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Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial

Éditeur : [s.n.] (Rennes)

Date d'édition : 1918-12-26

Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 135307

Description : 26 décembre 1918

Description : 1918/12/26 (Numéro 7085).

Description : Collection numérique : BIPFPIG14

Description : Collection numérique : BIPFPIG29

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne

Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k6456763

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/11/2008

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Nos réserves forestières COLONIALES

Nos forêts nationales ont été dévastées il .va falloir les reconstituer au moment même ,où le bois nous serait le plus nécessaire pour réparer les ruines que la rage de nos ennemis a accumulées sur notre territoire. Nous pourrons exiger de l'Allemagne des fournitures, mais les autres marchés nous seront fermés parce que les Anglais et les Belges auront aussi de pressants besoins de bois. Il faudra donc s'adresser- à nos réserves forestières coloniales pour reconstituer les pays envahis, réparer les chemins de fer, les véhicules, les immeubles détériorés et laissés en souffrance.

Un an avant la guerre, notre consommation de bois d'oeuvre s'élevait à 8 anillions de mètres cubes et nous importions 6 millions et demi de mètres cubes. Nous exportions «n peu plus de deux millions de mètres cubes il nous resterait en gros 12 millions de mètres eubes consommés, dont la moitié d'origine étrangère. Après la guerre, il nous faudra beaucoup plus de bois qu'avant. Nous ne devons pas épuiser notre domaine forestler et nous ne pouvons pas espérer grand secours de l'étranger. Nous arrivons, par la nécessité, à une solution rationnelle et qui s'imposait depuis longtemps exploiter nos richesses coloniales en bois.

Ces richesses, nous les connaissons mal les forèts du Nord de l'Afrique sont rationnellement exploitées et n'ont guère qu'un inté rêt local. En Guyane, de vastes étendues boisées attendent encore l'exploitant mais l'insalubrité du climat et les difficultés des transports y rendent les entreprises malaisées. Adressons nous donc à nos colonies nouvelles. L'Indo-Ghine a des excédents de bois très variés, mais les distances qu'ils ont à parcourir pi tir arriver des hauteurs du Laos ou de l'Annam jusqu'à nos marchés et les frais de transport qu'ils supporteraient leur créent une situation désavantageuse. En réalité, comme l'a très bien vu M. le sénateur Chauveau, de toutes nos colonies, celles qui offrent le plus d'avenir pour la production forestière, sont incontestablement les colonies de l'Afrique équatoriale et de l'Afrique occidentale. Il y a dans ces pays, population clairsemée, d'immenses étendues boisées, non loin des cOtes, dans des conditions de proximité de la France, qui rendent beaucoup moins inquiétante la question du fret: c'est là le réservoir où il faut songer à aller puiser. à n faut bien dire qu'il y a en France un préjugé contre les bots coloniaux. Nos artisans, nos entreprenenurs, nos industriels sont très routiniers. Les bois coloniaux aux fibres dures et serrées. les bois de luxe sont adoptés pour l'ébénisterie, mais on ne recherche pas pour la charpente, la menuiserie, le charronnage, la carrosserie, les essences coloniales qui se rapprochent du chêne et du noyer, et même qui sont légères et tendres comme le peuplier et le sapin. Les bois européens peuvent être remplacés paT* les bois coloniaux pour la plupart dés usages courants des pays civilisés comme les Indes, le Brésil. l'Australie nous l'ont prouvé. Seulement, il faudrait modifier les habitudes de nos àteliers et recourir à des procédés différents. Ne conviendrait-il pas, écrit M. le sénateur Chauveau, de commencer par constituer dans nos colonies des stocks de bois débité, prêts à affluer sur notre marché dès que l'état du fret le permettra Et pour plus tard, ne devrait-on pas préparer l'exploitation des massifs forestiers coloniaux par l'exploitation méthodique, la reconnaissance des essences qui les constituent et l'étude des emplois industriels qu'on peut leur donner T Une fois ouvertes les voies, le commerce ferait le reste, aidé par la politique économique et financière recommandée par la conférence nationale. » Cette conférence nationale avait été convoquée par Ni. Maginot, ministre des Colonies elle avait mis en lumière l'existence dans nos terres d'outre-mer de ressources incomparables en bois d'oeuvre.

four preparer le transport ces dois, m iaui les amener le plus économiquement possible au port de départ. De tous les agents de co- lonisation, le plus actif et le plus efficace est le rail. En Afrique occidentale, NI. Roume l'avait hien compris quand il employait les somnirs clo l'emprunt nux travaux publics, et surtmit nti\ rlicmlns «le fvr. Huns crs pays île l^is dur rt do niBln-d'o'uvro il bon marché. la roiiMrnclion des voies est peu coûteuse, car la forêt peut fournir le rail, au moins au début les Derauville, d'autre part, ont été expérimentés avec succès. Qu'on redouble d'activité et qu'on se bâte

Pourtant qu'on n'ail!e pas au hasard, et qu'on n'abatte pas à tort et à travers, comme font suuvent les concpssionnaires.car certalns déerrtr. et certains arrêtés fixant les conditions de la concession et les redevances sont les •culps garanties. Nous n'avons pas aux colonies. sauf en Indo-Chine, d'administration forestière qui pourrait faire l'inventaire et le classement de nos ressources, aménager les forêts et régler les coupes Si bien qu'au mo- ment même où la guerre nous contraint d'uti- liser nos ressources coloniales, nous ne som- j mes nullement armés Tour que cette exnloi- tation soit faite avec méthode et profit. Il faudrait, cumme le demande NI le sénatcur Chameau, créer un service forestier colonial, constitue par un personnel soigneusement re- cruté et recevant son Impulsion d'un orga- nlsnio central métropolitain. Les forestiers anglais, qui out été la plupart formés il notre école de Nancy, nous ont donné aux Indes dn exemples que nous suivrons avec profit. Mais il ne faut pas perdre du temps. L'administration doit se hâter et l'industrie se mettre au courant des nécessités nouvelles. Sans quoi, avec des richesses incomparables, «ou serons vite dépassés par tous nos rivaux. OCTAVE AUBERT.

SUR LE PLATEAU DE LANGRES

Ma WILSON HARANGUE LES TROUP E S AMERICAINES 9 Vous avez fait plus que voire devoir; je sais ce que vous attendez de moi!

Quelle délicate pensée que celle d'aller célébrer Noël au milieu de ses soldats mais com bien nous sommes persuadés qu'il n'y a point que ceux-ci qui en ont su gré au président Wilson, à ce Messie du xx° siècle. Champenois et Lingons, chez lesquels aucun souffle délétère n'effleura jamais le culte de la Patrie, lui ont certainement fait un accueil aussi enthousiaste, aussi délirant que Brest et Paris. Aussi bien, nous n'aurons garde de nous arrêter à ce détail de la journée. Cette visite du président Wilson dans un coin de cette France qui n'a point connu les horreurs de l'invasion, sera certainement pour lui matière à réflexion.

Chuumont était naguère une ville prospère. La misère y était inconnue. C'est. que la se trouvait sinon la plus grande, mais incontestablement la plus renommée des fabriques do gants, fournisseuse de l'Amérique. La guerre est venue tous ces braves ouvriers s'en sont allés au front. On devine le reste. Combien de familles, de femmes, d'entants ont été dès les premiers jours, les victimes innocentes de la Barbarie germanique Et ce témoignage accablant a suivi M. Wilson pendant les 30 kilomètres qui séparent Chaumont de Langres, distance parcourue, comme on le sait, en automobile.

En suivant la vallée de la Marne, dans laquelle s'étendent les riantes et grasses prairies du Bassigny, M. Wilson n'est point sans avoir appris que jadis, nulle contrée n'était plus riche en élevage que celle-ci. Or, c'est en vain qu'il y aura cherché ces troupeaux de bêtes à cornes qui en faisaient l'ornement vivant. Il a également traversé un des plus grands centres de coutellerie, de fabrication d'instruments de chirurgie. Lu, se trouvaient des ouvriers experts, dont l'habileté à travailler t'acier avait porté jusque dans le Nouveau Monde la renommée de l'artisan de France. Comment, à l'aspect de la mort qui plane sur toutes ces usines, n'aùrait-il point pu mesurer toute l'étendue de la grande souffrance de la France T M. Wilson certes savait à quoi s'en tenir sur ce sujet ses discours en font foi mais n'était-il point bon qu'il constatât 'de visu, ce lamentable spectacle d'une véritable richesses qui' s'est évanouie et que de longs et puissants efforts- pourront seuls restaurer ? Quand, retour de l'Angleterre, ses yeux contempleront les horribles champs de carnage où, côte a côte avec les Français, les Anglais, les Belges, les Italiens, dorment leur dernier sommeil, près des ruines stupidement accumulées, des milliers de Yanks, ils souffriront moins l'horreur du tableau, mais sa haute conscience ne pourra point ne pas prononcer cette condamnation sans remission que tous les peuples libres attendent.

En haut de la ville de Langres, qu'entourent toujours ses vieilles murailles, qui par sa situation topographique seule est une place forte, qu'une ceinture de forts a transformée en citadelle de première classe, se trouve un endroit où le Touring-Club, sur une pierre horizontale, indique la direction du MontBlanc dont, par temps clair, on aperçoit à plus de 200 'kilomètres la cime neigeuse dans l'azur du ciel. Puisse M. Wilson avoir joui de ce spectacle et se remémorant celui dont ses yeux venaient d'être les témoins attristés dans le Bassigny, s'être dit a Jusque là, mes asso clés ont souffert I Que disons-nous Au delà du Mont-Blanc, s'étalent les plaines du Pu-mont, de I.ombardie, de l'Italie du Nord. Elles aussi ont souffert et plus foin, plus loin encore, plus loin toujours. L'Allemagne a

ensanglanté tous les mondes.

Les voyages du président Wilson ne peuvent qu'augmenter ses sympathies* pour les alliés. Pour cette raison, nous saluons avec joie celui qu'il vient d'effectuer au milieu -les populations si franches, si loyales, si patriati [des du Bassigny et du Plateau de Langres. Le premier «rrê!

Ohai'most. 2.'i décembre, CH matin, it neuf heures, le truin du président Wilson est arrive en gare de Chaumont. t-ut le quai se trou vaient le général Pershing. le général Wirbel, commandant françaiç de fil zone, le Préfet de la Haute-Marne, NI. Jossier, et le maire de Chaumont, M. Lévy-Alplandory. Le Président, accompagné de Mme Wilson, du général Hartz, de l'amiral Gray·son, de M. Clauss secrétaire particulier, et' de Miss Benham, secrétaire de Mme Wilson. a traversé le salon tendu de draperies rouges et orné de faisceaux de drapeaux préparés pour le recevoir et a gagné la cour de la gare que les soldats américains ont décorée avec goût; des couleurs françaises et d'étendards étoilés, Une compagnie du 109a d'infanterie et une compagnie américaine du 1O215 régiment avec drapeau rendent, les honneurs. Le président les passe eu revue puis monte en automobile avec sa suite, Il se dirige vers l'Hôtel de Ville par les rues de Verdun, Toupot, Be»vaux et Laloy. brillamnvpnt pavoisées et barrées d'inscriptions dF bienvenue. La foule, nombreuse, massée derrière la haie de soldats en kaki, acclame le président qui arrive ù 9 h. 15 ù motel de Ville où une courle réception a lieu.

Le gonérnl \Virti>l célèbre n-i nom des troupes françaises, Il vaillance des soldats de la grande natmn alliée dont il était heureux et fier de -aluer le chef éniinent. Après lui, le préfet de la Haute-Marne. NI. lossier, vantait l'heureuse intervention de nos amis d'Amérique. « champions du droit ». et la parfaite entente pour le bien du monde des deux grandes Républiques ». Puis M. Lé.vyAlpliandery disait, en termes éloquents, il quels points la ville de Chaumont se sentait

honorée de la visite que voulait bien lui faire le président des Etats-Unis.

Puis le maire, au nom de la ville et de la direction, du personnel de la manufacture Trefousse, remet ensuite à Mme Wilson un coffret artistique contenant des gants. M. Mougeot, sénateur de la Haute-Marne, s'adresse encore au Président, qui remercie tout le monde en quelques mots émus. Sur la place de l'Hôtel-de-Ville, la foule est de plus en plus compacte, malgré le temps douteux et c'est una formidable ovation qui salue, quand ils apparaissent sur'le perron, M. et Mme Wilson.

Cette dernière, gracieuse, tenant une gerbe de fleurs qu'on vient de lui offrir, regagne son automobile au bras do NI. Jossier.

'A Langres

A 10 h. 45, le cortège atteint le plateau- de Langres où doit avoir lieu la revue. Au centre, une tribune a été élevée. Le Président y prend place avec sa suite. Après quelques phrases énergiques du général Pershing, le président Wilson se lève et prononce Je discours suivant

Discours de M. Wilson Monsieur le général Pershing,

Ales Concitoyens,

le voudrais bien pouvoir adresser à chacun de vous les paroles que vous êtes en droit d'attendre de ceux de chez nous qui vous aiment. Je ne peux le faire, -mais le veux vous dire com.bien chacun chez nous est fier de vous, avec quelle confiance affectueuse tout le monde, chez nous, a suivi chaque mouvement de cette grande armée et comment le peuple entier des Etats-Unis vous attend pour vous accueillir d'un façon sans précédent. Dans cette guerre, notre pays, ainsi que tes poys aux côtés desqucls nous avons été fiers de iiuus trouver, a mis tout son cœur et voua sommes fins de vous parce que vous y avez/ mis aussi tot votre coeur.

Vous avez fait votre devoir et liltts que votre devoir.

Vous l'avez fait, dans un esprit qui ra embelli et qui l'a glorifié. Et maintenant,, nous allons recueillir les fruits de la victoire. Vous savicz au moment de venir pourquoi vous veniez et vous avez fait ce qu'on vous 'demandait de faire. le sais ce que vous attendcz de moi

Ils y a quelque temps, une personnalité d'un des pays avec lesquels nous sommes associés, s'entretenait avec moi, des aspects généraux de la guerre et je lui disais que si nous n'insistions pas sur les buts élevés pour lesquels les Etats-Unis sont entrés dans ta guerre, je n'oserais plus jamais regarder en face nos braves soldats de Vautre côté des mers. Vous saviez ce qu'on attendait de vous et vous l'avez fait, Je sais ce que vous et les nôtres, chez nous, attendent de moi et le suis heureux de vous dire, mes concitoyens, que JE NE TROUVE dans l'esprit des GRANDS CHEFS avec lesquels j'ai aujourd'hui le vrivilèqe de conférer, AUCUNE DIFFERENCE DE VUES quant aux principes ni aux buts fondamen. taux.

Il s'est trouvé que c'est it l'Amérique qu'est échu le privilège de présenter la charte de la pai.r et maintenant, la tâche est d'autant plus facile que les nations intéressées ont accepté cette charte et que l'application des principes qu'elle énumère découle de leur e:cposé même.

Le monde entier sait dès maintenant, que LES NATION.S qui ont pris part il cette ,nuerre, ainsi que LES SOLDATS qui les ont représentées, SONT PRETS A COMPLETER LEUR ŒUVRE, non seulemertl dans In revendication de leurs propres intérêts, mnis dans L'ETARLISSEMENT D'UNE PAIX ASSISE sur les fondations permanentes du droit et de la justice.

Il est difficile. très difficile, mes amis, dans ut discours comme celui-ci, de vous montrer le fond de mon cœur. Vous ne vous rendez pas compte probablement de l'attention anxieuse avec laquelle, nous avons suivi chn?ue. pas ile votre nvnnce et cornbien nous citons fiers que chacun de ces pus marquât un progrès, que vous n'ayez jumal* dévié de lu ligne que vous vous étiez tracée, et mon cirur a vibre, de mime que celui de tout Amt. ricain. chaque fois que le canon a tonne eI à chaque cottp porté, dans les câmhats héroïques auxquels vous avez participé. Il n'y a eu,qu'un regret, en Amérique, Celui qu'a eu tout homme de ne pas être, lui aussi, en France. Et il a été très difficile d'assurer sa besogne, et il a été difficile de prendre part à la direction de ce que vous avez fait sans venir ici pour vous aider dans vos efforts. Rester chez soi a exigé un grand courage mornl, mais nous Nions /iers de vous appuyer de toutes les façons possibles et. maintenant, le suis heureux de constater quelle admira bltrrmiintion vous vous êtes acquise parmi la population civile de France, ainsi que parmi vos camarades de l'armée française. C'est un témoignage précieux pour vous que ce. peuple vous estime, votts aime et sous ait donné sa confiance. Et le plus beau de tout, t'est que vous méritiez cette, confiance. En regardant ces champs qui n'ont pas été ravagés pnr la guerre, en pensant aux spectacle* terribles qui se sont offerts à vos le ressens plus de foie encore rt me trouver avec voies, aujourd'hui que la sérénité de la pair, nue In. quiétude d'un espoir certain se sont étendus sur nous il m'est difficile d Ion de chez nous, de vous souhaiter réellement un Merry Christmas, mais, je crois portvnir vous promettre une heureuse nouvelle annie et du fond de mon cœur je peut vous dire « Que Dieu vous bénisse. »

Le discours du Président Wilson, prononcé d'une voix nette, pai.Mble. sans déclamation, fréquemment souligné, par des applaudisse-

ments,. est il la péroraison salué par des bravos enthousiastes.

LA REVUE

Les troupes qu'on avait massées tout près de la tribune s'éloignent alors pour se placer en vue du défilé. Elles forment maintenant une longue bande rigide. La musique attaque l'Hymne américain, puis Sambre-etMeuse. En tête des groupes, le général Alexander s'avance. Elles vont en colonne, do bataillon dans une très belle allure. Après l'infanterie passent deux escadrons du 6' régiment de cavalerie et une compagnie de chars d'assaut. Le général Alexander vient alors saluer le président. Puis il descend de cheval et s'approchant de la tribune, remet a Mme Wilson une écharpe aux couleurs de sa division, la 77a qui porto en écusson l'effigie de la libellé.

Au milieu de nouvelles ovations, le cortège présidentiel quitte la tribune.

M. WILSON LUNCHE AVEC LES SOLDATS M. Wilson a tenu à partager avec les soldats américains le lunch de « christmas ». C'est un déjeûner très simple servi à la manière des popotes américaines par des soldats, mais l'oie traditionnelle y figure t le souvenir des agapes heureuses du pays natal met de la ioie sur tous les visages. Le café bu, le président se lève « Goodbyn » laneo-t-il loveusement et il sort. En rentraat Chaumont. M. Wilson s'arrête dans quelques uns des cantonnements qui se succèdent sur la route. Il les visite et cause familièrement avec les soldats. A la caserne de Chanmont. il est encore accueilli par le régiment qui s'y loge. Puis, il va prendre quelques instants de repos au château habité par le général Pershing, avant de remonter dans le train qui le ramène il Paris.

Le générât Pershing

et la lutte contre l'alcoolisme

Paris, 25 décembre. Le général Pershing, commandant en chef des forces américaines, -vient de faire paraître un ordre général pour inviter le commandement américain à prêter sa pleine coopération au gouvernement français dans la lutte contre l'alcoolisme. Les officiers américains ont été invités à signaler aux autorités françaises les débits de boissons clandestins et les personnes surprises en train, soit de vendre les boissons défendues, soit de servir à boire en dehors des heures permises aux officiers ou soldats américains.

Le général Pershing rappelle que les règlements français défendent formellement la vente au détail d'alcool ou de spiritueux aux militaires de tous grades et que les autorités françaises ont limité à certaines henres le temps pendant lequel les cafés, restaurants et débits sont ouverts aux militaires. Le général Pershing prescrit que l'observation de ces règlements sera strictement mise en vigueur en ee qui concerne les troupes américaines.

VOIR EN DEUXIÈME PAGE

Comment on conçoit l'après-guerre.

LE MYSTERE

de

< LA LIBRE BELGIQUE EST ÉCLAIRCI

Bruxelles, 25 décembre. Le mystère la libre Belgique est enfin éclairci.

C'est presque une histoire- tragique que oe' le de ce petit journal satyrique, anti-aile mand, qui réussit à circuler pendant toute 1; durée de la guerre, malgré les efforts frêne tiques des autorités pour le supprimer. Il état publié par les frères Jourdain, anciens éditeurs du Patriote qui avaient été progermeini avant la guerre et s'étaient optosés au reaforcement de l'armée belge. Pletns de remords, ils publièrent La Libre Belgique, à titre d'acte de contrition et moururent l'un et l'antre avant l'armistice.

Us furent aides dans leur œuvre par le patriotisme de nombreux citovens et aussi par la corruption facile des soldats allemands. U n'est pas jusqu'aux ordonnance? des gouverneurs von Bissing et von ralkenhausen qui ne leur gltssaien Io diabolique oapier dans les poches de leur pardessus et parfois, le% généraux le trouvaient même sous leur aer vlette au niomert de se mettre a table. Or peut juger de leur rage.

Le suffrage universel en Belgique

Baux-et,Les 25 décembre. Le conseil'des ministres, dans sa séance de ce matin, tenuel sons la présidence du roi. a adopté un projet de réformes électorales ayant tour but l'éta- bassement du suffrage universel pour lea prochaines élections.

Les mines ila Limbourg cesseront le travail BRUXELLES, 23 décembre. On apprend de source sûre que les mines de charbon du, Limbourg hollandais, devront cesser le tra-i vail par suite du départ de 3.000 internés bel-. ges. • complètement manquer de combustible si la' Hollande n'er olrtiont pas fie l'Allern-igne. Les voleurs restituent l'argent volé Paris, 23 décembre. Le ministère des, finances nous communique la note suivante En conformité du protocole signé à Spa, le 1'r décembre, les Allemands viennent de resttluer le.s valeurs qu'ils avaient, d'après leur déclaration, entreposées Bruxelles, après Ies avoir enlevées de vive force dais les banques ou soeiétés de crédit de Lille Roubatx, Tourcoing" Valrvciennes, Douai, Cambrai, Caudry et Saint-Quentiii.

Un démenti propos des élections PARIS, 25 décembre. On nous communique la note suivante

c Un journal du matin s'est fait l'écho de bruits fantaisistes au sujet des élections législatives et prétend que le gouvernement aurait décidé qu'elles auraient lieu le 27 avril 1919. Cette information est sans fondement. Le gouvernement n'a délibéré, 1\ aucun moment, au sujet de la question électorale et, en tout état de cause, on pourrait d'autant moins avoir convenu d'une date quelconque pour les élections, que la loi par laquelle les pouvoirs du Parlement ont été prorogés, stipule qu'il faudra une autre loi pour renouveler les Chambres. •

LA REVOLUTION ALLEMANDE

Encourageons les particularismes

La préparation des élections à l'assemblée nationale constitue un spectacle assez curieux. Ce qui frappe tout d'abord, c'est le réveil soudain des anciens partis, fervents piliers du militarisme. Mantenant qu'ils ont le droit de se montrer, ils se mettent en campagne. Du reste, le nouveau Conseil exécutif compose de socialistes majoritaires do drolto, les ni'lnorltalrM comme nous l'oxpllque lo correspondant berlinois de la Nouvelle (ia:clte de Zurich ayant quitté la salle du Congrès lors du vote. Il resta donc un espoir sérieux pour les partis bourgeois, espoir que traduit la Ucrmanla en écrivant :« Ce serait un malheur national si une majorité socialiste ,ortait des élections •. Tout fait penser que ce malheur sera évité l'Allemagne. L'AUeniagne n'est pas socialiste. Elle est a peine républicaine. Elle conservera le régime républicain parce qu'il lui est apparu que les méthodes violentes et injustes appliquées par ses empereurs et leurs chanceliers, les conquêtes. les menace?, et ce culte monstrueux de la force dont les Hohenzollern s'étaient fait les gardiens, les avaient rendus, pour les autres Etats d'Europe. et d'Am'érique, hélas, un objet de crainte et d'exécration. Mais l'adoption du régime républicain signifiera l'action à court terme d'une oligarchie germaniste ou pangermaniste qui ne pourra être qu'un boute-feu. La Constituante proclamera la République allemande unifiée %et y recevra les Allemands d'Autriche. Le particularisme des Etats aura ainsi vécu, et l'Allemagne sortira prodigieusement grandie d'une crise qui, régulièrement, aurait dû définitivement l'affaiblir.

La répubfique allemande deviendra la plus grande-république du monde; après celle des Etats-Unis •. a dit le chancelier Ebert à un Américain. Visiblement le plan de nos ennemis est de compenser la perte de l'Alsace et des provinces polonaises par l'annexion de l'Autriche allemande. L'Entente n'a-t-elle pas à empêcher cela 1 v

Un 'journaliste étranger. NI. W. Martin, du Journal de Gcnève, estime qu'il dépend des

Alliés de permettre ou d'empêcher tout ce qu se passe en Allemagne. Les Alliés sont toutpuissants en ce pays, écrit-il, et eux-mêmes ne semblent pas encore mesurer l'immensité de leur victoire.. Il y a des tendances séparatistes en Allemagne. Il dépend des Alliés de f'ivoris'îr ou do contrarier c<>s tendances, parUculiiiuau'M en et dans les paya ruénans. viala pour agir, lorsqu'on peut tout, Il Importe de savoir. Il Importe que tout d'ahord les Allies se rendent compte que le but des Bavarois et des Rhénans n est pas, comme on le croit, de disloquer l'unité allemande, mais uniquement de briser l'hégémonie prussienne. Ce que les séparatistes ont compris, ce que les Berlinois se refusent a voir, c'est que la formule fédtrative de l'ancienne Constitution allemande est incompatible avec inio démocratie et un fédéralisme sincère. Tous les Etats allemands cherchent à établir entre eux des relations stables, basées sur une certaine égalité. Des projets précis ont déjà été formulés, tendant, par exemple, à la constitution, sur le sol de l'ancien empire, de sept républiques indépendantes, avec un gouvernement central à Berlin, ou. encore, de quatre grands Etats fédérés. Que les Etats soient sept ou quatre, ou vitifçt-quatre, comm<: au temps de la Confédération germanique, il n'en est pas moins apparent que l'Allemagne tend, si son évolution n'est pas artificiellement troublée, à devenir une grande confédération d'Etats, éffaux en fait comme en droit. Cette évolution, loin d'être Inquiétante pour l'Europe, nous parait favorable. Nous pouvons la favnriser Lec Allemand?, A l'heure présente, ne se déterminent pas par eux-mêmes Ils se décident uniquement d'après les desseins qu'ils prêtent aux Alliés. On peut donc avancer que les gouvernements alliés sont responsables de ce qu'ils laissent faire en Allemagne.

Uno Allemagne uniflée, peuplée de 72 millions de citoyens animés de l'esprit impérialiste, compromettrait do nouveau la tiaix do l'Europe. Si vralmerit nous pouvons l'smpêcher -de naltre, ou de renaltre, mettons-nous