'épée à la main dans l'église de Saint-Denis, avant qu'ils n'eussent fait la pénitence que leur avait imposée l'évêque de Paris. Il eut grand soin de faire convertir les Juifs de son royaume, et fit de grandes libéralités


aux églises et aux monastères. Mais ses autres actions ne répondaient point à celles-ci; car il fit tant de cruautés, qu'on l'appelait le Néron et l'Hérode de son temps. Il usurpa lè bien de ses frères , chargea le peuple de subsides, et fit étrangler Galzonde , sa femme, afin d'épouser Frédégonde, qui lui fit commettre les crimes les plus énormes. Mais aussi quelle fut sa fin ? En revenant de la chasse, il fut assassiné dans la cour de son palais de Chelles, par les ordres de cette même Frédégonde , pour laquelle il avait tant de déférence, et qui avait conçu pour Landry une passion criminelle.

Il mourut donc en 584, après avoir régné environ dix-sept ans, et son corps fut enterré à Saint-Germain-des-Prés.

Sous ce règne florissait Grégoire, évêque de Tours, l'un des premiers historiens français.


CLOTAIRE II, LE GRAND. — Xe Roi.

— VIe Siècle, 584. —

CLOTAIRE II, surnommé le Jeune , n'avait encore que quatre mois quand son règne commença. Il fut mis sous la tutelle de Frédégonde, sa mère, et sous la surveillance de son oncle, roi de Bretagne. A cette époque, il se donna une bataille, près de Soissons, contre Childebert, roi d'Austrasie, qui fut totalement défait, et où Frédégonde , pour exciter davantage l'ardeur des soldats, leur montrait à la tête de l'armée le jeune prince qu'elle tenait entre ses bras. Elle ne survécut pas long-temps à cette victoire : âgée de cinquante-cinq ans, elle mourut, et son fils eut à combattre ses deux cousins qui lui déclarèrent la guerre ; mais la mort, qui les enleva peu de temps après, le mit à couvert de leurs persécutions, et lui donna le sceptre de toute la monarchie.

Brunehaut, veuve de Sigebert, roi d'Austrasie, avait fait périr dix rois ou enfans de rois; elle tomba entre les mains de Clotaire qui la fit attacher à la queue d'une jument indomptée; elle fut déchirée en pièces. Il signala son courage contre les Saxons, dont il tua le chef de sa propre main. Au reste, il ne fit jamais la guerre que quand il y fut


forcé, et pour procurer une paix durable et utile à ses États qu'il gouvernait avec justice, en y faisant régner la piété, le repos et l'abondance. C'est lui qui a établi les parlemens ambulatoires, nommés Placita, d'où sont venus les mots plaid, plaider, plaideurs, etc. Il vécut environ quarante-cinq ans , et fut enterré à Saint-Germain-des- Prés.

DAGOBERT Ier. — XIe Roi.

— Vile Siècle, 628. —

DAGOBERT Ier, fils de Clotaire, donna d'abord les plus grandes espérances; mais l'impureté de ses vices souilla l'éclat de ses vertus. Il répudia sa première femme pour épouser Nantilde, religieuse qu'il fit sortir du couvent, et dont il eut Sigebert et Clovis II. Cependant les sages conseils du vieux Pépin, maire de son palais, l'ayant fait renoncer au libertinage, il porta ses armes victorieuses contre différens peuples qui faisaient des courses en France, et qu'il dompta. Il chassa les Juifs de son royaume fit bâtir l'église de Saînt-Denis et couvrir d'argent l'endroit où reposaient les trois


saints Martyrs, en 629. Il avait déposé dans cette église l'oriflamme, espèce de bannière qui était en soie couleur de feu, ornée de trois queues et entourée de houpes de soie verte et parsemée de fleurs de lis d'or. Dans la suite, lorsqu'on entreprenait une guerre, nos rois faisaient sortir l'oriflamme avec grand appareil: c'était dans les combats le signe de la victoire. Ce prince vécut 38 ans, en régna 10, et mourut en 638. Il laissa deux enfans mâles, Sigebert et Clovis II, et fut enterré à Saint-Denis.

CLOVIS II. — VIIe Roi.

- VIIe Siècle, 633. —

CLOVIS II, second fils de Dagobert, succéda à son père dès l'âge de dix ans, Sigebert, son aîné , restant roi d'Austrasie : ce fut par ce prince que l'oisiveté s'établit sur le trône de France, ce qui lui valut le titre de Ier roi fainéant. Les derniers rois de cette première race , ne s'occupant que de leurs plaisirs, ne paraissaient qu'une fois l'année en public, le 1er mai, pour assister aux États sur un char garni de


verdure; tiré par quatre bœufs, et laissaient toute l'autorité royale aux maires du palais. Ce prince, très-charitable envers les pauvres, fit découvrir l'église de SaintDenis, pour faire de la monnaie, dont il soulagea le peuple dans une grande famine.

Il mourut en 666 , et fut enterré à Saint-Denis.

CLOTAIRE III. — XIIIe Roi.

— VIIe Siècle, 656. —

CLOTAIRE III, fils aîné de Clotaire II, lui succéda à l'âge de quatre ou six ans, comme roi de France et de Bourgogne, son frère Childéric régnant en Austrasie, et Thierri le plus jeune n'ayant point eu de partage. Le sage gouvernement de la reine Batilde, sa mère, affranchit les Gaulois de la capitulation onéreuse dont ils étaient chargés, et défendit aux Juifs le commerce qu'ils faisaient des enfans des Gaulois, comme esclaves. Cette vertueuse princesse, s'étant fait haïr des grands, pour avoir soutenu le parti des évêques saint Léger et Sigebrand, fut obligée de se retirera Chelles, pour éviter les mauvais traitemens d'Archambeau et D'Ebroïn, maires du palais


déjà tout puissans. Clotaire ne régna que quatre ans, et mourut en 670. Il fut enterré à Saint-Denis.

CHILDÉRIC II. — XIVe Roi.

— VIIe Siècle, 670. —

CHILRÉRIC II, second fils de Clovis II, succéda à Clotaire III, son frère. Ce prince combattit et défit Ebroïn, maire du palais, qui pour mieux soutenir son autorité, avait fait proclamer roi, Thierri, cadet de Childéric, mais quand celui-ci les eut en son pouvoir, il les fit raser l'un et l'autre, et mettre chacun dans un couvent séparé, ce qui lui assura une autorité absolue, mais dont il abusa pour son malheur. Naturellement violent et cruel, il fit attacher à un poteau et frapper de verges un seigneur français, nommé Bodillon, pour une faute des plus légères : mais il fut puni de sa férocité , car il fut tué en revenant de la chasse par ce même gentilhomme. Il avait épousé Bilichide, qui fat aussi assassinée avec son fils Dagobert par des per-


sonnes que Childéric avait maltraitées. Il fut enterré à Saint Germain-des-Prés, en 673.

THIERRI Ier. — XVe Roi.

— VIIe Siècle, 674. —

CE prince fut tiré de l'abbaye de Saint-Denis pour succéder à son frère; il fut d'une si grande indolence, qu'Ebroïn, échappé de son couvent, prit les armes pour se maintenir dans sa qualité de maire, se saisit du roi et de ses trésors, fit tuer son maire et décapiter saint Léger; mais quelque temps après, ayant été tué lui-même, Pépin-leGros fut reconnu pour maire et duc de France. Thierri, qui passa du trône dans un cloître, et du cloître sur le trône, et parut voir toutes ces horreurs avec une parfaite indifférence, mourut en 691. Il fut enterré à Saint-Vaast-d'Arras, et laissa pour héritiers Clovis et Childebert.


CLOVIS III. — XVIe Roi.

— VIIe Siècle, 690. —

CLOVIS III, fils aîné de Thierri, fut couronné par Pépin-le-Gros , maire du palais.

Il ne se passa rien de remarquable sous le règne de ce prince, qui ne fut que de quatre ans, sinon quelques révoltes que la puissauce de Pépin arrêta, et la guerre que ce même Pépin fit à Roboalde, duc des Frisons, dont il triompha, en obligeant les vaincus d'embrasser la religion du vainqueur. Clovis mourut en 696, sans enfans, encore fort jeune, et laissant la couronne à Childebert II, son frère. Il fut enterré à l'abbaye de Chelles.


CHILDEBERT II, LE JUSTE. — XVIIe Roi.

— VIIe Siècle, 696. —

CHILDEBERT II, second fils de Thierri, succéda à Clovis III, son frère. Ce prince aima fort son peuple et la justice; mais il ne soutint pas mieux la dignité de roi que ses prédécesseurs. Toute l'autorité royale résidait en Pépin-le-Gros, qui s'en servit à relever l'éclat de sa famille dans la personne de Charles-Martel, son fils, qu'il fit maire du palais ; Childebert ne paraissant en public qu'une fois l'année, pour assister à l'assemblée des États. Il mourut en 711, et fut enterré à Choisy, près Compiègne. Ce prince avait plutôt les inclinations d'un moine que celles d'un roi.


DAGOBERT II. — XVIIIe Roi.

— VIIIe Siécle, 711. —

DAGOBERT II succéda à Childebert II, son père, sous le gouvernement de Charles- Martel, maire de son palais, fils de Pépin-le-Gros, qui commença, sous le règne de ce prince, à jeter les fondemens de l'hérédité pour ses successeurs; car Dagobert ne fut roi que de nom, pendant cinq ans qu'il fut sur le trône. Ce prince mourut en 716, laissant de Clotilde, sa femme, un fils nommé Thierride-Chelles, lieu où il fut élevé, et qui ne régna qu'après Chilpéric II. Dagobert fut enterré à Nancy.

Avant de passer à Clotaire IV et à Chilpéric II, ou Daniel, je vais dire un mot sur Charles-Martel.

Après la mort de Pépin d'Héristal, l'autorité passa entre les mains de sa veuve Plectrude. Charles-Martel, fils naturel de Pépin, ayant paru suspect au nouveau gouvernement, fut arrêté: mais s'étant évadé, il fut reçu par les Austrasiens comme un libéra-


teur, et s'empara, comme son père sous Chilpéric II, de toute l'autorité. Chilpéric, ayant osé le combattre, fut vaincu, et Charles-Martel lui ôta la couronne pour la donner à Clotaire IV. Charles-Martel gouverna l'État avec tant d'éclat et de sagesse, qu'il parvint par ses conquêtes à en étendre les limites. Sans lui, la France aurait été asservie aux Musulmans déjà maîtres de l'Espagne. Les Sarrasins, dont l'ambition ne pouvait s'assouvir, avaient attaqué sans succès Eudes, duc d'Aquitaine, lorsqu'Ab- dérame, émir ou gouverneur d'Espagne, ayant fait une seconde irruption avec des forces considérables, pénétra jusqu'à Sens. Ayant été repoussé, il fondit sur l'Aquitaine, battit le duc, et s'avança de nouveau vers le centre du royaume. Charles-Martel arrêta bientôt cet ennemi redoutable. Une sanglante bataille qu'il lui livra entre Poitiers et Tours, fut le salut de la France, et Abdérame y perdit la vie. Malgré une telle défaite, les ennemis demeurèrent long-temps en Languedoc ou en Provence, d'où Charles-Martel, aussi habile dans le gouvernement, qu'invincible à la tête des armées, ne cessa point d'augmenter la gloire du nom français. Après la mort de Thierri, qui avait succédé à Chilpéric II, que Charles-Martel avait replacé sur le trône après Clotaire IV, il régna en qualité de duc, sans daigner faire un roi, et sans affecter un titre qui n'eût rien ajouté à sa puissance. Il se préparait à passer en Italie, où le Pape Grégoire III l'appelait par des vues politiques , et offrait de le reconnaître consul de Rome, mais il mourut en 715, avant l'exécution de ce projet, et fut enterre à Saint-


Denis avec beaucoup de pompe. Ses deux fils, Pépin et Corloman, prirent le timon des affaires et vécurent fort unis. Ainsi finit ce grand homme qui, sans avoir d'autre titre que celui de maire, fut plus roi qu'aucun souverain de l'Europe.

CLOTAIKE IV. — XIXe Roi.

— VIIIe Siècle, 715. —

CLOTAIRE IV monta sur le trône l'an 717, par la protection de Charles-Martel maire du palais, qui gouverna à sa place. Ce prince ne fit rien de mémorable, et mourut en 720, dix-sept mois après avoir obtenu la couronne. On ignore le lieu de sa sépulture.


CHILPERIC II, ou DANIEL. — XXe Roi.

— VIIIe Siècle, 716. —

LA charge de maire du palais qu'occupait Pepin-le-Gros, ayant été séparée en deux sous le règne de Dagobert II, Rainfroi occupait celle de Neustrie, et Charles- Martel, fils de Pepin, celle d'Austrasie. Dagobert II étant mort, sans avoir égard à Thierri II, son fils, Rainfroi tira du couvent un prince du sang, nommé Daniel, ou Chilpéric, fils de Childéric II, qu'il fit couronner, et Charles-Martel donna le titre de roi à Clotaire IV, fils de Thierri Ier, après quoi il combattit et vainquit Rainfroi ; mais Clotaire étant mort, Martel conserva la royauté à Chilpéric qui mourut sans enfans , la cinquième année de son règne , et fut enterré à Noyon.


THIERRI II, DIT DE CHELLES — XXIe Roi.

— VIIIe Siècle, 720. —

THIERRI II, fils de Dagohert II, après la mort de Chilpéric II, fut tiré du monastère de Chelles, par Charles- Martel, qui le fit couronner roi; mais si ce prince eut la voix du peuple, Martel en eut le cœur, car il régna sur lui avec une autorité absolue, remporta de grandes victoires sur les Saxons, les Allemands et les Bavarois, et, entre autres, sur le fameux Abdérame, chef des Sarrasins, qui fut tué avec trois cent soixante-quinze mille des siens, tandis que Martel n'en perdit que mille cinq cents. Il protégea le pape Grégoire III contre Luitprand, roi des Lombards. Thierri régna seize ans, mourut en 737, et fut enterré à Saint-Denis.


CHILDERIC III. — XXIIe Roi.

— VIIIe Siècle, 742. —

En 737, après la mort de Thierri II, il y eut un interrègne, jusqu'en 742, où Childéric III, son fils, monta sur le trône; mais il fut plutôt le fantôme de la royauté qu'il ne fut roi en effet, jusqu'à ce que Pepin-le-Bref, qui avait gagné le cœur des Français, leur eut adroitement insinué du dégoût pour Childéric, en leur représentant la nonchalance et l'incapacité de ce monarque dont la plus sérieuse occupation était de peigner ses cheveux et sa barbe, et leur fit désirer un roi digne d'eux. En 751, ce prince fut déposé, rasé, et enfermé, avec son fils Thierri, dans un cloître, comme insensé, où il mourut trois ans après, et sa femme Griselle fut voilée.

Pepin-le-Bref fut mis en sa place. Ainsi finit par ce prince, après dix ans de règne, la première race de nos rois, qui avait pris naissance de Mérovée.

Childéric III fut enterré à l'abbaye deSaint-Denis.

FIN DE LA PREMIÈRE RACE.


MŒURS, COUTUMES ET USAGES DES FRANÇAIS SOUS LA PREMIERE RACE.

LES Francs ou Français avaient conservé une sorte de férocité qu'ils avaient contractée dans les combats; et, pendant plusieurs siècles, ils ne perdirent rien de leur barbarie , parce que la guerre fut presque leur unique occupation. Souvent l'on s'élevait aux premières dignités par des crimes : aucune loi n'était capable de mettre un frein aux passions, et celle du plus fort était toujours la meilleure : les mœurs mêmes se ressen- taient de leur ancien culte du paganisme, et, bien qu'ils suivissent la religion chré- tienne, ils n'en avaient pas moins conservé le divorce, la polygamie et d'autres abus.

Les rois, dans le commencement, étaient plutôt des généraux que des souverains; ils partageaient avec les officiers et les soldats le fruit des conquêtes; et les lots se tiraient au sort. Peu à peu l'autorité royale augmenta, et la couronne devint héréditaire


dans la famille du roi. Cependant il n'y avait aucun ordre fixe de succession. Les ducs et les comtes gouvernaient les provinces, et conduisaient à la guerre les hommes libres de leur gouvernement. Quand à la justice, c'étaient ordinairement les comtes qui la rendaient, soit aux portes des églises ou des villes, mais toujours dans un lieu public.

On suivait ordinairement pour cela les lois auxquelles était soumis chaque délinquant, et il était jugé par ceux qui exerçaient la même profession que lui. Les parties, et ceux qui devaient juger, se rendaient en armes au lieu désigné; mais, avant de commencer, ils attachaient leurs armes à un poteau placé au milieu de l'assemblée. Quelque crime que l'on eût commis, on se rachetait pour de l'argent, ceux qui ne pouvaient payer étaient punis corporellement, soit par des peines afflictives, soit par la mort. Lorsque les preuves étaient douteuses, on ordonnait le combat entre l'accusé et l'accusateur. Lorsque l'homicide avait été commis sur un ecclésiastique, la somme que l'on avait à payer était bien plus considérable que pour une autre personne; et, lorsqu'un coupable ne pouvait être convaincu de quelque crime, on ordonnait différentes épreuves, telles que d'être plongé dans l'eau, de marcher sur un fer rouge, de tremper ses mains dans l'eau bouillante. Quand l'accusé sortait vainqueur de ces différentes épreuves, il était alors regardé comme innocent. Ce que je viens de rapporter ne regardait que les affaires particulières: quand à celles qui concernaient l'État, on formait des assemblées générales, composées d'évêques, de seigneurs.


et les affaires y étaient décidées; enfin, on y délibérait sur tous les objets inté- ressans pour la nation. On proposait au roi les avis, et il décidait en souverain.

Ces assemblées se tenaient sous la première race, en pleine campagne. Les Francs, après la conquête de la Gaule, qui était gouvernée par les Romains, n'ayant plus fait avec les Gaulois qu'un même peuple, empruntèrent plusieurs usages des Romains ; ils laissèrent aux vaincus la liberté de suivre leurs lois : ainsi se forma dans la monarchie un mélange de lois et de coutumes contraires les unes aux autres.

Lorsque les Français paraissaient en public, ils avaient toujours leurs armes, soit l'épée, la massue, la fronde, ou un javelot. Leur bouclier, construit en osier ou en bois léger, recouvert de cuir, était la seule arme défensive dont ils fissent usage. Quant aux différentes machines nécessaires, soit à l'attaque, soit à la défense des places, elles étaient à peu près semblables à celles des Romains.

Nous avons rapporté que les assemblées pour les intérêts de l'État se tenaient en pleine campagne; mais il s'en tenait d'autres nommées cours plénières, qui étaient moins sérieuses, quoique souvent on y traitât des intérêts du peuple; elles étaient plutôt une réunion de plaisir que d'affaires. On les tenait à Noël ou à Pâques, ou à l'occasion de quelques grands événemens. Les seigneurs du plus haut rang vêtaient invités, et pour y paraître; ils se piquaient de déployer un luxe et une


magnificence souvent au-dessus de leurs moyens. Ces assemblées n'étaient que fêtes, tournois et combats simulés. Toutes sortes de jongleurs s'y rendaient pour récréer la cour par les divers amusemens qu'ils offraient: des troubadours célébraient les hauts faits des guerriers, dans les différens festins qui s'y donnaient, et qui se succédaient chaque jour. Le peuple recevait dans ces fêtes des pièces de monnaie qui lui étaient jetées par les hérauts d'armes, et c'était ce que l'on appelait largesse. Souvent le roi distribuait aux seigneurs divers bijoux, soit en pierreries, soit en or ou en argent. Enfin ces réunions se terminaient toujours par des dons plus ou moins considérables.

Les rois de la première race n'avaient pour domaines que des métairies qu'ils allaient visiter tous les ans, et ils en consommaient les produits. On les vendait à leur profit: ils avaient en outre les amendes que l'on imposait à ceux qui avaient été condamnés, et les impôts auxquels on avait assujetti les Gaulois seulement; car les Français n'y étaient point soumis. De plus les rois recevaient de riches présens qui leur étaient faits par les seigneurs dans les assemblées de la nation.

Les principaux officiers de la couronne étaient les maires du palais, le référendaire ou chancelier, le connétable ou chef de l'écurie, et plusieurs autres , dont l'origine leur venait des Romains.

Quand à l'armée, on n'y connaissait point de cavalerie; chaque soldat qui se


mettait en campagne emportait avec lui des vivres, des armes, des vétemens pour un temps fixe, et ne recevait aucune paie; mais il partageait après la bataille tout le butin qui avait été fait sur l'ennemi. Ces dépouilles mises en commun se tiraient au sort après l'action, et chaqne soldat emportait la part qui lui était échue.

DEUXIEME RACE,

DITE

DES CARLOVINGIENS.

Nous allons passer aux rois de la deuxième race ; elle nous offre en la personne de Charlemagne un prince qui, par ses rares qualités , mérita le surnom de Grand qui lui fut donné. Cette seconde race, qui eut, comme la première, de beaux com- mencemens et une fin malheureuse, dut sa chute à la division de l'État à plusieurs fois; ce qui occasiona des guerres et des discordes par l'ambition et l'avarice de


ceux qui en étaient possesseurs, et fut cause des malheurs qui pesèrent sur la nation.

Les rois avaient donné aux grands des terres dépendantes de la couronne, comme la récompense de leurs services militaires. Les fiefs n'étaient point considérés comme une propriété héréditaire dans les familles, et le prince les retirait lorsqu'il le voulait. Mais insensiblement les grands seigneurs parvinrent à les faire rendre héréditaires, et de là vinrent tous les maux qui fondirent sur la France. Les ducs, les marquis, les comtes, devinrent propriétaires de leurs duchés, de leurs marquisats , de leurs comtés. Le roi, comme suzerain, recevait les sermens de ces seigneurs, pour les fiefs qu'ils tenaient de la couronne. Mais cela n'empêcha pas qu'ils ne devinssent assez puissans pour faire trembler quelquefois leur souverain.

Bientôt la force l'emporta sur toutes les lois. Les grands et petits seigneurs, sans cesse armés, ne pensaient qu'à se faire mutuellment la guerre, et le peuple devint la victime de cette oppression, étant forcé de suivre la bannière du seigneur sous la dépendance duquel il se trouvait.


PEPIN-LE-DREF. — XXIIIe Roi.

— VIIIe Siècle, 751. —

PEPIN-LE-BREF, fils du grand Charles-Martel, était duc, maire et régent, sous les rois fainéans. Ce prince s'étant acquis beaucoup de réputation par ses glorieux exploits pour la défense de la religion et l'intérêt de l'État, ayant été appelé au trône par le vœu de la nation, comme le plus digne, fut reconnu et couronné roi des Français dans une assemblée générale tenue à Soissons en 751, à la place du roi Chilpéric qui fut déposé, tondu et enfermé dans un cloître, comme incapable de régner pour sa stupidité et sa fainéantise. Pepin fut le premier qui ajouta la cérémonie du sacre à celle du couronnement, en se faisant oindre d'huile bénite par Boniface, archevêque de Mayence. Ce prince fut grand protecteur de la religion ; il rétablit le pape Étienne III qui s'était retiré en France contre la persécution d'Astolphe, roi des Lombards, que Pepin mit à la raison. Il augmenta grandement le patrimoine de l'Église ; après avoir réduit tous ses ennemis et ses sujets



Charlemagne


à leur devoir, il mourut l'an 768, après 17 ans de règne, et fut enterré à SaintDenis. Il laissa deux fils, Charles et Carloman.

CHARLEMAGNE, EMPEREUR ET Roi. — XXIVe Roi.

— VIIIe Siècle, 768. —

CHARLES, fils aîné de Pepin et de Berthe-au-grand-pied , succéda à son père en 768. Ce prince, connu dans l'histoire sous le nom de Charlemagne, orné de toutes sortes de vertus, fut le défenseur de l'Église et la gloire des armes et des sciences.

Il éteignit le titre des ducs d'Aquitaine, et mit fin au royaume des Lombards en 774.

Il vainquit les Saxons, les Hongrois, les Danois, et chassa les Sarrasins de l'Espagne.

Il créa les douze pairs de France, établit l'Université de Paris en 790, et fut couronné empereur d'Occident à Rome, en 800. Haut de taille, bien fait de sa personne, généreux, libéral, actif, laborieux, il avait la qualité inappréciable de se faire craindre et de se faire aimer. Ennemi des flatteurs, et doué d'un esprit profond et agréable, il aimait les gens de lettres, qu'il comblait de ses libéralités. Enfin , après


avoir étendu son empire de tous côtés, fait revivre la piété dans l'Église, après s'être acquis le sur nom de Grand, ce prince mourut à Aix-la-Chapelle où il fut enterré en l'an 814, le soixante-douzième de son âge, et le quarante-sixième de son règne.

Ce prince, à ses derniers momens, fit appeler son fils et lui dit : » Mon fils, vous allez devenir roi : c'est en ce moment surtout qu'il faut vous souvenir que vous êtes homme. »

LOUIS I, DIT LE DÉBONNAIRE, Empereur et Roi. — XXVe Roi.

— IXe Siècle, 814. —

Louis Ier, fils unique de Charlemagne, succéda à son père au royaume de France et à l'empire en 814. Le naturel doux et facile de ce prince, qui le fit surnommer Débonnaire , rendit son autorité méprisable ; et la France, qui s'était élevée au plus haut degré de gloire sous Charlemagne, tomba, sous le règne de son fils, dans un état déplorable. Ses enfans se soulevèrent contre lui, le firent déposer par un concile national tenu à Lyon, et reléguer à Saint-Médard, de Soissons, d'où il fut retiré et


rétabli par les Français. Il partagea son autorité royale avec ses enfans, il associa Lothaire à l'empire, fit Pepin roi d'Austrasie, et Louis, roi de Bavière. Ce prince, très-dévot et très-religieux, mais dont la faiblesse et la dévotion mal entendue firent le malheur de son peuple et le sien, mourut en 840, âgé de soixante-deux ans, et après en avoir régné vingt-six. Il fut enterré à Metz.

CHARLES II, DIT LE CHAUVE. — XXVIe Roi.

— IXe Siècle, 840. —

CHARLES II, surnommé le Chauve , troisième fils de Louis-le-Débonnaire, qui avait eu la France pour son partage, devint aussi empereur par la mort de ses frères, Lothaire et Louis, et par celle de ses neveux, Louis, Lothaire et Charles, fils de Lothaire empereur, coutre lesquels il avait soutenu la guerre la plus terrible. Il fut couronné à Rome, en 876. Ce prince, obligé de faire un traité avec les Normands qui ravageaient la France depuis plusieurs années, leur donna beaucoup d'argent.

Après avoir réduit la Bretagne, qui s'était révoltée contre lui, comme il allait à Rome


porter au pape Jean du secours contre les Sarrasins, il fut empoisonné par son médecin Sédécias, Juif de nation, et mourut à Mantoue, l'an 877, le cinquante-quatrième de son âge, et le trente-septième de son règne. Il fut enterré à Saint-Denis, fut le troisième empereur depuis Charlemagne. Il eut deux femmes : Hermentrude et Richilde.

LOUIS II, DIT LE BÈGUE , Empereur et Roi. — XXVIIe Roi.

— IXe Siècle, 877. —

Louis II, dit le Bègue , ayant survécu à ses frères, succéda aux États de Charles-le- Chauve, son père. Ce prince fut doué d'une prudence et d'un courage si relevés que, quoiqu'il n'ait régné que deux ans, on dit de lui qu'il a plus régné qu'il n'a vécu. Les Normands néanmoins firent encore de grands ravages sous son règne. Il mourut en 879, laissant après lui Louis et Carloman, de sa première femme, Alix, sa seconde, enceinte de Charles. Il fut enterré à Compiègne.


LOUIS III et CARLOMAN, FRÈRES. — XXVIIIe Hoi.

— IXe Siècle, 879. —

Louis III et Carloman, fils illégitimes de Louis-le-Bègue, lui succédèrent en qualité de régens du royaume qu'ils partagèrent entre eux. Ces deux frères, qui régnèrent ensemble et ne comptèrent que pour un, furent presque toujours occupés à repousser les attaques des Normands qui faisaient des incursions en France, qui pillaient, ravageaient, incendiaient les maisons et les églises.

Excités par la faim et réduits à vivre de rapines, quand on ne les voyait plus dans un endroit, ils reparaissaient dans un autre : il fallut traiter avec eux pour les faire sortir de la France, et composer à prix d'or avec des brigands.

Peu de temps après, l'un des deux frères qui portaient la même couronne, Carloman, périt à la chasse, déchiré par un sanglier, et mourut sans enfans.

Son frère Louis mourut également sans postérité, le 6 décembre 884. Ils furent enterrés à Saint-Denis.


CHARLES III, DIT LE GROS. — XXIXe Roi.

— IXe Siècle, 884. —

LE règne de ce prince commença en 884, sur la fin de janvier. Charles-leSimple, à qui la couronne appartenait, n'étant pas en état de gouverner, l'abbé Hugues, son tuteur, appela en France Charles-le-Gros qui fut reconnu roi de France et qui était déjà empereur d'Occident. Son premier soin fut de s'opposer aux Normands qui, revenus en France, entrèrent dans la Seine avec un si grand nombre de barques et de petits vaisseaux, que la rivière en était toute couverte à deux lieues de long. Paris les arrêta, mais ne put les forcer à rétrograder. Ils tinrent la Seine captive pendant trois ans, au bout desquels ils entreprirent d'en forcer le passage; mais plusieurs seigneurs, à la tête desquels étaient le comte Eudes et les Parisiens, défendirent leur ville avec le plus grand courage; Charles-le-Gros vint lui-même à son secours, et se campa à Montmartre.

Alors les différends qui s'élevèrent entre lui et les seigneurs français firent qu'il


aima mieux employer l'or que le fer pour se débarrasser de ces brigands, et convint avec eux que, moyennant telle somme d'argent, ils quitteraient la France au mois de mars. Mais il n'en fut pas plus heureux; car il se comporta si mal, qu'il se vit déchu de toutes ses grandeurs royales, abandonné de tous ses sujets, parens et amis, et qu'il mourut enfin de regret et de misère, dans un pauvre village de Souabe, comme inconnu, en 888. Il fut enterré dans l'abbaye de Richenove, dans l'île du lac de Constance.

EUDES, ROI USURPATEUR. — XXXe Roi.

— IXe Siècle, 888. —

APRÈS la mort de Charles-le-Gros, Eudes, fils de Robert, comte d'Anjou, ayant vaillamment défendu Paris contre la fureur des Normands, fut, par son mérite, élu et reconnu roi. Il se porta ensuite contre les partisans de Charles-le-Simple, qui voulaient s'opposer à lui; mais, se voyant encore traversé de plusieurs autres qui voulaient partager son autorité, sentant qu'il devenait de plus en plus difficile de se maintenir


sur un trône usurpé, il reconnut Charles-le-Simple pour le véritable successeur, et lui remit la couronne après dix ans de règne. Il mourut à la Fère, en 898, et fut enterré à Saint-Denis

CHARLES III, DIT LE SIMPLE. — XXXIe Roi.

— IXe Siècle, 898. —

CHARLES-LE-SUIPLE, fils de Louis-le-Bègue, après la mort de Charles-le-Gros et d'Eudes, son tuteur, monta sur le trône de ses ancêtres, en 898. Il fit alliance avec les Normands, par sa fille Gillette qu'il maria à Rollon, leur duc , après lui avoir cédé la Neustrie, nommée depuis Normandie , à condition qu'il se ferait chrétien. Robert III, duc des Français et frère d'Eudes, fit soulever les principaux seigneurs contre Charles , et Robert fut sacré roi. Charles lui livra bataille, le tua de sa main, mais perdit la victoire. Hugues, fils de Robert, et Herbert, comte de Vermandois, couronnèrent Raoul, gendre de Robert, et surprirent Charles sous prétexte d'une conférence pour accommodement. Il fut arrêté et conduit prisonnier à Péronne où il mot rut de


chagrin, l'an 929, le trente-unième de son règne, laissant après lui Ogine d'Angleterre, son épouse, et Louis, son fils, qui se retirèrent en Angleterre.

RAOUL, USURPATEUR. — XXXIIe Roi.

— Xe Siècle, 923. —

RAOUL, roi de Bourgogne, qui avait usurpé la couronne sur Charles-le-Simple par l'infidélité de Hugues-le-Grand, duc des Français, d'Herbert, comte de Vermandois, n'en jouit pas long-temps en paix. Son règne fut pénible et malheureux : il n'éprouva que des traverses en Normandie, en Guienne et en Lorraine, pendant douze ans qu'il régna. Il mourut à Auxerre, le 15 janvier 936, laissant un déluge de troubles dans le royaume, par les factions continuelles des princes et seigneurs qui changeaient de parti; il fut enterré dans l'église de Sainte-Colombe, à Sens. En vain, quelques historiens ont donné à Raoul les qualités qui font les grands rois, les circonstances qui avaient favorisé son usurpation le maintinrent seules sur le trône.


LOUIS IV DIT D'OUTRE-MER. — XXXIIIe Roi.

— Xe Siècle, 936. —

LOUIS IV, qui avait suivi en Angleterre sa mère Ogine, après la mort de Charles-le-Simple dans les prisons de Péronne, fut rappelé par les États de France, après la mort de Raoul, son usurpateur; mais Hugues-le-Grand, qui voulait élever sa famille, lui suscita tant d'affaires que son règne ne fut pas plus heureux que celui de son prédécesseur, ayant été renfermé en prison.

Il mourut à la chasse, d'une chute de cheval, en poursuivant un loup, l'an 954, âgé de trente ans, et laissant après lui Lothaire et Charles. Il fut enterré à Reims.


LOTHAIRE. — XXXIVe Roi.

— Xe Siècle, 954. —

LOTRAINE, fils de Louis-d'Outre-Mer, fut héritier du royaume de son père, de son malheur et de sa perfidie. Il fut toujours querelleur et battu par Richard de Normandie, dont il voulait usurper l'État. Il fut aussi en guerre avec l'empereur Othon, au sujet de la Lorraine. Lothaire, indigné de voir que l'empereur la retenait contre toute justice, y entra à l'improviste à la tête d'une armée, reçut dans la ville de Metz le serment des Lorrains et marcha droit à Aix-la-Chapelle où Othon, se croyant fort en sûreté, se divertissait avec sa famille. Peu s'en fallut qu'il ne fût pris. Il n'eut que le temps de monter à cheval et de prendre la fuite, abandonnant son dîner que Lothaire trouva sur la table. Celui-ci pilla tout ce qu'il y avait de plus précieux en meubles, et ravagea tous les lieux circonvoisins. Othon , pour se venger de cette injure, entra en France avec soixante mille hommes, saccagea toute la Champagne, et s'avança jusqu'aux portes de Paris dont il se croyait déjà maître; mais il en fut vigoureusement


repousse : toute son arrière-garde fut taillée en pièces, et on le poursuivit jusqu'aux Ardennes. Loin de profiter de cet avantage , Lothaire fit un traité dans Reims avec Othon II, dès la même aunée, par lequel il cédait la Lorraine à l'empereur. Les grands du royaume furent indignés de sa conduite, de manière qu'il mourut haï de tous et empoisonné dans la ville de Reims, à l'âge de quarante cinq ans. Il fut enterré dans l'église de Saint-Remi.

LOUIS V, DIT LE FAINÉANT. — XXXVe Roi.

— Xe Siècle, 968. —

LOUIS V, dernier de sa race, dit le Fainéant, mourut à vingt-un ans, le 21 juin 987, après avoir régné seulement un an, sans enfans, sans amis, méprisé de Blanche, sa femme, et n'ayant rien fait de digne de mémoire. Il fut enter- ré à Compiègne. Ainsi finit la race de Charlemagne, après avoir déposé les Mérovingiens, pour commencer celle de Hugues Capet.

FIN DE LA SECONDE RACE.


MŒURS, COUTUMES ET USAGES DES FRANÇAIS SOUS LA DEUXIEME RACE.

PENDANT la seconde race de nos rois, les mœurs et usages des Français furent à peu près la même chose que sous la première. Charlemagne avait, par ses capitulaires, réglé l'administration de la justice, et ordonné que des espèces de commissaires, parcourussent les provinces, pour surveiller l'administration des ducs et des comtes qui rendaient la justice, pour recevoir les plaintes, réprimer les vexations, et maintenir le bon ordre. Ces commissaires interrogeaient sur les coutumes et les lois ceux qui se destinaient à la magistrature. Les juges étaient tous militaires, et avaient, lorsqu'ils jugeaient, le bouclier au bras.

Le jugement de Dieu était fort en usage à cette époque , et autorisé par les lois. Ce jugement consistait en un combat à outrance entre les deux parties, et celui qui


combait, était regardé comme criminel; si le crime était capital, on le traînait mort ou vif sur la claie, et on le suspendait à une potence. Les nobles et les hommes libres se servaient seuls de la hache et de l'épée, et les roturiers simplement de bâtons et d'un bouclier pour parer les coups. Avant le combat, chaque parti jurait sur la croix que sa cause était juste, et, après ce serment, les juges du combat s'écriaient: Laissez aller les combattans. Lorsqu'on doutait de la véracité de ceux qui se présentaient devant les juges, on avait recours à différentes épreuves, telles que celles de l'eau chaude , de l'eau froide, du fer chaud et de la croix. Ces différentes épreuves étaient toujours accompagnées de diverses cérémonies de religion : je vais les rapporter: Lorsqu'il s'agissait de l'épreuve de l'eau chaude, après avoir béni l'eau, on la faisait bouillir, et l'accusé était obligé de prendre avec la main nue un anneau ou autre chose que l'on y suspendait. Si, au bout de quelques jours, sa main n'offrait aucun signe de brûlure, alors on le déclarait innocent. Quanta celle de l'eau froide, on faisait préliminairement les mêmes cérémonies ecclésiastiques, ensuite on plongeait l'accusé, pieds et poings liés, dans l'eau. S'il surnageait, son innocence était certaine.

L'épreuve du feu consistait à porter à quelque distance un morceau de fer ronge sans que la main en fût endommagée , ou à marcher sur un fer ardent.

Celle de la croix consistait à tenir, pendant quelque temps , les bras tendus en forme de croix ; et l'accusé, ferme en cette position, prouvait par-là son innocence.


Toutes ces épreuves, fruit de la superstition, furent enfin abolies sous Philippe-Auguste, et le serment seul est resté parmi nous.

Pepin fut le premier qui introduisit La cavalerie dans les armées; mais l'armure du cavalier, entièrement en fer, ainsi que celle du cheval, le garantissait tellement, qu'il était presque impossible qu'il succombât.

Il n'en était pas de même pour l'infanterie qui n'avait pour se couvrir que le houclier.

Les revenus du roi étaient augmentés de quelques terres, dont la neuvième partie des fruits lui appartenait, ce qui fut sans doute l'origine de la dîme. Les militaires et es ecclésiastiques étaient seuls libres; les autres sujets se composaient de deux sortes de serfs, savoir : celle des esclaves pris à la guerre; et celle des habitans d'un fief. Ces derniers ne pouvaient se marier hors des terres de leur seigneur , sans son autorisation , ni en sortir sans son aveu. Les libres, les affranchis, les serfs, s'occupaient de commerce, et cultivaient les arts et les sciences. Excepté le dimanche, on ne célébrait d'autres fêtes que celles établies par les apôtres; mais, sous Charlemagne , elles furent portées à dix-huit, et par la suite on en établit encore d'autres.

Charlemagne avait fait tous ses efforts pour propager la culture des sciences et des lettres. Ce prince , capable de juger et de récompenser le mérite, n'avait rien négligé pour parvenir à son but, et bientôt d'un bout de la France à l'autre, il avait vu le suc-


cès couronner son espoir; mais, après sa mort, des guerres furent suscitées par les Normands; des règnes orageux replongèrent la France dans les ténèbres de l'ignorance.

Presque personne, excepté les ecclésiastiques, ne savait lire, et aucun acte autheu- tique n'assurant la possession des terres, ni les liens civils qui unissaient les familles, il s'en suivait nécessairement des dissensions souvent très-difficiles à apaiser.

Les principaux amusemens des Français, pendant la paix, consistaient en des joutes ou des tournois ou s'exerçait la jeunesse. Ces combats simulés étaient pour elle une sorte d'apprentissage du métier de la guerre. C'était sous les yeux d'un grand nombre de dames de haut rang que s'escrimaient ces preux chevaliers ; le vainqueur, fier de sa supériorité, venait déposer aux pieds de la Dame de ses pen- sées les trophées de sa victoire, et en recevait une couronne pour prix de sa valeur.


TROISIEME RACE,

DITE

DES CAPÉTIENS.

HUGUES CAPET, qui avait hérité de ses pères du duché de France, qui comprenait plusieurs provinces, fut proclamé roi dans une assemblée nationale, et sacré à Reims. Il fut chef de la troisième race qui, y compris Louis-Philippe 1er a déjà fourni trente-six rois à la France.

Cette troisième race se divise en six branches dont la première, qui est celle des Capet, a donné quatorze rois.

La seconde, appelée première des Valois, a eu sept rois.

La troisième, nommée branche d'Orléans, n'en eut qu'un.

La quatrième, formant la seconde branche des Valois, eut cinq rois.


La cinquième est la maison de Bourbon, qui eut Henri IV pour chef, et qui , nous offre, y compris Charles X, huit rois, parmi lesquels Louis XVII ne le fut que de nom, puisque ce jeune prince ne monta point sur le trône, et périt victime des factions qui désolèrent la France.

La sixième est la branche d'Orléans, régnant depuis 1830, et dont Louis Philippe 1er est premier roi.

Cette troisième race, en possession du trône depuis la fin du dixième siècle est une des plus anciennes maisons de l'Europe, et a donné une suite non interrompue de souverains à la France. parmi lesquels Louis XIV, par la gloire de ses armes et par son amour pour les arts, fit distinguer son siècle, et porta le royaume à un degré de splendeur inconnu jusqu'alors, sous les règnes de ses prédécesseurs; ce qui lui fit donner, comme à Charlemagne, le surnom de Grand.


HUGUES CAPET. — XXXVIe Roi.

— Xe Siècle, 987; —

CE prince, fils de Hugues-le-Grand, comte de Paris, duc et maire de France, ayant porté tout le fardeau des affaires pendant le règne des derniers rois. Louis V, son pré- décesseur, étant mort sans enfans, il traita avec les grands du royaume, pointeur laisser en propriété ce qu'ils tenaient d'office de la couronne ; au moyen de quoi, il fut élevé à la royauté du consentement de tous les États, à l'exclusion de Charles de Lorraine, oncle paternel de Louis V, dernier de la deuxième race, en 987. Ce prince supprima la qualité de maire du palais, établit les maréchaux, ordonna que le titre de roi ne serait donné qu'à l'aîné, que les frères auraient un apanage relevant de la couronne; que les bâtards ne porteraient pas le surnom de fils de France, et seraient exclus Il fit couronner son fils Robert qui régna quatre ans seul, et six avec lui. Il mourut en 997, et fut enterré à Saint-Denis.


C'est sous ce règne que le moine Gerbert, inventa l'horloge à balancier, dont l'usage se répandit bien vite en France.

ROBERT Ier, DIT LE PIEUX. — XXXVIe Roi.

— Xe Siècle, 996. —

ROBERT Ier, fils de Hugues Capet, succéda à son père qui l'avait associé à la couronne, de son vivant. Ce prince fut pieux, sage, prudent, et versé dans les sciences, surtout dans les mathématiques. Le pape Grégoire V, ayant déclaré nul son mariage avec Berthe, parce qu'elle était sa cousine, il épousa Constance, surnommée Blanche, fille de Guillaume, comte de Toulouse, princesse d'une grande beauté, mais fière, capricieuse, d'un caractère si violent et si bizarre, qu'elle aurait bouleversé tout le royaume , sans la sagesse et la modération du roi, son époux. Il traita avec l'empereur pour la Lorraine, pacifia les divisions survenues entre le duc de Normandie et le duc de Chartres, et contint tous les grands dans les bornes de leur devoir. Une grande


Robert le Pieur.



conspiration contre l'État et sa vie fut découverte ; les coupables étaient déjà connus et mis aux fers. Les grands du royaume s'assemblèrent pour faire le procès, lorsque le roi, qui savait pardonner et se faire aimer de tout son peuple, fit communier tous les conspirateurs: il leur dit après: Mes frères, allez-vous-en ; Dieu ne permet pas de faire mourir ceux qu'il reçoit à sa table. Sous son règne, on ne vit plus de conspiration. Il fit couronner son fils Henri puîné, de son vivant, de préférence à Robert, son ainé. Il eut un grand respect pour le culte divin, institua l'ordre de l'Étoile en 1022, et mourut en 1031, après un règne de trente-quatre ans. Il fut enterré à Saint-Denis.

La musique à plusieurs parties fut inventée, sous le règne de Robert, par un moine Italien nommé Aréta.


HENRI Ier. — XXXVIIIe Roi.

— XIe Siècle, 1031. —

LE règne de ce prince commença en 1027. Il avait été couronné et sacré à Reims, du vivant de son père. Blanche, sa mère, essaya, mais en vain, à différentes fois, de le faire descendre du trône, pour y mettre Robert, son fils cadet. Henri déjoua tous ses projets, et, par la sagesse de sa conduite, maintint son royaume dans une paix constante et profonde. Il mourut en 1060, la vingt-neuvième année de son règne, et laissa deux fils, Philippe et Robert. Il fut enterré à Saint-Denis.

Ce fut sous le règne de Henri Ier que l'on commença à faire usage des moulins à vent et des horloges à rouage.


PHILIPPE Ier. — XXXIXe Roi.

— XIe Siècle, 1060. —

PHILIPPE Ier, encore en bas âge, succéda à son père Henri et fut mis sous la tutelle de Baudouin, comte de Flandre, après la mort duquel il devint fort voluptueux, avare et sans foi, suscitant des brouilleries et des dissensions afin d'en profiter. Il fut deux fois excommunié pour avoir répudié Betthe, sa femme, et pour ses relations avec la comtesse d'Anjou qu'il avait enlevée : il la quitta, et fut absous. Il se croisa sous Godefroi de Bouillon, avec tous les princes chrétiens. Il mourut l'an 1108, après avoir régné quarante-huit ans, et fut enterré à Saint-Benoit-sur-Loire.

Ce fut l'année de la mort de Philippe Ier que fut fondé l'ordre des Templiers ou Che.

valiers du Temple, ainsi nommés parce qu'ils étaient spécialement chargés de la garde du temple de Jérusalem.


LOUIS VI, DIT LE GROS. — XLe Roi.

— XIIe Siècle, 936. —

LOUIS-LE-GROS succéda à Philippe son père. Il apaisa tous les troubles qui lui furent suscités par Henri Ier, roi d'Angleterre, en Normandie et en Flandre, et avec les empereurs Othon IV et V; ce qui était la suite d'une querelle qu'ils avaient eue au jeu avec les deux fils de ce prince. Il mit un frein à la cupidité de plusieurs grands seigneurs qui usurpaient les biens de l'Église et de la couronne. Il défia le roi d'Angleterre de se battre tête à tête contre lui; mais, celui-ci ayant refusé d'accepter, Louis tailla en pièces son armée. Il empêcha l'empereur Henri V d'entrer dans ses États, et son courage et sa prudence lui firent terminer heureusement toutes les guerres qui lui furent suscitées. Ce fut lui qui le premier fit porter l'oriflamme à la tête des armées françaises.

Ce prince vécut soixante ans, et en régna vingt-neuf. Il mourut en 1137, et fut enterre à Saint-Denis. L'épaisseur de son corps lui fit donner le surnom de Gros ; ses victoires,


la titre de Batailleur, ses libéralités et sa piéré, celui de défenseur de l'Église. Il laissa cinq filles et un fils Avant de mourir, il adressa ces dernières paroles à son fils Louis VII: « Souvenez-vous, mon fils, et ayez toujours devant les yeux, que l'autorité royale » n'est qu'une charge publique dont vous rendrez un compte très-exact après votre » mort. »

LOUIS VII, DIT LE JEUNE. — XLIe Roi.

— XIIe Siècle, 1137. —

LOUIS-LE-JEUNE, fils de Louis-le-Gros et d'Adélaïde de Savoie, succéda à son père en 1137. Il termina une guerre qu'il avait avec les Anglais, au sujet du comte de Toulouse, en mariant Catherine, sa fille , avec Henri, fils aîné d'Angleterre. Ce prince , touché de repentir d'avoir fait brùler plus de treize cents personnes qui s'étaient refugiées dans une église au siège de Vitry, et persuadé par saint Bernard qu'il fallait satisfaire la justice divine, fit le voyage de la Terre-Sainte, mais sans fruit, par


la mésintelligence des chrétiens qui furent obligés d'abandonner Jérusalem aux Sarrasins , quarante-neuf ans après la conquête qui en avait été faite par Godefroi de Bouillon.

A son retour, il répudia sa femme Éléonore qui déjà l'avait abandonné, épousa Constance d'Aragon, et, en troisièmes noces, Alix de Champagne dont il eut Philippe-Auguste. Il éteignit le différend survenu en Angleterre entre le père et le fils aîné , par sa fille Alix qu'il maria à Richard, son cadet. Il reçut en France le pape Alexandre qu'il protégea contre l'empereur Frédéric III. Il fit couronner son fils, et mourut en 1180, âgé de soixante ans, et en ayant régné quarante-trois. Il fut enterré à Saint-Denis.

Ce fut sous Louis VII que fut posée la première pierre de l'église de Notre-Dame, sur le plan de Maurice de Sully , évêque de Paris. Sous ce roi protecteur des lettres, on établit aussi des écoles où l'on s'occupait à transcrire les anciens manuscrits. Parmi les personnages les plus célèbres de cette époque, outre saint Bernard abbé de Clervaux, on cite Abeilard , célèbre par sa science , ses amours et ses malheurs ; et la tendre Héloïse, son amante, la femme la plus savante de son siècle, comme elle en était la plus belle.


PHILIPPE II, DIT AUGUSTE. — XLIIe Roi. — XIIe Siècle, 1180. —

PHILIPPE-AUGUSTE, Dieu-Donné, né d'Alix de Champagne, le 22 août 1165, succéda à Louis-le-Jeune son père, qui l'avait fait sacrera Reims de son vivant, en 1179. Ce prince était libéral, prudent, vaillant, juste, ami du peuple, ennemi des dissolutions et violences publiques : ses grandes qualités lui valurent le surnom d'Auguste. Il purgea son royaume des blasphémateurs et des comédiens, fit fermer les cabarets et autres lieux de débauche, et bannit tous les juifs. Il soutint de grandes guerres , et gagna la fameuse bataille de Bouvines, créa le grade de maréchal de France, dont Albéric Clément fut revêtu le premier. Il réunit plusieurs terres et provinces à son royaume. Il essuya plusieurs disgrâces dans ses mariages. Il fit des réglemens pour la police, institua le prévôt des marchands et les échevins. Il fit paver une partie de la ville de Paris, achever l'église Notre-Dame, bâtir le Louvre et les Halles, et renfermer de murailles le bois de Vincennes. Il mourut à Mantes, la quarante quatrième année de


son règne, en 1223 , âgé de cinquante-huit ans, fut regretté dé tous ses sujets, et enterré à Saint-Denis.

Sous ce règne, Alexandre , poète parisien, fit le premier usage des vers de douze syl- labes, qui prirent de lui le nom de vers alexandrins.

LOUIS VIII — XLIIIe Roi.

— XIIIe Siècle, 1225. —

Louis VIII, fils de Philippe-Auguste et d'Isabelle de Hainaut, n'est ni décrié pour ses vices, ni loué pour ses vertus; mais il est à remarquer qu'il fut fils d'un excellent père , et père d'un excellent fils. Il passa en Angleterre, du vivant de son père, pour y prendre possession de ce royaume, mais inutilement. Il réunit à ses États la province du Languedoc, par la défaite presque totale de tous les hérétiques albigeois et du comte Raymond, par le comte Monfort, auquel le concile œuménique de Latran adjugea son pays; et, après sa mort, son fils Amauri en céda le droit à Louis qui l'annexa au domaine royal. Louis, retournant à Paris, mourut au château de Montpensier, dans la


troisième année le son règne, en 1226, âgé de trente-neuf ans, et fut enterré à SaintDenis. Il eut de Blanche de Castille, sa femme, Louis, qui lui succéda, Robert Ier , comte d'Artois, Alphonse, comte de Toulouse, et Charles, duc d'Amiens, ensuite roi de Sicile et de Naples, et une fille.

L'usage de la boussole commença à s'établir vers ce temps.

LOUIS IX, OU SAINT LOUIS. — XLIVe Roi.

— XIIIe Siècle, 1226. —

LOUIS IX , fils de Louis VIII et de blanche de Castille , âgé de onze ans , succéda à la couronne en 1226, sous la sage tutelle de sa mère qui l'éleva, avec un soin par- ticulier, dans l'exercice de toutes les vertus chrétiennes. En 1242, Louis IX battit Henri III, roi d'Angleterre, à la bataille de Taillebourg et à la bataille de Saintes.

Il épousa Marguerite de Provence en 1248, et passa en Égypte avec Robert et Charles, ses frères; défit les Sarrasins en trois combats, et prit Damiette ; mais


les sultans , ayant rassemblé toutes leurs forces contre celles de Louis, beaucoup diminuées par la maladie contagieuse, il fut fait prisonnier avec plusieurs seigneurs et mis en liberté, aux conditions de rendre ses conquêtes, et de payer quatre cent mille livres pour sa rançon. Il réforma son Etat, et partit pour une seconde croisade avec ses trois fils, passa en Afrique, prit Carthage, et mourut de la peste devant Tunis, le 25 août 1270, âgé de cinquante-cinq ans, après un règne de quarante-quatre ans. Sa piété le fit surnommer le Saint , et canoniser par Boniface VIII, le 25 août 1297. Son corps fut apporté et enterré à Saint-Denis.

C'est sous le règne de ce saint roi que la Sainte-Chapelle fut bâtie, la Sorbonne fondée, l'hôtel des Quinze-Vingts établi pour recevoir 300 chevaliers auxquels les Sarrasins avaient crevé les yeux.


PHILIPPE III, DIT LE HARDI. — XLVe Roi.

XIIIe Siècle, 1270. —

PHILIPPE III, dit le Hardi, fils de saint Louis, fut proclamé roi, au camp devant Tunis, après la mort de son père auquel il alla rendre les derniers devoirs, ainsi qu'à son frère Robert, et fut sacré à Reims en 1271. Il épousa Isabelle d'Arragon en premières noces, et en "secondes, Marie de Brabant. Ce fut sous son règne, qu'en 1282, Pierre d'Arragon anima tellement les habitans de la Sicile contre les français, qu'ils furent tous massacrés le jour de Pâques, sans distinction de sexe ni d'âge, pendant les vêpres, au nombre de huit mille au moins, et cela dans l'espace de deux heures. Ce massacre, connu dans l'histoire sous le nom de Vêpres siciliennes, irrita Philippe au point qu'il passa les Pyrénées, prit Gironne et défit le roi d'Arragon; mais , attaqué d'une fièvre maligne, il mourut à Perpignan âgé de quarante ans, après en avoir régné quinze. Il eut de sa première femme


Philippe-le-Bel, et Charles, comte de Valois, d'où sortirent les Valois; et de sa seconde femme il eut Louis X et Marguerite. Son corps fut transporté et enterré à Saint-Denis.

Les premières lettres d'anoblissement furent accordées, sous ce règne, à Raoul de Crépy , argentier du roi, c'est-à-dire son trésorier.

PHILIPPE IV, DIT LE BEL. — XLVIe Roi.

— XIIIe Siècle, 1285. —

PHILIPPE IV, dit le Bel, né d'Isabeau d'Arragon , succéda à son père Philippe- le-Hardi, en 1285. Ce prince ayant levé quelques deniers sur le clergé de France, pour soutenir la guerre contre les Flamands, l'empereur Adolphe, Édouard, roi d'Angleterre, le duc de Bar, ligués contre lui, fut excommunié par Boniface VIII. Indigné de cette action, Philippe fit brûler la bulle du Pape, et le fit citer au concile par deux gentilshommes; un d'eux lui donna un coup de gantelet dont


il mourut. Benoît IX, son successeur, leva l'excommunication. Philippe accorda la paix aux Flamands, donna sa fille à Édouard II, et se joignit à Clément V pour exterminer l'ordre des Templiers qu'on accusa des plus grands crimes, pour s'emparer des biens immenses qu'ils possédaient. Philippe-le-Bel assembla les États-généraux, où , pour la première fois, le tiers État fut admis. Il vécut quarante-six ans, en régna vingt-neuf, et mourut en 1314. Il eut de Jeanne de Navarre, sa femme, trois princes qui lui succédèrent, et Isabelle, reine d'Angleterre. Il rendit le parlement de Paris sédentaire, fit bâtir le palais, et créa le conseil qui suivait les rois. Il fut enterré à Saint-Denis.

Vers le commencement du règne de ce prince, on introduisit en France l'usage des lunettes , appelées alors besicles , et celui des miroirs de verre.


LOUIS X, DIT LE HUTIN. — XLVIIe Roi.

— XIVe Siècle, 1314. —

Louis X, dit Hutin ou Mutin, fils de Philippe-le-Bel, fut couronné roi de Navarre, du vivant de son père, en 1307, et sacré roi de France, après sa mort, en 1315.

Ce prince ne fut point aimé à cause de son humeur turbulente, colère et insupportable. Il fut vaillant et jaloux des droits de sa couronne. Il fit pendre Enguer- rand de Marigny, surintendant des finances, accusé de péculat, lequel fut exécuté au gibet de Mont-Faucon, qu'il avait fait dresser lui-même. Il fit étrangler Marguerite de Bourgogne, sa première femme, qui avait manqué à son honneur.

Il rappela les juifs en France, et mourut empoisonné au château de Vincennes, âgé de vingt-sept ans, n'ayant régné que vingt mois. Son corps fut porté à Saint-Denis.

L'usage introduit en France de faire du papier avec des chiffons, et l'invention de la poudre à canon, en Allemagne, eurent lieu vers la même époque.


PHILIPPE V, DIT LE LONG. — XLVIIe Roi.

— XIVe Siècle, 1316. —

PHILIPPE V, surnommé le Long à cause de sa haute stature, second fils de Philippele-Bel, et frère de Louis Hutin, auquel il succéda, eut autant de bonté et de douceur que son frère avait eu de violence et d'emportement, lesquels furent la source de plusieurs désordres que le nouveau roi apaisa par le mariage de ses quatre filles avec les princes mécontens qui exerçaient de grandes vexations sur son peuple.

Il affermit la paix avec les Flamands, en adoucissant les conditions rigoureuses auxquelles son père les avait contraints. Il chassa pour la seconde fois tous les juifs du royaume : ils étaient soupçonnés d'avoir voulu empoisonner les puits et les fon- taines publiques. Après avoir donné le repos à son peuple, il mourut de la dyssenlerie, en 1321, âgé de vingt-huit ans, la quatrième année de son règne, et fut enterré à Saint-Denis : ce prince avait épousé Jeanne de Bourgogne, dont il eut deux filles.


CHARLES IV, DIT LE BEL. — XLIXe Roi.

— XIVe Siècle, 1322. -

CHARLES IV, dit le Bel, troisième fils de Philippe-le-Bel, succéda à Philippe-leLong, son frère, en 1321. Ce prince eut peu de défauts, et beaucoup de rares qualités. Sévère observateur de la justice, il fit pendre Jourdain-de-l'Ile pour ses crimes, quoiqu'il fut beau-père du pape Jean XXII. Il fit rentrer dans son devoir l'Anglais, qui lui refusait l'hommage pour la Guienne; il en fit de même au comte de Flandre, son vassal, et lui rendit ce qu'il avait perdu par sa mauvaise foi. Ce prince eut trois femmes, Blanche de Bourgogne, qu'il répudia pour sa mauvaise conduite, Marie de Luxembourg, et Jeanne d'Évreux, dont il eut trois fils. Il mourut en 1328, âgé de trente-quatre ans, après sept ans de règne, et laissant la couronne à la seconde branche des Capets, dite des Valois. Il fut enterré à Saint-Denis Sous ce règne, les usuriers, qui exerçaient d'horribles vexations sur le peuple , furent chassés du royaume, et leurs biens confisqués au profit de la couronne.


BRANCHE DES VALOIS.

PHILIPPE DE VALOIS. — Le Roi.

— XIVe Siècle, 1328. —

CE prince fut reconnu roi de France par les États du royaume, et sacré le vingthuit mai 1328. Dès le commencement de son règne, il dompta l'orgueil des Flamands et rétablit leur comte. Il se fit rendre hommage de la Guienne, par Édouard III qui lui fit éprouver bien des contrariétés en Flandre et en Bretagne, ce qui fut très-préjudiciable à la France, surtout aux désastreuses journées de l'Écluse, de Créci, dont la perte de Calais fut la suite. La nécessité des affaires fit rendre compte aux financiers, et le maniement des finances fut donné aux gens d'église et aux nobles. Philippe mourut en 1350, âgé de cinquante sept ans, et fut enterré à Saint-Denis. Il eut de Jeanne de Bourgogne, sa première femme, Jean,


Philippe et Marie. Le dévoûment des habitans de Calais, dont six consentirent à mourir pour sauver leurs concitoyens et leur ville, offre un des beaux traits de notre histoire. A cette époque florissait à Toulouse la célèbre Clémence Isaure, fondatrice des Jeux Floraux.

JEAN-LE-BON. — LIe Roi.

— XIVe Siècle, 1350. —

JEAN Ier succéda à Philippe VI, son père, en 1350, et aux confusions horribles de ce royaume. Ce prince fit décapiter Raoul, connétable de France, pour ses intelligences avec les Anglais; il rétablit l'ordre de l'Étoile en 1351. Il repoussa les Anglais qui étaient venus en France, et les obligea à retourner chez eux avec Édouard, leur roi, à qui Jean-le Bon proposa un combat singulier, qu'il ne voulut point accepter. Cependant son opiniâtreté à refuser la paix au prince de Galles, qui s'était avancé dans le Poitou, et qui lui fit desoffres considérables, lui devint funeste. Jean livra la bataille à ses ennemis désespérés, mais ils combattirent



Charles V.


avec tant de courage, qu'ils furent victorieux, et, dans la journée de Poitiers, tirent prisonnier le roi Jean qu'ils emmenèrent en Angleterre, où il resta quatre ans, au bout desquels il fut délivré par le traité de Bretigni, en 1364. Il mourut à Londres où il était retourné pour engager Édouard à entrer dans la croisade contre les infidèles. Il vécut quarante ans, et en régna quatorze. Il fut enterré à Saint-Denis.

C'est ce prince qui disait : » Si la justice et la bonne foi étaient bannies de la terre, elles devraient se retrouver dans la bouche et dans le cœur des rois. »

CHARLES V , DIT LE SAGE. — LIIe Roi.

— XIVe Siécle, 1364. —

CE prince eut le talent de se faire aimer, craindre et respecter des siens et des étrangers, ce qui était nécessaire à la monarchie française, pour lui rendre son premier lustre. Il apaisa, par la force de ses armes et par sa prudence, de grands troubles excités par l'Anglais en Bretagne, en Flandre, en Castille et dans son


royaume ; il rétablit Henri sur le trône de Castille , par la valeur du duc de Bourbon et de Duguesclin, connétable de France ; il fit décapiter Pierre-le-Cruel, roi de Castille, et livra à la justice six cents des principaux séditieux de Montpellier. Il mourut en 1380, âgé de quarante-deux ans, après en avoir régné seize; il fixa la majorité et le couronnement des rois à quatorze ans, et réduisit les armes de France à trois fleurs de lis.

C'est lui qui le premier forma une bibliothèque qui fut placée à la tour du Louvre : elle se composait alors de 900 volumes ou manuscrits. Il fit également bâtir le superbe château de Saint Germain-en-Laye.

Il eut deux fils, Charles qui régna, et Louis qui fut duc d'Orléans : leur mère était Jeanne, fille de Pierre, duc de Bourbon, et d'Isabelle de Valois, princesse estimable dont les qualités de l'esprit répondaient à celles du cœur.


CHARLES VI. — LIIIe Roi.

— XIVe Siècle, 1380. —

CE jeune prince ne fut pas élevé par ses oncles, suivant les instructions du feu roi son père, mais selon les inclinations de son âge. Il dansait , courait à la chasse et partout où son penchant l'entraînait. Ayant succédé en 1380, à son père, Charles V, à l'âge de douze ans, il fut mis sous la régence et tutelle des ducs de Berri, d'Orléans et de Bourgogne, ses oncles, qui, pendant sa minorité, songèrent plutôt à leurs affaires qu'à celles de l'État; et qui, chargeant les peuples d'impôts et de subsides, occasionèrent dans Paris la révolte dite des Maillotins. Plus avancé en âge, ce prince défit Artevelle, chef des Flamands révoltés, qui laissa quarante mille des siens sur la place. Mais, quelque temps après, il tomba en frénésie , ce qui divisa les Maisons d'Orléans et de Bourgogne en deux partis , qui causèrent de cruelles désolations. Le duc d'Orléans fut tué par les gens du duc de Bourgogne ; les Anglais, au moyen de ces dissensions, gagnèrent la fameuse bataille d'Azincour.


La reine régente, Isabeau de Bavière, brouilla tout, et plus de deux mille six cents personnes du parti d'Orléans furent massacrées à Paris. Henri V, roi d'Angleterre, étendit ses ravages jusqu'à la capitale, contraignit Charles de lui donner Catherine, sa fille, et la France pour dot, à l'exclusion du dauphin. Il fut déclaré régent, et son fils, roi de France, après la mort de Charles, qui fut enterré à Saint-Denis en 1422.

Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, l'un des principaux auteurs des troubles qui désolèrent la France sous ce règne, avait été assassiné le 10 septembre 1419, dans une entrevue qu'il eut avec le dauphin, depuis Charles VII, sur le pont de Montereau.

CHAULES VII. — LIVe Roi.

— XVe Siècle, 1422. —

CHARLES VII, surnommé le Victorieux, parce qu'il chassa les Anglais de la France, était fils de Charles VI et d'Isabelle de Bavière, qui fut dénaturée au point d'obliger



Charles - Martel.


son mari d'exclure ce prince de la couronne, pour la trapsférer sur la tête d'Henri, roi d'Angleterre, son rendre; ce que voyant Charles VII, il se retira à Bourges, après la mort de son père et celle du roi d'Angleterre, arrivées en 1422. Il se fit couronner à Poitiers; mais les grands du royaume s'étant déclarés pour les Anglais, ce prince fut abandonné, ses armées furent battues pendant six années. Il perdit plusieurs villes et provinces, ce qui le fit nommer, par dérision, le petit roi de Fourges. Mais bientôt Jeanne d'Arc obligea les Anglais à lever le siège d'Orléans et des autres villes qu'ils occupaient, et fit sacrer le roi à Reims, en 1429. Après un tuccès glorieux, cette admirable fille fut prise à Compiègne, dans une sortie, et brûlée par les Anglais, comme sorcière, en 1431. Toute la France, étant rentrée sous l'obéissance de Charles, ce prince, après bien des travaux, soupçonnant qu'on voulait l'empoisonner, ne voulut plus manger, et mourut en 1461 , âgé de cinquante neuf ans. Il fut enterré à Saint-Denis.

C'est sous le règne de Charles VII, que Jean Guttemberg, natif de Mayence, inventa , en 1450, l'art de l'imprimerie.


LOUIS XI, — LVe Roi.

— XVe Siècle, 1461. —

Louis XI, fils de Marie d'Anjou et de Charles VII, monta sur le trône en 1461.

Ce fut un prince vindicatif, méfiant et dissimulé. Il traita avec beaucoup de mépris les grands seigneurs qui avaient servi fidèlement son père, et n'éleva aux plus hautes dignités que des gens de néant, ce qui lui attira beaucoup de troubles domes tiques, de dissensions étrangères, et pour ennemis capitaux, le duc de Berri, son frère, les ducs de Bourgogne, de Bretagne et les comtes de Charolais, qui s'élevè rent contre lui, et qu'il combattit près de Montléry avec peu d'avantage pendant la guerre dite du bien public: mais, dissimulant sa vengeance, il accorda la paix aux rebelles, et s'en défit par la suite, selon ses principes ordinaires. Il institua l'ordre de Saint-Michel en 1460. Il fit décapiter le connétable de Saint-Paul, et périr une infinité de personnes par différens supplices. Il fut le premier


de nos rois qui se servit de Suisses pour sa garde, et qui établit les postes en France. Il réunit la Picardie, l'Artois et la Bourgogne à la couronne. Il mourut en 1483, âgé de 61 ans, après en avoir régné 22, et fut enterré à Notre- Dame de Cléri.

Il laissa trois garçons et trois filles.

Agité de mille craintes dans les dernières années de sa vie , Louis XI se faisait garder, au château du Plessis-les-Tours, par quatre cents hommes qui veillaient jour et nuit. Il avait fait planter des gibets tout autour de sa résidence.

CHARLES VIII. — LVIe Roi.

— XVe Siècle, 1483. —

CHARLES VIII, fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie, naquit en 1470, au château d'Amboise, et succéda à son père en 1483, à l'âge de treize ans, sous la conduite de Pierre de Beaujeu, duc de Bourgogne. Le duc d'Orléans, qui prétendait à la régence, se retira fort mécontent auprès du duc de Bretagne, et l'excita à faire


a guerre à Charles VIII. Mais le duc de la Trimouille, commandant les troupes du roi, gagna sur eux la bataille de Saint-Aubin-de-Cormier : le duc de Bretagne en mourut de chagrin, et le duc d'Orléans fut pris. Charles épousa Anne, héritière de Bretagne, qui apporta en dot cette province qui fut réunie à la cou- ronne , ce qui alluma la guerre entre le nouveau roi de France et Maxilien à qui Anne avait été fiancée. Charles lui abandonna l'Artois; et, en 1493, fit la conquête du royaume de Naples en quatre mois, vint à Rome où à son arrivée la muraille tomba.

Il y reçut d'Alexandre VI le litre d'empereur d'Orient, y fit exercer la justice en son nom, fut investi du royaume de Naples, et se fit couronner roi de Sicile. Il gagna à son retour la bataille de Fornoue avec huit mille hommes contre tous les princes d'Italie, qui s'opposaient à son passage (1) avec cinquante mille hommes, et arriva en France, chargé de lauriers; mais ses conquêtes se perdirent peu après son départ. Ce prince mourut d'apoplexie en 1499, sans enfans, âgé de vingthuit ans, et la ligne directe des Valois finit en lui. Son corps fut inhumé à Saint-Denis.

Sous son règne, Christophe Colomb, navigateur génois, découvrit Saint-Domingue, la Jamaïque, Cuba, etc., et reçut de Ferdinand et d'Isabelle, roi et reine d'Espagne, le titre de vice-roi du Nouveau-Monde.

(1) L'armée enneime était commandée par le fameux général espagnol Gonzalve de Cordoue, surnommé grand capitaine.


LOUIS XII. — LVIIe Roi.

- XVe Siècle, 1498. -

LOUIS XII, surnommé le Père du peuple, sous le gouvernement duquel la France ne fut jamais si puissante par ses armées , par sa noblesse, par son commerce , par sa population et par ses richesses, était fils de Charles, duc d'Orléans, second fils du roi Charles V. Il succéda en 1498 à Charles VIII, dont il répudia la sœur avec dispense, épousa Anne de Bretagne, sa veuve, qu'il aimait dès l'enfance. Il soumit le duché de Milan, la Lombardie, la république de Gênes, et reconquit le royaume de Naples qu'il partagea avec Ferdinand, roi d'Espagne, lequel viola son traité et on chassa les Français. Il fit la guerre au pape Jules II, qui donna son royaume en proie au premier conquérant, et avec lequel il se ligna ensuite contre les Vénitiens, qu'ils contraignirent de se retirer dans les îles du golfe ; mais bientôt ses alliés, les Vénitiens, Ferdinand, Henri VIII, roi d'Angleterre, et les Suisses se liguèrent contre la France. Il perdit ses conquêtes en Italie, et son allié, Jean d'Albret, perdit


la Navarre. Il gagna la bataille de Ravenne, qui coûta la vie à son neveu, le brave Gaston de Foix, duc de Nemours, et perdit celle des Éperons contre les Anglais, avec lesquels il s'accorda, et épousa en troisièmes noces la princesse Marie , fille de Henri VII. Après bien des travaux, ce sage prince mourut sans enfans mâles, en 1515, la dix-septième année de son règne, âgé de cinquante-trois ans. Il fut enterré à Saint-Denis.

Ce fut sous Louis XII que naquit, à Noyon, Jean Calvin qui, après avoir rempli les fonctions de curé, devint le chef de la religion réformée, dont les sectateurs ont pris de son nom celui de calvinistes.

FRANÇOIS Ier. — LVIIIe Roi.

— XVIe Siècle, 1515. —

FRANÇOIS Ier, fils de Charles de Valois-Angoulême et de Louise de Savoie, succéda, en 1515, à Louis XII, son beau-père et son oncle, ayant épousé Claude, sa fille. Ce prince fut très-vaillant, quoique peu favorisé de la fortune. Il combattit


François Ier.



de toutes parts la puissance de Charles-Quint qui voulait envahir la France ; il résista à toute l'Europe liguée contre lui, gagna sur les Suisses la célèbre bataille de Marignan , appellée bataille des Céans, dont la conquête du Milanais fut la suite , et fut fait prisonnier à celle de Pavie, le 24 février 1524. Conduit en Espagne, il fut renvoyé libre en France, après avoir laissé ses enfans en ôtage des conditions injustes que la mauvaise fortune l'avait réduit à accepter, et qui furent modérées ensuite, par le traité de Cambrai, à deux millions en or pour sa rançon. Il mourut à Rambouillet le 30 mars 1547, âgé de cinquante-deux ans, en ayant régné trentedeux , presqu'en guerre continuelle. Il avait épousé en secondes noces Anne d'Autriche, sœur de Charles-Quint, Ce prince eut beaucoup d'esprit, aima et protégea les arts. Il fut enterré à Saint-Denis.

Les paroles que nous allons citer donneront une grande idée du caractère et de l'esprit de François Ier. Après la bataille de Marignan, il écrivit à sa mère: « Tout est perdu, Madame, hormis l'honneur. » Les femmes, avant l'époque de son règne , n'étaient point admises à la cour; en les y appelant, il dit : « Une cour sans belle est une année sans printemps, ou un printemps sans roses. » Le brave chevalier Bavard, sans peur et sans reproche, avait perdu la vie à la retraite de Rebec, lors de l'évacuation du Milanais, en 1524; le poète Clément Marot était mort en


1544. En ce temps, les doctrines de Luther et de Calvin commençaient à faire de grands progrès.

HENRI II. — LIXe Roi.

— XVIe Siècle, 1547. —

CE prince, né de François 1er et de Claude de France, sa première femme, ne se signala pas grandement dans la guerre; mais en revanche il fit plusieurs ordonnances contre les blasphémateurs, ainsi que pour la réforme des habits, le réglement des finances, la suppression des offices et le soulagement de son peuple. Il protégea les protestans d'Allemagne contre Charles-Quint, qu'il obligea de faire la paix avec eux ; ce qui indigna si fort ce même empereur contre Henri qu'il vint, avec cent mille hommes, assiéger Metz dont il fut obligé de lever honteusement le siège.

Henri, après avoir pris Calais sur les Anglais qui l'occupaient depuis deux cents ans, mourut de la blessure qu'il reçut dans un tournoi, en joûtant contre le comte de Montgomeri, en 1559. Il était âgé de quarante-un ans, en avait régné


douze, et fut enterré à Saint-Denis, laissant après lui les trois princes qui vont suivre.

Henri II venait de conclure avec Philippe II, roi d'Espagne, la traité de CateauCambresis, par lequel Philippe cédait à la France Metz, Toul et Verdun.

FRANÇOIS II. — LXe Roi.

— XVIe Siècle, 1559. —

FRANÇOIS II, roi de France et d'Écosse, naquit à Fontainebleau le 20 janvier 1543. Ce fut en 1559 que son règne commença; il ne dura que dix-huit mois, sous la régence de Catherine de Médicis, sa mère, et sous le gouvernement du cardinal de Lorraine et du duc de Guise, son frère, ce qui causa l'éloignement des princes du sang et du connétable de Montmorency qui, excites à la vengeance par les protestans, résolurent de se saisir du roi, et de tuer le cardinal et le duc à la sortie d'Amboise. Ce complot découvert, Louis, prince de Condé, chef des protestans, fut condamné 5 mort aux États d'Orléans, ce qui n'eut pas lieu par le


décès du roi, arrivé alors le 25 décembre 1560. Il mourut sans enfans, et fut enterré à Saint-Denis.

Ce prince avait épousé la belle et infortunée reine d'Écosse, Marie Stuart, qui quitla la France avec tant de regrets.

CHARLES IX. — LXIe Roi.

— XVIe Siècle, 1560. —

CHARLES IX, fils de Henri II et de Catherine de Médicis, naquit à SaintGermain-en-Laye, et n'avait qu'environ dix ans lorsqu'il monta sur le trône; il fut sacré à Reims par le cardinal de Lorraine, son oncle, et gouverna le royaume sous la régence de sa mère. Ce prince, ayant ordonné par un édit à tous ceux qui ne voudraient pas reconnaître l'autorité de l'Église, de sortir du royaume, alluma une guerre cruelle avec les protestans, ce qui occasiona les batailles de Dreux, de Jarnac, de Moncontour, et le massacre des protestans par tout le royaume, le jour de la saint Barthélemi, où périrent de part et d'autre le


duc de Guise, le connétable de Montmorency, le prince de Condé, Montgomeri et l'amiral de Coligni, qui fut jeté par les fenêtres de son hôtel, à Paris. Le duc d'Anjou, frère du roi, étant élu roi de Pologne, donna la paix à ce royau- me, et Charles mourut le 31 mai 1574, âgé de vingt-quatre ans. Il fut enterré à Saint-Denis.

Sous ce règne et les précédens, Alain Chartier, Amyot, Ronsard et Clotilde de Sorville furent l'honneur de la littérature française.

HENRI III. — LXIIe Roi.

— XVIe Siècle, 1574. —

HENRI III, troisième fils d'Henri II, étant duc d'Anjou, fut élu roi de Pologne en 1575. Il vint, après la mort de Charles IX, son frère, prendre possession de la couronne de France, et fut sacré roi le 15 février 1575. Les guerres civiles qui avaient ravagé ce royaume sous Charles IX se rallumèrent. On vit paraître le parti du roi, celui des protestans et celui du duc de Guise, sous le titre


de la Sainte-Union, qui, sous prétexte de la religion, sapait les fondemens de l'autorité royale. Henri III, en ayant conçu de l'inquiétude, s'éloigna de Paris, jura la perte de ses habitans et celle duc de Guise, et arriva au château de Blois, où le duc et le cardinal furent tués, après quoi Henri, voulant réduire Paris, vint à Saint-Cloud où il fut assassiné, le 1er août 1589, par Jacques Clément, jacobin : ce prince était âgé de 38 ans, et en régna quinze. Ainsi finit la branche des Valois.

Il fut enterré à Saint-Denis.

Henri III posa la première pierre du Pont-Neuf, à Paris, le 31 mai 1578, il institua l'ordre du Saint-Esprit. Sous son règne le premier tableau peint à l'huile parut en France; Jean Cousin en est l'auteur: il représente le Jugement dernier.



Henri IV.


BRANCHE DES BOURBONS.

HENRI IV. — LXIIIe Roi.

— XVIe Siècle, 1589. —

HENRI IV, aîné de la branche des Bourbons, était fils d'Antoine de Bourbon, roi de Navarre, et de Jeanne d'Albret, issue en droite ligne de Robert, comte de Clermont, dernier fils de saint Louis. Ce prince naquit à Pau, en Béarn, en 1553.

Il fut élevé et instruit dans la religion dite reformée, dont il fut déclaré chef à l'âge de seize ans. Il releva, par la force de ses armes, les espérances du parti protestant, abattu par la perte de quatre batailles. Il gagna celle de Coutras. Il secourut Henri III contre ses sujets révoltés, après la mort duquel on vit toute la France soulevée contre lui à cause de sa religion; mais, ayant abjuré son hérésie,


il fut sacré et couronné à Chartres en 1594, et fit son entrée à Paris, le 14 mai de la même année. Toute la France le reconnut alors pour son légitime roi, et le Saint-Siége, comme au fils aîné de l'Église, lui envoya son légat. Ainsi finirent les guerres civiles. Henri conclut la paix avec l'Espagne par le traité de Vervins en 1598, accorda l'édit de Nantes dans la même année aux religionnaires pour le repos de son royaume, conquit la Savoie en quarante jours, et fit trancher la tête au maréchal de Biron, convaincu d'intelligence avec les ennemis de la France. Ne pouvant avoir d'enfans de son premier mariage, il le fit casser, et épousa en 1600 Marie de Médicis dont il eût Louis XIII et plusieurs autres princes et princesses.

Enfin ce bon prince, ayant donné des preuves d'une valeur incomparable en plus de trois cents combats, siéges et rencontres, fut frappé d'un coup de couteau dans son carrosse, au milieu de Paris, par l'exécrable Ravaillac, le lendemain du couronnement de la reine, 14 mai 1610, et mourut âgé de cinquante-sept ans, dans la vingt-et-unième année de son règne. Il fut enterré à Saint-Denis. Sa mort plongea toute la France dans la douleur.

Les lunettes d'approche et le thermomètre furent inventés sous ce règne. Le poète Racan fut célèbre par ses poésies pastorales.


LOUIS XIII, DIT LE JISTE — LXLVe Roi.

— XVIIe Siècle, 1610. —

Louis XIII naquit à Fontainebleau, le 27 septembre 1601; il succéda à Henri IV son père, à l'âge de neuf ans, sous la régence de Marie de Médicis, sa mère. Ce fut un prince pieux, bon et ami de la justice. Il épousa en 1615 Anne d'Autriche, fille de Philippe III, roi d'Espagne. Après la mort du marquis d'Ancre, il réunit les volontés des princes et seigneurs qui s'étaient divisés. Il arrêta les troubles qui menaçaient l'État, par leur défaite au pont de Cé. Il alla lui-même rétablir les églises et les autels ruinés dans le Béarn, et remettre les ecclésiastiques dans leurs biens. Assisté des conseils du cardinal de Richelieu, il réduisit le parti des protestans, força la Rochelle et toutes les autres places; il dompta les factions de son royaume; il secourut l'Italie, rétablit le duc de Mantoue, conquit la Lorraine, l'Alsace, l'Artois et le Roussillon, et réunit la basse Navarre à la couronne.

Il remit Jean IV sur le trône de Portugal, en 1640. Enfin, après avoir rendu la


France triomphante de toutes parts, abattu l'hérésie, humilié la maison d'Autriche, il mourut le 14 mai 1643, et fut enterré à Saint-Denis.

Henri de Montmorency, qui avait pris les armes contre le roi en faveur de Gaston, duc d'Orléans, battu et prisonnier à Castelnaudary, eut la tête tranchée à Tou- louse, en 1632. Sous ce règne, le poète Malherbe fit, dans de beaux vers, dispa- raître les aspérités de la langue, et le grand Corneille commença l'illustration de la scène française.

LOUIS XIV. — LXVe Roi.

— XVIIe Siècle, 1643. —

CE prince naquit le 5 septembre 1638, après vingt-trois ans d'attente. Il succéda à Louis XIII, son père en 1643, sous la régence d'Anne d'Autriche, sa mère; épousa Marie-Thérèse, fille de Philippe IV, roi d'Espagne, en 1660; il eut Louis, dauphin, en 1661. La naissance de ce prince pendant la guerre, et la fameuse bataille de Rocroi gagnée le cinquième jour de son règne, furent le présage de sa


Louis XIV.



grandeur future, et semblaient annoncer qu'il était né pour de grandes choses. Aussi a-t-il porté sa gloire plus loin qu'aucun de ses prédécesseurs : ses victoires continuelles et ses grandes armées ont fait voir sa puissance. Cent cinquante places fortifiées, sa richesse, ses bâtimens somptueux, sa magnificence, ses académies pour les arts et les sciences, et son choix de grands hommes; les manufactures qu'il créa pour le commerce, et les écoles qu'il ouvrit dans les ports pour la navigation, son amour pour ses peuples, ses lois contre les abus et les vices, sa justice et son équité , sont ce qui lui a fait donner le titre de Grand. Son attention continuelle pour le gouvernement de son État aurait fait jouir long temps ses sujets du repos, et d'une abondance florissante, si la crainte et la jalousie que ses ennemis conçurent de l'éclat de ses vertus et de sa grandeur, ne lui avaient suscité de guerres cruelles qu'il soutint avec courage contre toute l'Europe liguée contre lui.

Ce grand prince mourut à Versailles, le 1er septembre 1715, à l'âge de soixantedix-sept ans, après en avoir régné soixante-douze. Il fut inhumé à Sain t Denis.


LOUIS XV. — LXVIe Roi.

— XVIIIe Siècle, 1715. —

CE prince naquit à Versailles le 15 février 1710, et monta sur le trône en 1715.

Il était fils de Louis, dauphin de France, duc de Bourgogne, et de Marie-Adélaïde de Savoie, morts en 1712. Attendu la minorité de ce jeune prince, le duc d'Orléans fut déclaré par le parlement régent du royaume; au commencement du règne de Louis XV, Pierre-Alexiowitz, czar de Russie, vint en France en 1717, et y fut reçu avec tous les honneurs que l'on doit aux souverains; et en 1721, la Porte-Otto- mane envoya un ambassadeur extraordinaire pour féliciter le roi de son avènement à la couronne.

Louis fut sacré à Reims le 25 octobre 1722, déclaré majeur le 22 février 1723.

Monsieur le duc d'Orléans, régent du royaume, mourut la même année.

Le 15 août 1725, le roi épousa Marie-Charlotte-Sophie-Félicité Leczinska, fille de Stanislas, roi de Pologne. Il eut plusieurs guerres à soutenir dans les premiers


temps de son règne, et tomba malade à Metz, pendant la campagne du Rhin. A la nouvelle de ce triste événement, une douleur universelle se répandit dans la France entière; mais bientôt la joie la plus vive s'empara de tous les cœurs, lorsque la nouvelle d'une guérison que l'on n'osait plus espérer se répandit dans la capitale. Ce fut à cette époque que fut donné à Louis XV le glorieux surnom de Bien-Aimé.

La bataille de Fontenoi et la prise de plusieurs villes importantes signalèrent la campagne de Flandre. Enfin, dans presque toutes ses guerres, Louis XV combattit victorieusement ses ennemis. Le 5 juin 1767, il perdit son épouse, Marie Leczinska, qui emporta les regrets de la France entière; et, après un règne de cinquante-neuf ans, il mourut de la petite vérole à Versailles, le 10 mai 1774, âgé de soixante-quatre ans. Son corps fut porté à Saint-Denis.

Le règne de ce prince ne se distingua pas moins que celui de Louis XIV par de brillantes conquêtes, d'utiles établissemens, et l'encouragement qu'il accordait aux arts.


LOUIS XVI —LXVIIe Roi.

— XVIIIe Siècle, 1775.—

JAMAIS roi n'éprouva tant d'ingratitude de la part de ses sujets que l'infortune Louis XVI, jamais prince ne fut plus malheureux et moins digne de l'être. Né à Versailles le 23 août 1754, de Louis, dauphin, et de Marie-Joséphine de Saxe.

sa seconde femme, le malheur sembla s'appesantir sur lui dès sa naissance, car le courrier, qui fut chargé d'en porter la nouvelle à la cour qui était alors à Choisy, fit une chute dont il mourut sur-le-champ, et sans pouvoir remplir sa mission.

Louis fut nommé duc de Berri; son éducation fut très-sonnée : son gouverneur lui inspira, par son exemple, l'exercice de la probité, de la franchise, de la piété , et de toutes les vertus qui font l'honnête homme. Le duc de Bourgogne, son frère aîné, mourut en 1760, à l'âge de neuf ans, et lui ouvrit le chemin du trône. En 1765, il perdit le dauphin son père; et, lorsqu'en traversant les appartemens il entendit dire, pour la première fois, place à M. le dauphin, il ne put retenir ses larmes, et s'évanouit. Marié le 16 mai 1770 avec l'archidu-


Louis XVI.



chesse Marie-Antoinette d'Autriche, cette union fut célébrée sous de bien funestes auspices, puisqu'à la fête que la ville de Paris donna à cette occasion, il périt, par le défaut d'ordre et de précaution, un nombre considérable de personnes.

Le 10 mai 1774, Louis XV étant mort, Louis XVI lui succéda à la couronne.

Effrayé de son nouveau pouvoir, il s'écria : 0 mon Dieu, quel malheur pour moi!

Le premier acte de sa puissance fut un bienfait : il dispensa ses sujets de l'impôt connu sous le nom de joyeux avènement. Le second fut un acte de justice : il promit d'acquitter la dette publique; rappela les membres exilés du parlement; il créa le Mont-de-Piété, la caisse d'escompte, supprima les corvées, abolit la torture; l'affreux système de punir de mort les déserteurs fit place à une peine moins rigide. Des hivers rigoureux, des débordemens ayant désolé la France, il accorda une somme de trois millions pour être répartie entre les laboureurs les moins imposés, et trois autres millions pour distribuer des bestiaux, des denrées et des instrumens d'agriculture. Pour améliorer le sort des peuples, il assembla les Etats-Généraux, le 5 mai 1789, et cette assemblée devint l'origine de tous ses malheurs. Elle fut remplacée par la Convention nationale qui, formée de partis, sapa bientôt les fondemens du trône. Louis, assiégé dans son palais,


pour arrêter l'effusion du sang, se livra avec magnanimité à ses plus cruels ennemis qui le déclarèrent déchu de la couronne et le renfermèrent prisonnier avec sa famille dans la tour du Temple : ce fut là qu'il montra un courage, une grandeur d'âme digne d'un héros chrétien. Condamné à mort par une monstrueuse assemblée qui l'accusait d'avoir conspiré contre le peuple, ce pieux monarque porta, le 21 janvier 1793, sa tête sur l'échafaud, et obtint par sa mort la palme du martyre.

Ainsi périt, à l'âge de trente-neuf ans, après en avoir régné dix-neuf, l'infortuné Louis XVI dont le nom passera à la postérité la plus reculée, et ne se prononcera jamais qu'avec un saint respect. Il fut inhumé dans l'ancien cimetière de la Madelaine et exhumé le 18 janvier 1815, puis transporté à Saint-Denis le 21 du même mois.

Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France, épouse de Louis XVI, et madame Elisabeth, sa sœur, partagèrent plus tard le sort de cette royale victime.


LOUIS XVII. — LXVIIIe Roi.

- XVIIIe Siècle, 1793. —

LOUIS-CHARLES ou Louis XVII, 68me roi de France, second fils de Louis XVI, naquit à Versailles, en 1785; il fut d'abord duc de Normandie et devint dauphin par le décès de son frère.

Ce jeune prince, après la mort déplorable de son père, fut proclamé roi, de l'autre côté du Rhin, par l'armée que commandait le prince de Condé, sous la régence de Monsieur, comte de Provence, depuis Louis XVIII; mais il ne fut roi que de nom. Se trouvant enfermé dans la tour du Temple avec la reine sa mère, sa sœur et sa tante, il y gémissait dans la plus dure captivité: bientôt sa mère et sa tante portèrent sur l'échafaud leurs têtes augustes, et il se vit privé de leurs tendres soins. Livré à d'abjects subalternes, en butte à toutes les humiliations et à toutes les souffrances, ses facultés intellectuelles s'affaiblirent, sa santé dégénéra, un affreux marasme couvrit son corps et lui ôta


presque entièrement l'usage de ses membres : enfin, il mourut dans sa prison le 8 juin 1795, à l'âge de dix ans, après un règne imaginaire de 29 mois.

REPUBLIQUE.

APRÈS la mort de Louis XVI, la Convention nomma plusieurs comités chargés du gouvernement de la république ; mais les partis , qui s'élevaient et se détruisaient successivement ne produisaient que troubles et dissensions. La nation, en proie aux différentes factions, trouva sous chacune des oppresseurs. Celle de Robespierre, qui domina quelque temps, régna par la terreur et couvrit la France d'échafauds. Il semblait que la vengeance céleste voulût frapper sans pitié toutes les classes de citoyens, pour avoir laissé commettre l'exécrable forfait de conduire Louis au supplice, et offrir un terrible exemple, en accablant les Français de tous les maux de l'anarchie révolutionnaire. Tout ce que le royaume avait de recommandable par les vertus et la probité, les talens et la fortune, proscrit et persécuté de toutes parts, paya de sa vie son attachemet au roi,


à l'honneur et à la religion. Le farouche Robespierre, voulut sacrifier à sa soif insatiable de sang plusieurs de ses collègues. Ils le prévinrent, et lui qui, deux jours auparavant, faisait trembler la France, porta sa tête sur l'échafaud le 28 juillet 1794.

Pendant que la France était livrée à tant d'horreurs, ses armées, comman- dées par des généraux sortis des rangs du peuple, triomphaient 4e tous les rois armés contre son indépendance : l'honneur français semblait s'être retiré dans les camps.

Cependant une lueur de gouvernement, sous le nom de Directoire, était parvenue à remettre un calme apparent dans l'intérieur : mais le royaume n'en était pas moins agité sourdement. Cette tranquillité intérieure ne tarda pas- à être troublée: de nouvelles factions s'étant élevées, une lutte s'engagea entre les deux conseils législatifs et le Directoire qui fit déporter deux de ses membres et plusieurs députés. Dans cet état de choses, Bonaparte, de retour de l'expédition que le Directoire avait envoyée en Egypte, parvint à renverser ce gouvernement éphémère et à s'emparer des rênes de l'État, sous le nem de premier consul, Mais bientôt, enivré de sa puissance, il ne songea qu'à parvenir au rang suprême, et se fit déclarer empereur en 1804.


Nous allons exposer rapidement les principaux traits de la vie politique et militaire de ce grand homme.

NAPOLEON BONAPARTE, GÉNÉRAL, PREMIER CONSUL, EMPEREUR.

— XIXe Siècle, 1804. —

NAPOLÉON Bonaparte naquit en 1769 à Ajaccio, petite ville de Corse, d'une famille noble, originaire d'Italie. Le fameux Paoli fut son parrain. En 1777, le comte de Marbœuf, gouverneur de l'île, le fit placer à l'école de Brienne, en Champagne.

En 1784, Bonaparte fut jugé digne d'être compris dans la promotion des élèves que l'on envoyait à l'école de Paris. Son penchant lui ayant fait choisir le service de l'artillerie, corps qui lui offrait les chances les plus favorables d'un prompt avancement, il subit avec le plus grand succès les examens nécessaires, et fut fait, que!que temps avant la révolution, officier d'artillerie au régiment de la Fère.


N apoléon.



En 1790, Bonaparte suivit en Corse le général Paoli. Il y resta trois ans, pendant lesquels il se perfectionna dans la théorie de l'art militaire. A l'époque de la révolte de cette île, il vint s'établir avec sa famille près de Toulon : Barras, qui avait de l'estime pour lui, le chargea de diriger l'artillerie au siège de cette ville, qui venait d'être livrée aux Anglais. Bonaparte contribua à la reprendre, par ses talens et son courage; et c'est là que commença cette réputation colossale qui s'accrut avec tant de rapidité. Il avait été destitué comme terroriste, lorsqu'au treize vendémiaire, Barras lui confia le commandement des forces chargées de défendre la Convention contre les sections de Paris, insurgées en faveur de la royauté. On connaît cet événement qui n'était guère propre à concilier à Bonaparte l'amour des Parisiens. Ce fut quelque temps après qu'il épousa la veuve du général Beauharnais, et qu'il fut nommé, à l'âge de 26 ans, général en chef de l'armée d'Italie.

Dans cette campagne immortelle, qui ne fut pour les Français qu'une suite de victoires et de triomphes, on vit successivement trois armées formidables, commandées par les meilleurs généraux (Alvinzi, Beaulieu, Wurmser) de l'Europe, se fondre devant l'invincible armée d'Italie.

L'armée française pouvait, sans Bonaparte, faire trembler l'Europe; ses preuves étaient déjà faites, et sa gloire, antérieure à celle de son général, était à elle.


Mais il faut convenir que ce guerrier audacieux sut en tirer un parti admirable, exécutant avec elle des choses qui paraissaient inéxcutables, telles que le fameux passage du Tagliamento, et ceux non moins célèbres, des ponts de Lodi et d'Arcole.

Après le traité de Campo Formio, dont Bonaparte fut le négociateur, il revint à Paris jouir des honneurs que ses éclatantes victoires lui avaient mérités, et fut nommé général en chef de l'armée destinée à agir contre l'Angleterre, mais dont le but secret était l'expédition d'Égypte, expédition qui eût complètement réussi, si des intérêts plus grands n'eussent rappelé le vainqueur du Nil aux rives de la Seine, pour y opérer la révolution du 18 brumaire. Il fut en effet nommé premier consul, d'abord pour dix ans, ensuite à vie, et finalement empereur des Français, sacré par le pape, sous le nom de Napoléon.

Après avoir vaincu les diverses, coalitions formées contre lui, et fait trembler dans son île le léopard britannique, et croyant sans doute affermir sa puissance par une alliance solennelle avec la maison d'Autriche, Napoléon obtint le consentement de divorce de l'impératrice Joséphine (cette femme généreuse sacrifia son bonheur à ce qu'elle croyait être l'intérèt de sa patrie), et prit pour épouse, en 1810, l'archiduchesse Marie-Louise, fille de l'empereur François II. Cette princesse lui donna bientôt un fils qui fut nommé roi de Rome.


Napoléon avait été jusqu'alors le plus heureux des mortels; il avait, par le succès de ses armes victorieuses, placé sur la tête de ses frères les couronnes d'Espagne, de Naples, de Hollande et de Westphalie, quand son ambition, que rien ne pouvait satisfaire, lui fit en 1812 conduire ses phalanges dans les déserts glacés de la Russie, où l'embrasement de Moscou arrêta le cours de ses pros- pérités, et devint pour la France une source de calamités épouvantables.

Malgré nos pertes nombreuses, la campagne suivante fut signalée, par de brillantes victoires que rendit inutiles la défection d'une partie des alliés de Napoléon, et surtout celle de son beau-père. Ce contre-temps, qui lui fit perdre la fameuse bataille de Leipsick, livra la France à l'invasion de l'armée ennemie, et, pendant les trois premiers mois de 1814, cinquante-trois mille braves défendirent le sol sacré de la patrie contre toutes les forces de l'Europe, commandées par dix rois.

Cependant, malgré des prodiges de valeur, il fallut céder au nombre : plusieurs des généraux de Napoléon, abandonnant sa cause, le contraignirent à signer le traité de Fontainebleau, par lequel il renonçait à la couronne de France et à celle d'Italie, en acceptant l'île d'Elbe pour sa résidence; son épouse, nommée par le même traité duchesse de Parme, fut reconduite à Vienne avec son fils.

Depuis dix mois, le gouvernement royal s'occupait de faire oublier les maux de la révolution; le peuple respirait; le commerce renaissait, lorsque Napoléon,


dont le génie ne pouvait être contenu dans un cercle de vingt-cinq lieues, conçut le projet de ressaisir le sceptre auquel il avait solennellement renoncé.

Il échappa à la surveillance des Anglais, et débarqua au golfe Juan, en Provence, le Ier mars 1815, avec une force militaire d'environ sept à huit cents hommes, composée de grenadiers, chasseurs et lanciers de sa garde; qui l'avaient suivi à l'île d'Elbe. Il arriva à Paris le 20 mars, à neuf heures du soir, au milieu des escadrons qu'on avait envoyés pour le combattre.

Le roi et sa famille avaient quitté la capitale dans la matinée du même jour.

Ainsi Napoléon remonta sans effusion de sang sur le trône dont il devait bientôt redescendre.

La France, menacée d'une nouvelle invasion, afin de pouvoir la repousser, parut se rallier autour de l'acte additionnel qui fut adopté avec une solennité et une pompe remarquables dans l'assemblée du champ de Mai, tenue au champ de Mars, le 1er juin 1815.

Cependant l'ennemi pressait déjà nos frontières, et Napoléon partit le 12 juin pour se mettre à la tête de l'armée à laquelle il adressa une proclamation énergique, datée d'Avesne le 14 juin. Le 15, les opérations commencè-


rent par de brillans succès remportés sur les Prussiens; le 16, on livra la mémorable bataille de Fleurus où la victoire, qui se préparait à leur être infidèle, combla encore nos braves de toutes ses faveurs; le 18, jour de deuil pour la France, bataille de Mont-Saint-Jean, où, après avoir fait des prodiges de valeur, en poussant ce cri d'un dévoûment sublime: La garde impériale meurt, elle ne se rend pas ! l'élite de cette garde fameuse tomba sous la mitraille de 200 pièces de canon.

Dès lors le gouvernement fut confié à une commission exécutive de cinq membres: on envoya des commissaires au quartier-général des alliés qui n'en continuèrent pas moins leur marche sur Paris où l'on faisait tous les préparatifs d'une vigoureuse défense.

Cependant les hommes prudens, qui ne comptaient pas sur l'efficacité de cette défense, parvinrent à faire éloigner Napoléon de Paris, où sa présence était devenue dangereuse. Il se rendit, à Rochefort, où deux frégates devaient être mises à sa disposition, pour le transporter aux États-Unis. Une croisière anglaise, qui bloquait le port de Rochefort, empêcha l'exécution de ce projet, et Napoléon, apprenant la capitulation de Paris, prit, pour ne pas tomber entre les mains des agens du roi, la résolution désespérée de se livrer à ses plus mortels ennemis dont il invoqua en vain la générosité.


En conséquence des ordres de l'amirauté, il passa, malgré ses protestations, du Bellérophon sur le Northumberland, vaisseau de 74 canons, commandé par l'amiral sir Georges Cockburn, et fut conduit de suite à l'ile Sainte-Hélène où il demeura prisonnier jusqu'à sa mort, arrivée à la suite d'une maladie longue et douloureuse, le 4 mai 1821.

LOUIS XVIII. — LXXe Roi.

— XIXe Siécle, 1795. —

LOUIS-STANISLAS-XAVIER de France, naquit à Versailles, le 17 novembre 1755 de Louis, dauphin de France, fils de Louis XV, et de Marie-Joséphine de Saxe, fille de Frédéric-Auguste II, roi de Pologne; il fut nommé comte de Provence. Frère de l'infortuné Louis XVI, ce prince se distingua surtout par la culture des lettres, et par l'étude de l'histoire, et offrit dès son enfance ce caractère réfléchi qui forme les grands hommes, s'appliquant tour-à-tour à la connaissance des sciences et des beaux-arts.

Au commencement de la révolution, le roi Louis XVI, justement alarmé des


Malheurs sans nombre qu'il prévoyait, et dont il fut l'infortunée victime, ne voulut pas que ses frères partageassent sa cruelle destinée; il les engagea donc à quitter momentanément la France. M. le comte d'Artois fut le seul qui partit en 1789, et M. le comte de Provence resté auprès de Louis, ne quitta la France qu'à l'époque où le roi se décida à aller à Montmédy, la nuit du 20 au 21 juin 1791. Il resta pendant la révolution dans les pays étrangers, et ce fut là qu'il apprit les cruelles catastrophes qui le privaient d'un frère et d'un neveu chéris, et qui lui ouvraient la carrière épineuse du trône. Après l'abdi- cation de Napoléon, tous les vœux se portèrent sur Louis XVIII, qui avait été précédé en France par son illustre frère, M. le comte d'Artois. Ce prince, retiré au château d'Hartewelz en Angleterre, s'empressa de se rendre aux vœux de ses sujets, et le 3 mai 1814, jour à jamais mémorable pour la France, il fit son entrée dans Paris.

Son premier soin fut de donner à la France une constitution analogue aux idées du siècle , et dont le but fût de rallier tous les esprits autour du trône.

La France, sortie comme par miracle des ruines dont elle était entourée, voyait depuis dix mois sa splendeur reprendre: un nouvel éclat, lorsqu'une dépê- che télégraphique, datée de Lyon, du 5 mars 1815, vint apprendre à la cour le débarquement de Bonaparte et sa marche sur Paris. Le roi, redoutant les


désordres d'une guerre civile, partit avec sa famille dans la nuit du 19 au 20 mars, et se dirigea sur Lille, accompagné de nombre de Français qui se firent un honneur de partager son sort.

Les puissances étrangères alarmées de l'apparition de Napoléon sur le trône de France, se coalisèrent de nouveau, et le 8 juillet 1815, après la bataille deWaterloo Louis XVIII reprit les rênes de l'état.

Louis XVIII, à la suite d'une maladie longue et douloureuse, pendant laquelle il montra le plus grand courage, mourut le 16 septembre 1824. Son plus beau titre de gloire, est la Charte qu'il a donnée aux Français.

CHARLES X. — LXXIe Roi.

- XIXe Siècle, 1824. —

CHARLES X, roi de France, petit-fils de Louis XV, et frère des rois Louis XVI et Louis XVIII, né à Versailles le 9 octobre 1757 , fut baptisé sous le nom de Charles-Philippe, et reçut le titre de comte d'Artois.


Il fut marié le 16 novembre 1773, à Marie-Thérèse de Savoie, fille du roi de Sardaigne, qui mourut en Angleterre, le 2 juin 1805, laissant à son époux deux enfans, les ducs d'Angoulême et de Berry. On sait la vive douleur que la mort tragique de ce dernier a causée à la France.

Pendant que la Terreur promenait l'échafaud sur tous les points de la France , le comte d'Artois visita successivement l'Italie, l'Allemagne et la Russie. Il vint ensuite avec toute sa famille se fixer au château de Hartewelz, en Angleterre.

C'est dans ce séjour qu'il apprit les événemens de 1815 qui le rappelèrent en France.

Devenu roi par la mort de Louis XVIII, Charles X commença son règne sous les auspices les plus heureux. Il prit une vive part à l'émancipation de la Grèce, à la tranquillité de l'Espagne, et vit les Français mettre un terme à la piraterie des Algériens, en faisant la conquête de cette partie de l'Afrique tant redoutée des Européens.

Les événemens de 1830 obligèrent ce roi à quitter pour la seconde fois le sol de la France avec toute sa famille. Il mourut à Goritz, en Illyrie, en 1833.


LOUIS-PIILLIPPE Ier. — LXXIIe Roi.

— XIXe Siècle, 1830. —

Né le 6 octobre 1773, il fut marié le 2 novembre 1809 à Marie-Amélie, sœur de François, roi des Deux-Siciles, née le 26 avril 1782. Il fut élu roi des Français, le 9 août 1830.

Le rétablissement de la paix intérieure, un instant troublée par les événemens de 1830; une liberté tempérée par de sages lois; une prospérité toujours crois- sante, de hauts faits d'armes auxquels les princes ses fils ont pris une part active et glorieuse, à Anvers, à Constantine, à Saint Jean d'Ulloa, telles sont les prémices de ce régne qui assure à la France de longues années de bonheur.

FIN.


Louis - Philippe