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Titre : Cours gradué de dictées françaises, en texte suivi sur un plan entièrement neuf à l'usage des pensions des deux sexes : première année, partie du maître / par Thre Lepetit,...

Auteur : Lepetit, Théodore. Auteur du texte

Éditeur : A. Boyer (Paris)

Date d'édition : 1871

Sujet : Français (langue) -- Orthographe

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb436566033

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (124 p.) ; in-12

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Description : Contient une table des matières

Description : Avec mode texte

Description : Manuels de l'enseignant

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6456835c

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, X-27838

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/02/2013

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EXERCICES PRÉPARATOIRES

AU

COURS GRADUÉ DE

DICTÉES FRANÇAISES

ua

TH" LEPETIT Professeur à Paris,

L'instruction et l'édacation ne doireut '&mais être séparées.

1" PARTIE

LIVRE DU MAITRE

PARIS AUG. BOYER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS 49â ROE SAINT-ANCBÉ- DES-ARTS, 49 Tous droits réservés



COURS GRADUÉ

OF.

DICTÉES FRANÇAISES

-- 1 VI:'" ;1


OUVRAGES DE M. THre LEPETIT

GRAMMAIRE Le Petit tf homond des Écoles, ou Principes élémentaires de Grammaire française. Cartonné, 50 c.

COURS SIMULTANÉ D'Analyse logique et d'Analyse grammaticale, ou double Analyse raisonnée de tontes les difficultés que présentent les règles de la Syntaxe française.

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COURS GRADUÉ

DE

DICTÉES FRANÇAISES i)

EN TEXTE SUIVI SUR UN PLAN ENTIÈREMENT NEUF A l'usage des pensions des deux sexes

PA.

THBII LEPETIT Frofessour fa Pari..

L'instruction et l'éducatlna ne doivent jamais èlro séparées.

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PARIS AUG. BOYER ET CIe, LIBRAIRES-ÉDITEURS 49, Ii UE S,UNT-A N DRÉ - DRS- .11.1\ TS, 49

Tous droits réservés

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1871.



PRÉFACE

Il existe de nombreux ouvrages destinés à servir d'application à la Grammaire française; mais les uns ne renferment que des phrases détachées, des pensées sans suite et, par conséquent, sans intérêt pour l'élève ; les autres, qui se composent de morceaux en texte suivi, ne sont nullement gradués, de sorte que la Théorie et la ratique ne peuvent marcher de pair.

C'est pour remédier à ce double inconvénient que nous avons publié un Cours gradué de dictées françaises en texte suivi.

Tous les genres de littérature ont payé un tribut à ce nouveau cours complet, qui comprend trois années; on y trouvera: ici, une page d'histoire, un trait de morale ou un fragment de philosophie; là, une anecdote, une description, un tableau, une fable ou une allégorie. Les plus grands noms servent comme de passe-port à chaque dictée, que signent tour à tour Bossuet, Fénelon, Fléchier, Boileau, Racine, Massillon, madame de Sévigné, Bernardin de SaintPierre, Ch. Nodier, Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, Montalembert, etc. Nous avons été assez heureux pour trouver plus de cinq cents morceaux, que ne défigurent pas trop les difficultés d'orthographe que nous y avons introduites, et nous espérons qu'on


PRÉFACE.

retrouvera dans chacune de nos dictées, toutes propres à former le cœur ou à développer l'esprit, quelque reflet de la beauté du texte original.

Les dictées de troisième année se présentent sous une forme entièrement neuve : elles sont suivies, chacune, d'un VOCABULAIRE RAISONNÉ, c'est-à-dire d'une série de questions grammaticales, étymologiques et intellectuelles, avec solutions développées. Ce commentaire forme un Second Devoir de français, oral ou écrit, qui permet au Maître d'adresser aux Élèves ces mille et une questions qui naissent du premier texte venu et, à plus forte raison, d'une page empruntée à nos meilleurs écrivains.

Le cours que nous publions ne produira toutefois de bons résultats qu'à la condition expresse d'être mis entre les mains des élèves. Cette marche permettra aux Professeurs de consacrer à d'autres exercices le temps employé jusqu'ici à faire la dictée; elle aura de plus l'avantage, en obligeant l'élève à copier chaque jour un texte choisi, de le fortifier dans la connaissance si importante de l'orthographe usuelle.

Puisse notre ouvrage, fruit d'une longue expérience, être de quelque utilité, et toute notre ambition sera satisfaite!Thre. LEPETIT.




DICTÉES FRANÇAISES.

CHAPITRE I.

EXERCICES SUR LE NOM.

fl.

Le Printemps en Bretagne.

Distinction entre le nom commun et le nom propre.

Le printemps (nom commun) en Bretagne (nom propre) est plus doux qu'aux environs (n. c.) de Paris (n. p.), et fleurit trois semaines (n. c.) plus tôt. Les cinq oiseaux (n. c.) qui l'annoncent, l'hirondelle (n. c.), le loriot (n. c.), le coucou (n. c.), la caille (n. c.) et le rossignol (n. c.) arrivent avec des brises (n. c.) qui hébergent dans les golfes (n. c.) de la péninsule (n. c.) armoricaine. La terre (n. c.) se couvre de marguerites (n. c.), de pensées (n. c.), de jonquilles (n. c.), de narcisses (n. c.), d'hyacinthes (n. c.), de renoncules (n. c.), et d'anémones (n. c.). Des clairières (n. c.) se panachent d'élégantes et hautes fougères (n. c.); des champs (n. c.) de genêts (n. c.) et d'ajoncs (n. c.) resplendissent de leurs fleurs (n. c.) qu'on prendrait pour des papillons d'or(n. c.). Les haies (n. c.), au long desquelles abondent la fraise (n. c.), la framboise (n. c.)


et la violette (n. c.) , sont décorées d'aubépines (n. c.), de chèvrefeuilles (n. c.), de ronces (n. c.), dont les rejets (n. c.) bruns et courbés portent des feuilles (n. c.), et des fruits (n. c.) magnifiques. Tout fourmille d'abeilles (n. c.) et d'oiseaux (n. c.); les essaims (n. c.) et les nids (n. c.) arrêtent les enfants (n. c.) à chaque pas (n. c.). Dans certains abris (n. c.), le myrte (n. c.) et le laurier-rose (n. c.) croissent en pleine terre (n. c.) comme en Grèce (n. p.); la figue (n. c.) mûrit comme en Provence (n. p.); chaque pommier (n. c.), avec ses fleurs carminées, ressemble à un gros bouquet (n. c.) de fiancée (n. c.) de village (n. c.).

D'après CHATEAUBRIAND.

e.

Les Habitants d'une huitre.

Exercice sur les noms collectifs.

Qui croirait, si une foule d'observations ne l'avaient démontré, que l'écaillé d'une huître est un monde rempli d'une quantité innombrable de petits animaux, a côté desquels l'huître elle-même est un colosse!

- Le liquide renfermé entre les écailles de l'huître contient une multitude d'êtres animés couverts d'écailles transparentes, et qui nagent avec une extrême agilité. Cent vingt de ces animaux, rangés sur


une même ligne, ne donneraient pas un centimètre d'étendue. Le liquide contient, en outre, une grande quantité d'espèces d'animalcules d'une grosseur cinq cents fois moindre, et qui répandent une lumière phosphorique. Ce n'est pas là encore la totalité des habitants de cette demeure. On y compte un grand nombre de petits vers, qui brillent dans l'obscurité.

, D'après la REVUF PRITANNIQUE.

3.

fLe Marché du Temple à Paris.

Distinction du genre et du nombre.

Ce marché fameux est situé dans un des quartiers (masc. pl.) les plus populeux de Paris, et se divise en quatre carrés principaux.

Dans le premier carré siège le haut commerce du bazar; là s'épanouissent les marchandes d'étoffes (fém. pl.) de soie, de valenciennes, de malines, de gants, d'essences, de boutons de nacre (fém. sing.), de peignes d'ivoire (masc. sing.); là accourent souvent d'élégantes acheteuses de tout âge (masc.

sing.) et de toute condition, qui, le marché conclu, s'envolent, contentes d'avoir économisé quelques centimes (masc. pl.), comme un essaim (masc. sing.) d'oiseaux voyageurs.

Dans le second carré sont les objets utiles : les horloges (fém. pl.), les écritoires (fém. pl.), la san-


daraque (fém. sing.) ; on y trouve aussi quelques ouvrages (masc. pl.) d'albâtre (masc. sing.); là se voient encore les lits non d'ébène (fém. sing.) ou d'acajou (masc. sing.), mais de chêne, d'orme, et le plus souvent de fer rouillé. Là gisent, entassés pêle-mêle, les rideaux, les patères (fém. pl.), les anneaux de cuivre, les robes d'indienne et les layettes. Ce carré est le carré bourgeois, comme le premier est le carré des fashionables.

Vient ensuite le troisième carré où est la vieille ferraille: marteaux, enclumes (fém. pl.), chenets, serrures, ustensiles (masc. pl.) de toutes espèces.

Le quatrième carré est plein de vieux souliers que les habitants du lieu noircissent de poix (fém.

sing.), et qui dégagent une odeur nauséabonde.

Tels sont les quatre carrés (masc. pl.) du Temple, et l'on voit qu'en eux se résume toute la hiérarchie sociale : richesse, médiocrité, pauvreté, misère.

D'après FÉLIX MORNAND.

4

ILes Végétaux marins.

Formation du pluriel dans les noms.

L'océan a, comme la terre, ses jardins et ses fleurs. C'est au milieu des coquilles de nacre et des arbres de corail que s'élèvent modestement les feuil-


les jaunes de la violette marine, et le rosier des eaux qui se couronne de fleurs comme le rosier des jardins.

Mais, parmi les brillants végétaux qui embellissent l'empire des ondes, rien n'est plus magnifique que ces fucus gigantesques dont les tiges semblent mesurer les gouffres qu'elles ombragent. Quelquefois la tempête brise, arrache et pousse ces forets entières, avec tous leurs habitants, au milieu des grandes eaux. Alors, semblables à des filets, ils entraînent tout ce qui se trouve sur leur passage. Enveloppés dans ces iles de verdure, les poissons, les coquillages, les insectes sont charriés dans les mers étrangères, où ils fondent de nouvelles colonies. Antiques habitants de ces vastes labyrinthes, ils se promènent sous les mêmes feuillages, reposent dans les mêmes retraites où ils reçurent le jour, et voyagent, pour ainsi dire, sans quitter leur patrie.

D'après AUIÉ MARTIN.

5.

Souvenirs d enfance

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.) J'ai encore une partie des meubles qui me retracent mon enfance, et même le grand tapis qui nous amusait tant, ma sœur et moi. C'est un tapis Louis XV avec des ornements qui tous avaient un nom et un


sens pour nous. Tel rond était une île, telle autre partie du fond était un bras de mer à traverser. Une certaine rosace à flammes pourpre était l'enfer ; de certaines guirlandes figuraient le paradis, et une grande bordure représentant des ananas était la forêt Hercynia. Que de voyages fantastiques, périlleux ou agréables, nous avons faits sur ce vieux tapis avec nos petits pieds ! La vie des enfants est un miroir magique; ceux qui ne sont pas initiés n'y voient que des objets réels : les initiés y trouvent toutes les riantes images de leurs rêves; mais un jour vient où le talisman perd sa vertu, ou bien la glace se brise Cl les éclats sont dispersés, comme des débris, pour ne jamais se réunir.

D'après MADAME GEORGE SAND.

Liste des noms qui ne changent pas au pluriel : Tapis. Sens. Bras. Paradis. Ananas. Débris.

e.

Un Cabinet d'antiquités.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.)

Quelle singulière chose qu'un cabinet d'antiquités!

Ici, des crocodiles, des hiboux, des chacals, des narvals semblent en admiration devant des tableaux qui représentent des carnavals grotesques, ou devant des vitraux gothiques. Là, des vases de Sèvres, enrichis des


plus brillants émaux, sont en compagnie de camails d'évêques etderiches éventails. Les coraux les plus rares se trouvent pêle-mêle à côté de joyaux à demi brisés. Un tournebroche est posé sur le cimier d'un casque antique; les cuirasses et les poignards du moyen âge sont jetés confusément avec les drageoirs féodaux.

Des vaisseaux d'ivoire voguent à pleines voiles sur le dos d'immobiles turtues. Les plus coûteux caprices sont là: c'est le bazar des folies humaines. Une écritoire, payée jadis cent mille francs et rachetée pour cent sous, gît auprès d'une serrure à secret dont le prix de fabrication eût suffi à la rançon de deux rois. Là, le génie humain apparaît dans toutes les pompes de sa misère, dans toute la gloire de ses petitesses gigantesques.

D'après HONORÉ DE BALZAC.

7.

Voyages des Oeurs.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.) Les végétaux n'ont pas, comme les animaux, la faculté de se mouvoir ; mais ils peuvent envoyer de petites colonies d'un champ à l'autre, parcourir les vallons et visiter les bocages. Les arbres des montagnes, comme les ormeaux, les bouleaux, les frênes, les érables, ont des semences ailées qui sont emportées par le vent. Ces forêts à venir traversent les airs et descendent dans les campagnes où elles doivent un


jour former de délicieux berceaux de feuillage. Cependant les végétaux qui fleurissent sur les bords des eaux portent des graines semblables à des coquilles, à des pirogues et à des bateaux. Le noyer, le coudrier et l'olivier, qui se plaisent sur les rives fleuries des ruisseaux murmurants, ont des fruits façonnés comme de petits tonneaux; presque toutes les graines des plantes aquatiques sont semblables à de légères gondoles. Souvent on voit ces flottes charmantes, déployant leurs voiles, voguer le long des fleuves et des canaux, s'arrêter sur des rivages étrangers, et les couvrir de pelouses et de fleurs, au-dessus desquelles la nature prend plaisir à incliner mollement les rameaux d'un saule pleureur.

D'après AIMÉ MARTIN.

8.

Les Habitants de la campagne.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.) I.

Quels plaisirs innocents et purs goûtent les bons villageois! De frais ombrages les garantissent des feux de l'été; les ruisseaux, qui gazouillent entre des nues fleuries, leur offrent des eaux limpides pour se désaltérer ; en roulant sur de petits cailloux, ces ruisseaux font entendre ua agréable murmure qui invite ces


hommes laborieux à se reposer de leurs travaux. Que j'aime à entendre les petits oiseaux chanter sous la feuillée! Le soir, quand les travaux cessent, les Juitres font rentrer en fredonnant les troupeaux dans les bercails, tandis que les chiens, ces terribles épouvantails de ces innocents animaux, ramènent dans les sentiers les moutons qui s'en écartent. Pendant ce temps les jeunes femmes préparent le frugal repas du soir ; des choux, des haricots, des fruits, des oeitfs: tels sont leurs régals habituels. Jamais nos aliments recherchés n'ont excité leurs vœux.

II.

Les mères bercent ensuite leurs enfants sur leurs genoux, et les endorment en leur promettant non des joujoux d'un grand prix, mais les plus beaux fruits du verger. Chez ces bons villageois, on ne voit ni fauteuils aux clous dorés, ni meubles d'acajou ; sur leurs cheminées ne brillent ni les coraux ni les émaux; ils préfèrent les simples fleurs des champs à tous les ornements fastueux de nos salons, et l'absence de l'or les dispense de mettre des verrous à leurs portes. Les jeunes filles ne se distinguent point par l'éclat des diamants, des bijoux; mais les fleurs naturelles dont elles ornent leurs cheveux plaisent plus que les plus riches guirlandes artificielles ; le moindre des cérémonials les gênerait; aux champs, on ne consulte que la nature. Heureux villageois, que ne puis-je aller partager votre bonheur l ANONYME.


9.

Jaffa.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.) Le coup d'œil qu'offre Jaffa est vraiment içagique quand on aborde cette ville du côté du désert. Les pieds ^e la ville sont baignés au couchant par la mer, quij déroule, toujours la d'immenses lames éçuçneuses sur des écueils qui forment l'enceinle dç son port; du côté du nord, elle est entourée de jardins délicieux, qui semblent sortir comme par enchantement dudégert,.p(xur eouronner.el ombrager sesremparts; oa marche sous la voûla-éhevée. et ©dorante .tiwfe forêt da pahmera, de grenadiers changés de leurs étoilfcs rouges, de cadres maritimes tu feuille de dentelle, de citrenniecs, d'orangers, de Àfiguiers, de limoniers, grands comme, des aoyejss Owaipe, et pliàat sOus-leurs fruits et sous leurs fleurs; l'ait n'eat qu'un parfum s'doteyé et répandu par te brise de la mer; le sol est toutblane de fleurs d'oranger, et le vent les balayp comme Obez.DQUS les-feuilles .mortes- en automne. La viHe élève ses blancs- minarets, ses terrasses crénelées, Ses balcons.en,^ginte^ dp* sein : de eet océan d;arbust £ & embaumés qu!elte semble/ contempler avec boahaur. et avgq talé.D'après Lam Arx+ft* e.


10.

IJne Cnisinei Formation du pluriel dans les nonïs. (Suite.) Figurez-vous une salle immense ; un des murs occupé par les bouilloires, les passoires, les rôtissoÍuu, les bougeoirs, les éteignoirs, les cafetières et les lëcheirites; l'autre, par les plats, les assiettes, les bols, les théières et les sucriers ; au milieu, la cheminée, énorme caverne qu emplit un feu splendide; au plafond, un noir réseau de poutres magnifiquement enfumées, auxquelles pendent des paniers, des lampes et de vastes trapèzes de lard. Sous la cheminée, outre le tournebroche, le cendrier, les chenets, la crémaillère et la chaudière, reluit et pétille un trousseau de pelles et de pincettes. L'âtre flamboyant envoie des rayons dans tous les coins, découpe de grandes ombres sur le plafond, jette une fraîche teinte rose sur les faïences bleues, et fait resplendir l'édifice fantastique des casseroles comme une muraille de braise. Si j'étais enthousiaste, je dirais : cette cuisine est un monde dont la cheminée est le soleil. D'après VICTOR HUGo.

11.

Spectacle général de l'univers.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.) Ceux qui ont admis la beauté de la nature comme


preuve d'une intelligence supérieure, auraient dû * faire remarquer une chose qui agrandit prodigieusement la sphère des merveilles : c'est que le mouvement et le repos, la nuit et le jour, les saisons, la marche des astres, qui varient les décorations du monde, ne sont pourtant successifs qu'en apparence, et sont permanents en réalité. La scène qui s'eflace pour nous, se colore pour d'autres peuples; ce n'est pas le spectacle, ce sont les spectateurs qui changent.

Réunissez donc en un même moment, par la pensée, les plus beaux accidents de la nature ; supposez que vous voyez à la fois toutes les heures du jour et toutes les saisons, un matin de printemps et un matin d'automne, une nuit semée d'étoiles et une nuit couverte de nuages, des prairies émaillées de fleurs, des forêts dépouillées par les frimas, des champs dorés par les moissons, vous aurez alors une idée juste du spectacle de l'univers. Tandis que vous admirez ce soleil qui se plonge sous les voûtes de l'occident, d'autres observateurs le regardent sortir des régions de l'aurore. Par quelle inconcevable magie ce vieil astre, qui s'endort fatigué et brûlant dans la pourpre du soir, est-il, en ce moment même, ce jeune astre qui s'éveille, humide de rosée, dans les voiles blanchissantes de l'aube? A chaque moment de la journée, le soleil se lève, brille à son zénith et se couche sur le monde. D'après CHATEAUBRIAND.

Liste des noms qui ne changent pas au pluriel : Repas. Fois. - Printemps. Frimas. Univers.


43.

LA Vallée de la Meuse.

Formation du pluriel dans les noms. (Suite.)

Jusqu'à Dinant, la vallée de la Meuse est assez resserrée; mais, au-dessous de cette ville, elle s'ouvre et montre, sur deux croupes lointaines de la rive droite du fleuve, les ruines de deux châteaux gothiques ; puis la vallée s'ouvre encore : alors les rochers n'apparaissent plus que çà et là sous de riches caparaçons de verdure ; une housse de velours vert, brodée de fleurs, couvre tout le paysage. De toutes parts débordent les houblonnières, les vergers, les arbres qui ont plus de fruits que de feuilles, les pruniers violets, les pommiers rouges, et à chaque instant se montrent par touffes énormes les grappes écarlates du sorbier, ce corail végétal des petits oiseaux. Les canards et les poules jasent sur le chemin ; on entend des chants de bateliers sur la rivière; de fraîches jeunes filles, les bras nus, passent avec des paniers chargés d'herbe sur leur tête, et de temps en temps, un cimetière de village vient coudoyer mélancoliquement cette route pleine de joie, de lumière et de vie.

D'après VICTOR HUGO.


CHAPITRE II.

EXERCICES SUR L'ARTICLE,

i.

La Goutte de rosée et la Vie humaine.

Devoir sur l'article.

Une goutte de rosée sur une feuille est, à mes yeux, l'emblème de la vie humaine. Voyez : point de repos, même au moment où les zéphyrs se taisent; quand le vent souffle un peu, elle frissonne, elle flotte a faire trembler ; imprime-t-il le plus léger mouvement à la feuille, elle tombe. Ainsi fait la vie sous le souffle des passions. Lorsque le calme est parfait, et que les rayons du soleil viennent semer les champs de milliers d'émeraudes, la feuille humide sèche d'abord, et la goutte de rosée diminue et finit par disparaître. Le soleil, image de la divine essence, l'attire à lui, et nous apprend par là que notre vie aussi, même la plus longue, doit un jour remonter vers la source éternelle d'où elle émane. Et cette image, qui me frappe tous les niatins, me remplit de pensées douces et salutaires toute la journée; elle élève mon âme vers celui qui l'a créée, m'aide à surmonter les troubles de la vie, et me donne de consolantes espérances en me faisant rêver du ciel. D'après BONVALOT.


z.

Vile Graefosa (Açores).

Exercice sur l'article. (Suite:.)

L'île Graciosa présente de jolies collines un peu renlîéo6 dans leurs contours, comme les ellipses d'une amphore étrusque; elles sont drapées de la, verdure des blés ou de l'or des épi&? et elles exhalent une odeuv fromentacée agréable, particulière aux moissons cjea Açores. Une abbaye se montre. au sommet d'un tertre; au pied de ce tertre, dans une anse caillouteuse, miroitent les, toits rouges de la ville de Santa-Cruz. L'île entière, avec ses découpures de baies et de caps, répète son paysage interverti dans les flots. De hauts rochers verticaux au plan des vagues lui servent de ceinture extérieure.

Au fond du tableau, le cône du volcan du Pic, planté sur une coupole de nuages, perce, par-delà Graciosa, la perspective aérienne.

D'après CHATEAUBRIAND.

3.

Iole Nid du loxia du Bengale.

Devoir sur l'article. (Suite.) Le loxia du (de le) Bengale, espèce de moineau trèscomnL il dans l'Inde, tresse son nid avec de longs


brins d'herbe; il lui donne la forme des (de les) bouteilles à large ventre dont se servent les chimistes, et il le suspend au (à le) haut d'un palmier, au (à le) bout d'une branche assez forte seulement pour soutenir le poids de la petite habitation et des (de les) hôtes qu'elle renferme, il les garantit ainsi des (de les) attaques des (de les) serpents, des (de les) écureuils et des (de les) oiseaux de proie. Ces nids k ont ordinairement deux divisions ou appartements.

Dans l'un, la femelle couve; dans l'autre, se tient le mâle, à l'abri des (de les) pluies, gardant son nid, balancé par le vent au (à le) bout d'un fil léger, et amusant sa famille par ses joyeux gazouillements.

D'après la REVUE ENCYCLOPÉDIQUE.


CHAPITRE III.

EXERCICES SUR LE PRONOM.

i.

La Tourterelle qui pleure.

Distinction entre le, la, les, article ou pronom.

Une mère dit un jour à ses deux filles, dont l' (art.) aînée n'avait pas plus de huit ans : — « Mes chères enfants, votre tante a une tourterelle qui pleure quand elle voit une petite fille commettre quelque faute : je la (pron.) prierai de me

donner cet oiseau merveilleux; il pourrait être utile à votre éducation.

— Oh 1 répondit l' (art.) aînée, je n'ai pas besoin d'un oiseau dont les (art.) larmes m'avertissent de mes fautes; quand j'ai le (art.) malheur d'en commettre, ma conscience me les (pron.) reproche, et je pleure moi-même.

— Cela ne fait rien, mère, dit la (art.) jeune; fais toujours venir la (art.) tourterelle, et donne-la(pron.) moi: je serai si gentille, si gentille, qu'au lieu de pleurer, elle ne fera que rire et sautiller toute la(art.) journée. »

D'après HERDER.


9.

La Bible.

Distinction entre l'adjectif démonstratif cet et l'adjectif possessif ses, entre le pronom démonstratif ce et le pronom personnel se.

Ma mère avait reçu de sa mère au lit de mort une belle Bible de Royaumont, dans laquelle elle m'apprenait,à lire quand j'étais petit enfant. Cette Bible avait, à toutes les pages, des gravures de sujets sacrés : c'était Sara, c'était Tobie et son ange; c'était Joseph ou Samuel ; c'étaient ces montagnes où Dieu descendait ; c'étaient ces déserts où les anges venaient montrer à Agar la sourpe cachée pour ranimer son pauvre enfant banni et mourant de soif; c'étaient ces fleuves qui sortaient du paradis terrestre; détait ce ciel où l'on yoyait descendre et monter les anges sur l'échelle de Jacob ; c'étaient surtout ces bt lles scènes patriarcales où la nature solennelle et primitive de l'Orient était mêlée à tous les actes de la vie simple et merveilleuse des premiers hommes. Quaiyl j'avais bien récité ma leçon et lu à peu près sans faute une demi-page de l'histoire sainte, ma mère découvrait la gravure, et, tenant le livre ouvert sur ses genoux, me la faisait contempler pour récompense. La vue de cee gravures, les explication P ma mèïe, ses commentaires poétiques, m'inspirèrent dès ma plus tendre enfance des goûts bibliques gua j'ai toujours conservés. D'après LAMARTINE.


3.

Aspect géuéral du glolie terrestre.

Devoir snr les pronoms démonstratifs.

Celui qui considère la surface du globe terrestre sous un point de vue général, voit que c'est, pour ainsi dire, une vaste mer, au milieu de laquelle se trouvent situées un grand nombre d'îles: celles-ci plus grandes, celles-là plus petites. Tous ceux qui ont étudié la géographie savent que deux de ces îles portent le nom de continents. Celui qu'habitent les nations les plus anciennement civilisées s'appelle l'ancien continent, et renferme l'Europe, l'Asie et l'Afrique. Le nouveau continent est connu sous le nom d'Amérique; il est divisé en deux grandes presqu'îles bien distinctes : celle-là s'appelle l'Amérique septentrionale ; celle-ci l'Amérique méridionale. Un vaste archipel s'étend au sud-est de l'Asie : celui-là forme une cinquième partie du monde, appelée Océanie. Au centre de cet archipel, la NouvelleHollande s'élève comme une reine au milieu de son cortège. D'après Malte-Buun.

&.

Le But de I"io-.t."uctlou.

Devoir sur les pronoms conjoncùfs.

Si l'instruction avait seulement pour but de for-


mer l'homme aux belles-lettres et aux sciences, dont l'utilité est pourtant incontestable et auxquelles on ne saurait trop recommander de s'adonner; si elle se bornait à lui donner cette habileté et cette éloquence que demandent les affaires; enfin, si, en cultivant l'esprit, elle négligeait de former le cœur, elle ne répondrait pas à tout ce qu'on a le droit d'en attendre, et ne nous conduirait pas à une des principales fins pour lesquelles nous sommes nés. Pour peu qu'on examine la nature de l'homme, ses inclinations, sa fin, il est aisé de reconnaître qu'il n'est pas fait pour lui seul, mais pour la société au sein de laquelle la Providence l'a destiné à remplir quelque emploi. Il est membre d'un corps auquel il doit être utile; et, comme dans un grand concert, il doit se mettre en état de bien soutenir la partie qui lui a été confiée, pour rendre l'harmonie parfaite.

D'arprès ROLLIN.


CHAPITRE IV.

EXERCICES SUR L'ADJECTIF.

PREMIÈRE SECTION.

EXERCICES SUR LES ADJECTIFS QUALIFICATIFS.

1.

L'Hiver à la rampagnc.

Devoir sur l'accord de l'adjectif qualificatif.

Connaissez-vous le spectacle imposant (m. s. quai.

spectacle) que présente la campagne au mois de novembre? Venez voir étinceler les beaux (m. pl. quai.

diamants) diamants du givre, entendre la majestueuse (f. s. quai, colère) colère des vents a travers les champs dépouillés. Dans les bois, que vous croyez déshérités de toute végétation, le lierre fait verdoyer ses nombreuses (f. pl. quaI. colonnes) colonnes ; le sol s'émaille de mousses variées (f. pl. quai, mousses); l'ajonc s'élance entouré d'épines ; il écarte les glaçons pour fleurir, comme la pensée consolante (f. s. quai.

pensée) d'une autre vie écarte les chagrins amers (m.

pl. quai, chagrins) de ce monde. Enfin, admirez audessus de vos têtes une végétation aérienne (f. s.

-quaI. végétation) et pleine (f. s. quai, végétation) de mystère: c'est le gui druidique (m. s. quai, gui)


avec ses fruits sans fleurs, ses fruits qui composent un bouquet divisé par trois perles aussi transparentes (f. pl. quai, perles) et aussi blanches (f. pl. quaI. perles) que celles des sultanes. A votre retour, la veillée, le charme des lectures, le récit des antiques (f.

pl. quai, histoires) histoires. C'est l'heure où le petit (m. s. quaI. ragot) fagot devient le soleil du foyer; le pauvre (m. s. quaI. grillon) grillon, le rossignol des nuits d'hiver. Au milieu de cette douce (f. s. quai.

tranquillité) tranquillité, la vie s'écoule sans amertume, et l'on voit arriver la mort sans l'appeler ni la craindre.

D'après HENRI DE LATOUCHE.

a.

Le Caire.

Devoir sur raccord de l'adjectif qualificatif. (Suite.) La ville se présente à vous comme les mille petites tourelles d'un édifice gothique, au pied d'une montagne blanchâtre, assez escarpée et flanquée d'une citadelle à tours blanches à la façon turque. D'une part, vers la montagne, le désert avec sa surfacanue et désolée; de l'autre, vers le Nil, des campagnes couvertes d'une verdure brillante; et, de temps en temps, de charmantes pièces d'eau, restes de l'inondation, miroitant au sein de cette verdure; des terres couvertes de plantes épaisses et noires, d'où s'é-


lèvent, comme autant de gracieuses aigrettes, des milliers de palmiers avec leurs belles grappes rouges et dorées. Au milieu de cecontraste se trouve la ville, tout à fait en harmonie avec ce paysage bizarre, immense ramas de constructions a toitures plates sans tuiles, noircies par la fumée et couvertes de poussière; de loin en loin, une construction neuve, blanche et scintillante, jaillit de ce tas de maisons grisâtres, de ces rues étroites et noires, où se remue une population sale quoique très-brillante et bariolée; de cette poussière, de cette fumée bleue, s'élancent vers l'air libre mille et mille minarets couverts d'ornementations légères à l'arabe et cerclés de leurs trois galeries de dentelles superposées. C'est une vue enchanteresse, faite pour enthousiasmer un peintre.

Extrait du MAGASIN PITTORESQUE.

3.

Les Migrations des oiseaux.

Devoir sur la formation du féminin.

Au retour de la gaie saison, lorsque les fleurs s'empressent d'éclore, quelle voix inconnue appelle dans nos climats la troupe joyeuse des oiseaux voyageurs? Cependant, des rives lointaines de l'Afrique, ils s'élancent sur l'aile des vents, traversent les mers, et, deSCWldant sur une terre hospitalière, la salaeat


de leurs chansons joyeuses. Ils y trouvent des festins tout préparés par les mains de la Providence, et reconnaissent les prairies paternelles où ils prirent leur preniière volée. Ici était la couche si douce de leurs frères, le berceau de leur enfance. La gentille fauvette a retrouvé sa vieille aubépine, et le rossignol son épaisse feuillée ; chacun se prépare à de nouvelles joies, à de nouvelles alliances. Mais, après avoir rempli les vœux de la nature, lorsque la bise glaciale commence à ramener les frimas sous nos deux, chaque espèce rassemble sa jeune famille pour la conduire dans des régions plus heureuses.

ANONYME.

4.

La Vallée dei AtMo Devoir sur la formation du féminin.

La vallée de l'Arno est la plus belle que j'aie vue dans le cours de mes longues pérégrinations. Cette rivière coule transparente et calme entre des rives fleuries. Des bois de pins d'une verdure perpétuelle semblent descendre de toutes les collines voisines pour se baigner à la rivière. Des villas élégantes, délicieuses; des chapelles aériennes, se dévoilent par intervalles au voyageur, tantôt au milieu d'une délicieuse pelouse comme un rêve de félicité passagère, tantôt sur la cime riante d'une montagne char-


mante, comme une pensée du ciel. C'est là que les jeunes paysannes tressent la paille qui s'arrondit en chapeau sur la tête de toutes les dames de l'Europe.

Ouvrières à la figure franche et ouverte, rien ne trahit en elles l'origine rustique. Telle est la route qui conduit à Florence. On sort de la ville : des montagnes bleues cernent le vaste horizon : c'est la couronne de Florence.

D'après MÉRY.

6.

Ii'Anesse.

Devoir traduit au féminin.

L'ânesse est, de son naturel, aussi humble, aussi tranquille, que la cavale estfière etimpétueuse; elle est patiente, courageuse même dans ses soufrfances; elle est sobre, et sur la qualité et sur la quantité de la nourriture; mais elle est fort délicate sur l'eau : elle ne veut boire que de la plus claire et aux ruisseaux qui lui sont connus. Elle est susceptible d'éducation, et l'on en a vu d'assez bien dressées pour faire curiosité de spectacle.

Dans la première jeunesse, elle est gaie, légère et gentille; mais, soit par l'âge, soit par les mauvais traitements, elle devient lente, indocile et têtue.

Elle se montre attachée a son maître, quoiqu'elle


en soit ordinairement maltraitée ; elle est pourvue de bons yeux, d'un odorat admirable et d'une oreille excellente; elle marche, elle trotte et elle galope comme la cavale, mais moins vite, parce qu'elle est beaucoup plus lente dans tous ses mouvements et que ses pas sont petits; aussi, quelque allure qu'elle prenne, elle est bientôt rendue.

D'après BUFFON.

G.

ILa Diseuse de bonne aventure.

Devoir traduit au féminin.

Un paysan voulut un jour connaître ce que l'avenir lui réservait; il alla donc trouver une diseuse de bonne aventure qui, lui mettant sa sarbacane dans l'oreille: « Le Ciel, lui dit-elle, vous rendra père d'une fille bien gentille, bien mignonne, bien spirituelle, bien maligne; mais, puisqu'il faut tout vous dire, un peu flaiteuse et délatrice. Elle s'insinuera dans les bonnes grâces d'une impératrice étrangère, qui la nommera ducliesseetgouvernante deses enfants. Elleméritera cette distinction par les services qu'elle rendra à sa puissante protectrice. Cette souveraine sera traîtresse, vindicative, ambitieuse, cruelle même; mais votre iille, par ses sages conseils, opèrera en elle


une métamorphose complète. A l'âge de vingtcinq ans, votre fille sera atteinte d'une fièvre tierce ; mais, ne craignez rien : une savante, mon successeur. la guérira radicalement. »

Notre diseuse de bonne aventure allait continuer son horoscope, lorsqu'un gendarme l'arrêta comme abusant de la crédulité publique. Chacun se mit à rire envoyant que notre prophétesse, qui prédisait l'avenir des autres, n'avait pas prévu ce qui lui arrivait; et tout le monde demeura convaincu que ce n'était qu'une impudente et une débiteuse de mensonges.

ANONYME.

1.

Histoire d'une vieille Reine et d'utie jeune Paysanne.

Devoir traduit au féminin.

I.

Il était une fois une reine si vieille, si vieille qu'elle n'avait plus ni dents ni cheveux; elle était sèche, ridée, sourde et presque aveugle; sa tête branlait comme les feuilles que le vent remue; le bout de son nez et celui de son menton se touchaient; elle était rapetissée de la moitié, toute pelotonnée, et si courbée qu'on aurait dit qu'elle avait toujours été contrefaite. Une fée, qui avait assisté à sa nais-


sance, lui apparut et lui dit : Vous voilà bien caduque et bien souffrante : voulez-vous redevenir jeune et bien portante? Volontiers, répondit la vieille reine; je serais même disposée à donner tous mes joyaux pour n'être âgée que de vingt ans.

Il faut donc, continua la fée, donner votre vieillesse à quelque jouvencelle dont vous prendrez la jeunesse et la santé. Mais, quelle sera la jeune fille assez sotte pour consentir à cet échange? La reine, impatiente, fit chercher partout une jeune fille qui voulût être vieille pour la rajeunir.

II.

Il vint beaucoup de pauvresses qui voulaient vieillir pour être riches et comblées d'honneurs; mais quand elles avaient vu la reine tousser, cracher, vivre de bouillie, être sale, hideuse, soufirante, grognon et radoteuse, elles n'étaient plus disposées à se charger de ses années; elles aimaient mieux rester mendiantes et couvertes de haillons. Il venait aussi des ambitieuses, auxquelles elle promettait de hauts rangs et de grands honneurs; mais, que faire de ces rangs? disaient-elles après l'avoir vue : nous n'oserions nous montrer étant si dégoûtantes et si affreuses. Enfin , il se présenta une jeune villageoise, belle comme le jour, qui demanda la couronne pour prix de sa jeunesse. La reine en parut d'abord offensée; mais que faire? à

quoi sert-il de se fâcher? elle voulait devenir jeune, vigoureuse et vermeille. Voyons, dit la reine, je ne


vous offrirai pas devons nommer comtesse, duchesse ou marquise, je serai plus généreuse : partageons mon royaume; vous en aurez une moitié et moi l'autre; c'-est bien assez pour vous qui êtes une petite paysanne. Non, répondit la jeune fille, cela n'est pas assez pourmoi ; je suis jeune et saine; vous, vous êtes vieille et cacochyme : je veux être reine toute seule; sinon, gardez vos cent ans, et moi ma jeunesse.

Mgis aussi, reprit la reine toute conster n 6 e., que Mjiis aussi, reprit la reine toute consternée., que fais-je, si j'étais privée de mon royaume ? Libre e\ contente, vous'ririez; joyeuse et légère, vous "riez comme moi, lui dit la jeune villageoise.

En parlant ainsi, notre petite paysanne se mit à rire, à danser et à chanter. La reine, qui ne se sentait pas disposée a en faire autant, lui dit : Que feriezvous en ma place ? vous n'êtes point accoutumée à ma ieillesse. Je ne sais pas, dit la paysanne, ce que je ferais; mais je serais heureuse de l'essayer; car j'ai toujours ouï dire qu'il était beau d'être reine. Pendant qu'elles étaient en marché, survint la fée, qui dit à la paysanne : Voulez-vous taire votre apprentissage de vieille reine, pour savoir si ce métier vous conviendra? Pourquoi non? dit la jeune fille. A l'instant même elle se trouve toute ridée, toute courbée ; ses cheveux blanchissent ; elle devient grondeuse et rechignée; sa tête branle, et toutes ses dents aussi : elle est déjà âgée de cent


ans. Elle est vêtue de riches habits et entourée de duchesses, de comtesses, de princesses et d'ambassadrices. On sert un grand festin à la nouvelle reine, mais elle est dégoûtée et ne saurait mâcher; elle est honteuse et étonnée et ne sait que dire ni que faire; elle ne fait que tousser et cracher; elle se regarde au miroir, et elle se trouve plus laide qu'une guenon.

IV.

Cependant la vraie reine était dans un coin, qui riait et qui commençait à devenir gentille et gaie; ses cheveux revenaient, et ses dents aussi; elle redevenait fraîche et vermeille ; elle se redressait, vive et légère, avec mille petites façons; mais elle étaitcrasseuse, couverte d'habits sales qui semblaient avoir été traînés dans les cendres. Elle n'était pas accoutumée à cet équipage; et les gardes, la prenant pour quelque servante subalterne, voulaient la chasser du palais. Alors la paysanne lui dit : Vous voilà bien embarrassée de n'être plus riche, et moi encore davantage de l'être : tenez, reprenez cette couronne et rendez-moi mon habit grossier. L'échange fut bientôt fait, et la reine de revieillir et la paysanne de rajeunir. Le changement fut à peine fait que toutes deux s'en repentirent, mais il n'était plus temps. La féeles condamna à demeurer chacune dans sa condition. Souffrante et tourmentée par des douleurs de plus en plus aiguës, la reine s'écriait tous les jours : Hélas ï si j'étais la petite pny-


sanne, à l'heure que je parle je serais logée dans une chaumière et je vivrais de châtaignes; mais, peu soucieuse de ma condition, je danserais gaîment sous l'orme avec les bergères. Que me sert d'être richement parée, d'être entourée de favorites et de courtisanes, d'avoir un lit où je suis étendue souffrante sans cesse, et de n'avoir personne capable ne me soulager! Ce chagrin augmenta Ses maux; tes médecins, qui étaient sans cesse douze autour d'elle, les augmentèrent encore. Enfin; elle mourut au bout de deux mois. La petite paysanne dansait joyeuse le long d'un clair ruisseau avec ses compagnes, quand elle apprit la mort de la reine : elle reconnut alors qu'elle était heureuse d'avoir perdu la royauté.

D'APTES FÉNELON.

8.

Les Rlebe. et les Pauvres.

Deyoù: traduit au pluriel.

I.

Qu'est-ce que les riches dans l'esprit du monde? Ce-sont des hommes de jeux, de fêtes, de spectacles, d'amusements, dont toute la gloire consiste à être orgueilleusement frivoles, tout le mérite à


être complaisants pour leurs passions, et qui, ne mettant de bornes à leurs désirs que celles de leur fortune, ne sont grands le plus souvent qu'à force de crimes et de scandales.

Dans l'ordre de la Providence, ce sont des anges de paix et de consolation, placés entre Dieu et les hommes pour achever la distribution des biens de la terre ; ce sont les ambassadeurs du Ciel et comme les apôtres de la Providence, obligés de la faire-connaître à ceux qui l'ignorent, de la disculper auprès de ceux qui l'accusent. Et tels que l'astre dont l'éclat parle à tous les yeux de la gloire de son-auteur, les riches, par leurs bienfaits, parlent au cœur de tous les hommes de la sagesse et de la bonté divines; et, selon qu'ils sont avares ou généreux, sensibles ou inexorables, ils deviennent pour les peuples des objets de terreur ou de consolation; des anges, s'ils sont bienfaisants; des monstres, s'ils sont barbares.

II.

De même, qu'est-ce que les pauvres selon le monde? Ce sont des êtres isolés, proscrits, triste rebut de la société; qui semblent, dit le sage, échappés à la Providence; qui rampent dédaignés sur la surface de la terre; sur le front desquels la misère a comme imprimé un caractère de honte et d'ignominie; errants, fugitifs, et comme retranchés du reste des humains, ils sont rarement plaints, et plus rarement encore secourus dans leur triste condi-


tion; réduits à rougir de leur existence, ils semblent avoir cessé d'être hommes en devenant malheureux.

Dans l'ordre de la Providence, au contraire, les pauvres, ce sont en quelque sorte le plus intéressants de ses ouvrages, et comme le secret de sa sagesse, qui a rendu les pauvres précieux et nécessaires aux riches; qui a voulu que les riches fussent les protecteurs des pauvres et les pauvres les sauveurs des riches, qu'ils délivrent du danger des richesses sur la terre, en leur ôffrant les moyens de les convertir en charités qui leur servent a acheter le ciel; en sorte que les pauvres, dans l'ordre de la Providence, sont des juges qui tiennent dans leur main le sort des riches, sur la tête desquels ils entassent des bénédictions ou des anathèmes.

D'après CAMBACÉRÈS.

O.

Portrait des Français.

Devoir traduit au pluriel.

Fils aînés de l'antiquité, les Français, Romains par le génie, sont Grecs par le caractère. Inquiets et volages dans le bonheur, constants et invincibles dans l'adversité; formés pour les arts; civilisés jusqu'à 1' excès durant le calme de l'Etat; grossiers


et sauvages dans les troubles politiques; flottant Comme des vaisseaux sans lest au gré des passions; à présent dans les cieux, l'instant d'après dans rannne; enthousiastes du bien et du mal, faisant le premier sans en exiger de reconnaissance, et le seconde sans en sentir de remords ; ne se souvenant ni de leurs crimes ni de leurs vertus; pusillanimes de la vie pendant la paix, prodigues de leurs jours dans les batailles; vains, railleurs, ambitieux; à la fois routiniers et novateurs; charmants dans leur propre pays, insupportables chez l'étranger; tour à tour plus doux que les agneaux, plus impitoyables que les tigres; tels furent les Athéniens d'autrefois, et tels sont les Français d'aujourd'hui.

D'après CHATEAUBRIAND.

to.

lLes Pldlosophe. de l'antiquité.

Devoir sur l'accord de l'adjectif.

Les philosophes de l'antiquité étaient très-frugals et tres-simples dans leurs goûts, cequi ne les empêchait pas d'être savants Souvent, sous des dehors glacials, ils cachaient un cœur excellent, donnaient des conseils amicaux et rendaient des jugements impartiaux. Ils renonçaient le plus souvent aux nœuds conjugaux pour mieux s'adonner à l'étude.


Ils se livraient à des travaux assidus, à des méditations continuelles sur les secrets de la nature et sur les sentiments moraux de l'homme. Ils ont bâti bien des systèmes ridicules sur la création de l'univers ; mais ces rêveries puériles, ces illusions fantastiques renfermaient les germes féconds des vérités que leurs successeurs ont découvertes.

ANONYME.

ai.

lie Fraisier.

Devoir sur l'accord de l'adjectif.

Un jour d'été, pendant que je travaillais, j'aperçus, sur un fraisier qui était venu par hasard sur ma fenêtre, des mouches si jolies que l'envie me prit de les décrire. Il y en avait de dorées, d'argentées, de bronzées, de tigrées, de rayées, de bleues, de rembrunies. Les unes avaient la tête arrondie comme un turhan; d'autres, allongée en pointe de clou ; à quelques-unes, elle paraissait obscure comme un point de velours noir; elle étincelait à d'autres comme un rubis. Il y en avait qui avaient des ailes façonnées en forme de lames de nacre; d'autres les avaient larges et semblables a la plus fine gaze. Toutes venaient sur cette plante pour des raisons qui m'étaient tout à fait inconnues: les unes arrivaient, les autres s'en allaient; il y en avait qui étaient irn-


mobiles, et occupées peut-être, comme moi, à observer. Le lendemain, j'en vis de nouvelles, que je décrivis encore; mais il en vint les jours suivants un si grand nombre et des espèces si variées que je laissai là ces observations, quoique très-amusantes, parce que je manquais de loisir, ou, pour dire la vérité, d'expressions propres.

D'après BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.

DEUXIÈME SECTION.

EXERCICES SUR LES ADJECTIFS DETEUinNÀTIPS.

a

Saint-Pierre de Rome.

Devoir sur l'emploi des adjectifs déterminatifs ce, cet, cette, ces.

Ce monument, entrepris par le génie de Léon X, est un des plus étendus que l'on connaisse. Rien ne saurait exprimer ce ravissement subit qui saisit l'âme, lorsqu'on entre pour la première fois dans cette église, lorsqu'on se trouve sur ce pavé de marbre, parmi ces piliers énormes, devant ces colonnes de bronze, à l'aspect de tous ces tableaux, de toutes ces statues, de tous ces mausolées, de tous ces autels, et sous ce dôme.! enfin, dans cette vaste enceinte à laquelle cet or, ce marbre, ce bronze et ces toiles donnent tant de grandeur, de magnificence et de durée ! Il y a dans cette église dix-huit


années de la vie de Michel-Ange. Vous prenez une mesure pour apprécier la grandeur de ce hardi monument! tout le temps que j'y ai resté, j'ai pensé à Dieu. à l'éternité : voilà sa véritable grandeur.

D'après Dur A TY.

2 L'Oie.

Devoir sur les adjectifs possessifs.

L'oie est, dans le peuple de nos basses-cours, un habitant qui a son élégance et sa distinction. Sa corpulence, son port droit, sa démarche grave, son plumage net et lustré, et son naturel social qui la rend susceptible d'un fort attachement et d'une longue reconnaissance, enfin sa vigilance trèsanciennement célébrée, tout concourt a nous représenter l'oie comme l'un des plus intéressants, et même des plus utiles de nos oiseaux domestiques; cac indépendamment de la bonne qualité de sa chair et de sa graisse, dont aucun autre oiseau n'est plus abondamment pourvu, l'oie nous fournit cette plume délicate sur laquelle la mollesse aime à prendre son repos, et cette autre plume, instrument de nos pensées, et avec laquelle nous écrivons ici son histoire et son éloge.

D'après BUFFO.


3.

Action secrète de la Providence sur les empires.

Devoir sur la distinction de leur, pronom, et do leur, adjectif.

Dieu tient, du haut des cieux, les rênes de tous les cœurs en sa main : tantôt il retient les passions, tantôt il leur lâche la hride, et par là il remue tout le genre humain. Veut-il l'aire des conquérants, il fait marcher l'épouvante devant leurs pas, et il leur inspire à eux et à leurs soldats une hardiesse invincible. Veut-il faire des législateurs, il leur envoie son esprit de sagesse et de prévoyance; il leur fait prévenir les maux qui menacent les empires, et leur fait poser les fondements de la tranquillité publique ; il éclaire leurs désirs, il étend leurs vues, puis il les abandonne à leurs ignorances ; alors ils se précipitent aveuglément, ils s'embarrassent dans leurs propres subtilités, et leurs précautions leur sont un piège. C'est ainsi que Dieu exerce ses redoutables jugements selon les règles de sa justice toujours infaillible.

D'après BOSSUET.


- 4L.

Division ibn temps.

Dev. sur l'emploi de Vadjectif numéral.

On appelle jour, le temps que la terré met à tourner sur elle-même. Le jour se divise en vingt-quatre heuresa. l'heure en soixante minutes, et la minute en soixante secondes. Upe année est le temps que la terre emploie à tourner autour du soleil; la durée de l'anné p est à peu près de trois cent-soixrfnte-cinq jours et un quart ; mais comme il est essentiel que l'année civile se compose d'un nombre entier de jours, on fait trois années consécutives de trois centsoixante-cinq jours seulement, et la quatrième de trois cent-soixante-six jours. Les années de trois cent-soixante-cinq jours sont dites années communes, et l'année de trois cent-soixante-six jours est nommée bissextile. L'année se divise en douze mois; de ces mois, janvier, mars, mai,juillet, août, octobre et décembre, ont chacun trente et un jours ; les quatre autres, avril, juin, septembre et novembre n'en ont que trente. Dans les années communes, février n'a que vingt-huit jours ; mais, dans les années bissextiles, il en a vingt-tieuf. L'année se divise encore en cinquante-deux semaines ; chaque semaine en sept jours. En parlant de la vie humaine, les poètes donnent le nom de lustre à une


durée de cinq ans. Enfin on appelle siècle une révolution de cent ans.

ANONYME.

5.

Ruines de Pompéi et d'IIereulanum.

Devoir sur les adjectifs numéraux.

Les villes de Pompéi et d'Herculanum furent englouties par une éruption du Vésuve, vers l'an soixante-dix-neuf (forme l'adj. ord. soixante-dixneuvième) de notre ère. On les a retrouvées, en creusant la terre, seulement au commencement du dix-huitième (dérive de l'adj. card. dix-huit) siècle.

Sa lave fondue avait comblé, dans quelques endroits, les rues et les maisons, à la hauteur de vingt (forme l'adj. ord. vingtième) mètres au-dessus des toits, dans d'autres jusqu'à quarante (forme l'adj. ord.

quarantième) mètres. Rien de plus curieux que le résultat des fouilles qu'on a faites. Après un enfouissement de plus de dix-sept (forme l'adj. ord. dixseptième) siècles, on a retrouvé des squelettes, et jusqu'à du pain et d'autres aliments prêts à être servis au moment du désastre. L'étendue de Pompéi n'excède guère celle de la cour et du jardin des Tuileries ; et cependant, dans la cinquième (dérive de l'adj. card. cinq) partie de cette enceinte, on a déjà trouvé un (forme l'adj. ord. unième) amphithéâtre, deux (forme l'adj. ord. deuxième) théâtres, cinq


(forme l'adj. ord. cinquième) places entourées de portiques, trois (forme l'adj. ord. troisième) thermes, neuf (forme l'adj. ord. neuvième) temples, plus de mille (forme l'adj. ord. millième) maisons, sans compter un grand nombre d'édifices plus ou moins considérables affectés à des usages publics.

D'après RAOUL ROCHETTE.

G.

Cadix.

Devoir sur l'emploi des adiectifs indéfinis.

Cadix est la fille bien-aimée du soleil ; son œil de flamme la couvre de tous ses rayons les plus ardents; de sorte que, de quelque côté qu'on arrive, la ville semble nager dans la lumière. Plusieurs teintes cependant saisissent la vue : le bleu du ciel, le blanc des maisons et le vert des jalousies. Mais quelles belles couleurs ! De temps en temps, à travers les grilles d'un balcon, sortent les branches d'une plante dont chaque fleur rayonne sur la muraille comme une étoile de pourpre. Nulle part, en Espagne, je n'ai vu les maisons si élevées; c'est que Cadix ne peut s'étendre ni à droite ni à gauche, et que cette ville se trouve forcée de demander à la hauteur ce que son étroit îlot lui refuse en largeur; aussi chaque maison se hausse-t-elle sur la pointe du pied, l'une pour regarder le port, l'autre la mer, cel-


le-él Séville, celle-ia Tanger. Aucun monument, •mùun paillis, aucun musée ne mérite d'être visité à Cadix; une cathédrale d'assez mauvais goût, voilà tout. Mais on vient chereher autre chose à Cadix : on y vient chercher ce ciel bleu, cette mer bleue, et ce souffle de vte tpii court dans l'air.

D'après ALEXANDRE DUMAS.


CHAPITRE V.

EXERCICES SUR LE VERBE.

fi.

Les lânfants au jardin des Tuileries.

Devoir sur la forme des verbes au présent de l'infinitif.

Voulcz-vous (vouloir) jouir de tous les enchantements, entrez (entrer) au jardin des Tuileries un jour d'été, à l'heure où le soleil et l'ombre tombent (tomber) du haut des massifs et parent (parer) le sol d'une lueur dorée. De tous côtés, vous verrez (vuir) des groupes d'enfants dans les toilettes les plus gracieuses et les plus commodes : petits garçons, petites filles, en pantalons, en tuniques, en robes flottantes de toutes couleurs, courant (courir), dansant (dallser), chantant (chanter) des rondes, et jouant (jullcr) à la corde et au cerceau, avec ces grâces vives et naïves qui n'appartiennent (appartenir) qu'au premier âge. Bonnes mères, jouissez (jouir) de vos chers enfants, laissez (laisser) la bienveillante nature développer leurs membres délicats; d'autres bientôt orneront (orner) leur esprit, cultiveront (cultiver) leur intelligence; mais c'esi (être) à vous seules à les armer pour le monde qui déjà les réclame (réclamer). Entendez-y ous (entendre) ces


murmures prolongés? on dirait (dire) les roulements lointains de l'océan ; c'est la cité qui gronde, (gronder), c'est sa voix qui vous les réclame (réclamer). Hélas! pauvres enfants! ils n'auront (avoir) fait (faire) que passer (passer) sous ces ombrages.

Encore quelques jours, et ils iront (aller) se perdre à jamais dans ces tempêtes dont les bruits formidables arrivent (arriver) jusqu'à vous.

D'après AIMÉ MARTIN.

S.

Avantages de la propreté.

Devoir sur la distinction des conjugaisons.

Parmi les soins que l'on donne (1" conj.) au corps, il en est (4e conj.) qui ont (3e con j,) une influence morale peu sensible en apparence, mais très-réelle. Tels sont (4e conj.) ceux de la propreté.

La propreté sur la personne, dans les vêtements, est l'une des règles les plus certaines de l'hygiène ,-eUe prévient (2e conj.) une foule de maladies ; elle entretient (2e conj.) la fraîcheur et facilite (lre conj.) le jeu de tous les organes; elle entretient aussi les idées de décence, les habitudes d'ordre; elle concourt (2e conj.) à inspirer (lre conj.) le respect que l'homme se doit (3e conj.) à lui-même, elle l'accoutume (1er conj.) à la vigilance sur soi; elle com-


mande (lre conj.) la modération, l'attention, la retenue enbeaucoup de choses; elle dispose (lre conj.) au travail ; elle répand (4e conj.) une certaine sérénité dans l'esprit; elle offre (2e conj.) l'image sensible de la pureté intérieure de l'innocence : elle est aussi un égard pour les autres; elle plaît (4e conj.), elle attire (lre conj.) la bienveillance; elle facilite le commerce de la vie; elle est un lien de sociabilité. La propreté peut (3e conj.) être observée dans toutes les situations; il y a (3e conj.) une propreté compatible avec la pauvreté elle-même.

D'après DE GÉRANDO.

3.

L'infini.

Distinction du radical et de la terminaison.

l'ai roulé (roul-er) des milliers de fois la pensée de l'infini dans mes yeux et dans mon esprit, en regardant (regard-er) du haut d'un promontoire ou du pont d'un vaisseau le soleil descendre (descend-re) sous l'horizon; et plus encore en voyant (v-oir) l'armée des étoiles commencer (commenc-er), sous un beau firmament, sa revue et ses évolutions devant Dieu. Quand on pense (pens-er) que le télescope d'Herschell a compté (cornpl-er) déjà plus de cinq millions d'étoiles; que chacune de ces étoiles est (êt-re) un monde plus grand et plus important que ce globe


de la terre; que ces cinq millions de mondes ue sont que les bords de cette création; que si nous parvenions (parven-ir) sur le plus éloigné, nous apercevrions (apercev-oir) de là d'autres abîmes d'espace infini comblés par d'autres mondes incalculables, et que ce voyage durerait (dur-er) des myriades de siècles, sans que nous pussions (pouv-oir) atteindre (atteind-re) jamais aux limites entre le néant et Dieu; on ne compte plus, on n'admire (admir-er) plus, on reste (rest-er) frappé de vertige et de silence, on tombe (tomb-er) à genoux et l'on aéors (ador-er).

D'après LAMARTINE.

4.

Le Chant des «isean;.

1er exercice sur le sujet du verbe.

La nature a (son suj. est nature) ses temps de solennité pour lesquels elle convoque (son suj. est elle) des musiciens des différentes régions du globe.

On voit (son suj. est on) alors accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, de vagabonds troubadours qui ne savent (son suj. est qui) que des ballades à refrain, des pèlerins qui répètent (son suj. est qui) mille fois les couplets de leurs longs cantiques. Le loriot, perché sur la plus haute branche d'un ormeau, siffle (son suj. est loriot) et défie (son suj. est if, sous-entendu) notre merle; l'hiron-


delle gazouille (son suj. est hirondelle) sous un toit hospitalier; le ramier, caché dans le feuillage d'un chênrl. proEÓnge (son suj. est ramier) ses roucoulements semblables aux sons onduleux d'un cor dans tes bois. Enfin, le rouge-gorge répète sa petite chanson sur la porte de la grange où il a placé (son suj.

est il) son -gros nid de mousse; mais le rossignol dédaigne (son suj. est rossignol) de perdre sa voix au milieu de cette symphonie: il attend (son suj. est il) l'heure du recueillement et du repos, et -se charge (son suj. est il, sous-entendu) de cette partie de la fête qui doit (son sujet est qui) se célébrer dans les ombres.

, n-après CHATEAUBRIAND.

5.

Une Anecdote sur l'immortalité de l'âme.

26 exercice sur le sujet du verbe.

Un Hollandais fut présenté (son suj. est Hollandais) au roi deSiam, et eut (son sujetestil, sous-entendu) avec lui une longue conversation. Le roi écoutait (son suj. est roi) avec ravissement le récit des merveilles de l'Europe. Le Hollandais s'avisa (son suj. est Hollandais) de dire qu'il y avait (son sujet apparent est il et son suj. réel, saison) une saison de l'année où les habitants de son pays marchaient (son suj. est habitants) sur l'eau à pied sec. Le roi,qui jusqu'alors avait montré (son suj. est qui) une singulière satis-


faction, change (son suj. est roi) tout à coup de visage; et, prenant un air courroucé: « Je n'aime (son suj. est je) pas les imposteurs, dit-il (son suj. est ii), retirez-vous. » (Son suj. est vous sous-entendu.

Le roi de Siam n'avait jamais vu (son suj. est roi) l'eau que dans un état de fluidité. Il ne soupçonnait (son suj. est il) pas que le froid pût (son suj. est froid) la rendre solide, et lui donner assez de consistance pour supporter le poids d'un homme. Nous sommes tous nés (son suj. est nous), et nous vivons (son suj; est nous) tous au milieu de la matière : l'idée d'un état où l'on pourrait (son suj. est on) sentir et penser sans soupçonner l'existence du corps, nous parait (son suj. est idée) d'abord une chimère ; et noub nions (son suj. est nous) la possibilité d'un tel état.

Le roi de Siam qui nie (son sujet est qui) la glace, c'est (son suj. est roi; c'est un suj. explétif) le matérialiste qui nie (son suj. est qui) l'âme.

D'api^ès Lauomiguière.

9.

Impressions du voyageur au milieu de l'océan.

Devoir sur la recherche du sujet du verbe.

Quel sublime tableau déroule l'océan (sujet de déroule aux regards de celui qui (suj. de parcourt) le parcourt pour la première fois ! Perdu dans l'im-


mensité de ce désert mouvant, séparé de l'abîme sans fond par la frêle planche du navire, l'homme (suj. de livre) se livre tour à tour à des mouvements d'orgueil et d'effroi. La pensée (suj. de relève) de tout ce que peut son industrie (suj. de peut), relève son imagination que la grandeur (suj. de accable) de la nature accable. Là, comme sur la terre, la nuit (suj. de a) a ses beautés : reflétés et grossis par le miroir des eaux, les innombrables flambeaux (suj.

de entretiennent) qui (suj. de brillent) brillent attachés à la voûte du firmament nous entretiennent de la puissance infinie qui (suj. de a créé) a tout créé.

L'homme (suj. de étonne) frivole s'étonne de penser etde sentir ; le, sceptique (suj. de étonne sous-entendu), de croire; celui (suj. de étonne sous-entendu) qui (suj. de souffre) souffre, de retrouver espoir et courage ; avec la force qui (suj. de peut) peut tout, se révèleà notre âme la bonté (suj. de révêle) qui (suj.

de console) console.

D'après DE SALVANDY.

7.

Les Fleurs.

Devoir sur le sujet du verbe.

Chefs-d'œuvre de délicatesse et de grâce, les fleurs (suj. de sont) sont les bijoux de la nature; rien (suj.

de est) n'est plus admirable que ces fraîches corolles (suj. de sont admirables sous-ent.), vases charmants


où la Divinité (suj. de a renfermé) arenferméle miel, cette moisson délicieuse que toute la puissance (suj.

de saurait) de l'homme ne saurait extraire, et qu'un faible insecte (suj. de présente) lui présente dans des coupes dorées. Vêtues des plus brillantes couleurs, -ces filles (suj. deinslJirent)del'air inspirent une douce joie; le sage (suj. de couronne) en couronne ses cheveux blancs, et la pudeur (suj. de pose) les pose sur son sein; aussi, les grands (suj. de prodiguent) de la terre les prodiguent- ils dans leurs fêtes. Mais la nature (suj. de a placé), qui (suj. de connaît) ne connaît ni riches ni pauvres, a placé à la porte de la cabane les mêmes fleurs dont les reines (suj. d e ornent) ornent leur front.

D'après AurR MARTIN.

g

L'Heure du midi aux chaïupd.

Devoir sur le complément direct.

Aux champs, l'heure du midi est celle du silence, du repos, de la rêverie. Pendant que le soleil darde ses rayons (compl. dir. de darde) sur la plaine, hommes et animaux suspendent leur labeur (c. dir. de suspendent); les insectes seuls, animés par la chaleur, bourdonnent à l'envi dans les airs, formant une lointaine musique c. dir. de formant) que


(c. dir. de augmenter) semble augmenter le silence même. Alors, j'écoute avec délice le bruissement (c. dir. de écoute) des grillons; ou bien, étendu sur le dos, je regarde au firmament les métamorphoses (c. dir. de regarde) d'un nuage; d'autres fois, couché contre terre, je considère, sur le pied d'un saule creux, une mousse (c. dir. de considère) humide, toute parsemée d'imperceptibles fleurs; je découvre bientôt, dans ce petit monde, des montagnes (pe partie du c. dir. de découvre), des vallées (Ie partie du c. dir. de découvre), d'ombrageux sentiers (3e partie du c. dir. de découvre) fréquentés par quelque insecte d'or, par une fourmi diligente. Tous ces objets 'présentent à mon esprit une idée (c. dir.

de présentent) de mystère et de puissance qui m' (c.

dir. de élève) élève insensiblement de la terre au ciel ; et, alors, sentant fortement la présence (c. dir. de sentant) du Créateur, je iioitrris mon cœur (c. dir. de nourris) de grandes etdélicieuses pensées.

D'après TOPFFER.

o.

Le Jardin des Olives.

Devoir snr le complément direct.

Le jardin des Olives n'est pas loin du sanctuaire de la Vierge. Les huit oliviers que (c. dir. de voit) l'on voit encore dans- cet enclos sacré, et qui sont


restés jusqu'à ce jour, ont pu être témoins des souffrances du Sauveur. Oh! que j'aime à voir (c.

dir. de aime) l'arbre (c. dir. de voir) le plus triste choisi pour étendre ses rameaux (c. dir. de étendre) sur les douleurs d'un Dieu ! A l'heure de l'agonie du Fils de l'homme, qui sait si du pâle feuillage de l'olivier ne découlèrent point quelques larmes? De tous les lieux saints que (c. dir. de ai visités) j'ai visités, le jardin des Olives est celui qui m'a (c. dir. de a ému) le plus ému. Ce sol, ces pierres, ces arbres antiques ont entendu les soupirs (c. dir. de ont entendu) du Christ, ont vu ses mystérieuses tristesses (c. dir.

de ont vu), et quelquefois je me (c. dir. de surprends) surprends leur demandant s'ils n'ont point retenu des paroles (c. dir. de ont retenu) ou gardé des secrets qui pussent nous aider à comprendre l'âme (c. dir. de comprendre) d'un Dieu livrée aux angoisses.

D'après POUJOULAT.

10.

Jean-Jacques Kousseau au eomte de Lastic.

Devoir sur le complément indirect.

Monsieur, Sans avoir l'honneur d'être connu (son c. indir.

est vcwf) de vous, j'espère qu'ayant à vous offrir (son


c. indir. est vous) des excuses et de l'argent, ma lettre ne saurait être mal reçue.

J'apprends que mademoiselle de Cléry a envoyé (son c. indir. est femme) de Blois un panier à une bonne vieille femme nommée Mrae Levasseur, et si pauvre qu'elle demeure chez moi; que ce panier contenait, entre autres choses, un pot de vingt livres de beurre ; que le tout est parvenu, je ne sais comment, dans votre cuisine; que la bonne vieille, l'ayant appris, a eu la simplicité de vous envoyer (son c. ind. est vous) sa fille, avec la lettre d'avis, vous redemander (son c. ind. est vous) son beurre ou le prix qu'il a coûté (son c. ind. ou plutôt circonstanciel est que, mis pour prix); et qu'après vous être moqués (son c. ind. est elle) d'elle, vous et madame votre épouse, vous avez, pour toute réponse, ordonné (son c. ind. est gens) à vos gens de la chasser. J'ai essayé de consoler la bonne femme affligée, en lui expliquant (son c. ind. est lui, mis pour à elle) les règles du grand monde et de la grande éducation ; je lui ai prouvé (son c. ind. est lui, mis pour à elle) que ce ne serait pas la peine d'avoir (son c. ind. est service) des gens à son service, s'ils ne servaient (son c. ind. est chasser) à chasser le pauvre quand il vient réclamer son bien ; et, en lui montrant (son c. ind. est lui, mis pour à elle) combien justice et humanité sont des mots roturiers, je lui ai fait comprendre (le c. ind. de cette expression verbale est lui, mis pour à elle) à la fin qu'elle est trop honorée qu'un comte ait man-


gé son beurre. Elle me charge (son c. ind. est témoigner) donc, monsieur, de vous témoigner (son c.

ind. est vous, mis pour à vous) sa reconnaissance de l'honneur que vous lui avez fait (son c. ind. est lui, mis pour à elle), son regret de l'importunité qu'elle vous a causée (son c. ind. est vous, mis pour à vous), et le désir qu'elle aurait que son beurre vous eût paru (son c. ind. est vous, mis pour à vous) bon.

Que si, par hasard, il vous en a coûté (son c.

ind. est vous, mis pour à vous) quelque chose pour le port du paquet à elle adressé (son c. ind. est elle), elle offre de vous le rembourser (son c. ind. est vous, mis pour à vous), comme il est juste. Je n'attends là-dessus que vos ordres pour exécuter ses intentions, et vous supplie (son c. ind, est agréer) d'agréer les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très-humble serviteur.

J.-J. ROUSSEAU.

ftfl.

Le Figuier des Indes.

Devoir sur le complément indirect.

Cet arbre est une des plus belles productions de la nature dans l'Inde. De larges feuilles, douces au toucher, et d'un vert tendre a la vue, au milieu desquelles brillent de petites figues, d'un rouge écarlate, donnent une ombre paisible et salutaire au


voyageur (c. ind. de donnent) fatigué. Les Indous ont la plus grande vénération pour cet arbre (c. ind.

de ont) et lui( c. ind. de rendent) rendent, en quelque sorte, les honneurs divins. Les branches de ce bel arbre servent de demeure (c. ind. de servent) à une infinité (autre c. ind. de servent) d'animaux. On y remarque surtout des paons, des écureuils et des singes. On peut facilement se (c. ind. de faire) faire une idée du mouvement continuel qu'y produit la nombreuse population de ces derniers. Rien de si divertissant que leurs mines grotesques, leur humeur fantasque et les leçons qu'ils donnent à leurs petits (c. ind. de donnent) pour leur (c. ind. de apprendre) apprendre a devenir agiles, et à sauter adroitement débranché en branche. Ces leçons, qui sont accompagnées de caresses (c. ind. de accompagnées), quand l'élève est docile, et de coups (c. ind. de accompagnées, sous-ent.), quand il est revêche, le conduisent insensiblement à faire (c. ind. de conduisent) sans crainte les sauts les plus périlleux, et l'habituent à cette adresse (c. ind. de habituent) vive et souple qui distingue ces animaux de tous les autres (c. ind. de distingue).

MERVEILLES DU MONDE.


13

L'Alsace.

Devoir sur le complément circonstanciel.

Connaissez-vous l'Alsace? Je la connais, moi ; oh!

c'est un beau pays. Le fer dort (son c. circ. est montagnes) dans ses montagnes, les collines se cachent (son c. circ. est vignes) sous les vignes, le blé ondoie (son c. circ est plaines) dans les plaines; le Rhin bondit (son c. circ. est flancs) sur ses flancs; des flèches gothiques s'élancent (ses c. circ. sont bourgades, villes et ciel) des bourgades et des villes vers le ciel; des hommes forts marchent (son c; circ. est obélisques) sous ces obélisques chrétiens, et portent (son c. cire. est front) sur leur front la trace de leur origine. Oui c'est un beau pays que l'Alsace!

Aussi, quand je l'aborde, et que, du sommet des Vosges, cette noble vallée se déroule (ses c. cire.

sont ondulations et routes) avec les suaves ondulations de ses collines, avec ses routes qui se croisent (son c. cire. est façons) de mille façons; que le Rhin brille (son c. circ. est feux) argenté sous les feux du soleil; que la chaîne de la Forêt-Noire se montre (son c. circ. est horizon) à l'horizon lointain; et qu'au centre de cet immense jardin s'élève (son c. circ. est centre), comme un phare gigantesque, la cathédrale majestueuse, la pyramide aérienne, le joyau du moyen âge, l'orgueil de nos jours ; alors je. crois revenir (ses c. cire. sont exil et Terre-Pro-


mise) d'un long exil dans la Terre-Promise, et je salue (son c. cire. est orgueil) avec un orgueil toujours nouveau l'Alsace, ma patrie.

D'après LA v A TBR.

13.

Bienfaits Inspirés par la Rcligioa.

Devoir sur le complément circonstanciel.

La Religion se place au milieu (c. circ. de place) de la société pour en rapprocher (autre c. circ. de place) toutes les parties. Elle établit entre les divers rangs (c. circ. de établit) de la société une communication de bienfaits et de services; elle députe vers l'affligé (c. cire. de députe) des consolateurs; elle place des appuis autour de l'orphelin (1er c. circ.

de place) et de la veuve ('2e c. cire. de place). Parcourez ces nombreux établissements qui remplissent les villes et se répandent jusque dans les campagnes (c. circ. de répandent), c'est à la Religion que la société les doit. Elle pénètre sous l'humble toit (c. circ. de pénètre) du malade, et va lui porter (c. cire. de va) les soulagements et les remèdes; elle prend sous son autorité (c. cire. de prend) l'enfance, lui enseigne les éléments des sciences et les fondements des devoirs; elle descend jusque sous ces voûtes (c. circ. de descend) où se trouvent ceux


que le glaive de la loi a frappés ; elle étend sa main bienfaisante même sur le criminel (c. circ. de étend), et l'invite au repentir en lui prodiguant (c. cire. de invite) ses services. Lorsque tout l'abandonne, elle seule lui reste; quand la société le rejette, elle l'appelle dans son sein (c. circ. de appelle); elle le suit jusque sur l'échafaud (c. circ. de suit), et sous la main (c. circ. de soutient) vengeresse qui punit ses forfaits, elle le soutient encore par ses espérances..

D'après LA LUZERNE.

«4. N

La Ilaavalsc fol punie.

Devoir sur les modes.

Au commencement du dix-huitième siècle, un marchand turc perdit (indic. ) une bourse contenant (participe) deux cents pièces d'or. Il la fait (indic.) réclamer (infinitif) par le crieur public, et promet (indic.) la moitié de la somme à celui qui l'aura trouvée (indic.). Un matelot se présente (indic.) et offre (indic.) de la rendre (inf.) moyennant la récompense assurée. Pour éluder (inf.) sa promesse, le marchand dit (ind.) qu'avec les deux cents pièces d'or la bourse contenait (indic.) une émeraude d'un très-grand prix; qu'il faut (indic.) que le matelot la lui rende (subj.), s'il veut (indic.) avoir (inf.) la moi-


tié de la somme. Celui-ci prend (indic.) le Ciel et le Prophète à témoin qu'il n'a point trouvé (indic.) d'émeraude. Il est conduit (indic., forme passive) avec le réclamant de chez le cadi devant le grand-Visir, qui dit au marchand : « La bourse que vous avez perdue (indic.) contenait (indic.), outre deux cents pièces d'or, une émeraude précieuse; le matelot proteste (indic.) que la bourse qu'il a trouvée (indic.) ne contenait (indic.) que deux cents pièces d'or: il est (indic.) donc manifeste que cette bourse et l'or qu'elle contient (indic.) ne sont (indic.) point robjet que vous réclamez (indic.). Pour qu'on ne s'y trompe (subj.) plus, vous aurez (indic.) soin de faire (inf.) annoncer (inf.) par le crieur une bourse cuntenant (inf.), avec deux cents pièces d'or, une émeraude d'un grand prix. Quant au matelot, il gardera (indic.) pendant quarante jours l'or qu'il a trouvé (indic.); et, si celui qui l'a perdu (indic.) ne se présente (indic.) pas dans cet espace de temps, il eu jouira (indic.) comme d'un bien à lui appartenant (part.).

ANONYME.

es.

La Prière du matin.

Devoir sur les temps, le nombre et la personne.

Quand nous étions réveitlés (temps passé, nombre


pl., pe pers.) dans nos petits lits, que le soleil si gai du matin étincelait (t. pass., n. sing., 3e p.) sur nos fenêtres, que les oiseaux chantaient (t. pass., n. pl., 3e p.) sur nos rosiers ou dans leurs cages, notre mère entrait (t. pass., n. sing, 3e p.) le visage toujours rayonnant de bonté, de tendresse etde douce joie; elle nous embrassait (t. pass., n. sing., 3e p.) dans nos lits; elle nous aidait (t. pass., n. sing., 3e p.) à nous habiller; elle écoutait (t. pass., n. sing., 3e p.) ce joyeux petit ramage d'enfants dont l'imagination rafraîchie gazouille (t. prés., n. sing., 3e p.) au réveil, comme un nid d'hirondelles sur le toit quand la mère approche (t. pr., n. sing., 3e p.); puis elle nous disait (t. pass., n. sing., 3e p.) : « A qui « devons-nous (t. pr., n. pl., lrep.) ce bonheur dont « nous jouissons? — A Dieu, notre Père céleste.

« Sans lui, ce beau soleil ne se serait peut-être pas « levé (t. pass., n. sing., 3e p.) ; ces arbres auraient « perdu (t. pass., n. pl., 3e p.) leurs feuilles; les « gais oiseaux seraient morts (t. pass., n. pl., 3e p.) « de faim et de froid sur la terre nue; et vous, mes « pauvres enfants, vous n'auriez (t. pr., n. pl., 28p.) « ni lit, ni maison, ni jardin, ni mère pour vous « abriter et vous nourrir, pour vous réjouir toute « votre saison! Il est (t. pr., n. sing., 3e p.)bien « juste de le remercier de tout ce qu'il nous donne « (t. pr., n. sing., 3e p.) avec ce jour, de le prier de « nous donner beaucoup d'autres jours pareils. »

Alors, je ne l'oublierai (t. fut., n. sing., pe p.) jamais, elle se mettait (t. pass., n. sing., 3e p.)


4 genoux devant notre lit, elle joignait (t. pass., n. sing., 3e p.) nos petites mains, et souvent en les baisant dans les siennes, elle faisait (t. pass., n. sing., 3e p.) lentement et à demi-voix la courte prière du matin, que nous répétions (t. pass., n.

pl., 4te p.) avec ses inflexions et ses paroles.

D'après LAMARTINE.

16.

Les Feuilles.

Devoir sur les différentes sortes de verbes.

A peine le soleil du printemps a réchauffé (verbe transitif) la terre, qu'on voit (v. tr.) de toutes parts les feuilles s'empresser (v. essentiellement réfléchi) de déchirer (v. tr.) les tuniques qui leur ont servi (v.

intransitif) de berceau. Les arbres se coiffent (v. tr., accidentellement réfl.) de vertes chevelures sous lesquelles leurs fronts se rajeunissent (v. tr., acc.

réfl.). Variées dans leur port comme dans leurs teintes, elles se groupent (v. tr., acc. réfl.), se divisent (v. tr., acc. réfl.), s'étalent (v. tr., acc. réfl.) ou flottent (v. intr.) avec grâce. Tantôt, elles s'arquent (v. tr., acc. réfl.) et retombent (v. intr.) en guirlandes; tantôt, moins modestes, elles s'élèvent (v. tr., acc. réfl.) en faisceaux et en gerbes. Ici, c'est une flèche que l'on décoche (v. tr.) ; là, c'est une touffe azurée qui se marie (v. tr., acc. réfl.) agréablement


à l'horizon. Des feuilles innombrables s'étendent (v.

tr., ace. réfl.) tout à coup dans les airs, pareilles à Tépée qui sort (v. intr.) du fourreau, à l'éventail que l'on déplisse (v. tr.) ou à la pièce d'étoffe que l'on déroule. Peu de jours se sont écoulés (v. tr., acc. réfl.), et déjà l'ombre est tellement épaisse que l'on serait tenté (forme passive du v. tr. tenter) de demander (v. tr.) où donc avaient été mises (for. pass. du v.

tr. mettre) en réserve ces riches et fraîches tentures dont s'est paré (v. tr., acc, réfl.) en un instant le séjour de l'homme.

D'après KÉRATRY.

i?

DrnoMwlek.

Devoir sur les différentes sortes de verbea.

Brunswick est une charmante petite ville. Figurezvous (v. tr., acc. réfl.) des groupes de maisons aux.

pignons sveltes, aux toits rouges, et s'éparpillant (v. tr., acc. réfl.) dans les arbres, parmi les peupliers et les ormes. Presque toutes ces maisons, espèces de chalets, sont entourées (for. pass. du v.

entourer) à leur base de végétations grimpantes qui les escaladent (v. tr.) sans efforts, se glissent (v. tr., acc. réfl.) dans leurs fissures, s'accrochent (v. tr., ace. réfl.) àleursbalcons de bois pour aller (v. intr.) s'épanouir (v. ess. réfl.) autour de leurs fenêtres.


Rien de plus gai, rien de plus tranquille, rien de plus gracieux. Si vous arrivez (v. intr.) là avec l'aurore, il vous semblera (v. intr., ace., impers.) voir (v. tr.) une ville construite dans les nuages. En effet, noyée dans les vapeurs bleuâtres qui s'exhalent (v. tr., acc.

:'éll.) du sol, elle dérobe (v. tr.) ses pieds, et semble (T. intr.) bercée au-dessus de la terre. Une petite mère, polie comme de l'acier, transparente et indiscrète comme un miroir, calme comme le sommeil, lui sert de ceinture, et, après s'être nouée (v.

tr., acc. réfl.) au flanc de la gracieuse ville, laisse (Y. tr.) le bout de son ruban liquide se perdre (v. tr., acc. réfl.) en flottant (v. intr.) entre deux charmantes collines. Quand on surprend (v. tr.) cette ville dans son sommeil matinal, à l'heure où les oiseaux s'éveillent (v. tr., acc. réfl.), on comprend (v. tr.) que l'innocence, le bonheur et la vertu doivent (v. tr.) pousser (v. intr.) là comme marguerites aux champs.

Les petits enfants, tous blonds, tous roses, y ont (v. tr.) l'air de petits anges égarés qui redemanderaient (v. tr.) en riant le chemin du ciel. De belles filles avec des yeux francs, des hommes avec une pensée dans le regard, avec de la tendresse dans toute leur personne, avec une douce et communicative urbanité dans la parole : voilà ce dont l'œil et l'esprit se sentent (v. tr., acc. réfl.) frappés aux pre- miers pas qu'on fait (v. tr.) dans ce petit Eden.

x D'après ALEXANDRE DUMAS fils.


19.

Les deux chiens de Ilyeurcue.

Anecdote traduite au présent de l'indicatif.

Lycurgue se fait un jour apporter deux petits chien s de même race, et les élève d'une manière absolument différente. Il nourrit l'un avec délicatesse, et forme l'autre aux exercices de la chasse. Quand ils sont grands, il amène ses deux élèves sur la place publique, fait apporter devant eux des mets friands, et lâche ensuite un lièvre. Aussitôt, le chien délicatement élevé se jette sur les mets offerts à sa sensualité; l'autre s'élance avec ardeur a la poursuite du lièvre. En vain, l'animal timide essaye de se dérober à l'ennemi ; le chien le presse, l'attrape et l'apporte à son maître. Tous les spectateurs se mettent à applaudir. Alors Lycurgue, s'adressant à l'assemblée : « Ces deux chiens, s'écrie-t-il, sont de la même race; voyez cependant la différence que l'éducation met entre eux. » Traduit du GREC.

19

tJe Papillon fait voir que son organisation est supérieure à eelle de la Rose.

Exercice traduit à la première personne du singulier.

Je surpasse la reine des fleurs en harmonie de for-


mes et de mouvements. Considérez avec quel art sont composées les quatre ailes dont je me sers si adroitement, la régularité des écailles qui me recouvrent comme des plumes, lavariété de leurs teintes brillantes, les dix pattes armées de griffes avec lesquelles je résiste au vent, la trompe roulée avec laquelle je pompe ma nourriture au sein des fleurs, les antennes, organes exquis du toucher qui couronnent ma tète, et le réseau admirable d'yeux dont elle est entourée. Mais, ce qui me rend bien supérieur à la rose, je possède, outre la beauté des formes, des facultés de premier ordre : je vois, j'entends, je sens, je me meus, je veux. C'est pour me nourrir que la rose entr'ouvre son sein; c'est pour protéger mes œufs collés comme un bracelet autour de ses branches, qu'elle est entourée d'épines. La rose ne voit ni n'entend l'enfant qui accourt pour la cueillir; mais moi, posé sur elle, j'échappe à la main qui veut me saisir, je m'élève dans les airs, je m'abaisse, je m'éloigne, je me rapproche; et, après m'être joué du chasseur, je prends ma volée et vais chercher sur d'autres fleurs une retraite plus assurée.

D'après BERNARDIN DE SAINT-PIERRE.

20.

Vie privée de Fénelon.

Devoir traduit au présent de l'indicatif.

Son humeur est égale, sa politesse affectueuse


et simple, sa conversation féconde et animée. Une gaîté douce tempère en lui la dignité de son ministère, et le zèle de la religion n'a chez lui ni sécheresse ni amertume. Sa table est ouverte à tous les voyageurs. Il trouve encore des moments à leur donner, au milieu des devoirs et des fatigues de l'épiscopat. Son sommeil est court, ses repas sont d'une extrême frugalité, ses mœurs d'une pureté irrépro- * èhahle, Il ne connaît ni le jeu, ni l'ennui; son seul délassement est la promenade ; encore trouve-t-il le secret de la faire rentrer dans ses exercices de bienfaisance. S'il rencontre des paysans, il se plaît à les entretenir. On le voit assis sur l'herbe au milieu d'eux, comme autrefois saint Louis sous le chêne de Vincennes. Il entre même dans leurs chaumières, et reçoit avec plaisir tout ce que lui offre leur simplicité hospitalière. Et tous sont heureux, en pensant que leur toit rustique a reçu Fénelon.

D'après LA HARPE.

21.

Le Nouvelliste.

Devoir traduit à la deuxième personne du singulier.

0 nouvelliste, tu es un être dont l'oisiveté est toujours occupée. Tu es très-inutile à l'État, cependant tu te crois considérable, parce que tu t'entretiens de projets magnifiques, que tu agites de grands inté-


rêts, et que tu résous à ta façon les questions de la plus haute importance. Ta conversation ne s'étaye que sur une curiosité frivole et ridicule. Tu sais tout, tu connais tout, il n'y a point de cabinets si mystérieux que tu ne pénètres. A peine as-tu épuisé le présent, que tu te précipites dans l'avenir; et, marchant au-devant de la Providence, tu la préviens sur toutes les démarches des hommes. Tantôt tu t'assieds gravement avec les plus fameux diplomates, tu débats les questions les plus ardues, tu convaincs par la solidité de tes raisons, et tu conclus les traités les plus avantageux. Tantôt, tu déclares la guerre, tu conduis un général par la main, tu le loues de mille sottises qu'il n'a pas faites, et tu lui en prépares mille autres qu'il ne fera pas. Tu fais voler les armées comme les grues, et tomber les murailles comme des cartons. Tu as des ponts sur toutes les rivières, tu connais des routes secrètes dans toutes les montagnes, tu possèdes des magasins immenses dans les sables brûlants ; une seule chose te manque : le bon sens. D'après MONTESQUIEU.

23. prèS ~IONTFSQUIEUT.

Le Lézard gris.

Devoir traduit au singulier.

Ce joli petit animal, avec lequel tant de personnes


ont joué dans leur enfance, a reçu de la nature une parure élégante : sa taille est svelte, son mouvement agile, sa course si prompte, qu'il échappe rapidement à l'œil. Il aime à recevoir la chaleur du soleil; ayant besoin d'une température douce, il cherche les abris ; et lorsqu'un beau soleil de printemps éclaire un vieux mur, il s'y étend avec une espèce de volupté. Il se pénètre avec délice de cette chaleur bienfaisante; il marque son plaisir par de molles ondulations de sa queue déliée; il fait briller ses yeux vifs et animés; il se précipite comme un trait pour saisir une petite proie ou pour trouver un abri plus commode. Il ne s'enfuit point à l'approche de l'homme; il paraît, au contraire, le regarder avec complaisance ; mais, au moindre bruit qui l'effraye, à la chute seule d'une feuille, il se roule, tombe et demeure pendant quelques instants comme étourdi par sa chute, ou bien il s'élance, disparaît, se trouble, revient, se cache de nouveau, reparaît encore, et décrit en un instant plusieurs circuits tortueux que l'œil a peine à suivre, se replie plusieurs fois sur lui-même, et se retire enfin dans quelque asile, jusqu'à ce que sa crainte soit dissipée.

D'après LACÉPÈDE.


83.

Adam et Ève font le récit de leurs premiers mouvements et de leurs premières sensations après la Création.

Devoir traduit au pluriel.

L

Nous nous souvenons de cet instant plein de joie et de trouble où nous sentîmes pour la première fois que nous existions ; nous ne savions ce que nous étions, où nous venions, d'où nous venions. Nous ouvrîmes les yeux : nous eûmes un surcroît de sensations; il nous sembla que nous nagions dans la lumière; nous nous extasiions à la vue de la voûte céleste ; nous promenions avec délice nos yeux sur la verdure de la terre; nous nous mirions dans le cristal des eaux; tout nous occupait, tout nous animait, et nous éprouvions un sentiment de plaisir que nous essayerions vainement d'exprimer. Nous crûmes d'abord que tous ces obj ets étaient en nous et faisaient partie de nous-mêmes. Nous nous affermissions dans cette pensée naissante, lorsque nous tournâmes les yeux vers l'astre de la lumière; nous nous sentîmes blessés par son éclat; nous fermâmes involontairement la paupière, et nous éprouvâmes une certaine douleur. Dans ce moment d'obscurité, nous crûmes que nous avions perdu tout notre être.

Affligés, saisis d'étonnement, nous pensions à ce


grand changement, quand tout à coup nous entendîmes des sons : le chant des oiseaux, le murmure des airs formaient un concert dont la douce impression nous remuait jusqu'au fond de l'âme; nous écoutâmes longtemps, et nous nous persuadâmes bientôt que cette harmonie était en nous.

II.

Attentifs, occupés tout entiers de ce nouveau genre d'existence, nous oubliions déjà la lumière, cette autre partie de notre être que nous avions connue la première, lorsque nous rouvrîmes les yeux. Quelle joie quand nous nous retrouvâmes en possession de tant d'objets brillants! Notre plaisir surpassa tout ce que nous avions senti la première fois, et suspendit pour un temps le charmant effet des sons.

Nous fixâmes mes regards sur mille objets divers; nous nous aperçûmes bientôtquenous perdions et retrouvions ces objets à volonté, et que nous détruisions et reproduisions à notre gré cette belle partie de nous-mêmes; et quoique nous la trouvassions immense en grandeur, nous crûmes reconnaître que tout était contenu dans une portion de notre être.

Cependant nous nous habituions à voir sans émotion, nous commencions à entendre sans trouble, lorsqu'un air léger, dont nous sentîmes la fraîcheur, nous apporta des parfums dont nous ressentîmes un épanouissement intime, et nous conçûmes un senti-


ment d'amour pour nous-mêmes. Agités par toutes ces sensations, pressés par les plaisirs d'une si belle et si grande existence, nous nous levâmes tout a coup, et nous nous sentîmes transportés par une force inconnue. Nous ne fîmes qu'un pas; la nouveauté de notre situation nous rendit immobiles, nous fûmes extrêmement surpris, nous crûmes que notre existence fuyait : le mouvement que nous avions fait avait confondu les objets; nous croyions que tout était en désordre.

III.

Nous portâmes la main sur notre tête, nous touchâmes notre front, nos yeux ; nous parcourûmes notre corps; nous crûmes découvrir que notre main était le principal organe de notre existence. Ce que nous sentions dans cette partie était si distinct et si complet, la jouissance nous en paraissait si parfaite, en comparaison du plaisir que nous avions goûté quand nous avions vu la lumière, quand nous avions entendu les sons, que nous nous attachâmes tout entiers à cette partie solide de notre être, et nous sentîmes que nos idées prenaient de la profondeur et de la réalité.

Tout ce que nous touchions sur nous semblait rendre à notre main sentiment pour sentiment, et chaque attouchement produisait dans notre âme une double idée. Nous nous aperçûmes bientôt que cette faculté de sentir était répandue dans toutes les par-


- ties de notre être; nous reconnûmes alors les limites de notre existence qui nous avait d'abord paru immense en étendue.

Nous avions jeté les yeux sur notre corps; nous le jugeâmes d'un volume énorme, et si grand, que tous les autres objets que nous voyions ne nous paraissaient, en comparaison, que des points lumineux. Nous nous examinâmes longtemps; nous nous regardions avec plaisir, nous suivions notre main de l'œil, et nous en observions les mouvements.

Nous eûmes sur tout cela les idées les plus étranges; nous croyions que le mouvement de notre main n'était qu'une espèce d'existence fugitive, une succession de choses semblables ; nous l'approchâmes de nos yeux; nous crûmes alors qu'elle était plus grande que tout notre corps, et elle fit disparaître à notre vue un nombre infini d'objets.

IV.

Nous commençâmes à soupçonner qu'il y avait de l'illusion dans cette sensation que nous recevions par les yeux. Nous avions vu distinctement que notre main n'était qu'une petite partie de notre corps, et nous ne pouvions comprendre qu'elle fût augmentée au point de nous paraître d'une grandeur démesurée. Nous résolûmes de ne nous fier qu'au toucher, et nous nous tînmes en garde sur toutes les autres façons de sentir et d'être.

Cette précaution nous fut utile : nous nous étions


remis en mouvement, et nous marchions la tête haute etlevée vers le ciel; nous nous heurtâmes légèrement contre un palmier; saisis d'effroi, nous portâmes notre main sur ce corps étranger ; nous le jugeâmes tel, parce qu'il ne nous rendit pas sentiment pour sentiment. Nous nous détournâmes avec une espèce d'horreur; et nous connûmes, pour la première fois, qu'il y avait quelque chose hors de nous.

Plus agités par cette nouvelle découverte que nous nel'avions été par toutes les autres, nous eûmes peine à nous rassurer; et, après avoir médité, nous conclûmes que nous devions juger des objets extérieurs comme nous avions jugé des parties de notre corps, et que nous ne pouvions nous assurer de leur existence que par le toucher.

Y.

Nous cherchions donc à toucher tout ce que nous voyions; nous voulions toucher le soleil; nous étendions les bras pour embrasser l'horizon, et ne trouvions que le vide des airs. A chaque expérienca que nous tentions, nous tombions de surprise en surprise; car nous croyions tous les objets également près de nous, et ce ne fut qu'après une infinité d'épreuves que nous apprîmes a nous servir de nos yeux pour guider notre main. Profondément occupés de nous, de ce que nous étions, de ce que nous pouvions être, les contrariétés que nous venions d'éprouver nous humilièrent. Plus nous réfléchissions,


plus nous doutions. Lassés de tant d'incertitudes, fatigués des mouvements de notre âme, nous sentîmes nos genoux fléchir et nous nous trouvâmes dans une situation de repos. Cet état de tranquillité donna de nouvelles forces à nos sens. Nous étions assis à l'ombre d'un bel arbre; des fruits d'une couleur vermeille descendaient, en forme de grappes, à la portée de notre main. Nous les touchâmes légèrement : aussitôt ils se séparèrent de la branche, comme la figue s'en sépare dans le temps de la maturité. Nous avions saisi un de ces fruits; nous nous imaginions que nous avions fait une conquête, et nous nous glorifiâmes de la faculté que nous sentions de pouvoir contenir dans notre main un autre être tout entier. Nous crûmes que la pesanteur de ce fruit était une résistance animée, et nous essayions avec plaisir de la vaincre. Nous avions approché ce fruit de nos yeux; nous en considérions la forme et les couleurs. Une odeur délicieuse nous le fit approcher davantage; il se trouva près de nos lèvres ; nous tirions à longues aspirations le parfum, et nous goûtions à longs traits le plaisir de l'odorat. Nous étions remplis intérieurement de cet air embaumé.

Notre bouche s'ouvrit pour l'exhaler; elle se rouvrit pour en reprendre : nous sentîmes que nous possédions un odorat intérieur plus fin, plus délicat encore que le premier; enfin, nous goûtâmes.

VI.

Quelle saveur! quelle délicieuse sensation ! Nous


cueillîmes un second et un troisième fruit, et nous ne nous lassions pas d'exercer notre main pour satisfaire notre goût ; mais nous sentîmes bientôt nos yeux se fermer, nous cherchâmes pour notre tête un appui sur le gazon, nous n'avions plus que des idées confuses, nous perdîmes bientôt le sentiment de notre existence.

Nous dormîmes profondément. Notre réveil ne fut qu'une seconde naissance, et nous sentîmes seulement que nous avions cessé d'être. Cet anéantissement que nous venions d'éprouver nous donna quelque idée de crainte, nous comprîmes alors que nous ne devions pas exister toujours.

Nous eûmes une autre inquiétude : nous ne savions si nous n'avions pas laissé dans notre sommeil quelque partie de notre être. Nous essayions nos sens ; nous cherchions à nous reconnaître.

Dans cet instant, l'astre du jour éteignit son flambeau. Nous nous aperçûmes à peine que nous perdions le sens de la vue; nous existions trop pour craindre de cesser d'être; et ce fut vainement que l'obscurité où nous nous trouvâmes nous rappela l'idée de notre premier sommeil.

D'après BUFFON.


24.

Le Présent et l'Avenir Devoir traduit au singulier.

0 mon enfant, mon cher enfant! qui jouis maintenant d'une jeunesse si vive, souviens-toi que le bel âge passe comme les fleurs, qui s'épanouissent le matin, et qui, le soir, sont flétries et foulées aux pieds. Tu te verras changer insensiblement; tu perdras tes grâces riantes ; tu ne pourras retenir longtemps les doux plaisirs qui t'accompagnent; la force, la santé, que tu apprécies si peu, s'évanouiront comme un beau songe; il ne t'en restera qu'un triste souvenir; tu sentiras la vieillesse languissante et ennemie des plaisirs rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, et faire tarir dans ton cœur la source de la joie; tu te dégoûteras du présent, tu craindras l'avenir, tu seras insensible à tout, excepté à la douleur. Tu te crois éloigné de ce temps; hélas! tu te trompes, mon enfant, ce temps se hâte; regarde: il arrive. Ce qui vient avec tant de rapidité n'est pas loin de toi; et le présent, qui s'enfuit, est déjà bien loin, puisqu'il s'anéantit dans le moment où tu parles, et ne peut plus se rapprocher. Ne compte donc jamais, mon enfant, sur le présent; mais soutiens-toi dans le sentier rude et âpre de la vertu, par la vue de l'avenir. Prépare-toi donc, par des mœurs pures et par l'amour de la justice, une place dans l'heureux séjour de la paix.

D'après FÉNELON.


25.

Les Dlrondellell.

Devoir traduit au pluriel.

Le vol est l'état naturel, je dirais presque l'état nécessaire des hirondelles. Elles mangent en volant, elles boivent en volant, se baignent en volant, et quelquefois donnent à manger à leurs petits en volant. Elles sentent que l'air est leur domaine ; elles en parcourent toutes les dimensions et dans tous les sens, comme pour en jouir dans tous les détails, et elles marquent le plaisir de cette jouissance par de petits cris de gaîté. Tantôt elles donnent la chasse aux insectes voltigeants, et suivent avec une agilité souple leur trace oblique et tortueuse ; tantôt elles rasent légèrement la surface de la terre, pour saisir ceux que la pluie ou la fraîcheur y rassemble ; tantôt elles échappent elles-mêmes à l'impétuosité de l'oiseau de proie par la flexibilité preste de leurs mouvements; toujours maîtresses de leur vol dans sa plus grande vitesse, elles en changent à tout instant la direction, montent, descendent, se perdent et reparaissent tour à tour, décrivant au milieu des airs des circuits si nombreux que l'art du dessin serait impuissant à les représenter.

D'après BUFFON.


M

De ra Convërhtlon.

Devoir traduit an futur de l'indicatif.

Le ton de la bonne conversation sera coulant et naturel; il n'aura rien de pesant ni de frivole; le savoir s'y révélera sans pédanterie, la gaîté s'y produira sans tumulte, la politesse s'y montrera sans affectation.

On y raisonnera sans faire des épigrammes ; on y louera avec franchise, on y appréciera sans prévention, on ne niera aucun talent ; on y plaisantera sans jeux de mots; on y associera avec art l'esprit et la raison ; on y alliera les maximes et les saillies; l'ingénieuse raillerie y jouera un rôle innocent et la morale austère lui succédera. On y parlera de tout, pour que chacun ait quelque chose à dire; on n'essayera pas d'approfondir les questions; de cette façon, on n'ennuiera jamais; on les proposera comme en passant à quiconque voudra les entendre, on les soulèvera légèrement et on les traitera avec rapidité; la précision mènera à l'élégance; chacun dira son avis et ne contpariera personne; chacun émettra une opinion, et l'appuiera en peu de mots; nul n'attaquera avec chaleur celle d'autrui; nul ne défendra opiniâtrément la sienne. On disputera pour s'éclairer, on s'arrêtera avec la dispute; chacun acquerra quelque connaissance nouvelle, chacun s'amusera, tous s'en iront contents, et le sage même pourra rap-


porter de oes instructions des sujets dignes d'être médités en silence.

D'après J.-J. ROUSSEAU.

VS.

La Religion.

Devoir traduit au singulier-

Divine religion, quel empire tu exerces sur l'homme! que de vertus tu procures aux mortels! oh! que tu rends heureux celui que tu pénètres de tes vérités sublimes! tu lui donnes un asile contre le vice, un refuge contre le malheur. Si l'inconstante fortune sourit à ses innocents désirs, tant qu'il coule des jours sans nuages, tu sais les embellir encore; tu viens ajouter un nouveau plaisir au bien qu'il fait à ses semblables; tu donnes un charme de plus aux délices d'une bonne action; ta sévérité même est un bienfait : tu ne retranches du bonheur que ce qui pourrait le corrompre; tu ne défends de chérir que ce qu'on rougirait d'aimer. Si le sort accable, au contraire, une âme soumise a tes lois saintes, c'est alors surtout, c'est alors que tu lui prêtes ton plus ferme appui. Sans prescrire l'insensibilité, que la nature rend impossible, tu nous apprends à surmonter les UiAiix dont tu permets qu'on s'afflige ; tu descends dans les cœurs déchirés, tu calmes leurs douleurs .cuisantes, tu leur présentes un dernier espoir, et tu


n'éteins pas ce pur sentiment qui les fait souffrir et qui les fait vivre.

D'après FLORIAN.

83.

Les Fleuriste..

Devoir traduit au pluriel.

Les fleuristes ont un jardin dans un faubourg; ils y courent au lever du soleil, et ils en reviennent à son coucher. Vous les voyez plantés et qui ont pris racine au milieu de leurs tulipes et devant la solitaire.

Ils ouvrent de grands yeux, ils frottent leurs mains, ils se baissent, ils la voient de plus près, ils ne l'ont jamais vue si belle, ils ont le cœur épanoui de joie; ils la quittent. pour l'orientale ; de là ils vont à la veuve; ils passent au drap d'or ; de celle-ci à l'agate, d'où ils reviennent enfin à la solitaire, où ils se -fixent, où ils se lassent, où ils s'asseyent, où ils oublient de dîner; aussi est-elle nuancée, bordée, huilée, à pièces emportées ; elle a un beau vase ou un beau calice; ils la contemplent, ils l'admirent : Dieu et la nature sont en tout cela ce qu'ils n'admirent point; ils ne vont pas plus loin que l'oignon de leur tulipe, qu'ils ne livreraient pas pour mille écus, et qu'ils donneront pour rien quand les tulipes seront négligées et que les œillets auront prévalu. Ces hommes raisonnables, qui ont une âme, qui ont un culte et une religion, reviennent chez eux, fatigués, affa-


més, mais fort contents de leur journée : ils ont vu des tulipes.

D'après LA BRUYÈRE.

39.

La Charité.

Devoir traduit au passé défini.

Un homme, allant de Jérusalem à Jéricho, tomba entre les mains des voleurs qui le dépouillèrent; et, après l'avoir blessé, le laissèrent à demi mort. Un prêtre descendit par ce même chemin, vit cet homme et passa outre. Un lévite, qui vint là aussi, le regarda et passa de même. Mais un samaritain voyageur arriva près de cet homme, le vit dans cet état et se sentit touché de compassion : il versa de l'huile dans ses plaies, les essuya, les lui banda, le mit sur son cheval, le mena dans une hôtellerie et prit soin de lui. Le lendemain il tira de l'argent de sa bourse, le donna à l'hôte et lui recommanda cet homme.

Lequel vous semble le prochain du pauvre blessé ? C'est celui, répondit le docteur, qui prit compassion du blessé et qui l'assista. — Jésus lui dit : « Allez, et faites de même. »

D'après L'ÉVANGILE.


30. -

La CODselellee.

Devoir traduit au singulier.

Conscience! conscience! instinct divin, immortelle et céleste voix; c'est toi qui rends l'homme semblable à Dieu ! c'est toi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses aotions ; c'est toi qui l'élèves au-dessus des bêtes. Mais ce n'est pas assez que tu existes, il faut qu'il sache te reconnaître et te suivre. Si tu parles à tous les cœurs, pourquoi donc si peu tentendent? Eh ! c'est que tu nous parles la langue de.la nature que tout nous fait oublier.

Tu es. timide;, tu aimesla retraite et la paix; le monde et le bruit t'épouvantent; les prpjugés sont tes seuls.ennemis tu .fuis, on se tait devant eux.

Leur voix bruyante étouffe la tienne, et l'empêche de se. faire,jen tendre; le fanatisme ose la contrefaire et dicter le .crime en tonnonL Tu te-rebutes eii" à fovc.B.d'être écoftduite ; tu nenons parles plus, tu ne nous réponds plus; et,.après de si longs mépmçqur toi, il en,coûte.jutant de te rappeler qu'il-en «aûto * de ta bannir.. -

D'après L-L RoUSSEAU.

-<0 -' - A V


SI

Mes Plaisirs à la campagne, si j'étala riche.

Devoir sur l'orthographe des verbes de la première conjugaison.

I.

Je ne m'élèverais pas une ville en campagne, je ne placerais pas au fond d'une province les Tuileries devant mon appartement. Sur le penchant de quelque agréable colline bien ombragée, je louerais ou plutôt l'achèterais une petite maison rustique, une maison blanche avec des contrevents verts; et quoiqu'une couverture de chaume soit en toute saison la meilleure, je préférerais magnifiquement, non la triste ardoise, mais la tuile, parce qu'elle me rappellerait les maisons de mon pays et l'heureux temps de ma jeunesse. J'aurais pour cour une basse-cour, et pour écurie une êtable avec des vaches, je me procurerais ainsi du laitage que j'aime beaucoup. J'aurais un potager pour jardin, et pour parc un joli verger.

Mon jardinier ne cornpterail point les fruits, je les laisserais à la discrétion des promeneurs, et mon avare magnificence n'étalerait point aux yeux des espaliers superbes auxquels à peine on osât toucher. Or, cette petite prodigalité me coûterait peu, parce que je me réfugie tais dans quelque province éloignée où l'on manierait peu d'argent, et où règneraient l'abondance et la pauvreté.


II.

Là, je m'étudierais à rassembler une société plus choisie que nombreuse d'amis qui aimeraient le plaisir et qui l'apprécieraient, de femmes que l'indolence ne clouerait pas dans leur fauteuil, et qui se prêteraient aux jeux champêtres ; je manierais quelquefois, au lieu de cartes, la ligne, les gluaux ; j'essayerais volontiers de me servir du râteau des faneuses, et je chargerais mon épaule du panier des vendangeurs. Là, nous oublierions tous les airs de la ville, et, devenus villageois au village, nous nous créerions une foule d'amusements divers, qui ne nous donneraient, chaque soir, que l'embarras du choix pour le lendemain. L'exercice et la vie active nous fortifieraient, nous constitueraient un nouyel estomac, et nous créeraient de nouveaux goûts. Tous repas sembleraient des festins, où l'abondance suppléerait à la délicatesse. Les jeux folâtres nous égaleraient, et les travaux rustiques nous créeraient de J'appétit. Ni l'ordre ni l'élégance ne se révèleraient dans le service; la salle à manger serait partout: dans le jardin, dans un bateau, sous un arbre; quelquefois, au loin, on se placerait près d'une source d'eau vive, sous des toufles d'aunes et de coudriers; une longue procession de gais convives porterait en chantant l'apprêt du festin ; le gazon remplacerait la table et les chaises; les bords de la fontaine suppléeraient au buffet, et le dessert se balancerait aux arbres.


III.

Les mets se succéderaient sans ordre, les façons céderaient leur place à l'appétit; chacun se préfèrerait ouvertement à tout autre, et trouverait bon que tout autre se préférât de même à lui : de cette familiarité cordiale, que modéreraient les convenances, s'élèverait sans grossièreté, sans fausseté, sans contrainte, un conflit badin, qui égayerait et charmerait cent fois plus que la politesse, et qui lierait bientôt tous les cœurs. D'importuns laquais n'épieraient point nos discours, ne critiqueraient point tout bas nos maintiens, n'évalueraient point, en les comptant, les morceaux que nous mangerions, ne se joueraient point de nous en nous faisant attendre a boire, et ne grommelleraient point contre un trop long dîner.

Nous serions nos valets pour être nos maîtres ; chacun serait servi par tous ; le temps passerait sans être compté, et le repas durerait autant que l'ardeur du jour.

IV.

Lorsqu'il passerait près de nous quelque paysan retournant au travail, ses outils sur l'épaule, je lui récréerais le cœur par quelques coups de bon vin qui l'égayeraient, et il s'inquièterait moins de sa misère ; et moi, je savourerais aussi le plaisir de me sentir émouvoir un peu les entrailles, et je me répéterais, en secret : « Je suis encore homme. » Lors-


que quelque fête champêtre rassemblerait les habitants du lieu, je m'y trouverais le premier avec ma troupe. Lorsque quelques mariages, plus bénis du Ciel que ceux des villes, se célèbreraient à mon voisinage, on se rappellerait que j'aime la joie et l'on m'y convierait. Je porterais à ces bonnes gens quelques dons simples comme eux, qui contribueraient à la fête, et j'y trouverais en échange des biens qu'on évaluerait difficilement, des biens si peu connus de mes égaux : la franchise et le vrai plaisir. Je souperais gaîment au bout de leur longue table, j'y ferais chorus au refrain d'une vieille chanson rustique, et je danserais dans leur grange de meilleur cœur qu'à l'Opéra.

D'après J.-J. ROUSSEAU.

33.

Ie iflort (lui resMUHcitc.

Autre devoir sur l'orthographe des verbes de la première conjugaison.

I.

David Teniers, peintre d'Anvers, s'annonça de bonne heure par des tableaux qui faisaient présager son talent futur. Il gagnait assez d'argent; mais madame Teniers, bonne femme d'ailleurs, ne le ménageait guère ; puis ils avaient des enfants qui man-


geuient de bon appétit et qu'il fallait nourrir. A l'entrée d'un hiver qui menaçait d'être rigoureux, notre peintre songea enfin à sa famille et a l'avenir.

Il éprouvait cette inquiétude cruelle où jette l'absence du numéraire. « Je remédierai, dit-il, à notre position; jiachèverai les travaux que j'ai commencés. » Il déploie toute son activité, furette dans tous ses cartons qui recèlent tant d'ébauches où le génie étincelle. Eti peu de temps, il complète une eollectiofl channante. Alors, plaçant avec ordre ses tableaux dans son atelier, il leur donne un jour favorable et s'égaye en les contemplant. Bientôt il annoncé dans tous les journaux la vente de oette collection.

II.

Au jour fixé, les marchands et les amateurs affluent de toutes parts. Les uns et les autres croient qu'ils achèteront à bon marché, et déjà ils bégayent ou grommellent quelques critiques, et essayent de trouver quelques défauts. Un amateur parisien, qui grpçseyç avec affectation, prenant les airs d'un I!Q{I}I¥e qjjf 'B{<Jtége, se lève sur la pointe des pieds, et plant ses. gpu; pour faire voir quelques bijoux qui élùbçellent ses doigts : « tes peintures pont assèz jolies, dit-il, et l'auteur n^iJer^it.,p^^iHÇtre qu'pn Yencouràpeâ^ si je le GûBpajfftûÇ) je le.frÙ:raf d'employer son "talent à d^ijeuyçe^ historiques. Ces fléaux ne sont plus de mode ; et, si nous en voyions atparûs exposes


au Louvre, nous ne prostituerions pas notre encens pour eux.

III.

— C'est très-bien, reprenait un gros Anglais en s'avançant avec une pesante gravité; je ne loue et n'apprécie pas plus que vous ces grossiers ouvrages qui ne valent pas la peine que nous dénouions les cordons de notre bourse; et, à Londres, on nous bafouerait si nous sacrifiions notre argent à de telles emplettes; quand nous étions jeunes, nous riions beaucoup de ces sortes de tableaux, mais aujourd'hui on nous considérerait comme des hommes sans goût, si nous ne répudiions ce mauvais genre. »

Teniers, confondu dans la foule, enrageait en entendant ces sottes déclamations ; il prévoyait bien qu'elles influeraient sur les dispositions des acheteurs : il ne se trompait pas. Ils voulaient tous des chefs-d'œuvre pour rien.

IV.

Teniers avait beau leur dire : « Quoi ! vous qui naguère payiez si cher mes ouvrages, vous les dépréciez maintenant : eh bien ! je préfère brûler mes tableaux, plutôt que de les donner à vil prix!. La vente ne s'effectuera pas, puisque les choses se passent ainsi. » Et il ferma son atelier.

Quand il se trouva seul avec sa femme, celle-ci larmoya d'abord, puis éclata en sanglots. « Quelles ressources avons-nous? disait-elle à son mari; nous


végèterons cet hiver dans une affreuse misère. Il gèlera, tous les objets nécessaires à la vie se payeront fort cher; nous sommes sans argent et tu re: jettes celui qu'on t'offre. Il faudra donc que nous mendiions, que nous nous humiliions devant la charité publique; je ne sais quelle douleur je ressens, je ne sais ce que je ferais.

v.

- Assez, madame Teniers, cesse, je t'en supplie; puisque nous sommes si malheureux, je veux mourir pour que tu deviennes riche ; après ma mort, l'avenir de nos enfants ne t'inquiétera plus, ne t'effrayera plus. Alors on ne niera plus le mérite de ton mari, on ne dépréciera plus mes œuvres, on achètera-au poids de l'or mes toiles, mes palettes, mes pinceaux. Les créanciers ne te rudoieront plus; tous te choieront, au contraire, puisque tu possèderas de grandes richesses; et quand tu jouiras de cette opulence, je ressusciterai pour la partager avec toi. »

Madame Teniers envisageait son mari en ouvrant de grands yeux, et commençait à craindre qu'il n'eût perdu l'esprit.

« Je vais me retirer, continua Teniers, en pays étranger, chez un de mes amis. Dans quelque temps je feins de tomber malade, je t'écris, tu montres ma lettre à nos connaissances, tu cries, tu te désespères.

Bientôt, je décède, toujours me portant bien; mon


ami t'écrira : tu décachetteras cette lettre devant des témoins; tu joueras la femme désolée : cris, pleurs, sanglots, emploie tout pour que l'on me croie mort.

Toute notre maison prendra le deuil, penses-y bien.

VI.

Quand les jours consacrés à cette grande douleur seront passés, rassemble mes tableaux, époussetteles bien, ficelle tous mes pinceaux, puis annoncesen la vente. Or, rappelle-le-toi bien, voici ce qui arrivera, du moins je Y espère : les acheteurs af(l'ueront, tires-en parti; en quelques minutes, ils balayeront l'atelier, ils payeront fort cher mes tableaux, mes esquisses et jusqu'à mes pinceaux. »

Les choses se passèrent selon ses prévisions et ses désirs. A la nouvelle de sa mort, que chacun se répèle, l'envie se tait ; personne ne nie le mérite des œuvres de Teniers. La vente est annoncée, les acheteurs affluent, chacun s'extasie.

VII.

« Quelle touche naturelle et délicate! s'écrie-t-on; quelle vérité dans les détails! Ces vieillards, ces femmes, ces enfants dansent, jouent, s'égayent : il semble qu'on les entende! Et voilà pourtant ce que nous dédaignions il y a quelques semaines ; il est juste que nous payions notre injustice. »

Et ils engageaient de grosses sommes aux encbè-


rcs ; chacun voulait avoir un souvenir de Teniers.

Tout, jusqu'aux cahiers d'yeux, de bouches et de nez, se paya fort cher. Mais bientôt on sème le bruit que le grand peintre est ressuscité. Tous ceux qui avaient acheté de ses œuvres, dans l'espoir qu'ils bénéficieraient, trouvèrent fort mauvais qu'il ressuscitât. Quelques-uns même appelèrent David devant les tribunaux ; mais on les couvrit de honte ; ils retirèrent leur plainte et tout se calma. Dès lors, Teniers, sa femme et ses enfants vécurent dans l'aisance. Plusieurs souverains même lui prodiguèrent leurs faveurs ; et sa fortune, rapporte-t-on, devint considérable.

D'après FILON.

3S.

Bienfaits du Christianisme.

Devoir traduit à la seconde forme du conditionnel passé.

Que fût devenu le monde lors de l'invasion des Barbares, si la grande arche du christianisme n'eût sauvé le reste du genre humain de ce nouveau déluge? où les lumières se fussent-elles conservées?

Quel pontife de Jupiter eût marché au-devant d'Attila pour l'arrêter? Quel lévite eût persuadé à un Alaric de retirer ses troupes de Rome? N'en doutons point, les Barbares eussent détruit tout. Sans le


christianisme, le naufrage de la société eût été total.

Après de longues guerres civiles et un soulèvement général, qui eût duré plusieurs siècles, la race humaine se fût trouvée réduite à quelques hommes errant sur des ruines. Mais, que d'années il eût fallu à ce nouvel arbre des peuples pour étendre ses rameaux sur tant de débris ! Combien de temps les sciences oubliées ou perdues eussent-elles mis à renaître ! Le christianisme eût sauvé le monde romain de sa propre corruption, si ce monde vieilli eût pu être sauvé, et s'il n'eût pas dû succomber sous des armes étrangères : une religion seule peut renouveler un peuple dans ses sources.

D'après CHATEAUBRIAND.

34.

Prière pour la paix.

Devoir traduit au singulier.

Grand Dieu, qui, par ta seule présence, soutiens la nature et maintiens l'harmonie des lois de l'univers; toi qui, du trône immobile de l'empyrée, vois rouler sous tes pieds, sans choc et sans confusion, toutes les sphères célestes ; qui, seul, régis, dans une paix profonde, ce nombre infini decieux etide mondes, rends, rends enfin.le calme à la terre agitée! qu'à ta voix la discorde et la guerre cessent de faire retentir leurs clameurs orgueilleuses.


Dieu de bonté, auteur de toutes choses, de tes regards paternels tu embrasses tous les êtres que tu as créés; mais l'homme est ton être de choix; tu lui as donné une âme que tu as éclairée d'un rayon de ta lumière immortelle; mets le comble à tes bienfaits : pénètre son cœur d'un trait de ton amour ; fais qu'il n'immole plus son semblable, désarme son bras, et agrée le tribut de sa sincère reconnaissance.

D'après BUFFON.

35.

Du Choix des amis.

Devoir traduit au singulier.

Emploie les plus grandes précautions dans le choix de tes amis; et, par conséquent, borne-toi à un fort petit nombre. Rejette ces soi-disant amis qui ne craignent pas Dieu, n'agrée que ceux que gouvernent les pures maximes de la religion. Choisis, autant que tu le pourras, tes amis dans un âge un peu au-dessus du tien; car, sache-le bien, tu en mûriras plus promptement. A l'égard des vrais et intimes amis, ouvre-leur ton cœur, confie-leur tous tes secrets, ne crains pas qu'ils te trahissent. Montre du désintéressement, de la constance dans l'amitié; mais ne t'aveugle jamais sur les défauts de tes amis;


dénoue pour eux, s'il le faut, les cordons de ta bourse, et que leurs malheurs ne te refroidissent jamais.

D'après FÉNELON.

3G.

IJCM deux Loups et les deux Agneaux.

Fable traduite au pluriel.

Deux Agneaux se désaltéraient dans le courant d'une onde pure. Deux Loups surviennent à jeun, qui cherchaient aventure, et que la faim en ces lieux attirait. — Qui vous rend si hardis de troubler notre breuvage? dirent ces animaux pleins de rage : vous serez châtiés de votre témérité. — Sires, répondent les Agneaux, que Vos Majestés ne se mettent pas en colère; mais plutôt qu'elles considèrent que nous allons nous désaltérant dans le courant, plus de vingt pas au-dessous d'elles; et que, par conséquent, en aucune façon, nous ne pouvons troubler leur boisson! —Vous la troublez, reprirent ces bêtes cruelles ; et nous savons que de nous vous médîtes l'an passé. — Comment l'aurions-nous fait si nous n'étions pas nés? reprirent les Agneaux; nous tétons encore notre mère. — Si ce n'est vous, ce sont donc vos frères.— Nous n'en avons point.— Ce sont donc quelques-uns des vôtres ; car vous ne


nous épargnez guère, vous, vos bergers et vos chiens. On nous l'a dit : il faut que nous nous vengions. La-dessus, au fond des forêts, les Loups les emportent, et puis les mangent, sans autre forme de procès.

La raison des plus forts est toujours la meilleure.

D'après LA FO:;TAINE.

37.

Confusion de la natnre abandonnée au seul mouvement de la matière.

Devoir traduit au conditionnel simple.

Conçoit-on ce que serait une scène de la nature, si elle était abandonnée au seul mouvement de la matière? Les nuages, qui cèderaient aux lois de la pesanteur, tomberaient perpendiculairement sur la terre, ou s'élèveraient en pyramide dans les airs; l'instant d'après, l'atmosphère s'épaissirait trop ou se raréfierait trop : elle altérerait, elle fatiguerait les organes de la respiration. La lune, qui se rapprocherait trop ou s'éloignerait trop, serait tour à tour invisible, tour à tour se montrerait sanglante, se couvrirait de taches énormes ou remplirait seule de son orbe démesuré le dôme céleste. Saisie comme d'une étrange folie, elle se jetterait d'un côté et de l'autre, se roulerait sur elle-même, et découvrirait enfin cette autre face que la terre ne connaît pas.


Les étoiles erreraient frappées de vertige : un signe d'hiver atteindrait un signe d'été; le Bouvier mènerait les Pléiades,. et le Lion rugirait dans le Verseau.

Là, des astres passeraient avec la rapidité de l'éclair; ici, ils pendraient immobiles. Quelquefois ils s'agrégeraient ou constitueraient une nouvelle voie lactée; puis ils disparaîtraient tous ensemble, déchireraient le rideau des mondes, et laisseraient apercevoir les abîmes de l'Éternité.

D'après CHATEAUBRIAND.

38.

Le Cheval.

Devoir traduit au singulier.

La plus noble conquête que l'homme ait jamais faite est celle de ce fier et fougueux animal qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloirf des combats. Sur le champ de bataille, le cheva1 voit le péril et l'affronte; il se fait au bruit de* armes, il l'aime, il le cherche; à la chasse, aux tour nois, à la course, il brille, il étincelle; mais, docili autant que courageux, il ne se laisse point emporte à leur feu; il obéit aux impressions qu'il reçoit, e sait réprimer ses mouvements ; il se précipite et s modère tour à tour. C'est une créature qui renonc à son être pour n'exister que par la volonté d l'homme, qui sait même la prévenir; qui, par 1 promptitude et la précision de ses mouvements


l'exprime et l'exécute ; qui, se livrant sans réserve, ne se refuse à rien, sert de toutes ses forces, s'excède et même meurt pour mieux obéir.

D'après BUFFON.

39.

Les deux petits Poissons et les deux Pêcheurs.

Fable traduite au pluriel.

Deux carpeaux, qui n'étaient encore que fretins, furent pris par deux pêcheurs au bord d'une rivière.

Tout fait nombre, dirent les hommes, envoyant leur butin; voilà commencement de chère et de festin: mettons-les en notre gibecière. Les pauvres carpillons leur dirent en leur manière : Que ferezvous de nous? nous ne saurions fournir au plus qu'une demi-bouchée. Laissez-nous carpes devenir : nous serons par vous repêchées ; quelque gros partisan nous achètera bien cher, au lieu qu'il vous en faut chercher peut-être encore cent de notre taille pour foire un plat: quel plat! croyez-nous, rien qui vaille.— Rien qui vaille 1 Eh bien! soit, repartirent les pêcheurs ; poissons, nos beaux amis, qui faites les prêcheurs, vous irez dans la poêle; et vous aurez beau dire, dès ce soir on vous fera frire.

Uiltiens vaut, ce dit-on, mieux^tre^tox tu l'auras : l'un est sûr, l'autre ne l'est^âS D afes ^\F o gril N E

5

PAiiTIE DU lUlTBB.


40.

Causes de la décadence de l'Empire romain.

Exercice traduit au passé défini.

I.

Rome naquit, mais elle portait dans son sein un germe destructeur : la jalousie des plébéiens contre les patriciens.

Les guerres et les conquêtes modérèrent souvent, mais d'autres fois ranimèrent cette division intestine.

Bientôt on vit les plus grandes victoires suivies des discordes civiles les plus dangereuses.

Les Gracques sentirent la cause du mal ; ils protégèrent lepeuple, mais ils l'accoutumèrent auxgraades agitations. Sylla essaya de le contenir et nijme de le réprimer. Marius le vengea : le sang coula de tous côtés; les proscriptions se multiplièrent; la brigue et la corruption s'introduisirent partout; le respect pour les lois s'altéra; l'amour de la patrie eévanouit. Les généraux corrompirent les soldats, qui se considérèrent toujours comme ceux de la République. Pompée et César accrurent les maux et les dangers. César vainquit Pou pée, mais il at:a.mi l'égalité lorsqu'il se crut mUti g : il fut immolé.

Le triumvirat lui succéda. Le sénat se trouva impuissant à faire respecter les lois qu'il avait violées; tout fut soumis à la force ; tout se fit par des soldats qui ne furent plus Romains, et qui se livrèrent


à celui qui les paya le plus. Les amis de l'indépendance s'éteignirent ou furent immolés. Actium décida du maître de l'Empire. La liberté fut sacrifiée à un repos perfide, que suivirent bientôt toutes les horreurs de la tyrannie.

IL

Les Césars s'attachèrent l'armée par leurs largesses; ils conservèrent la puissance absolue. L'armée empêcha le sénat de rétablir la République lorsque Caligula mourut.

Rome ne put plus étendre sa domination; elle me tendit plus qu'à la maintenir.

Mais la dégradation morale s'accrut chaque jour; le& soldats vendirent blentôt l'Empire; les princes qui essayèrent de rétablir la discipline militaire furent égorgés ou chassés. Dès lors tout fut perdu ; partout le sang ruissela. L'Empire romain s'épuisa; les Perses et les Parthes se jetèrent sur l'Orient; les Barbares attaquèrent le Nord. Le mal s'accrut par la division de l'Empire, que l'on partagea entre les enfants des princes comme un domaine priTé.

Le nombre des lieutenants augmenta avec celui des princes. Bientôt, en quelque sorte, tout fut empereur, excepté l'empereur lui-même ; et, par conséuuent, tout fut asservi, opprimé, ravagé. La domination romaine devint en horreur.

D'après LACEPÈDE.


&il.

Les Encelutes successives de Paris.

Exercice traduit au passe défini.

I.

Paris naquit dans cette vieille île de la Cité qui a la forme d'un berceau. La grève de cette île fut sa première enceinte, la Seine son premier fossé. Paris demeura plusieurs siècles à l'état d'île. Puis, dès les rois de la première race, trop à l'étroit dans son île, Paris passa l'eau. Alors une première enceinte de murailles et de tours commença à entamer la campagne des deux côtés de la Seine. Peu à peu, le flot des maisons déborda, rongea, usa et effaça cette enceinte. Philippe-Auguste lui fit une nouvelle digue; il ceignit Paris d'une chaîne de grosses tours, hautes et solides. Pendant plus d'un siècle, les maisons se pressèrent, s'amoncelèrent et haussèrent leur niveau dans ce bassin, comme l'eau dans un réservoir. Elles commencèrent à devenir profondes; elles montèrent les unes sur les autres ; elles jaillirent en hauteur comme toute sève comprimée, et ce fut à qui passerait la tête par-dessus ses voisines pour avoir de l'air. La rue de plus en plus se creusa et se rétrécit ; toute place se combla et disparut.


II.

Les maisons enfin sautèrent par-dessus le mur de Philippe-Auguste, et s'eparpillèrént joyeusement dans la plaine, sans ordre et tout de travers, comme des échappées. Là, elles se carrèrent, se taillèrent des jardins dans les champs, prirent leurs aises. Dès 1367, la ville se répandit tellement dans le faubourg, qu'il fallut une nouvelle clôture, surtout sur la rive droite ; Charles Y la bâtit. Mais bientôt l'enceinte de Charles Veut le sort de celle de Philippe-Auguste.

Dès là fin du quinzième siècle, les maisons Y enjambèrent, la dépassèrent, le faubourg courut plus loin, et l'enceinte recula à vue d'œil et s'enfonça de plus en plus dans la vieille ville. La puissante ville fit ainsi craquer chaque nouvelle ceinture de murs, comme un enfant qui grandit et crève ses vêtements de l'an passé.

D'après Y. HUGo.

43.

L'Habillement singulier.

Anecdote traduite à la lre personne du singulier.

I.

J'avais, dans ma jeunesse, l'esprit assez léger.

Etant à Brest, à dix-huit ans, avec beaucoup de det-


tes et sans argent, j'écrivis a mon père; et, ne recevant point de réponse, je vendis tous mes habits pour fournir aux frais de mon voyage, ne gardant pour toute garde-robe qu'un mauvais frac usé, et je partis pour me rendre au château de Louvois, où le marquis de Souvré me reçut très-mal. Dans les premiers jours, je n'osai lui renouveler ma demande. Un soir, M. de Souvré me dit que les dames les plus considérables du voisinage devaient dîner chez lui le surlendemain. « J'espère, ajouta-til, que vous voudrez bien quitter ce vilain habit de voyage et vous habiller convenablement. » Je me gardai bien de dire qu'il ne me restait plus que le vêtement que j'avais sur moi ; mais je déclarai que je n'avais apporté que de vieux habits, et que je désirais en faire faire un neuf; et je saisis cette occasion de demander de l'argent. M. de Souvré refusa d'un ton qui ne laissait nulle espérance. Je n'insistai point; je me contentai de dire que je mettrais un autre habit.

II.

Il y avait dans la chambre où je couchais une vieille tapisserie à grands personnages; j'en détachai un pan qui représentait Armide et Arnaud; j'envoyai chercher le tailleur du village; et, lorsque celui-ci fut arrivé, je lui commandai de me faire un habillement complet avec ce pan de tapisserie, de passer la nuit, et de me le rendre le sur-


lendemain de bonne heure. Le tailleur, pour mettre un peu de régularité dans son ouvrage, fit les manches avec les deux bras d'Armide; et, sur le dos de cet habit, il mit la tête de Renaud ornée d'un beau casque; deux petits visages d'Amours et des fragments de bouclier formaient le reste de l'habillement, dont je me revêtis avec une joie parfaite. Equipé de la sorte, au mois de juillet, j'attawlîs avec impatience dans ma chambre l'arrivée de la compagnie.

III.

Aussitôt que j'entendis les voitures dans la cour, je descendis lestement malgré l'étonnante lourdeur de ma parure, et je m'élançai sur le perron afin de donner la main aux dames, ce que je fis sérieusement, et diù'air du monde le plus simple et le plus naturel. On s'émerveillait et l'on me questionnait en vain: avec un maintien triomphal, je conduisais ces dames au salon. Survint M. de Souvré. En me voyant paré des dépouilles de sa chambre, il recala de deux pas, en demandant d'un ton foudroyant rai&on de cette extravagance. « Mon père, répondis-je, vous m'aviez ordonné de mettre un autre habit; et comme je n'avais à ma disposition que cette étoffe, j'ai été obligé de l'employer pour vous obpir. »

D'apres MADAME DE GENLIS.


43.

Henri IV à l'assemblée des Notables.

Devoir traduit en style direct.

Si je faisais gloire de passer pour excellent orateur, j'aurais apporté ici plus de belles paroles que rie bonne volonté; mais je tends, dans mon ambition, à quelque chose de plus haut que de bien parler : j'aspire aux glorieux titres de libérateur et de restaurateur de la France. Déjà, par la faveur du Ciel, par les conseils de mes fidèles serviteurs et par l'épée de ma brave etgénéreuse noblesse, je l'ai tirée de la servitude et de la ruine. Je désire maintenant la remettre en sa première force et en son ancienne splendeur. J'engage mes sujets à participer à cette seconde gloire, comme ils ont déjà participé à la première. Je ne les ai point appelés ici, comme faisaient mes prédécesseurs , pour les obliger à approuver aveuglément mes volontés; je lésai fait assembler pour recevoir leurs conseils, pour les croire, pour les suivre ; en un mot, pour me mettre en tutelle entre leurs mains : c'est une envie qui ne prend guère aux rois, .aux barbes grises et aux victorieux comme moi ; mais l'amour que je porte à mes sujets, et l'extrême désir que j'ai de conserver mon Etat, me font trouver tout facile et tout honorable.

D'après MÉZERAY.


44.

Le Corbean.

Devoir traduit au pluriel.

Savez-vous pourquoi les corbeaux ont ce cri rude?

- Non. - Ecoutez leur histoire. « Aux premiers jours du monde ils n'étaient pas plus beaux qu'à présent : air commun, bec grossier, robe noire; mais, peu faits pour charmer les yeux, ils reçurent en partage un chant mélodieux. Rivaux heureux de Philomèle, ils savaient cadencer, filer un son comme elle. Un jour que, préludant a leur chant matinal, perchés sur un hêtre ils gazouillent, de sa voix rauque une grenouille faisait dans son marais un vacarme infernal. Tous les chantres du bois sont réduits à se taire. Les corbeaux, quelque peu moqueurs, en l'écoutant rirent de bon cœur, puis se mirent à la contrefaire. Si souvent et si bien nos oiseaux l'imitèrent, que son vilain cri leur resta. »

BOURGUIN.

45.

Pascal.

Exercice traduit au passé indéfini.

Le dix-septième siècle a vu naître, en France, un homme qui à douze ans avec des barres et des


ronds, a créé les mathématiaues; qui, à seize, a fait le plus savant traité des coniques qu'on eût vu depuis l'antiquité; qui, à dix-neuf, a réduit en machine une science qui existe tout entière dans l'entendement; qui, à vingt-trois ans, a démontré les phénomènes de la pesanteur de l'air, et a détruit Une des plus grandes erreurs del'anciennephysique; qui, à cet âge où les autres hommes commencent à peine de naître , ayant achevé de parcour irJê cercle des sciences humaines, s'est aperçu de leur néant, et a tourné toutes ses pensées vers la religion; qui, depuis ce moment jusqu'à sa mort, arrivée dans sa trente-neuvième année, toujours infirme et souffrant, a fixé la langue qu'ont parlée Bossuet et Racine, a donné le modèle de la plus parfaite plaisanterie comme du raisonnement le plus fort; enfin, qui, dans le court intervalle de ses maux, a résolu, en se privant de tous les secours, un des plus hauts problèmes de géométrie, et a jeté au hasard sur le papier des pensées qui tiennent autant de Dieu que de l'homme ; cet effrayant génie se nommait Blaise Pascal.

D'après Chateauiiiuaind.


CHAPITRE VI.

EXERCICES SUR L'ADVERBE.

ft.

L'Esprit à la mode.

Devoir sur l'adverbe.

Penser peu (modifie penser), parler beaucoup, (mod. parler), connaître à peu près (mod. connaitre) tout, habiter seulement (mod. habiter) les dehors de son âme, cultiver superficiellement (mod. cultiver) son esprit, s'exprimer heureusement (mod. exprimer), avoir un tour d'imagination agréable, une conversation habituellement (mod. légère) légère, et savoir toujours (mod. plaire) plaire sans se faire jamais (mod. l'expression verbale se faire estimer) estimer; être né avec le talent fort (mod. équivoque) équivoque d'une conception très-prompte (mod. prompte), et se croire par là (mod. croire) au-dessus de la réflexion; voler instantanément (mod. voler] d'objets en objets, sans en approfondir le plus souvent (mod. approfondir) aucun ; cueillir rapidement (mod. cueillir) toutek les1 fleurs, et ne pas (mod. donner) donner aux fruits le temps de parvenir à leur maturité; voilà une bien (mod.' faibte)faible peinture de


ce qu'il a plu a notre siècle d'honorer du nom d'esprit.

Esprit plus (mod. brillant) brillant que solide, lumière souvent (mod. trompeuse) trompeuse et toujours (mod. infidèle) infidèle, l'attention le fatigue vite (mod. fatigue), l'autorité le révolte; incapable de persévérer longtemps (mod. persévérer) dans la recherche de la vérité, il la laisse échapper par son inconstance ou par sa paresse.

D'après D'AGUESSEAU.

8.

Ln. Mort tin juste.

Autre devoir sur l'adverbe.

Venez voir le plus beau spectacle que puisse présenter la terre : venez voir mourir le fidèle. Un prêtre est pieusement assis à son chevet, il le console et l'entretient lentement de l'immortalité de son âme. Un sacrement a ouvert à ce juste les portes du monde : un sacrement va les clore ; la religion le balança jadis dans le berceau de la vie : ses beaux chants et sa main maternelle vont l'endormir maintenant dans le berceau de la mort. Le dernier sacrement, le sacrement libérateur, rompt peu à peu les attaches du fidèle; son âme, à moitié échappée deson


corps, devient presque visible sur son visage. Déjà il entend les concerts des séraphins ; déjà il est prêt à s'envoler vers les régions où l'invite doucement cette Espérance divine, fille de la Vertu et de la Mort.

Cependant l'ange de la Paix descendant vers ce juste, touche légèrement de son sceptre d'or ses yeux fatigués, et les ferme pour toujours àla lumière. Il meurt, et ses amis continuent de faire silence autour de- sa couche: la mort de ce chrétien a été si douce, qu'ils croient qu'il sommeille encore.

D'après CHATEAUBRIAND.

s.

La Mine de Salslieritz (Suède).

Exercice sur les adverbes de manière.

I.

Pour descendre dans cette mine profonde, on se place ordinairement dans une moitié de tonneau, où l'on n'est pas toujours assis commodément. Un homme noir comme un forgeron vous accompagne, en fredonnant con/Msement quelque chanson lugubre; et, conformément à l'usage, on l'interrompt rarement.

Il tient à la main un flambeau qui n'éclaire qu'imparfaitement cet abîme, où l'on s'enfonce lentement.

Quand on est arrivé au milieu, on sent un froid qui pénètre vivement, et alors on ne se découvrirait pas impunément. On entend bientôt des torrents


qui tombent bruyamment, et l'on est ému profondément; cependant la contenance ferme de votre guide, qui chante constamment et opiniitrément, vous rassure un peu. Enfin, après une demi-heure que l'on trouve fort longue, et que l'on ne passe pas gaiement, on arrive doucement au fond du gouffre.

Alors la crainte se dissipe promptement, car on n'aperçoit plus rien d'effrayant : tout, au contraire, resplendit dans cette région souterraine.

II.

On entre facilement dans une grande salle soutenue élégamment par des colonnes : a cette salle aboutissent quatre galeries. Les feux qui éclairent continuellement les travailleurs se reflètent sur les paillettes minérales des colonnes et des voûtes, et produisent des effets fort agréables. On veille prudemment à ces feux, aussi bien qu'aux lampes suspendues que l'on visite fréquemment. Là, se trouvent des gens de tous les pays; on y voit aussi des chevaux, des voitures, des logements, des cabarets; mais il est défendu expressément de s'enivrer. Il y a un moulin à vent qu'un courant d'air meut continuellement et uniformément. On trouve quelquefois dans les filons des morceaux d'argent démesurément gros. Ces travaux sont pénibles, et ceux qui n'y sont pas accoutumés meurent généralement au bout de quelques mois. Les petits enfants des travailleurs vous poursuivent importwiément pour


avoir des cadeaux; quelques-uns vous agacent genrtiment; mais d'autres vous caressent traîtreusement, et vous dérobent adroitement ce qu'ils peuvent, en vous racontant spirituellement des anecdotes sur les lieux que vous parcourez curieusement ; on se convainc alors facilement, avant de quitter ce séjour, qu'il y a des voleurs aussi bien sous la terre que dessus.

ANONYME.

4.

Le ministère des vents.

Autre exercice sur les adverbes de manière.

Du sein de l'océan s'élèvent sans cesse dans l'atmosphère des fleuves qui vont couler dans les deux Mondes. Dieu ordonne aux vents de les répandre sans distinction et sur les îles et sur les continents : ces invisibles enfants de l'air les transportent sous mille formes diverses : tantôt ils les étendent avec grâce dans le ciel comme des voiles d'or et des pavillons de soie; tantôt ils les roulent avec bizarrerie en forme d'horribles dragons et de lions rugissants qui vomissent avec violence les feux du tonnerre; ils les versent en abondance sur les montagnes en rosées, en pluies, en torrents impétueux. Quelque bizarres queparaissent en yeWraZleursservices, chaquepartie de la terre en reçoit par an sa portion d'eau, et en éprouve avec auantage l'influence. Chemin faisant,


ils déploient avec caprice sur les plaines liquides de la mer la variété de leurs caractères : les uns rident avec légèreté la surface des flots; les autres les roulent avec obstination en ondes d'azur; ceux-ci les bouleversent avec bruit, et couvrent d'écumelcsplus hauts promontoires D'après AIMÉ MARTIN.


CHAPITRE VII.

EXERCICES SUR LA PRÉPOSITION.

fl.

Un NId de bouvrenil dans un rosier.

-Devoir sur le rapport qu'établit la préposition.

Nous nous rappelons avoir trouvé une fois un nid de (met en rapport nid et bouvreuil) bouvreuil dans (met en rap. avoir trouvé et rosier) un rosier; il ressemblait à (met en rap. ressemblait et conque) une conque de (met en rap. conque et nacre) nacre contenant quatre jolies perles bleues; une rose pendait au-dessus tout humide. Le bouvreuil mâle se tenait immobile sur (met en rap. tenait et arbuste) un arbuste voisin, comme une fleur de pourpre et d'azur (d'=de, met en rap. fleur et azur). Ces objets étaient répétés dans (met en rap. -répétés et eau) l'eau d' (met en rap. eau et éiaiig) un étang avec (met en rap. répétés et ombre) l'ombre d' (met en rap.

ombre et noyer) un noyer qui servait de (met en rap.

servait et fond) fond à (met en rap. servait et scène)


la scène, et derrière (met. en rap. lever et lequel) lequel on voyait se lever l'aurore. Dieu nous donna, dans (met en rap. donna et tableau) ce petit tableau, une idée de (met en rap. idée et grâces) ces grâces incomparables dont il a paré la nature.

D'après CHATEAUBRIAND.

2.

De la Docilité.

Autre devoir sur la préposition.

La docilité, qui consiste à se laisser conduire, à bien recevoir les avis de ses maîtres et à les mettre en pratique, est proprement la vertu de tout écolier, comme celle de tout maître est de bien enseigner.

L'une ne peut rien sans l'autre; etcomme il ne suffit pas qu'un laboureur répande la semence dans les sillons; mais qu'il faut que la terre, après avoir ouvert son sein pour la recevoir, la couve, pour ainsi dire, l'échauffé, l'entretienne et l'humecte; de même, tout le fruit de l'instruction dépend de la parfaite correspondance qui existe entre le maître et le disciple.

D'après ROLLIN.


3.

Le Commissionnaire du quarticir.

Dictinction entre a verbe et à préposition.

Le commissionnaire du quartier est le plus souvent un épais gaillard à la vaste poitrine, aux larges épaules, à la barbe noire; on sent, à le voir, que c'est un homme à son aise, qui ne doit rien à personne, et qui a quelque bonne réserve pour les mauvais jours. Le commissionnaire du quartier, c'est votre domestique à vous, c'est mon domestique à moi, notre domestique à nous tous ; il est de toutes les maisons ; il entre et il sort à volonté ; on l'appelle pour scier le bois en hiver, pour monter les fleurs en été, pour porter une lettre en tout temps ; c'est lui qui conduit monsieur à la diligence , qui va au-devant de madame à son retour.

Le commissionnaire a un nom à lui ; on sait de quel pays il est, quel âge il a, quel âge a sa mère.

Il a la cuisinière pour amie, et pour ennemi le portier; du reste, indépendant comme un domestique qui a plusieurs maîtres; intelligent et actif comme un cultivateur qui espère; faisant beaucoup de chemin en allant au pas ; ne disant jamais rien de trop; discret, sobre, toujours prêt à se mettre en route.

Une rue de Paris ne serait pas complète, si elle n'avait pas son commissionnaire à elle, à côté de l'épicier ou du marchand de vin.

D'après JULES JANIN.


CHAPITRE VIII.

EXERCICES SUR LA CONJONCTION.

t.

Les. Ellfants.

Devoir sur la conjonction.

Il faut observer qu'il y a des naturels d'enfants auxquels on se trompe beaucoup. Ils paraissent d'abord jolis , parce que les premières grâces de l'enfance ont un lustre qui couvre tout. Ce qu'on trouve d'esprit en eux surprend, parce qu'on n'en attend point de cet âge : on prend une certaine vivacité de corps pour celle de l'esprit. De là vient que l'enfance promet tant et donne si peu. Tel a été célèbre par son esprit à l'âge de cinq ans, qui est tombé dans l'obscurité et dans le mépris, quand on l'a vu croître. De toutes les qualités qu'on distingue dans les enfants, il n'y en a qu'une sur laquelle on puisse compter: c'est le bon raisonnement; il croît toujours en eux, pourvu qu'il soit bien cultivé; les grâces de l'enfance s'effacent la vivacité s'éteint, la tendresse de cœur se perd même souvent, parce que les passions et le commerce des hommes politiques endurcissent insensiblement les jeunes gens qui entrent dans le monde.

D'après FÉNELON.


8.

Réflexions sur la religion.

Distinction entre où adverbe, et ou conjonction.

Je suis en ce monde sans savoir ni d'où je viens, ni comment je me trouve ici, ni où je vais. Certains hommes me proposent des choses qu'ils me somment d'accepter ou de refuser. Je cherche le milieu.

Je n'ai que moi-même pour cet examen, et c'est de moi-même que je me défie sincèrement sur une infinité d'expériences malheureuses que j'ai de la précipitation de mes jugements et de la corruption de mon cœur. Que me reste-t-il à faire dans cette impuissance où je me trouve? De prier Dieu qu'il entende les désirs de mon cœur, qu'il me conduise où je dois aller, qu'il ne permette pas que je m'égare, que je fasse rien contre sa sainte volonté.

D'après FÉNELON.


CHAPITRE IX.

EXERCICES SUR L'INTERJECTION.

i.

IL, 'Éternité.

Devoir sur l'interjection.

Eh! sur quoi vous fondez-vous donc, mes frères, pour croire votre dernier jour si éloigné? Est-ce sur votre jeunesse? — Eh bien! oui ; je n'ai encore que vingt ans, que trente ans. — Ah ! vous vous trompez du tout au tout Hélas! non, ce n'est pas vous qui avez vingt ou trente ans, c'est la mort quia déjà vingt, trente ans d'avance sur vous, trente ans de grâce que Dieu a voulu vous accorder en vous laissant vivre, que vous lui devez, et qui vous ont rapproché, hélas! du terme où la mort doit vous achever. Prenez-y garde, l'éternité approche, elle marque déjà sur votre front l'instant fatal où elle va commencer pour vous. Eh ! savez-vous ce que c'est que l'éternité? C'est une pendule dont le balancier dit et redit sans cesse dans le silence des tombeaux : Toujours!

jamais!. jamais! toujours!. Et pendant ces ré-


volutions, un réprouvé s'écrie : « Quelle heure estil? » et la même voix lui répond : « L'éternité ! »

D'après BRIDAINE.

e.

Lettre de condoléance.

Autre devoir sur l'interjection.

J'apprends, monsieur, la perte, hélas! que vous venez de faire, et ce moment est un de ceux où j'ai le plus de regret de n'être pas auprès de vous; car la joie se suffit a elle-même, mais la tristesse, hélas ! a besoin de s'épancher, et l'amitié est bien plus précieuse dans la peine que dans le plaisir.

Oh! que les mortels sont à plaindre de se faire entre eux des attachements durables! Hélas! puisqu'il faut passer sa vie a pleurer ceux qui nous sont chers, que je la trouve peu regrettable! Oh! que ceux qui s'en vont sont heureux : ils n'ont plus rien à pleurer ! Ces réflexions sont commune: eh !

qu'importe? en sont-elles moins naturelles? Elles sont d'un homme plus propre, hélas ! à s'affliger avec ses amis qu'à les consoler, et qui sent s'aigrir ses propres peines en s'attendrissant sur les leurs.

D'après J.-J. ROUSSEAU.

FIN DE LA PARTIE DU MAÎTRE.



TABLE DES MATIÈRES.

CHAPITRE I. — EXERCICES SUR LE NOM.

Pages.

1. Le Printemps en Bretagne (d'après Chateaubriand). 1 2. Les Habitants d'une huître (d'après la Revue britannique). 2 3. Le Marché du Temple, à Paris (d'uprès Félix Mornand). 3 4. Les Végétaux marins (d'après Aimé Martin).. , 4 5. Souvenirs d'enfanoe (d'après madame George Sand), 5 6. Un Cabinet d'antiquités (d'après H. de Balzac).. , 6 7. Voyages des fleurs (d'après Aimé Martin).. , 7 8. Les Habitants de la campagne (Anonyme). 8 9. Jaffa (d'après Lamartine) 10 10. Uns Cuisine (d'après Victor Hugo). 11 11. Spectacle général de l'univers (d'après Chateaubriand).. Il 12. La Vallée de la Meuse (d'après Victor Hugo). 13

CHAPITRE II. — EXERCICES SUR L'ARTICLE.

1. La Goutte de rosée et la Vie humaine (d'après Bonvalot). 14 2. L'ilo Graciosa (d'après Chateaubriand). 15 3. Le Nid du loxia du Bengale (d'après la Revue encyclopédique). 15

CHAPITRE III. — EXERCICES SUR LE PRONOM.

1. La Tourterelle qui pleure (d'après Herder). 17 2. La Bible (d'après Lamartine) 18 3. Aspect général du globe terrestre (d'après Malte-Brun).. 19 4. Le But de l'instruction (d'après Rollin) 19

CHAPITRE IV. — EXERCICES SUR L'ADJECTIF.

Ire SECTION. — Exercices sur les Adjectifs qualificatifs.

1. L'Hiver à la campagne (d'après Henri de Latouche) 21 2. Le Caire (d'après le Magasin pittomn'aa). 22


3. Les Migrations des oiseaux (Anonyme). 23 4. La Vallée de l'Arno (Méry). 24 5. L'Anesse (d'après Buffon). 25 6. La Diseuse de bonne aventure (Anonyme) 26 7. Histoire d'une vieille Reine et d'une jeune Paysanne (d'après Fénelon) 27 8. Les Riches et les Pauvres (d'après Cambacérèe) 31 9. Portrait des Français (d'après Chateaubriand) 33 10. Les Philosophes de l'antiquité (Anonyme). 34 11.' Le Fraisier (d'après Bernardin de Saint-Pierre). 35

IIe SECTION. — Exercices sur les Adjectifs déterminatifs.

1. Saint-Pierre de Rome (d'après Dupaty). 3ft 2. L'Oie (d'après Buffon) 37 3 Action secrète de la Providence sur les Empires (d'après Bossuet) 38 4 Division du temps (Anonyme) 39 5. Ruines de Pompéi et d'Herculanum (d'après Raoul Rochette) 40 6. Cadix (d'après Alexandre Dumas). 41

CHAPITRE V. — EXERCICES SUR LE VERnE.

1. Les Enfants au jardin des Tuileries (d'après Aimé Martin). 43 2. Avantages de la propreté (d'après de Gérando) 44 3. L'Infini (d'après Lama.rtine). 45 4. Le Chant des oiseaux (d'après Chateaubriand) 46 5. Une Anecdote sur l'immortalité de l'âme (d'après Laromiguière) 47 6. Impressions du voyageur au milieu de l'océan (d'après de Sa.lvandy). 48 7. Les Fleurs (d'après Aimé Martiu). 49 8. L'Heure du midi aux champs (d'après Topffer) 50 9. Le Jardin des Olives (d'après Poujouiat). 51 10. Jean-Jacques Rousseau au comte de Lastic. 52 11. Le Figuier des Indes (d'après les Merveilles du monde) 54 12. L'Alsace (d'après Lavater) , 66 13. Bienfaits inspirés par la religion (d'après La Luzerne) 57 14. La Mauvaise foi punie (Anonyme). 58 15. La Prière du matin (d'après Lamartine) 59 16. Les Feuilles (d'après Kéra.try). 61 17. Brunswick (d'après Alexandre Dumas fils). 62 18. Les deux Chiens de Lyourgue (traduit du grec). 64


19. Le Papillon fait voir que son organisation est supérieure à celle de la Rose (d'après Bernardin de Saint-Pierre).. G4 20. Vie privée de Fénelon (d'après La Harpe). , , , .., 65 21. Le Nouvelliste (d'après Montesquhm). , , 66 22. Le Lézard gris (d'après Lacépède). 67 23. Adam et Eve font le récit de leurs premiers mouvements et de leurs premières sensations après la Création (d'après Buffon) , , , , , , , , ,. 69 24. Le Présent et l'Avenir (d'après Fénelon) , ., 76 25. Les Hirondelles (d'après Buffon) 77 26. De la Conversation (d'après J.-J. Rousseau) 7H 27. La Religion (d'après Florian) 79 28. Les Fleuristes (d'après La Bruyère). 80 29. La Charité (d'après l'Évangile) 81 30. La Conscience (d'après J.-J. Rousseau). , 82 31. Mes Plaisirs à la campagne, si j'étais riche (d'après J.-J.

Rousseau)., .,. 83 32. Le Mort qui ressuscite (d'après Filon)., 86 33. Bienfaits du Christianisme (d'après Chateaubriand). 91 34. Prière pour la paix (d'après Buffon), , , , 92 35. Du Choix des amis (d'après Fénelon). , 93 36. Les deux Loups etles deux Agneaux (d'après La Fontaine). 94 37. Confusion de la Nature abandonnée au seul mouvement de la matière (d'après Chateaubriand) 95 38. Le Cheval (d'après Buffon). , , ., 96 39. Les deux petits Poissons et les deux Pêcheurs (d'après La Fontaine). 97 40. Causes de la décadence de l'Empire romdn (d'après Lacépède) , , , , 98 41. Les Enceintes successives de Paris (d'après V. Hugo) 100 42. L'Habillement singulier (d'après madame de Genlis). 101 43. Henri IV à l'assemblée des Notables (d'après Mézeray).. 104 44. Le Corbeau (d'après Bourguin) 105 45. Pascal (d'après Chateaubriand) 105

CHAPITRE VI. — EXERCICES SUR L'ADVERBE.

1. L'Esprit à la mode (d'après d'Aguesseau). 107 2. Ta Mort du juste (d'après Chateaubriand). 108 3. La Mine de Salsberitz (Anonyme) 109 4. Le Ministère des vents (d'après Aimé Marti!;). 111

CHAPITRE VII. — EXERCICES SUR LA PRÉPOSITION.

1. Un Nid de bouvreuil dans un rosier (d'après Chateaubriand) 113 2. De la Docilité (d'après Ro11in). 114


3. Le Commissionnaire du quartier (d'après Jules Janin).. 115

CHAPITRE VIII. — EXERCICES SUR LA CONJONCTION.

1. Les Enfants (d'après Fénelon). 116 2. Réflexions sur la religion (d'après Fénelon). 117

CHAPITRE IX. — EXERCICES SUR L'INTERJECTION.

1. L'Éternjiérttl*Trp*^s Bridaine) 11H 2. Lettra'TOndi^/éflhce (d'après J.-J. Rousseau) 119

Fjhi DE I.A TABLR.



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