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Titre : L'Ouest-Éclair : journal quotidien d'informations, politique, littéraire, commercial

Éditeur : [s.n.] (Rennes)

Date d'édition : 1906-09-11

Contributeur : Desgrées du Lou, Emmanuel (1867-1933). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32830550k/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 135307

Description : 11 septembre 1906

Description : 1906/09/11 (Numéro 3467).

Description : Collection numérique : BIPFPIG14

Description : Collection numérique : BIPFPIG29

Description : Collection numérique : BIPFPIG35

Description : Collection numérique : Fonds régional : Bretagne

Description : Collection numérique : Yroise, bibliothèque numérique de Brest

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k641188j

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/11/2008

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La réforme administrative On en parle beaucoup cet été. Cela ne veut pas dire qu'elle doive aussitôt être faite. Les sceptiques ont mémo prétendu que si M. Clemenceau avait nommé une commission pour l'étudier l'affaire de cette pauvre réforme administrative était. à ce coup bien claire. Il faut laisser dire. Nous avons vu de la forte un certain nombre de grosses réformes dont on parlait toujours aussi, que l'on mettait vaguement à l'étude, et qui se sont. un beau jour, trouvées cecom plies au grand ébahissement des sceptiques.

Celle-ci a contre elle de mettre, du moins en gros, tout le monde d'accord. Je dis bien contre elle. Une majorité passionnée, et dans bien des cas une minorité opiniâtre, peuvent faire aboutir leurs revendications. Mais sur les défauts de notre organisation administrative, sur la nécessité de l'adapter aux exigences de la vie moderne, tout homme de bon sens ne saurait avoir qu'un avis. La décentralisation, dans ses congrès, dans ses revues, fait la trève des partis politiques. Et iout projet parlementaire d'esprit régionaliste est Fiïr de réaliser des signatures à droite Ciimme 6 gaucho.

En pourrait-il allcr d'autre sorte ? 7 Cette lourde machinerie gouvernementale, que le ministre de l'intérieur actel comparaît naguère à la machinerie de Marly, et que la République hérita de la monarchie centralisatrice, après que Napoléon l'eût encore compliquée. ne saurait être défendue par au-

cun argument valable. Historiquement, elle est un non-sens. La division en départements a été voulue à une époque où l'on pouvait craindre un réveil dangereux des autonomies provinciales. Bile a été voulue encore à cause du mauvais état des chemins et pour permettre n sux députés des villes et des villages de se rendre facilement au chef-lieu Il. Mirabeau, qui parlait ainsi à la Constituante, serait fort surpris « il revenait en ce monde, de voir que son argument vaut encore, malgré quelques menues inventions propres à abréger les distances, et par exemple, les chemins de fer, l'automobile, le télégraphe et le téléphone. Géographique ment, M. Foncin estime que six détjarlemente, seuls, sont parfaitement homogènes, et cinquante-neuf, incohérents à divers degrés. Qui ne s'est plaint, ayant eu plus ou moins à traiter les affaires publiques, de lenteurs incroyables et d'insupportables détours ? Qui ne s'est ému, parmi les statisticiens, du nombre croissant des fonc-

ju.nnaires et, parmi les sociologues, des forces vives ainsi soustraites à la prospérité de la nation ? Et qui pourrait souffrir raisonnablement qu'un département comme la Lozère, qui compte Quatorze fois moins d'habitants que cclui du Nord, et fournit cinquante-quatre fois moins de recettes au Trésor public, ait à peu près le même appareil d'administration générale ? Je laisse de côté les arguments d'un autre ordre, ci^nt on ne peut méconnaître l'importance. L'affaiblissement de notre esprit d'initiative. le formalisme abstrait de notre enseignement, la ruine de notre originalité statistique, la dépopulation des campagnes, et que sais-je encore sc lient, pour beaucoup d'observateurs, ù ce régime administratif, coûteux, mal commode et suranné.

Fâcheux accord, disais-je tout à l'heure. Et ce serait un long martyrologe, en effet, que celui de tous les projets de réforme administrative, de celui de Martignac à celui de Goblet, de celui de Limayrac à ceux d'Hovelacque, de MM. Charles Beauquier, de Rame], Morlot, Louis-Martin.

Accueillis avec estime, ils ont dispaîu u dans les cartons de non moins nombreuses commissions parlementaires ou extra-parlementaires. Je n'ai pas à faire ici leur historique, parfois piquant. Mais, comme tout s'explique, je cherelle les raisons de leur échec. Ils heurtcnt et tout projet dans ce sens heurtera une routine déjà plus que séculaire. Ils sacrifient des vanités, de précieuses vanités locales que notre mode de scrutin encourage et confirme. Ils se fondent sur l'intérêt général ils combattent des intérêts particuliers. Cette suppression d'un certain nombre

de sous-préfectures, dont on nous rebat les oreilles et qui peut être l'annonce d'une refonte générale, montre bien que je n'erre pas. Chaque député voterait la suppression de toutes les provinces de France, si l'on conservait la sienne.

Et cela serait déjà suffisant. Mais il faut aussi compter avec la complexité de la question.

L'accord unanime cesse dès que l'on descend aux détails, qui sont tout. Comment procédera-ton pour ne léser aucun fonctionnaire dans ses droits ? Supprimera-t-on les sous-préfets des grandes villes qui peuvent se passer de cet ornement (Toulon, Le Havre), ou des gros bourgs qu'il élève à la dignité administrative î Réunira-t-on plusieurs départements en un seul ou diviserat-en la France en régions homogènes, comme on a fait pour la magistrature, l'université et l'armée ? S'agit-il de reconstituer les provinces ? La division nouvelle sera-t-elle arbitraire ? fondée sur les besoins économiques ou sur les affinités de race et de tempérament ? Et je me garde bien de tout dire. Voilà de quoi expliquer des retards et si la commission emploie quelque temps à l'étude du problème, on ne saurait lui en vouloir, honnêtement. Le tout est qu'elle aboutisse. On dit le ministre de l'intérieur très désireux do «on succès,: et la réforme administrativo peul., très bien, être la grande pensée d'un règna.

Des gens bien informés assurent que nous avons besoin d'économies et en trouvent dans la décentralisation..« Ce ne sont pas nos finances qui sont malades, c'est notre régime administratif qui est mauvais »;.disait M. Clémentel

u y a trois ans déjà, dans son rapport sur le budget de l'intérieur. Cet argument a son poids par lui seul. Et je crois en avoir dit assez long pour montrer que, par delà les économies à réaliser, c'est., dans cette question de pure forme en apparence, l'organisation définitive de notre régime, la réalité démocratique et, peut-être l'avenir de la nation qui sont en jeu.

Maurice Laurent.

AU JOUR LE JOUR

Comment on prépare la sardine

Au cours d'un petit voyage sur les côtes bretonnes, j'ai pu prendre quelques notes sur la pêche et la conservation de la-*ardine, dont la disparition causa un si vif et si légitime émoi parmi les braves marins vivant uniquement de la pêche de ce Dois-

J'ni longuement interrogé les pécheurs sur les causes de celte absence soudaine. Tous m'ont repondu qu'on se perdait en vaincs conjectures et que pour eux, la seule raison du manque de sardines, était que ce poisson est essentiellement migrateur et capricieux.

Les patrons nantais, voyant leur industrie sérieusement menacée par le défaut de matière première, résolurent de tenter quelques essais pour ramener le poisson et firent venir de Saint-Jean de Luz des péchonrs espagnols, dont les engins, appelés flirts tournants, donnaient d'excellents résultats dans les eaux ibériques.

Ces jours derniers, une Ilolliile composée de plusieurs petits vapeurs parmi lesquels on îviiiarqujul le Chartes-Philippe, appartenant il .M. Arthur 111'111111, le 111'111'1/(/1', h M. Pellier, et enfin la Ville de Palais, remorquar.t les CI traîneras n montées par les pécheurs espagnols et. chargées des filets tournants, partait de Saint-Nazaire et arrivait bientôt entre les phares de la Banche et du Pilier, à l'extrémité de l'Ile de Noirmoutier,

Disons tout de suite que ces essais demeurèrent infructueux, et que M. FahreDoniorgua envoyé par le gouvernement pour assister à cette opération, déclara que les courants étaient beaucoup trop violents sur la côte vendéenne pour permettre l'emploi de ces filets.

Les patrons ne se découragèrent pas et firent de nouveaux essais, mais cette fois, avec la vieille senne Guézonnec, interdite on ne sait pourquoi par un décret du Parlement. Les résultats furent excellents. Quelques jours après ces essais. alors que la flotlille de vapeurs dont j'ai parlé plus haut revenait vers Nantes, la sardine reparut soudain et l'on vit des barques revenir avec 5, 6, 7 et même 10.000 poissons à bord.

Aussi les pécheurs se moquèrent-ils fort dos fameux » filets tournants en désistant le soir la « cautriade Il, soupe aux poissons dont Us sont très friands.

j ai pu, grace a i amaoune d un mareyeur, assister à la préparation de la sardine « au vert n qui se vend à Nantes sous le nom de sardine sorette.

Dans une vaste salle bien aérée, le patron fait apporter le poisson par le vende celui-ci l'étend à terre avec soin pendanfquc des femmes jettent a pleines mains lo sel qui devra conserver cette sar- dino si appréciée n Nantes». Dans des pnnier. dont le fond est garni de feuillcs de fougère, les ouvrières rangent ensuite la snr<tiiv avec précaution, en ayant bien soin de faire alterner une couche de poisson avec une couche de sel.

Comme on le voit, cette préparation est des plus simples il n'en est pas de même pour la fabrication de la sardine à l'huile, dont nous allons indiquer les grandes lignes.

Le poisson ,acheté bien frais et de préférence maillé », est porté à l'usine. Là, on l'étend sur des tables légèrement inclinées, on le sale, puis on l'étête, c'est-à-dire que des femmes, armèi*s de ciseaux ou de couteaux coupent la tète près des ouïes et enlèvent en même temps les intestins. On jette alors Ia sardine dans une baille contenant de la saumure l'eau douce on l'y laisse un temps plus ou moins long, suivant la grosseur du poisson, puis on la lave à l'eau de mer. On passe ensuite au séchage qui doit avoir lieu, autant que possible, en plein air. Pour cela on place les grils, où la sardine s'égouMe, sur de grandes claies que l'on range dans une cour ou sur un pré.

Le séchage terminé, on porte la sardine dnns des bassines remplies d'huile chauffée a 110° n la vapeur, au moyen do tuyuux immergés dans Je liquide. Au fond tlo'l'appareil, on a soin de laisser une légère l'OU',che- d'eau, destinée à recevoir les détritus. Dès que la cuisson est à point, c'est-hdirc lorsque l'on voit quelques poissons nager a la surface de l'huile, on retire les grils sur lesquels est placée la sardine, on les met à égoutter sur une table zinguée et sitôt le poisson refroidi, on s'occupe de la mise en botte.

On n pare Il tout d'abord la sardine (c'està-dire qu'on coupe soigneusement la queue et la partie non équarrie de la tête), puis on la range dais la botte que l'on remplit exactement, mais sans exagération. Pour l'huilage, on procède de la façon suivante On remplit de bonne huile d'olivc la botte, de façon qu'en l'ouvrant le consommateur trouve une belle couche d'huile, puis on la donne au soudeur qui soude le fond et la porte a l'ébullition. Les boites une fois terminées sont mises dans des paniers métalliques et rangées dans l'autoclave à vapeur ou elles subis- sent une ébullition de 110 à 115 degrés, dont la durée varie suivant la grosseur du poisson.

Après cette opérel.inn, on trie les bottes, en aynnt soin de mettre de côté celles qui ne sont .pas gonflées, car elles sont reconnues défectueuses, on les runge par piles et la série des manipulations est close. Hien ne vaut la visite d'une usine française pour se rendre compte de notre supériorité au point de vue du perfectionnement, sur les usines espagnoles dont les produits ne peuvent lutter avec les nôtres que grâce à leur bas prix, dû à l'abondance

ue îa. muuere première.

Albert Bricks.

Nos Dépêches TJgervia} spécial de l'Ouest-Eclair). LA SÉPARATION

Il y aura une nouvelle assemblée des évêques

Paris, 10 septembre. La lettre collective des évêques ne sera livrée à la publicité que dans quelques jours. La « Croix », qui publie cette note, ajoute: L'assemblée plénière des évêques n'est que prorogée. Les prélats tiennent à prendre en commun toutes les me- sures importantes. Parmi les évêques, les uns désirent une nouvelle réunion au mois de janvier, les autres parlent du printemps. La fixation de la date dépendra des circonstances. »

Le repos hebdomadaire Les commerçants détaillants

Paris, 10 septembre. Une délégation de la Fédération des commerçants détaillants de Paris s'est rendue au ministère de l'intérieur. Lil, on lui a déclaré quei relativement à l'application de la loi sur le repos hebdomadaire, les commerçants qui ouvrent encore le dimanche sont restés dans la légalité.

Les cuisiniers

Paris, 10 septembre. La chambra

syndicale des cuisiniers vient d'adresser tau ministre du commerce une longue lettre qui se termine ainsi

A« Le n'est pas 52 jours de congé global au partiel que nous vouions, car très peu des nôtres restent une année dans la mémo maison, mais Un jour par semaine et par roulement.

Une protestation des ouvriers des chemina de fer

Paris, 10 septembre. Les ouvriers des chemins de fer viennent de publier un appel qui se termine ainsl n La situation est retournée. Le repos hebdomadaire est refusé à ceux dont on proclamait que les repos devaient être réglés dans l'intérêt du publie. Nous avons le devoir de protester contre l'exclusion inexpliquée dont notre corporation est frappée n.

Incidents au Havre

Le Havrei 10 septembre. Des groupes d'ouvriers boulangers ont parcouru la ville, obligeant les patrons à fermer leurs magasins. Ils ont brisé les devantures do trois boulangeries restées ouvertes. Plusieurs arrestations ont été opérées. LES GREVES

Les tonneliers de la Gironde

Bordeaux, 10 septembre. Les ouvriers tonneliers de Bordeaux se sont mis en grève par esprit de solidarité avec leurs camaComme l'été dernier., ils réclament une augmentation de salaire1. Ils ont fait ce matin une manifestation dnns les rues de Hordenux, précédées du drapeau syndicul et De leur côté les ouvriers coiffeurs réunis en cortège ont traversé les principales rues en chantant l'Internationale.

Un certain nombre d'entre eux &iit été reçus par le préfet auquel ils ont demandé la fermeture des salons de coiffure le lundi

Le preiet a lait remarquer que la loi lais- sait toute latitude aux patrons, et ose peu importait la fermeture le dimanche ou le lundi il condition que le repos fut hebdomadaire.

Le crima dg taJoMéFicsiirl Triple arrestation. L'instigateur du crime est un enfant de douze ans 1

Paris, 10 septembre. Le crime que nous avons relaté hier et qui fut commis au numéro 101 de la rue de la Folic-Méricourt ne sera pas resté longtemps impuni. Dès avant-hier soir, M. Hanuird avait appris qu'un pamin de douze ans, nommé Paul Amiot, était employé chez le gendre de la victime, M. Pof, façonnier, rue Auguste-Uarbier. Cet enfant se rendait souvent chez Mme Lucas, qui le chargeait de commissions peu importantes il faire dans le quartier.ll se trouvait ainsi très au courant des habitudes de la vieille dame, et savait les endroits où de préférence, elle plaçait son arguent. On pensa ctu'il pouvait avoir, par des bavardages irréfléchis. mis

les assassins au courant de ces dhtails. Une rapide enquête lit savoir à la Sûreté que le jeune apprenti avait un frère, Georges Amiot, Agé cle 18 ans, ouvrier nickeleur, demeurant passage Iloncc, et qui passait le plus clair de son temps en compagnio des rôdeurs du quartier.

Dans la nuit, des inspecteurs de la Sûreté, lancés à la recherche de Georges Amiot, le trouvaient dans un bar des environs des Buttes-Chaumont. Ils l'arrêtèrent, malgré une vive résistance, et l'amenèrent à leur chef.

rouillé tout d'abord, il fut trouvé porteur do 570 francs qu'il prétendit lui appartenir, sans en pouvoir indiquer la provenance. On remarqua aussi que son pantalon, de couleur sombre, et sa chemise de flanelle grise étaient couverts do larges tacites de sang. Il voulut expliquer que ces taches provenaient d'un saignement de nez. Mais M. Hamard l'interrompit

Montre un peu tes bottines Les voilà.

Tiens, liens Il manque un bouton à tes bottines. Et tu voia, le bouton qui manque, je l'ai retrouvé près du corps de Mme Lucas. C'est bien celui-là.

Atterré, le jeune bandit refusa de répondre aux questions qui lui étaient posées, se bornant à qu'il était innocent du crime dont on l'accusait. Pendant ce temps, des perquisitions étaient faites au passage Ronce où Georges Amiot lnbilait avec sa mère, ainsi que chez sa matl.resse, la fille Anna Berlin, qui avait été, elle aussi, arrêtée dans le bar où on l'avait retrouvé.

Chez Mme Amiot, on retrouva le veston gris que portait l'assassin au moment du crime et avec lequel il avait été vu par le concierge de Li victime. Dans une poche de ce vètement,on trouva un mouchoir aux initiales de Mme Lucas L. C. Enfin, dans un tiroir de commode, on découvrit un réticule contenant les bijoux rolés et une somme de 000 francs en pièces d'or de 100, 50 et 40 francs.

Chez lit fille Berlin, on retrouva également la montre, lit chahio, des înoucliom

et des serviettes volés chez Mme Lucas ainsi quun morceau de cire à cacheter emporté par l'assassin.

Instruit de ces découvertes qui établissaient surabondamment en. culpabilité, Amiot déclara tout d'abord qu'il avait passé Ia soirée de samedi avec des camarades dans un concert rle la rue du Faubourg-duTemple, que la police faisait fausse ruule, que le cnmo devait avoir été commis par des ouvriers de la maison Pot, mécontentes do leur patron, que, quunt à lui. bien loin d'être un assassm, il avait toujours rêvé d'être agent de la suret'

Tous qes drames qu'il avait vu jouer, decdare-t-il, lui avaient cMnné l'ambition de devenir, lui aussi, un de ces modestes auxiliaires de la justice qui risquent cha- que jour leur vie au service de la société. Puis soudain, las de mentir, épuisé par un effort trop continu, Amiot se décida à faire des aveux. Mais là encore, il voulut jouer un rôle.

C'est vrai 1 C'est moi qui ai fait le coup. Je comptais trouver 20.000 francs, et avec cette somme, je devais arlir pour l'Amérique. Deux amis, un mécanicien et un électricien, devaient m'accompagner, Nous aurions créé, là-bas, une usine d'automobiles et nous aurions fait vivre rette industrie restée jusqu'à présent bien française.

M. Hamard n'est pas homme il se laisser influencer par de belles phrasers. Ramenant l'as·assin son forfait, il voulut tout d'abord avoir des explicalions sur la façon dont le crime avait été commis. Je savais par mon frère, avoua Georges Amiol, «iiit1 je pourrais trouer une somyiiR imporlanfo chez, Mme Liions. Je nio suis présenté à elle sous prétexte do réclamer une nmhrcllo oubliée par sa Mlle; nous avons causé CI gentiment pendant dix minutes. Tuut ù coup, je me snis jeté sur elle elle est tombée aussitôt, et je crois bien qu'elle est morte de peur, il ce moment. Néanmoins, comme j'avais vu sur le buffet un tournevis tl manche de bois noir, je m'en suis emparé et j'en ai la. vieille Il, le lui enfonçant dans

la gorge.

Aussitôt après, j'ai fouillé tous les meubles, et je me suis emparé de ce qui s'y trouvait. Le crime accompli, je me suis rendu au coin de la me Fontuine-au-lloi, où 'ai retrouva un des amis qui (levaient partir avec moi pour l'Améri<|ue, et qui m'avait indiqué le « coup à faire ». Je lui ai remis plusieurs rouleaux d'argent. » NI. Boucher, juge crinstrucliu-Ti, a fait écrouer au Dépôt Georges Amiot, son frère Paul et sa maîtresse, Anna Berlin. Il semble bien qu'on tient ainsi tous les compliccs de Gel odieux assassinat.

A noter cette réponse de la lillo Berlip. ,le n'aurais cerlainenient rien accepté d'Amiot si j'avais su qu'il s'agissait d un assassinat, main je croyais yu'il ne s'agissait que d'un cambriolage.

UN CONGRES DE L'A. L. P.

Lyon, 10 septembre. Le congrès annuel de l'A. L. P. se tiendra à Lyon les 22, 23, Si et 25 novembre.

UNE PROCESSION MOUVEMENTÉE Malgré l'intordiction préfectoral. La procession de Notre-Dame du Cordon. Violente bagarre entre socialistes et catholiques.

"Valeneiennes\ 10 septembre. De violents incidents se sont produits hier à Valenciennes, où la procession neuf fois séculaire do Notre-Dame du Cordon avait été interdite par le préfet.

L'arrêté provaqua une très vive et très légitime émotion dans la région nù celle pieuse manifestation est toujours très suivie, et il atait été décidé que l'itinéraire ha- bituel serait parcouru par les fidèles, mais que la statue miraculeuse ne les accompaA neuf heures et demie, l'église et les abords sont noirs de monde. Après la messe, les catholiques commencent iL entreprendre le parcoures, mais tout O coup, malgré tout ce que peuvent dire les doyen9, un groupe de catholiques enlève la statue et sort de l'église en procession. La statue est entourée de plusieurs conseillers municipaux de la minorité libérale et de 200 hommes. Au bout de quelques minutes, un groupe de socialisles arrive en chantant l' Il Internationale » ceux-ci prennent une attitude provocante, bien que les catholiques se bornent il chanter les cantiques do Notre-Dame.

Le nombre des socialiste, dont l'attifude est toujours plus révoltante, augmente. Les gendarmes cherchent it empêcher la- procession de continuer, mais ils sont débordés par la fuule.

Une bagarre est provoquée par les socialistes qui frappent il. coups de matraques. M. l'abbé Thellier de Poncheville, fils de l'ancien député4 est blessé à la tête d'un coup do canne plombée. L'agresseur est arrêté par les frères de l'abbé, que la police seconde très mollement. Les catholiques se défendent vigoureusement. D'autres bagarres se produisent. Plusieurs catholiques sont blesell, mais, il. la

fin, ils ont le dessus et les socialistes sont i magistralement corrigés. La procession put enfin rentrer à l'église, f ayant accompli tout l'itinéraire projeté. LE VOYAGE DE M. FALLIERES Les mesures d'ordre

Paris, 10 septembre M. Hennion a re» çu co matin les inspecteurs et commissaires spéciaux^ désignés pour exercer la, surveillance, pendant le prochain déplacer ment de NI. Follières à Marseille et à Agen. M. Hennion a donné à ses subordôn'- nés les instructions les plus complètes- Chacun des inspecteurs et des commissaires spéciaux rejoindra d'ici demain le poate qui lui a été confié.

Mme Sarah Bernhardt

et la Légion d'honneur

Pffri-4. 10 seplembre. L' Intransi- geant Il publie la note suivante Nous croyons savoir que M. Briand, à la veille de la rentrée des Chambres, présentera pour la troisième fois à la grande chancellerie le dossier de la créatrice de l' « Ai-' glon cette fois, aux titres de frugédien-" net comédienne et directrice de théâtre NI. Uriand ajoutera ceux d'auteur dramalique, d'écrivain et de sculpteur. M. Driand espère que la chancellerie s'inclinera devaut ces titres nouveaux sinon, un de ses amis l'interpeller ùt la Chambre. Le ministre demanderait alors lu dis, -n^ -non in> médiale de celle iuterpcllatiun Pl accepterait un ordre du jonr exigeant la suppression du conseil do l'Ordre ou tout ainnoins le remplacement du chancelier mililaire pur le chancelier civil ».

DEUX ESPIONS ARRÊTÉS

Belfort, 10 septembre. Deux espions atlemands, les nommés Ingold et Millier, ont. été arrêtés ce matin par la police spé- cinle de Belforf. Ces espions avaient éfé remarqués aux récentes manœuvres de forteresse de Lnngres et avaient été filés. OUVRIERS ANGLAIS A PARIS Paris, 10 septembre. Une délégation d'ouvriers anglais, de Leicester et Nottinsrham a été reçue cet après-midi à l'Hôtel de Ville, par M. Bellan, syndic du conseil mumcipal. Après leur avoir souhaité la bienvenue, M. flellan leur a fait visiter l'Hôtel de Ville.

Les ouvriers anglais ont été reçus ce soir la Bourse du travail par les membres de la commission adminisCHOSES DELA MARINE

LES TORPILLES DE BLOCUS

Tonton, 10 septembre. Lo ministre de la marine vient d'autoriser tes ingénieurs du port de Toulon de mettre ;t essai de nouveaux appareils pour l'explosion di-s n\ine9 donnantes et Ilotlantos. Le ministre s'est également occupé de constituer une flotte de navires spécialement disposés pour le mouillage rapide des torpilles de blocus*. La commission devra indiquer la nature des disposilifs à employer pour le monilInge et l'emmagasinage "à bord des navires' (les torpilles de blocus.

Quant aux directeurs des consfrurfions ils auront a étudier les détails des plans et devis pour l'installation de;; torpilmodifications à apporter iL l'aménagement actucl de ces bâtiments.

A L'ETRANGER Le problème russe

L'odieux attentat qui a frappé tant de victimes dans la maison de NI. Stolypine» n'a modifié en rien la situation poliliiiïiê de la Russie. Ce résultat négatif erl une ranison de nlus de condamner cet acle de férocité. C'est en vain qu'on y cheivho des excuses. Ou a beau rappeler les souffrances séculaires de la Russie sous le joug d'un détestable gouvernement alléguer que les révolutionnaires, instruits par la dissolution de la Douma, n'ont plus lieu d'espérer qu'en leur dcsespoir et que la bombe est désormais leur unique argument. Ilien ne saurait excuser des actes de barbarie dont l'aveugle violence sacrifie cent innocenta pour atteindre. ou manquer un coupable.. NI. Stolypine mérite-t-il d'ailleurs ce nom ? Il a le mallteur d'incarner l'ancienne organisation, créée par les premiers tsars pour gouverneur et civiliser la Russie, et qui a fait oublier ss services en survivant aux nécessités doù elle était née. Il a uu;si la

Feuilleton de l'Ouejt-Ëclaib 80 LA PLUS FORTE par Robert SAINYlLLE

PREMIÈRE PARTIE

L'HOTEL DU COQ GAULOIS Que je suis heureuse, chère madame, s'écria-t-eUe, de pouvoir moi aussi, en un tel jour, vous assurer de mes sympathies.

Le visage souriant d'Angèle se rem- brunit4

.D'un méprisant regard, elle toisa la complimenteuse.

Puis, d'une voix sèche

Vos sympathies ?. Mais qui êtes- vous donc, madame ?.

Je ne vous connais pas.

Nullement déconcertée par cet accueil l'autre esquissa un aimable sourire. Estrce possible que vous ne me rtcounaissiftz na»

̃ Je me présente je suis la comtesse Wanda Zrilnska.

Je ne vous connais pas ni ne désire vous connaître, madame, répliqua Anrèle avec hauteur.

Et elle tourna le dos.

Cette rapide scène n'avait échappé à personne.

D'ailleurs, quand on avait aperçu la comtesse Wanda s'approcher de Mme de la Rochebriant, et lui parler, chacun avait regardé et prêté l'oreille. Un discret éclat de rire courut de groupe en groupe, après les dernières paroles d'Angèle.

En même temps on chuchotait

Attrape, la belle 1

Bien mérité, Wanda

Mais Mme Zrilnska avait conservé son imperturbable sang-[froid.

Jouant de l'éventail et toujours de son air langoureux elle s'approcha de la niania.

Quel beau bébé, dit-elle, le portrait de son cher nère 1

Aussi faut-il que je l'embrasse. Et déjà, elle se penchait sur le nouveau-né.

Mais à ce moment, une main l'écarta violemment c'était Angèle qui avait devind l'intention de la comlej>sâ Wanda.

Madame, dit Mme de Roche- briant, je ne vous permet pas d'em- brasser ma fille

Cette fois, il y eut parmi les invités comme une rumeur d'approbation. La comtesse Wanda s'était mordu les lévres.

Elle avait pâli sous l'insulte.

Toutefois, reprenant possession d'elle-même

Monsieur de la Rochebriant, ditelle à voix très haute, voulez-vous m'offrir le bras pour me opnduiro à ma voiture ?

Et, audacieusement, se dirigeant vers le comte

Vous savez, cher ami, que ce soir vous dinez chep moi 1

Le comte s'inclina, et offrant 1(1 bras il Mme Zrilnka, la conduisit jusqu'à sa voiture.

Quant à Angèle, elle paraissait n'avoir pas remarqué ce dernier incident. Tout entière à ses invités, elle faisait les honneurs de sa réception avec sa bonne grâce habituelle.

Bientôt nourtant droscki et calèches emportaient vers Péteifebourg toutl ce monde venu pour le baptême.

La villa Nikolski recouvrait son calmie et sa tranquillité.

Maintenant dans la chambre à cou-

cher d'Angle, M. et Mme do la Ro- chebriant se trouvaient seuls devant le berceau de leur enfant et la niaina. Vava, donnez-moi l'enfant, dit Angèle en russe, il pleure, il doit avoir faim.

Le comte la regarda avec mécontentement

Ainsi, madame, malgré mes conseils, vous persistez dans votre caprice fit-il.

Qu'appelez-vous caprice, monsieur ? demanda Angèle

Votre absurde idée de vouloir nourrir vous-même votre enfant. Oui. je veux le nourrir. Pourquoi revenez-vous sur ce sujet ?

Vous avez, ma chère, un remarouable entêtement 1 fit le comte en haussant les épaules.

Non, monsi; ir, mais simplement la notion do mon devoir.

Bravo I voilù un mot que vous n'avez pas dû entendre prononcer souvent chez mpnsieur votre père 1 Sans répondre, Angèle le regarda. Puis, baissant la tête, elle appuya l'enfant sur .on sein.

Avez-vous songé, reprit le comte, quel esclavage va devenir le vbtre Adieu pour vous les fêtes, les bals et les soirées.

Vous n'on serez, monsieur, quo plus à l'aise en mon absence, répliqua froidement la jfcune femme.

Je ne vous comprends pas, madame.

En quoi votre présence dans les soirées me gêne-t-elle ?

Vous, non, peut-être. Mais l'autre ?

Quelle autre ? ricana le comte. Cette fois, Angèle redressa le front et lui Innça un regard méprisant. Elle avait une superbe t»ilettc, la comtesse Wanda, dit-elle.

Oui, certes, elle était r plus élégante do toutes nos invitées.

En effet I Mais comment ose-t-elle venir parée chez moi.

Le comte Pierre de la Rochebriant fronça les sourcils.

Elis s'habille, ma chère, selon sa naissance et sa fortuae.

Sa naissance Non. Cette Polonaise) est uue aventurière qui n'a pas droit au ConMu'ello porte.

Sa fortune ? Moins encore.

L'an dernier elle avait à peine de quoi vivre.

Qu'en savez-vous ?

Je sais. le connais également le prix de la somptueiti^poileiie. Quinze cents roubles.

Qui vous a si bien informé ? interrogea le comte ironiquement.

Sa couturière.

Comment sa couturière ? Vous faites donc des enquêtes à présent.

Vous aviez commandé la toilette vous même.

On s'est trompé de porte, c'est moi qu'on a apporté la note j'ai payé.

Si maître qu'il fut de lui-même, le corn- te eut un sursaut.

Oui, j'ai payé, reprit la jeune femme- d'une voix contenue.

Je n'ai pas voulu avouer à la face défont Péiersbourg qu'après six mois de mariage mon mari me délaissait pour des filles. M. da la Rocbebriant se leva blême de fureur.

Je vous défends madame, d'employer un pareil mot en parlant de la comtesse Wanda.

Et moi monsieur, je vous défend, l'avenir d'oser inviter chec moi cette fe"nr- me.

Jalouse à présent, fit le comte aveu on rire sarcastique.

Eh non, monsieur, on n'est jaloux' qae de ce quell'on aime.

Le comte de la Rochebriant réprima un 1 mouvement de rage.

Evidemment ce libertin venait de seul- -frit en sa vanité.