ÉTUDE
RELATIVE
AU CONTACT DES ROUES SUR LE RAIL Par M. Robert LÉVI, CHEF ADJOINT DU SERVICE DE LA VOIE AUX CHEMINS DE FER DE L'ÉTAT
Au lendemain du déraillement avec déformation de voie qui est survenu le 24 Octobre 1933 au train 354 de Cherbourg à Paris, les Chemins de fer de l'Etat ont entrepris des recherches destinées à approfondir les questions, non encore mises en lumière, du comportement des véhicules dans la voie.
Ces études, auxquelles ont pris part, avec des Ingénieurs du Réseau de l'Etat, plusieurs techniciens pris en dehors de lui, ont été poursuivies simultanément sur le plan théorique et sur le plan expérimental.
En particulier, M. ROCARD, Maître de Recherches à la Sorbonne, a produit un travail mathématique très complet : il y étudie notamment les circonstances dans lesquelles le mouvement de lacet, toujours possible du fait du jeu de la voie, est susceptible d'acquérir progressivement des amplitudes croissantes.
Les relevés effectués au moyen des appareils de M. MAUZIN, Ingénieur principal de la Compagnie P.O., ont accusé les particularités, propres à chaque catégorie de machine, du mouvement de lacet, ainsi que l'importance des efforts auxquels il donne fréquemment naissance.
Enfin, M. Robert LÉVI s'est efforcé de conduire les recherches théoriques dans les directions les plus profitables, en faisant de l'expérience l'auxiliaire du calcul.
Il a étudié de près les lois du glissement dans le roulement.
Il s'agit donc d'un faisceau de recherches coordonnées et qui ont été entreprises.
dans un sens nouveau. Si les résultats ne peuvent pas encore, pour la plupart, être considérés comme définitivement acquis, par contre les spéculations émises éclairent un domaine qui n'a guère été exploré jusqu'à présent.
Aussi, la note ci-après, dont le caractère scientifique peut surprendre les lecteurs de la Revue Générale, peu habitués à des exposés théoriques, paraît-elle devoir néanmoins constituer une contribution importante à l'étude de la circulation des véhicules sur la voie ferrée, étude dont l'orientation nouvelle consiste à préciser, puis à utiliser la connaissance des phénomènes élémentaires du contact roue-rail.
Il est à souhaiter qu'elle serve de point de départ à des recherches nombreuses.
I. — Importance du problème Une des questions essentielles qui se posent lorsqu'on étudie les actions réciproques du matériel roulant et de la voie est de savoir de quelle manière exacte s'effectue la progression des roues sur le rail. Le roulement des essieux s'accompagne-t-il de glissement ?